Maroc - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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Le Maroc, pays du soleil couchant, Maghrib al-'aqsa, offre, dans l'ensemble de l'Afrique du Nord, une histoire originale. Il la doit sans doute à la puissante personnalité de ses peuples restés tout au long des siècles moins marqués des influences extérieures, notamment arabe, que l'Algérie et la Tunisie, mais tout autant...

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ISBN : 9782852299672

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

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Maroc

Introduction

Le Maroc, pays du soleil couchant, Maghrib al-’aqṣā, offre, dans l’ensemble de l’Afrique du Nord, une histoire originale. Il la doit sans doute à la puissante personnalité de ses peuples restés tout au long des siècles moins marqués des influences extérieures, notamment arabe, que l’Algérie et la Tunisie, mais tout autant à de vigoureux traits géographiques.

Maroc : drapeau. Maroc. Simple champ rouge, couleur de la dynastie royale depuis trois siècles, frappé en son centre, depuis 1915, de l'étoile chérifienne verte, en forme de pentacle (ou pentagramme, ou pentagone étoilé), qui n'est autre que l'emblème du sceau de Salomon.

Le Maroc océanique est largement ouvert vers l’ouest, mais une avancée du plateau central le sépare en deux bassins communiquant malaisément par le « pont de Rabat ». Le Maroc saharien est pauvre, périodiquement surpeuplé, marqué par le contraste des oasis et des grands espaces. Entre ces deux régions se dresse la montagne qui est un écran troué de passes plus ou moins aisées, où « la liberté s’est toujours maintenue sauvage et altière ».

Ces ensembles juxtaposés, sans point de convergence, ont joué chacun leur rôle dans l’histoire du Maroc.

Entre les arcs montagneux, le désert et l’Océan, frangé par la barre, le Maroc forme comme une île aux liaisons précaires. Comme dans toute la partie méridionale du bassin méditerranéen, nomades et sédentaires se sont affrontés au cours des siècles, cependant qu’à partir de la conquête arabe l’islam a marqué de ses traits propres la vie politique et sociale avec l’importance du pouvoir d’allégeance, l’absence de règle fixe de succession, le rôle des hérésies, des réformes et des confréries religieuses.

Bien qu’elle soit originale et qu’elle comporte de nombreux traits d’insularité, l’histoire du Maroc n’est pas celle d’un pays isolé, et l’on y retrouve les fluctuations de l’histoire mondiale : formation des grands empires de l’Antiquité, islamisation de la Méditerranée méridionale, influences des grandes découvertes, de l’impérialisme européen et de la décolonisation.

Le Maroc moderne illustre bien cette situation : cadre d’une lutte pour l’indépendance, acquise en 1956, il conserve cependant la structure de pouvoir monarchique antérieure à l’établissement du protectorat français. Bien que favorisé sur le plan des richesses minières et des conditions climatiques par rapport à ses voisins maghrébins, il connaît comme eux les difficultés propres aux pays héritant de la colonisation une infrastructure industrielle orientée vers la métropole, plaquée sur une base agricole en crise.

De même lui faut-il échapper au cercle du sous-développement, rester maître de ses destinées et affirmer sa personnalité : y parviendra-t-il par la voie du libéralisme économique, présentement adoptée par ses dirigeants ou par une autre option ? Ces choix semblent commander son avenir pour une longue période.

Jean-Louis MIÈGE

E.U.

1. Géographie

• Entre la Méditerranée, l’Atlantique et le Sahara

Un relief très diversifié

Parmi les pays de l’Afrique du Nord, le Maroc se distingue à la fois par l’altitude plus élevée de ses montagnes et par la remarquable extension des plaines et des plateaux. Le Haut Atlas occidental compte plusieurs sommets dépassant quatre mille mètres, dont le djebel Toubkal (4 165 m) qui est le point culminant de toute l’Afrique du Nord. En revanche, les surfaces planes ou peu accidentées couvrent près des deux tiers du pays.

Dans l’ensemble des montagnes marocaines, le Rif, au nord, est un système à part dont la structure en nappes s’apparente à celle des unités telliennes d’Algérie. Relativement peu élevé (2 450 m au djebel Tidighine), le Rif est cependant une chaîne compliquée, déversée vers le sud, arquée et allongée d’est en ouest. Comme l’Atlas tellien qu’il prolonge, il contribue à l’isolement du littoral méditerranéen.

Au sud, le Haut Atlas, orienté est-nord-est - ouest-sud-ouest, est aussi dans le prolongement des montagnes algériennes de l’Atlas saharien. C’est un énorme pli de fond soulevant, entre de grandes cassures, un bloc de roches anciennes, le Haut Atlas occidental, avec sa couverture secondaire, le Haut Atlas central et oriental. Cette chaîne rigide élevée, mais franchissable en deux ou trois endroits (Talremt, Tichka, Tizi-n-Test), tombe sur la mer par des plateaux tranchés brutalement par la côte.

Le Haut Atlas et le Rif encadrent une région tabulaire, une meseta. À l’est, l’extrémité occidentale des hautes plaines oranaises constitue les hauts plateaux du Dahra au-dessus de la vallée de la Moulouya. À l’ouest, la Meseta marocaine est soulevée au maximum jusque vers quinze cents mètres dans le Massif central marocain, et ses roches anciennes sont recouvertes, à l’est, par la masse calcaire du Moyen Atlas. Dans sa partie orientale, le Moyen Atlas forme une chaîne plissée, dépassant trois mille mètres au-dessus de la Moulouya (Blou-Iblane et Bou-Nassere). Cet édifice compact et peu articulé, ce « dos que le Maroc tourne à l’Algérie » ne laissant entre le Rif et lui que l’étroit couloir de Taza, crée l’originalité du Maroc atlantique auquel rien, en Afrique du Nord, ne peut être comparé.

