Le Quatrième royaume - Daniel Rigaud - E-Book

Le Quatrième royaume E-Book

Daniel Rigaud

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Beschreibung

Vous n’aviez jamais regardé l’Univers les yeux dans les yeux.

Cet essai vise d’abord à dresser une perspective de l’évolution de l’Univers, de la matière inerte à la conscience, en passant par toutes les formes du vivant, toutes en lutte pour leur pérennité.
Cette perspective lui permet ensuite de poser une conjecture, complètement nouvelle et dérangeante, de l’existence d’un nouvel ordre du vivant, inconnu, immatériel, invisible et lui aussi en quête d’immortalité : les Groupes Sociaux, constituant le Quatrième Royaume.
Dans cette ruée vers la pérennité, l’espèce humaine n’a pas course gagnée. Trop sûre d’elle, elle se fait utiliser au cœur de son génome par les rétro transposons, et aujourd’hui n’a pas de projet d’utilisation des Groupes Sociaux, au service de sa pérennité.
Après avoir dressé une première esquisse de typologie des Groupes Sociaux, cet essai enfin va proposer, pour notre avenir d’espèce, ce que devrait être une mise en cohérence de ces Groupes Sociaux, de la Famille à l’Europe, en passant par l’Eglise, la Finance, l’Entreprise, et l’Education.
Un essai pour une prise de conscience, un essai pour un projet d’espèce : la nôtre.

Découvrez un essai de sociologie qui traite des grandes thématiques qui ont toujours fasciné l'Homme : la famille, l'Eglise, l'Education, la finance, l'Univers.

EXTRAIT

Longtemps, le Groupe Social Famille a eu l’exclusivité de la préparation des nouvelles générations à leur vie d’adultes ; organisée sous l’autorité d’une figure paternelle, elle spécialisait très vite filles et garçons par les apprentissages et les tâches attribuées, et créait une mini culture à base de comportements répétés et de rappels à l’ordre si nécessaire.
Ce modèle rigide a tenu longtemps parce que l’essentiel des savoirs à transmettre était détenu par les chefs de famille ; mais peu à peu, le Groupe Social Famille a « délégué » ses attributions : au Groupe Social Nation la qualité du cadre de vie et la sécurité, au Groupe Social École la transmission des savoirs, au Groupe Social Église la morale et l’espérance, au Groupe Social Entreprise la production de biens et services.
Il lui restait un rôle important : socialisation et soutien, transmission de valeurs, appui dans l’apprentissage de la vie, modèle de fonctionnement de couple à l’adresse de la nouvelle génération.
Il n’en reste pas moins que son rôle était fortement réduit, ce qui n’est pas gênant si la cohérence, la « continuité territoriale » est assurée avec les Groupes Sociaux ci-dessus : partage des finalités, reconnaissance et acceptation des rôles réciproques, soutien croisé.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

À PROPOS DE L'AUTEUR

Ingénieur des Mines et MBA HEC, Daniel Rigaud a d’abord travaillé dans des grands groupes industriels et dirigé une PME.
Partner ensuite au sein de plusieurs grands Cabinets de Conseil, il est intervenu auprès de centaines d’organisations en transformation, pour concevoir et conduire leurs parcours de changement.
Administrateur de XMP Consult pendant 9 ans (réseau des Consultants issus des Grandes Ecoles), il dirige depuis 15 ans sa propre structure de conseil, Tsunamics Consulting.
Il anime un blog depuis 2015, Conjecture 4.0, (www. conjecture4point0.com) en lien fort avec cet essai.

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Daniel RIGAUD

Le Quatrième Royaume

Vous n’aviez jamais regardé l’Univers les yeux dans les yeux.

Essai

1. Et nous dans la marche de l’Univers, on s’en occupe quand ?

C’est quand même embêtant.

