Pérou - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Beschreibung

Avec ses paysages très contrastés et ses écosystèmes variés, le Pérou fait partie des pays qui possèdent la plus grande biodiversité de la planète. En 2012, 29,5 millions de Péruviens vivent sur ce territoire de 1 285 216 kilomètres carrés, divisé en trois grands ensembles géographiques : le désert, fine frange côtière entre l'océan Pacifique et...

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ISBN : 9782852298545

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

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Pérou

Introduction

Avec ses paysages très contrastés et ses écosystèmes variés, le Pérou fait partie des pays qui possèdent la plus grande biodiversité de la planète. En 2016, 31,5 millions de Péruviens vivaient sur ce territoire de 1 285 216 kilomètres carrés, divisé en trois grands ensembles géographiques : le désert, fine frange côtière entre l’océan Pacifique et les Andes, où se trouve Lima, capitale et mégapole de 10 millions d’habitants qui regroupe le tiers de la population du pays ; la cordillère andine, qui culmine à 6 768 mètres et regorge de gisements minéraux, abrite la vie humaine et l’agriculture jusqu’à 4 300 mètres ; enfin, la forêt tropicale d’Amazonie, qui couvre près des deux tiers de la surface du pays, même si la densité humaine y est très faible, renferme gaz et pétrole dans ses sous-sols.

Émancipée de l’Espagne en 1824 après la lutte d’indépendance menée par les élites créoles (descendants d’Européens nés en Amérique), la jeune République connaît une forte instabilité politique ponctuée de coups d’État successifs, puis une cuisante défaite lors de la guerre contre ses voisins chiliens (1879-1883). La profusion de révoltes paysannes indigènes jusqu’au milieu du XXe siècle révèle les profondes inégalités de la société péruvienne. Mais il faut attendre la prise du pouvoir par la junte militaire, en 1968, pour que la réforme agraire démantèle définitivement l’oligarchie terrienne. Depuis 1980, le régime démocratique domine la scène politique.

Au-delà de ses ressources naturelles exceptionnelles, le « pays des Incas » possède un patrimoine archéologique qui en fait une destination touristique internationale majeure. Le Pérou se distingue encore par sa diversité socioculturelle et linguistique : multiplicité de cultures hybrides où s’entrelacent influences indigènes, de descendants d’esclaves africains, de coolies asiatiques et d’immigrés européens. « Il n’y a pas de pays plus diversifié, avec autant de variété terrestre et humaine », écrivait l’écrivain péruvien José María Arguedas.

Néanmoins, le Pérou se caractérise aussi par la misère endémique qui touche une majorité de ses habitants, principalement en zone rurale et dans les périphéries urbaines. Les inégalités sociales, l’exclusion et le racisme expliquent, en partie, le déploiement de la violence politique au cours des deux dernières décennies du XXe siècle. La lutte armée lancée par la guérilla maoïste radicale du Sentier lumineux et la répression sanglante des forces de l’ordre ont plongé le pays dans l’épisode le plus sombre de son histoire républicaine.

Pérou : drapeau. Pérou (1825). Selon la légende, les couleurs de ce drapeau auraient été choisies dès 1820 par le général San Martín, pour rappeler le signe de bon augure d'un vol de flamants roses au-dessus de ses troupes en campagne contre les Espagnols. Dans l'écusson central s'inscrivent, en chef, une vigogne à dextre et un kina (quinquina) à senestre, et à la base une corne d'abondance d'où coulent des pièces d'or.

Valérie ROBIN AZEVEDO

1. Géographie

La représentation la plus courante du territoire péruvien s’appuie sur la distinction entre le désert côtier, la montagne et la forêt amazonienne. Elle symbolise la variété des milieux écologiques mais sert aussi de base pour caractériser leurs habitants, comme pour expliquer leurs situations économiques respectives, au risque de gommer le poids de l’histoire et des décisions politiques dans les disparités spatiales du pays.

Pérou : territoire et population. Principaux éléments de l'organisation de l'espace péruvien.

