Sri Lanka - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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Encyclopaedia Universalis

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Depuis 1972, Ceylan a retrouvé officiellement son nom précolonial de Sri Lanka. Dans un espace insulaire relativement réduit (65 610 km²), à peu près la superficie du Benelux) se rencontrent des milieux géographiques et des traits socioculturels très contrastés. Sri Lanka appartient au monde indien par sa morphologie et ses climats, par...

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852298583

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

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Sri Lanka

Introduction

Depuis 1972, Ceylan a retrouvé officiellement son nom précolonial de Sri Lanka. Dans un espace insulaire relativement réduit (65 610 km2, à peu près la superficie du Benelux) se rencontrent des milieux géographiques et des traits socioculturels très contrastés. Sri Lanka appartient au monde indien par sa morphologie et ses climats, par son peuplement, ses structures sociales et sa culture ; mais l’île a acquis une physionomie originale au cours de deux millénaires et demi d’une évolution autonome, durant lesquels le bouddhisme est devenu le critère d’identité de la majorité de la population, tandis que quatre siècles et demi de colonisation laissaient une empreinte profonde sur l’économie et la société, notamment dans les zones littorales.

Sri Lanka : drapeau. Sri Lanka (1948 ; modif. 1950, 1978). Drapeau curieusement formé de deux panneaux juxtaposés et bordés de jaune. Le plus petit, à dextre, est lui-même composé de deux bandes verticales représentant les minorités de l'île : les musulmans (vert) et les Tamouls hindouistes (orange). Le grand panneau reproduit l'antique bannière du royaume de Kandy, avec son lion « passant armé », mais où les quatre sabres ont été remplacés plus pacifiquement par quatre feuilles de pipul.

Un État fondé sur l’étroite collaboration de la monarchie et du Sangha (l’« Église » bouddhique) se constitua dès le IIIe siècle avant J.-C. autour de la cité d’Anurādhapura. La construction de remarquables ouvrages d’irrigation rendit possible l’épanouissement d’une brillante civilisation dont témoignent de nombreux vestiges d’un style original mais empruntant à l’Inde leurs thèmes essentiels. Tandis que le bouddhisme s’effaçait en Inde, l’île demeura le conservatoire de la doctrine orthodoxe du Theravāda. Mais le déclin de cette économie hydraulique entre le Xe et le XIIIe siècle, associé à des invasions sud-indiennes, entraîna le déplacement vers le sud-ouest de l’île – la « zone humide » – des centres de peuplement et l’abandon des cités antiques, tandis que les influences en provenance de l’ouest devenaient sensibles : à la suite de leurs rivaux musulmans, les Portugais établirent des comptoirs dès le XVIe siècle ; les Hollandais les supplantèrent au cours du XVIIe siècle, tandis que se maintenait un royaume indépendant au cœur de l’île. Enfin, entre 1796 et 1815, les Britanniques se rendirent maîtres de l’ensemble du pays, dont ils cherchèrent à faire, au cours d’un siècle et demi de domination, une sorte de colonie modèle.

Après l’indépendance, obtenue sans soubresaut en 1948, le régime démocratique légué par les Britanniques a dû faire face à deux défis redoutables qui l’ont gravement ébranlé : celui du développement économique rendu urgent par une très forte croissance démographique et par le déclin des ressources tirées des exportations ; et celui de la préservation de l’unité nationale remise en cause par l’émergence d’un mouvement séparatiste dans les régions tamoules du Nord.

