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L’histoire d’Agathe et de Constant soulève la question de la suprématie entre le cerveau et le sexe. Malgré les impulsions de son cœur, Constant avait fini par se résigner, laissant sa raison l’emporter sur ses émotions. Néanmoins, il ne put s’empêcher d’envoyer à Agathe une nouvelle fois la chanson de Viktor Laszlo, ravivant ainsi une vieille blessure qui lui avait été infligée quelques mois auparavant. Ce livre met en évidence toute la dualité des sentiments amoureux qui peuvent être « pluriels ».
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Marie Borderies est auteur de plusieurs ouvrages biographiques relatant les parcours de personnages qui ont marqué sa jeunesse. Il nous transporte aujourd’hui dans un autre monde fait d’amour et de haine où s’affrontent en permanence le cœur et la raison.
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Jean-Marie Borderies
Fermer les volets
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jean-Marie Borderies
ISBN : 979-10-422-1414-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce tableau symbolise l’amour fusionnel entre deux êtres que rien ne pourra séparer, quels que soient les aléas de leur longue existence.
Merci à Patricia Vidal1 de m’avoir aimablement autorisé à reproduire pour la seconde fois2 une de ses œuvres pour illustrer la couverture de cet ouvrage.
Tout roman comporte une part de « Réalité inventée3 ».
Celui-ci n’échappe pas à la règle et bien sûr quelques faits qui peuvent vous sembler réels ont pu se glisser de-ci de-là.
Mais je vous prie de croire que toute ressemblance avec des situations ou des personnages ayant existé ne pourrait être que le fruit d’un hasard malicieux.
À toutes les filles
Que j’ai aimées avant
Qui sont devenues femmes maintenant
À leurs volcans de larmes
À leurs torrents de charme4 .
***
La nuit venait de tomber sur la campagne briarde.
Constant roulait à vive allure en direction du sud.
Il venait de traverser la forêt de Fontainebleau, sombre et lugubre.
Il avait croisé une harde de sangliers fouissant dans les fossés qui longent la route à la recherche d’un peu d’eau et de quelques glands.
Il était arrivé à Nemours, laissé son château médiéval sur sa droite puis, longeant le Loing, il avait atteint Souppes-sur-Loing, Dordives, pour parvenir à Montargis et son église de la Madeleine restaurée par le célèbre architecte Eugène Viollet le Duc.
Il lui restait encore beaucoup de chemin à parcourir pour retrouver au petit matin sa chère Occitanie.
Nostalgique de sa vie d’avant, dans son Sud-ouest natal, il poursuivait sa route tout en écoutant la radio quand soudain il fut interpellé par les paroles de cette chanson inoubliable de Viktor Lazlo :
« Le canoë rose 5 ».
Cette chanson, en tête de tous les hit-parades à la fin des années 80, réveilla tout à coup en lui une histoire vieille de près de quarante ans.
Il se souvenait encore du refrain qu’il reprenait en boucle avec celle qu’il espérait retrouver un jour :
« Fermer les volets
Et ne plus changer l’eau des fleurs »
Il stoppa net son véhicule et se gara sur le bas-côté pour poursuivre sereinement l’écoute de la chanson.
Des larmes se mirent à couler sur ses joues tandis que la chanteuse poursuivait :
« Pleurer plus que le saule
Plonger sous les draps
Et ne plus jamais remonter ».
Bouleversé, il n’eut pas le courage de reprendre la route. Il s’assoupit le nez sur le volant comme frappé d’une soudaine attaque de léthargie.
Ce n’est qu’au bout d’un long moment qu’il reprit conscience, se réveillant en sursaut, transpirant de tous ses pores.
Il venait de faire un rêve bizarre :
Il s’était retrouvé aux côtés d’un personnage étrange, apparemment jeune, une espèce d’ectoplasme vaporeux qui se lovait contre lui puis disparaissait et revenait sans cesse pour provoquer ses émois, tentant tour à tour de le poignarder puis se collant à nouveau pour l’étreindre jusqu’à l’étouffer.
***
Il se revit tout à coup avec Agathe dans cette petite chambre aux persiennes closes qui ne laissaient passer que quelques rais de lumière.
Petit à petit, des souvenirs commencèrent à refaire surface comme les bulles de méthane qui remontent de la vase croupie d’une mare aux canards.
***
Il se souvint alors du poème d’un ami parti trop tôt qui lui avait confié une partie de ses œuvres :
Chagrin d’amour
Le cœur a ses raisons qu’ignore la raison.
Tu fus mon astre, ma lune, mon soleil, mon étoile
Et tes bras qui m’enlacent me servant de maison
Nous écrivions l’histoire, nous peignions une toile.
Au fin fond de ce monde, sans avoir ton avis,
Je t’y aurais suivi pour goûter l’horizon
Des bonheurs infinis et te donner ma vie
En écoutant lascive toute ton oraison.
Pourquoi si dure la vie alors qu’il suffirait
D’un petit rien du tout, un sourire complice,
Une main qui se frôle, tout simplement délice
Un seul oui de tes lèvres où tu irais j’irais.
Le hasard est mesquin, peu importe la saison,
Le cœur a ses raisons qu’ignore la raison.
***
Constant décida alors de faire demi-tour et de coucher sur le papier son exceptionnelle histoire d’amour où s’affrontent en permanence le cœur et la raison.
Il nous amène dans une étrange arène où se succèdent les pires transgressions comme les plus beaux sentiments sans arbitrer sur le vainqueur du combat que se livrent le sexe et le cerveau.
