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Nous avons rédigé cette cette histoire de la "Dissidence" aux Antilles pendant la 2ème Guerre mondiale pour les jeunes d'Outremer et de la France métropolitaine. Nous l'avons découpée en 3 grandes parties : La 1ère nous permet de faire connaissance avec une famille antillaise avec ses traditions, ses joies et ses peines quelques jours avant la déclaration de guerre. La 2ème partie nous plongera dans les conséquence de cette guerre bien lointaine mais si prégnante pour la population ultramarine qui subira la mise au pas de l'Amiral Robert, homme lige du Maréchal Pétain La 3ème et dernière partie mettra à l'honneur ces combattants engagés pour défendre la Mère-Patrie plus connus sous le nom de "Dissidents".
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1 V2 après relecture
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A tous les enfants de l’hexagone et des outre-mer, A leurs parents, grands-parents, voire arrières grands parents qui leur ont parlé de l’histoire de la dissidence aux Antilles
Merci à Jacqueline Abysique 2 de m’avoir aimablement autorisé à reproduire plusieurs de ses œuvres pour agrémenter la plupart des illustrations de cet ouvrage.
2Jacqueline est une artiste originaire de la Martinique qui s’exprime avec talent dans toutes les techniques de la représentation graphique (Acrylique, huile, fusain …) .
AVANT –– PROPOS
Première Partie
Chapitre 1 - La famille
Ophélie
Adrien, mon père
Gerty, ma marraine
Mon baptême
Ma Première Communion
Ma « Profession de Foi »
Chapitre 2 - Biguine, valse et mazurka
Les fêtes de Noël
Le Jour de l'An
Le carnaval
Pâques
Chapitre 3 - Ernest, mon amoureux
La noce
Chapitre 4 - C’est la guerre !
Chapitre 5 - Paulo, le petit voisin
Chapitre 6 – Une famille courageuse
Dossier annexe
Deuxième Partie
Chapitre 1 - C’est la guerre !
Chapitre 2 - L’Arrivée de l’Amiral Robert
La défaite
La réaction des Antillais
Chapitre 3 - La mise au pas
Le régime de Vichy
La propagande vichyste
La Guerre était arrivée chez nous !
Chapitre 4 - L’or de la Banque de France
Chapitre 5 - « La lutte pour la vie »
Chapitre 6 - C’est la famine !
Les premières réactions
Chapitre 7 - La colère gronde
Chapitre 8 - Les premières oppositions
Chapitre 9 - La résistance
Dossier annexe
Troisième Partie
Chapitre 1 - Le départ de vers Sainte-Lucie
Chapitre 2 - En route vers les Etats unis
Chapitre 3 - La révolte de Balata
Chapitre 4 - La fuite de « l’Ami Roro »
Chapitre 5 – Le BMA1
Chapitre 6 – Le BMA5
Chapitre 7 - L’embarquement pour la Campagne d’Italie puis la Campagne de France
Chapitre 8 - Nantes, en attendant le rapatriement
Chapitre 9 – Le retour au pays
Chapitre 10 – L’amorce de nouveaux combats
Conclusion d’Ophélie
Dossier annexe
Refrain
C’est l’histoire de grandes personnes
qui se sont battues pour nous,
C’est l’histoire de grands hommes
qui se sont battus pour la liberté de notre pays.
Nous sommes là pour raconter la souffrance
qu’ils ont tous endurée :
Fuir l’Amiral Robert pour rejoindre le Général de
Gaulle
Cette chanson introductive résume l’objet de cet ouvrage consacré à cette page méconnue de l’histoire de France.
Nous avons rédigé cette histoire de la dissidence aux Antilles pendant la 2ème Guerre mondiale pour les jeunes d’Outre mer et de la France métropolitaine
Nous l’avons découpée en 3 grandes parties.
La première nous permet de faire connaissance avec une famille antillaise avec ses traditions, ses joies et ses peines, quelques jours avant la déclaration de guerre.
La deuxième partie nous plongera dans les conséquences de cette guerre bien lointaine mais si prégnante pour la population ultramarine qui subira la mise au pas de l’Amiral Robert, homme lige du Maréchal Pétain
La troisième et dernière partie mettra à l’honneur ces combattants engagés pour défendre la « Mère-patrie » plus connus sous le nom de « dissidents ».