Dans la société sri-lankaise se juxtaposent des communautés qui diffèrent par la langue, la religion et les structures sociales, mais qui ont coexisté durant des siècles. Sur une population de près de 20,6 millions d’habitants en 2010, les Singhalais forment une majorité de 74 p. 100, dont près de 70 p. 100 sont bouddhistes et 4 p. 100 chrétiens. Cette communauté, dont les origines légendaires remontent au VIe siècle avant l’ère chrétienne, s’est sans doute constituée par apports successifs en provenance d’Inde du Nord, d’où sa langue est originaire, mais aussi par absorption de groupes autochtones et d’immigrés d’Inde du Sud adoptant la langue et la religion de la communauté dominante. Toutefois, les Indiens du Sud établis dans le nord et l’est de l’île entre le VIIe et le XVe siècle conservèrent leur identité tamoule et, pour la plupart, leur religion hindouiste ; ils forment à présent le groupe des Tamouls sri-lankais (environ 12 p. 100 de la population) dont les leaders revendiquent l’autonomie, voire l’indépendance des territoires qu’ils occupent. Attirés depuis le XIXe siècle par les planteurs britanniques en quête d’une main-d’œuvre docile et à bon marché, les Tamouls dits indiens (4,6 p. 100 de la population) constituent une communauté dont l’importance a fortement diminué en raison de la politique de rapatriement systématique poursuivie depuis les années 1960, mais qui n’a jamais durablement identifié ses intérêts avec ceux des Tamouls sri-lankais. Enfin, la communauté musulmane, qui se démarque de tous les autres groupes, représente 8,5 p. 100 de la population.

Héritées de la colonisation, les structures de l’économie sri-lankaise reposaient sur l’exportation de trois produits bruts, le thé, le caoutchouc et la noix de coco, tandis que les produits alimentaires et les biens d’équipement dominaient les importations, reflétant le déclin de l’économie vivrière et la sous-industrialisation. La mise en place précoce d’une politique sociale avancée, fondée sur la généralisation de l’équipement hospitalier et scolaire et des subventions massives aux produits de consommation courante, se traduisit par une croissance démographique qui entra en contradiction avec la stagnation de l’économie d’exportation. Après une expérience peu concluante de développement autarcique (1970-1977), les dirigeants ont choisi une stratégie libérale fondée sur le modèle de Singapour et de Taïwan, qui a permis à l’économie d’atteindre des taux de croissance supérieurs à 5 p. 100, grâce à l’essor de la confection, du tourisme et de l’émigration dans les pays du Golfe. L’arrêt momentané des combats entre l’armée gouvernementale et les séparatistes tamouls, de 2002 à 2006, avait permis de maintenir la croissance en dépit des effets destructeurs du tsunami de décembre 2004, mais la reprise du conflit jusqu’en 2009, qui absorbait plus de 6 p. 100 du produit intérieur, pèse encore sur les orientations économiques de l’île.

Le système politique parlementaire mis en place dès avant l’indépendance faisait de Sri Lanka une des rares démocraties authentiques du Tiers Monde. Mais il n’était viable que tant que le gouvernement avait les moyens de gérer l’État-providence et qu’il n’était confronté à aucune menace sérieuse. Or il s’est trouvé, depuis 1971, devant la crise la plus grave de son histoire, marquée dans le Sud par deux insurrections de la jeunesse singhalaise durement réprimées (1971 et 1988-1989) ; par l’essor, depuis la fin des années 1970, d’un mouvement séparatiste armé chez les Tamouls, qui est parvenu à imposer sa loi dans le nord de l’île en dépit d’un renforcement sans précédent des effectifs militaires et de l’intervention des troupes indiennes en 1987 ; par la généralisation de la violence dans la vie sociale et politique dont témoignent les pogroms antitamouls de l’été de 1983, les carnages perpétrés par des escadrons de la mort contre les rebelles singhalais en 1989-1990, et l’élimination systématique de leurs opposants par les mouvements insurgés ; enfin, par l’ampleur inédite de l’irresponsabilité et de la corruption politicienne sous le couvert d’un régime devenu présidentiel en 1978. Inquiet des effets d’une déstabilisation à laquelle il avait contribué, le gouvernement indien a cherché à imposer sa médiation et à réaffirmer ses intérêts stratégiques de grande puissance régionale (accord indo-sri-lankais de juillet 1987). Après deux tentatives de négociations entre le gouvernement et le mouvement séparatiste des Tigres de la libération de l’Eelam tamoul, au début de 1995, puis entre février 2002 et mars 2003, l’armée lance une vaste offensive et annonce sa victoire en mai 2009.