Cet amour fut-il « éternel » et pas « artificiel » pour reprendre les qualificatifs de Gaëtan Roussel dans sa chanson : J’t’emmène au vent6 ?
« C’était pas7 l’année dernière »
« C’était pas8 à Marienbad ».
C’était dans un quartier excentré d’une petite ville de Province, un quartier populaire avec ses familles nombreuses et ses jeunes désœuvrés squattant au bas des immeubles.
C’était dans le petit appartement qui avait été mis à ma disposition par une amie qui ne me demandait, pour seule compensation, que quelques moments d’intimité.
Toutes les images, tous les bruits, toutes les odeurs de ce quartier me sont revenus en mémoire dès que j’entendis cette chanson de Viktor Laslo.
Je pense à ce moment-là à la chanson de Serge Gainsbourg, « Comme un boomerang »9, qui écrit dans son premier couplet :
« Je sens des boums et des bangs
Agiter mon cœur blessé
L’amour comme un boomerang
Me revient des jours passés
À pleurer les larmes dingues
D’un corps que je t’avais donné ».
Je me revois tout à coup dans ce petit studio où nous nous retrouvions, Agathe et moi, loin du monde, loin des gens, loin des curieux toujours à l’affût du moindre scandale.
Lors de notre premier rendez-vous dans ce petit cocon discret, j’avais fait livrer un magnifique bouquet de roses rouges en témoignage de mon amour.
La lumière tamisée donnait à ces lieux une ambiance mystique que sublimait la musique langoureuse émanant du radio-réveil posé auprès du canapé-lit.
Je me revois, attendant ma bien-aimée, envahi par un sentiment d’impatience mêlé d’angoisse. Le temps paraissait suspendu et je me posais des milliers de questions :
– Allais-je franchir un nouveau cap dans cette aventure que je ne maîtrisais plus ?
– Ce rendez-vous allait-il marquer un tournant dans ma vie sans possibilité de retour ?
– Ne faut-il pas faire marche arrière, redevenir lucide et oublier les premiers baisers échangés quelques jours plus tôt ?
Trop tard ! Elle sonnait à l’interphone et je me précipitai pour accueillir Agathe.
Je pris ses mains dans les miennes, et déposai un chaste baiser sur ses joues empourprées par la tension qui l’envahissait.
Dès que la porte fut fermée, je la pris dans mes bras en la serrant tout contre moi et caressai longuement ses cheveux. Je sentis battre son cœur contre le mien. Nos lèvres se rejoignirent desserrant spontanément tous les freins que je m’étais promis de mettre à cette rencontre.
Agathe ne cachait pas son émotion. Elle n’osait plus bouger, bloquée par l’étau puissant qui l’empêchait de faire le moindre mouvement. Elle se laissa envahir par mes mains toujours aussi baladeuses.
Elle chancela devant cette fougue inquisitrice et s’abandonna conquise, prête à sombrer face au désir intense qui la submergeait.
Elle se mit à vaciller sur ses jambes comme si elle était sur le pont d’un navire ballotté par les flots.
Elle se mit à son tour à caresser ma nuque puis sa main se fit plus pressante, ses caresses se firent plus investigatrices.
Envahis par un désir irrépressible, nous nous précipitâmes vers le canapé qui fut aussitôt déplié pour offrir une couche ouverte à toutes les folies. Nous nous retrouvâmes très vite nus nous découvrant mutuellement dans notre simple appareil et n’eûmes aucun mal à joindre nos deux corps enflammés comme des charbons ardents.
***
Je la revois blottie tout contre moi. Les rayons de lumière tamisée qui jaillissaient des persiennes la couvraient des parures qui habillent habituellement les danseuses du Crazy Horse.
Je n’avais jamais vu, dans un lit, d’autre femme nue que celle qui partageait ma vie depuis une quinzaine d’années.
Je revois Agathe, alanguie, épuisée par l’intensité des moments que nous venions de partager. D’une main indiscrète, je parcourais tous les contours de son corps. Je caressais sa peau douce et blanche qui semblait avoir été ointe de lait d’ânesse comme le faisait bien avant elle Cléopâtre, la maîtresse de César ou Aspasie, l’épouse de Périclès.
Je la revois lascive, quasi inconsciente. Nous n’arrivions, ni l’un ni l’autre, à sortir d’une sorte d’état comateux ni à prononcer le moindre mot. Seuls quelques profonds soupirs émergeaient du silence pesant qui régnait dans la pièce avec en sourdine la musique et les paroles du « Canoë rose10 ».
Dans ces moments-là, qui se renouvelèrent plusieurs fois, tout ce qui nous avait attirés, pour moi son intelligence, son caractère bien trempé, pour elle ma culture, mon comportement conquérant, et peut-être ma notoriété, tout cela disparaissait.
Nos neurones semblaient s’être mis en mode pause, totalement hors circuit, comme débranchés.
Mais au bout d’un petit moment, la lucidité revenait et je me souviens d’un détail plutôt anecdotique qui montre à quel point elle reprenait vite ses esprits.
En effet, malgré nos ébats totalement débridés, elle ne se levait jamais sans se parer d’un de ces draps qui avaient été les témoins de nos rapports intimes. Elle s’en servait de voile pour aller prendre une douche dont elle faisait couler l’eau avant de passer aux toilettes. Il ne fallait pas que je puisse entendre le moindre bruit intime quoique naturel.
***