Pour une clinique du psychanalyste - Jacques Nassif - E-Book

Pour une clinique du psychanalyste E-Book

Jacques Nassif

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Beschreibung

L’idée portée par le titre du présent recueil de textes mérite d’être soutenue, car il n’en existe pas encore, de « clinique » du psychanalyste, alors que bien d’autres professions à risque en sont pourvues, depuis celle de l’enseignant jusqu’à celle du sapeur-pompier, en passant par celle du sportif de haut niveau. Non pas que chaque métier n’ait pas ses risques, mais certains en ont de plus spécifiques : quand on enseigne, quand on s’expose à la fournaise des incendies de forêt ou quand on vise le podium des Jeux olympiques, on est spécialement exposé, c’est sûr.
À l’image du psychanalyste confortablement tassé dans son fauteuil, il convient donc, pour entrer du bon pied dans ce livre, de substituer celle de praticiens soumis à rude épreuve. C’est que la pratique analytique n’est pas seulement le « divertissement suprême », elle est aussi un champ de bataille où viennent exploser les mines défaites, les cœurs contrariés, les âmes branlantes, les pensées enchevêtrées, les hontes étouffées, bref, tout ce que l’humanité endure lorsque les idées claires et distinctes deviennent sombres et confuses.

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Table des matières

QUI FAIT L’ANGE FAIT LA BÊTE - Pierre Eyguesier

LIMINAIRE

Liste de Mots-Clé

JACQUES NASSIF

POUR UNE CLINIQUE DU PSYCHANALYSTE

Psicanalisi e dintorni / 13

 

© 2017 POLIMNIA DIGITAL EDITIONS S.R.L.

VIA CAMPO MARZIO 34, 33077 SACILE (PN) ITALIE

ISBN 978-88-99193-26-3

ISBN-A 10 978.8899193/263

WWW.POLIMNIADIGITALEDITIONS.COM

[email protected]

CATALOGUE DE POLIMNIA DIGITAL EDITIONS

 

EN COUVERTURE:

ALBERTO BALI, AUTOBIOGRAPHIE, LONDRES 1975, HUILE SUR TOILE, COLLECTION PRIVÉE.

 

 

Table des matières

 

QUI FAIT L’ANGE FAIT LA BÊTE - Pierre Eyguesier

LIMINAIRE

UN FIL DÉFAIT DÉLIVRE

QUI EST « AUTEUR » EN PSYCHANALYSE?

LE PSYCHANALYSTE SANS FAUTEUIL (ou l’être-là du psychanalyste, quand l’analysant n’est pas là)

DÉFORMATIONS DU PSYCHANALYSTE

PAVANE POUR UNE INFANTE DEFUNTE

QUAND LES BALLES SIFFLENT, MAIS QU’AU BALCON, IL N’Y A PLUS À LA FENÊTRE QUE LE TROU DE PERSONNE

LA PREUVE PAR LA FICTION

« JE NE SUIS PAS PSYCHANALYSTE »

À LA LUMIÈRE DE BATAILLE: L’ÉCONOMIE RESTREINTE EST UN FONDAMENTALISME

QUAND C’EST LA PSYCHANALYSE ELLE-MÊME QUI FAIT TRAUMA

Liste de Mots-Clé

QUI FAIT L’ANGE FAIT LA BÊTE

L’idée portée par le titre du présent recueil de textes mérite d’être soutenue, car il n’en existe pas encore, de « clinique » du psychanalyste, alors que bien d’autres professions à risque en sont pourvues, depuis celle de l’enseignant jusqu’à celle du sapeur-pompier, en passant par celle du sportif de haut niveau. Non pas que chaque métier n’ait pas ses risques, mais certains en ont de plus spécifiques: quand on enseigne, quand on s’expose à la fournaise des incendies de forêt ou quand on vise le podium des Jeux olympiques, on est spécialement exposé, c’est sûr.

À l’image du psychanalyste confortablement tassé dans son fauteuil, il convient donc, pour entrer du bon pied dans ce livre, de substituer celle de praticiens soumis à rude épreuve. C’est que la pratique analytique n’est pas seulement le « divertissement suprême », elle est aussi un champ de bataille où viennent exploser les mines défaites, les cœurs contrariés, les âmes branlantes, les pensées enchevêtrées, les hontes étouffées, bref, tout ce que l’humanité endure lorsque les idées claires et distinctes deviennent sombres et confuses; lorsque l’expressivité – qui est la main du Phallus dans la culotte de la parole – s’effondre.

