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Afin d'émigrer en Europe avec sa famille, le jeune Mendo choup ke joug Evarist Dieu ne dort, également appelé Johnny Walker, a élaboré un plan qui n'a pas son pareil : trouver une femme blanche qui serait sa Madame-visa ! Il lui faudra ensuite réussir à l'épouser afin de pouvoir partir en Europe. Il présentera sa femme actuelle et leurs enfants comme sa sœur et ses neveux et nièce. Une fois arrivé en Europe avec sa femme blanche, il fera venir réussit : il est en Europe. Mais comment va-t-il ramener sa " sœur " près de lui ? L'ingénieux Johnny met donc en place la seconde partie de son plan. Sa femme blanche a un frère, à qui il présente élogieusement sa " sœur " jusqu'à ce qu'il finisse par s'envoler pour le Cameroun, tombe amoureux d'elle, l'épouse et la ramène avec lui en Europe. C'est ainsi qu'ils vivent tous les quatre dans une grande maison familiale avec les enfants - un " ménage à quatre ", que la fratrie allemande ne soupçonne pas, jusqu'à ce que la troisième partie du plan de Johnny ne prenne forme... Tome 1 : La très amusante et passionnante recherche de la femme blanche, " Madame Visa " à Kribi (Afrique) Johnny laisse sa famille derrière lui à Douala et part à la chasse aux touristes dans la ville balnéaire idyllique de Kribi au Cameroun. Il espère y trouver la femme blanche qu'il désire. Très vite, il rencontre Carla, une travailleuse humanitaire allemande. Lorsqu'il entame une liaison passionnée avec elle, la réalisation de la première partie de son plan est à portée de main, mais c'est sans compter sur Mauritz, le petit ami de Carla, et sa collègue Anna, qui a également des vues sur Johnny. Mauritz, manipulé par Anna, fait pression sur Carla par jalousie et celle-ci disparaît sans laisser de traces. Cela crée soudain une étrange histoire d'amour entre Johnny, Mauritz et Anna. Ils deviennent plus proches et ensemble ils recherchent Carla. Que lui est-il arrivé ? Va-t-elle revenir ? Qui choisira-t-elle ? Est-ce que Carla est la femme-visa de Johnny ? Ou est-ce Anna qui sera "l'heureuse élue" à la fin ? Nous le découvrirons peut-être dans le tome 2.....
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Makossa Love - L'amour à l'africaine
Afin d‘émigrer en Europe avec sa famille, le jeune homme déjà marié Mendo choup ke joug Evarist Dieu ne dort, appelé Johnny Walker, élabore un plan sans équivalent dans le monde : une femme blanche, Madame visa doit venir !
Celle-ci doit alors l'épouser pour qu'il puisse quitter le pays. Il fait passer sa femme actuelle pour sa sœur, ses enfants pour ses neveux et nièces. Une fois en Europe avec sa femme blanche, il prévoit ensuite de faire venir sa "sœur" et ses enfants. La première partie du plan fonctionne : il est en Europe. Mais comment va-t-il faire pour que sa "sœur" le rejoigne ? L'ingénieux Johnny développe la deuxième partie du plan. Sa femme blanche a un frère auprès duquel il s'extasie sur sa « sœur » jusqu'à ce qu'il s'envole pour le Cameroun, tombe amoureux d'elle, l'épouse et l'emmène avec lui en Europe. Ils vivent ensuite tous les quatre avec leurs enfants dans une maison familiale commune - un ménage à quatre dont les deux frères et sœurs allemands n'ont aucune idée jusqu'à ce que la troisième partie du plan de Johnny prenne forme...
À propos de l'auteur :
Dantse Dantse, expert d'origine camerounaise en sciences de la nutrition, du comportement humain et du développement personnel, auteur de plusieurs best-sellers avec plus de 120 livres en allemand dont des livres pratiques, des guides, des ouvrages spécialisés sur la santé, la psychologie, l'éducation des enfants et des romans, éditeur, fondateur et coach à succès et très performant en sciences de la vie et de la santé, vit à Darmstadt en Allemagne.
En tant qu'auteur anti-conventionnel, il aime écrire et publier des livres qui reflètent ses expériences interculturelles, des livres qui parlent des valeurs et thèmes que la société n'aime pas aborder et qu’elle préfère cacher sous le tapis. Cependant, ces valeurs et thèmes comme l’aspiration de l’énergie en famille qui est une forme de vampirisme énergétique, l'homosexualité, la sexualité, le trafic d'organes humains, le racisme, les troubles mentaux, les abus sexuels en famille, etc. touchent des millions de personnes. C’est pourquoi il écrit et publie des livres qui visent à expliquer, changer et améliorer la vie, que ce soit ses guides, ses ouvrages spécialisés, ses romans, ses livres pour enfants ou ses commentaires sur son blog politique.
Son style d'écriture particulier, influencé par sa langue maternelle africaine, qui est sa marque de fabrique, a été préservé dans ce texte et soigneusement édité. Ses livres sont désormais traduits et publiés dans de nombreuses langues à travers le monde, afin que davantage de personnes puissent bénéficier de la richesse de ses connaissances.
Dantse Dantse
Trois femmes blanches et un homme noir
Tome 1 : La très amusante et passionnante recherche de la femme blanche, « Madame Visa » à Kribi
Basé sur une histoire vraie
Roman
indayi edition
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Données bibliographiques de la Bibliothèque Nationale Allemande :
La Bibliothèque Nationale Allemande a enregistré cette publication dans la bibliographie nationale allemande ; pour plus d’informations concernant cette bibliographie, accédez au lien http://dnb.d-nb.de.
Copyright © 2021 indayi edition
Tous droits réservés. L'œuvre ne peut être reproduite (même partiellement) qu'avec l'accord de notre maison d'édition.
Illustration de couverture : Fotolia © oneinchpunch
Mise en page : Birgit Pretzsch
Traduction, relecture, correction et 4e de couverture : Kuami Daniel Aziabor
Co-traduction : Fanny Leclerc
Ce roman est basé sur des événements réels. Une histoire vraie, dans laquelle tous les protagonistes sont des victimes.
Cette histoire montre ce que des hommes, en Afrique et dans d'autres pays du monde, sont prêts à faire pour venir en Europe, le « paradis ». Il n'y a plus de frontière morale, et plus l'Europe ferme ses frontières physiques, plus les candidats à l'émigration font preuve d'ingéniosité dans leurs recherches de solutions. Beaucoup d'hommes africains font semblant de tomber amoureux de femmes européennes pour venir en Europe, cela est bien connu. Le fait que beaucoup de femmes européennes fassent la même chose, et utilisent de beaux et jeunes Africains afin de profiter de la vie et d'assouvir leurs fantasmes est également un fait indiscutable. Plus personne n'est étonné lorsqu'une femme blanche tombe des nues en apprenant que son époux est déjà marié et père dans son pays d'origine. Cependant, l’histoire dont il est question dans ce roman est différente et dépasse tout ce que l'on peut s'imaginer.
