Liban - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Beschreibung

Le Liban a toujours occupé à l'intérieur du Proche et du Moyen-Orient une place originale, en raison de sa diversité humaine et de ses liens privilégiés avec l'Occident. Aussi a-t-il longtemps joué un rôle important, sans rapport avec son poids démographique (environ 4 millions d'habitants au …

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ISBN : 9782852299597

© Encyclopædia Universalis France, 2016. Tous droits réservés.

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Liban

Introduction

Le Liban a toujours occupé à l’intérieur du Proche et du Moyen-Orient une place originale, en raison de sa diversité humaine et de ses liens privilégiés avec l’Occident. Aussi a-t-il longtemps joué un rôle important, sans rapport avec son poids démographique (environ 4 millions d’habitants au début du XXIe siècle) et ses dimensions restreintes (10 400 km2, soit approximativement la superficie d’un grand département français).

Liban : drapeau. Liban (1943). Sur la bande médiane blanche, de largeur double de celle des deux bandes rouges qui l'encadrent, un cèdre du Liban, symbole de la Montagne pérenne. La loi constitutionnelle du 7 décembre 1943 précise bien que, le drapeau ne comptant que trois couleurs . le rouge, le blanc et le vert ., le cèdre national doit être entièrement vert ; l'usage ultérieur qui, pour plus de réalisme sans doute, colore souvent de brun le tronc et les branches est donc fautif.

Au cours des siècles, le Liban a été une « montagne refuge », ce qui explique la mosaïque confessionnelle actuelle et le pluralisme culturel. Ce pays, qui fut longtemps la seule démocratie parlementaire de l’Orient arabe, a connu jusqu’en 1975 une incontestable prospérité, bien qu’inégalement répartie. Grâce au dynamisme de ses entrepreneurs et au développement d’une économie de services, le Liban était devenu le principal relais entre les pays du monde capitaliste et le reste du Proche et du Moyen-Orient.

Les clichés habituels, d’ailleurs un peu excessifs, qui vantaient « le miracle libanais » ou « la Suisse du Proche-Orient » ne sont plus de mise, car, depuis 1975, le Liban traverse une crise très profonde qui remet en question son identité même. À l’intérieur d’un Orient arabe toujours en ébullition, le Liban est sans conteste le pays qui a connu, depuis 1975, les bouleversements les plus impressionnants, sous l’effet d’un conflit très complexe aux rebondissements incessants, par suite des multiples dimensions (nationale, régionale et internationale) de la crise qu’il traverse.

Quinze ans de guerre ont vu ainsi se succéder toutes les formes d’affrontements internes, entre communautés et à l’intérieur des communautés, dans lesquels sont intervenus directement ou indirectement les principaux acteurs régionaux (les Palestiniens, Israël, la Syrie), sans oublier le jeu des grandes puissances. Les infrastructures ont été détruites, et près d’un quart de la population a émigré. La paix fragile restaurée au début des années 1990 n’est qu’une étape sur la voie de l’indépendance complète du pays et de la participation de toutes ses composantes nationales au nouveau régime, un processus qui se révèle parsemé d’embûches.

Elizabeth PICARD

1. La diversité du Liban

Avant même que les limites territoriales actuelles du Liban ne soient fixées en 1920, des pages admirables ont été consacrées à ce pays, soulignant en particulier son extrême diversité physique et humaine. Dès la fin du XVIIIe siècle, Constantin-François Volney décrivait les multiples aspects du relief, du climat et de la végétation, et surtout présentait l’étonnante mosaïque confessionnelle libanaise et l’inégale répartition de la population. Plus tard, Lamartine, Gérard de Nerval, Ernest Renan et bien d’autres écrivains prestigieux, fascinés par le Liban, ont insisté sur la variété des paysages et des hommes. Incontestablement, malgré la superficie modeste du pays, la personnalité géographique du Liban réside dans ces multiples oppositions, à la fois physiques, religieuses, culturelles, sociales et économiques.

• Les contrastes du cadre physique

La montagne est essentielle pour comprendre les spécificités de la géographie et de l’histoire du Liban. D’ailleurs, le mot Liban, avant d’être appliqué à un État, désigne d’abord une chaîne de montagnes. Il en va de même pour le Yémen, autre exemple de construction politique à partir d’une montagne. La disposition générale du relief libanais est très simple : quatre unités topographiques disposées parallèlement à la côte se succèdent d’ouest en est. Il y a d’abord la plaine littorale étroite et discontinue. Il s’agit, en fait, d’un chapelet de petites plaines séparées les unes des autres par des caps et des promontoires rocheux. Toutefois, la plaine littorale, qui s’étire sur environ 250 km, s’élargit à ses deux extrémités : au nord avec la plaine du Akkar, au sud à partir de Saïda et jusqu’au-delà de Tyr.

