Madagascar - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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L'île de Madagascar s'étend à l'est de l'Afrique dont elle est séparée par les 400 kilomètres du canal du Mozambique. Quatrième île du monde par sa superficie (590 000 km²), elle mesure 1 580 kilomètres du nord au sud et 570 kilomètres d'est en ouest dans sa partie la plus large …

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ISBN : 9782852297982

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

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Madagascar

Introduction

L’île de Madagascar s’étend à l’est de l’Afrique dont elle est séparée par les 400 kilomètres du canal du Mozambique. Quatrième île du monde par sa superficie (590 000 km2), elle mesure 1 580 kilomètres du nord au sud et 570 kilomètres d’est en ouest dans sa partie la plus large. Pays tropical dans son ensemble, l’île présente des reliefs complexes composés des Hautes Terres centrales, d’une côte orientale étroite et, à l’ouest, de grandes plaines déboisées et d’une côte dominée par le sable et les mangroves. Le peuplement de l’île fut intimement lié aux réseaux d’échanges qui se sont mis en place au début de l’ère chrétienne, animés par les Austronésiens et les Africains, qui ont formé des groupes de populations variés, diversement répartis sur le territoire.

Madagascar : drapeau. Madagascar (1958). Le blanc du guindant et le rouge du chef sont les couleurs mêmes des bannières des tout premiers occupants de l'île (Africains et Indonésiens du Ier millénaire avant notre ère) ; c'est beaucoup plus tard et pour représenter les habitants de la côte que le vert a été rajouté à la base.

Fortement marquée par son insularité, au niveau géographique et culturel, Madagascar a connu des mouvements de population dans l’océan Indien qui ont permis l’élaboration de cultures malgaches, à la fois produit des échanges commerciaux et résultat de processus internes. Des formations politiques de type monarchique ont vu le jour au xviiie siècle dans l’Ouest et également sur les Hautes Terres où Andrianampoinimerina (1740 env.-1810) mit en place, pour un siècle, la royauté merina. Celle-ci s’ouvrit au monde occidental et au christianisme, mais céda à la conquête coloniale. De l’indépendance à 2009, trois républiques ont vu le jour. À la première, qui se caractérisa par une stabilité politique relative, succéda un régime socialiste dit « révolutionnaire », instaurant la République démocratique de Madagascar, régime coercitif aux impacts négatifs sur les plans économique et social. L’année 1991 marqua le retour à un régime pluraliste modéré dans le cadre de la Troisième République, aux résultats très mitigés. À partir de 2009, l’île s’enlise dans des crises politiques à répétition, aux conséquences socio-économiques une nouvelle fois désastreuses. À l’issue d’un processus de sortie de crise orchestré pas la communauté internationale, Madagascar entre officiellement en Quatrième République avec la tenue d’une nouvelle élection présidentielle à la fin de 2013. L’enjeu est désormais d’assurer une stabilité politique qui contribuera à la reconstruction économique du pays, car Madagascar reste un des États les plus pauvres du monde.

Marie Pierre BALLARIN

1. Géographie

• Les aspects généraux

En plus de sa dissymétrie est-ouest et des contrastes topographiques entre Hautes Terres centrales et zones basses périphériques, Madagascar se révèle être avant tout un pays au relief très accidenté.

Diversité des formes du relief

Bien que consacrée par l’usage, l’expression de « hauts plateaux » est incorrecte ; en effet, hormis quelques secteurs particuliers comme les tampoketsa au nord-ouest d’Antananarivo (anc. Tananarive), les Hautes Terres centrales constituent un ensemble morcelé et très complexe, juxtaposant les formes de relief les plus variées. Charles Robequain écrit à juste titre que les routes s’y déroulent à travers un dédale « de hautes plaines d’alluvions, de collines monotones empâtées de latérite, massifs compacts, grands dômes isolés, crêtes aiguës et dentelées, relief en pains de sucre, buttes au sommet tabulaire... » Il est utile de préciser en outre que plaines et vallées alluviales se terminent généralement en aval par des seuils rocheux que les rivières dévalent de manière impétueuse, comme l’Ikopa à Farahantsana en aval des plaines d’Antananarivo ; que parmi les collines s’opposent reliefs granitiques, aux versants encombrés de rochers, et tanety formées dans les gneiss altérés sur de grandes épaisseurs, et fréquemment éventrées de lavaka (profonds ravinements). À une échelle plus grande, les massifs présentent une égale diversité entre reliefs granitiques (Andringitra), quartzitiques (Itremo) ou volcaniques (Ankaratra), sans compter la variété des cônes, coulées ou cratères qu’offrent les régions volcaniques de l’Itasy ou d’Antsirabe-Betafo.