Le roman se penche sur les différents aspects culturels des relations afro-européennes et montre à quel point de telles relations sont magnifiques, passionnées, contagieuses et affectueuses, mais également où sont leurs limites et pourquoi elles échouent le plus souvent. Le lecteur découvre dans ce livre, comment la vie quotidienne en Europe influence et alourdit de telles relations. Il apprend également les différentes erreurs que peuvent commettre les partenaires sur des sujets tels que les préjudices corporels, la discrimination et le manque de reconnaissance de la culture de l'autre. Dans beaucoup de couples mixtes noir(e) et blanche (blanc), la sensualité joue un rôle prépondérant.
Avant, et tout au long de l'écriture de ce roman, j'ai discuté avec des personnes des deux côtés qui se trouvent dans ces relations interculturelles. En tant que coach (www.mycoacher.jumdo.com) j'ai souvent affaire à ce genre de configuration. J'ai rencontré des Africains, et j'en rencontre encore, qui ont épousé des femmes européennes pour ces genres de raisons, des femmes aussi qui ont vécu ces expériences. Par ce roman, je souhaite représenter le plus fidèlement possible les situations, les raisons, les expériences quotidiennes, les conversations (celles qui sont faites en présence, mais aussi à l’absence de l'autre partenaire), les réactions des familles et de l'entourage des deux sphères culturelles. J’aimerais être au plus proche de la réalité en racontant tous les clichés sans tabou, le sexe et le désir (qui joue un très grand rôle dans ces relations).
Concernant les scènes de sexe, je les ai décrites avec beaucoup de détails dans ce livre, ce qui causera certainement quelques bouffées de chaleur à la plupart des lecteurs. Pour ceux qui connaissent le sexe avec un partenaire noir, les scènes érotiques leur seront familières. Pour ceux qui n'ont jamais eu d'expérience érotique avec un homme noir ou une femme noire, alors ces passages leur sembleront exagérés ou irréalistes, mais il était important pour moi de décrire la chose comme elle est réellement, aussi réaliste que possible, tout simplement parce que c'est ainsi.
C'est une histoire passionnante, qui va captiver le lecteur, même si elle finit de façon dramatique et douloureuse. On plonge dans un monde plein d'aventures, dans une culture étrangère, avec sa douceur de vivre et tous ses subtils savoirs. Une culture dans laquelle naturellement beaucoup de choses sont difficilement concevables pour des occidentaux. La vie ne doit pas toujours être prise au sérieux. Beaucoup de choses arrivent de toute façon sans que nous y contribuions. Pourquoi s'en faire ? Le lecteur expérimente des événements incroyables, passionnants, drôles, mais aussi douloureux et apprend la façon de vivre à l'africaine comme s'il y était. Quand on commence à lire, on ne peut plus s'arrêter.
Le roman ne raconte pas seulement la vie cruelle et dure de Johnny, mais elle rapporte également d'une façon drôle et vivante la vraie vie au Cameroun et en Allemagne.
Dès les premières lignes du roman, le lecteur se laisse emporter dans un imaginaire à propos de la vie en Afrique et peut se représenter comment sont les choses là-bas. Un monde où parfois les heures s'écoulent différemment. Un monde plein de découvertes, de magie et de surprises.
Peu de romans vous révèlent vraiment jusque dans les moindres détails, sans tabou et sans détours autant de « mystères » à propos des relations afro-européennes. Les clichés, que nous connaissons dans chacune des cultures, font également partie de l'histoire et sont traités sans compromis.
J'ai changé les noms et les lieux. Le personnage principal ne vient pas du Cameroun. J'ai choisi le Cameroun, car c'est un endroit dans lequel je me sens bien. C'est pour la même raison que j'ai choisi la ville allemande de Darmstadt.
Le tome 1 raconte la recherche d'une femme blanche par Johnny, la femme Visa, la femme qui doit lui ouvrir les portes de l'Europe. Il y rencontre sa première femme blanche.
Dans le tome 2, deux nouvelles femmes se rajoutent ce qui rend la décision de Johnny plus compliquée et installe l'intrigue amoureuse dramatique. La plupart des événements de ces deux premiers tomes se déroulent au Cameroun.
Le tome 3, à paraitre dans un futur proche, raconte la mise en œuvre du plan perfide de Johnny qui vit désormais en Europe avec sa femme.
Il se cache dans ce roman beaucoup plus de vérité que ce que l'on pourrait croire.
Remarque :
Il est aussi possible d'acheter les deux tomes sous la forme d’une anthologie. Nous avons choisi de publier ce livre en 2 tomes, car il serait trop cher d’éditer l'histoire intégrale avec ses plus de 700 pages en un seul livre et donc de l’acheter. Avec la possibilité d'acheter chaque tome séparément, le lecteur dépense moins et a l'avantage de commencer l'histoire et de n'acheter le second tome que si l’histoire lui plait. Ceci lui fait économiser du temps et de l'argent.
Tome 1 :La très amusante et passionnante recherche de la femme blanche, « Madame Visa » à Kribi
— Je ne veux plus que tu le voies, dit Mauritz.
— C'est impossible, Mauritz, vraiment impossible. Je dois le revoir, lui répondit Carla.
— Je ne comprends pas, nous venons de faire l’amour, tu me dis que tu m’aimes. Qu'a-t-il de plus que moi ? Demanda Mauritz.
— Je n’arrête pas de te le dire, ça n’a rien à voir avec toi. Faire l’amour avec toi n’a jamais été mauvais, ça ne l’est toujours pas d’ailleurs et ça n’a rien à voir avec ça non plus. La preuve : nous venons juste de faire l'amour et c’était génial ! N'est-ce pas la preuve que le sexe n'a rien à voir là-dedans ? Mais je veux, et j'ai besoin de Johnny. Chaque centimètre de mon corps le réclame. Je ne sais pas ce qu'il en sera dans une semaine. Mais je sais que pour le moment, cela ne serait pas sain pour moi de ne pas suivre mon instinct, expliqua Carla à son petit ami.
Mauritz sauta du lit, presque hors de lui.
— Carla, tu dois te décider. Je ne peux pas cautionner ça. J'essaie, j'ai essayé, mais ça me détruit de l'intérieur. Tu vas me perdre, si tu continues à coucher avec lui, la menaça-t-il.