Il l’a bien voulu, être soumis à cette rude épreuve (la clinique du psychanalyste ne concerne évidemment pas ceux qui sont attirés vers ce métier pour son prestige, ou par son côté j’en sais plus long que le commun des mortels), puisqu’il l’est devenu pour l’avoir lui-même traversée en faisant une cure, pas didactique a priori mais seulement après coup: ce qu’il a appris de cette épreuve lui est resté chevillé au corps, au point que, de fil en aiguille, il en est venu à glisser du divan au fauteuil, poussé par une nécessité qui n’est pas tant de gagner sa vie, ni bien sûr d’épater la galerie, mais sûrement de garder le contact avec le bien dire, la trouvaille verbale et l’hypothèse audacieuse qui surgissaient pour le sauver lorsque… il avait tout perdu.

Pour une clinique de celui qui a tout perdu… Et qui bien sûr peut être « tenté ». Tenté de retraverser à l’envers les défilés de la castration, de jouir un poil de trop d’être pris dans les feux croisés de transferts multiples, de se laisser griser par l’argent liquide, et, crime suprême, d’aller jusqu’à déporter une analysante de son divan à elle vers son lit à lui.

C’est en ce point en effet que se cristallise le livre que tu vas lire, lecteur, toi qui attends, je suppose, que son auteur fasse un pas au-delà des traités déjà connus de toi sur l’hygiène de l’analyste qui, n’est-ce pas, doit se ressourcer de temps en temps au grand air, ne pas trop hésiter à faire une « nouvelle tranche », ou encore s’adonner à une activité créatrice parallèle, etc., etc.

Non, le propos de ce recueil de textes plus ou moins récents (le premier, auquel j’accorderai une place déterminante, remonte à pas moins d’une quarantaine d’années) n’est pas de dresser la liste des pathologies qui guettent le psychanalyste (la mélancolie, la phobie, les accès de débauche, l’alcoolisme, la débilité mentale, l’identification à l’analyste et autres travers personnels dont les biographies des analystes, tout comme les romans dont ils sont les héros, sont prodigues) et, face à elle, celle des thérapeutiques les plus appropriées. Il est très précisément de sortir le psychanalyste de ce que je propose de nommer « le piège du curé » – vous savez, cette propension qu’ont les curés, et parfois même les évêques sinon le pape lui-même, de mettre sur leurs genoux des ouailles spécialement appétissantes, d’autant et surtout qu’elles sont mises en position favorable par l’amour de transfert.

Oui, le piège du curé, c’est ce qui mérite à soi seul qu’on se batte pour une clinique du psychanalyste. Car c’est en lui que se révèle et se concentre la fraude dans laquelle ce métier peut, au bout de tous les comptes (au bout de tous les risques qu’il comporte), finir par sombrer. Non pas, comme on aurait tort de le penser tout de go, une fraude consistant de la part du curé-psychanalyste à faire passer sa vessie pour une lanterne, car après tout il faut bien que l’âne ait son avoine, mais la fraude qui consiste à se croire animé d’un désir pur, dédaigneux du corps pulsionnel, sans en mesurer les conséquences tout aussi dramatiques pour les analysants qu’un torve passage à l’acte.

On accordera à cet égard une attention toute particulière au texte qui ouvre ce recueil. « Un fil défait délivre » est la reprise par Jacques Nassif d’une contribution qui avait il y a bien longtemps trouvé sa place dans une rubrique hélas éphémère de la revue lacanienne Ornicar? Intitulée « Formations de l’inconscient », elle était ouverte à des écrits non signés d’analystes portés, à l’instar de Freud mais aussi d’Adorno ou de Benjamin, à ne pas considérer comme hors de propos la publication de leurs rêves, lapsus et autres actes manqués les plus sidérants, les plus lumineux.

À l’époque où je lis ce texte dans Ornicar?, je suis un des analysants de celui qui ne le signe pas, bien entendu enclin comme bien des analysants d’alors à foncer tête baissée dans le piège du curé, autrement dit, pour reprendre en le modifiant sur un mot décisif le titre d’un petit écrit de Georges Bataille, dans « l’amour d’un être immortel ».

Car c’est dans L’amour d’un être mortel, de Bataille donc, que j’ai capté au vol une pensée en forme de fusée – « La vérité est dans la chambre des amants » – éclairant après coup l’effet que me fait la lecture, dans la foulée de la révélation par un ami que l’auteur de « Un fil défait délivre » n’est autre que Jacques Nassif, de l’extraordinaire passage suivant de ce texte: « Puis j’ai fait l’amour à une femme, celle qui porte mon nom, très amoureuse ce soir-là. Elle m’a dit : “Ma peau t’aime”. De ma part, c’était l’acte à corps perdu. J’ai dû me dire : ”Maintenant, tu pourrais mourir” ».

