Mythes et Mystères Egyptiens - Rudolf Steiner - E-Book

Mythes et Mystères Egyptiens E-Book

Rudolf Steiner

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Beschreibung

Avec sa prodigieuse connaissance des lois du cosmos, la culture égyptienne a marqué de façon déterminante le développement de l'humanité. D'où vient cet attrait irrésistible, voire cette fascination, qu'exercent encore sur nous le sphinx, les pyramides, les momies et les pharaons? Dans ces conférences, Rudolf Steiner aborde ces questions en dévoilant certains arrière-plans occultes de la civilisation égyptienne. Cet ouvrage comprend : Répétition de la civilisation égyptienne dans la civilisation actuelle, Le matérialisme, une conséquence de l'embaumement, L'époque atlantéenne, Les quatre formes typiques, l'Aigle, le Lion, le Taureau, l'Homme, Le mythe d'Osiris, La nature de l'initiation égyptienne, L'action des esprits du Soleil et de la Lune des forces d'Isis et d'Osiris, La transformation de l'état de conscience, Les mystères des planètes, Le pharaon, etc.

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DOUZE CONFÉRENCESFAITES À LEIPZIG, DU 2 AU 14 SEPTEMBRE 1908

PAR

Traduction française faite avec l'autorisation de Mme Marie STEINER d'après des notes non revues par l'Auteur

PRÉFACE DE MME MARIE STEINER

TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE DE MME MARIE STEINER

Les rapports spirituels entre les courants de civilisation des temps anciens et des temps modernes

Le reflet des événements spirituels dans les conceptions religieuses des hommes

Les anciens lieux d'initiation. La forme humaine, objet de la méditation

L'initiation — Les mystères des planètes. La descente du Verbe originel

Comment s'est formée la Trinité Du Soleil, de la Lune et de la Terre Osiris et Typhon

L'influence d'Isis et d'Osiris Quelques faits de l'anatomie et de la physiologie occultes

Le développement de l'organisme humain jusqu'au départ de la Lune. Osiris et Isis forment la partie supérieure de l'être humain.

L'évolution graduelle des formes humaines. L'élimination des entités animales. Les quatre types humains

L'action des esprits du Soleil et de la Lune des forces d'Isis et d'Osiris. La transformation de l'état de conscience . La conquête du plan physique

Les légendes anciennes sont l'image des événements cosmiques. L'obscurcissement de la conscience spirituelle de l'homme. Le principe d'initiation des Mystères.

La connaissance de l'évolution et la science physiologique cosmique des anciens Egyptiens réapparaissent aujourd'hui sous une forme matérialiste grossière

L'impulsion christique victorieuse de la matière

Le présent ouvrage fait partie de la série des Cycles de conférences donnés par Rudolf Steiner au cercle privé des membres de la Société Anthroposophique. Cette Société a pour objet d'étude l'enseignement de la Science Spirituelle, tel qu'il a été donné par Rudolf Steiner (né à Kraljevic, Hongrie, le 27 février 1861, mort à Dornach, Suisse le 3o mars 1925) et continue de l'être par l'Université libre de Science spirituelle qui a son centre au Goethéanum de Dornach (Suisse).

Cet ouvrage doit être considéré comme un manuscrit qui est imprimé pour l'usage des membres de cette Université libre de Science spirituelle. Il a donc un caractère semi-privé et en outre, il sous-entend une connaissance première des bases générales sur lesquelles repose l'enseignement de la Science spirituelle. Ces bases sont mises à la portée de tous dans les ouvrages de Rudolf Steiner dont on trouvera la liste à la fin de ce volume.

Celui qui n'a pas encore acquis les connaissances préalables de la Science spirituelle, soit dans ses sources directes, soit d'une manière dont l'Université du Goethéanum reconnaisse elle-même la valeur, ne peut par conséquent prétendre exercer un jugement compétent sur le présent ouvrage.