— Je sais Mauritz. Je le sais. Oui, je te perdrais peut-être si je vois à nouveau Johnny, mais je sais que je me perdrais si je ne le voyais plus, lui répondit Carla.
Mauritz ne savait plus ce qu'il pouvait ou devait faire pour que Carla change d'avis. Complètement dépassé, il recommença à pleurer.
— S'il te plait mon amour, je t'aime tant. Je ne peux pas rivaliser avec Johnny et je ne veux pas te perdre. Je vais changer. Je sais que je n'ai pas toujours bien agi avec toi. Je..., dit-il.
Carla était énervée par ses jérémiades et le stoppa net.
— Arrête de te blâmer. Tu n'y es pour rien. Cela n'a vraiment rien à voir avec toi. Tu ne m'as rien fait de mal. Tu n'as rien à te reprocher, essaya-t-elle de le calmer.
— Mais alors, pourquoi ne veux-tu pas rompre avec Johnny ? Demanda Mauritz.
— Parce qu'il n'y a rien à rompre, Mauritz. Il n'y a rien à séparer. Il n'y a que du désir, des pulsions, de l'envie. Est-ce que tu peux stopper ton besoin d'eau lorsque tu as soif ? Est-ce que tu peux l'étancher sans boire ? Demanda Carla.
— Mais, pourquoi est-ce que je ne peux pas être celui qui t'apporte cette eau dont tu as besoin ? Dis-moi ce que tu veux, ce qui te manque. Tu peux me montrer comment tu le veux, et nous essayerons de le faire ensemble, insista Mauritz.
— Tu vois Mauritz, c'est ça le problème. Je ne peux pas te dire ou te montrer ce que je veux. Johnny sait exactement ce qui me manque, ce que je veux. Je ne sais pas moi-même ce qui va arriver, mais il me laisse toujours découvrir quelque chose de nouveau, il me laisse me redécouvrir, il me laisse m'étonner de moi-même. J'en profite, simplement, comme ça vient. Ça me suffit et je n'en demande pas plus, dit Carla.
— C'est parce qu'il est noir ? Est-ce ça qui t'excite tant ? Est-ce ce qui t'attire tant ? Ne te méprends pas sur mes propos. Tu m'as dit que ça n'avait rien à voir avec moi, que cela ne concerne pas le sexe, mais alors de quoi s’agit-il ? Voulait savoir Mauritz.
Carla ferma les yeux, réfléchit quelques minutes et poursuivit :
— C'est comme un miracle. Une lumière qui s'éclaire en toi sans que tu saches d'où ça vient. Mauritz, c'est plus que du sexe. C'est toutes les sensations qu'il y a autour. Avec lui, j'ai découvert ma féminité, pour la première fois de ma vie, et j'ai vraiment accepté le fait d'être une femme. Avec lui, j'ai vu la beauté d'avoir un homme à ses côtés. Ce que je veux dire, c'est d'être Femme et Homme, sans arrière-pensée. Une femme avec une poitrine et un vagin, et lui un homme fort sans poitrine, avec un pénis. Être simplement une femme, sans crainte de devoir me rabaisser. Lui, l'homme, sans craindre qu'il se prenne pour le chef. Comprends-tu ce que je veux dire ? Au travers de lui j'ai eu la liberté de découvrir chaque partie de mon corps, des parties qui fonctionnent non pas seulement de manière indépendante, mais aussi ensemble et simultanément. Des parties de mon corps, qui sont là pour me faire du bien. Désormais, je peux chérir ma poitrine, apprécier la graisse sur mes hanches, voir comme un cadeau divin mon vagin et mon clitoris. Avec lui, j'ai découvert mon corps, le corps d'une Femme et pas seulement le corps d'une future mère ou l'objet sexuel d'un homme excité. Ce n'est plus un corps qui doit se modeler pour s’adapter aux désirs d'un homme, continua Carla.
Mauritz s'assit sur une chaise, prit sa tête entre ses mains et continua à écouter tout ce que Carla disait.
— Je n'arrive malheureusement pas à comprendre ce que tu dis. Est-ce que cela veut dire que tu ne te sentais pas bien avant ? Je ne t'ai jamais dit que ton corps ne me plaisait pas. Tu m'as toujours plu, je n'ai jamais pensé le contraire. Je te dis sans cesse que je t'aime. Est-ce que dans ces mots ne se trouve pas ce dont tu rêves ?
Carla s'étendit sur le lit, regardant le plafond.
— C'est vrai, Mauritz, tu n'as jamais prétendu le contraire, tu m'as dit, aussi, que j'étais belle. Mais ce n'étaient que des mots. Tu ne me l'as pas fait ressentir. Tu ne m'as pas apprécié en tant que femme, pas non plus touchée comme telle. Tu n'as pas regardé mon corps comme quelque chose de spécial. Peut-être que ça allait tellement de soi, je me plaignais constamment de mon corps et je m'extasiais devant le tien. Tu devais te sentir admirable lorsque je te disais à quel point tu avais un corps superbe et moi je me sentais moche, non ? Tu m'as dit que j'étais belle oui, mais tu bavais devant Heidi Klum. Je te plaisais, mais je ne me plaisais pas. Du moins, c'est ce que je viens de découvrir avec Johnny. Lorsque je me regardais dans le miroir, il y avait toujours quelque chose que je voulais changer en moi. Je voulais être comme toi. Mince, sportive, un peu plus masculine en fait. Maintenant, avec Johnny, c'est différent. Il est encore plus sportif que toi, très musclé, fort et je ressens pour la première fois que c'est beau d'avoir des hanches larges, des fesses rebondies et une poitrine généreuse. Tu sais ce qui me plait vraiment chez lui ? Sa virilité. C'est l'Homme, pas juste un homme, mais l'Homme avec un grand H. Son charisme et son assurance. Je suis simplement devenue plus forte et plus confiante parce que je m'accepte telle que je suis et par-dessus tout parce que je m'aime et j'aime mon corps. Tu dis que tu m'aimes. Je le sais, ça ne fait aucun doute. Mais je ne m'aimais pas moi-même. C'est beau d'être aimée, mais c'est magnifique de s'aimer soi-même Mauritz, lui dit Carla.
— Est-ce que cela veut dire que tu n'es pas prête à mettre fin à cette liaison ? Dis-moi la vérité, exigea Mauritz.
