Norvège - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Norvège E-Book

Encyclopaedia Universalis

0,0

Beschreibung

Par deux fois, lors de référendums organisés en 1972 et en 1994, les Norvégiens ont refusé que leur pays adhère à l'Europe communautaire. Pour expliquer cette nette réticence, de nombreux commentateurs ont tiré argument du fait que la Norvège a longtemps eu à subir le joug de pays étrangers comme le Danemark puis la Suède...

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 109

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852297999

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

Retrouvez notre catalogue sur www.boutique.universalis.fr

Pour tout problème relatif aux ebooks Universalis, merci de nous contacter directement sur notre site internet :http://www.universalis.fr/assistance/espace-contact/contact

Bienvenue dans ce Grand Article publié par Encyclopædia Universalis.

La collection des Grands Articles rassemble, dans tous les domaines du savoir, des articles :   ·  écrits par des spécialistes reconnus ;   ·  édités selon les critères professionnels les plus exigeants.

Afin de consulter dans les meilleures conditions cet ouvrage, nous vous conseillons d'utiliser, parmi les polices de caractères que propose votre tablette ou votre liseuse, une fonte adaptée aux ouvrages de référence. À défaut, vous risquez de voir certains caractères spéciaux remplacés par des carrés vides (□).

Norvège

Introduction

Par deux fois, lors de référendums organisés en 1972 et en 1994, les Norvégiens ont refusé que leur pays adhère à l’Europe communautaire. Pour expliquer cette nette réticence, de nombreux commentateurs ont tiré argument du fait que la Norvège a longtemps eu à subir le joug de pays étrangers comme le Danemark puis la Suède. Par conséquent, elle serait particulièrement sensible aux abandons de souveraineté qu’une participation directe à la construction européenne entraînerait inévitablement.

Norvège : drapeau. Norvège (1821). Avec sa croix scandinave, ce drapeau est directement inspiré du drapeau suédois et surtout du Dannebrog (cf. Danemark) auquel la couleur bleue a été rajoutée en signe d'indépendance. Ces trois couleurs ont également été choisies en hommage à la France, qui y avait renoncé sous la Restauration (cf. France).

Période faste de l’histoire nationale, l’époque des Vikings a vu les ancêtres des actuels Norvégiens écumer les mers, colonisant les Orcades, les Shetland, les Hébrides et l’Irlande, sans oublier l’Islande, créant sur cette île une société qui devait inspirer les auteurs des sagas du XIIIe siècle. C’est à un Viking « norvégien » qu’on attribue en outre la découverte de l’Amérique du Nord au tournant du Ier millénaire. Commencée par Harald à la belle chevelure, vers la fin du IXe siècle, poursuivie durant les deux siècles suivant sous l’impulsion des rois convertisseurs Olaf Trygvasson et, surtout, Olaf Haraldsson, l’unification du royaume ne fut réellement achevée qu’au XIIIe siècle. Considérablement affaiblie par la Peste noire au milieu du XIVe siècle, la Norvège eut besoin de s’appuyer sur des alliances pour contrebalancer l’influence des Allemands de la Hanse, fortement implantés à Bergen. Par le jeu de mariages dynastiques, elle eut en 1380 un roi également héritier du trône du Danemark. Ce fut le prélude à l’Union de Kalmar, qui réunit les trois royaumes scandinaves de 1397 à 1521. Une fois cette union dissoute, la Norvège resta possession danoise jusqu’en 1814, date à laquelle elle fut rattachée à la Suède de Bernadotte, en compensation de la perte de la Finlande, conquise par les Russes quelques années plus tôt. Il s’ensuivit une nouvelle période de sujétion, à l’autre voisin scandinave cette fois, et ce jusqu’en 1905. C’est à cette date que le pays retrouva sa pleine souveraineté, après plusieurs siècles d’assujettissement à des couronnes étrangères.

Longtemps considéré comme une lointaine province, le pays s’affirma au point de vue économique à partir du XVIIIe siècle, avec ses exportations de bois et de minerais. C’est à cette époque qu’il prit de plus en plus conscience de sa spécificité. Après le traité de Kiel, aux termes duquel la Norvège fut enlevée aux Danois, un fort mouvement de nationalisme prit naissance, s’exprimant entre autres dans les domaines linguistique et culturel. Il culmina près d’un siècle plus tard, au moment de la rupture de l’union avec la Suède. Alors qu’elle était au début du XXe siècle l’un des pays les plus pauvres d’Europe, la Norvège s’est hissée en quelques décennies au deuxième rang mondial quant au P.N.B. par habitant grâce à sa richesse en hydrocarbures, exploitée à partir des années 1970.