• La diversité des milieux

Un vaste territoire

Le Pérou, autrefois immense vice-royaume dépendant de l’Espagne, est aujourd’hui un pays de taille moyenne : le Brésil est six fois plus grand et l’Argentine deux fois plus. Néanmoins, avec ses 1 285 216 kilomètres carrés, il est plus étendu que ses voisins andins (Bolivie, Équateur) et bien plus vaste que n’importe quel pays d’Europe occidentale. Au nord, il atteint presque l’équateur, et sa pointe méridionale se situe à quelques degrés du tropique du Capricorne. Cette extension contribue à expliquer la variété de ses climats. La saison sèche est plus courte dans le nord que dans le sud, du fait des passages plus prolongés de la convergence intertropicale. Les températures sont plus constamment élevées dans le nord ; dans le sud et le centre, les hivers sont parfois très rigoureux. En revanche, le nord est touché plus directement que le sud par les oscillations climatiques d’El Niño qui provoquent de fortes inondations. Au sud et dans le centre, les remontées d’eau froide du Pacifique, permises par la dérive des eaux superficielles vers le nord - nord-ouest (courant de Humboldt), bloquent l’ascendance de l’air, empêchant les précipitations et provoquant la formation de brouillards, pendant l’hiver austral, dans la région côtière. Le nord, qui échappe en partie à cette influence, est moins aride, d’autant que les Andes, moins massives, ne font pas obstacle aux vents chargés d’humidité venus de l’Amazonie ; le versant occidental est, comme le versant oriental, assez abondamment arrosé, alors qu’une grande partie de l’ensemble andin méridional reçoit peu de précipitations.

Le rôle prédominant des Andes

C’est le relief andin qui, par la combinaison de son volume et du climat tropical, rend la diversité des milieux exceptionnelle. La cordillère andine culmine au Pérou à 6 768 mètres (Nevado Huascarán), comporte des dizaines de sommets à plus de 5 000 mètres et atteint de 400 à 500 kilomètres de largeur dans le sud ; elle est plus étroite et plus basse dans le nord, avec des crêtes entre 3 000 et 4 000 mètres. Les versants des piémonts sont abrupts, résultat des plissements qui commencèrent au Crétacé (il y a environ 100 Ma), accompagnés d’intrusions de batholites et d’émissions volcaniques auxquelles sont associés de très nombreux gisements métalliques. Le soulèvement des Andes et leur érosion, à l’origine du dépôt de grandes quantités de sédiments dans les plaines pacifique et amazonienne, où se trouvent les gisements de gaz et de pétrole, se poursuivent jusqu’à aujourd’hui. La subduction de la plaque océanique sous la plaque continentale sud-américaine explique cette dynamique qui génère une sismicité pratiquement permanente, le plus souvent de faible intensité, mais avec, périodiquement, des mouvements de grande magnitude (7,9 MW en magnitude du moment lors du tremblement de terre du 15 août 2007).

À l’intérieur de la cordillère, on distingue d’un point de vue géomorphologique deux chaînes de montagne principales, parallèles à la côte (nord - nord-ouest/sud - sud-est) et subdivisées en plusieurs branches. Entre celles-ci, de hauts plateaux, situés à environ 4 000 mètres d’altitude, parsemés de lacs et surmontés de volcans, composent l’un des paysages les plus caractéristiques des Andes centrales tropicales. Ils sont particulièrement favorables à la circulation. Plus bas, des vallées plus ou moins larges et plus ou moins encaissées sont façonnées par des cours d’eau qui coulent d’abord parallèlement aux chaînes et creusent, ensuite, des gorges profondes pour rejoindre le bassin amazonien.

La diminution des températures avec l’altitude (5 à 6 degrés tous les 1 000 mètres) transforme le climat tropical classique − chaud toute l’année − en climat tropical de montagne.