— Tu me demandes de mettre fin à une liaison ? Mais existe-t-elle réellement ? S'il s'agissait simplement d'une liaison, je le ferais sûrement pour toi. S'il s'agissait juste d'une relation, je la romprais par amour pour toi, parce que je t'aime. S'il s'agissait d'un amour naissant, peut être que je m'enfuirais parce qu'il me semblerait si étrange et me ferait peur. Mais ce n'est rien de tout ça. C'est beaucoup plus subtil. Il s'agit plus d'une connexion, comme entre Dieu et nous. Dieu te montre le chemin, Dieu connaît tes plus profonds secrets, Dieu te rend heureux, Dieu te rend libre, le simple fait de penser à lui te rend plus léger et dissipe tes soucis. Dieu fait s'envoler tes peurs, Dieu te donne du plaisir, de l'envie. Dieu est avec toi, Dieu est en toi. Dieu est à tes côtés. Est-ce que tu as déjà ressenti une telle connexion ? Est-ce que tu peux rompre cette connexion sans tomber dans une crise ? Je suis comme possédée et cela me fait tellement de bien. S'il te plait, Mauritz, si tu m'aimes vraiment, ne me demande plus de ne plus voir Johnny. N'exige pas de moi que je renonce à ce qui me fait tant de bien. N'est-ce pas cela aussi le sens de la vie, que de se sentir heureuse et comblée ? N'est-ce pas non plus, une preuve d'amour que de te réjouir de voir la femme que tu aimes aller bien et être heureuse ? Qu'as-tu contre le fait que je me sente bien ? N'est-ce pas l'amour que de se réjouir du bonheur de l'autre ? Tu m'aimes, non ? Pourquoi est-ce que cela te fait tant de mal de me voir heureuse ? Est-ce parce que je le suis sans toi ? Doit-il toujours être question de toi ?
Elle fit une pause, se tourna vers Mauritz et continua de lui parler d'une voix douce et remplie d'amour avec les yeux humides : — Amour, s'il te plait n'exige pas de moi que je puisse plus sentir ses mains roses sur mon corps, que je ne puisse plus ressentir son regard bienveillant. C'est trop exiger de moi. Je ne peux pas. Je n'en ai pas la force. Il m'a dépucelée une seconde fois, mais cette fois, le dépucelage est allé bien plus loin que de simplement ouvrir un vagin pour la première fois. Il m'a fait perdre toute ma virginité.
Étrangement, Mauritz devenait de plus en plus calme, on devinait encore qu'il bouillonnait à l'intérieur, mais il n'en laissait rien paraître.
— Alors reste avec lui. Je ne veux plus en entendre parler. Reste avec lui, mais ne reviens plus vers moi, dit-il.
— Je suis désolée, Mauritz. S'il te plait, soit un peu patient avec moi. Je sais Mauritz, je sais que ça va passer. Je ne sais pas ce qu'il en restera dans une semaine. À ce moment, nous serons de retour à Bamenda, sans lui. Loin de lui, et nous aurons gagné tous les deux. On devrait pouvoir en tirer du positif tous les deux. S'il te plait, juste un peu de patience.
Mauritz secoua la tête en signe de dénégation.
— Je ne sais pas si je pourrais à nouveau te faire confiance. Tu sais, j'aurais toujours le sentiment qu'il t'a impressionné parce qu'il était noir, pas simplement parce qu'il était un homme. Et cela n'a rien à voir avec du racisme. C'est normal, je pense. Je suis bien blanc et il est noir. On ne peut pas faire comme si la différence n'existait pas. Comme si on ne la voyait pas. J'aurai toujours l'impression qu'il te manque le feeling d'un Noir, le pénis d'un Noir, l'homme noir tout simplement. Est-ce que tu pourras te sentir entièrement satisfaite sexuellement après ce que tu viens de dire à son sujet ? Le peux-tu ? Est-ce qu'on peut tout séparer aussi facilement, amour, sexe et désir ? Ou n'est-ce pas juste de la lâcheté, afin de ne pas blesser l'autre, de prétendre « je t'aime et avec lui ce n'est que du physique, cela n'a rien à voir avec toi… ». Tu vois bien comment le sexe peut changer entièrement un homme et rendre l'autre complètement misérable. Est-ce qu'on peut faire comme si tout cela était normal ? Qu'attends-tu de moi Carla ? Qu'attends-tu de moi ? Que je dorme ici tranquillement sachant que Johnny te transporte au septième ciel ? Qu'il fait avec toi des choses que je ne peux pas et que je n'ai pas le droit de faire ? Qu'il est comme un Dieu avec toi ? Tu dis que je dois patienter et être indulgent. N'est-ce pas trop exiger de moi ? Serais-je seulement capable ensuite de te donner du plaisir sans l'avoir dans mes pensées ? Vas-tu le laisser aller sans penser à lui ? Ne serait-ce pas déjà de l’infidélité ? La barre n'est-elle pas déjà trop haute pour moi ? Oui, je te perds peut-être si je ne peux pas arrêter de te demander de ne plus le voir, je te perds si je ne suis pas plus patient, mais je me perds certainement si j'accepte la situation. Que veux-tu ? « L'amour blanc, sexe noir ? ». Oh, tu m'aimes, et l'amour, c’est le plus important n'est-ce pas ? Devrais-je en être fier ? C'est ce que tu veux de moi, non ? Je devrais me réjouir que tu m'aimes, mais que tu prennes du plaisir en faisant l'amour avec Johnny ? Est-ce que le sexe noir n'e prendrait pas le dessus sur l'amour blanc ? Tu sais, tu l'as dit toi-même, à quel point le désir et sa dépendance sont puissants et influents. Quelle certitude ai-je que ce désir du corps noir va totalement disparaître ? Peux-tu me le promettre ? Certainement, tu me le promettras, pour me calmer, mais est-ce qu'un alcoolique peut promettre de ne plus jamais toucher une goutte d'alcool ? Est-ce qu'il le peut sans une thérapie profonde ? Et toi, pourquoi devrais-tu suivre une thérapie pour quelque chose qui te fait autant de bien ? Abandonner tout ce qui te rend heureuse ? Est-ce seulement possible d'y renoncer ? Pesta Mauritz qui avait arrêté de pleurer tout en redevenant vaillant.
Puis, tout était redevenu calme.
Après dix minutes de silence, Carla dit : — Peut-être qu'on peut avoir les deux, sans renoncer à l'un ou à l'autre. Bonne nuit Mauritz.
— Hé Rita, je viens juste de lire quelque chose de très intéressant sur internet.
Rita fit comme si elle n'avait rien entendu.
Elle en avait marre d'entendre toutes les annonces de Johnny Walker, qui s'avéraient n'être que du vent. De plus, aujourd'hui elle avait une raison supplémentaire d'être énervée contre lui.
— M'as-tu entendu, Rita ? Demanda Johnny.
