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Dans cette petite bastide d’Occitanie où coule la rumeur comme coule la rivière qui la longe, Agathe se réveille, pendue aux rideaux de sa salle de séjour, meurtrie, le visage en sang. A-t-elle été victime d’un rodeur, d’un détraqué sexuel ou de la violence de son compagnon ? Est-elle coupable d’avoir attisé la jalousie et la haine dans tout le village ? Le capitaine Jean Henri de Bord mène l’enquête dans un contexte où vie privée et vie publique se mêlent.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Auteur de plusieurs ouvrages biographiques axés sur le parcours des personnages remarquables qui ont marqué sa jeunesse,
Jean-Marie Borderies s’engage dans la littérature policière avec
La couleur des rideaux.
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Seitenzahl: 74
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Jean-Marie Borderies
La couleur des rideaux
De la jalousie à la violence
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jean-Marie Borderies
ISBN : 979-10-377-5125-6
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Du même auteur
Un siècle de combats – Georges Raynal dit « Colonel Rabastens »,Éditions Ophildespages, 2017.
Un siècle de laïcité… chrétienne – Du petit Père Combes… à l’Abbé Galy, curé, citoyen, JDH Éditions, 2018.
Les couleurs de l’eau – Le mystère d’un petit point bleu sur mon épaule gauche, JDH Éditions, 2019.
Victorine et les évadés de la Côte sous le vent (En collaboration avec André Tanic),Le Lys Bleu Éditions, 2020.
Avertissement
Cette enquête policière conduite de main de maître par le capitaine Jean Henri De Bord est un roman.
Toute ressemblance avec des personnes, des noms propres, des lieux publics ou privés, des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que le fait du hasard.
J’avais dans la tête un drame bien intime, bien sombre, bien terrible, que je voulais faire passer de ma tête sur le papier. Mais je remarquai une chose : c’est que, pour le travail profond et assidu, il faut les chambres étroites, les murailles rapprochées et le jour éteint par des rideaux de couleur sombre.
Alexandre Dumas, Causeries, 1860
Un mariage est quelque chose de si monstrueusement intime. Quiconque soulève un coin du rideau s’expose à être frappé, de la manière la moins prévisible, par quelque divinité vengeresse. Le mécréant risque d’être poursuivi dorénavant et à jamais par Dieu sait quelle révélation horrible et totalement inattendue, qui viendra, quasi obscène le hanter. Et j’avais à me débattre ici contre mon aversion superstitieuse de l’état conjugal, cette condition inconcevable de promiscuité et d’assujettissement mutuel.
Iris Murdoch, La Mer, la mer, 1978
Lundi 10 septembre, 10 heures 30
« Où suis-je ?
Un voile blanc m’enveloppe, je suis couverte de la tête aux pieds.
Je ne me souviens de rien, une lumière intense m’éblouit. Suis-je au bout du tunnel ? Vais-je franchir la porte qui mène à l’infini ?
J’ai la sensation d’être allongée sur un nuage qui m’emporte vers je ne sais quelle destination. Je ne sens plus mon corps. Ma vie défile à toute vitesse. Je vois apparaître le visage de tous ceux qui m’étaient chers et qui ont disparu. Je suis en paix. J’ai l’impression de vivre une expérience extraordinaire.
J’entends tout à coup le bruit d’une portière de voiture qui claque, un moteur qui vrombit, des pneus qui crissent sur le gravier.
Je ne suis donc pas partie dans l’au-delà : je suis bien sur cette terre ; je suis vivante mais pourquoi ce voile blanc qui m’enveloppe comme un linceul enveloppe un cadavre ?
Je sens couler un liquide gluant de mon front, le goût du sang envahit ma bouche, j’ai du mal à soulever mes paupières. Petit à petit, ma vue s’éclaire et je peux apercevoir quelques éléments du décor qui m’entoure.
Allongée sur le sol dur et froid du carrelage, je tâtonne et découvre tout près de moi une barre en bois dont un côté est resté accroché au plafond. Je réalise que le voile blanc dans lequel je suis prise n’est rien d’autre que le rideau de la fenêtre de ma salle de séjour.
Je suis chez moi !
Un nouveau bruit me fait réagir et bondir comme un diable sortant de sa boîte. J’entends au loin les cris d’un enfant, c’est mon bébé qui pleure, il est dans sa chambre. Je me précipite en titubant, j’accroche au passage une chaise qui gît près de la fenêtre.