Éric MEYER

1. Géographie

• Physionomie de l’île

Relief et étagement

L’action combinée des jeux de failles et d’érosions sélectives sur les socles de l’île est à l’origine de la variété topographique et d’étagement des paysages à Sri Lanka. Cela permet de distinguer des hautes terres intérieures, des basses terres et des plaines côtières. L’île est composée essentiellement d’un socle archéen avec des roches métamorphiques. Les parties les plus dures de ce socle, soulevées par des cassures gigantesques, sont à l’origine de la surrection des montagnes du centre sud du pays et des bassins d’altitude, comme ceux de Kandy, d’Uva et de Hatton. L’ensemble complexe de ces monts reste d’une altitude modérée. Le mont Pidurutalagala, point culminant de l’île, atteint 2 538 mètres. Ces régions montagneuses sont séparées des basses terres par un abrupt à l’ouest, au sud et à l’est, à la différence du nord qui est plus perméable par la trouée de Matale.

Les basses terres sont formées de roches moins résistantes à l’érosion : schistes et gneiss dans le nord-ouest et le sud-est de l’île, calcaires miocènes dans la presqu’île de Jaffna, où s’est développé un karst bas. Ces espaces se caractérisent par un relief peu accidenté et une altitude inférieure à 300 mètres.

La plaine côtière est assez étroite et discontinue, sauf au Nord où elle est plus étendue. Les plaines littorales, souvent basses et plates, sont bordées de belles plages et d’un cordon littoral enfermant des lagunes plus ou moins colmatées.

Répartition des climats

Île tropicale, Sri Lanka est caractérisée par un climat chaud à température constante et une température moyenne annuelle de 25 0C. Toutefois, les différences régionales, dues à l’étagement, ne sont pas négligeables : les contrastes thermiques sont plus importants dans les hautes terres que dans les basses terres et les plaines. La circulation des vents de moussons, autour du bloc des hautes terres centrales, influe sur les précipitations. On distingue une zone humide d’une zone dite « sèche ».

La zone humide, qui s’étend sur l’ensemble sud-ouest et les régions montagneuses, connaît tout au long de l’année des pluies continues ; l’ensemble de la région en reçoit plus de 1 800 millimètres par an. Lors des moussons d’hiver (décembre à mars), les courants secs et peu perturbés de nord-est, en provenance du golfe du Bengale, apportent assez peu de pluie, avec des précipitations qui oscillent entre 50 et 100 millimètres. De mars à mai, les vents virent peu à peu au sud-ouest et à l’ouest. Le passage de dépressions mobiles, qui accompagnent le mouvement d’inversion des moussons, apporte plus de pluie (300 mm par mois) dans ces régions. Par la suite, les courants d’ouest à sud-ouest de mousson d’été (juin à septembre), faiblement perturbés, expliquent que ces espaces reçoivent moins de précipitations pendant cette période. On distingue les zones basses humides, qui reçoivent entre 100 et 200 millimètres par mois, des régions de montagnes qui en reçoivent davantage. À partir d’octobre, les perturbations, circulant d’est en ouest, passent sur l’île et il tombe alors plus de 300 millimètres d’eau par mois.

La zone sèche comprend les régions littorales du nord-ouest, du nord, de l’est et du sud-est qui sont caractérisées par des mois à très faibles précipitations. En effet, de janvier à septembre, l’ensemble de cette zone reçoit moins de 100 millimètres d’eau par mois, avec toutefois quelques nuances locales. Ainsi, pendant la mousson d’hiver, la région du centre-est, mieux exposée au vent, est plus arrosée que tout le reste de la zone sèche. Pendant les moussons d’été, l’ensemble des régions placées sous le vent du massif montagneux connaît une sécheresse plus marquée. La région nord reçoit ainsi moins de 50 millimètres. À l’inverse, d’octobre à janvier, il pleut abondamment sur une grande partie de cette zone dite « sèche » (en novembre, il tombe plus de 300 mm partout sauf dans le nord-ouest et sud-est, qui reçoivent un peu plus de 100 mm d’eau).