Philippines - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Philippines E-Book

Encyclopaedia Universalis

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Beschreibung

Situées dans l'océan Pacifique au sud-ouest de la Chine, les Philippines, constituées de 7 000 îles et îlots, forment un archipel montagneux et volcanique au climat chaud et humide d’une superficie de 300 000 kilomètres carrés, peuplé de 92,3 millions d'habitants au recensement de 2010 …

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341001892

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

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Philippines

Introduction

Situées dans l’océan Pacifique au sud-ouest de la Chine, les Philippines, constituées de 7 000 îles et îlots, forment un archipel montagneux et volcanique au climat chaud et humide d’une superficie de 300 000 kilomètres carrés, peuplé de 92,3 millions d’habitants au recensement de 2010.

Philippines : drapeau. Philippines (1898). Drapeau à deux bandes horizontales bleue et rouge, occupé au guindant par un triangle blanc chargé d'un grand soleil d'or stylisé et, aux angles, de trois étoiles de même. Ces dernières représentent les trois principaux territoires de l'archipel ; les huit rayons du soleil symbolisent les huit provinces qui en 1898 se soulevèrent contre le joug espagnol ; quant au triangle blanc lui-même, il rappelle l'organisation révolutionnaire secrète du Katipunan.N.B. En temps de guerre, sur le pavillon militaire, les couleurs bleue et rouge sont inversées.

En 1521, Magellan abordait les Philippines ; l’archipel fut conquis par les Espagnols qui s’y maintinrent trois siècles durant en dépit des efforts réitérés des Portugais puis des Hollandais pour les en chasser, ainsi que de plusieurs tentatives d’insurrection locales. Ce n’est qu’en 1898 que les Espagnols, battus par les Américains, durent leur céder la place. Ces derniers occupèrent les Philippines jusqu’au débarquement des Japonais en 1941. Après la libération des Philippines de l’occupation japonaise par les troupes américaines en 1944-1945, des élections générales eurent lieu en avril 1946 et, le 4 juillet 1946, la république des Philippines fut officiellement proclamée.

Les gouvernements en place à Manille après l’indépendance combattent fermement l’influence communiste dans la région et donnent des gages aux États-Unis : concession de bases militaires, engagement à leurs côtés dans la guerre du Vietnam. Le régime de Ferdinand Marcos, qui se maintient au pouvoir pendant vingt ans (1965-1986), finit par sombrer dans la dictature et la corruption. Bien que ses successeurs soient parvenus à assainir la situation économique et à rétablir la démocratie, le pays demeure le théâtre de nombreuses violences, dues notamment aux groupes extrémistes musulmans.

E.U.

De formes et de modes d’expression variés, depuis le verbe instinctif, spontané, jusqu’aux poèmes raffinés où l’intelligence se manifeste avec insistance et subtilité dans toute sa complexité, la littérature des Philippines retrace l’expérience d’un peuple. Elle traduit les changements que les Philippins ont provoqués dans leur pays, par l’interaction de l’apport indigène et de l’apport étranger, en vue de la croissance culturelle, du progrès national et du bien-être de tous. Ainsi, l’écrivain philippin témoigne de sa propre progression comme individu et comme artiste, et de son engagement envers son art et son pays.

Lucila V. HOSILLOS

1. Géographie

Les Philippines sont, à bien des égards, un pays atypique en Asie du Sud-Est. État majoritairement catholique dans une région musulmane et bouddhiste, c’est une porte de l’Asie, donnant accès à la mer de Chine méridionale. Cette localisation, considérée comme un tremplin vers la Chine d’un côté, l’Asie du Sud-Est de l’autre, a tôt intéressé les puissances coloniales, sans doute plus que les richesses intrinsèques de l’archipel. Marqué par le morcellement insulaire, par de fortes contraintes naturelles et par une surexploitation des ressources, cet État archipélagique, qui s’étend de 4023’ à 21025’ de latitude nord, est peuplé de 92,3 millions d’habitants au recensement de 2010. Sa capitale, Manille, partage avec Bangkok le statut de capitale la plus hypertrophiée, à l’origine d’importants déséquilibres territoriaux.

