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La Pologne est le plus important des dix États entrés dans l'Union européenne en mai 2004. Après quarante-cinq années passées sous domination soviétique, les nouveaux dirigeants du pays ont tous présenté cette adhésion comme un « retour » à l'Europe, une « réunification ». C'est dire combien la …

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ISBN : 9782341001908

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

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Pologne

Introduction

La Pologne est le plus important des dix États entrés dans l’Union européenne en mai 2004. Après quarante-cinq années passées sous domination soviétique, les nouveaux dirigeants du pays ont tous présenté cette adhésion comme un « retour » à l’Europe, une « réunification ». C’est dire combien la Pologne se considère enracinée dans la tradition occidentale. Majoritairement de culture catholique, ses intellectuels et ses artistes ont contribué à l’ensemble des mouvements culturels qui ont jalonné l’histoire de l’Europe, de l’humanisme à l’art contemporain, en passant par la Renaissance, le Baroque, les Lumières et surtout le romantisme et la modernité. Ils y ont rencontré d’autres traditions, laïques, juives, réformées ou chrétiennes orientales.

La Pologne est une vaste plaine septentrionale irriguée par la Vistule et l’Oder, deux fleuves qui descendent des Tatras pour se jeter dans la mer Baltique. C’est une terre de migrations, qui a été aussi pendant des siècles un champ de bataille. C’est enfin un territoire et un corps national qui, tantôt ont subi les agressions de leurs voisins, Slaves, Germains ou Scandinaves, tantôt se sont imposés comme une grande puissance régionale. L’histoire tourmentée de la Pologne a donc rendu ses frontières instables. Les limites du territoire n’ont cessé, à partir du Xe siècle, de se déplacer d’ouest en est. Puis, après que la Pologne eut disparu comme État indépendant pendant plus d’un siècle, elles ont englobé des terres de Lituanie et d’Ukraine autour de Vilnius et de Lwów. Mais, en 1945, l’État polonais s’est retrouvé dans les frontières des rois Piast, neuf siècles plus tôt. Mais ces frontières, notamment celle avec l’Allemagne, n’ont été reconnues par un traité international qu’en 1990.

Aux XIXe et XXe siècles, la Pologne a surtout été la proie des grands empires et s’est trouvée à plusieurs reprises au centre de l’histoire européenne. Après les partages de son royaume entre la Prusse, la Russie et l’Autriche à la fin du XVIIIe siècle, les campagnes napoléoniennes lui ont redonné une courte vie sous la forme du « Duché de Varsovie » en 1807-1815. Le Congrès de Vienne (1815) l’a placée à nouveau sous tutelle russe tout en réglant pour un siècle l’équilibre des grandes puissances. Indépendante en 1918, la Pologne du maréchal Józef Piłsudski s’est opposée à la révolution russe, a conquis Vilnius, puis a stoppé devant Varsovie la contre-offensive bolchevique en 1920. La Seconde Guerre mondiale commença en Europe, en 1939, par la double agression contre la Pologne, de l’Allemagne nazie, le 1er septembre, et de l’U.R.S.S., le 17. Démantelé et annexé, son territoire est devenu un des théâtres de la barbarie nazie, notamment de la destruction des Juifs d’Europe (dont 3 millions de Polonais) dans six centres d’extermination. Placée dans l’orbite soviétique par la conférence de Yalta (février 1945), littéralement occupée par l’Armée rouge, elle n’accepta le nouveau régime communiste que contrainte, et après des élections truquées (1947). Sa population était désormais presque totalement amputée de sa composante juive, tandis que les déplacements décidés à Potsdam (juillet-août 1945) permettaient de chasser les minorités allemandes et ukrainiennes. La Pologne au passé multiculturel séculaire était devenue une nation mono-ethnique.

Le régime communiste favorisa une certaine modernisation et la transformation d’un pays rural en une puissance industrielle, mais la jeune classe ouvrière qui venait des campagnes et les intellectuels, d’abord utilisés par le Parti communiste, ne cessèrent de le contester. La Pologne fut la « démocratie populaire » la plus indocile malgré les tentatives de ses dirigeants d’inventer un « communisme national ». La naissance, dès 1956, d’une opposition démocratique plus ou moins tolérée et l’existence du syndicat Solidarité, à partir de 1980, ont donné la mesure de ce refus.