PRÉFACE DE MME MARIE STEINER

________

Ce livre vient soulever à nouveau quelques-uns des voiles qui nous aveuglent, et notre regard, ébloui tout d'abord, s'affermit ; il affronte le passé ou l'avenir que Rudolf Steiner nous révèle et que sa pensée nous permet de saisir. Non seulement les mots, mais l'atmosphère dans laquelle ils baignent, la force créatrice dont ils sont l'enveloppe transparente, nous rendent plus proches les grands mystères. Les voiles se lèvent sur un horizon qui s'élargit pour nous jusqu'aux limites de l'univers. Des êtres de lumière jaillissent de la parole, sous la pression de la vérité ; des perspectives lumineuses emplissent nos ténèbres d'une clarté inconnue. Souvent une expression nous arrête, nous semble trop réaliste, familière presque ; c'est qu'elle est soumise aux lois de l'activité créatrice, aux nécessités de la forme qu'il faut imposer à l'invisible pour le rendre visible. En raison des régions, où le verbe doit descendre, il perd sa transparence spirituelle pour devenir le mot fort, direct, coloré. Aujourd'hui, on ne cherche pas à lire entre les lignes. On les parcourt d'un regard hâtif, et l'on se contente de ce qu'une rapide pensée croit y trouver. Il faut lire autrement les ouvrages de Rudolf Steiner. A travers la pensée, son verbe cherche l'esprit, le domaine où il trouve écho, où il fait vibrer le sens artistique. L'acuité de son intelligence est seulement l'éclair qui brise les frontières de l'entendement et atteint l'esprit. Et si l'âme se sent écrasée par le coup, elle ne s'en redresse pas moins vite ; qu'on lui accorde seulement une halte pour se replier sur elle-même — et elle se ressaisit, animée d'un nouveau rythme de vie,

R. S

C'est en cela que réside la force magique des paroles vraies. Rudolf Steiner nous met entre les mains cette clé qui conduit « aux mères » — et aux dieux. Laissons se déployer la force substantielle de son verbe, — et notre vie s'élargira à la mesure de l'univers. Gardons le verbe en sa pureté, ne l'asservissons point aux désirs troubles qui allument un feu violent et impur : car nous perdrions la force de vie et de lumière qu'il a ravie pour nous, nous évoquerions la force adverse. Nous commettrions un meurtre.

Ce qui tue dans ce domaine, c'est l'intellectualisme sec, le sens artistique atrophié. Les mythes et les légendes, qui sont le vêtement artistique d'événements spirituels, maintiennent le lien qui nous unit au monde spirituel ; même lorsqu'ils ne peuplent notre âme que de songes, ils sont comme des feux qui maintiennent vivant le reflet de l'esprit. Cette vie qu'ils éveillent peut être facilement détruite par les interprétations trop intellectuelles, les explications subjectives, les commentaires accumulés. On a certes les morceaux dans la main — mais il en manque hélas le lien spirituel. Ce serait morceler l'héritage spirituel que Rudolf Steiner nous a confié, que laisser cette tendance s'épanouir au sein du mouvement spirituel qu'il a fondé. Rudolf Steiner n'aimait déjà pas qu'on explique les contes de fée. A plus forte raison les symboles sacrés des plus hautes réalités spirituelles. Ceux que la poésie et les arts plastiques ont fixés en de sublimes tableaux, ne doivent pas devenir le jouet d'interprétations incertaines, ou le thème des prosaïsmes de la vie journalière. Lorsqu'un fait spirituel donne naissance à un symbole fort et vivant, comme l'est celui du Graal par exemple, il faudrait que la force qu'il renferme soit maintenue en sa pureté, ne soit pas diminuée par de hasardeuses hypothèses basées sur des bribes de documents douteux. Qui, mieux que les élèves de Rudolf Steiner, aurait pu prendre profondément conscience de la vertu directe et pure que doit conserver intacte la vie surnaturelle déposée dans les mythes et les légendes ? Pourquoi faut-il absolument se faire une représentation physiologique d'une blessure qui a inspiré jusqu'ici des œuvres poétiques et musicales sublimes, et servi l'humanité en l'aidant à se purifier ? Ne peut-on la laisser dans la sphère où elle échappe aux curiosités grossières ?

Est-il vraiment utile que la lumineuse pureté, le charme délicat qui se dégagent de la figure d'Isis-Maria, comme le message d'un printemps spirituel, soient violemment précipités vers la sphère des conceptions anatomiques courantes ? Il émane d'un tableau de la Vierge[1], une vie spirituelle que Rudolf Steiner a dégagée et que tout spécialement il destinait à celles qui seront mères pour les unir aux sphères supraterrestres. Dans la chambre d'enfant, une reproduction de ce tableau peut unir pour une envolée purement spirituelle les pensées de la mère et l'âme de l'enfant. Rudolf Steiner dit à ce sujet, dans les pages qui suivent :