Selon les dernières estimations des anthropologues, nous peuplons notre belle planète bleue depuis un petit trois millions d’années. Modestement d’abord, sous forme d’homo habilis dont l’occupation principale devait être de vivre assez longtemps pour pouvoir procréer ; primaire peut-être, mais ultra nécessaire, pour lui et pour nous plus encore.

Mais petit à petit, en « homo sapiens » autoproclamés, nous avons pris de l’assurance et du territoire, maîtrisé tour à tour la chasse, le feu, la roue et la déclaration d’impôts.

Installés et parfois ballottés dans le compartiment terrestre du grand train de l’Univers, voyageant depuis ces trois milliers de millénaires, nous voyons par la fenêtre un paysage, globalement immobile à première vue, bien rangé même avec le ciel toujours en haut, la terre (ou la mer) toujours en bas, des étoiles scintillant à leurs places ; un paysage animé par quelques rares mouvements eux-mêmes bien réglés, avec un soleil circulant toujours de gauche à droite pour peu qu’on regarde vers le sud, et une lune qui apparaît et disparaît tous les vingt-huit jours : reconnaissants, nous avons appelé ce paysage « l’Univers », tant il nous paraissait faire définitivement, et plutôt simplement, le tour de tout.

Mais plus nous regardons ce paysage avec nos connaissances accrues jour après jour, plus il apparaît complexe et déroutant, déjouant l’une après l’autre les représentations que nous nous en faisons, dès que nous les confrontons à l’épreuve de tous les faits accessibles.

Les choses se compliquent encore si, cessant d’être observateurs, nous cherchons en acteurs à situer dans ce paysage universel nos productions humaines, qui après tout en font partie, même modestement : civilisations, langages, concepts, arts, sciences, émotions, etc., celles-ci étant elles-mêmes complexes, contradictoires, éphémères. Qui peut dire avec certitude que depuis Lucy, Lascaux, ou le Quattrocento, le fait humain progresse ?

Et, à supposer que notre humanité ait incontestablement progressé, cela fait-il le moindre sens dans l’Univers ? Puisque l’Univers et nous cohabitons, à quoi servons-nous, ou à quoi allons-nous servir l’un à l’autre ?

Butant sur cet apparent non-sens, nous nous retournons alors vers le niveau d’interrogation suprême, celui de l’ultime question que pose Leibniz : pourquoi y a-t-il un Univers plutôt que rien ?

Et d’ailleurs, sommes-nous si sûrs que quelque chose existe, puisque rien ne « colle » vraiment ?

Einstein disait : « Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. » Et si c’était plutôt, mon cher Albert, l’accroissement de nos connaissances qui rendrait l’Univers plus infini, et notre bêtise plus profonde ? À force de plus savoir, ne serions-nous pas en train de moins comprendre ? Serions-nous victimes de l’antique malédiction des fruits défendus de la connaissance ?

Donc ce qui est embêtant, c’est que plus le temps passe, plus nous devenons savants, à nos yeux en tout cas, et moins nous comprenons ce que nous faisons là. Et où va ce foutu train.

Et ce qui est encore plus embêtant, c’est qu’on ne sait pas le temps qu’il nous reste pour comprendre : les couches sédimentaires terrestres sont pleines des fossiles d’espèces animales brusquement disparues, victimes du climat, d’une inversion des pôles magnétiques ou d’une météorite. Certaines étaient peut-être plus intelligentes que nous, et elles n’ont pas plus compris. Et rien ne garantit que demain, nous, humains, n’allons pas être à notre tour éjectés du wagon, sans préavis ni discussion.

Dans le compartiment, heureusement presque personne ne pense à tout ça, heureusement presque personne n’est embêté.

D’abord parce que quelques milliards d’entre nous s’emploient toujours à résoudre l’équation de vie élémentaire de l’homo habilis : trouver chaque jour de quoi survivre jusqu’au soir, se reproduire si possible ; sinon, disparaître. Voilà qui limite sévèrement l’envie de penser.