• Un archipel unifié par la colonisation occidentale

Lorsque les Espagnols prennent pied aux Philippines en 1565, ils interrompent la probable unification de l’archipel amorcée sous l’égide des sultanats encore atomisés existant à Manille, dans les Sulu et à Mindanao. Le processus de colonisation est facilité par l’absence de structure politique puissante, la population étant alors regroupée en petites communautés indépendantes, les barangay, quelquefois confédérées. Son impact est d’autant plus puissant qu’il est précoce et que, contrairement aux autres Européens, les Espagnols entament rapidement une conquête territoriale, par une alliance entre l’armée et l’Église. L’installation d’un système étatique associé à la propagation du catholicisme entraîne la formation d’une région centrale à Luçon et l’extension des surfaces cultivées. Progressant vers l’intérieur des terres, les Espagnols parviennent à contrôler le nord et le centre de l’archipel en rassemblant les populations dans des villages de réduction (reducciones) ou dans des concessions, calquées sur le modèle mexicain, à l’origine de la formation d’îlots de peuplement éloignés les uns des autres et formant un maillage lâche mais régulier. Les Espagnols s’installent à Manille en 1571. Avec la participation des marchands chinois, ils font de la ville un pôle majeur du commerce des galions entre le Mexique et la Chine, et s’arrogent le monopole du commerce extérieur, isolant l’archipel des autres réseaux internationaux. Ce positionnement mercantile relègue au second plan l’exploitation des ressources de l’île, qui s’accélère surtout à partir du XIXe siècle avec le développement d’une économie de plantation dans la plaine centrale de Luçon, où sont produits le tabac puis le riz et la canne à sucre, exportés dans toute la région. Cette économie de plantation connaît un véritable essor au XXe siècle, lorsque les Philippines passent sous contrôle américain en 1898. L’établissement du libre-échange avec les États-Unis et la mise en place de tarifs douaniers élevés avec les autres pays modèlent l’économie, qui s’adapte aux besoins du marché américain, comme en témoigne le développement rapide de l’industrie sucrière, de la culture du chanvre, du maïs et du tabac. C’est à cette époque que les haciendas se consolident, que s’installe durablement une inégalité foncière unique en Asie du Sud-Est, et que se renforce le pouvoir politique des élites, descendants de chefs traditionnels ou de métis sino-philippins (mestizos) ayant formé une élite foncière et intellectuelle dite des illustrados. La collaboration étroite entre l’administration coloniale américaine et l’élite philippine a en effet permis aux familles locales possédantes de constituer une oligarchie qui domine toujours la vie politique philippine, marquée par la compétition que se livrent les clans, à l’assise souvent régionale, pour l’accession aux postes gouvernementaux ou à la haute fonction publique. Les Américains parviennent en outre à intégrer l’île de Mindanao dans l’ensemble philippin en y organisant la colonisation agricole. Les frontières actuelles, calquées sur les frontières coloniales, délimitent un territoire insulaire couvrant 300 000 kilomètres carrés de terres émergées et six fois plus d’étendues maritimes, regroupant 7 000 îles, un émiettement insulaire tempéré par la domination de deux îles, Luçon au nord et Mindanao au sud. Sur respectivement 105 000 kilomètres carrés et 95 000 kilomètres carrés, celles-ci regroupent, sur 67 p. 100 du territoire, 73 p. 100 de la population.

• Contraintes naturelles et dynamiques de peuplement

Les Philippines sont un des pays les plus densément peuplés d’Asie du Sud-Est (292 hab./km2, pour une moyenne de 110 dans cette région), malgré de fortes contraintes naturelles. Une tectonique complexe est à l’origine de la formation de cet ensemble insulaire très fragmenté, regroupant des îles de toutes tailles, dont les deux tiers du territoire sont occupés par des reliefs d’orientation nord-sud, laissant peu de place aux plaines côtières, la plupart du temps exiguës. Les plus vastes plaines sont plutôt situées à l’intérieur des terres, comme la plaine centrale et la vallée du fleuve Cagayan à Luçon, ou celles des fleuves Mindanao et Agusan à Mindanao.

