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Dans un monde fantastique, les royaumes de Delphia et de la Délodatie sont peuplés de magie régie par des masques et une sphère mystérieuse. Cependant, lorsque les forces de la magie noire s’emparent de cette précieuse sphère, une bataille épique entre le bien et le mal se déchaîne. Au cœur de cette aventure, le troubadour aveugle Florician nous emporte dans un tourbillon envoûtant, nous faisant découvrir un univers fabuleux regorgeant de paysages sublimes et de mystères insoupçonnés.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Arnaud Fulin Finance est un spécialiste de l'héroïc fantasy et de la science-fiction. Ses œuvres sont influencées par les mythologies grecque et scandinave, la légende arthurienne et l'histoire de France. Son ambition est de concevoir des univers captivants et de partager ses créations avec un large public.
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Seitenzahl: 380
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Arnaud Fulin Finance
Les chroniques de Florician
Tome I
Contes des deux royaumes
Roman
© Lys Bleu Éditions – Arnaud Fulin Finance
ISBN : 979-10-377-9961-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je dédie ce livre à la mémoire de Laure Mauger Finance,
ma chère épouse partie trop tôt. Je t’aime ma turquoise.
Avant-propos
J’ai écrit ce conte imaginaire et fantastique en m’inspirant des univers qui m’ont captivé en tant que fan, et en puisant dans mes souvenirs de jeux d’enfant. Qui d’entre nous n’a jamais participé à des jeux de chevaliers ou de pirates dans notre imagination et n’a jamais vu défiler des licornes, des dragons, des rois légendaires, des divinités de toutes sortes, des méchants cruels à souhait et de magnifiques princesses ? Je me suis inspiré de mes origines vénitiennes. Quoiqu’il en soit, nous portons tous un masque.
Florician, le ménestrel des mondes imaginaires, réside au sein du royaume féerique et magique de la Délodatie, tout comme son voisin, le royaume envoûtant de Delphia. Pour se déplacer à travers les différents royaumes delphiens, il compte sur un étrange véhicule conduit par son ami, le cherruby Fulgence. Malheureusement, lors de la bataille d’Ecoeurdent, Florician a perdu la vue, mais grâce à son luth magique doté de parole et d’yeux, il peut encore percevoir les choses et les décrire avec précision. Son fidèle compagnon, une plume enchantée qui écrit toute seule, prend note minutieusement de ses récits vécus lors de ses pérégrinations. Certains de ses récits ont même été mis en musique. Ainsi, Florician peut continuer à chanter et à narrer ses aventures.
Il a consigné toutes ces merveilleuses expériences dans des livres, partageant ses périples vécus dans les deux royaumes et d’autres contrées mystiques, dont il nous fait cadeau. Assis à son bureau dans sa demeure de Délodatie, il prend le temps de relire ses exploits passés, s’arrêtant parfois pour se remémorer ces périples extraordinaires. Et maintenant, il se prépare à nous les raconter lui-même, car il est devenu le conteur officiel à la cour, le troubadour des lieux.
« Les aventures sont palpitantes, car on ne sait jamais ce qui peut arriver. »
Il y a très longtemps, dans un monde enchanté appelé Delphia, une contrée de légendes, de mythes et de magie prospérait sous le règne du roi Thytatron, aussi connu sous le nom de « valeureux ». Ce royaume abritait des dragons, des licornes et des pégases doués de parole, ainsi que des mages, des fées, des chevaliers fantastiques, des elfes, des anges et des cherrubys. Tous ces peuples vivaient dans les majestueuses montagnes des sept cieux, situées au nord du royaume, dont nous explorerons les secrets plus tard. Le roi Thytatron avait réussi à unifier tous les fiefs de son royaume grâce aux mages vertueux. Une fronde éclata entre le roi Thytatron et ses alliés contre une pseudo-noblesse se faisant appeler les barons. Ces nobliaux et leurs partisans, issus des différents fiefs, furent chassés en terre d’Ecoeurdent pour former la lignée des ducs maudits de Mortacoeur, lorsqu’un des leurs élimina les autres afin de régner seul sur ce duché. Le duc actuel, Arion, assassina sans pitié son prédécesseur. Il a l’ambition de s’emparer par tous les moyens des deux royaumes. Ce souverain est l’héritier des maîtres de la magie noire, il règne sur un duché où je n’ai jamais fait entendre les sons mélodieux de mon luth enchanté. Ce lieu a tissé ses légendes noires sur le mythe des rois obscurs, il y a tant de mythes plus ou moins vrais sur cette terre maudite, ils sont racontés par voie orale par les delphiens eux-mêmes. Il semblerait que le seul mythe le plus proche de la réalité serait mentionné dans le livre des Célestines qu’elles conservent dans leur bibliothèque secrète. Le duché maudit fait frissonner de peur les habitants des deux royaumes rien qu’à l’évocation de son nom. Il se raconte que la citadelle des palabres, dite aussi « des damnés », se dresse en majesté au milieu des plaines d’herbes noires, serait l’œuvre du plus puissant des anges déchus qui a mené la révolte à Delphia au temps obscur. Le décor lugubre de ce duché voit un ciel de nuit éternelle où un pâle soleil perce la journée, ainsi que des marais putrides à l’odeur pestilentielle. Il y a peu de points d’eau, les seuls existants voient des batailles pour s’en emparer et les défendre. Les habitants sont des proscrits de Delphia qui ont enfreint les lois du royaume enchanté lors de la fameuse révolte menée par ces barons. Il y a, comme à Delphia, tous les représentants, sauf que ceux-ci sont des doubles maléfiques du royaume delphien. Le maître des lieux se nomme Arion. Pas mal de mystère entoure ce duc ; on raconte qu’il serait un mage déchu que Lanaken a chassé de Delphia, car il voulait s’emparer du royaume. Lanaken lui aurait supprimé ses pouvoirs, mais il s’est perverti au pouvoir de la magie interdite et en est devenu le maître incontesté. Un autre mythe prétend qu’il serait la réincarnation de l’ange déchu qui régnait pendant les temps mythologiques des deux royaumes. Il est d’une incroyable beauté, charmeur et obséquieux. Il est entouré d’une cour composée de sorcières plus ou moins belles, de potoms, des petits êtres hideux, jaloux et cruels à souhait. Ils seraient les enfants de cet ange déchu et de Corbéllia, la Célestine bannie de la cité-jardin.
