République démocratique du Congo - Encyclopaedia Universalis - E-Book

République démocratique du Congo E-Book

Encyclopaedia Universalis

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Grande comme plus de quatre fois la France et richement dotée en ressources minières, la République démocratique du Congo (R.D.C.) – qui s'appela Zaïre de 1965 à mai 1997– compte pourtant parmi les pays les moins avancés de la planète. La désagrégation des structures économiques formelles et la crise du contrôle politique autoritaire postcolonial...

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852297746

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

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République démocratique du Congo

Introduction

Grande comme plus de quatre fois la France et richement dotée en ressources minières, la République démocratique du Congo (R.D.C.) – qui s’appela Zaïre de 1965 à mai 1997 – compte pourtant parmi les pays les moins avancés de la planète. La désagrégation des structures économiques formelles et la crise du contrôle politique autoritaire postcolonial l’éloignent de plus en plus des voies reconnues du développement, rendant précaires les conditions de vie des populations. Pourtant, dans son apparent chaos, cette société invente des modes de régulation sociale adaptés au contexte de rareté et de misère qui y prévaut et qui, faute de mener à une modernisation de type occidental, permet la survie des habitants.

Congo (République démocratique du) : drapeau. Congo (République démocratique du) (1997 ; modif. en 2003). Le drapeau du nouveau régime institué en 1997 marque une franche rupture avec celui de l'ex-Zaïre, qui avait adopté les couleurs de l'unité panafricaine et se signalait en son centre par la silhouette d'un bras brandissant une torche enflammée : sur fond bleu, sept étoiles jaunes à cinq branches, dont une de grande taille au centre et six plus petites disposées verticalement au guindant. Les couleurs ont depuis lors été précisées. Le 18 février 2006, ce drapeau a de nouveau changé. Ce jour, le président Joseph Kabila a proclamé une nouvelle Constitution. Le dessin du nouvel emblème reprend celui qui fut en usage du 1er décembre 1966 au 21 novembre 1971, avant la « zaïrisation » du pays. La seule différence porte sur le bleu, désormais plus clair, qui symboliserait la paix. Le rouge de la bande diagonale représenterait les martyrs du pays, le jaune le sentiment national et l'étoile le futur radieux.

À cheval sur l’équateur, s’étendant dans le vaste bassin du fleuve dont il a repris le nom et n’accédant à l’océan Atlantique que par une étroite façade maritime de 50 kilomètres, la R.D.C. est située au centre du continent africain et partage ses frontières avec neuf pays : à l’ouest, le Congo ; au nord, la République centrafricaine et le Soudan du Sud; à l’est, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie ; au sud, la Zambie et l’Angola.

Sur cet espace vivaient différentes sociétés, principalement Kongo, Kwangu-Kwilu, Luba, Bwaka et Azandé. Elles étaient organisées en royaumes indépendants. Elles se retrouvèrent englobées dans une entité coloniale après que l’implantation de comptoirs commerciaux installés sur le fleuve à partir de 1876 par l’Association internationale du Congo, propriété personnelle du roi Léopold II de Belgique, eut abouti à la reconnaissance internationale en 1885. En échange de la liberté du commerce dans le bassin conventionnel du fleuve, les puissances européennes acceptaient la constitution de l’État libre du Congo, correspondant à un territoire dont le roi Léopold devint le chef. Lors de la négociation, le Portugal obtint le maintien de ses positions sur les côtes de l’Atlantique, tandis que la France se voyait confirmer sa très récente installation sur la rive droite du Congo.

Le Congo belge, auquel succéda le Zaïre, fut conçu par ses fondateurs comme une entreprise d’intense exploitation d’un territoire aux ressources prometteuses. Après de longues tergiversations et à cause de difficultés financières, le roi abandonna sa souveraineté personnelle au profit de l’État belge qui assuma la responsabilité formelle de la colonie à partir de 1908. Les populations contribuèrent lourdement à l’effort de guerre. La croissance rapide des années 1920, liée au développement des plantations et de l’extraction minière, fut bloquée par la crise et, durant la Seconde Guerre mondiale, la colonie connut une quasi-autonomie par rapport à la métropole occupée par les Allemands. Les Alliés la firent participer activement à leur effort de guerre.

