Nouvelles du Maroc - Collectif - E-Book

Nouvelles du Maroc E-Book

Collectif

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Beschreibung

À la découverte des traditions et de la culture du Maroc.

A l'extrême ouest du Maghreb, tête de pont vers les Amériques, point de passage vers l'Europe par le détroit de Gibraltar, le Maroc est un carrefour d'influences unique au monde où se mélangent modernité et traditions. Son ancrage dans la civilisation arabo-musulmane est total et les splendeurs de son patrimoine sont restées intactes. Mais, ni plus ni moins que dans d'autres pays de la rive sud de la Méditerranée, le "printemps arabe", qui débuta avec le geste désespéré d'un jeune Tunisien, résonne ici aussi dans toutes les têtes. Si ces révolutions ont un visage, c'est celui de la jeunesse. Et avec le surgissement de cette brûlante soif de liberté, la liberté de penser et d'écrire s'est également manifestée, comme en attestent les textes pour certains très étonnants de ce recueil. Ils sont l'expression incontestable d'un moment historique, revendiqué par de jeunes écrivains, hommes et femmes, qui s'expriment haut et fort, parfois avec des mots crus, sur le sexe, la drogue, la religion, la violence politique, la situation des femmes : tout ce qui pouvait être tabou jusqu'ici. Ce recueil s'inscrit plus que jamais dans l'actualité et démontre que la littérature peut dire autrement le monde qui change.

Laissez-vous emporter dans un formidable voyage grâce aux nouvelles marocaines de la collection Miniatures !

À PROPOS DES ÉDITIONS

Créées en 1999, les éditions Magellan & Cie souhaitent donner la parole aux écrivains-voyageurs de toutes les époques.

Marco Polo, Christophe Colomb, Pierre Loti ou Gérard de Nerval, explorateurs pour les uns, auteurs romantiques pour les autres, dévoilent des terres lointaines et moins lointaines. Des confins de l’Amérique latine à la Chine en passant par la Turquie, les quatre coins du monde connu sont explorés.

À ces voix des siècles passés s’associent des auteurs contemporains, maliens, libanais ou corses, et les coups de crayon de carnettistes résolument modernes et audacieux qui expriment et interrogent l’altérité.

EXTRAIT

Dans la sourate de Marie, Zacharie, bien avancé en âge et soucieux de la continuité de l’héritage prophétique, implore Dieu de lui accorder un descendant mâle. Pour souligner l’urgence de la venue au monde de cet héritier, et inciter Dieu à opérer au plus vite le miracle, il fait état de sa vieillesse et des disgrâces qui lui sont liées. Parmi celles-ci, sa tête « allumée de blancheur ». Ce feu blanc prenant naissance et s’étendant dans une chevelure, perçu par le prophète comme une disgrâce, sera au contraire magnifié et chanté par un poète qui viendra bien des siècles après lui :
On dit que les cheveux blancs inspirent le respect,
Les miens, nullement, Dieu en soit loué.

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Avant-propos

À l’extrême ouest du Maghreb, tête de pont vers les Amériques, point de passage vers l’Europe par le détroit de Gibraltar, le Maroc, l’ancienne Maurétanie, est a priori le moins oriental des pays arabes. Historiquement et géographiquement, avoir un pied dans la mer Méditerranée et l’autre dans l’océan Atlantique en fait un carrefour d’influences unique au monde.

Modernité et traditions, telles sont les tentations de ce pays attachant. Casablanca la trépidante ou Tanger la langoureuse disent à quel point le Maroc est et a été de tout temps inscrit dans la modernité. Néanmoins, son ancrage dans la civilisation arabo-musulmane est total. Les splendeurs de son patrimoine sont intactes, comme l’attestent les villes impériales de Marrakech, Fès et Meknes ; et ses spécificités maghrébines, avec l’héritage ethnico-culturel berbère en particulier, demeurent fortes.