La longue présence de la social-démocratie au pouvoir, dès la période de l’entre-deux-guerres, a largement contribué à instaurer un État-providence dont les principes fondamentaux sont perçus comme des éléments essentiels du modèle de société norvégien, quelle que soit l’orientation politique du gouvernement en place. Après avoir servi de référence dans de nombreux pays au cours des années 1960, le « modèle scandinave » perdit une bonne partie de sa force d’attraction dans les décennies qui suivirent. À la fin des années 1980, on alla même parfois jusqu’à proclamer sa fin. Après quelques années de crise économique sérieuse, les pays scandinaves, la Norvège entre autres, ont toutefois apporté la preuve de la vitalité de leur société, à telle enseigne que leur réussite actuelle attire à nouveau l’attention de nombreux pays étrangers. Depuis le milieu des années 2000, l’économie norvégienne affiche des résultats exceptionnels en termes de croissance et d’emploi. Il serait toutefois illusoire de penser que la société norvégienne est exempte de difficultés : grave pénurie de main-d’œuvre, vieillissement de la population, perspective de l’épuisement progressif des réserves d’hydrocarbures, présence d’un grand nombre d’immigrés, qui bouscule la cohésion sociale et crée des tensions politiques importantes, dégradation des locaux consacrés aux activités scolaires, aux soins aux personnes âgées, aux bibliothèques, lacunes du système de santé, etc. Membre de l’Espace économique européen, mais pas de l’Union européenne, qui est pourtant son premier partenaire économique, la Norvège est aujourd’hui largement ouverte sur le monde. Même si elle prend soin de mettre en valeur son patrimoine culturel, elle s’est mise au diapason de la mondialisation et a su tirer profit de cette situation nouvelle.

Marc AUCHET

Si l’on se place dans une perspective nationaliste, on peut dire que le malheur de la littérature norvégienne provient, pendant longtemps, d’une série de confusions ou de collusions imputables à l’histoire : pendant le Moyen Âge, d’un point de vue littéraire, Norvège et Islande ne se distinguent guère et l’évidente suprématie islandaise inciterait à remettre dans l’ombre la part pourtant capitale qui revient à la Norvège ; après le passage sous la domination danoise, même relégation, compliquée d’un problème de langue, le mode d’expression dano-norvégien (riksmål) contrariant le développement d’un langage purement local (ou landsmål, appelé aujourd’hui nynorsk : néo-norvégien) que les chercheurs de l’âge romantique devront retrouver dans les chants populaires ou folkeviser. Ce n’est qu’à partir de 1850 que, l’évolution politique aidant, la Norvège entrera de plain-pied dans le chœur des grandes littératures européennes, et alors avec un éclat remarquable que disent les grands noms d’Ibsen, de Bjørnson, puis de Hamsun, de Undset, de Vesaas, ou encore de Jon Fosse.

Cela explique que les lettres norvégiennes soient, si souvent, si naturellement militantes : qu’elles réagissent contre la domination étrangère, dans le domaine linguistique en particulier, contre le puritanisme hérité d’un protestantisme rigide, ou qu’elles opposent les « deux cultures » dont elles sont nées – la danoise, urbaine, élégante et raffinée ; la populaire, rurale, réaliste et fruste –, il y a toujours quelque obstacle à vaincre pour les compatriotes d’Ibsen.

Et il se pourrait bien qu’en dernière analyse cet antagonisme tînt encore plus à de douloureuses contradictions internes qu’à des éléments extérieurs. Les effusions de l’âme et la tendance profonde au rêve, la tentation mystique et le goût de l’ineffable qui paralyse souvent l’expression ouverte, le poids du passé légendaire s’opposent généralement, ici, à un besoin d’action concrète impérieux et cassant, voire à un naturalisme raide qui ne dédaigne pas le système. Mais, outre un élan de générosité spontané qui rachète la tendance un peu lourde à trop de gravité dogmatique, ce conflit se résout très heureusement, comme si souvent sous les ciels du Nord, par une grande connivence avec la nature ; la montagne, le sapin, la mer, la neige exaltent le regard qu’ils dotent d’une dimension cosmique, tandis qu’ils enracinent toujours l’âme et le rêve dans quelque fond de fjord.

Régis BOYER

1. Cadre naturel et population

D’une superficie de 386 958 km2, dont 323 878 pour la Norvège proprement dite, le reste étant presque entièrement occupé par l’archipel polaire du Svalbard (Spitzberg), le pays a grossièrement la forme d’une spatule s’étirant sur 1 700 km, du nord au sud. Au nord, son manche s’allonge de part et d’autre du cercle polaire, large parfois de quelques kilomètres seulement, tandis que, plus au sud, elle se renfle et sa largeur peut atteindre plus de 400 km.

Presque entièrement montagneuse, la Norvège présente sa longue façade sur la mer du Nord où s’émiettent ses côtes ; le climat maritime tempère l’influence de la haute latitude, assure des précipitations abondantes qui entretiennent ses forêts, alimentent les usines hydroélectriques. Naturellement tournée vers la mer, elle en exploite les ressources (pêcheries) et possède une flotte marchande importante.

• Le relief

La Norvège est formée presque exclusivement de hautes terres ; si l’on excepte les environs d’Oslo, l’altitude est presque toujours supérieure à 500 m, avec des sommets dépassant 2 000 m (Galdhøppigen, dans le massif de Jotunheim). Il s’agit le plus souvent de hautes croupes, assez monotones, comme le Hardangervidda.