Et pour les quelques centaines de millions de privilégiés qui n’en sont plus là, leur progéniture et leur travail nourricier leur laissant un peu de temps libre, on a inventé plein de distractions : l’image, l’alcool, les stupéfiants, la musique, la pub, le sport, les jeux vidéo et maintenant Internet, les réseaux sociaux, Twitter, etc., répandus selon un tempo de plus en plus haletant : que vive plus fort le culte de l’instant et du soi, que meure plus vite celui du sens. 

Et que s’éloigne, loin, loin, l’entêtant staccato du train.

Mais sommes-nous vraiment si ignorants du monde qui nous entoure ? À y réfléchir, on peut être sûr d’au moins deux ou trois choses.

Première certitude : il y a quelque chose. Le monde existe. Nos sens nous en apportent à chaque instant des preuves ; même s’ils ne sont pas fiables tout le temps, ils ne peuvent être trompeurs tout le temps, ou alors c’est à désespérer de tout, et autant passer à autre chose.

Justement : pouvoir passer à autre chose est une autre preuve d’existence, comme dirait Descartes : « Je pense, donc je suis ». La pensée peut provenir de plusieurs sources, se développer, changer, se racornir, donc elle vit, elle existe… voilà la première pierre posée, au commencement était le Verbe. Grâce à cette conscience de la pensée, preuve première de l’existence de l’Univers, tout s’éclaire joyeusement !

Et bonne nouvelle, puisque la pensée existe, qu’elle nous dit qu’il y a autour de nous du minéral, du végétal, de l’animal, de la terre, du ciel, de l’eau et des inspecteurs des impôts, c’est que tout cela existe….ouf !

Deuxième certitude : le monde bouge. Ce « quelque chose » change constamment d’état : l’Univers serait en expansion, les formes du vivant apparaissent, muent ou disparaissent, les atomes se combinent et se séparent… allons, c’est dit, l’Univers est en mouvement, et nous avec.

Peut-on hasarder une troisième certitude, celle d’un sens de cette évolution ? Nombre de penseurs s’y sont aventurés, sous un angle ou sous un autre ; citons quelques figures et visions marquantes :

Lavoisier, affirmant la conservation perpétuelle d’une matière qui se transforme,

Darwin, attribuant l’évolution du vivant à la pression de l’environnement,

Friedman, Lemaître, Hubble posant la théorie du Big Bang de l’Univers,…

Et bien d’autres savants bien sûr, sans oublier toutes les lectures religieuses de l’Univers : origine du monde nécessairement divine, beaucoup de morale et de règles de conduite pour accéder à une forme de vie supérieure après la mort : réincarnation valorisante, paradis, jardins d’Allah, Valhöll des guerriers scandinaves, mais aussi enfer pour les mécréants ou les pécheurs.

Mais il faut bien reconnaître à tous ces modèles un goût d’inachevé, d’anthropomorphique aussi qui, tout en leur donnant un touchant air de famille, ébrèche sérieusement leur statut revendiqué de vérité transcendante.

Il y aurait singulière impudence à penser faire mieux que tous ces savants, ces philosophes, ces religieux ; et loin de moi la prétention de vouloir apporter ici un point d’orgue, final et triomphant, à cette quête de la compréhension et du sens de l’Univers.

Mais quoi ! Le sujet est d’importance puisque, sans que nous en soyons toujours conscients, ces demi-vérités, ces demi-modèles façonnent nos croyances et nos sociétés, et souvent les conduisent, par leur imperfection même, à s’opposer et à parfois chercher à s’anéantir.

Et au-delà de ces vains conflits, notre espèce ne devrait-elle pas s’attacher à comprendre la dynamique profonde de l’Univers, dont rien ne dit a priori la bienveillance, pour y accorder son parcours ?

Et sur un plan individuel, ne devrions-nous pas avoir l’ardente obligation de comprendre quel sens prend notre vie dans l’Univers, et transmettre ce nouveau savoir, sous peine d’être inutiles ?

Il y a une sorte de devoir à s’y intéresser, devoir d’assistance à humanité en péril.