Une nouvelle expansion économique eut lieu entre 1949 et 1956, mais la population africaine n’y fut pas directement associée, et le colonisateur se garda bien de former une élite locale. Jusqu’à la fin des années 1950, la métropole refusa d’envisager l’émancipation de sa colonie, attitude qui entraîna une décolonisation particulièrement désastreuse. Des manifestations suivies d’émeutes éclatèrent en 1959 à Léopoldville. Des négociations tenues à Bruxelles l’année suivante permirent de fixer la date de l’indépendance au 30 juin 1960, mais les élections donnèrent la majorité aux partis nationalistes les moins enclins au compromis avec l’ancienne métropole. Des troubles graves endeuillèrent le pays aux mois de juillet et de septembre 1960, tandis que se manifestaient, en particulier au Katanga, des tendances sécessionnistes.

Patrice Lumumba est assassiné en janvier 1961. L’intervention des troupes de l’O.N.U. permet l’amélioration de la situation, mais l’unité du pays est difficile à maintenir. Le coup d’État de 1965 porte au pouvoir le chef de l’armée nationale, le général Mobutu, dans lequel les États-Unis voient un garant de l’unité du pays et un rempart contre le communisme. L’année suivante, Mobutu fonde le Mouvement populaire de la révolution (M.P.R.), parti unique et outil d’une autocratie qui assure pour un temps une certaine stabilité, mais qui, ne reculant ni devant la répression ni devant la corruption, n’empêche pas le pays de sombrer. La contestation politique et la revendication démocratique existent depuis la fin des années 1970. Le contexte mondial de 1990 donne à l’opposition l’occasion de s’exprimer et force la reconnaissance du multipartisme. Pourtant, la transition s’enlise au milieu de troubles graves habilement utilisés par le président-fondateur Mobutu qui parvient, en 1994, à s’imposer à nouveau sur la scène internationale comme un interlocuteur incontournable, avant d’être définitivement évincé en 1997.

Avec une population de plus de 50 millions d’habitants, la R.D.C. constitue un vaste chantier dans lequel l’État est à construire. Si les ressources naturelles sont encore disponibles, la société est profondément transformée par rapport à la situation de 1960. L’urbanisation importante a changé les données. La déstabilisation du régime entre 1990 et 1996, puis les guerres qui se sont succédé presque sans discontinuer depuis lors, ont déplacé la conduite du redressement du pays vers un pilotage international très délicat. Aussi l’essor de ce « géant » potentiel de l’Afrique noire ne peut-il être envisagé que dans le long terme.

Patrick QUANTIN

1. Géographie

• Les aspects physiques

La structure physique isole de l’océan le centre du pays. Le bord occidental de la cuvette est suffisamment relevé pour imposer au fleuve Congo la traversée de hauts plateaux accidentés, où sa vallée en gorge s’encombre de violents rapides. De Kinshasa à Matadi, le fleuve cesse d’être navigable. Malgré sa façade maritime, la R.D.C. serait économiquement enclavé si, dès 1898, un chemin de fer n’avait été construit pour doubler les rapides.

Les aspects physiques sont à la fois divers et monotones : monotonie d’ensemble ; diversité de détail. Les surfaces calmes prédominent. Cependant, les vraies plaines sont rares. Pas de plaine maritime. Très peu de plaines alluviales. Le Congo coule le plus souvent entre des rives vigoureuses, qui s’écartent seulement autour du Stanley Pool, puis en aval de Boma. Les seules plaines de quelque étendue sont en amont ou en aval de certains grands lacs orientaux, ou bien correspondent à des surfaces marécageuses au cœur de la cuvette (marais de la N’Giri, par exemple, entre le Congo et l’Ubangi). Ailleurs, le paysage dominant est le plateau, dégagé dans les terrains sédimentaires de la cuvette et de ses auréoles ou taillant le socle précambrien, qui, sauf au Kwango, constitue le bourrelet périphérique : plateau calme comme une immense table, par exemple dans la région de Kamina, le sud du Kwango ou la zone de partage des eaux entre le Zambèze et le Congo (Katanga méridional) ; plateau disséqué en collines comme dans le Mayumbe, au nord de Boma. Le socle précambrien du bord oriental a été porté à haute altitude et en même temps haché par l’alignement des fossés où se logent les lacs Albert, Édouard, Kivu et Tanganyika. Les flancs de ces fossés qui ont parfois de 2 000 à 3 000 mètres de commandement ont été déchirés par l’érosion et font figure de véritables montagnes. C’est sur la frontière orientale du pays que se trouvent ainsi les points culminants : le Ruwenzori, bloc précambrien soulevé à 5 120 mètres et qui conserve, sous l’équateur, quelques glaciers ; le Karisimbi (4 500 m), le plus haut des appareils volcaniques des Virunga, sur la frontière du Rwanda, au nord du lac Kivu.