Le Maroc, ni plus ni moins que d’autres pays issus de cette culture, vit à sa façon le « Printemps arabe » qui débuta avec le geste désespéré du jeune Tunisien, Mohamed Bouazizi, le 17 décembre 2010, son immolation par le feu, et sa mort deux semaines plus tard. Ce sacrifice et ses causes résonnent encore dans toutes les têtes. L’indignation qui s’ensuivit galvanisa toute une jeunesse de Damas à Casablanca, du Caire à Sana’a ou Tripoli, qui s’éleva contre les régimes despotiques en place. Le Maroc ne pouvait pas être en reste. Si ces révolutions ont un visage, c’est celui de la jeunesse. Avec la brûlante soif de liberté de vivre qui a surgi un peu partout, c’est la liberté de penser et d’écrire qui s’est également manifestée.

Au moment de commencer à travailler sur ce « Miniatures Maroc », le « Printemps arabe » n’avait pas encore commencé. Avec l’aide du romancier marocain vivant à Paris Abdellah Taïa, nous avons tenté de saisir ce moment historique en faisant appel à de jeunes écrivains marocains, hommes et femmes, portés par ce vent de revendications. Ils s’expriment haut et fort ici, parfois avec des mots crus. Ils cherchent à secouer la chape de plomb qui recouvrait en partie la création littéraire et reflétait peut-être un certain conformisme. Le sexe, la drogue, la religion, la violence politique, la situation des femmes : tout ce qui pouvait être tabou est ici librement évoqué. Un parmi ces jeunes écrivains, le courageux Karim Boukhari, est directeur du magazine d’actualités et d’idées TelQuel. Aux côtés d’Abdellah Taïa, lauréat du prix de Flore 2010 avec Le Jour du roi, Abdelaziz Errachidi, Fadwa Islah, Zineb El Rhazoui nous offrent de brûlantes fictions, à l’ombre d’un maître à redécouvrir, Mohamed Leftah, visionnaire des bouleversements à venir.

Cette nouvelle livraison de la collection « Miniatures » s’inscrit plus que jamais dans l’actualité internationale et démontre que la littérature peut dire autrement le monde qui change.

Pierre ASTIER

L’OUBLI D’ABU NUWAS

par Mohamed Leftah

I

Dans la sourate de Marie, Zacharie, bien avancé en âge et soucieux de la continuité de l’héritage prophétique, implore Dieu de lui accorder un descendant mâle. Pour souligner l’urgence de la venue au monde de cet héritier, et inciter Dieu à opérer au plus vite le miracle, il fait état de sa vieillesse et des disgrâces qui lui sont liées. Parmi celles-ci, sa tête « allumée de blancheur ».

Ce feu blanc prenant naissance et s’étendant dans une chevelure, perçu par le prophète comme une disgrâce, sera au contraire magnifié et chanté par un poète qui viendra bien des siècles après lui :

On dit que les cheveux blancs inspirent le respect, Les miens, nullement, Dieu en soit loué.

Abu Nuwas, puisque c’est lui le poète dont il s’agit, avait de longs cheveux bouclés. Il tenait peut-être cela de sa mère, une femme de l’Ahwaz iranien où il était né, vers le mitan de ce siècle d’or de la civilisation arabe, le VIIIe, qui restera lié au nom du calife abbasside Haroun Rachid.

Ces longs cheveux bouclés, où avaient folâtré les doigts effilés de tant de courtisanes, et surtout de maints éphèbes, pouvaient bien blanchir, ils continuaient à inviter aux mêmes jeux libertins. L’homme sur les épaules duquel ils retombaient, avait découvert une grande vérité. Le désir, au crépuscule d’une vie, avant de s’éteindre, tel un astre, peut flamboyer encore d’un intense et fulgurant éclat.