Aussi le pays de Czesław Miłosz, de Jean-Paul II et de Lech Wałȩsa a-t-il quelquefois tendance à faire preuve d’une fierté excessive. Il n’en reste pas moins vrai qu’il incarne au mieux, avec ses héroïsmes et ses travers, cette « autre Europe » qui a gagné sa liberté en 1989.

Pologne : drapeau. Pologne (1831, repris en 1919). Les couleurs du drapeau polonais proviennent des armes d'État qui, dès le XIIIe siècle, portaient un aigle blanc sur un fond rouge garance. Très aimé des Polonais, cet aigle traditionnel éployé orne toujours, avec couronne, les pavillons diplomatique, d'État et navals.

Jean-Yves POTEL

1. Géographie et économie

Le plus grand (312 685 km2) et le plus peuplé (38,5 millions d’habitants en 2014) des pays d’Europe centrale, la Pologne se singularise par la force du sentiment national qui fut, au XXe siècle, le ressort essentiel de la résistance au régime communiste imposé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Privée d’État et de territoire pendant la période des partages (1792-1919), la nation polonaise s’est formée autour d’une communauté de langue et de culture dont les valeurs s’enracinent dans le catholicisme. Le refus du modèle collectiviste, les luttes ouvrières, le mouvement social Solidarité ont ébranlé le pouvoir communiste avant même que soit engagée la sortie du système, en 1989. Après une transition économique aux effets pénibles pour une majorité de Polonais, le pays tente de redéfinir son rôle sur la scène européenne, en affirmant de manière déterminée son identité nationale.

• Le territoire et ses avatars

La Pologne est l’État d’Europe qui, après la Seconde Guerre mondiale, a subi les modifications les plus profondes, dans son assise et ses frontières, dans sa population et son économie. Démembrée en 1939 selon les clauses du Pacte germano-soviétique, la Pologne renaît en 1945 après l’une des plus effroyables occupations de son histoire (le chiffre total des disparitions dépasse six millions d’hommes dont plus de trois millions de Juifs). Dans le cadre des accords de Yalta et de Potsdam, elle subit une translation d’est en ouest. Repoussée de 225 kilomètres vers l’ouest, la Pologne perd les confins orientaux (180 136 km2), incorporés à l’U.R.S.S., à l’est de la ligne du Bug, du district de Wilno au nord, aux Carpates au sud, y compris la Volhynie et la ville de Lwów (Lituanie, Biélorussie, Ukraine). En revanche, elle gagne au nord et à l’ouest des territoires enlevés à l’Allemagne (104 680 km2), la partie méridionale de l’ex-Prusse orientale, la ville libre de Gdańsk (Dantzig), les territoires occidentaux de la Poméranie à la Silésie, jusqu’à la ligne Oder-Neisse (Odra-Nysa).

Cette réorganisation de l’assise territoriale s’accompagne d’un gigantesque transfert de population et de peuples. Plus de trois millions et demi d’Allemands furent expulsés des territoires « recouvrés » que les Polonais « rapatriés » des territoires cédés à l’U.R.S.S. contribuèrent à repeupler. Restaurée en tant qu’État, remodelée dans sa configuration, renouvelée dans sa composition ethnique devenue homogène, la Pologne est placée dans la zone d’influence soviétique et doit construire son intégration territoriale dans le contexte géopolitique de l’ordre bipolaire. Au lendemain de la chute du communisme, en 1989, les frontières du territoire de l’État polonais ont été reconnues par ses voisins, l’Allemagne unifiée (selon le traité du 14 novembre 1990) et les États successeurs de l’Union soviétique.