Le socle périphérique renferme les principales richesses minérales : l’or du Nord-Est et de l’Est (en quantités très modestes), l’étain du Maniema et du Katanga septentrional, le cuivre surtout (et les minéraux qui lui sont souvent associés comme le cobalt, le cadmium, l’uranium et le zinc) dans le sud du Katanga, le manganèse enfin, dans le sud-ouest de cette dernière province. Les terrains sédimentaires de la partie centrale sont minéralement très pauvres, sauf dans une partie du Kasaï (et notamment dans la région de Mbuji Mayi) où ils ont été traversés par des cheminées diamantifères. Des terrains d’âge primaire, au Katanga, contiennent un peu de charbon (Luena, Albertville). Le bassin côtier laisse espérer du pétrole (espoirs très modérés). Cependant, la source principale d’énergie reste les rivières, au débit abondant, qui sont entrecoupées de rapides et de chutes. Le seul aménagement du fleuve Congo, à Inga, en amont de Matadi, assurerait une puissance de 32 millions de kilowatts.

Monotonie aussi des conditions climatiques, mais diversité des nuances. Le pays chevauche l’équateur. La partie centrale est donc dotée d’un climat typiquement équatorial, avec des pluies abondantes (plus de 1 500 mm par an) réparties sur toute l’année et des températures oscillant faiblement autour de 26 0C. Au nord et au sud, une saison sèche apparaît et croît en durée et en rigueur avec la latitude. Dans la plus grande partie du pays, elle ne dépasse pas trois mois d’affilée. Dans le Bas-Congo, elle peut atteindre cinq mois (de juin à octobre ; sa longueur anormale, à une telle latitude, est liée indirectement à l’existence, le long de la côte atlantique, d’une remontée d’eaux fraîches, connue sous le nom de courant de Benguela). Dans l’extrême sud du Katanga, elle dure sept mois. Partout, cependant, le total annuel des pluies est élevé et dépasse souvent largement 1 000 mm. Les seules exceptions sont sur le rivage atlantique même et dans le fond de certains fossés orientaux.

La végétation est en accord avec les conditions climatiques et morphologiques. L’immense forêt équatoriale (plus de 1 million de kilomètres carrés) couvre la partie centrale et gravit les reliefs orientaux où l’altitude modifie sa composition floristique. Ailleurs, les plateaux sont couverts d’une mosaïque de forêts et de savanes avec un principe ordonnateur généralement respecté : les plateaux, plus secs et dotés souvent de revêtements sableux pauvres, portent des savanes, la forêt garnit les vallées où elle se réduit parfois à d’étroits rubans, ou même à de simples rideaux. Dans le Katanga méridional et dans le sud du Kwango, les savanes alternent avec une forêt tropicale, plus ou moins dégradée, faite d’arbres légers (acacia, albizzia, brachystegia, etc.), qui perdent généralement leurs feuilles pendant la saison sèche.

• La diversité humaine

La diversité humaine est grande, bien qu’on ne trouve pas ici les contrastes marqués qui existent dans certains États d’Afrique occidentale ou orientale. Linguistiquement, par exemple, deux grands ensembles dominent le pays. Le groupe bantou, tout d’abord, qui occupe l’essentiel du territoire. Ensuite, un groupe de langues soudanaises (avec de nombreuses enclaves bantoues), qui se rencontre dans le Nord (Ngbaka, Ngbandi, Mbandja, Zande, Mangbetu, etc.). Dans le Nord-Est, quelques petits groupes nilotiques (Alur, Lugbara, Logo).

Les systèmes sociaux et politiques traditionnels ont entre eux beaucoup d’affinités, mais les nuances sont nombreuses. Par exemple, dans la structure des filiations : certains groupes sont patrilinéaires (Luba du Kasaï, Mongo), d’autres matrilinéaires (Kongo) ; ou dans les structures politiques, ici fondées sur la parenté comme chez les Mongo, ailleurs, c’est-à-dire dans le Sud et le Nord-Est, aboutissant à la constitution de chefferies, dans lesquelles le chef détient un pouvoir réel de justice et d’administration tout en étant doté, par sa puissance, de la richesse.

Certaines chefferies ont su, au cours de l’histoire, se hisser au niveau de véritables États dans les savanes méridionales où la circulation est aisée. Les institutions des Lunda, et sans doute aussi celles des Kongo, ont marqué de leur empreinte un nombre appréciable de peuples de l’ancien Congo méridional. Les Pende ont relayé vers l’est des institutions transmises des États côtiers. Les Kuba, plus à l’est, ont reçu ces apports par leur intermédiaire et ont su leur donner une forme originale. Des États de l’histoire précoloniale, deux subsistent encore :