Tout au long de ces trois parties nous suivrons la famille d’Ophélie et de ses proches au pays de l’Ile aux fleurs symbolisée par ce magnifique colibri peint par Jacqueline à qui nous devons les principales illustrations de cette ouvrage.
3 Auteur-compositeur, interprète : Mickaël Dangeros, alias « Dang-E ». (Intégralité de la chanson en pièce jointe)
Ophélie,
Le père Adrien,
Ernest, l’amoureux,
Séraphine, la sœur rebelle et ses frères Martial et Lucien
Gerty, la marraine,
Paulo et Suzon, les cousins.
Lorsque je n’étais pas occupée par les tâches ménagères, aux côtés de ma belle-mère Hortense, la seconde épouse de mon père,
Lorsque je n’étais pas retenue pour garder mes jeunes frères et sœurs,
Lorsque je ne partais pas dans les champs couper de l’herbe pour les animaux, ramasser l’igname ou cueillir le fruit à pain,
Lorsque j’avais terminé de soigner les animaux de la ferme, les bœufs que j’allais attacher à un piquet le long des chemins, les poules qui nous donnaient quelques œufs et quelques vieux coqs qui finissaient la plupart du temps dans une cocotte remplie d’une bonne rasade de vin, d’un bouquet garni et de cives, ces fameux coqs au vin que je cuisinais avec ma belle-mère pour toute la famille,
Je partais ..., je partais, de bon matin sur le vélo que m’avait laissé mon grand-père.
Je partais des Trois Ilets où je vivais avec mon père, sa nouvelle épouse et mes nombreux frères et sœurs,
Je partais sur la Route des Anses. Cette route qui fait le tour de la presqu’île du Diamant, ponctuée de baies, de petites criques et de plages.
Cette route qui relie Rivière-Salée à Sainte-Luce en traversant les Trois-Îlets, les Anses-d’Arlet et le Diamant.
Tout au long du trajet, entre végétation luxuriante et côtes escarpées plongeant dans les eaux limpides de la mer des Caraïbes,
Je rêvais …
Je me projetais dans un monde merveilleux émaillé de belles rencontres et d’aventures exceptionnelles. Et, face à l’océan infini, je m’envolais par la pensée vers des contrées lointaines avec, comme décor, à l’horizon, le fameux rocher en forme de diamant.
Je m’attardais sur la longue plage paradisiaque qui s’étend sur près de trois kilomètres avec son sable fin et blanc et ses nombreux cocotiers inclinés face à la grande bleue.
J’apercevais au loin la Maison du Bagnard, cette toute petite maison colorée de deux pièces que j’ai visitée plusieurs fois pour découvrir l’histoire de ce fameux bagnard, Médard Aribot, ce sculpteur martiniquais qui avait été condamné en 1933 au bagne de Guyane à perpétuité, officiellement pour des maraudages et des vols mais d’après la population, parce qu’il aurait sculpté le buste du Colonel Coppens4 huit ans plus tôt.
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Je revoyais tous ces moments de fête qui rythmaient mon enfance, entourée de ma famille et de mes petits camarades du quartier.
Je me revoyais dans ma belle robe blanche et mes souliers vernis partant à la messe ou chez
des amis de la famille pour un mariage ou un baptême.
Je pensais bien sûr à mes parents, à ma maman, à tous mes frères et sœurs et bien sûr à Adrien, mon père, à Gerty, ma marraine et tous ceux que je rencontrai au hasard des fêtes auxquelles je participais.
4 Maurice de Coppens, patron de sucrerie au Diamant est connu pour avoir, en 1925, fait tirer dans la foule.
J’étais très proche de mon père, Adrien. J’étais le seul enfant que lui avait donné sa première épouse décédée très jeune depuis quelques années.
Nous partagions de longs moments de complicité.
Il me parlait de maman qui était partie, épuisée, quelques mois après ma naissance
Il me parlait de la France, de la « Métropole » d’où arrivaient les outils, les denrées alimentaires, les vêtements mais aussi les fonctionnaires qui tentaient de faire appliquer les lointaines directives de la République française.
Il me parlait des îles sœurs de la Caraïbe d’où arrivaient bijoux et étoffes.
Il me parlait de l’histoire de ses ancêtres, bien sûr de l’esclavage et des actes de résistance menés par les populations asservies.