— T'entendre ? Est-ce qu'internet paye les factures d'eau ou d'électricité ? La nourriture pour les enfants, Evarist ? Répondit Rita.
Johnny savait très bien, que lorsqu'elle l'appelait Evarist, elle était furieuse.
Johnny Walker n'était pas son vrai nom. Son vrai nom était Mendo choup ke joug Evariste Dieu ne dort. En raison de son attrait prononcé pour le whisky, ses amis l'avaient surnommé Johnny Walker, ou J.W., en référence à la marque de Whisky éponyme. Certains l'appelaient simplement Johnny Waka. Au Cameroun, on appelle Waka, une personne qui a de nombreux partenaires sexuels.
Oui, Johnny Walker était l'incarnation même d'un homme qui vivait à 100% : vivre pleinement, vivre simplement comme si le monde pouvait s'écrouler le jour même. Monsieur La Vie (Mister Life), comme on l'appelait dans tous les bars et toutes les discothèques de la ville, aimait la vie. Mais pas n'importe laquelle, il aimait la belle vie, agréable ! Il n'était pas moche, mais n'avait rien d'extraordinaire non plus. On se demandait souvent pourquoi J.W. avait autant de succès avec les femmes, bien que son porte-monnaie soit constamment vide.
J.W. avait 32 ans, mais quand est-il né exactement ? Personne ne le savait. Il jouait volontiers à propos de cela. Lorsqu'on lui posait la question, il répondait simplement : « Je suis né en 1973, pendant la saison de récolte du maïs ».
Il est né au Cameroun occidental, dans une belle région montagneuse, dans la ville de Bangangté. Bangangté se trouve dans le département du Ndé, en pays Bamiléké. Il se vantait de venir du Ndé. Les habitants de cette région considèrent que le nom « Ndé » est un sigle signifiant Noblesse, Dignité et Élégance. Et c'est ainsi qu'il essayait toujours de se conduire ; tout du moins en ce qui concerne l'élégance.
Alors qu'il n'avait que dix ans, ses parents furent mutés à Bafoussam. Bafoussam est le chef-lieu de la région Bamiléké. Le pays de la Terre Rouge. Il est fréquent au Cameroun, que les fonctionnaires d'état soient mutés de ville en ville afin que leurs services puissent être proposés à toutes les populations. C'est ainsi que l'unité du pays et le sentiment d'appartenance se renforcent.
Il est le dernier-né d'une famille de sept enfants, il a deux frères et quatre sœurs. On comprend aisément qu'il fut, de ce fait, très choyé. Il était le chouchou de la famille. Il n'a jamais appris à faire d'effort pour obtenir ce qu'il voulait. Tout lui était apporté sur un plateau d'argent et cette situation lui convenait parfaitement.
Après l'obtention de leurs baccalauréats, ses deux frères et trois de ses sœurs étaient partis étudier en Europe ou aux USA. Ils lui envoyaient régulièrement de beaux vêtements, des jeux récents, etc. Tous les enfants de la ville, garçons comme filles, voulaient être amis avec lui. On le surnommait à l'époque le « Hot Guy ».
Une soirée sans lui ne valait pas le coup. Il était le centre des événements de la ville.
Les jeunes passaient tous leurs mercredis après-midi ainsi que les samedis et dimanches sur le terrain de sport « La Pelouse », derrière la mairie de Bafoussam. Ces jours-là, des élèves de différentes écoles se retrouvaient, soi-disant, pour faire du sport. Mais en réalité, il s'agissait plus de faire le show, de savoir qui avait les chaussures les plus récentes, le téléphone le plus moderne et de draguer les filles.
Hot Guy était toujours le mieux habillé, il avait toujours quelque chose de neuf sur lui et souvent de délicieuses friandises en provenance d'Europe à distribuer. Elles lui étaient envoyées par ses frères et sœurs.
On aurait pu s'attendre à ce qu'il se vante. Mais étonnamment, Johnny n'était pas arrogant ou snob. Il était toujours de bonne humeur, toujours souriant. Il ne brusquait jamais ses amis et était très serviable. Il donnait aussi sans compter.
À l'époque, on pouvait déjà remarquer qu'il était très intelligent. Quand il avait quelque chose en tête, rien ni personne ne pouvait l'empêcher de le réaliser.
Il était sûr de lui, empli d'assurance. Déjà petit écolier, il dégageait un charisme irrésistible, bien qu'il ne soit pas le plus beau de sa classe.
Il finit l'école avec succès. Après son bac, qu’il a réussi avec la mention très bien, il partit étudier dans la capitale économique du pays : Douala.
Un an plus tard, son père mourut dans un accident mystérieux. Tout le monde parlait de magie noire, on disait que son père faisait partie d'une loge satanique. En Afrique, on ne meurt pas de causes naturelles. Il y a toujours une raison lorsqu'un homme meurt. On raconta beaucoup d'histoires à ce sujet : par exemple, un homme raconta que le père de Johnny devait mourir, car il n'avait pas voulu faire de sacrifices. Il n'avait pas voulu payer le prix pour son succès fulgurant malgré le pacte passé avec des esprits. En punition, il devait donc mourir dans un accident bizarre pour effrayer les gens dans la même situation. L'accident était effectivement très étrange. Il était en route entre Bafoussam et Douala, sur les plus belles routes du Cameroun qui serpentent entre les montagnes, dans un paysage magnifique, quand il eut l’accident de voiture, sans aucun dommage matériel ou physique. On a retrouvé sa voiture au milieu de la route, le moteur encore chaud, il était simplement assis derrière le volant comme s'il se reposait. Mais il était mort. Il y avait aussi un boa dans la voiture, qui était mort lui aussi. Voilà pour l'histoire.
Un boa ?! En pleine journée ?! Dans une voiture climatisée ?! Bien que personne n'ait vu le boa, et qu'il n'y avait aucune preuve de sa présence, cela suffit pour réveiller l'imaginaire des gens : « C'est un sectaire » (il fait partie d'une société secrète). « Maintenant on comprend pourquoi il avait tant d'argent » et « Oui, tous ses enfants sont en Europe », disaient les uns, « Oh oui et son frère qui est mort il y a cinq ans ! Peut-être l'a-t-il tué pour ce pacte… ? », disaient les autres. Il était donc clair que cet homme faisait partie d'une secte. Il avait gagné son argent par le sang et c'est pour ça qu'il était mort. Que ce soit vrai ou pas, n'intéressait personne. Seule l'histoire intéressait les gens.
