Suisse - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Beschreibung

À la charnière de l'Europe occidentale et de l'Europe centrale, dispersant ses eaux vers l'Adriatique, la mer du Nord et la mer Noire, la Suisse multiplie les contrastes géographiques. État continental enclavé, elle est cependant très largement ouverte aux courants du trafic international dont …

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ISBN : 9782341001953

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

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Suisse

Introduction

À la charnière de l’Europe occidentale et de l’Europe centrale, dispersant ses eaux vers l’Adriatique, la Méditerranée, la mer du Nord et la mer Noire, la Suisse multiplie les contrastes géographiques. État continental enclavé, elle est cependant très largement ouverte aux courants du trafic international dont elle contrôle les principaux cols et tunnels. Pays essentiellement montagnard, jurassien et alpin, c’est dans le Moyen Pays des plateaux et collines qu’elle concentre la majorité de son potentiel économique et humain. À son étendue territoriale modeste répondent la densité de son peuplement, la variété de ses terroirs où l’agriculture se mêle à l’industrie. L’expansion contemporaine ajoute au pluralisme des langues et des cultures la présence d’une très nombreuse main-d’œuvre étrangère. Le portrait géographique de la Suisse résulte d’une superposition de traits qui se recouvrent sans coïncider : le cadre physique des grands ensembles naturels ; les zones d’influence des métropoles ; les particularismes des groupes alémanique, romanche, tessinois et romand. Dans cette synthèse de composantes, la nature a délimité vigoureusement des espaces, édicté des contraintes, dégagé des aptitudes, mais en nul autre pays européen la marque du travail des hommes n’est davantage présente dans les paysages.

« Démocratie témoin » à valeur exemplaire pour les uns (A. Siegfried), accident paradoxal de l’histoire, cristallisé dans des structures « archaïques », pour d’autres (Herbert Lüthy), la Confédération helvétique fait cohabiter, dans un État de droit, trois grands peuples européens. Dotée, depuis 1815, d’un statut international de neutralité armée, se tenant à l’écart des blocs politiques qui divisent les nations, la Suisse est pourtant activement présente dans le monde contemporain. Terrain de rencontre, par les organisations internationales qu’elle accueille, refuge de capitaux, elle donne l’image d’un îlot de paix et de sécurité abritant un « peuple heureux » (Denis de Rougemont). C’est l’aboutissement d’un destin historique dont l’originalité prend corps au Moyen Âge. Jusque-là, en effet, la Suisse partage le sort commun de l’Europe centre-occidentale, à la charnière des mondes gallo-romain et germanique. Cependant, l’émiettement féodal, au lieu de se résorber devant la montée des grandes monarchies continentales, réussit à survivre, sous la forme d’une association de cantons souverains. À la fin du XIIIe siècle, autour des communautés forestières et pastorales qui commandent les cols des Alpes centrales, naît le mouvement d’émancipation de la tutelle des Habsbourg. Des solidarités politiques et économiques se nouent entre montagne et bas pays, entre villes et campagnes, et le noyau initial des huit cantons s’agrandit et se consolide au cours des luttes contre les maisons d’Autriche et de Bourgogne. À l’aube des Temps modernes, les guerres d’Italie permettent, non sans dissensions internes, une nouvelle extension, dans le cadre de la Confédération des treize cantons. La Suisse survit à la crise de la Réforme qui ajoute le clivage des religions à la diversité des idiomes et des souverainetés. Dès cette époque, elle est constituée dans ses traits essentiels : désengagement des conflits armés européens, affirmation de la neutralité, élaboration d’une forme de souveraineté qui lui permettra de ne pas être affectée par les idées-forces qui modèlent lentement l’Europe, avec le centralisme étatique et le principe des nationalités. Les XVIIe et XVIIIe siècles sont une ère de paix et de prospérité fondée sur les revenus du service militaire à l’étranger et sur l’essor d’une première industrialisation. Des oligarchies patriciennes gouvernent les cantons, avec un esprit de conservatisme paternaliste où les élites pratiquent un large cosmopolitisme financier et culturel. La Révolution française passe sur la Suisse sans en bouleverser durablement les structures. L’action des jacobins locaux aboutit, en 1798, à l’occupation française et à une réorganisation autoritaire de la République helvétique unitaire sous l’hégémonie du Directoire. Mais, dès 1803, Bonaparte, par l’Acte de médiation, rétablit une Confédération de dix-neuf cantons. La Restauration de 1815 attribue à la Suisse ses frontières actuelles, lui garantit sa neutralité et un nouveau Pacte fédéral. Mais la bourgeoisie, qui désire la modernisation politique et économique du Corps helvétique, suscite, à partir de 1830, une agitation libérale qui, en 1845-1846, porte au pouvoir les radicaux. La guerre civile du Sonderbund (1847) voit se briser l’ultime sursaut des forces conservatrices. Les radicaux, vainqueurs, donnent à la Confédération une constitution démocratique et renforcent le lien fédéral. Ils demeurent au pouvoir, sans partage, jusqu’en 1919, puis gouvernent avec les partis conservateur et paysan. La Confédération reste à l’écart des deux grands conflits mondiaux et, après l’expérience de sa participation à la Société des Nations, elle revient à sa vocation d’une neutralité « instrumentale », de truchement entre les peuples. Tandis que la « seconde révolution industrielle », née de la houille blanche, suscite une forte expansion économique, la Suisse, en dépit de l’extension croissante des compétences du pouvoir fédéral, reste très attachée au pluralisme des petites démocraties cantonales.