Mon petit m’appelle, je dois coûte que coûte aller le rassurer. Je le prends dans mes bras et tente de le calmer. Qu’a-t-il entendu ?
Je retourne vers cette maudite fenêtre et débarrassée de mon voile funeste, je me rends compte que je suis en sous-vêtements. Je jette instinctivement un coup d’œil vers l’extérieur, je vois que je suis observée. Ma voisine est à l’affût derrière ses rideaux ! Qu’a-t-elle vu ?
Je continue à m’interroger :
Suis-je tombée de la chaise en essayant de chasser une bête accrochée au rideau ?
Pourquoi me suis-je encore en culotte et soutien-gorge ?
Pourquoi mes sous-vêtements sont-ils en partie déchirés ?
Des douleurs m’envahissent subitement, j’ai des rougeurs sur le cou, sur les poignées et sur les cuisses. Mon cœur se met à battre la chamade. Je n’ai pas pu me faire cela toute seule.
Qui a pu me mettre dans cet état ?
Soudain, des effluves d’alcool viennent envahir mes narines. Ça sent le whisky, je n’ai pas bu, je n’aime pas le whisky. Tous mes sens sont désormais éveillés et je me mets à paniquer, j’ai été victime d’une agression, il faut que j’appelle au secours.
Je sors en toute hâte sans me soucier de ma tenue, mon enfant sous le bras.
Je vois ma voisine accourir vers moi, elle me fait aussitôt rentrer et m’incite à me calmer tout en m’arrachant sans ménagement le bébé. »
Lundi 10 septembre, 11 heures 30
« La nuit avait été agitée, nous avions reçu des amis et l’alcool avait coulé à flots. La suite s’annonçait torride, j’avais une envie folle de laisser libre cours à mes pulsions. J’ai même lancé de la salle de bains :
“Agathe, ce soir tu vas grimper aux rideaux !”
Était-ce dû à l’alcool ? Je ne sais pas mais mon envie de la posséder, de lui prouver qu’elle était ma femme avait décuplé mes ardeurs laissant libre cours à mes fantasmes. Malheureusement, mon état d’ébriété a eu raison de mes tentatives de passer à l’acte.
Ce matin, le réveil a été difficile. J’ai la tête en vrac. Je ne me souviens plus de grand-chose. Je marche au radar et je pars pour le bureau l’esprit embrouillé.
Arrivé au bureau et après la petite réunion quotidienne, je me jette sur mon fauteuil et la tête dans mes bras je tombe dans un sommeil proche du coma.
Je suis réveillé en sursaut par la sonnerie du téléphone. C’est un gendarme de Labastide qui me demande de le rejoindre chez moi mais ne m’en dit pas plus.
Surpris et inquiet je pars immédiatement. »
Henriette,
Lundi 10 septembre, 10 heures 45
« J’ai oublié d’éteindre le chauffage et de fermer la fenêtre de ma chambre ; je suis repassée à la maison, je jette machinalement un œil par la fenêtre, derrière les rideaux de la cuisine. J’ai une vue imprenable sur la maison des voisins et sur la route.
Hier soir, chez les voisins, c’était la fête, ils avaient des invités. J’ai entendu beaucoup de bruit, de la musique, puis des cris jusqu’à très tard dans la nuit. J’étais très énervée et n’arrivais pas à m’endormir.
Les souvenirs de soirées en famille ou entre amis se bousculaient dans ma tête, mes soucis financiers me hantaient et pendant ce temps mes jeunes voisins faisaient la fête.
Qui était ce couple avec qui ils avaient passé la soirée ? Il me semblait avoir reconnu leur voiture ; je l’avais vue de temps en temps devant la maison des voisins.
Vers minuit, un bruit de moteur m’avait fait émerger de mes pensées mélancoliques. Il sonnait le signal de la fin de la récré et pour moi l’espoir d’un retour au calme.
Malgré mes états d’âme et quelques cris provenant de chez mes voisins, je suis tombée rapidement dans un profond sommeil. »
Une ville tranquille !
En ce lundi matin de septembre, la petite bourgade d’Occitanie s’éveille.
Située à mi-chemin entre Albi et Toulouse, la ville s’étend langoureusement le long de la rive droite du Tarn, à l’abri derrière ses magnifiques remparts.
Elle est chargée d’histoire et ses briques roses n’ont rien à envier à ses grandes voisines.