Dominant le littoral, le mont Liban est une puissante muraille calcaire, dont le point culminant atteint 3 083 m au Qornet es Saouda, près de Bcharré dans la partie septentrionale de la chaîne. Les sommets sont constitués de hauts plateaux karstifiés. La proximité de la mer a entraîné une profonde dissection de cette masse montagneuse, car les rivières orientées est-ouest ont creusé des gorges profondes, enfoncées parfois de plus de 1 000 m, comme la Qadischa ou le Nahr Ibrahim. Ce cloisonnement du relief, où chaque vallée constituait une unité facile à défendre, a contribué à faire du mont Liban une « montagne refuge », véritable citadelle retombant de façon vertigineuse à l’est sur la plaine intérieure de la Beqaa. Cette dépression d’une platitude parfaite atteint 1 100 m près de Baalbek, mais seulement 900 m dans sa partie méridionale. Elle est parcourue par deux fleuves : l’Oronte (ou Nahr el-Assi) qui coule au nord vers la Syrie, et le Litani qui draine l’essentiel de la Beqaa avant de rejoindre la Méditerranée près de Tyr. Une seconde chaîne montagneuse, l’Anti-Liban, domine à l’est la Beqaa. Cette montagne orientale se prolonge au sud par le massif de l’Hermon qui culmine à 2 814 m.

La disposition du relief explique les contrastes climatiques. Certes, partout règne une longue saison sèche, de la fin d’avril à la fin d’octobre, mais l’analyse des précipitations et des températures révèle dans ce petit pays d’énormes différences. Ainsi, le caza (district) du Hermel dans le nord de la Beqaa est déjà désertique avec un total pluviométrique annuel de 200 mm, alors qu’à quelques kilomètres le versant occidental du mont Liban totalise des moyennes pluviométriques annuelles de l’ordre de 1 300 mm, qui atteignent encore 900 mm à Beyrouth. De même, pour les températures, les oppositions régionales sont considérables : par exemple, le gel est inconnu le long du littoral, alors que le nombre de jours de gel est très élevé dans la Beqaa (59 à Baalbek, 49 à Rayak), où existent de très fortes amplitudes thermiques annuelles et journalières. Au climat méditerranéen humide du littoral s’oppose donc un climat méditerranéen continental de la Beqaa, déjà steppique au nord, plus arrosée au sud. Enfin, un climat méditerranéen humide de montagne caractérise le mont Liban avec d’importantes nuances selon l’altitude. La montagne libanaise, par rapport au reste de l’Orient arabe marqué de l’empreinte de l’aridité, est une sorte de château d’eau, et d’une manière générale le Liban apparaît particulièrement favorisé au point de vue climatique. Ce privilège permet à la fois les cultures tempérées et subtropicales. Les productions agricoles méditerranéennes traditionnelles (blé, vigne, olivier) subsistent parfois, mais elles ont été remplacées le plus souvent par de nouvelles cultures spéculatives : bananiers, agrumes, primeurs sur la plaine littorale, pommiers dans la montagne ou dans la Beqaa. Le climat a aussi favorisé la vocation touristique du Liban. En effet, la fraîcheur de la montagne libanaise en été attirait jusqu’en 1975 un grand nombre de touristes, venus des pays arabes voisins, particulièrement des pays pétroliers du Golfe.

• La mosaïque confessionnelle des Libanais

La montagne libanaise, célèbre dans l’Antiquité pour ses magnifiques forêts de cèdres dont il ne subsiste aujourd’hui que quelques rares arbres, a accueilli au cours de l’histoire de nombreuses communautés confessionnelles venues trouver refuge au Liban. Il existe officiellement dix-sept communautés, chacune ayant un droit privé spécifique appliqué par des tribunaux religieux. Parmi les chrétiens, les maronites sont les plus nombreux, puis viennent les grecs orthodoxes, les grecs catholiques et les arméniens, eux-mêmes subdivisés en arméniens orthodoxes, en arméniens catholiques et en arméniens protestants. On dénombre aussi des chrétiens appartenant à des communautés faiblement représentées dans la mosaïque confessionnelle libanaise. Tels sont les syriens orthodoxes ou jacobites, les syriens catholiques ou syriaques, les chaldéens catholiques, les chaldéens orthodoxes ou nestoriens, sans oublier les latins, communauté chrétienne arabe directement rattachée à Rome. Parmi les musulmans, les plus nombreux sont les chiites, puis les sunnites, les druzes, ainsi que des alaouites et quelques ismaéliens venus de Syrie. Il y avait aussi une petite minorité israélite établie à Beyrouth.

