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"Les Ego-copains" est une collection de textes romancés, de poèmes et d’illustrations qui émergent d’une exploration introspective. Laissez-vous transporter dans un univers d’harmonie, de paix et de lucidité, où la poésie chevauche les récits romancés, créant ainsi une atmosphère captivante et inspirante.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Depuis quelques décennies,
Michel Gentile s’immerge dans le domaine dit des « spiritualités et du travail personnel ». Cette exploration de sa personnalité par la lecture et la recherche lui a apporté un certain équilibre et une dose de sérénité, l’incitant ainsi à rédiger "Les Ego-copains".
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Michel Gentile
Les Ego-copains
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Michel Gentile
ISBN : 979-10-422-2736-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Comment doit-on les appeler ces forces, ces énergies, ces pulsions, ces sensibilités, ces personnages du discours intérieur ?
À force d’hésiter, j’ai pris conscience qu’ils ou qu’elles sont là pour toujours, et qu’il faut tous et toutes les garder et surtout s’en occuper amicalement et tendrement ; je les ai nommés les « Ego-copains ».
Nommer les Ego-copains n’a pas été facile, mais amusant ; limiter leur nombre a été très difficile, car il y a ceux qui forment les fondements, le caractère, l’individualité, la personne ; mais il y a aussi les entrants, les sortants, les associés, les contingents, les humeurs, les furtifs, et, on peut ajouter, les universels, les archétypes et d’autres encore. Ces énergies, plus mobiles, mouvantes, étonnantes, existent bien sûr et participent à cette grande famille des Ego-copains.
Dans ce livre, leurs noms respectifs finissent toujours par la lettre O. Mais l’action, l’effet concret peuvent dépendre de la source :
V comme vital, E comme émotionnelle, M comme mental
Ou bien un mélange de ces deux ou trois réactions ; parfois difficiles à déterminer.
L’aventure de chaque Ego-copain est romancée pour essayer de cacher un peu que ce livre parle de moi. Mais je pense que vous l’aviez déjà compris. Mais, ego, égocentrisme ne veut pas dire égotique ou égoïste. Un égocentrisme très lucide est une certaine connaissance de soi. Se connaître intérieurement et profondément, travailler sur soi sont des recommandations et des pratiques que toutes les traditions, les philosophies, les religions et les spiritualités du monde recommandent.
J’ai complété chaque Ego-copain par un poème dont le thème correspond au sujet de chaque fiction. Parfois, aussi, par un rêve ou une citation. Ce sont des poèmes qui ont été exprimés bien avant l’écriture de ce livre. Cette poésie saugrenue fut très bénéfique pour le déroulement d’une quête personnelle d’individualisation. Merci à la poésie qui est très souvent spontanée, vraie, globale et première.
Cher lecteur, chère lectrice, pour que la lecture de ce livre soit plus claire et facile, un tableau récapitulatif et explicatif apporte, je pense, un peu d’éclaircissement, à la fin de l’ouvrage.
Bonne lecture !
Dans la famille Blancart, le bonheur s’éloigne après la visite d’un docteur spécialisé. Les deux petits jumeaux, non vrais, si beaux, si attachants souffrent de légers problèmes dans leur développement.
Le docteur a dit qu’ils allaient très bien, mais une sorte d’autisme les isole un peu du monde extérieur. C’est vrai que ces deux bambins adorables sont très calmes, pondérés pour des enfants de quinze mois et qu’ils participent avec beaucoup de retenue aux événements et à la vie de famille.
Somato, le premier, est né quinze minutes avant son frère. Naturo, lui, est très, très calme, presque mou, indolent. C’est un enfant adorable pour des parents, car il ne gêne jamais personne ; c’est un discret.
Si la discrétion est une qualité pour des adultes, les époux Blanquart prennent conscience que cette qualité est une « maladie » pour des gosses de seize mois maintenant. Le docteur les a rassurés à plusieurs reprises en prouvant par des examens et tests de toutes sortes que ces deux petits jumeaux étaient en parfaite santé.
Ils sont atteints d’un léger autisme pour Somato le timide et d’un autisme plus profond pour Naturo le discret.
Après quelques mois d’effondrement, les époux Blancart retrouvent goût à la vie dans l’acceptation de l’idée : leurs enfants vont bien, mais ils sont un peu différents des autres gosses.
Pour l’instant, à la maternelle, pas de problème particulier. Ils sont gentils, calmes, doux, sans difficultés pour les professeurs. Bien sûr, une éducation et une attention toutes particulières s’imposent. Les parents, aussi, ne retiennent pas leur amour ni le travail attentif de tous les jours envers leurs deux petits chérubins.