En direction de l’est, les Hautes Terres se terminent par un escarpement dont l’Angavo, à la latitude d’Antananarivo, ne constitue qu’un des éléments les plus beaux avec le site grandiose de la Mandraka. Mais, ailleurs, cet escarpement se révèle discontinu, généralement suivi d’une série de chaînons liés à des failles : de telle sorte que le voyageur venant de la côte est a plus l’impression de traverser une zone montagneuse que de franchir un simple abrupt. Seul le secteur Alaotra-Mangoro constitue un palier intermédiaire dans cet ensemble très accidenté.

Les régions orientales, en arrière d’une côte rectiligne, présentent également une remarquable diversité. Pas de grande plaine côtière : contrairement à l’impression que donnent les cartes à grande échelle, les rivages de l’océan Indien sont généralement suivis, immédiatement en arrière d’un cordon littoral, de lagunes ou de marais périodiquement inondés, puis par un système confus de basses collines, passant rapidement vers l’intérieur à des collines plus élevées encore, puis à de véritables chaînes montagneuses. Au nord de Mananara, et surtout autour de la presqu’île de Masoala, ces montagnes parviennent même jusqu’à la mer. Ailleurs, de petites plaines littorales peuvent exister, construites par les alluvions des fleuves, mais séparées par des reliefs de basses collines sableuses : c’est à travers ces formations que les hommes ont creusé les « pangalanes » pour relier entre elles les lagunes utilisées par les pirogues des paysans betsimisaraka ou, de Mahanoro à Taomasina (anc. Tamatave), par de petits chalands métalliques.

Par opposition aux Hautes Terres et à cet ensemble oriental, l’ouest de Madagascar est un pays de plaines et de plateaux appartenant à deux grands bassins sédimentaires.

En arrière de Mahajanga (anc. Majunga), le Boina présente le relief le plus adouci. Séparé des Hautes Terres par une grande dépression périphérique de Maevatanana à Boriziny (anc. Port-Bergé), cet ensemble n’est compartimenté que par de petits escarpements qui, de loin en loin, correspondent à des cuestas liées aux formations géologiques les plus résistantes. Tel est le cas des calcaires qui, par ailleurs, sont responsables de l’existence de vastes plateaux karstiques comme l’Ankara au nord d’Ambilobe et le Kelifely au sud-ouest de Mahajanga.

Centré sur Morondava, le Menabe offre une topographie plus différenciée. Les cuestas, dont les revers correspondent toujours à des plateaux, se terminent vers l’est par des escarpements plus vigoureux : tel est le cas du Bemaraha calcaire dominant la dépression du Betsiriry de part et d’autre de Miandrivazo. En outre, l’accès aux Hautes Terres n’est possible qu’après avoir franchi un nouvel abrupt qui prend toute son ampleur avec le Bongolava à l’est du Betsiriry. Conséquence de ce relief, les fleuves, à l’exemple du Manambolo ou de la Tsiribihina, traversent les plateaux en gorges avant de parvenir au canal de Mozambique. En outre, le littoral du Menabe est une côte à deltas, alors que, plus au nord, le Boina présente de grandes baies dont celle de Bombetoka, devant Mahajanga, n’est qu’un exemple parmi bien d’autres.

Plus que dans la topographie, l’originalité du Sud malgache réside dans les particularités climatiques. Le Sud-Ouest se distingue toutefois de l’ensemble occidental sédimentaire par la disparition des reliefs de cuestas au sud de l’Onilahy.