De forme compacte, le territoire polonais dispose d’une façade maritime, longue de 440 kilomètres, sur la mer Baltique, entre les embouchures de l’Oder et de la Vistule. Les frontières terrestres s’allongent sur plus de 3 504 kilomètres, à l’ouest avec l’Allemagne, la frontière suit la ligne Oder-Neisse (467 km), au sud avec la République tchèque (790 km) elle est fixée par le massif des Sudètes, tandis que les Carpates séparent la Pologne de la Slovaquie (541 km). Au nord-est et à l’est, à l’exception de la frontière avec la Lituanie (103 km), les frontières avec l’enclave russe de Kaliningrad (210 km), la Biélorussie ou Belarus (418 km) et l’Ukraine (535 km) coïncident avec les frontières orientales de l’Union européenne dont la Pologne est devenue membre en mai 2004. Les changements géostratégiques, intervenus au début des années 1990, ont profondément modifié la position du territoire polonais entouré de nouveaux voisins.

• Un plat pays

Le terme « pole », d’où vient le nom de Pologne, signifie le champ et le plat pays en polonais. Plus des neuf dixièmes du territoire s’étendent à moins de 300 mètres d’altitude sur des espaces plats et monotones parcourus par les grands fleuves de la Vistule et de l’Oder, entre Carpates et massif de Bohême au sud, littoral de la Baltique au nord. Le climat présente des traits océaniques dégradés par une altération continentale croissante vers l’est, marquée par des amplitudes thermiques plus fortes, des hivers plus froids et plus enneigés, des précipitations estivales plus abondantes. Les différenciations climatiques introduisent une relative diversité des écosystèmes au sein des grands ensembles topographiques qui s’ordonnent en bandes parallèles à l’axe montagneux formant la frontière méridionale.

Les collines et les lacs baltiques

Au nord, une première zone est formée par les croupes lacustres de la Baltique : la Mazurie à l’est du cours inférieur de la Vistule, et la Poméranie à l’ouest. C’est une région à la topographie désordonnée, constituée par des alignements morainiques (sables, argiles, blocs erratiques) abandonnés à l’issue des dernières glaciations par l’inlandsis scandinave. La présence d’un réseau hydrographique mal hiérarchisé, de nombreux lacs et de marais dans les creux de la topographie, l’importance des forêts de pins et de bouleaux étendues sur des sols podzoliques orientent l’économie rurale vers l’agriculture, la pisciculture et le tourisme vert. La côte, régularisée par des cordons sableux, accueille des activités de pêche et un tourisme balnéaire. La vie maritime se concentre aux deux extrémités, dans les deltas de l’Oder et de la Vistule que prolongent respectivement les baies de Szczecin et de Gdańsk.

La grande plaine centrale

Elle forme un large couloir de basses terres qui se confond avec la zone des chenaux proglaciaires, vastes étendues sableuses (pradoliny), parcourus par le Bug et le Narew, le cours moyen de la Vistule, la Warta et le Noteć, que séparent des interfluves morainiques aux horizons plats. Trois ensembles s’individualisent : la plaine de Mazovie-Podlasie, à l’est ; la plaine de Couïavie-Grande Pologne, à l’ouest ; et le plateau de Łódý, au centre. Les dépôts argileux alternent avec les placages sableux, donnant des sols podzolisés, généralement acides, souvent lourds, dont la mise en valeur agricole exige amendements et engrais. Les conditions naturelles sont plus favorables en Couïavie et en Grande Pologne – où les terres plus fertiles portent des cultures de céréales et de betteraves à sucre associées à l’élevage, notamment de porcs – qu’en Mazurie et en Podlasie, dont les performances agricoles sont moins bonnes. Dépourvue de ressources minières, à l’exception des gisements de lignite de Bełchatow et de Konin, la grande plaine centrale est traversée par un vaste couloir de circulation, hier emprunté par les invasions (l’axe Berlin-Varsovie-Moscou), à présent, parcouru par d’intenses flux ferroviaires et routiers. Principaux carrefours, Varsovie, Łódý et Poznań sont les grands pôles urbains concentrant les activités économiques.