Ainsi va la vie à Delphia. Les delphiens y vivent heureux, ils sont habitués à côtoyer ces créatures merveilleuses. Thytatron est un géant à la barbe et aux cheveux longs bruns surmontés de la couronne d’or delphienne. Les trouvères de mes collègues chantent les histoires enchantées de ces différents royaumes, étant en grâce avec sa majesté le « valeureux », j’en suis devenu son trouvère attitré aidé de mon ami Fulgence le marchand cherruby.
Ce matin-là, je me trouve au palais, les sujets sont en liesse. Sa Reine Prisca vient de donner naissance à deux héritiers. Le Roi est heureux. Le mage Lanaken, qui est son plus proche conseiller, mais aussi son ancien précepteur, est si vieux que nul ne peut juger de son âge. Il est l’un des créateurs de Delphia et a éduqué Thyratron le « Valeureux » à l’art de la magie blanche. À ce moment précis, il semble ennuyé. Ils se rendent à la chambre de la reine. Lanaken ne sait comment avouer son inquiétude à son roi qui est tout à sa joie. Une fois dans la chambre, le roi embrasse sa femme, il se penche sur le berceau et aperçoit une princesse et un prince.
— Dis-moi, mon ami, pour quelle raison as-tu ce visage inquiet alors que nos royaumes seront en liesse ? demande le roi.
— Cette joie est illusoire, tu le sais comme moi. Te souviens-tu de la vieille prophétie ? rétorque le mage sans détour à son royal ami.
— Que dis-tu par les Célestines ? Tu en es encore à cette prophétie qui date du temps des rois obscurs ? s’étonne Thytatron.
Il repose son premier enfant dans le berceau puis s’approche de son ami et précepteur. Lanaken donne une piqûre de rappel.
— Ne la prends pas à la légère, mon maître et ton ancêtre l’ont payé de leurs vies. Dois-je te le rappeler :
« Un prince et une princesse issus d’un même ventre apporteront paix et sérénité sur une nouvelle Delphia. Le prince anéantira le royaume noir.
La princesse, en protectrice, élèvera une nouvelle Delphia sur les deux royaumes et y régnera. »
— Penses-tu qu’elle va s’accomplir bientôt ?
— Mortacoeur est calme, car il ne sait pas que tu as deux enfants. Il faut les séparer. Ces deux naissances mettent Delphia en danger, je parle de ta princesse. Il faut la mettre en sûreté. Annonce que la naissance du prince héritier, suis mon conseil, Thyratron, sinon nous courrons vers une grande catastrophe.
La Reine Prisca a un visage de stupeur, son cœur de mère prend le dessus.
— Par Constelle, je peux tout comprendre, mais c’est au-dessus de mes forces, dit-elle en serrant les draps.
— Il sait aussi qu’on ne peut retirer un enfant à sa mère, Lanaken la rassure en lui expliquant son plan.
— Je le sais, Majesté, par conséquent, je te propose ceci : je mettrais ta fille en sûreté, mais tu pourras la voir grandir à part moi, toi seule sauras où elle se trouve. Tu pourras lui prodiguer tout l’amour d’une mère.
La Reine est convaincue, le cœur serré, elle se plie à cette décision. Elle a pleine confiance en Lanaken. Il lui pose ensuite une main sur le front et lance une incantation.
— Natalia absolutise mater.
La reine voit l’endroit où sa fille sera élevée, elle sourit. Thyratron premier arrive dans la chambre, tenant dans ses bras le paquet de langes où se trouve la princesse, et le tend à Lanaken qui s’en saisit puis s’enfuit en secret. Thyratron premier serre sa reine dans ses bras et la rassure.
— Je sais que tu es forte, notre ami sait ce qu’il fait. Nous sauvons notre enfant ainsi que notre royaume.
— Je le sais, notre ami me l’a assuré.
Thyratron sait que son mentor voit juste. Son visage reste de marbre, mais au fond de lui, il a ce sentiment de père qui l’étreint. Se souvenant de cette prophétie, il doit se résoudre à cette solution pour éviter le pire. Le protocole va l’aider, car le chambellan doit annoncer et présenter les deux enfants royaux au peuple à Thyratron. Ce dernier saisit sa fille dans ses bras, la regarde avec ses yeux d’amour filial, des larmes lui viennent, il ordonne au chambellan.
— Déclare qu’une seule naissance.
Le chambellan obéit.
Quelques jours plus tard, Le Roi et la Reine sont sur le balcon du palais, comme si de rien n’était, ils fêtent avec leurs sujets la naissance du prince. Tous les peuples de ce royaume sont au rendez-vous de la présentation de l’héritier faite par le chambellan du palais : dragons, anges, licornes, chevaliers, mages, elfes et fées l’acclament.
Plus tard, Lanaken effacera la mémoire du chambellan par un sort afin que ce dernier ne se souvienne plus de l’existence de la princesse. Lanaken tiendra sa promesse et conduira en secret la reine voir sa fille.
Pendant que les peuples des deux royaumes fêtent leur héritier loin du palais, sur la terre d’Écoeurdent, sur son trône d’ébène, le duc de Mortacoeur, troisième du nom, a suivi sur sa fontaine magique la cérémonie de présentation du jeune prince. Il semble dubitatif. Il regarde par le biais d’une fontaine magique ce qui se passe au palais de Delphia, il n’a pas vu la substitution orchestrée par Lanaken, mais il s’est aperçu de son absence. À la fin de celle-ci, il le cherche partout sur sa fontaine magique sans parvenir à le repérer, cela l’énerve.
— Où est ce vieil imbécile ! Il prépare un coup, j’en suis sûr.