Enfin, dans l’extrême Sud, la bordure saharienne a été ployée jusqu’à plus de deux mille mètres en pli de fond dans l’Anti-Atlas, coupé en deux par la percée nord-ouest - sud-est de l’oued Drā. Au nord, l’Anti-Atlas est séparé du Haut Atlas par un long sillon interrompu par le volcan tertiaire du Siroua (3 300 m). Au sud, les crêtes monoclinales du djebel Bani s’enfoncent plus ou moins régulièrement sous les plateaux désertiques des hamadas.

Des domaines bioclimatiques contrastés

La disposition du relief, les influences conjointes de l’Océan et du désert, la position du pays en latitude et longitude font du climat marocain un climat méditerranéen à l’été sec, à la fois contrasté et nuancé.

Ici encore, le domaine le plus original est le domaine atlantique. La proximité de la mer atténue les écarts de température et accroît sensiblement l’humidité de l’air. Des cultures permanentes en terre sèche existent au Maroc à la latitude de Béchar et des grands ergs nord-sahariens. Cependant, la latitude et la distance de la côte imposent des subdivisions. Sur le littoral, au nord de Safi, règne un climat méditerranéen atlantique de type portugais, avec quatre cents à huit cents millimètres de précipitations ; au sud, c’est un climat canarien, tempéré, brumeux pendant la période estivale, mais avec des précipitations de plus en plus faibles vers le sud. Dans l’intérieur, au nord, les étés chauds et secs, les hivers frais ou froids selon l’altitude, avec des précipitations supérieures à quatre cents millimètres, s’étendent jusqu’en bordure du Moyen Atlas ; au sud, l’été est excessif, aride, et certaines années sont franchement désertiques.

Le domaine montagnard est naturellement plus complexe et varié. Les hivers y sont froids et pluvieux, le gel et la neige fréquents. Les étés sont chauds malgré l’altitude, et les orages font qu’ils ne sont pas absolument secs. De multiples climats locaux tiennent à la position en latitude et altitude, à l’exposition et la topographie.

L’est du Maroc se caractérise par une sécheresse accentuée (il y tombe partout moins de quatre cents millimètres d’eau par an) et par des écarts thermiques très sensibles entre l’hiver et l’été. Le gel et la neige sont loin d’y être inconnus : on retrouve là les traits du climat de l’Oranie. La région présaharienne exagère encore ces caractères. Les précipitations, inférieures à deux cents millimètres, y sont rares et irrégulières, et les écarts thermiques accusés aussi bien d’une saison à l’autre qu’entre le jour et la nuit. Seule la frange atlantique jouit de conditions légèrement plus modérées.

Comme dans tous les pays méditerranéens, l’obstacle majeur à l’épanouissement de la végétation est la sécheresse de l’été, à laquelle s’ajoute, au-dessus de mille mètres, le froid de l’hiver. Sur la côte, cette sécheresse est en partie compensée par les brouillards littoraux. Mais vers le sud et vers l’est, la moyenne des températures augmente alors que les précipitations diminuent. Les conditions défavorables de l’été méditerranéen tendent à occuper l’année entière ; et la végétation s’appauvrit et se disperse. Bien sûr, des facteurs locaux perturbent la régularité de cette dégradation. Les plaines atlantiques intérieures méridionales font déjà figure de demi-déserts. En montagne, au contraire, les étages élevés, sur les versants humides, conservent loin au sud un manteau forestier. Une fois de plus, la dorsale diagonale montagnarde sépare nettement un domaine atlantique d’un domaine oriental et saharien.

Le problème de l’eau

Ce rôle permanent de la montagne se retrouve, en dernier lieu, dans les caractères de l’hydrographie. Grâce à son altitude, le Maroc, mieux arrosé que le reste du Maghreb, est doté en son centre d’un véritable château d’eau d’où divergent de grands fleuves permanents vers l’Atlantique, tels le Sebou, le Bou-Regreg, l’Oum er-R’bia, le Tennsift, le Souss ; vers la Méditerranée, comme la Moulouya ; et même vers le Sahara : Drā, Dadès. Cependant, la plupart des cours d’eau marocains sont des oueds, c’est-à-dire des gouttières intermittentes, à sec en été, gonflées en automne et au printemps par des crues brutales et passagères.

Ces conditions posent à l’homme un grave problème d’eau, que la technique moderne s’efforce de résoudre mieux qu’autrefois : excès d’eau, seulement, il est vrai, dans la basse plaine du Gharb, et surtout manque d’eau, en partie résolu par une irrigation à laquelle la plus grande partie du Maroc, le bled seguia, doit la vie.

Fernand JOLY

• Population, territoire et activités économiques

Après l’Indépendance, les effets du processus d’urbanisation, puis, dès la fin des années 1980, la baisse de la fécondité ont profondément transformé la structure démographique, territoriale et économique du Maroc. La disparité entre les modèles traditionnels de la vie sédentaire et de la vie nomade a presque disparu dans ce pays situé aux portes de l’Europe, mais les réalités du monde du désert, des oasis et des montagnes ne se sont pas complètement effacées, alors que les espaces dynamiques restent polarisés sur le littoral atlantique.

Des progrès ont été réalisés dans divers secteurs. Toutefois l’agriculture demeure fragile et la modernisation du système productif, des services et des infrastructures ne permet pas encore un véritable décollage économique. Le tourisme et les revenus des émigrés à l’étranger constituent des sources précieuses de devises, mais elles sont vulnérables. Si la politique de réformes a permis des avancées indéniables dans la démocratisation (approbation en 2004 du nouveau Code de la famille, Moudawana