« Dans ce tableau, que d'innombrables reproductions mettent à la portée de tous, comment ne pas admirer la pureté magnifique qui enveloppe les personnages ; comment ne pas s'émouvoir en contemplant le visage de la mère, sa position planant entre ciel et terre, le regard profond de l'enfant. Et quand nous regardons les nuées qui les entourent, et d'où il émerge tant de petites têtes d'ange, comment ne pas ressentir quelque chose de plus profond encore, et qui fait mieux comprendre le tableau tout entier. Je sais que c'est une audace, mais je le dis pourtant : si l'on regarde profondément, gravement, cet enfant sur les bras de sa mère, et derrière lui les nuages s'harmonisant en un ensemble de têtes angéliques, on comprend que cet enfant n'est pas né d'une façon naturelle ; il est l'un de ceux qui planent tout autour dans les nuages. Cet enfant Jésus est, lui aussi, une de ces nuées ayant pris forme, devenue plus dense ; un des petits anges s'est envolé des nuages dans les bras de la Madone. C'est là un sentiment tout à fait juste. Si nous savons le faire vivre en nous, notre regard s'élargira ; il se libérera des idées étroites qu'on se fait sur les liens naturels des choses de la vie. A l'aide de ce tableau, le regard borné s'élargit et peut concevoir qu'il y a eu autrefois un autre mode de naissance que celui qui est basé sur les rapports des sexes. Bref, ce tableau nous fait pressentir les liens profonds qui unissent le monde humain à celui des forces spirituelles. »

« Lorsque, quittant la Madone, nous reportons notre regard en arrière jusqu'à l'époque égyptienne, nous y rencontrons une image toute semblable, et aussi noble ; les Egyptiens ont célébré Isis, cette figure à laquelle se rattache la sentence : Je suis ce qui fut, ce qui est, ce qui sera. Aucun mortel encore n'a soulevé mon voile. Un mystère profond que recouvre un voile épais, voilà ce que nous révèle Isis, la belle forme spirituelle de Dieu, Isis que les anciens Egyptiens ont vue avec l'enfant Horus, comme nous voyons la Madone avec l'enfant Jésus. Cette Isis nous est représentée comme portant en elle l'élément éternel, et ceci nous rappelle le sentiment que nous éprouvons à la vue de la Madone. Il faut que nous sachions voir en Isis la forme de profonds mystères qui unissent dans le monde spirituel la civilisation égyptienne et la nôtre ».

« La belle forme spirituelle de Dieu », voilà ce qui nous emplit à la vue de ce tableau — plutôt qu'une allégorie anatomique. N'avons-nous pas assez d'occasions de nous plonger dans les détails anatomiques ou la vie physiologique, sans étudier sous ce jour ce qui appartient au royaume de l'esprit, de l'art pur ? Gardons-nous des allégories arbitraires. A propos du symbole du poisson dans les Catacombes, Rudolf Steiner nous dit dans les Mythes et Mystères égyptiens :

« Quel monde entre ce signe qui nous apparaît comme le symbole d'une ère cosmique, et les explications superficielles que l'on en donne souvent ! Les vrais symboles sont ceux qui reposaient sur.de hautes réalités spirituelles. Ils faisaient plus que « signifier » quelque chose pour les premiers chrétiens, ils étaient l'image même d'un événement spirituel, et l'on ne peut interpréter à coup sûr aucun symbole tant que l'on ne sait pas le rapporter à l'être spirituel qu'il représente. Toute spéculation philosophique ne peut que préparer l'esprit ; l'expression « cela signifie » ne suffit pas ; on ne reconnaît un symbole qu'en découvrant la réalité spirituelle qu'il recèle. »

Il dit plus loin :

« Nous avons déjà vu que ces images ne sont pas des allégories mais correspondent aux faits réels. Elles apparaissaient autrefois sous forme de rêves. Avant que le disciple ne voie, réellement l'évolution de l'humanité, il rêvait d'abord la légende d'Osiris. Et seul, ce qui prépare ainsi à la vision est un véritable symbole au sens occulte du mot. Un symbole est la description sous forme imagée de ce qui se passe en réalité. »