Quant au Sud-Est, en partie cristallin ou volcanique, il est nettement séparé des Hautes Terres par l’escarpement du rebord Manambien qui domine de près de 1 000 mètres les surfaces généralement ondulées de l’Androy. Sud-Ouest et Sud-Est s’opposent en outre par un littoral où dominent, dans le premier cas, les côtes basses, tandis que dans le second les côtes rocheuses s’élèvent souvent à une cinquantaine de mètres et plus, en particulier dans le secteur du cap Sainte-Marie où les falaises atteignant 150 mètres constituent des sites d’une sauvage grandeur face à l’immensité de l’océan.

Enfin, l’extrême Nord, au-delà du seuil de Mandritsara ou de l’Androna, constitue l’ensemble le plus contrasté de Madagascar. Autour du massif complexe du Tsaratanana, avec le point culminant de l’île (2 876 mètres), se juxtaposent des massifs cristallins comme le Marojezy (réserve naturelle), des bassins alluviaux comme l’Ankaibe ou cuvette d’Andapa, des plateaux calcaires comme celui de l’Ankara aux grottes remarquables, de hautes vallées alluviales comme dans l’Ankaizina, des reliefs volcaniques comme la montagne d’Ambre au sud d’Antsiranana (anc. Diégo-Suarez) ou dans la partie occidentale de Nosy Be (anc. Nossi-Bé), des deltas enfin comme celui du Sambirano ou de la Mahavavy du Nord.

À ces multiples aspects du relief continental s’ajoute la variété des fonds sous-marins, caractérisés par l’extension remarquable des récifs coralliens. Madagascar est en effet baignée de mers chaudes ; et ce fait, lié à la position géographique de l’île située de part et d’autre du tropique, explique bien des particularités climatiques.

Les différences climatiques

Si Madagascar est caractérisée, sur l’ensemble de son territoire, par des climats tropicaux à saisons nettement tranchées, il convient de rappeler que ceux-ci présentent de nombreuses nuances régionales : leur seul point commun étant, contrairement aux climats tempérés, d’offrir au cours de l’année des différences de températures relativement faibles en comparaison des contrastes saisonniers de la répartition des pluies.

Les températures s’expliquent avant tout par la latitude. Seul le Nord, plus proche de l’équateur, connaît deux maximums par an, au début et à la fin de la saison des pluies. Partout ailleurs, le régime thermique est à deux temps : les maximums s’étendant d’octobre à avril (avec des moyennes souvent supérieures à 25 0C), les minimums allant de juin à septembre. Mais, hormis les régions d’altitude, ces minimums sont peu marqués : les températures moyennes restent supérieures à 20 0C et l’amplitude annuelle est toujours faible (moins de 5,5 0C à Taomasina entre les mois de janvier et de juillet).

L’allongement de l’île sur plus de 1 500 kilomètres n’est pas suffisant pour provoquer des différences notables entre le Nord et le Sud : entre Antsiranana et Taolagnaro (anc. Fort-Dauphin), la moyenne ne s’abaisse que de 4 0C.

L’altitude, par contre, fait baisser les températures moyennes du mois de juillet à 13,3 0C pour Antananarivo et à 12,4 0C pour Antsirabe. En été, les maximums sont également moins élevés. De plus, les amplitudes annuelles sont plus marquées, l’amplitude diurne pouvant par ailleurs être assez forte : en octobre, Antananarivo peut déjà enregistrer des maximums diurnes proches de 23 0C et connaître des chutes de températures supérieures à 10 0C (minimum diurne 12,2 0C).

De même, la continentalité peut jouer un rôle non négligeable. Les régions les plus chaudes de Madagascar se trouvent dans les zones de faible altitude situées à l’abri des influences maritimes : ainsi Maevatanana a une température moyenne de 27,4 0C (avec des maximums supérieurs à 39 0C) tandis qu’à Mahajanga les mêmes données sont respectivement de 26,9 0C et de 37,5 0C. Encore faut-il préciser que le canal de Mozambique étant, du fait de sa faible profondeur, une mer chaude à caractère continental, la côte occidentale de Madagascar est, à latitude égale, plus chaude que la côte est.