Les milieux d’altitude

Au-dessus de 3 800 mètres, les gelées nocturnes sont fréquentes ; elles sont utilisées pour la conservation des aliments. Une steppe herbeuse, plus drue au nord, avec quelques bosquets d’arbres natifs, sert de pâturage, sur des sols peu développés. Jusqu’à 4 200-4 300 mètres sont cultivées des variétés douces et amères de pommes de terre. Les températures diurnes sont positives toute l’année – les moyennes annuelles sont situées entre 4 et 10 0C − rendant possible la présence humaine, malgré la diminution de l’oxygène dans l’air. La limite des neiges éternelles se situe autour de 5 000 mètres. À moindre altitude, entre 3 500 et 4 000 mètres, les gelées sont limitées à la saison sèche et les cultures sont plus variées : quinoa, lupins, fèves, oca, olluco, orge. Encore plus bas, les températures moyennes, plus élevées, entre 11 et 17 0C, et les précipitations relativement abondantes, entre 400 et 1 000 millimètres par an selon la latitude et l’exposition, sont propices à des cultures comme le maïs et le blé. Les gelées disparaissent au-dessous de 3 000 mètres. Des arbres fruitiers d’origine européenne (pruniers, pommiers, pêchers, etc.) sont plantés dans certaines vallées. L’eucalyptus est largement utilisé pour la reforestation. Des ouvrages d’irrigation, le plus souvent de petite dimension, complètent l’agriculture pluviale.

Les piémonts : ouest aride, est humide

Au-dessous de 2 200 mètres, versants et plaines des piémonts composent également des milieux très originaux. Sur le littoral, la température moyenne annuelle − 19 0C à la hauteur de Lima − est inférieure à celle de la côte brésilienne à la même latitude, avec une forte humidité mais des précipitations presque nulles, sauf dans le nord. Les eaux froides expliquent l’abondance de la faune marine : poissons – pêchés et exportés sous forme de farine essentiellement −, oiseaux à l’origine du guano, phoques, etc.

L’irrigation, très tôt développée par les cultures préhispaniques sur de grandes extensions, est indispensable à l’agriculture. L’eau est dérivée des fleuves côtiers, qui prennent naissance dans la cordillère, ou puisée dans les nappes phréatiques du piémont. Dans les périmètres irrigués, canne à sucre, riz, coton, maïs pour le bétail laissent de plus en plus de place à des cultures développées plus récemment : asperges, artichauts, piments, mangues et citriques, etc. En dehors de ces périmètres, l’absence de végétation caractérise une grande partie de la frange côtière : les roches et le sable, accumulés sur les pentes ou sous forme de dunes, où prospèrent les élevages avicoles, dominent les paysages. Les brouillards permettent, pendant la saison froide, la croissance d’une végétation d’herbes et d’arbustes dans des creux topographiques et sur les pentes les mieux exposées. Au-dessus des brouillards, entre 500 et 2 000 mètres, les températures restent élevées toute l’année − entre 20 et 24 0C − et un grand nombre de cultures sont possibles dans les fonds de vallée (arbres fruitiers en particulier, dont la lucuma, l’avocatier...), lorsque ces derniers ne se réduisent pas à une étroite gorge entre des versants escarpés et arides, où poussent le Schinus molle (faux poivrier) et diverses variétés de cactus.

Le piémont oriental des Andes péruviennes, qui constitue plus de la moitié du territoire national, appartient au bassin amazonien. Les vallées étroites qui descendent des Andes, à la limite de l’air froid des hauteurs et de l’air chaud et humide de l’Amazonie, sont très arrosées : plus de 3 000 millimètres par an. La grande variété de la faune et de la flore originelles a diminué avec l’intensification de la mise en culture, qui a commencé à l’époque coloniale, a repris au XIXe siècle et s’est accélérée surtout dans la seconde moitié du XXe siècle. Les températures élevées et stables au cours de l’année sont favorables aux cultures permanentes, comme le thé, le café, associées à des fruits comme la banane ou l’orange et à des cultures vivrières comme le manioc ou le riz. Diverses races de bovins et de zébus ont été introduites parallèlement. La coca a connu un développement rapide depuis les années 1970, malgré les politiques visant à son élimination. L’exploitation du bois précède et accompagne le développement des cultures. Les vastes plaines de l’Amazone, au nord, et du Madre de Dios, au sud, au-dessous de 500 mètres, sont moins densément peuplées que le versant andin. Les grands cours d’eau qui les parcourent forment d’innombrables méandres, qui servent de voies de communication en l’absence presque totale de routes. Cependant, le boom du pétrole, dans les années 1970, a accéléré l’immigration et la croissance des villes du nord oriental, dont Iquitos. L’exploitation de l’or, déposé par les cours d’eau, a également provoqué un regain de migrations vers le Madre de Dios à partir des années 1980.

• Un territoire à la construction complexe

Diversité et richesse culturelles