Il balaye d’un geste de la main au-dessus de cette fontaine, l’image disparaît. Arion rumine un plan pour savoir ce que mijote Lanaken. Sa seule solution est la sphère de Gallia qui se trouve à l’intérieur de la tourelle du même nom. Cette tourelle a pour gardienne la redoutable Skinifia, la panthère blanche aux ailes de feu. La sphère de Gallia est d’une couleur bleutée, mais quand le danger guette, elle devient écarlate. Elle est le réceptacle de la magie delphienne, c’est en quelque sorte le cœur de Delphia, créée par Lanaken avec l’aide des six autres vertueux.
Je vous invite au voyage dans ce fabuleux royaume de Delphia, au nord de la tourelle s’étend une muraille blanche avec deux énormes portes. La première est d’or et d’ivoire avec deux tridents et deux faux d’argent entrecroisés. Elle est nommée la porte des chevaliers, elle mènerait à la cité des chevaliers fantastiques, les plus ardents défenseurs de Delphia.
Le mythe primitif raconte qu’ils possèdent le pouvoir de se transformer en l’animal fabuleux qu’ils choisissent grâce au médaillon magique à l’effigie de cet animal qu’ils portent autour du cou. Ils agissent lorsque Delphia est en grand danger. L’autre porte est ornée de marbre bleu avec en motif des bas-reliefs représentant de superbes dauphins ailés en or. Elle se nomme la porte des océans ou des dauphins, pour montrer que les Delphiens sont un peuple de marins. Certains mythes prétendent que le nom Delphia viendrait de la Célestine des mers, Sirillia, qui possède un maquillage représentant un dauphin sur le côté gauche de son visage. Ses statues la représentent sur un char tiré par quatre dauphins ailés ou sur son trône aux accoudoirs en forme de dauphin, brandissant dans les deux cas son sceptre d’or surmonté d’un double globe aux eaux claires, dit des deux océans. À ses côtés, un dauphin ; certains prétendent qu’il est doué de la parole, il fait office de messager de la Célestine maritime. Elle l’envoie prévenir les marins des dangers sur les mers et les deux océans. Il lui arrive qu’elle se mette en colère, ce sont des tempêtes voire des cyclones ou des tsunamis qui se déchaînent, d’après les Delphiens, plutôt caractérielle, Dame Sirillia. Cette porte protège la terre des sept vertueux, aussi appelée Patriarche : ces hommes et femmes sont les éminences religieuses de Delphia, ils représentent les sept vertus, chacun d’entre eux dissimule leur visage derrière un masque d’or désignant la vertu qu’ils représentent lorsqu’ils combattent. Ces masques ont été forgés par Bult, un alchimiste forgeron réputé. Lanaken est l’un des leurs ; il est le patriarche au masque d’or de la justice, réputé pour sa grande sagesse, mais aussi pour ses sentences sans appel, égal au masque qu’il représente. Nous le retrouvons devant ladite porte qu’il franchit, qui donne sur de magnifiques jardins aux belles et larges allées bordées de statues d’anciens mages vertueux. Il s’arrête un moment devant celle de son maître, le mage Heslab, celui qui créa l’ordre des vertueux avec l’aide des Célestines. Il reprend son chemin pour arriver sur les bords d’un lac aux eaux limpides que ces jardins entourent, où se situe en son milieu un îlot sur lequel se dresse le temple des patriarches. Selon certains mythes déodatiens, le palais de la Célestine des eaux serait dans les profondeurs de ce lac plutôt que dans celles de l’océan Nostalgique, alors que pour les delphiens, c’est le contraire. Il y a sept châtelets qui sont bâtis sur les berges, avec un ponton où sont amarrées sept embarcations en forme de cygne d’or avec à leur bord un gondolier ; celui de Lanaken se nomme Guiseppe, un petit homme jovial au fort accent italien. Il aperçoit son maître ; il sait pourquoi il est venu en sa demeure. Lanaken embarque, il s’assoit. Guiseppe salue Lanaken.
— Bonjourno Maestro mage, j’ai vu les autres gondoliers conduire leur maestro au temple.
— Mon bon Guiseppe, pressons-nous.
— Bueno maestro.
Lanaken s’assoit, Giuseppe commence son périple sur les eaux calmes du lac. Après quelques minutes, ils arrivent au ponton du temple. Lanaken débarque en lui demandant de l’attendre. Giuseppe obéit, Lanaken monte les quelques marches d’escalier qui conduisent à son entrée, car chaque vertueux a sa porte d’entrée personnelle avec à son fronton la représentation de la vertu qu’ils défendent. Il est en présence du gardien du temple, un géant qui ressemble à un viking et qui porte le médaillon de Sleipnir, le cheval à huit sabots d’Odin. Il vient des plaines enneigées du nord de Délodatie ; il est le fils aîné du chevalier merveilleux Eqyudian. Lanaken le connaît bien ; il se nomme Thoraclés. Il le salue avec égard et son accent scandinave.
— Bonjour noble gardien.
— Bonjour mage de la justice, vos frères sont arrivés ; ils vous attendent, répond le géant d’une voix de bronze.
Lanaken pénètre dans le temple où il voit ses frères et sœurs assis sur leurs trônes d’argent autour d’une grande table ronde en ivoire ; ils déposent leur masque devant eux. Lanaken les tient informés des récents événements survenus au palais. Il les prévient qu’une bataille se prépare, qui intéresse tous les représentants des royaumes delphiens, et qu’ils doivent se tenir prêts pour une future bataille. Il s’adresse à eux d’un ton prévenant.
— Mes frères et sœurs, vous n’êtes pas sans savoir de la naissance des jumeaux royaux qui, hélas, ne sont pas du même sexe. J’ai pris la décision, conformément à la prophétie, de mettre l’enfant féminin en sûreté dans un endroit connu de moi-même et de sa mère que nous connaissons tous, qui l’élèvera avec l’aide d’une glorieuse nourrice. En outre, nous avons aussi noté des mouvements sur la terre infâme d’Écoeurdent. J’ai dans l’idée qu’Arion, mon ancien élève, prépare une guerre. Je ne crois pas aux coïncidences entre ces deux événements. Nous devons agir et nous tenir prêts.