Paul GUICHONNET

Les institutions politiques suisses se caractérisent par une grande stabilité, d’autant plus étonnante qu’elles régissent une société fortement fragmentée et diversifiée. Au carrefour des trois cultures européennes, la Suisse porte la marque des clivages linguistiques : aux trois langues, l’allemand, le français et l’italien, s’est ajoutée une quatrième, reconnue bien que mineure, le romanche. À l’exemple des langues, les clivages religieux traversent les frontières cantonales en s’interpénétrant. La Suisse est aussi exposée aux clivages politiques : il y a une douzaine de partis dans le pays. Cette image devient bien plus complexe si l’on y introduit la disparité économique et les différences d’attitudes d’un canton à l’autre. Dans ces conditions, l’établissement et le maintien du lien confédéral ne pouvaient se réaliser que dans le respect des diversités que garantit le fédéralisme.

La naissance lente et parfois agitée du canton du Jura – depuis la création du Rassemblement jurassien en 1947 jusqu’à l’adoption par le peuple suisse du référendum constitutionnel révisant les articles 1er et 80 de la Constitution fédérale et consacrant le vingt-sixième canton suisse – illustre la mise en œuvre des principes du fédéralisme : séparation du Jura du canton de Berne auquel il avait été rattaché en 1815, création d’un nouveau canton, qui, à l’instar des autres, se dote d’une Constitution (3 févr. 1977), d’un Parlement (Grand Conseil) de soixante membres et d’un gouvernement (Conseil d’État) de cinq membres élus au scrutin populaire direct. Ainsi, la Confédération compte désormais vingt cantons et six demi-cantons.

Dusan SIDJANSKI

1. Géographie

Malgré ses dimensions très modestes (environ 41 000 kilomètres carrés), la Suisse est un pays d’une incroyable diversité géographique. Elle doit cette diversité pour partie à la variété des environnements au sein desquels elle s’est développée : des milieux de moyenne montagne dans les Préalpes et le Jura ; des paysages de haute montagne, très marqués, surplombant de profondes et larges vallées alpines (le sillon du Rhône, la moyenne vallée du Rhin, la profonde échancrure entre Berne et l’Oberland, la dépression du lac de Walensee, etc.) facilitant la communication entre l’Italie et l’Europe du Nord-Ouest ; la longue bande de terres situées entre 400 et 800 mètres d’altitude qui court du lac Léman au lac de Constance que les francophones appellent le Plateau, les Alémaniques le Mittelland ; des contrastes climatiques puissants entre le Plateau et les montagnes marquées par un climat froid, même à moyenne altitude comme sur les hauts plateaux du Jura, mais aussi entre le versant humide et densément boisé des Préalpes et le versant tessinois ouvert aux influences méditerranéennes, sans compter les innombrables microclimats qui ont donné naissance à autant de petits havres écologiques (comme les régions de vignobles de Lavaux et du Valais) et de microniches résidentielles (autour de Montreux ou Locarno, par exemple). Mais la Suisse doit également à ses institutions sociales et politiques sa diversité qui semble être cultivée à un degré jamais atteint ailleurs en Europe ; la pluralité des langues pratiquées au quotidien, celle des références religieuses, l’autonomie poussée des cantons et l’attachement collectif à la célébration de cette diversité concourent à son maintien en dépit des tendances, observées en Suisse comme ailleurs, à une certaine convergence des formes de vie et d’organisation spatiale.