Abu Nuwas donc, qui fut sa vie durant irrespectueux de tant de codes et de convenances, écrivit ces vers où il exprimait sa joie que ses cheveux, devenus blancs, n’inspirassent point de respect. Ce respect qui n’était qu’un déni du désir de celui auquel il était destiné, et Abu Nuwas était tout entier un être de désir.

Même quand il imagine sa mort, il la place sous le signe de ce qui fut pour lui l’une des sources pérennes de son plaisir et de sa joie :

Mes amis, enterrez-moi près d’une taverne…

La Vie, le Vin, le Vent : c’est ce titre, mélodieux et tout en légèreté, qu’a choisi Vincent-Mansour Monteil pour un recueil de poèmes choisis de celui qui chanta sa vie durant la chasse, le vin et les éphèbes.

Des pans entiers de la vie d’Abu Nuwas restent pour nous plongés dans la pénombre, et les dates de sa naissance et de sa mort sont incertaines. Parmi les faits établis : il faisait partie du cénacle littéraire de Haroun Rachid, fut le précepteur et l’ami d’un des fils de ce dernier, Al Amine, connut par deux fois la prison à cause de ses frasques, s’exila au Caire quand la disgrâce de ses protecteurs, les puissants vizirs barmakides, entraîna la sienne, revint à nouveau à Bagdad quand Al Amine devint Calife. La destitution de ce dernier par son frère Al Mamoun, entraîna une nouvelle disgrâce d’Abu Nuwas dont on perd alors la trace.

Abu Nuwas ne s’est jamais soucié du sort de ses poèmes, comme s’il les considérait, à l’instar des instants fugitifs et uniques du plaisir, comme des roses éphémères dont on s’enivre du parfum un moment, pour courir tout de suite après vers d’autres jardins, de nouvelles cueillettes. De la trace de son exil au Caire, nous ne disposons que de ces vers décrivant un moment magique passé avec un adolescent copte :

Il me servit de l’eau claire et pure du Nil, coupée avec du vin des vignobles d’Assyoût, connu pour son odeur, sa couleur et son goût et qui, dans la bouteille, luit comme de l’huile. Quant au garçon, je l’ai pris tout seul dans un coin, pour mon plaisir, Et je lui chantai des poèmes.

Dans le parcours biographique d’Abou Nuwas, dont une bonne partie est plongée dans l’ombre, deux rencontres décisives émergent. Celles qui allaient le conduire à devenir l’un des premiers et plus grands rénovateurs de l’art poétique arabe.

II

Au siècle où vécut Abu Nuwas, la poésie antéislamique était encore parée de tous les prestiges et considérée comme le modèle insurpassable. Tout aspirant poète devait s’en imprégner et, pour ce, il lui fallait se familiariser avec le lexique et les images des poètes du désert. Il recourait alors aux gardiens fidèles du précieux legs, les Bédouins. Soit dans leur berceau même, le désert d’Arabie, soit dans ces villes cosmopolites qu’étaient devenues Koufa et Basra, où certains d’entre eux s’étaient installés.

Abu Nuwas ne dérogea pas à la règle. Suivant le conseil de son premier mentor, le poète Waliba ibn al Hoûbab, il fit le pèlerinage à Koufa, pour entendre de la bouche des Bédouins un accent arabe pur, des mots inaltérés, et d’autres rares et précieux dont les citadins ne comprenaient plus le sens.

Mais le conseil que donna Waliba à Abu Nuwas, tout autre poète eût pu le lui donner, et lui-même était par ailleurs convaincu de la nécessité de vivre un certain temps aux côtés des prestigieux gardiens du temple.

Autrement plus déterminante fut la vie que partagea Abu Nuwas, durant presque deux ans, avec Waliba. Cet aîné fut pour lui, tout à la fois, comme eussent dit les anciens Grecs, un éraste et un éromène. L’initiation poétique se doublait d’une initiation érotique. C’est un jeune homme transfiguré par cette expérience qui quitta Waliba et alla à la rencontre obligée des gardiens austères du temple.