Les autres mages l’ont écouté attentivement. Ils se consultent. Le mage de la prudence, qui est une femme, se lève et demande le calme. Les autres mages vertueux se taisent. Elle prend la parole.
— Mes frères et sœurs, Lanaken a raison. Si nous n’intervenons pas pour protéger notre terre de Delphia qui nous est si chère, nous serons taxés de vacances.
Le mage de la tempérance, qui est aussi une femme, demande la parole. On la lui accorde, et elle s’adresse à Lanaken.
— Que proposes-tu de faire ?
— Je vais convaincre le roi de réunir toutes les armées des différents fiefs delphiens. Puis, je vais chevaucher mon torval pour me rendre dans ces fiefs afin de les convaincre.
— Tu penses y parvenir ?
— Je sais être persuasif, rétorque Lanaken, sûr de lui.
Les autres mages acceptent, celle de la prudence lui adresse cette ultime question.
— Crois-tu que le sang doit couler à nouveau ? Nous sommes les garants de la paix et non des bourreaux.
— Je crains que nous y soyons contraints et forcés, ma sœur, dit-il sur un ton plus alarmiste.
Le ton employé par Lanaken l’a convaincu.
— Accomplis ta mission, quant à nous, nous restons sur notre terre. Nous agirons le moment venu et rassemblerons les chevaliers merveilleux.
Lanaken semble satisfait, il quitte le temple, puis regagne son châtelet à bord de son cygne d’or. Ils se dirigent vers ses écuries. Il scelle son torval, un animal fabuleux mi-cheval mi-taureau, qui paraît massif, mais très rapide. Il se nomme Valentin.
Lanaken le lance au triple galop. Il passe par la porte des dauphins et se dirige vers le palais de Thytatron.
Je vous invite à le suivre afin de découvrir les différents fiefs delphiens. Delphia doit son nom, car sa cité est bâtie en forme de dauphin. Il est l’animal emblématique de cette cité. Nous verrons plus tard pourquoi. Ils sont un peuple de marins. Son port qui donne sur l’océan Nostalgique est le plus important des mondes imaginaires. Le commerce maritime est une source importante pour les deux royaumes.
La tourelle se situe au centre dans la plaine de Gallia, surplombée au loin par le palais royal. À l’est de celle-ci se situe le fief des Unicornes, le plus vaste. Sur cette terre, vivent aussi toutes sortes d’animaux fabuleux chevalins. Elle est appelée ainsi, car les licornes y sont en plus grand nombre. Il y a aussi des pégases, des centaures et des torvals sauvages. Car il y a des torvals d’élevage, chaque année, il y a une compétition aux foires annuelles des deux royaumes. Chaque éleveur présente son meilleur spécimen. Un éleveur sort du lot, il s’agit de Maxence le Cherruby qui fournit les écuries royales grâce à son savoir-faire. Les unicornes sont le peuple le plus aimé de Delphia.
La merveilleuse Pegallia, qui est de l’espèce des pégases, et son étalon Vivavor en sont les souverains. Nous la retrouvons couchée sur le flanc, car elle vient de donner le jour à une petite jument à double corne d’or, à quatre ailes et de magnifiques yeux bleus, ce qui est rare chez les unicornes, car soit ils naissent pégase ou licornes. Pegallia s’adresse à son étalon de mari de sa voix cristalline.
— Elle est née le même jour que les enfants royaux de Delphia, je ne sais pas pourquoi, mais leurs destins seront liés. Les animaux de Delphia parlent.
À l’ouest de la tourelle de Gallia s’étend le fief des elfes, fées et mages. C’est la terre où respire la magie, plus qu’ailleurs à Delphia. Le château des Perles se dresse en majesté où vit la reine Gwen, la mère des fées et des elfes. Elle a uni son destin à un chevalier, Sire Bellian, chevalier fantastique du centaure, un colosse aux longs cheveux noirs. Elle est surnommée Rougette, car elle est toujours vêtue de rouge. Ce château est entouré par la clairière des lucioles bleutées, car quand la nuit vient sur Delphia, cette clairière est illuminée par de petites lumières bleues dues à ces lucioles.
Au sud de la tourelle de Gallia se situe le port et le fief des chevaliers et chevalières, parmi eux se trouve la caste des chevaliers merveilleux. Cette terre est le bras armé de Delphia ; les chevaliers merveilleux sont braves. Il y a aussi des représentantes féminines qui sont de valeureuses combattantes. Le château de Thyratron se trouve sur cette terre. Sire Briskan des Lions Astraux en est son plus digne représentant. Il est accompagné par un jeune écuyer du nom de Listan. Le royaume de Delphia est séparé de la terre de Mortacoeur par l’océan Nostalgique, où le mythe delphien en fait la résidence de la Célestine maritime. Il y a sur cet océan deux îles qui sont considérées comme deux petits royaumes ; elles se nomment l’île des merveilles et l’île du temps. Une autre île a la particularité d’être dans les cieux ; elle est pour les Delphiens un de leurs mythes les plus mystérieux. C’est sur cette île céleste que vit une reine considérée comme la huitième Célestine. Elle bénéficie d’un culte aussi important, selon les mages qui entretiennent le culte des sept Célestines primordiales du panthéon delphien. Les anciennes souveraines ont souvent aidé les Delphiens, surtout dans les époques difficiles.
L’actuelle reine des masques aurait aidé les cherrubys à créer les masques des vertueux ainsi que les médaillons des chevaliers. Ses trésors ainsi que ses statues sont édifiés sur la terre delphienne. La Mascara doro est une fête qui lui est consacrée ; elle a lieu au début du printemps. Elle se nomme Mirka ; ses pouvoirs magiques sont aussi immenses que ceux des Célestines. Cette île est surnommée le phénix des cieux ; elle serait la copie conforme de la Venise de la Renaissance, d’après le mythe primitif delphien rapporté par d’anciens poètes delphiens, puis par votre serviteur qui a eu l’honneur d’y être invité. Je fus ébloui par son côté mystérieux, magique et magnifique à la fois. Ses habitants portent de magnifiques masques vénitiens et sont vêtus de jolis costumes. La ville principale a pour nom Santissima. Elle possède une colonie dans le royaume de la Délodatie qui se nomme Corturra. Certains Delphiens privilégiés l’ont vue, et lorsqu’ils en parlent, c’est avec émerveillement.