Délivrance.

Pour une clinique… La clinique, en ce sens retrouvé que j’ai jusque-là pris plaisir à distordre, n’est-ce pas justement le savoir recueilli à même le lit ?

Le curé, lui, est un faux jeton, car jouir de la transcendance ne peut que conduire dans les caves du Vatican – dont un analyste rigolard fera l’étymologie de vaticinations.

La vérité est dans la chambre des amants, pas dans le ciel étoilé du cabinet du psychanalyste, sauf à titre provisoire, propédeutique, et à la condition que le piège du curé soit sans relâche déjoué, jusques et y compris en donnant du champ aux indispensables bouffées de transfert négatif.

En capitalisant sur la perte pure qui l’a conduit à occuper une position aussi risquée que l’était la sienne lorsqu’il était analysant, l’analyste encourt assurément le risque d’être hospitalisé dans une « clinique » dont l’offre thérapeutique pourrait consister, en dernier ressort, à le délivrer de l’amour d’un être immortel.

« N’oublie jamais que c’est ton symptôme, et son dépassement par des trouvailles, par un style que tu as toi-même forgé vaille que vaille dans ta cure, qui t’ont fait psychanalyste », telle pourrait être la formule inscrite sur le frontispice d’une telle clinique, dont le présent recueil pose une première pierre de taille.

Pierre Eyguesier

PS: Je m’aperçois en me relisant que psychanalyste, ici, s’entend principalement au masculin. Ne serait-ce pas la preuve stylistique que les femmes-analystes sont bien moins sujettes à devenir clientes de ladite « clinique » que leurs collègues masculins ? Question sabbatique…

LIMINAIRE

Que le lecteur s’en souvienne, lorsque j’ai rédigé le texte du rêve qui ouvre ce recueil et que je me suis employé à en faire l’analyse par écrit, je n’avais encore que dix ans…

Je veux, bien sûr, parler de mon âge de psychanalyste, cet exercice produisant toujours des rêves, dans le style de celui sur « l’injection faite à Irma », où le premier psychanalyste tente de se disculper de faire cet impossible métier.

La plupart des autres textes qu’on va lire ici, datent, eux, d’il y a moins de dix ans et font de moi un étranger dans son propre pays : quatre d’entre eux ont été écrits à l’adresse de mes amis en Belgique1 et le cinquième, celui inspiré par les massacres du 13 novembre, a pourtant été dit en Espagnol à Barcelone, où je tiens, depuis trois ans maintenant, un séminaire sur Bataille.

Quatre seulement des textes restants ont donc été écrits à l’adresse de collègues français : le premier, sur la question de l’auteur en psychanalyse, a servi à préfacer le récit, romancé après-coup, d’une analyse dont l’analysante avait fait l’objet d’une “effraction” (titre qu’elle a donné à son livre2), les deux autres, prononcés dans mon association3, où la fonction du psychanalyste figure dans le titre, mais soit pour être négativée soit pour la priver de son principal atout : le fauteuil ; enfin le dernier, qui a été dit en septembre 2016 dans un théâtre où s’exhibaient aussi des peintres au travail, un conteur, des musiciens et des danseurs et où le psychanalyste était donc censé y aller pour faire oublier les vilenies qu’on pouvait à juste titre lui avoir imputé4.

C’est bien pourtant auprès de collègues français que je me suis moi-même formé, non sans devoir m’employer à me justifier autrement que par mon exercice de psychanalyste ayant des analysants, à savoir : dans une écriture qui me permettait de penser, si j’arrivais quand même à capter suffisamment leur bienveillance pour être lu, que je pourrais me dire encore psychanalyste.

Mais mon auditoire est fort restreint et c’est chez mes amis italiens que ce recueil va maintenant paraître, comme si je mettais résolument mes pas dans ceux de Hamlet déclarant qu’il y a “quelque chose de pourri…” dans la langue où la psychanalyse a fait de Lacan son Roi, comme si je ne pouvais m’empêcher d’aller chercher ailleurs une excuse pour me dire psychanalyste.

Au lecteur à présent de juger si le psychanalyste ici dépeint a encore des chances de le rester.