Suite au décès de son père, les huissiers avaient pris possession de tous leurs biens à cause de prétendues dettes, cela n'était donc plus simplement des bruits de couloir, mais cela devenait tangiblement la vérité. Cet homme faisait partie d'un groupe mystique qui vénérait le diable. Tu peux avoir tout ce que tu veux : gloire, argent, succès... mais à un moment donné tu dois forcément en payer le prix et toutes tes richesses disparaissent simplement après ta mort, comme elles sont apparues.
Ces gens-là sont certes physiquement morts, mais ils continuent à vivre dans un autre monde, où ils devront travailler éternellement pour rembourser tout ce qu'ils ont pu avoir sur terre. C'est leur punition. C'est en tout cas ce qu'on raconte au Cameroun.
C'est ainsi que dans la culture et les croyances africaines, les morts ne sont pas vraiment morts. Ils continuent à vivre. C'est pourquoi le culte des morts est très important. Ils continuent à vivre, dans une autre dimension certes, mais voient tout ce qui se passe sur terre et on peut également entrer en contact avec eux. On entend de partout des histoires de gens, qui ont vu le fantôme d'un membre de leur famille africaine et qui ont pu discuter avec lui. C'est ainsi qu'on peut notamment connaître les raisons de sa mort.
Cette histoire a beaucoup marqué Johnny, car elle était fausse. Tout son monde s'est écroulé après la mort de son père. Il ne pouvait plus se payer le luxe et la belle vie qu'il menait jusqu'alors. Ses frères et sœurs en Europe et en Amérique avaient eux aussi leurs propres familles, ils ne pouvaient pas, et ne voulaient plus s'occuper de lui. Mais il tint le coup, courageusement.
Le temps passa, il avait désormais 32 ans. Assez vieux, pour découvrir le monde par lui-même. Entre-temps, le « Hot Guy » devint Johnny Walker à Douala. Il finit ses études de philosophie et de psychologie à 27 ans. Mais que pouvait-il faire de ça au Cameroun ? Être professeur et gagner 200 € par mois ? Non, cela était trop peu pour cet homme ingénieux. Il vivait de petits boulots et grâce à de riches femmes mariées qui cherchaient de beaux jeunes hommes pour prendre du plaisir.
Il était très étonnant de voir comment Johnny Walker s'était adapté à sa nouvelle réalité. Il ne s'était jamais plaint. Il n'avait rien perdu de sa dignité et de son élégance. Il développait des stratégies pour vivre. Certains appelleraient ça survivre, mais Johnny Walker ne faisait pas partie de ces hommes qui ne laissent rien transparaître quand quelque chose n'allait pas bien. Non, il était trop fier pour ça.
Il s'achetait des vêtements de marque venant d'Europe dans des magasins de seconde main. Il les faisait laver dans des laveries modernes et ils en ressortaient comme neufs, ainsi, il était toujours parfaitement habillé, comme avant.
Les femmes l'aimaient. Des bruits couraient que c'était un étalon au lit, mais qu'il était tendre, doux et attentionné. On disait, qu'il était désormais blacklisté de certains hôtels de passe lorsqu'il était en compagnie d'une femme. La raison en était les cris perçants des femmes qui dérangeaient non seulement les clients de l'hôtel, mais aussi le voisinage. La police avait dû intervenir plusieurs fois afin qu'il soit plus silencieux. C'est ainsi que, sans le vouloir, Johnny devint un coureur de jupons à Douala.
Il vivait dans un appartement 3 pièces, paisible, dans un quartier lambda du quartier de Bonaberi avec Rita et leurs deux enfants.
Il n'était peut-être pas heureux de sa nouvelle situation, mais il avait su l’accepter. Il ne se plaignait jamais. Quand il avait de l'argent, il fêtait toute la soirée, dépensant jusqu'au dernier centime. Le jour suivant, sans un sou, il restait simplement à la maison à lire, sans déranger personne ou alors il passait du temps chez Wadjo, un musulman du nord du Cameroun qui tenait un petit cybercafé.
C'est ainsi que J.W. avançait dans la vie, toujours de bonne humeur, avec ou sans argent.
Toutes ses tentatives pour obtenir un visa pour l'Europe ou les États-Unis avaient échoué. Mais même ces désillusions n'ont pas pu avoir raison de son optimisme et de ses envies. Il savait qu'un jour son tour viendrait.
Il avait des centaines d'idées pour trouver de l'argent, mais n'en menait aucune au bout. Lorsque Rita lui rétorqua, déçue, que ses nouveaux espoirs n'étaient que du vent, il lui répondait toujours : « Rita, attend, un jour, je changerai ta vie. Sois patiente. Peu importe combien de temps dure la nuit, un jour le soleil se lèvera. Le soleil brille pour chaque homme et il brillera un jour pour nous ».
Et il répéta sa déclaration depuis le début : — Je te dis que j'ai lu quelque chose d'intéressant sur internet et cela ne t'intéresse même pas.
Rita jeta un coup d'œil dans sa direction, leva les yeux au ciel puis le dévisagea des pieds jusqu’à la tête comme seules les Africaines savent le faire, puis recommença à couper ses légumes pour le repas du soir.
Johnny Walker avait l'habitude de sentir ce regard désobligeant sur lui. Il savait très bien qu'il avait déjà fait beaucoup de promesses, suscité beaucoup d'espoirs et que, jusqu'à présent, rien n'avait fonctionné. Malgré tout, il ne doutait jamais qu'un jour, son tour viendrait. C'est pourquoi, il n'était pas surpris de voir Rita réagir ainsi.
Il s'en doutait. Il essaya encore une fois : — Rita, je te le dis, le savoir et l'information, c'est ça le vrai pouvoir, ça vaut plus que l'argent. Si tu as les bonnes informations et les connaissances requises, tu peux construire New York en un jour, lui dit-il avec un air très sérieux.
Rita ricana et dit : — Eh bien ! Avant de construire New York en un jour, je te remercie de bien vouloir payer la facture d'eau. L'eau a été coupée aujourd'hui, pour une facture de 15 € et toi, toi tu es assis des heures durant devant ton putain d'internet ou alors tu te tapes cette fille, si jeune qu'elle pourrait être ta fille. Et tu as le culot de venir ici, et de me raconter comment tu vas construire New York en un jour. Tu n'as pas réussi à ramener 15 € en deux semaines, mais tu veux construire New York en un jour. Je t'en prie, c'est du n'importe quoi.
J.W. n'était pas préparé à cela. Il semblait abasourdi. Rita n'était jamais allée aussi loin.
Il se demandait comment Rita avait découvert qu'il sortait avec une très jeune fille.