La part respective de chaque communauté à l’intérieur de la population libanaise n’est pas connue. Le dernier recensement remonte à 1932 pour ne pas remettre en question le délicat équilibre confessionnel sur lequel reposait la répartition des fonctions publiques. Depuis lors, bien des estimations, souvent contradictoires, ont circulé. Il semble, cependant, que les musulmans soient devenus progressivement les plus nombreux (environ 55 de la population totale dans les années 2000), en raison d’une natalité plus forte, surtout chez les chiites devenus la première communauté libanaise avant les maronites. Par ailleurs, l’émigration définitive, beaucoup plus importante chez les chrétiens (environ 10 p. 100 de la population), a contribué à modifier la répartition confessionnelle à l’intérieur de la population libanaise.

Liban : répartition territoriale des principales communautés. Répartition territoriale des principales communautés

• Une terre d’émigration et d’immigration

Le Liban est un pays de vieille tradition migratoire. L’émigration joue un rôle essentiel, particulièrement dans l’évolution de la montagne libanaise d’où partent un grand nombre de chrétiens maronites. On distingue plusieurs vagues d’émigration. Au début du XIXe siècle apparut un premier courant d’émigration orienté vers les villes égyptiennes. Ce courant fut continu tout au long du XIXe siècle et se poursuivit dans la première moitié du XXe siècle. Beaucoup plus importante fut la seconde vague d’émigration tournée vers le continent américain : le premier émigré libanais débarque à Boston en 1854, au Brésil en 1880. On estime à plus de 400 000 le nombre des Libanais qui ont définitivement quitté leur pays pour le continent américain entre 1850 et 1950, dont 210 000 entre 1900 et 1914. En même temps, à partir de l’extrême fin du XIXe siècle, se développait une troisième vague d’émigration dirigée vers l’Afrique noire.

Depuis 1950, les migrations libanaises vers l’étranger ont pris des formes différentes des vagues traditionnelles précédentes et sont de deux types. Des migrations définitives vers le Canada et l’Australie et des migrations temporaires vers les pays pétroliers du Golfe (Arabie Saoudite et Émirats). Ce sont ces deux types de migrations qui connaîtront à partir de 1975 une ampleur considérable, renversant ainsi la tendance qui faisait du Liban, jusqu’au déclenchement des affrontements armés, davantage un pays d’immigration qu’une terre d’émigration.

En effet, en 1975, les étrangers constituaient environ 30 p. 100 de la population libanaise et 45 p. 100 de la population de l’agglomération de Beyrouth. On a pu distinguer cinq vagues d’immigration qui ont grandement contribué au rapide accroissement de l’agglomération de Beyrouth depuis 1920. Il y eut d’abord l’immigration arménienne réalisée dans des conditions dramatiques, après les horribles et massives persécutions organisées par les Turcs durant la Première Guerre mondiale.

La principale vague arménienne qui apporta à Beyrouth les effectifs les plus considérables fut celle de 1922, après le retrait des troupes françaises de Cilicie. L’immigration kurde, à la différence de la vague arménienne de 1922 ou de la vague palestinienne de 1948, ne s’est pas réalisée en catastrophe, mais par une infiltration lente et continue. La troisième vague d’immigration concerne l’arrivée des Palestiniens, après la création de l’État d’Israël en 1948. La quatrième vague est constituée par le retour au Liban des Libanais d’Égypte ou d’Afrique noire. Enfin, la dernière vague est syrienne et s’affirma entre 1958 et 1975. Ces cinq vagues d’immigration ont largement compensé le mouvement d’émigration des Libanais vers l’étranger, qui s’est poursuivi au XXe siècle. À titre d’exemple, dans les années 1960, les arrivées d’étrangers à Beyrouth ont été numériquement cinq fois plus importantes que les départs de Libanais.

En 1975, il y avait au Liban près de 100 000 Kurdes, essentiellement à Beyrouth, près de 350 000 Palestiniens dont la moitié dans l’agglomération de Beyrouth, presque autant de Syriens, sans oublier 200 000 Arméniens dont la plupart avaient obtenu la nationalité libanaise. Ainsi Beyrouth est devenue une « agglomération refuge », reflet de tous les drames humains qui se sont succédé au Proche-Orient. La capitale libanaise est aussi, depuis le XXe siècle, le miroir de toutes les communautés libanaises qui, en raison de