D'autres dangers nous guettent. Il y a celui de faire dévier dans la sphère de l'utilitarisme ce que Rudolf Steiner nous a donné comme un art purement spirituel. Ce serait lui enlever sa vie la plus haute. Rudolf Steiner nous a donné ainsi l'Eurythmie, afin que notre âme puisse saisir consciemment ce qui relève du monde spirituel le plus proche de nous, et qu'elle pénètre dans les régions supraterrestres au moyen des mouvements qui suivent les courants éthériques. Progressivement, le corps se spiritualise ; il prend conscience de lui-même au sein des éléments de l'air et de l'éther ; il entend, il sent intérieurement ce que le son, le mot, créent dans l'air ; il y rattache le courant de conscience dont il est parcouru, le geste visible à celui de l'invisible. Cet art — l'eurythmie — n'est pas la reproduction de quelque chose de corporel, comme le sont les arts plastiques ; elle n'est pas non plus l'expression de l'âme, comme dans la danse ou la musique, sentiment inspiré de la vie cosmique affluant dans l'âme ; elle ne saisit pas non plus pour le fixer le flot du temps ou la vie intérieure, comme le fait la poésie. Elle est l'expression d'une force spirituelle immédiate : le langage — cet héritage des dieux, qui nous a donné la possibilité de pénétrer d'esprit le monde matériel, comme il nous donnera celle de nous confier peu à peu, consciemment, aux éléments plus subtils de l'air, de la lumière, de l'éther. Le son et le geste inclus dans le mot sont les voies qui nous y mènent. Si ce geste modèle la forme de la parole, il donne naissance à la diction artistique. Mais il peut modeler une image dans notre corps physique même : la forme éthérique qui saisissait le souffle, qui formait le son, forme alors le geste physique. Ce sont surtout les bras qui ont la possibilité d'épouser ces formes ; ils ne sont pas orientés vers le sol, mais vers la destinée. Par leur mobilité, ils peuvent sculpter la richesse diverse du langage, et spiritualiser ainsi le corps graduellement. Le mouvement physique qui naît ainsi, symbolise ce qui se passe au même moment dans le monde éthérique, se métamorphose cent fois, et peut saisir la richesse cosmique qu'embrasse le langage. Combien pauvre est à côté de cela le sentiment personnel en matière d'art !

Cet art libérateur de l'esprit dégage des forces qui sont salutaires. Il donne la base qui permet d'édifier toute une thérapeutique. Un nouveau danger pourrait nous attendre ici. On semble croire qu'en apprenant l'eurythmie, il faut développer particulièrement dans les organes du corps la conscience des sons parlés et qu'un enseignement de l'eurythmie qui n'est pas dirigé surtout dans ce sens est, insuffisant. Ce serait là la mort de l'art. L'art doit exprimer le suprasensible caché derrière le sensible ; le geste doit rester un signe, une vie changeante, coulante, une force qui porte, qui va, vibre, — qui toujours ressent l'impulsion dans le jeu des énergies, qui la confie à l'espace, à l'air — mais reste indépendant des organes, et ne s'appuie jamais sur le corps. Si l'on voulait étendre cette tendance à l'étude du langage, nous en arriverions au point où Rudolf Steiner vint nous sauver du danger de la mort, et la peine qu'il a prise pour nous en tirer serait vaine. Nous aurions détruit le pont qui pouvait nous conduire de l'autre côté. Au lieu de diriger notre conscience vers l'éveil, dans le corps et en dehors du corps, des vibrations de l'air grâce auxquelles nous pouvons saisir la lumière, sentir l'éther qui tisse le monde, et dont la flamme fait la force de nos muscles, nous nous retrouverions liés au roc de la matière corporelle.

Les Egyptiens eurent la mission d'apprendre à connaître la terre, de conquérir peu à peu le monde physique en se servant de la connaissance des forces spirituelles, qui ont formé nos organes ; pour cela, il leur fallut s'abîmer dans la matière. Ils embaumèrent les cadavres, afin que le lien qui rattache l'âme au corps ne se relâchât point ; ils présentèrent au mort, des aliments terrestres, symboles de son union avec la terre. A nous de nous engager consciemment dans l'autre voie, d'accomplir le retournement, de dépouiller notre momie. Lorsque nous voyons dans les organes du corps les symboles d'événements spirituels, la révélation des forces divines, alors notre âme s'élève. Mais il nous faut aussi contempler dans leur grandeur les œuvres d'art, les Saintes Ecritures, et non pas les considérer comme des illustrations de phénomènes organiques. Rudolf Steiner nous a montré, par les peintures dont il a orné les coupoles du premier Gœthéanum, comment la vie du Cosmos pouvait être rendue. Et il nous a montré par l'art de la parole comment une humanité anémique peut recevoir des forces de l'éther une vitalité nouvelle. Mais il ne faut pas isoler de son élément l'art né de l'esprit, l'Eurythmie, l'abaisser 'jusque dans les organes physiques. Ce serait la ravaler. Ce serait briser le cours de son évolution. Observer — oui, percevoir comment le corps réagit au mot qui résonne, au son mélodieux — et, par le geste, transposer la vision dans le monde des éléments, où baigne aussi notre corps physique, vivre intérieurement la couleur, la lumière, les harmonies et le fleuve de la vie... Alors nous pourrons répondre au cri que pousse la créature qui aspire à la délivrance.