***
Les deux frères vont maintenant à l’école communale. En classe, les choses se passent assez bien. Leurs places respectives sont plutôt vers le fond de la classe où ils sont plus attentifs et plus tranquilles que devant avec des élèves réactifs. L’instituteur connaîtleurs problèmes d’autisme léger ; lui préfère dire : « difficultés de sociabilité ».
Dans la cour, en récréation, ils sont toujours ensemble, un peu à l’écart des autres malgré tout. Naturo dit à Somato : « va me chercher l’osselet qui a sauté plus loin que prévu ». Naturo a besoin de Somato pour communiquer avec l’extérieur et aller vers les autres. Leurs camarades de classe ne manquent pas d’attention envers les deux frères et les invitent souvent à se joindre à eux.
***
Naturo et Somato dialoguent tout le temps ; ils se rassurent mutuellement. Invectives et critiques fusent quelquefois. Naturo dit à Somato : « Plus tard, tu deviendras “chiant” avec tes habitudes et ton esprit trop carré ; tu n’as pas d’imagination ». Mais la nature profonde de Somato tient dans la relativisation et il répond à son frère gentiment : « Ne t’énerve pas, toi aussi, un jour, tu pourras mieux communiquer avec les autres ».
Tu es la sensation,
le plaisir-éruption.
Tu es l’émotion,
l’intensité-avion.
Tu es la douleur aussi,
je le sais maintenant, l’ami.
Merci d’être ce tuteur spirituel,
merci d’être ce joli robot dressé vers le ciel.
Merci d’éviter mes « conneries » conceptuelles,
merci tes cellules sont belles.
Hommage à mon corps
Sur le port, il est quatre heures du matin, les chalutiers sortent en file indienne sur une mer d’huile. La mer se fond dans la nuit ; elle est noire comme l’encre des seiches, profondément épaisse, d’un seul tenant ; effrayante. C’est une « angoisse » de penser à cette infinie noirceur, et, pourtant, elle est la vie même ; riche, abondante, grouillante, belle, envoûtante et même rassurante pour certaines âmes.
En général, les pêcheurs ne sortent que si le temps est « au beau », comme ils disent. C’est la météo qui accorde l’autorisation de sortie.
Le gros chalutier blancest sorti le dernier, car deux matelots accusaient unpeu de retard. Ils sont cinq à bord, quatre matelots et le capitaine ; oui, sur ces gros bateaux, on dit encore « matelot » aux hommes courageux qui font ce métier difficile. Les vingt mètres de long et sa proue renversée fendent cette eau solide comme un couteau dans un fondant au chocolat. La glaceest chargée ; les filets sont bien pliés en attendant le grand plongeon. Tout est en ordre.
Adrien, le capitaine du Capri, se tient à la barre ; c’est un grand gaillard, trapu, aux grandes mains et aux yeux noir profond et gentils. Malgré les occupations du moment, il pense à son jeune fils, Petit-Jo, qui dort dans son lit profond, fier de ce petit être blond, beau comme un ange. Il ressemble à son grand-père, petit pêcheur du sud de l’Italie, aux yeux bleu azur.
Il fait très beau aujourd’hui, la mer est de plus en plus noire. Encore une heure de navigation pour arriver à l’endroit prévu.
Adrien a le temps de se rappeler les moments heureux de la journée passés avec son fils. La promenade sur le port, au soleil de l’après-midi baignant dans l’atmosphère heureuse des années d’après-guerre. On essaie d’attraper ce petit « galopin » qui court dans tous les sens. Il est mignon, chaleureux, spontané et il rit tout le temps.
Sa mère, Elodie, le soigne bien ; elle l’habille comme un petit « Gavroche », avec des barboteuses, « bon marché » ; ce ne sont pas des « rupins », comme ils disaient à l’époque. Il est adorable ; toutes les voisines du vieux quartier le taquinent. Elles veulent toujours l’embrasser, le mordre ; il est à croquer ; on l’appelle JÉSUS dans la rue. En ce temps-là, les rues ressemblaient à des villages avec leurs petits commerces et leurs petits bars, animés par les groupes de « bazarettes »1 sur les trottoirs avec leurs chaises.
Le jour se lève, la lumière éclaircit le ciel, l’horizon apparaît ; la mer est une boule d’anthracite. Quelques nuages rouges « moutonnent » le long de cette strate et l’horizon paraît moins strict, plus doux.
La douceur, Adrien et Elodie la connaissent maintenant depuis la naissance de leur fils. Surtout Elodie qui ne le « lâche » pas ; toujours en train, de le coiffer, de le changer. Quel amour elle lui porte ! C’est son premier enfant. Quelle joie, quel bonheur, quelle harmonie entre ces deux êtres ; l’Amour, c’est sûrement cela avec un grand A.