Le piémont méridional et les franges montagneuses

Le tiers méridional du pays se compose d’un vaste piémont adossé à un système montagneux de structure complexe. Formé de plateaux et de bassins aux paysages variés, le piémont méridional comprend à l’est le plateau de Lublin, recouvert en son centre de sols lœssiques, le bassin de Sandomierz au confluent de la Vistule et du San ; au centre, la Petite Pologne se compose du massif de Sainte-Croix (612 m) et des hauteurs de Czȩstochowa que sépare la dépression de la Nida. La Silésie est formée de deux ensembles : la haute Silésie où se trouve un important bassin houiller, et la basse Silésie qui correspond au bassin de Wrocław, traversé par le cours moyen de l’Oder, et tapissé de sols lœssiques fertiles. Cet ensemble concentre des ressources naturelles, énergétiques et minières, d’un intérêt exceptionnel qui explique l’accumulation des populations dans les concentrations industrielles et les espaces environnants. La zone montagneuse se compose de deux séries de massifs, séparés par le couloir siléso-morave ; à l’est, la partie externe de l’arc carpatique formée de chaînons de flysch et de grès fortement plissés, les Beskides occidentales et le massif cristallin des Tatry (ou Tatras) qui culmine à 2 499 mètres au mont Rysy ; au sud-ouest, le revers septentrional du massif des Sudètes présente un relief accidenté fait de monts et de plateaux coupés de bassins d’altitude moyenne. Couverte de forêts, bien arrosée par des précipitations de l’ordre de 800 à 1 500 mm par an qui en font un réservoir d’eau, cette bordure montagneuse se prête au développement de la villégiature estivale et du tourisme de sports d’hiver dans la station de Zakopane.

• Vers une décroissance de la population

Le nombre des habitants est le même au début des années 2010 qu’en 1990. Jusqu’à cette date, la croissance démographique reposait sur un excédent naturel des naissances sur les décès, compensant ainsi un solde migratoire déficitaire. Depuis lors, cet excédent n’a cessé de se réduire pour devenir négatif à partir de 1999. Le recul de la fécondité, qui s’est fortement accentué, ne permet plus d’assurer le remplacement des générations. Zone d’émigration traditionnelle, y compris sous le régime communiste, la Pologne a connu un infléchissement des flux migratoires, les départs étant en recul et les arrivées en progression. Les migrations temporaires de travail vers les pays voisins membres de l’Union européenne se sont développées, tandis qu’un flux de travailleurs clandestins originaires d’Europe orientale alimente l’économie informelle.

La population, d’une densité moyenne de 122 habitants au kilomètre carré, est inégalement répartie sur le territoire. Une zone de peuplement dense s’étend sur le piémont méridional, regroupant 36,7 p. 100 de la population et atteignant ses valeurs les plus fortes en Silésie (384 hab./km2) et en Petite-Pologne. Au centre du pays, la Mazovie autour de Varsovie, la région de Łódý et la Grande-Pologne concentrent 29 p. 100 de la population. Les densités décroissent en direction du nord, présentant les valeurs les plus faibles, inférieures de moitié à la moyenne nationale au nord-est en Podlachie et en Warmie-Mazurie, au nord-ouest en Poméranie.

Le taux d’urbanisation qui n’a cessé de progresser durant la période communiste, passant de 39 p. 100 en 1950 à 61 p. 100 en 1988, est resté stable depuis lors. Si les agglomérations urbaines continuent à polariser la croissance démographique, le peuplement se diffuse au profit de larges couronnes périurbaines autour des principales métropoles telles que Varsovie, Cracovie, Poznań, Bydgoszcz, Toruń, Gdańsk, Szczecin ; tandis que les périphéries rurales, en particulier dans la Pologne orientale, se dépeuplent. Un processus de vieillissement (14 p. 100 de la population a plus de 65 ans en 2009) qui tend à s’accentuer, affecte plus particulièrement cette dernière région.