Au sein d'un mouvement spirituel comme l'Anthroposophie les biens les plus précieux sont dispensés, mais certains dangers existent. Non seulement ceux qui résident dans l'âme de l'homme, entraîné par la recherche du spirituel ; Rudolf Steiner nous l'a souvent dit, un entraînement spirituel forcé, auquel fait défaut le contrepoids de l'éducation morale, éveille dans l'âme les impulsions les plus basses, qui auraient peut-être, sans cela, continué à y sommeiller... Mais il est d'autres périls qui nous viennent des puissances avides de nous pousser toujours plus à fond dans le matérialisme, de métamorphoser les forces de redressement en forces de chutes. Ces puissances sont à l'œuvre, et usent d'artifices et d'art consommés pour distraire quelque chose des biens spirituels que nous a légués Rudolf Steiner, et les faire servir à leurs fins. On verra surgir des idées neuves, attirantes, dont l'originalité en imposera au goût moderne — et combien seront ceux qui se laisseront prendre à ce filet ! Prenons garde aux symptômes les plus bénins en apparence. Ils peuvent porter très loin, et sont peut-être l'œuvre d'une volonté consciente de sa voie, et qui se sert de notre aveuglement. Ravivons en notre mémoire les paroles d'avertissement du maître, qui a toujours attiré notre attention là-dessus. Nous devons conserver à son œuvre toute sa pureté et veiller sur son héritage.

Rudolf Steiner dit, en parlant d'un symbole que l'on enseignait au disciple en Egypte, et qui a pris en Grèce la forme de la légende de Prométhée :

« Il ne faut pas approcher ce mythe avec des mains grossières. Il ne faut pas dépouiller cette image comme on enlève, au papillon la poussière colorée de ses ailes. Laissons aux ailes leur couleur, laissons aux fleurs leur rosée. Ne tourmentons pas, ne déformons pas ces images. Ne disons pas : La figure de Prométhée signifie ceci ou cela. Essayons plutôt de retrouver le fait spirituel et ensuite de comprendre l'image qui en est née, et qui a passé dans la conscience humaine.

L'initié égyptien conduisait son élève jusqu'au degré où il apprenait à comprendre l'évolution du moi dans l'homme. Il fallait que son esprit puisse s'en former l'image. Mais il ne devait pas saisir les faits grossièrement ; l'image se dressait devant lui, lumineuse et vivante ; l'initié égyptien ne voulait pas comprimer sous forme de sentences des idées sèches et mortes ; il voulait traduire en forme imagée ce qu'il donnait. La légende de Prométhée a été embellie, parée, par la poésie ; nous n'avons pas le droit d'y mettre davantage que les faits occultes qui la constituent, et de dépouiller l'image de ses plus belles forces artistiques ».

Ne nous laissons pas dérober ce qui, par la sagesse éclairée de Rudolf Steiner, doit former notre esprit.

MARIE STEINER.

Apprenons à connaître ce qui a été avant nous, afin de pouvoir collaborer à donner une forme toujours plus spirituelle à ce qui nous entoure.

I - Les rapports spirituels entre les courants de civilisation des temps anciens et des temps modernes

Lorsque nous nous demandons ce que la Science spirituelle doit être pour l'homme, la réponse naît des sentiments, des impressions que se sont formés en nous au cours du travail que nous avons accompli dans ce domaine : La Science spirituelle doit être pour nous un chemin conduisant au développement toujours plus élevé de notre humanité, de ce qui est humain en nous.

C'est là un but qui semble évident à tout être pensant et sentant, un but vers lequel convergent les idéals les plus élevés, mais qui comporte aussi le développement des forces les plus profondes de notre âme. En fait, les meilleurs d'entre les hommes se sont demandé depuis toujours : comment arriver à développer tout ce qui sommeille en nous ? Question à laquelle on a donné les réponses les plus diverses. Il n'en est peut-être pas de plus brève, de plus concise, que celle que Goethe a tirée de sa profonde sagesse et qu'il nous a donnée dans les Secrets :

« Des contraintes pesant sur tout être. Se libère celui qui se maîtrise lui-même. »