Enfin, il convient de rappeler que la pluviosité ne manque pas d’avoir une influence sur les températures : il peut faire plus chaud à Antananarivo par une belle journée ensoleillée qu’à Taomasina à l’heure d’une grosse averse, lorsque le ciel est couvert et que souffle le vent du large.

Selon les régions, la saison chaude et pluvieuse peut durer entre quatre et dix mois. La zone orientale est la plus humide : à telle enseigne que, pendant le mois d’octobre qui correspond à la période la moins arrosée de l’année, Taomasina connaît encore en moyenne quinze jours de pluie, et Maroantsetra reçoit pratiquement autant de précipitations que Toliara (anc. Tuléar) au mois de février (plus de 60 mm).

Ces caractères sont dus à plusieurs facteurs.

Si, durant la saison chaude, Madagascar se trouve sous la menace de cyclones successifs, pendant toute l’année, les régions orientales sont frappées de plein fouet par l’alizé du sud-est. Cet air, issu de l’anticyclone du sud-ouest de l’océan Indien, est fortement chargé d’humidité en toutes saisons et apporte des pluies, surtout sur la côte orientale et les reliefs de l’intérieur.

En été, il apparaît en outre très instable et présente une forte tendance à des mouvements ascendants : les pluies sont alors très importantes sur le versant est ainsi que sur les Hautes Terres ; par contre, l’alizé perd progressivement son humidité en descendant au-dessus des régions occidentales.

Toutefois, vers le nord-ouest, la rencontre avec l’air tropical assimilé à la mousson provoque la formation d’un « front » dit front intertropical responsable de précipitations parfois considérables. De même, au contact des masses d’air formant la dépression permanente du canal de Mozambique, l’alizé provoque des pluies sur l’ouest de l’île, principalement entre décembre et mars.

Ainsi, sans entrer davantage dans le détail des mouvements des masses d’air, s’expliquent à la fois la persistance des pluies pendant presque toute l’année sur le versant oriental, leur concentration saisonnière sur le versant occidental, leur rareté et leur irrégularité sur l’extrême Sud.

Les paysages végétaux

Les différences régionales sont suffisantes pour faire de Madagascar un ensemble où se juxtaposent des paysages végétaux très dissemblables. Le versant oriental correspond au domaine de la forêt dense à feuilles persistantes. Le versant occidental, au contraire, correspond au domaine de la forêt claire à feuilles caduques. Le Sud-Ouest, enfin, est caractérisé par une brousse adaptée à la sécheresse.

De multiples arguments concourent à prouver que Madagascar a été autrefois largement recouverte de forêts. En réalité, à l’heure actuelle, les forêts primitives ont disparu sur de très grandes surfaces. S’il reste d’importants massifs forestiers sur les versants orientaux, ceux-ci ont néanmoins perdu beaucoup de place au profit de formations secondaires de type savoka constituées par des associations de petits arbres ou arbustes qui vivent à l’état naturel en bordure des ruisseaux et à la lumière.

Tel est le cas des savoka à bambou, ou encore des savoka à ravinala – communément appelé arbre du voyageur – dont les graines se conservent très longtemps. Toutefois, les défrichements et les feux répétés conduisent au remplacement de ces savanes par des formations de graminées, qui occupent de grandes surfaces, en particulier sur les collines de la côte sud-est.

Sur les Hautes Terres du centre, la déforestation a été plus poussée encore. S’il reste quelques témoins de la forêt primaire en montagne (comme dans l’Ankaratra), les massifs forestiers actuels sont le résultat d’une politique suivie du service des Eaux et Forêts en faveur du reboisement. Outre les pins, les Hautes Terres centrales présentent ainsi des bois d’eucalyptus et des formations subspontanées de mimosas. Mais on n’y trouve pas de savoka : la forêt primitive, plus fragile que dans l’est, paraît avoir été remplacée directement par une lande à bruyères géantes (dont la région de Mantasoa offre un exemple) ou plus généralement par une steppe où dominent les graminées les plus rustiques adaptées au régime des feux : le bozaka.