Johnny Walker était contrarié et en colère. Il essaya de se contrôler pour ne pas perdre sa dignité et lui rétorqua : — Hé toi, femme, pour qui donc te prends-tu ? Qu'est-ce que tu fais au juste, ici ? Va et cherche-toi un homme qui pourra s'occuper de toi. Est-ce qu'on t'a lié ou coupé les mains, que tu ne puisses pas financer ta propre vie ? Tu as deux jambes, comme moi, mais tu restes volontiers assise à la maison, à attendre que le prince charmant arrive. Et non, ce n’est pas comme ça que ça marche. J'ai du succès, même sans argent. Ne vois-tu pas toutes ces femmes qui me courent après ? Et une petite Tutsie comme toi pense qu'elle peut rivaliser avec moi ?
Il fit comme s'il était terriblement blessé. C'est ainsi que font beaucoup d'hommes africains, lorsqu'ils se sentent honteux, pour éviter de devoir s'expliquer.
Il se retourna et partit.
Il savait cependant que Rita avait raison. Et c'était d'ailleurs la raison pour laquelle il était si énervé. Rita avait ébranlé sa conscience. Il avait tellement honte, mais il ne voulait en aucun cas le laisser transparaître. Il pensait pourtant avoir bien caché sa relation avec la jeune fille. Comment Rita l'avait-elle su ? Combien de personnes le savait ? Seul Wadjo était au courant dans son quartier. Est-ce que Wadjo l'avait trahi ? Il savait que Wadjo avait eu des vues sur Rita. Mais en Afrique, les hommes savaient garder leurs arrangements secrets.
Il pensa à la facture d'eau : « Je sais bien que c'est vraiment irresponsable de ne pas avoir payé la facture d'eau et d'avoir dépensé l'argent avec la petite », reconnut-il.
Il retourna à l'intérieur, prit la facture d'eau sans daigner regarder ou adresser la parole à Rita. La facture était là depuis deux semaines. Il avait eu l'argent pour la payer, mais Johnny Walker ne serait pas Johnny Walker s'il n'avait pas utilisé l'argent pour acheter un cadeau à sa nouvelle flamme, Nicole, une étudiante de 18 ans.
À cause de Nicole, Johnny Walker était à court d'argent depuis quatre semaines. Il gagnait de l'argent auprès de femmes mûres et mariées et dépensait tout pour Nicole.
Nicole était une fille magnifique, douce et noire comme l'ébène avec un superbe visage. Jennifer Lopez serait sûrement jalouse de son derrière : rond, mignon, soutenu par de longues jambes de mannequin. Ses seins étaient ronds, fermes et pointus avec de gros mamelons.
Johnny Walker l'avait rencontré dans un cybercafé d'un autre quartier, appelé Akwa. Elle l’avait totalement fasciné, mais elle ne l'avait même pas remarqué. Nicole, comme beaucoup de Camerounaises, était en train de tchatter sur un site de rencontre « vientetlaissetoiaimer.com » et espérait ainsi avoir la chance de rencontrer l'homme de ses rêves : Mr Visa pour l'Europe ! Elle entendait par là trouver un Européen assez âgé, ils discuteraient sur internet et apprendraient ainsi à se connaître, elle lui promettrait l'amour, l'épouserait et pourrait ainsi partir en Europe avec lui. Certains de ces hommes sont tellement insupportables, que les Camerounaises disparaissent dès qu'elles mettent leurs pieds en Europe. Beaucoup cependant, jouent le jeu jusqu'à ce qu'elles obtiennent leurs papiers puis elles les quittent du jour au lendemain.
La jeune fille plut beaucoup à Walker. Il la voulait.Johnny Walker avait déjà une petite idée, comme toujours. Après être allé à la réception et avoir bavardé avec le caissier, il s'en alla rapidement sans être vu.
Le jour suivant, il retourna au cybercafé et le caissier lui remit un bout de papier et Johnny Walker disparut pour toujours de ce lieu.
Après sa dispute avec Rita, il erra dans le quartier, réfléchissant à comment il pourrait trouver de l'argent. Il ne pouvait même pas appeler une de ses maîtresses. Il n'avait aucun crédit de communication sur son téléphone portable. Mais il devait impérativement payer la facture d'eau. Il était primordial que la facture soit payée cet après-midi-là.
Il retourna voir Wadjo, le propriétaire du cybercafé. Après 5 minutes d’entrevue, il ressortit les mains vides. Wadjo ne voulait plus lui prêter d'argent. Il devait au moins, rembourser une part de sa dette avant de pouvoir à nouveau téléphoner ou surfer depuis le cybercafé.
Il était là, debout devant le café, sous la chaleur étouffante de Douala. Il faisait plus de 32 degrés à l'ombre. L'air était lourd et il se sentait tellement étouffé. Même sans bouger, on transpirait à grosses gouttes comme s’il pleuvait.
Soudain, tout le dérangea : cette circulation intense sous ses yeux, ce trafic sans aucune règle, la façon de conduire des automobilistes, les taxis jaunes se battant contre les motos-taxis et autres véhicules.
Il se rendit soudain compte à quel point la conduite était dangereuse à Douala. Les plus dangereux étaient les taxis-motos. Avec deux ou trois passagers sur la moto, ils coupaient la route ou essayaient de doubler les automobilistes sans avertissement, peu importe d'où ils venaient. Peu importe que cela soit possible ou non. On entendait constamment des klaxons de partout. Ils tournaient à gauche, puis à droite, sans jamais se demander si quelqu'un arrivait du même endroit. Les rues toutes cabossées rendaient la conduite digne d'une aventure en pleine jungle. Comme disait le dicton : « Je regarde devant moi et le destin veille sur mes arrières ».
Johnny Walker se demandait pourquoi il ne l'avait encore jamais remarqué. Il secoua la tête et se dit silencieusement : « De toute façon, je ne serai bientôt plus là, je serai bientôt loin de ce pays ».
Cette certitude qu'il quitterait bientôt son pays pour l'Europe - paradis de l'argent sur terre - lui redonna du courage et de la motivation.
N'ayant pas d'argent pour payer un taxi moto (15 cents), il se décida à marcher jusqu'au quartier de Bonanjo, où avec de la chance, il rencontrerait peut-être une nouvelle conquête dans un bar populaire. Cela faisait environ 5 à 8 km à marcher sous cette chaleur étouffante.
Alors qu'il s'apprêtait à quitter la terrasse du cybercafé afin de se rendre à Bonanjo, son téléphone sonna. Il s'extasia : « Dieu n'oublie pas ses enfants. Cela doit être une ces femmes mariées ».