La Suisse dispose aussi d’une notoriété qui dépasse de loin son importance démographique et économique en Europe et dans le monde. Mais son image repose sur plusieurs mythes par lesquels beaucoup de personnes pensent la connaître : pays de hautes montagnes, peuplées d’habitants farouchement attachés à leur autonomie, à leurs traditions et à leur savoir-faire, cimentés par une identité collective forte. Cette mythologie remonte pour une large part au XVIIIe siècle. Elle doit beaucoup à l’influence des philosophes, des savants et des voyageurs européens curieux de trouver dans ce réduit de montagnes et de petites villes une illustration singulière des relations harmonieuses que les sociétés peuvent nouer avec leur environnement naturel et une illustration précoce de l’idéal de démocratie que cultive le siècle des Lumières. Mais cette mythologie n’est pas étrangère à l’image que les Suisses se sont donnée d’eux-mêmes et de leur pays et aux politiques publiques qui en sont nées. Elle a contribué à forger une identité politique et territoriale que le projet de la Confédération a largement reprise à son compte dès le XIXe siècle et tout au long du XXe siècle.

• Des montagnes très présentes, notamment en images

La Suisse est bel et bien un pays de montagnes. Le Jura couvre 10 p. 100 de la superficie du pays et les Alpes près de 60 p. 100. Toutefois, avec moins d’un tiers de la population suisse, ces deux régions naturelles sont beaucoup moins densément peuplées que le Plateau. Ce couloir long de 250 kilomètres, qui va du défilé du Rhône en aval de Genève aux frontières allemande et autrichienne, regroupe une proportion croissante de la population, la grande majorité des 8,4 millions d’habitants du pays en 2016, et les principales villes du pays.

Mais, si ces régions de montagne ne pèsent pas d’un poids démographique correspondant à leur superficie, elles occupent une place significative dans l’économie, la culture et la vie politique du pays. En cela, les montagnes suisses diffèrent de nombreuses régions montagneuses en Europe, fortement marginalisées dans les sociétés et les territoires nationaux dont elles relèvent.

L’agriculture et l’élevage de la montagne suisse, bien que menacés par des coûts de production supérieurs à la moyenne et par la déprise, résistent généralement mieux qu’ailleurs en Europe. Ils le doivent à l’attachement des consommateurs aux productions de montagne, à un généreux soutien des politiques publiques et à une exigence de qualité qui a facilité la conquête de nombreux marchés spécifiques. Comme partout en Europe, sous la double influence de l’Organisation mondiale du commerce et de la Commission européenne, les mesures de soutien prises par la Confédération, auparavant affectées aux filières de production, sont aujourd’hui, comme dans le cas de la politique agricole commune (PAC), orientées vers les agriculteurs pour encourager, entre autres, le montage de projets collectifs et les contributions environnementales et paysagères des exploitations. D’une certaine façon, ces décisions témoignent d’une reconnaissance politique, via des mesures budgétaires, mais aussi de l’attachement de la population suisse à ses paysages de montagne et à leurs habitants. Toutefois, il s’est agi aussi, dans l’esprit des réformes conduites par la Commission européenne avec lesquelles la politique suisse reste très en phase, de rompre avec les mesures de subvention simple et de promouvoir des politiques d’accompagnement de projets porteuses d’un véritable développement économique. C’est dans ce contexte qu’ont fleuri les appellations d’origine contrôlée dans les principales régions d’élevage, comme