L’originalité du climat tropical philippin tient à l’environnement maritime qui limite l’amplitude thermique et élève le degré d’humidité. Il est rythmé par l’alternance des vents dominants, alizés et moussons, responsables de la différenciation des régimes pluviaux entre la côte ouest, où alterne saison sèche et humide, et la côte est, qui ne connaît pas de véritable saison sèche, l’intérieur étant plus sec.

Situé sur la ceinture de feu du Pacifique, le pays est bordé de fosses marines profondes et touché par un volcanisme actif provoquant éruptions et coulées de boues. Il subit en outre les typhons du Pacifique venant de l’Est, qui balaient des dizaines de fois chaque année ses côtes centrales et nord-orientales, et dont les effets dévastateurs sont parfois ressentis jusqu’à Manille. Les conséquences des glissements de terrains consécutifs à ces catastrophes naturelles sont accentuées par la déforestation, liée à l’exploitation forestière et aux migrations de populations, quittant les plaines surpeuplées pour les hautes terres.

Les dynamiques de peuplement et d’occupation du territoire sont en effet très actives, à plusieurs échelles d’espace et de temps, et ont abouti à l’expansion des différents groupes ethniques au-delà de leur berceau d’origine, les trajectoires migratoires dessinant une direction d’expansion globalement méridienne, vers l’île de Mindanao. Les Philippines sont en effet un État pluriethnique où l’on dénombre cent onze langues et dialectes appartenant à la famille linguistique austronésienne, dont huit d’entre elles regroupent près de 90 p. 100 de la population : le tagalog (28 p. 100), le cebuano (24 p. 100), l’ilocano (10 p. 100), l’ilongo (9 p. 100), le bicolano (6 p. 100), le waray (4 p. 100), le pampango (3 p. 100) et le pangasinan (2 p. 100). Les Ilocano sont partis du nord-ouest de Luçon à la conquête de la vallée du Cagayan et de la plaine centrale de Luçon, les Tagalog se sont répandus du sud de Manille dans tout le sud de Luçon et dans la plaine centrale puis jusqu’à Mindanao dans le cadre de la colonisation agricole. Quant aux Cebuano, chassés par l’exiguïté de leur île, ils ont migré dans toutes les directions, mais surtout vers Mindanao où leur présence a été précoce.

La colonisation agricole de Mindanao est en effet le fait de petits paysans venus de Luçon et surtout des Visayas, relayés à partir des années 1960 par l’« agro-business ». Limitée à la côte nord de l’île, la mieux intégrée dès l’époque espagnole, puis aux grandes vallées du fleuve Mindanao, ensuite à l’est avec la colonisation de la région du bassin du fleuve Agusan et de la baie de Davao, la frontière agricole a progressé depuis les années 1970-1980 vers les hautes terres de l’intérieur de l’île. Cette avancée vers des terres jusque-là refuge des populations non christianisées et non islamisées provoque de graves dégâts environnementaux et des tensions entre populations locales, colons, représentants de l’agro-business, forestiers et mineurs. Dans les années 1990, les migrations s’accélèrent vers les dernières frontières que constituent les villes et les hautes terres, les vallées intérieures encore relativement peu occupées comme la vallée du Cagayan au nord-est de Luçon ou l’île de Palawan.

• Une agriculture peu productive, une industrie en pleine métamorphose

Bien qu’il subsiste d’importants contrastes dans la répartition de la population, ces dynamiques de peuplement ont participé à l’étalement des fortes densités du nord vers le sud et à l’expansion territoriale de l’agriculture. L’intensité de l’utilisation du territoire philippin a peu d’équivalent en Asie du Sud-Est – plus du tiers du territoire est mis en culture –, trois cultures se partageant 80 p. 100 des 12 millions d’hectares concernés, à savoir le riz (33 p. 100), le cocotier (27 p. 100, cultivé pour l’exportation du coprah) et