Il y a dans ces mots un sens profond, car ils nous montrent de façon claire et frappante où se trouve le point central de toute évolution : l'homme se développe intérieurement en se maîtrisant lui-même. Car, par-là, il s'élève au-dessus de lui. Ne craignons pas de nous remettre en mémoire ce but si noble de la recherche spirituelle, à l'instant où nous allons étudier un sujet comme celui qui va nous occuper maintenant. Il nous soulèvera hors des horizons de la vie courante, vers des sommets plus élevés. Pour étudier ce sujet, il nous faudra embrasser du regard de vastes périodes de l'histoire, toute une ère qui s'étend de l'ancienne Egypte jusqu'à nous, à travers plusieurs millénaires. Et ce que nous voulons y chercher, c'est quelque chose qui est relié à notre âme la plus profonde, qui touche au centre de notre vie intérieure. Lorsqu'on cherche à atteindre les sommets de sa vie, on ne s'éloigne qu'en apparence de son domaine immédiat ; car cette recherche permet justement de comprendre les choses de la vie courante. Il faut s'abstraire des misères journalières, de ce qu'apporte le train de vie quotidien, et élever son regard vers les grands événements de l'histoire des peuples et du monde ; car on trouve alors le plus sacré des biens de l'âme. Il peut sembler étrange de dire qu'il faut retrouver les rapports qui unissent l'ancienne Egypte, celle qui vit naître le sphinx et les puissantes pyramides, et notre temps présent. Il peut sembler plus étrange encore de dire : c'est parce que nous voulons mieux comprendre notre temps que nous nous reportons aussi loin en arrière. Mais cela même nous mènera au résultat que nous poursuivons : la possibilité de nous dépasser.

Rechercher le rapport qui unit deux époques aussi éloignées semble moins étrange à qui connaît déjà à fond les idées essentielles de la Science spirituelle. Car l'une de nos convictions profondes est que l'âme humaine revient toujours vers la terre, que l'homme parcourt à plusieurs reprises, le cycle qui va de la naissance à la mort. L'idée de la réincarnation nous est devenue toujours plus familière, et quand nous y réfléchissons, nous pouvons nous demander : Ces âmes qui résident aujourd'hui en nous, ont déjà souvent vécu ; n'est-il pas possible qu'elles aient existé au temps de l'ancienne Egypte, de la civilisation égyptienne, et que ces âmes qui sont en nous aujourd'hui aient contemplé autrefois les pyramides gigantesques et les sphinx énigmatiques de l'ancienne Egypte ?

Question à laquelle il faut répondre par un oui. Le décor s'est renouvelé, mais nos âmes ont déjà contemplé les vieux monuments de la civilisation qu'elles revoient aujourd'hui. Ce sont au fond les mêmes âmes qui ont vécu autrefois, qui ont traversé la suite des époques, et qui réapparaissent à notre temps. Nous savons qu'aucune vie ne reste sans fruit, nous savons que l'âme garde en elle ce qu'elle a vécu, ce qu'elle a appris, et qu'elle le retrouve dans des incarnations suivantes sous forme de forces, de facultés, de tendances, de tempérament. La façon dont nous voyons la nature aujourd'hui, dont nous réagissons aux idées de notre temps, dont nous regardons le monde, il faut en chercher, la cause dans l'ancienne Egypte, le pays des pyramides. C'est à ce moment qu'a été déposée en nous la cause de notre attitude actuelle en face du monde physique. Nous allons essayer de comprendre comment s'enchaînent mystérieusement les époques de l'histoire.

Pour toucher le point capital de notre sujet, il faut remonter très loin dans l'évolution de la terre. Nous savons que notre planète s'est souvent métamorphosée. L'ancienne Egypte a été précédée par d'autres civilisations. La vision occulte nous permet de voir bien plus loin encore, jusqu'aux temps très anciens des débuts de l'évolution humaine, temps où la terre avait un tout autre aspect qu'aujourd'hui. L'Asie, l'Afrique de cette époque avaient un tout autre sol. Regardons avec les yeux de l'esprit ces temps très anciens. Nous parvenons à l'époque où une catastrophe gigantesque, causée par les forces de l'eau, s'est produite sur notre terre et en a complètement transformé le visage. Remontons plus loin encore, et nous arrivons aux temps où la terre avait une toute autre physionomie ; où ce qui forme aujourd'hui le sol de l'Océan Atlantique, entre l'Europe et l'Amérique, était un continent. Nos âmes vivaient à cette époque dans des corps tout autrement constitués que les nôtres ; c'était l'époque de l'ancienne Atlantide, époque très reculée dont la science ne sait aujourd'hui encore que peu de chose.