Tous les après-midi, sa maman emmène Petit-Jo faire des tours de manège. C’est un manège immense, fantastique, étincelant. Tous les animaux y trouvent leur place d’une manière amusante, à côtédes autos, des trains, et même des fusées. Petit-Jo les connaît tous ; il a changé cent fois, mille fois de place. Il les aime tous, mais il choisit souvent les plus hauts qui lui permettent d’attraper le petit ballon qui monte et qui descend avec sa frange qui se détache. Bien sûr, il le sait, c’est le monsieur qui fait monter et descendre le ballon. Il le voit dans sa cabine, secouant la ficelle ; et le gagnant ne sera pas toujours le plus habile. Mais Petit-Jo n’y pense pas et il essaie, à chaque fois, d’attraper le ballon. Parfois, c’est à son tour de saisir le « pompon ». Et il tourne, tourne, sans arrêt, des heures entières. Elodie, assise, discute ou tricote ; elle est tranquille. Il fait beaucoup de tours, car les manèges étaient bon marché, en ces temps-là. Il gagne encore et tourne, tourne toujours.
***
Peut-être les neurones d’un enfant de trois ans peuvent-ils s’arrondir à force de suivre toujours la même courbe. Ses circuits nerveux peuvent se connecter en formant des cercles, des spirales, des sphères.
***
La pêche a été bonne, il est temps de rentrer. Trois heures de navigation, une heure pour décharger les caisses à la criée ; vers midi, Adrien devrait pouvoir déjeuner tranquille et embrasser son petit ange. Les caisses brillantes de glace regorgent d’espèces variées, merlans, capelans, vieilles, congres, poissons de roche, etc., « la soupe », c’est ainsi que les hommes appellent ces poissons colorés de petite taille.
Il faut dire qu’ils sont beaux, tout frais de lumière, avec leurs yeux ronds qui rappellent les perles et les agates. Mais à y regarderun peu plus attentivement, on lit de la tristesse dans ces yeux colorés. Ils sont restés figés dans la peur, dans l’angoisse de la mort. Cette mort qui est venue au moment où l’on a sorti de l’eau ces êtres d’un autre monde. Des yeux heureux de poissons sereins, nous n’en avons sûrement jamais vu. Nous les voyons toujours après les avoir arrachés à leur patrie, à leur élément. Ces beaux yeux ronds, qualité de fraîcheur pour la ménagère sont, aussi, signe d’arrachement et de mort.
À vingt-quatre ans, Adrien ne voit pas tout cela ; il pense à sa vie actuelle, dure, difficile, mais heureuse. Son fils a déjà quatre ans ; il aimerait bien avoir une fille.
Petit-Jo, lui, court de plus en plus, sourit de plus en plus et devient de plus en plus capricieux. Il prend les habitudes des enfants gâtés. Un jour, il a tellement pleuré qu’Elodie a fait ouvrir à neuf heures du soir le magasin de jouets du quartier afin de satisfaire le désir du petit diable.
Mais comme les poissons dans l’eau, Petit-Jo ne sait pas qu’il est heureux et que l’état de grâce dans lequel il baigne va se terminer.
***
Son règne va s’achever, sa lumière va s’éteindre, le temps va s’arrêter. Il va quitter le soleil et le ciel pour descendre sur terre. Il va quitter l’Hydre maternelle pour rejoindre la terre nourricière. Il va quitter l’universel pour devenir un « particulier ».
Il ne sera plus JÉSUS, mais un simple mortel.
Tu avais moins de cinq ans et déjà émerveillé,
et tu ne savais pas.
Ta lumière t’inondait,
et tu ne voyais pas.
Tout le monde t’aimait,
et tu n’en profitais pas.
Tu étais beau coloré,
et tu ne connaissais pas l’âme dorée.
Tu étais heureux d’aimer,
et tu ne comprenais pas.
Tu étais déjà fort éclairé,
et tu ne comprenais pas.
Tu étais déjà fort éclairé,
et tu ne t’en doutais pas
Tu vivais sans raisonner,
et tu ne t’inquiétais pas.
Tu étais à l’optimum de « l’apprécié »
et tu ne calculais pas.
Dommage !
Mais tu étais heureux,
et tu as gardé le goût du merveilleux.
Il est dix-sept heures, les petites jumelles, Fleur et Céline, sortent, une tartine à la main, dans le petit jardin pour terminer leur goûter au soleil. La classe terminée, aussitôt, elles pensent à aller jouer dans la « colline ». La colline, c’est le nom que les enfants donnent à un petit bout de pinède sauvage qui jouxte leur copropriété. C’est un coin de verdure et de fraîcheur dans cette grande ville. C’est un vrai bonheur, à sept ans, après l’école, d’aller se détendre et jouer dans cette nature.