Tout souriant, il essaya de sortir le téléphone de sa poche de jeans, mais, comme le plus souvent, il ne fut pas assez rapide. Il avait essayé malgré tout d'appuyer dans sa poche sur la touche verte pour décrocher comme pour signaler à son interlocuteur qu'il était bien là où pour le stimuler à le rappeler. Mais tout était déjà redevenu silencieux. Il jura à haute voix et était tellement énervé, car il venait certainement de laisser passer une belle opportunité de gagner un peu d'argent. Maintenant, il allait devoir marcher sous cette chaleur écrasante, sans être certain de pouvoir rencontrer une femme.
Wadjo, qui avait tout observé depuis le Cybercafé, se moqua de lui : — Johnny Waka, ainsi va la vie, Dieu n'oublie pas ses enfants, haha, haha !
Johnny l'ignora et regarda son mobile afin de voir qui l'avait appelé. Son pouls s'accéléra et il fit un signe de croix.
— Que se passe-t-il, J.W. ? Demanda Wadjo.
Très content, Johnny se retourna vers lui et dit simplement : — Tu as raison, Dieu n'oublie vraiment pas ses enfants ! Il s'en alla donc de bonne humeur vers Bonanjo.
En chemin, il se demanda ce qu'il aurait fait s'il avait décroché le téléphone. Nicole était bien la dernière personne qu'il souhaitait voir aujourd'hui. Il était bel et bien un enfant béni, se dit-il. Il était vraiment heureux de ne pas avoir réussi à sortir assez vite le téléphone de sa poche. Aujourd'hui, il ne devait pas voir Nicole. Il devait tout d'abord trouver de l'argent, puis payer la facture, et enfin, ramener un petit cadeau à Rita pour se faire pardonner.
Rita était réellement une femme adorable, patiente, maternelle, mais elle avait une très forte personnalité. Les hommes étaient toujours incertains quand ils se trouvaient à ses côtés. Mais elle faisait tellement de bien à Johnny, et surtout elle était toujours là pour l’épauler.
Johnny Walker changea de trottoir afin de pouvoir marcher à l'ombre des arbres. Il était trempé de sueur ; sous sa chemise qui lui collait à la peau, on pouvait deviner son corps musclé. J.W. aimait prendre soin de son corps et faisait régulièrement du sport. Il était conscient que son corps était son gagne-pain. Un capital qu'il devait bien entretenir afin de bénéficier des intérêts. C'était exactement ce qu'il avait compris sur internet aujourd'hui. Dommage que Rita n'eût rien voulu entendre.
Tout d'un coup, un taxi moto freina juste devant lui, sans prévenir, avec trois passagers sur la moto. Johnny Walker réussit à l'esquiver de peu et tomba sur le sol sableux. Il se retrouva dans un état pitoyable. Sa chemise blanche était toute tachée de rouge. Son jean était déchiré au niveau de l'entrejambe. « Il ne me manquait plus que ça ! », pesta-t-il à haute voix.
Le motard ne ralentit même pas, il dérapa à gauche, à droite, plusieurs fois de suite et réussit à reprendre à temps le contrôle de l’engin alors qu'un bus bondé sortait de ce côté-là. Il entendit juste le son de la voix du conducteur, qui avait dit quelque chose du genre : « Et connard, veux-tu me vendre ? Cherche-toi quelqu'un d'autre, imbécile ! » Vendre quelqu'un au Cameroun, signifie sacrifier une personne pour devenir riche ou puissant.Toute la scène était incroyable. Le motard était en tort, il risquait sa vie et celles de ses passagers, mais c'était lui qui se plaignait. Aucune remise en question. La moto était déjà loin. « Typique pour le Cameroun », dit Johnny. « Que vaut la vie d'un homme ici ? Ils conduisent comme s'ils étaient immortels ».
Il se releva, regarda à quoi il ressemblait et comme à son habitude, il rigola à nouveau. Il avait un plan pour expliquer aux femmes qui pourraient le voir dans cet état, la raison de sa tenue misérable. Une situation qui semblait si difficile aux yeux de n'importe qui, n'était qu'une belle opportunité pour Johnny Walker de se mettre encore en avant.
Il continua donc son chemin, avec toute sa dignité. Juste avant d'arriver dans la rue où se trouvaient les bistros et les bars, son téléphone sonna à nouveau. Il hésita et réfléchit rapidement. Qui pouvait bien l'appeler ? Il espérait que ce ne soit pas Nicole. De toute façon, il n'allait pas décrocher son appel. « Cette Nicole commence lentement à m'énerver », dit-il, sachant pertinemment qu'il était en tort si la situation entre eux était ainsi.
Il ne pouvait pas se passer de Nicole et de son magnifique corps, si sensuel (rien que le fait de penser à elle lui provoquait une superbe érection).
Le problème était qu'il s'était présenté à Nicole comme un riche New Yorkais. Il s'était présenté comme Johnny Fuck Me Walker. Cela sonnait tellement américain. Il prétendait n'être là que pour passer quelques semaines de vacances et en profiter pour acheter quelques biens immobiliers.
Maintenant, Nicole pensait avoir tiré le gros lot. « Il n'est pas seulement mon visa pour l'Amérique et un homme riche, non, en plus, c'est un Africain, un Camerounais. Oui, un homme comme lui, on peut l'aimer, et il le faut », racontait-elle partout.Sa chance était parfaite. Du moins, le pensait-elle. Une vilaine surprise l'attendait. Mais tout ce récit dramatique sera développé dans un autre livre : « Johnny Fuck Me Walker, le riche New Yorkais et mon prince rencontré sur internet en Afrique ».
La personne qui appelait n'avait pas envie d'abandonner si vite. Après plusieurs appels, il se décida à savoir de qui il s'agissait. Son cœur se mit à battre plus vite, un énorme sourire illumina son visage.
— Allô, ma chérie, mon amour de tous les jours, entendit-il dire.
— Où es-tu ?
— Je t’aime à en mourir, sans toi que deviendrait ma vie ? Je pense à toi sans cesse, alors je me suis mis en route en espérant te voir à Dubaï.
— … C’est vrai je te dis, mon miel, et en marchant avec ton image qui me fait perdre la tête, oubliant que j’étais sur une route, une moto m’a renversé. Viens vite, je suis assis au bord de la route et je t’attends, je n’en peux plus. Pourquoi dois-je autant souffrir ? Dois-je souffrir autant par amour pour toi ?
Sa gestuelle et ses mimiques représentaient exactement ce qu'il disait. Par exemple, lorsqu'il dit qu'il était assis au sol, il le fit également et s'assit au sol.
Mais comme nous l'avons déjà dit, Johnny Walker était maître dans l'art de planifier, même dans des situations où beaucoup auraient perdu leur patience. Son plan allait bientôt débuter. Il savait très bien qu'Amina allait accourir rapidement. Ses mots avaient fait leur effet. Il en était certain.