L’hyper communication de notre monde actuel a au moins un avantage : pour celui ou celle que sa curiosité travaille, il est assez facile de collecter des faits dans des domaines pourtant éloignés, en faire le rapprochement, et voir se dresser peu à peu une problématique de l’évolution, sous bien des aspects stupéfiante, et entièrement nouvelle à ma connaissance.

Aujourd’hui cette problématique est suffisamment claire pour que je l’exprime, suffisamment importante pour que je pense devoir la partager.

Aucune démonstration scientifique, théorique ou expérimentale, ne la soutient encore. Ce n’est pas davantage, et c’est bien dommage, une révélation divine : ce serait rassurant.

C’est une hypothèse de travail, une simple hypothèse de travail. Basée sur une collecte de faits, encore peu nombreux, certains récents, mais concordants.

Et cette hypothèse, si elle se vérifie, est terrible pour l’humanité.

2. Le jeu de la vie et du hasard

Tous les statisticiens vous le diront, le hasard n’a pas de direction. Vous pouvez lancer cent milliards de fois un dé, le coup suivant aura exactement les mêmes chances de faire 1, 2,….6 que chacun des coups précédents.

Et l’historique complet des tirages depuis le début n’influence en rien les probabilités de résultat du coup prochain : même si le 1 n’est jamais sorti en cent milliards de tentatives, il n’aura toujours qu’une chance sur six d’apparaître.

Si le hasard n’a pas de sens, il semble néanmoins avoir envahi l’Univers, et continue de le façonner : notre sexualité humaine par exemple, jouant à pile ou face dans les ventres femelles, produite des populations masculine et féminine sensiblement égales, conformément aux prévisions des lois statistiques.

Pourquoi cette présence du hasard ? Revenons à sa nature et sa définition.

Pour certains scientifiques, le hasard naît de la rencontre, du heurt de plusieurs chaînes déterministesd’évènements (chaque évènement ne peut déclencher qu’un seul effet), mais indépendantes entre elles.

S’appuyant sur le principe d’indétermination d’Heisenberg établissant la nature probabiliste des particules de la matière, les physiciens quantiques peuvent affirmer que l’incertitude, cousine de l’indépendance des causes, est donc au cœur même de l’Univers, et le hasard avec elle.

Tirant argument de cette omniprésence du hasard dans l’Univers, les néo-darwiniens avancent leur célèbre théorie sur l’évolution, en deux temps :

•le hasard provoque les rencontres, les combinaisons de particules, atomes et molécules, et avec le temps nécessaire, finit par produire des assemblages viables plus ou moins complexes, y compris le vivant ; comme le disaient déjà les Grecs, « avec le temps, tout le possible arrive » ;

•l’environnement (climat, nourriture, concurrence ou coopération entre espèces,…) va faire le tri dans tout cela, sélectionner les meilleures espèces, les meilleurs individus dans les espèces, et faire émerger ainsi un sens de l’évolution, un sens de progrès.

Comment ne pas citer ici Jacques Monod, célèbre biologiste, Prix Nobel, et un des chefs de file de ce courant de pensée, qui affirme ainsi sans hésitation : « Le hasard seul est à la source de toute nouveauté, de toute création dans la biosphère. Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolue mais aveugle, à la racine même du prodigieux édifice de l’évolution : cette notion centrale en biologie n’est plus aujourd’hui une hypothèse, parmi d’autres possibles ou au moins concevables. Elle est la seule concevable, comme seule compatible avec les faits d’observation et d’expérience. »

Séduisant à première vue. Mais à l’examen, ce modèle suscite d’importantes objections :