Ce continent de l'Atlantide sombra au cours d'une grande catastrophe. Les corps des hommes étaient alors autres que ceux d'aujourd'hui, et ils se sont transformés au cours des temps. Mais les âmes qui vivent en nous aujourd'hui, vivaient aussi dans les corps des anciens Atlantes. La catastrophe détermina un mouvement parmi les peuples atlantes, un courant de migration de l'ouest vers l'est. Ces peuples, nous les formions. Vers la fin de l'Atlantide, le mouvement de migration devint très intense ; c'est ainsi que nous sommes allés de l'ouest vers l'est, à travers l'Irlande, l'Ecosse, la Hollande, la France et l'Espagne. Les peuples émigrants occupèrent ainsi l'Europe, l'Asie et les régions septentrionales de l'Afrique.

Ces territoires, qui sont devenus peu à peu l'Asie, l'Europe et l'Afrique, étaient déjà habités. L'Europe presque entière, les territoires du nord de l'Afrique et une grande partie de l'Asie, étaient peuplés par des hommes venus d'autres régions ; de sorte que le courant d'immigration entra en contact avec une population étrangère déjà fixée. Toute une civilisation s'édifia, lorsque l'agitation provoquée par l'immigration se fut calmée. Il y avait par exemple dans le voisinage de l'Irlande un territoire où, avant la catastrophe qui se produisit il y a des milliers d'années, vivaient les hommes les plus évolués de la population terrestre. Ceux-ci traversèrent l'Europe sous la conduite de grandes personnalités, jusqu'à un point de l'Asie centrale où ils se fixèrent, et d'où rayonnèrent des groupes civilisateurs vers les régions les plus diverses. L'un de ces groupes, envoyé aux Indes, y rencontra une population déjà établie depuis des temps immémoriaux, et qui avait aussi sa civilisation propre. Les nouveaux colons s'étant mêlés à cette population, ils fondèrent la première civilisation post-atlantéenne, vieille de plusieurs millénaires, et dont l'histoire ignore presque tout ; les événements dont elle parle à ce sujet lui sont postérieurs de plusieurs milliers d'années. Ce trésor de sagesse que nous appelons les Védas ne nous fait entendre que les derniers échos d'une civilisation hindoue très ancienne, soumise à la direction d'êtres spirituels, et fondée par les « Saints Rishis ». Civilisation d'un caractère unique, et dont nous ne pouvons nous faire aujourd'hui qu'une faible idée, car les Védas ne sont que le reflet sacré de cette lointaine civilisation profondément religieuse.

Elle fut suivie par la seconde culture post-atlantéenne, celle qui est née de la sagesse de Zoroastre, et qui donna naissance à la civilisation perse. Comme la période de civilisation hindoue, elle dura longtemps, et atteignit sa perfection dernière avec Zoroastre.

Ensuite s'édifie, sous l'influence des hommes envoyés dans la région du Nil, la civilisation que nous pouvons résumer en quatre épithètes : la culture chaldéenne, égyptienne, assyrienne, babylonienne, troisième civilisation de la période post-atlantéenne, établie dans les régions nord de l'Afrique, et qui atteignit son apogée dans la magnifique science du ciel des Chaldéens d'une part, et dans la culture égyptienne d'autre part.

Vient ensuite une quatrième période, qui s'est épanouie au sud de l'Europe, la période gréco-latine, dont Homère nous chante les débuts, qui a produit l'art de la statuaire grecque, et une poésie qui a donné naissance à des œuvres aussi remarquables que les tragédies d'Eschyle et de Sophocle. La civilisation romaine s'y rattache. Cette période commence environ au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, 747 av. J.-C, et dure jusqu'au XIVe ou XVe siècle (1413) après la naissance du Christ. A ce moment commence la cinquième civilisation, la nôtre, à laquelle succéderont une sixième et une septième civilisations. Cette septième civilisation verra reparaître sous une autre forme l'esprit de l'époque hindoue. Nous allons voir qu'il est une loi étrange, qui nous permet de comprendre l'effet de forces merveilleuses agissant au cours de ces périodes, et les rapports qu'elles ont entre elles. Regardons d'abord la première période, celle de la culture hindoue ; nous savons qu'elle doit réapparaître et briller sous une nouvelle forme au cours de la septième période. La seconde période, que nous avons appelée, la culture perse, réapparaîtra dans la sixième. Après la disparition de notre civilisation actuelle, nous verrons s'épanouir au cours de la sixième période la religion de Zoroastre. Et nous allons voir au cours de cette étude que notre cinquième période est comme la résurrection de la troisième époque, de la culture égyptienne. La quatrième période forme un centre ; elle n'a de correspondant ni avant, ni après elle.