Jacques Nassif

Paris, mars 2017

 

1“Déformations…” était, par exemple, l’annonce de mon intervention à un colloque du Questionnement analytique, “Pavane…”, la réponse donnée à une question posée par le site <Squiggle.be>, et les deux textes sur Genet et Marivaux, des prises de parole dans des lieux universitaires où l’on s’occupe des adolescents: “La preuve par la fiction” est même paru en 2010, dans les Cahiers de psychologie clinique aux éditions de Boeck.

Enfin ma dernière vraie publication: Le livre des poupées qui parlent a bien paru en Belgique à Fernelmont en 2012 dans la collection « Lire en psychanalyse » des éditions E.M.E. Et il est resté en France pratiquement inaperçu…

2Paru en septembre 2016, aux éditions des Crépuscules, il s’agit du livre d’Isabelle Carré: Effraction.

3Les Cartels Constituants de l’Analyse Freudienne.

4Après midi où a tenté d’être lancée une des dernières nouvelles associations parisiennes, enfreignant justement le code du français, puisqu’elle s’intitule: Corpo Freudiano.

Liste de Mots-Clé

(par ordre d’entrée en scène)

 

Mort du père et désir de la mère;

Père d’un enfant et Auteur d’un livre ;

L’analyse est un métier;

L’Analyste comme analysant;

Non-savoir;

Clinique du visible et clinique de l’audible;

La psychanalyse, seule thérapie vraiment efficace;

La technique analytique est essentiellement une éthique;

Une institution de la destitution du sujet supposé savoir;

Les personnes comme sources d’un fonctionnement;

La psychanalyse: un nouveau genre littéraire;

Principe d’abstinence;

Règle fondamentale;

Désir de reconnaissance v/s désir du psychanalyste;

Les psychanalystes forment-ils un lien social?;

La passe, non comme échec, mais comme avenir de la psychanalyse;

La communauté invisible et inavouable des analysants;

Encore une théorie sexuelle infantile;

Fiction et Société du spectacle;

La vignette clinique comme genre à réprouver;

Psychanalyse impliquée, plutôt qu’appliquée;

Contrepartie, côté analyste, de l’observance de la règle fondamentale: se contraindre à réinventer le savoir analytique à chaque nouvelle analyse;

La psychanalyse commence aujourd’hui où et quand la psychothérapie a échoué;

Le symptôme n’est pas l’indice d’un savoir à décrypter, mais la manifestation d’une vérité à dévoiler;

Se garder de devenir le gardien de la règle, c’est pour l’analyste récuser la position de l’inquisiteur;

L’analysant vient souvent demander à l’analyste d’authentifier son auto-guérison;

L’analyste est souvent choisi pour devenir un instrument identifiable du destin, afin de pouvoir rester la victime du dieu obscur;

La psychanalyse comme entreprise de subversion du signifié par le signifiant;

Substituer à l’universel réaliste de la science un universel nominaliste;

La psychanalyse vise à mettre à distance la pensée technoscientifique qui réduit la réalité à du quantifiable numérisé;

Un analyste doit pouvoir prendre le risque de nommer ce qui est resté innomé, voire tenter de nommer l’innommable;

Dire pour la première fois comme degré zéro de la création;

Remplacer le supposé savoir par celui qui se surprend à apprendre et qui devient l’institution d’un sujet supposé créer;

Il y a un fondamentalisme dans l’économie restreinte et dans le refus de la dépense improductive;

L’islam comme société de conquête a besoin de rétablir la notion de frontière et d’empire;

Définition pour l’islam de l’infidèle comme celui qui serait à refouler au-delà de cette frontière;

La soumission au Calife est du même ordre que la soumission à l’impératif d’une croissance indéfinie;

Réminiscence et trauma comme points de départ de la pensée analytique;

Nécessité de prendre en compte dans la psychanalyse la troisième révolution technologique qui fait que la mémoire peut être séparée de la subjectivité humaine;

Faire de la psychanalyse elle-même un trauma qui guérit du trauma;

Le trauma de la psychanalyse chez les lacaniens n’est plus celui, automatique, du cadre, mais celui, aberrant, du sujet, faisant circuler du sens d’un signifiant à un autre signifiant, ce qui autorise la sauvagerie de la ponctuation et des interventions abusives;

La dissolution de l’E.F.P. a privé ses membres du statut d’ayant-droit du Séminaire, pour rétablir une transmission héréditaire et familiale;

L’indistinction freudienne et lacanienne de l’amour de transfert et de l’amour dans le couple aura été grosse de passages à l’acte préjudiciables à la transmission de la psychanalyse.