Si l’Univers était généré par le hasard pur, il ne « ressemblerait à rien » : nous aurions sous les yeux une espèce de « soupe » atomique, moléculaire, organique, car toute évolution dans un sens eût été, à brève échéance, contrecarrée par une évolution dans un sens différent ; dans un tel monde, la confusion serait non seulement dans l’ordre de la matière, mais aussi dans l’ordre du temps : il ne serait pas absurde, par exemple, de voir apparaître de nouveaux atomes ou de nouvelles molécules, d’en voir disparaître d’autres au cours de l’histoire de l’Univers, après l’apparition du vivant, ou pendant, ou n’importe quand. Or aucune recherche géologique n’a jamais apporté la preuve de l’existence passée de corps simples (tels que l’oxygène, le carbone, le fer, le sodium,…) et disparus de nos jours ; aucune analyse astrophysique ne nous a apporté la preuve de l’existence d’un corps inconnu dans les systèmes solaires d’autres galaxies.

Si le hasard régnait en seul maître, la classification des éléments de Mendeleïev, recensant l’ensemble des atomes, nous exposerait toutes les combinaisons possibles de noyaux et d’électrons, ou noterait régulièrement l’apparition de nouveaux assemblages, possibles mais non encore advenus.

Or cette classification ne comporte que 118 éléments existants ne représentant qu’une infime partie des combinaisons aléatoirement possibles. Comment expliquer ce fait par le seul effet du hasard ?

Ou alors, faudrait-il étendre le concept de sélection naturelle aux atomes, dont nous aurions les « survivants » sous les yeux ? Et quelles caractéristiques de l’Univers expliqueraient la meilleure « aptitude à survivre » du carbone, ou de l’hydrogène ?

Mais admettons que ces caractéristiques bien qu’inconnues pour le moment existent, et que l’existant des corps simples que nous connaissons soit par ces raisons le seul possible. Imaginons aussi que les molécules se soient créées au hasard des associations, arrivant même à produire ainsi ces longues chaînes hydrocarbonées, matière première du vivant.

Mais comment expliquer par le hasard l’irruption du vivant dans cette dynamique brownienne ?Comment une répétition d’évènements aléatoires de même nature(combinaison chimique d’atomes et de molécules), si nombreux soient-ils, pourrait produire un composé appartenant à un ordre différent, pour ne pas dire supérieur ?Pour mémoire, le vivant, c’est entre autres la faculté de distinguer l’interne et l’externe, de durer par interaction avec l’environnement, de se reproduire… autant de prouesses hors de portée des objets chimiques présents dans notre Univers.

Alors d’où pourrait venir cette complexité ajoutée ? Voudrait-on nous faire croire que la multiplication de tirages aveugles sur des objets de nature homogène (rencontre entre atomes, molécules) suffirait à faire émerger ce genre de propriétés stupéfiantes, et totalement inédites au point de créer un nouvel ordre dans la nature ? Dans les lois de la statistique, où trouverait-on alors la racine, le germe de telles ruptures ?

L’autre pilier de la théorie néo-darwinienne, c’est-à-dire la sélection naturelle par l’environnement, serait-il plus solide ? Peut-on croire à un effet de mise en cohérence et de progrès des espèces, la nature guidant d’une baguette juste mais inflexible leur évolution ?

Malheureusement non.

Cette idée de la sélection naturelle a toutes les caractéristiques de la tautologie, ou du raisonnement circulaire : espèces ou individus, quels sont les survivants de l’évolution ? Ceux qui sont le mieux adaptés à leur environnement. Et à quoi reconnaît-on qu’ils sont mieux adaptés ? À ce qu’ils ont survécu : la sélection naturelle prédit donc la survie des survivants !

Par ailleurs, bizarrement les évolutions des espèces ne vont pas au bout du parcours balisé que leur trace le néo-darwinisme, et semblent se présenter de tous côtés comme des chantiers inachevés, conduits dans des directions souvent contradictoires.

Prenons l’exemple de l’évolution des pattes des équidés : le darwinisme affirme que les pattes de ces animaux ont évolué du schéma initial universel à cinq doigts vers celui à un seul, car cela leur permettait d’avoir une supériorité à la course dans la savane, et d’échapper plus facilement que d’autres à leurs prédateurs favoris les félins.