Essayons de mieux comprendre cette loi mystérieuse. Il y a dans la civilisation hindoue quelque chose qui choque l'homme moderne ; c'est la répartition en castes : caste des prêtres, caste des guerriers, des commerçants et des ouvriers. Ces cloisons ne sont pas en harmonie avec la conscience moderne. Elles semblaient toutes naturelles dans la première civilisation post-atlantéenne ; il ne pouvait pas en être autrement ; les hommes étaient répartis en quatre groupes, selon les différentes propriétés de leur âme. Cela ne semblait nullement une injustice, car cette répartition était faite par les chefs, et ceux-ci étaient des personnalités tellement élevées que tout ce qu'ils ordonnaient était considéré comme juste. On se disait que les guides, les sept Rishis sacrés, qui, pendant la période atlantéenne avaient été enseignés par les êtres divins eux-mêmes, savaient quelle était la place de chaque homme. Cette répartition semblait donc toute naturelle. Elle se reproduira au cours de la septième période, mais tout autrement ; si autrefois elle fut imposée par autorité, plus tard les hommes se grouperont d'après l'évidence objective des faits. Il se passe quelque chose d'analogue chez les fourmis : elles forment un état dont la merveilleuse organisation, et la faculté de subvenir à une tâche relativement énorme ne sont approchés par aucune collectivité humaine. Et pourtant, nous y voyons réalisé ce qui semble si choquant aujourd'hui à l'homme, la division en castes ; chaque fourmi accomplit un devoir qui est le chaînon d'un travail commun.

Quoiqu'on en pense aujourd'hui, les hommes en viendront à se rendre compte que le salut de l'humanité est dans cette répartition, et ils trouveront le moyen de diviser le travail sans donner lieu à des injustices. La société humaine apparaîtra comme un organisme d'une merveilleuse harmonie. C'est là quelque chose que nous pouvons lire dans les annales de l'avenir. Ainsi réapparaîtra l'Inde antique. Et c'est d'une façon analogue que certains caractères de la troisième période réapparaissent au cours de la cinquième.

Serrons de plus près notre sujet ; il embrasse un immense domaine, celui qui vit surgir les pyramides gigantesques et le sphinx ; il s'éclaire du fait que les âmes des anciens Hindous se sont incarnées dans les Egyptiens, et sont incarnées aussi aujourd'hui. En poursuivant un peu plus dans ses détails cette loi générale dont nous parlions tout à l'heure, nous allons rencontrer deux faits qui nous montreront comment retrouver les liens mystérieux qui rattachent entre elles la civilisation égyptienne et Ja nôtre. Nous avons vu que la loi des répétitions s'exprime à travers les différentes périodes de civilisation ; comme elle nous apparaît plus profonde encore, lorsque nous la suivons à travers les régions spirituelles ! Nous connaissons tous un tableau plein d'un sens profond, le célèbre tableau de Raphaël qui, par un enchaînement de faits singuliers, se trouve actuellement à Dresde : la Madone de la Chapelle Sixtine. Dans ce tableau, que d'innombrables reproductions mettent à la portée de tous, comment ne pas admirer la pureté magnifique qui enveloppe les personnages ; comment ne pas s'émouvoir en contemplant le visage de la mère, sa position planant entre ciel et terre, le regard profond de l'enfant. Et quand nous regardons les nuées qui les entourent, et d'où il émerge tant de petites têtes d'anges, comment ne pas ressentir quelque chose de plus profond encore, et qui nous fait mieux comprendre le tableau tout entier. Je sais que c'est une audace, mais je le dis pourtant : si l'on regarde profondément, gravement, cet enfant sur les bras de sa mère, et derrière lui ; les nuages qui s'harmonisent en un ensemble de têtes angéliques, on comprend que cet enfant n'est pas né d'une façon naturelle ; il est l'un de ceux qui planent tout autour dans les nuages. Cet enfant Jésus est, lui aussi, une de ces nuées ayant pris forme, devenue plus dense ; un des petits anges s'est envolé des nuages dans les bras de la Madone. C'est là un sentiment tout à fait juste. Si nous savons le faire vivre en nous, notre regard s'élargira ; il se libérera des idées étroites qu'on se fait sur les liens naturels des choses de la vie. C'est à l'aide de ce tableau que le regard borné s'élargit et peut concevoir qu'il y a eu autrefois un autre mode de naissance que celui qui est basé sur les rapports des sexes. Bref, ce tableau nous fait pressentir les liens profonds qui unissent le monde humain à celui des forces spirituelles.