Il me parlait de ses difficultés à faire vivre sa nombreuse famille avec le petit lopin de terre dont il avait hérité de ses ancêtres5.
Il me parlait enfin de politique en commentant les articles du « Le Cri du peuple », magazine hebdomadaire communiste.
Il me parlait d’André Aliker, ce militant communiste qui, quelques années plus tôt, avait été retrouvé mort ligoté. Il me disait combien cette mort avait été un détonateur pour le mouvement ouvrier en Martinique. Il était représentatif de cette génération de citoyens engagés issus de famille d’ouvriers agricoles. Mon père le citait en exemple car, durant la Première Guerre mondiale il n’avait pas hésité à se porter volontaire. Sa citation à l'ordre du régiment souligne : « modèle parfait de dévouement et de courage. Toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses au cours desquelles il entraîne ses hommes par son allant, son mépris du danger ». Plus tard il se passionna pour le journalisme, y voyant un moyen de dénoncer la situation sociale des ouvriers agricoles. Il devint rédacteur en chef, correcteur et diffuseur du journal Justice, l’organe de presse du Parti communiste en Martinique. Mon père considérait André Aliker comme l’exemple à suivre pour tous ses compatriotes.
J’étais parfois plus mélancolique en pensant à tous ceux qui étaient partis trop tôt et que je ne reverrai plus et plus particulièrement à maman et à mes grands-parents trop tôt disparus.
Je me souvenais des veillées organisées en leur mémoire où je participais avec les voisines malgré mon jeune âge à la préparation de la grosse soupe traditionnelle destinée à tous ceux qui passaient la nuit aux côtés de la famille.
5 En effet, de 1848 à 1875, des portions de terre avaient été vendues, ce qui permit à plusieurs milliers de « nouveaux libres » d’accéder à la propriété sur ces terres.
Dans mes pensées, ma marraine tenait également une grande place.
Elle était toujours là lorsque j’avais des soucis ou que j’avais besoin d’un conseil. Son expérience m’était précieuse. Elle tenait en fait le rôle d’une maman dont toute jeune fille a besoin dans les périodes délicates pour son intimité.
Nous écoutions ensemble sur son vieux phono les airs à la mode. Elle aimait particulièrement Léona Gabriel, la célèbre chanteuse de biguine antillaise et sa chanson vedette « A si Paré 6 » qui disait :
Il parait que je ne suis plus belle
Il parait que tu veux me quitter
Il parait que je t'ai fait quelque chose
Depuis 2 mois tu me négliges
Mais cependant j'ai toujours travaillé
Pour te donner tout ce que tu voulais
Et aujourd'hui que tu es un "gros monsieur"
Tu me quittes pour une canaille
Allez Monsieur
Ce que tu as fait ne va pas te porter bonheur
Allez ingrat
L'enfant je vais le soigner pour toi
Allez méchant
Le loyer je vais le payer pour toi
Je suis créole j'ai du courage
Je veux te voir ici à Fort-De-France ;
Tu peux partir si c'est ton idée
Tu peux aller avec celle que tu aimes
Prends ta valise prends ton bleu de travail
Mais ne touche pas le beau complet gris.
Nous les femmes,
Hélas nous savons que la vie
Est toujours remplie de mensonges
Et vous les hommes
C’est comme ça que vous êtes
Les femmes honnêtes
Sont toujours mal récompensées.
Marraine voulait ainsi me sensibiliser aux aléas de la vie et me mettre en garde contre les hommes. Je l’écoutais mais je me disais que je ferai comme toute les autres et me laisserais certainement séduire par tel ou tel beau garçon.
Nous écoutions également Joséphine Baker et ses « deux amours » :
On dit qu'au-delà des mers
Là-bas sous le ciel clair
Il existe une cité au séjour enchanté
Et sous les grands arbres noirs
Chaque soir vers elle s'en va tout mon espoir
J'ai deux amours mon pays et Paris
Par eux toujours mon cœur est ravi
Ma savane est belle mais à quoi bon le nier
Ce qui m'ensorcelle c'est Paris, Paris tout entier
Le voir un jour c'est mon rêve joli
J'ai deux amours mon pays et Paris
Quand sur la rive parfois au lointain j'aperçois
Un paquebot qui s'en va vers lui je tends les bras
Et le cœur battant d'émoi à mi-voix