L’énorme masse montagneuse a été portée à ces hautes altitudes à l’époque tertiaire, après avoir été érodée, aplanie ; dressée au-dessus de la mer du Nord, elle fut profondément attaquée par les fleuves côtiers et c’est à ces morsures violentes de l’érosion qu’elle doit aujourd’hui la beauté de ses paysages ; l’abrupt littoral fut déchiqueté, tandis que d’étroites vallées l’échancraient.

Puis se sont formés les énormes glaciers quaternaires, rabotant les aspérités, recreusant les vallées en auges gigantesques. Quand ils fondirent, les océans s’enflèrent et malgré un lent resoulèvement du continent, la mer se faufila entre les rochers, multipliant les îles, les archipels côtiers (Lofoten, Vesterålen), qui semblent posés sur une banquette à fleur d’eau, le strandfladen ; elle s’insinua dans les vallées, les transformant en fjords et pénétra parfois sur plus de 100 km en longues digitations à l’intérieur des terres (fjords de Hardanger, Sogne, Trondheim). Aussi, la côte norvégienne ne compte pas moins de 20 000 km, quoique le tracé extérieur n’en mesure que 2 650.

• Le climat et la végétation

Le climat norvégien s’ordonne par rapport à la mer. L’influence maritime a été renforcée par le courant nord-atlantique qui longe la côte. C’est seulement dans la Norvège du Sud-Est que le climat offre des nuances plus continentales (à Oslo, moyenne de janvier : — 4,7 0C ; moyenne de juillet : 17,3 0C). La Norvège occidentale présente en revanche un climat entièrement maritime que modifie seulement l’altitude des massifs montagneux ; les isothermes courent du nord au sud sur 13 degrés de latitude presque parallèles à la côte ; en certaines contrées, sur le bord de la mer, hiver et été sont peu marqués (à Bergen, moyenne de janvier : 1,5 0C ; moyenne de juillet : 15 0C). Même à l’extrême nord, près du 70e degré de latitude, Tromsø sur la côte ne présente encore que — 4 0C comme moyenne du mois le plus froid (à peu près comme Oslo) avec 12 0C pour le mois le plus chaud ; cependant la latitude s’exprime par les nuits claires de l’été (soleil de minuit) et l’obscurité de l’hiver. Dès qu’on s’éloigne de la côte réapparaissent les contraintes de cette latitude. À Karasjok, sur le même parallèle que Tromsø, le thermomètre peut descendre en hiver à — 50 0C.

Le voisinage de la mer est responsable aussi des abondantes précipitations : plus de 2 m à Bergen, de 5 à 6 m en certains points de l’intérieur ; elles ne se font plus rares qu’au sud (740 mm à Oslo) et à l’extrême nord (340 mm à Karasjok). Assez bien réparties, elles ont un maximum d’été et tombent en hiver sous forme de neige. On compte quelques glaciers ; peu nombreux au nord où la mer est proche (Svartisen), on les trouve surtout au sud où le Jostedalsbre, avec les glaciers voisins, occupe plus de 800 km2.

Alimentés par ces précipitations, les cours d’eau ont un très fort débit ; les tributaires de la mer du Nord sont des torrents assez courts ; les seuls grands fleuves sont ceux qui s’écoulent vers le sud et le Skagerrak, comme l’Otta et le Glomma dont les vallées (Gudbrandsdal, Østerdal) sont largement ouvertes à la circulation. Le débit est maximal au moment de la fonte des neiges ; mais il est régularisé par les nombreux lacs (lac Mjøsa sur le Gudbrandsdal).

Favorisée par cette humidité, la végétation doit s’adapter aux conditions de température et de lumière.

Tout au nord, la toundra subarctique étale son tapis de mousses, de lichens, de bouleaux et de saules nains. Mais dans la plus grande partie de la Norvège dominent les forêts boréales. La végétation s’étage en altitude. Au-dessus de la côte venteuse, dépourvue d’arbres, c’est le vaste domaine des conifères (pins et sapins), puis ceux-ci cèdent la place aux bouleaux ; au-dessus encore commence la zone alpine, parsemée de cuvettes marécageuses, avec une végétation de mousses, de bruyères, de myrtilles qui s’éclaircit de plus en plus jusqu’à la zone enneigée, le fjell (ou fjeld). Au sud seulement, dans les plaines basses, mieux ensoleillées, on trouve des arbres à feuilles caduques (ormes, tilleuls).

La Norvège possède en Europe l’île Jan Mayen et surtout le Svalbard, un archipel voisin de l’océan Glacial Arctique, comprenant les îles du Spitzberg, où l’on exploite quelques mines de charbon, et la petite île aux Ours.

Georges CHABOT

• Une nette croissance démographique

En 2013, la Norvège comptait 5 051 000 habitants. La superficie couverte par les terres étant de 323 802 km2 (sans l’archipel du Svalbard ni l’île Jan Mayen), la densité de la population était de 15,6 habitants/km2, soit l’une des plus faibles d’Europe, juste après l’Islande. Il faut noter toutefois que 80 p. 100 de la population habitent dans des agglomérations et que, à l’exception des trois districts (fylker