Seule analogie entre les deux zones, les marais, généralement colonisés par des peuplements serrés de cypéracées (parmi lesquelles le zozoro : Cyperus madagascariensis).

Les immensités de l’Ouest ne présentent, elles aussi, que les restes d’une forêt claire à feuilles caduques autrefois beaucoup plus étendue. Les formations dégradées ont de ce fait une importance relative, et cela malgré l’importance des peuplements de roseaux (bararata) dans les secteurs de marais, et de palétuviers (mangrove) sur les vasières des estuaires ou du littoral. Les formations secondaires sont ici des savanes, associant un tapis de graminées à un semis d’arbres plus ou moins espacés : parmi ceux-ci, un palmier, le satrana, domine dans le bassin de Mahajanga, pour laisser la place au baobab dans la région de Morondava, et plus au sud, près de Morombe, à des épineux qui annoncent déjà les paysages situés au-delà du Capricorne.

Paradoxalement, cette végétation des régions les plus défavorisées au point de vue de l’humidité est la mieux conservée. Dans tout le Sud, la rareté et l’irrégularité des pluies limitent les défrichements en vue d’une extension des cultures. La prédominance des plantes grasses (dont beaucoup d’endémiques, comme l’extraordinaire fantsiholitra) et surtout l’absence de tapis de graminées ne favorisent pas la pénétration des feux de brousse : de sorte que la forêt claire de l’Ouest a beaucoup plus souffert de l’action directe ou indirecte de populations pourtant moins denses que celles de l’Androy ou du pays Mahafaly.

Les hommes et leur répartition

Les modalités de la mise en place des populations de l’île font encore l’objet de recherches minutieuses. Aux migrations malayo-polynésiennes qui ont pu s’effectuer au cours des siècles entourant le début de l’ère chrétienne se sont ajoutés des apports africains à travers l’étroit canal de Mozambique, arabes (dont les Antaimoro du Sud-Est reçurent l’écriture) et européens. Mais, pendant une longue période, les groupes d’immigrants transplantés dans un monde vaste et divers ont fini par acquérir des originalités qui les font se distinguer les uns des autres ; ainsi se seraient formés les différents groupes ethniques, longtemps improprement appelés autrefois races ou tribus.

La population, en accroissement rapide, demeure néanmoins très inégalement répartie, l’axe des Hautes Terres et la côte est rassemblant les plus fortes densités tandis que l’Ouest, où les densités inférieures à 5 habitants au kilomètre carré sont fréquentes, reste vide en dehors de quelques secteurs privilégiés.

Ces contrastes dans la géographie humaine, alliés à la diversité du milieu naturel, contribuent à faire de Madagascar un pays juxtaposant des régions très dissemblables, mais économiquement complémentaires.

Paul LE BOURDIEC

• Les réalités régionales

Madagascar comptait, en 2011, 20,7 millions d’habitants qui, au-delà des dialectes régionaux, se comprennent dans une langue commune, le malgache, langue officielle avec le français et, depuis avril 2007, l’anglais. Ce trait culturel, ainsi que l’importance du culte des ancêtres dans la vie quotidienne, la prégnance des paysages rizicoles, ou encore la place prédominante de l’élevage bovin, sont autant d’éléments caractéristiques de l’unité de l’île. Parler de la diversité des régions malgaches ne signifie donc pas une absence d’unité dans la géographie de la Grande Île ; au contraire, cela permet de décliner la richesse territoriale de ce « creuset afro-asiatique ».

Le découpage régional de Madagascar en quatre unités principales repose sur la conjonction des facteurs écologiques, des formes d’occupation de l’espace et des modes de peuplement. Toutefois, les réalités nationales évoluent et infléchissent ces configurations territoriales.

Des unités régionales distinctes