Admettons. Mais pourquoi les félins n’ont-ils pas alors suivi une évolution similaire, si la solution de la patte à un doigt est plus performante ? Or ceux-ci ont conservé la forme initiale à cinq doigts, et leurs performances à la course valent largement celles de leurs proies ! Dame Nature darwinienne se tromperait-elle dans ses calculs ?

Mais revenons sur l’essence même de cette idée d’un environnement qui « saurait » mieux que les espèces, pauvres édifices moléculaires issus de tirages aléatoires, ce qu’elles devraient être pour durer.

Mais d’où sortirait donc cette science que l’environnement globalement parlant serait seul à posséder ? Cet environnement ne serait-il pas, selon les néo-darwiniens eux-mêmes, le pur fruit du hasard lui aussi, donc par nature aveugle et sans projet, comme le reste de l’Univers ? Un aveugle pourrait-il en guider un autre ?

Le néo-darwinisme est une idée qui ne tient pas, ni par sa logique interne, ni par la vraisemblance de la vision de l’Univers et de son évolution qu’elle nous propose : rien de ce qu’on observe dans la réalité ne correspond à ses prédictions.

Qui plus est, c’est une idée « obscurantiste », jetant le voile noir et épais du mot « hasard » sur ce que nous ne savons pas encore : « tout se produit par hasard, et avec le temps nécessaire, ne cherchez pas à comprendre au-delà, croyez ou soyez honnis ! »

Voilà qui n’est guère stimulant pour notre curiosité, ni guère satisfaisant en regard des observations dont nous disposons. Pas de sens, l’Univers ? Allons donc !

Il y a un sens de la marchedans notre Univers, qui est tout sauf un hasard.

Tout nous montre au contraire que noyaux et électrons sont conformés pour s’assembler, selon un nombre limité de corps simples possibles.

Tout nous montre que ces atomes sont disposés eux aussi pour se rejoindre, et former des composés de chimie organique, composés qui se complexifient eux-mêmes facilement, se décomposent et se recomposent à l’infini.

Il est vrai que nous ne savons rien, ou si peu, sur le mécanisme d’apparition du vivant ; mais trois choses peuvent être considérées comme certaines :

•la matière est prédisposée à produire du vivant ;

•au-delà du vivant, l’Univers converge vers l’apparition de la conscience ;

•les formes du vivant développent toutes des stratégies de pérennité.

L’Univers est donc biotrope. Le vivant n’est pas l’œuvre du hasard...

Ce biotropisme de l’Univers fait bouillonner des formes de vie, des stratégies de pérennité d’une diversité incroyable, même invraisemblable.

Quelques exemples, tirés du livre de R. Chauvin, Dieu des fourmis, Dieu des étoiles :

Le cycle de reproduction de la douve1 du mouton :

« Mais ce cycle est encore trop simple. Une autre espèce de douve fait beaucoup mieux. Le Dicrocoélium fréquente surtout les pentes calcaires sèches, domaine des moutons et des chèvres qu’il parasite, et qui répandent ses œufs dans leurs excréments. C’est ici que débute un scénario particulièrement extravagant. Il faut qu’un escargot mange des œufs – pas n’importe quel escargot : trois espèces bien déterminées. Puis ces œufs commencent leur évolution dans le corps du mollusque, ils donnent un premier type de larves, les sporozoïtes-mères, qui font ensuite place à une génération de sporozoïtes-filles. Celles-ci forment à leur tour des cercaires, qui sont munis d’une sorte d’aiguillon, et qui s’enroulent autour d’une substance muqueuse en forme de boulettes. Par temps de pluie, ces boulettes sont rejetées par l’escargot, pour s’assembler en grappes ; certaines d’entre elles contiendront jusqu’à six mille cercaires. Les fourmis prendront le relais ; elles vont emporter les boulettes, dévorer les muqueuses, et libérer les cercaires qui traverseront de leur aiguillon la paroi du jabot des fourmis, pour finir par s’enkyster.