• Une transition économique en demi-teinte

En une vingtaine d’années, le pays a accompli une remarquable mutation économique, en démantelant le système de planification centralisée et en construisant les bases d’une économie de marché. En 1989, lorsque l’économie polonaise engage sa transition, les réformes déjà mises en œuvre sont étendues à la libération des prix, à l’ouverture des échanges extérieurs, à la libéralisation du secteur privé et à l’amorce de privatisations. Cependant, dans le contexte d’une situation dégradée par de graves déséquilibres macroéconomiques, le nouveau gouvernement non communiste (Mazowiecki) issu de l’opposition démocratique met en œuvre une stratégie de stabilisation macroéconomique, qualifiée de « thérapie de choc » et associée à son concepteur, le ministre de l’Économie Leszek Balcerowicz. La politique de rigueur adoptée provoque la contraction de la demande et la chute de la production agricole et industrielle. L’expérience est interrompue après seize mois pour juguler les effets néfastes de la récession.

La reprise, amorcée en 1992, est consolidée à partir de 1994, au lendemain d’un changement de majorité gouvernementale. Le redressement de l’économie est spectaculaire, entre 1994 et 1997, avec un taux de croissance du P.I.B. de l’ordre de 6 p. 100 par an, une reprise de la production industrielle et une progression de l’emploi. La restructuration du secteur bancaire, impulsée par l’État et la Banque centrale en 1993, est achevée en 1996, avec la constitution de grands groupes (Pekao SA et Handlowy), respectivement privatisés en 1997 et 1998. La privatisation du secteur industriel progresse au coup par coup, par vente directe.

En 1997, le retour de Balcerowicz réactive le modèle initial de l’austérité et l’adoption d’une politique monétaire brutale se traduit par un ralentissement de la croissance économique et de l’emploi. Les privatisations sont relancées tandis que les réformes structurelles s’accélèrent dans les secteurs en difficulté (charbonnages, sidérurgie) et que les monopoles étatiques sont démantelés (électricité). Une avalanche de réformes administratives et sociales concernant les retraites, la fiscalité, les domaines de la santé et de l’éducation suscite le mécontentement, dans un climat social déjà tendu par la montée du chômage.

Le retour d’une majorité social-démocrate au gouvernement, en octobre 2001, a lieu dans une situation économique dégradée où la croissance du P.I.B. tombe à 1 p. 100 en 2001 et 2002. Le programme d’inspiration libérale, destiné à favoriser le retour à la croissance, est suivi d’effets positifs à partir de 2003, avec un taux qui s’élève à 3,8 p. 100. À la veille de son adhésion, l’économie polonaise converge vers les niveaux de référence de l’U.E. en ce qui concerne le taux d’inflation modéré (1,9 p.100 en 2002, 0,8 p.100 en 2003, 3 p.100 en 2004) et les taux d’intérêt à long terme, tandis que le critère relatif au déficit des finances publiques s’avère plus difficile à respecter (9 p.100 en 2001, 7 p.100 en 2002 et 2003). Le bilan de la transition polonaise est donc en demi-teinte, avec une économie modernisée et une situation de crise sociale marquée par un taux de chômage qui a atteint 20 p. 100 au début des années 2000. Le déficit commercial chronique persiste en dépit d’une progression plus forte des exportations que des importations. La structure des échanges en valeur est caractéristique d’une économie industrielle développée, les produits manufacturés, les machines et les équipements de transport représentant plus des quatre cinquièmes des entrées comme des sorties.