La seconde rencontre décisive d’Abu Nuwas, est celle d’un autre poète, Khalaf al Ahmar. Quand le cadet fit part à cet aîné de son désir de devenir poète, celui-ci lui répondit :

– Va apprendre mille poèmes par cœur, et reviens me voir.

La demande n’effraya nullement Abu Nuwas. Il avait déjà effectué son pèlerinage à Koufa, et sa mémoire était bruissante de milliers de vers. Il lui fallut à peine une saison pour, dans cet archipel poétique où il se mouvait, choisir un millier d’îlots, les explorer à fond et en garder une image indélébile. Khalaf al Ahmar, qui était pourtant un anthologiste doté d’une mémoire phénoménale, ne manqua pas d’être surpris par la réapparition, si rapide, de ce jeune homme aux longs cheveux bouclés et aux manières raffinées.

La surprise d’Abu Nuwas fut plus grande encore, car, lorsqu’il annonça à son maître qu’il avait appris par cœur mille poèmes comme il le lui avait demandé, ce dernier lui répliqua immédiatement :

– Maintenant, entraîne-toi pour les oublier.

– Je tâcherai, balbutia Abu Nuwas sans grande conviction, je tâcherai…

C’est lorsqu’il sera devenu un poète célèbre et reconnu, y compris par ceux qui condamnaient ses mœurs, qu’Abu Nuwas comprit la profonde vérité de ce qu’avait exigé de lui, et qui semblait antinomique, Khalaf al Ahmar.

On ne crée pas dans une langue et la tradition culturelle qui lui est liée, sans avoir au préalable assimilé parfaitement celles-ci. D’un autre côté, la création, la vraie, l’innovante, ne peut se faire que sur un fond d’oubli.

Mais cet Art de l’oubli, que pratiqua avec tant de bonheur Abu Nuwas, ne lui survécut pas. La mémoire du désert, dont il s’était libéré, allait tôt faire de reprendre ses droits et de régner pour longtemps.

Jusqu’à aujourd’hui ; et plus que jamais, aujourd’hui.

Sur tous les plans, le désert, au sens concret aussi bien que métaphorique, rampe implacablement sur la cité islamique qui, si elle n’a pas oublié le nom d’Abu Nuwas et demeure encore sensible à la beauté et la grâce de ses vers, demeure complètement imperméable à la disposition mentale qui a permis leur éclosion.

III

Après avoir rédigé ces notes, qui allaient lui servir de canevas pour la conférence qu’il allait donner le lendemain à la faculté de lettres de Casablanca, le professeur de littérature arabe classique posa son stylo et, la tête relevée, le regard perdu dans le vague, demeura longtemps songeur. Depuis une semaine qu’il vivait en compagnie du poète bachique et libertin, il se sentait si léger, comme dans un état d’apesanteur qui lui procurait une sensation d’ivresse. Plusieurs fois, il avait voulu concrétiser pour de bon cette sensation, mais avait résisté jusque-là à la tentation de déboucher la bouteille de whisky qui reposait sur l’une des étagères d’un mini-bar. Il lui semblait que ce faisant, et en buvant sans compagnon partageant avec lui ce plaisir, il trahirait en quelque sorte le poète sur lequel il était en train d’écrire. La cérémonie bachique pouvait-elle être autrement que conviviale ?

Sers-moi du vin, et que ce ne soit pas en silence, mais proclame hautement, en me le versant :

C’est bien le divin nectar !

Dans d’autres vers, Abu Nuwas n’exige pas de son compagnon de vin, en l’occurrence plutôt sa compagne, de parler. Les yeux de celle-ci ne délivrent-ils pas, à eux seuls, paroles aussi enivrantes que la coupe qu’elle tend ?

De ses mains elle te sert une coupe de vin,

de ses yeux une autre coupe,

à une double ivresse tu es condamné.