À l’ouest du royaume se situe la chaîne de montagnes des Sept Cieux. À Delphia même, le ciel est féerique ; il y a le royaume Auréolien où vivent les anges. Juste à côté se situe la cité-jardin des Célestines, divinités féminines d’après le mythe delphien primitif. Un ange du nom de Mael, ange solaire, et une femme ailée du nom de Constelle auraient créé ces femmes ailées. Elle serait issue de leurs amours. Elles ont eu pour mission d’aider les premiers Delphiens. Une fois leur mission accomplie, elles se seraient retirées dans cette cité pour veiller sur eux. Selon cette même légende, leur cité se situerait sur le plus haut sommet de la chaîne de montagnes des Sept Cieux, dissimulée par d’épais nuages. Les Delphiens considèrent ces divinités comme leur panthéon primordial, et selon eux, elles régissent leur vie quotidienne. Chacune d’entre elles possède une attribution ; par exemple, Constelle, la Célestine la plus adulée, est la reine des cieux, mais aussi de la famille, des naissances et du mariage.
Les Célestines ont eu une énorme descendance. Ce sont de petits personnages qui vivent eux aussi dans un village situé dans une vallée au creux de cette chaîne montagneuse ; ce sont les cherrubys : des petits êtres pacifistes et joyeux qui vivent en harmonie avec la nature. Ils sont considérés comme étant les premiers Delphiens ayant habité les terres delphiennes. Quand les autres habitants sont arrivés suite à l’union entre les mages et les fées, les Célestines ont créé les animaux fantastiques comme les licornes et autres torvals. Ensuite, les Delphiens se sont unis aux habitants du royaume voisin de la Délodatie. C’est à ce moment qu’ils sont devenus comme les hommes de la Terre avec leurs qualités et leurs défauts. C’est là que sont apparus sept mages plus puissants que les autres, nés du ventre de la Célestine Constelle. Certains Delphiens pensent que Mael est le père des mages vertueux, tandis que d’autres pensent qu’ils seraient issus d’un autre ange du nom de Judicaël et de la Célestine de la neige Floconnia. Ce dernier mythe est le plus plausible.
Sur notre Terre, lorsqu’un ange apparaît au milieu des hommes, c’est un miracle, mais à Delphia, c’est naturel. Lanaken regagne le palais en chevauchant Valentin, quand il ressent une étrange sensation venant de la tourelle de Gallia. Il décide de s’y rendre immédiatement. Une fois sur les lieux, il est accueilli par Résinifia, qui le reconnaît, mais reste calme. Lanaken lui caresse le front, entre dans la tourelle, s’approche de la sphère et aperçoit une tache écarlate. Il se dit à lui-même :
— Il n’a pas mis longtemps à se manifester.
Il sort, remonte sur son torval, et se hâte de regagner le palais de Thyratron, où il fait part au roi du danger en audience privée.
— Majesté, ce que je craignais va arriver. Il faut agir au plus vite, la sphère a une tache écarlate.
Le roi Thyratron lui demande d’un ton grave :
— Tu penses qu’Arion prépare quelque chose ?
— Soyons prêts à riposter.
— Que préconises-tu ? interroge le souverain convaincu.
Cette affaire concerne Delphia, alors réunissons les plus grands représentants du royaume.
Le roi réfléchit un court instant puis acquiesce et ordonne à Lanaken :
— Tu peux déjà compter sur un représentant, c’est-à-dire moi, et mes prétoriens pourpres.
Lanaken accepte même si au fond de lui, il n’est pas d’accord, mais Thyratron étant le roi, il est de son devoir de défendre Delphia contre tous ses ennemis. Thyratron fait confiance à son ami mage.
— Bien, contacte ceux que tu juges dignes de combattre pour Lanaken. Quitte le palais, il se met en quête des combattants de Delphia.
Lanaken se rend aux écuries royales où l’attend son torval. Il le monte puis le lance au galop en direction des grottes des dragons. Avant cela, il scrute le ciel ; apparemment, les anges n’ont pas répondu à son appel, mais il garde espoir.
Quiconque se rendrait dans le royaume Auréolien s’apercevrait qu’il est baigné d’une lumière divine. Le peuple angélique est sans nombre, mais il est tout de même hiérarchisé : il y a les angelots, puis viennent les séraphins, les chérubins à quatre ailes, ensuite les archanges peu nombreux au nombre de sept. Ce peuple est dirigé par le plus vertueux des anges à six ailes et sans visage, entouré d’une aura divine. Ses ordres sont sans appel et respectés par le peuple angélique. En voyant ce qui se passe à Delphia malgré la prière que Lanaken leur a adressée, ils ont décidé de ne pas intervenir et de laisser agir le destin.
C’est alors que Lanaken arrive au royaume des dragons. Sa route est barrée par deux hommes-dragons caparaçonnés d’armures et de casques. Ils ressemblent à des gladiateurs romains, et l’un d’entre eux s’adresse à Lanaken.
— Que viens-tu faire ici, mage ?
— Je viens demander audience à ton souverain.
Le garde dragon semble convaincu, il décide de le laisser passer. Lanaken arrive au milieu du royaume des dragons, devant lui se dresse un paysage montagneux. Sur les flancs de ces montagnes, il y a des grottes ; pour s’y rendre, il faut emprunter des chemins escarpés, un cheminement assez pénible pour son torval. Il décide de continuer à pied, sachant où il doit se rendre, ses pas le dirigent en direction de la grotte palais. Il semble savoir où se rendre. Les autres dragons ne se soucient pas de la présence du mage, car ils se rencontrent assez souvent. Lanaken pénètre dans cette grotte, une fois dedans il arpente un réseau de hautes galeries et parvient à l’intérieur d’une grotte immense éclairée par des flambeaux. Le mobilier est gigantesque, taillé dans la pierre.