• L’agriculture, une modernisation différée

L’agriculture polonaise se caractérise par des traits structurels spécifiques, tels qu’une fragmentation foncière et une surcharge en main-d’œuvre, responsables d’une faible productivité.Au lendemain de la chute du régime communiste, les anciennes fermes d’État ont été liquidées et leurs biens mis en vente ou en location. Il en a résulté un chômage massif des anciens ouvriers agricoles dans les régions du Nord et de l’Ouest, où le secteur public était fortement représenté. Quant au secteur privé qui détient 92 p. 100 de la surface agricole utile, il est majoritairement constitué d’une masse de petits exploitants familiaux (au nombre de 1,9 million) qui avaient conservé la propriété de leurs terres pendant toute la période communiste. L’agriculture familiale est composée, d’une part, d’exploitations marchandes qui cherchent à élargir leur assise foncière et à se moderniser, d’autre part de petites exploitations de semi-subsistance en repli. Le processus de concentration foncière tend à renforcer la part des exploitations moyennes et grandes (plus de vingt hectares) ; mais la survie, largement assistée par les politiques sociales, des petites exploitations vivrières freine la mutation vers un modèle agricole professionnel. L’agriculture marchande est bien développée dans les régions centrales, de Poznañ à Łomza, tandis que l’emprise de la petite paysannerie s’étend dans le quart sud-est du pays. Le processus d’extensification de l’agriculture, caractérisé par le recul des superficies cultivées et ensemencées, la réduction de l’emploi des fertilisants, la simplification des systèmes de culture, le déclin du cheptel, en particulier bovin et ovin, s’est traduit par la baisse de la production agricole (de 12 p. 100 de 1990 à 2002). À l’exception de la production de blé et du cheptel porcin, toutes les branches de l’activité agricole ont décliné. En aval, les industries agroalimentaires et le secteur de la grande distribution ont été pénétrés et restructurés par les grands groupes internationaux.

• La restructuration industrielle

Le secteur industriel a connu, dans les années 1990, une profonde réorganisation de ses fondements et de ses structures. Avec le passage à l’économie de marché, l’héritage d’une industrialisation lourde fondée sur d’abondantes ressources énergétiques et minières (charbon, lignite, cuivre, zinc, plomb, soufre, sel) et organisée sous la forme de grands combinats, a été remis en cause. L’extraction du charbon et du lignite, la sidérurgie, la production de soufre (Tarnobrzeg), les industries de l’armement ont vu leur activité se réduire fortement. Des pertes massives d’emploi ont également frappé les secteurs du textile, des cuirs, des métaux. De nouvelles branches, auparavant secondaires, notamment dans le secteur des biens de consommation, ont pris le relais pour soutenir un accroissement de la production industrielle de l’ordre de 75 p. 100 entre 1990 et 2002. Les changements structurels sont liés à l’essor des entreprises privées qui réalisent plus des quatre cinquièmes de la production, et à l’arrivée des investisseurs étrangers – européens et américains – qui ont racheté des entreprises d’État dans le cadre des privatisations, ou qui ont créé de nouvelles unités dans le cadre de stratégies d’intégration. Une partie souvent dominante de la production des unités relevant des firmes multinationales est destinée à l’exportation. L’importance du marché intérieur polonais constitue un autre facteur d’implantation. L’impact de cet afflux de capitaux, de technologies et de savoir-faire s’est révélé déterminant pour améliorer la productivité et renforcer la compétitivité du secteur de l’industrie qui, avec la construction, représente environ un tiers du P.I.B.

Les performances économiques régionales sont bien différenciées, des trajectoires de déclin coexistent avec des dynamiques de croissance, parfois à l’échelle d’une même région. Ainsi, en dépit des très lourdes restructurations des activités minières, sidérurgiques et chimiques, responsables de nombreux licenciements, la Pologne méridionale, de la Basse-Silésie à la Petite-Pologne, est parvenue à maintenir sa place de grande région industrialisée en attirant environ le tiers des investissements étrangers. L’implantation de constructeurs automobiles et des équipementiers dans les centres industriels de Katowice (Opel) de Gliwice (General Motors), de Wałbrzych (Toyota), de BielskoBiała et de Tychy (Fiat), figure parmi les principales opérations. En Pologne centrale, les voïvodies (régions) de Mazovie, de Łódý, de Couïavie-Poméranie et de Grande-Pologne ont capté les deux cinquièmes des investissements étrangers. Les zones métropolitaines de Varsovie, Wrocław, Poznań, Gdańsk, Bydgoszsz, Toruń, sont les grandes gagnantes en termes d’attractivité, en raison de la taille de leur marché de consommation, de leur accessibilité et de la présence d’une main-d’œuvre qualifiée. En revanche, les régions de l’est (Podlachie, Lublin) et du nord (Warmie-Mazurie), désavantagées par leur localisation et leurs structures socio-démographiques, n’attirent pas les investissements.

• Les défis territoriaux