Le professeur se leva et se dirigea vers le mini-bar. Après la joie double de la lecture et de l’écriture, une immense lassitude, un sentiment oppressant de vide, avaient soudain fondu sur lui.

Cette vie monacale qu’il menait, en compagnie d’une cohorte d’auteurs pour la plupart morts et de personnages imaginaires, qui étaient néanmoins pour lui plus réels et vivants que ses contemporains, cette vie se justifiait-elle ?

Il but, sec et d’un seul trait, la dose de whisky qu’il avait fini par se servir. La chaleur revigorante qui coula dans ses veines dissipa en un instant la lassitude et l’oppression qui venaient de l’étreindre. « Oui », murmura-t-il entre ses lèvres, à lui-même, en réponse à la question de savoir si la littérature pouvait justifier, ou tout au moins adoucir, le caractère éphémère et tragique de la vie. Un deuxième verre dissipa entièrement ses doutes. Il regagna son bureau et se mit à relire les notes qu’il avait consignées. Il allait les développer le lendemain, devant une jeunesse estudiantine, citadine, libertine.

Cette jeunesse rêvée fit sourire, d’un sourire amer, le professeur d’adab1. Ils avaient subi une étrange métamorphose, ces jeunes étudiants qui devaient être, en principe, les mieux à même de comprendre ce premier « moderne » que fut Abu Nuwas.

La triste réalité, c’est que, plus vraisemblablement, ces étudiants, dont la plupart étaient barbus, darderaient sur lui des regards de braise, et l’écouteraient dans un silence de mort. Assisteraient-ils seulement à sa conférence ? Plût au ciel, plutôt, que ces nouveaux gardiens du temple se contentassent seulement de l’ignorer et ne la fassent pas capoter, leurs poings levés et leurs voix clamant en chœur des slogans vengeurs.

Avant que se levât le jour où le professeur d’adab allait prononcer une conférence risquée, les jeunes gardiens du temple qu’il redoutait s’invitèrent dans son sommeil. Tels qu’il les avait imaginés. Barbus, les yeux comme chavirés, hurlant des slogans vindicatifs. Après avoir saccagé le mini-bar, ils déchirèrent les feuillets posés sur le bureau, puis passèrent aux livres traitant de la vie et de l’œuvre du poète transgresseur.

Au milieu de ce bruit et de cette fureur, le professeur vit soudain luire un sourire. L’homme aux longs cheveux bouclés lui faisait un signe lui signifiant de ne pas s’inquiéter. Puis, s’approchant de lui, il lui dit d’une voix amicale :

– Ne t’en fais pas, moi aussi j’ai vécu pareille mésaventure. Je l’ai d’ailleurs, si mes souvenirs sont bons, consignée dans des vers. Les connais-tu ?

– J’avoue que non, cher poète, répondit le professeur dans son sommeil.

– Alors, écoute.

Et le visiteur nocturne, après avoir pris une bonne rasade de whisky, à partir de la bouteille dont le contenu s’était miraculeusement reconstitué, récita :

Vin clairet de jarre,

Soleil de nuit noire,

Larme à la paupière

Vin du paradis !

Au soleil d’antan,

D’un jaune safran,

Pupille persan,

Qu’en geôle on a mis !

J’ai vu un barbare

Venu d’un village.

Il frappa la jarre

D’un seul coup s’y prit.

Au réveil, ces vers, qui avaient dissipé le cauchemar de la nuit, murmuraient encore aux oreilles du professeur. Il se leva d’un seul élan de son lit. Il n’éprouvait plus d’appréhension à la perspective d’un face-à-face maintenant tout proche.

Comme si le visiteur de la nuit l’eût muni d’un viatique.

1 : Le terme d’adab s’applique à l’éducation culturelle et intellectuelle au sens de l’attitude, du comportement et des capacités de « l’honnête homme ». (N.d.É.)

L’HOMME BLESSÉ

par Abdellah Taïa