Lanaken appelle le maître des lieux.
— Que veux-tu, mage ? interroge le dragon de sa voix de bronze.
— Seigneur dragon, je te demande audience, car l’heure est grave ! Le mage renégat Arion veut s’emparer de la sphère de Gallia. Nos armées sont prêtes, les seigneurs chevaliers sont rassemblés au palais, mais nous ne serons pas assez forts pour arrêter les forces d’Arion, surtout s’il réveille les Furies de leur sommeil millénaire.
Un dragon énorme au visage gentil sort de la pénombre. Il se dresse fièrement devant le mage, s’assoit sur un fauteuil de pierre, une pipe au coin des lèvres.
— Il a réuni tous les bannis de Delphia, notamment les dragons de glace qui ont envie de te faire chuter de ton trône.
Le dragon comprend à ses mots que la menace gronde, il prend la décision de suivre la cause du mage.
— Très bien, mage, je serai à vos côtés. Mais avant de partir, dis-moi qui as-tu avec toi, à part moi ?
— Je n’ai que le roi comme allié sûr. Je sais que jadis, hommes et dragons n’étaient pas alliés, mais ce temps est révolu. Toi et moi avons œuvré en ce sens. Tu as le choix, si tu refuses en vertu du passé, je le comprendrais, mais te connaissant, tu n’en sortirais pas grandi. Tu vois, j’ai pris le risque de venir en ton royaume rien que pour te parler. Je me rends chez les Unicornes.
Le dragon se caresse le menton de sa patte avant droite.
— Je vois, alors bonne chance à toi, mage. Rendez-vous sur la terre de Gallia.
— Merci à toi, noble dragon, je te salue.
— Au revoir, mage.
Le dragon retourne dans la pénombre, le mage se retire, il sort du royaume Dragonnien pour se rendre à celui des Unicornes. Le mage maudit sait que les dragons seront des alliés puissants dans la bataille de Gallia. Il les attaque par surprise en envoyant des soldats armés de bâtons qui lancent des boules de glace, les exécutent tous, pas un ne survit, privant ainsi Delphia d’un allié puissant. Pendant ce temps, Lanaken passe la tourelle de Gallia, il fait route vers un royaume aux plaines verdoyantes où des troupeaux de licornes gambadent. Leur ciel voit quant à lui un ballet aérien majestueux de licornes à deux cornes ailées et de pégases. Parmi eux se trouve Vivavor, le prince étalon des Unicornes. Lanaken admire ce spectacle féerique ; Vivavor le reconnaît, il vient atterrir face au mage, ils sont amis de longue date, le mage a un visage souriant, ils se saluent.
— Bonjour, mon ami ailé.
— Bonjour, mage Lanaken.
Lanaken le félicite de la naissance de sa petite licorne.
— J’ai appris que Pallia a mis au monde une jolie jument.
— Je suis content, tu la verrais, elle est mignonne et un peu espiègle.
— Tout comme son père, dit Lanaken en plaisantant, Vivavor lui rétorque sur le même ton.
— Oui, mais je n’étais qu’un poulain qui aimait faire tourner son précepteur mage en bourrique. Justement, je suppose que tu n’es pas venu en courtoisie cette fois ?
Lanaken l’invite à une balade. Vivavor sent qu’à l’intonation de la voix de son ami, quelque chose ne va pas dans le royaume delphien.
— Marchons un peu, si tu veux bien.
— Très bien.
Les deux amis commencent leur promenade, Vivavor lui demande :
— Nous sommes assez éloignés des miens, dis-moi ce qui se passe réellement ?
Le mage s’étonne de cette question.
— Cela me surprend que tu ne le saches pas, avec les pouvoirs que tu possèdes !
Vivavor hennit, puis répond un peu énervé.
— C’est impossible de l’utiliser contre toi, tu connais la botte pour me contrer. Si j’avais essayé de lire en ton esprit, tu aurais mis une barrière pour ne pas m’y laisser entrer.
— Je sais que chez les licornes à double cornes ailées, ce pouvoir est inné.
— Tu es vraiment difficile à berner, Lanaken. Maintenant, dis-moi pourquoi tu es là.
Lanaken lui explique la situation.
— Le mage maudit Arion a décidé de s’emparer de la sphère de Gallia. Il s’est entouré d’une armée faite des proscrits de Delphia. Le roi Thyratron m’a chargé de mettre tout en œuvre pour l’arrêter. Les armées des chevaliers sont déjà en marche vers le palais. Le roi dragon a accepté de se joindre à nous. Je viens te demander la même chose, mon ami.
— Je ne vois pas en quoi mon peuple est menacé.
— Parmi les proscrits se trouvent les étalons noirs des steppes putrides, répond Lanaken d’un ton grave.
Vivavor se cabre en hennissant très fort. Ces étalons noirs sont des licornes ailées comme lui, mais ils sont connus pour leur fureur et leur violence. Arion les a choisis comme cavalerie, à leur tête se trouve Centifuror. On raconte que ses naseaux crachent du feu lorsqu'ils galopent et que ses sabots argentés font jaillir des éclairs. C'est le cousin de Vivavor. Ils se sont battus car Centifuror voulait mettre le royaume unicorne sous ses sabots fous. Tous avaient peur de lui, sauf un, Vivavor, qui se dressa devant lui. Il s'ensuit un combat dont Vivavor sortit vainqueur et par la même sauva le royaume unicorne.
— À ton attitude, j’en conclus que toi et tes congénères serez à nos côtés, demande Lanaken avec conviction.
— Oui, répond Vivavor, très convaincu.
Lanaken ne cherche pas à le faire changer d’avis. Il salue son ami, puis se rend au royaume voisin, celui des fées, pour voir la reine de celles-ci. Il arrive dans les jardins magnifiques du château des perles et est accueilli par de petits elfes des roses. Il demande à voir la fée Rougette. Les petits elfes le taquinent, mais il leur demande de se calmer. Leur espièglerie et leur envie de jouer sont trop fortes ; ils n’écoutent rien jusqu’à ce que la maîtresse des lieux apparaisse et calme tout ce joli monde. Puis, elle s’adresse à Lanaken.
— Noble mage, je suis contente de te voir en mon royaume. Que me vaut l’honneur de ta visite ?
— Salut à toi, reine fée Rougette. Je suis porteur d’une nouvelle assez grave.
— Bien, entrons en mon château, nous serons plus tranquilles pour discuter de cette affaire.
Les deux amis se rendent dans la salle du trône féerique, cette pièce immense décorée par de superbes tapisseries et de lustres en cristal. Il y a au sol un grand tapis rouge bordé d’or qui mène au trône imposant, tout d’or et d’argent, surmonté d’une tenture pourpre brodée de papillons d’or. La salle est baignée de lumière grâce aux immenses fenêtres à vitraux qui représentent toutes les reines des fées qui ont précédé Rougette sur ce trône féerique. La magie règne en maîtresse sur ce château, et dans la salle du trône en particulier, Rougette claque des doigts et aussitôt une table magnifique se dresse avec des victuailles et du vin dans une cruche en cristal, ainsi que des verres. Elle invite son hôte à s’asseoir.
— Dites-moi, noble Lanaken, qu’avez-vous comme nouvelle aussi gravissime à m’apprendre ?
— Les forces de Mortacoeur se réunissent pour envahir Delphia et s’emparer de la sphère de Gallia je me suis rendu au royaume unicorne qui m’ont assuré de leur aide, ainsi que le roi des dragons et les siens se sont rangés à nos côtés, mais le seul souci c’est que les anges ont refusé de s’unir à nous.
Lanaken quitte le château des perles sur des ses alliés quand un messager vient lui apporter une terrible nouvelle : le massacre des dragons. Il s’y rend immédiatement, une fois sur les lieux, il constate le désastre, il va voir la dépouille du roi des dragons, pour lui le sort s’acharne contre Delphia.
Pendant ce temps-là, le roi Thyratron installe son camp de base devant la tourelle de Gallia avec vue sur les deux portes qui donne l’accès sur la terre sainte des patriarches/.
Le soir tombe sur la plaine. À des lieux de là au royaume mauvais d’heureusement un personnage de petite taille arrive dans la cité des damnés ; il se dirige vers la forteresse des Palabres. Il demande audience au duc de Mortacoeur, ce dernier le reçoit assez durement que le petit homme n’est pas apeuré, après un court moment, il s’adresse à lui avec un visage sournois, un langage obséquieux teinté de sarcasmes et de flatteries.
— C’est plutôt court pour un mage aussi puissant que toi qui se dit le duc de Mortcoeur, le prince de la magie noire.
— Si c’est une démonstration que tu veux tu vas être servi petit homme ! s’exclame Arion en levant son bras droit, en lançant une incantation.
— Pétrifia mordis !
Il lance une fumée noire qui vient entourer le petit homme.
— Cette fumée est le halo de mort il va te consumer comme un brasier. Arion éclate de rire, mais quand la fumée se dissipe, il est étonné de voir le petit homme bien vivant ; ce dernier lui dit avec une dose d’humour.
— Je vous l’avais bien dit, vous êtes pitoyable, si vous m’aviez laissé me présenter, vous auriez su que votre magie aussi puissante soit-elle…
Arion le coupe.
— Qui es-tu donc ? s’énerve Arion en se levant de son trône.
— Je me nomme Mardouk je suis un potom alchimiste.
Arion qui connaît bien la légende des potoms. La magie n’a aucun effet sur eux, car de par leur naissance ils ont le cœur plein de magie. Arion est méfiant, car les potoms sont réputés pour être les ennemis des cherrubys pourquoi l’un d’entre eux est venu le voir, ainsi il lui demande la raison de sa présence dans sa forteresse des Palabres.
— Dis-moi potom pourquoi es-tu ici ?
— Je suis venu vous faire une proposition que vous ne pourrez pas refuser.
Arion perd patience.
— Cesse tes propos énigmatiques potom je te somme de parler !
— Calmez-vous Duc ne soyez pas impatient, laissez-moi vous conter une histoire.
Arion se rassoit sur son trône, Mardouk commence son récit.
— Je suis un potom alchimiste, dit le « malsain » spécialiste des métaux précieux que nous extrayons dans nos mines, je suis devenu apprenti de maître Bult le plus érudit des cherrubys en me faisant passer pour l’un d’entre eux. Un jour il est parti sur l’île des Mascaras, quand il en est revenu. Il chercha l’alliage ultime, rien ni personne ne semblait le détourner de ce projet, il mit au point ce fameux métal si précieux qui brillait de mille feux. Nous l’avons forgé pour fabriquer sept masques dorés bien que l’or n’entrait pas dans l’alliage. Ils étaient magnifiques, je n’en avais jamais vu de si beau, ensuite il leur a insufflé la magie puis il a parcouru Delphia pour les distribuer à sept mages les plus méritants. Je pensais qu’avec ces masques il pourrait redonner la place qu’avaient les cherrubys au temps de la mythologie delphienne. Bult s’est mis en colère, il m’a confié que seule reine des Mascaras lui avait commandé ces sept masques spéciaux. Nous nous sommes battus, il eut le dessus. Bult emporta les masques puis les livra aux sept vertueux. Je me suis réveillé j’ai cherché la formule de l’alliage de ces masques j’ai fini par la trouver. J’ai essayé de convaincre mon peuple de me suivre, mais Bult est intervenu, je fus banni. J’ai décidé de venir vous voir, car je pensais qu’un homme comme vous serait intéressé, car je possède la formule des sept masques Vertueux.
Arion esquisse un sourire.
— Je sais que si j’accepte tu me demanderas un prix, car tout marché fonctionne ainsi maintenant donne-moi ton prix quand j’aurais détruit ces masques ?
— Duc, pourquoi les détruire alors qu’il suffit d’en fabriquer d’autres plus puissants ?
— Les furies n’ont pas de masque alors forge-leur ceux qui représenteront l’exact contraire des vertueux. Eh, bien petit homme tu es un rusé, mais aussi ignoble comme les tiens. J’accède à ta requête, tu auras un laboratoire et tous les ingrédients que tu désires, mais attention à toi Mardouk si tu rates ton affaire je serais te récompenser si tu vois ce que je veux dire.
— Oui Duc j’ai bien compris.
Arion appelle son laquais, un homme vêtu d’un habit noir et poupe style Louis quatorze au teint blafard, il porte une perruque blanche à la Mozart. Il se nomme Ghoster, il déteste son maître, en conduisant Mardouk à son laboratoire, il tient ce langage.
— Quand tu auras fini tes travaux pourras-tu m’offrir un de tes masques ?
— Je veux bien pour cela il faudra le mériter, répond Mardouk en pensant le contraire.
Ghoster fait la grimace, car il ne s’attendait pas à cette réponse. Ils arrivent au laboratoire, aussitôt Mardouk se mets au travail, il forge, applique la recette volée à Bult, ce dernier a volontairement omis de mentionner un ingrédient qu’il juge secret. Il choisit de le remplacer par un métal : la pierrite de fer. Il insuffla la magie dans ces sept masques. Il en fait part à Arion qui rapplique avec six autres mages maudits.
— Frères je vous présente Mardouk notre maître alchimiste, il nous a fabriqué le moyen de vaincre ces soi-disant vertueux.
Il demande à Mardouk de lui donner un de ses masques, il le porte à son visage, mais rien ne se passe, Arion ne comprend pas, Mardouk lui explique.
— Ce masque n’est pas semblable à celui que portent les Alatiniens de l’île des Mascara. Ils appartiennent à des êtres possédant d’immenses pouvoirs bien qu’ils soient magiques, celui qui le détient lui insuffle sa propre magie pour ne faire plus qu’un avec lui. Les vertueux le savent, c’est pour cela qu’ils contrôlent leurs pouvoirs, seul, il ne fonctionne pas, il faut vous unir.
Arion ordonne à ses confrères de se saisir d’un masque et de faire comme lui, il a retiré le sien, les sept mages maudits s’exécutent, aussitôt les masques sur leurs visages, une énergie puissante s’en dégage, mais Mardouk s’aperçoit un peu tard que ces masques ne développent pas une énergie positive au contraire, c’est une énergie négative, chaque porteur devient le contraire des vertueux, Arion éclate de rire.
— Nous apporterons le chaos et la fureur. Nous serons les nouvelles furies.
— Tu as dit que nous devons être unis pour que l’énergie négative se développe, est-ce que ce principe marche avec les vertueux ? demande Arion intrigué.
— Oui pourquoi ?
— C’est bon à savoir, répond Arion satisfait.
Mardouk veut le prévenir à propos de ghoster, mais Arion s’en va du laboratoire sans l’écouter, une fois parti, Mardouk semble déçu ce qui lui fait comprendre son erreur.
Au même instant, dans les montagnes des sept cieux où est situé le village pittoresque des cherrubys, il est très étendu. Il aperçoit au loin les maisons sont jolies à colombages aux toits d’ardoise rouge, malgré le froid il y fait bon chaud grâce au feu dans les cheminées.
Il y a un centre-ville où se trouvent tous les commerces et l’administration, car les cherrubys sont très organisés il y a maître Jean le maire gouverneur, Carin le postier et garde champêtre, Mlle Lilas l’institutrice et femme du maire gouverneur, sur la place du village se tient un carrousel de licornes de bois, il appartient à Pétunia, la dame de maître Florimont, le pâtissier magique pour parvenir à sa pâtisserie, il faut emprunter l’allée des choux chantilly bordée d’arbres barbe à papa, ou peut voir les parterres de confiseries lorsque nous ouvrons la porte sucre d’orge de la boutique nous assistons à un spectacle merveilleux nous apercevons en premier lieu un orchestre, les viennoiseries interpréter des valses et des marches viennoises dignes du Nouvel An de Vienne. Les religieuses entonnent des chants religieux et les éclairs au chocolat du gospel sans oublier le rock interpréter par un saint-honoré et un Paris Brest cet orchestre de friandises est dirigé de main de maître par Florimond, c’est l’endroit le plus prisé du village, les enfants y sont les rois, car il y a aussi derrière la boutique un enclos ou se trouve l’âne volant Meringue, il se régale de chardon au chocolat blanc dont il est friand, juste à côté se trouve l’hôtel-restaurant du « Grand Griffon » tenu par Mathieu surnommé Gourmandio le frère de Florimont et Mlle Mimosa, le confort de l’hôtel est divin et la cuisine esquisse. Ce dernier est aussi le maître-queux de la cour, il organise les banquets royaux que j’accompagne des sons de mon luth, mais aussi les repas quotidiens de la famille royale. Je dois bien avouer que ses banquets sont de véritables ballets gastronomiques où nous voyons défiler dans un ordre bien défini les entrées, les pièces de viande, de gibier les poissons tout droit venus du port delphien pour finir par différents entremets et autres pâtisseries confectionnées par maître Florimont, lorsqu’il n’est pas à son hôtel c’est Marc son bras droit qui gère l’établissement, malgré ces banquets fastueux, dans sa vie de tous les jours, le roi Thytatron se nourrit normalement et veille à ce que les delphiens n’aient pas la disette, il a institué une loi qui leur permettent de vivre de leurs produits, mais comme tout souverain qui se respecte les delphiens donnent un impôt à leur roi sauf ceux qui sont choisis par la cour pour fournir les produits des banquets royaux. Les delphiens comme les cherrubys sont de redoutables commerçants.
Il y a une boutique de jouets, un commissariat et une caserne de pompier, même une petite armée de hallebardiers pour les défendre commandée par le général Célestin.