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Encyclopaedia Universalis

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Beschreibung

Enserrée par deux grands pays producteurs de pétrole et de gaz naturel, formant une avancée sur la côte nord de l’Afrique, proche du sud de l’Europe, la Tunisie appartient autant à l’espace méditerranéen qu’à l’aire arabo-musulmane. Moins riche que ses deux voisins immédiats, elle est également le …

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341002028

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

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Tunisie

Introduction

Enserrée par deux grands pays producteurs de pétrole et de gaz naturel, formant une avancée sur la côte nord de l’Afrique, proche du sud de l’Europe, la Tunisie appartient autant à l’espace méditerranéen qu’à l’aire arabo-musulmane. Moins riche que ses deux voisins immédiats, elle est également le pays le moins montagneux du Maghreb. Les précipitations y sont peu importantes. Durant l’été, l’absence de grands reliefs l’expose au vent chaud venu du Sahara, qui balaie ce pays de plaines homogènes, dont le centre est formé de steppes. Relativement plate, la Tunisie est quasi dépourvue d’hydrographie. Seul le fleuve Medjerda coule de manière continue. Sa population, qui avoisine les onze millions d’habitants (2014), se caractérise par une double homogénéité, religieuse (musulmane sunnite, la Tunisie ne connaît pas les clivages religieux du Machrek) et linguistique (arabe, elle ignore pratiquement les clivages entre arabophones et berbérophones du reste du Maghreb).

Tunisie : drapeau. Tunisie (1835 env. ; modif. le 30 juin 1999). Quand cet emblème apparut, le pays était encore de jure dans des liens de vassalité vis-à-vis de la Turquie, et c'est ce qui explique qu'on donnât au drapeau beylical un aspect fort semblable à celui de la Sublime-Porte (voir Turquie) : mais ici, le croissant de lune et l'étoile, rouges, meublent un tourteau blanc. En 1999, le dessin est précisé.

La fondation de Carthage par les Phéniciens (IXe ou VIIIe siècle av. J.-C.) marque un tournant dans l’histoire de la Méditerranée. En essayant d’étendre son influence sur la Sicile, Carthage se heurte à Rome, qui détruit finalement la ville en 146 av. J.-C. Jules César la restaure et en fait la capitale de la province d’Afrique de l’Empire (Africa).

Au VIIe siècle, les armées arabes établissent un camp au centre du pays, à Kairouan. Autour de la grande mosquée de Kairouan s’organise la vie de la nouvelle cité qui devient la première capitale de l’Ifrīqiyya et un centre intellectuel actif. Les Fāṭimides (909-1159) y installent un califat shi‘īte, avant de gouverner le pays à partir de Mahdia qu’ils fondent en 916. L’Ifrīqiyya, qui doit son opulence à l’agriculture et au commerce, est ensuite gouvernée par les Almohades puis par les Hafsides (1207-1574), qui installent un pouvoir indépendant des Almohades à Tunis. Ils organisent une flotte puissante, établissent des liens avec Venise, Gênes et Marseille. Tunis prospère notamment grâce à l’arrivée des Andalous musulmans chassés d’Espagne par la Reconquista. Les crises dynastiques entraînent le délitement de l’État hafside, et les ports du pays deviennent des bases pour la course en Méditerranée. Après sa victoire sur Charles Quint en 1574, la Turquie fait de la Tunisie une province de l’Empire ottoman. En 1702, la dynastie des Mouradites est renversée, et le pays passe rapidement sous la domination des Husseinites (1705) qui reconnaissent la suzeraineté ottomane tout en menant une politique indépendante. Les beys de la dynastie husseinite se succèdent jusqu’en 1957.

Au Congrès de Berlin (1878), les puissances européennes autorisent la France à s’installer en Tunisie. Les traités franco-tunisien de 1881 et de 1883 organisent le protectorat. Le bey conserve une partie de sa souveraineté, mais il est soumis au contrôle du résident général français pour toutes les décisions qu’il prend par décret.

En 1954, Pierre Mendès France accorde à la Tunisie l’autonomie interne et, le 20 mars 1956, le pays est indépendant. Habib Bourguiba tente d’arracher la Tunisie à l’influence de l’Orient arabe, par une politique qu’il veut envers et contre tout moderne. Son successeur Zine el-Abidine Ben Ali poursuit sa politique autoritaire, jusqu’à ce que le lien entre le peuple et la classe politique se rompe définitivement et que la Tunisie inaugure le « printemps arabe » en 2010-2011.

Khadija MOHSEN-FINAN

1. Un pays maghrébin

• Conditions naturelles

Les unités de relief

Le relief de la Tunisie doit ses traits majeurs à l’affrontement du système plissé des Berbérides avec la plate-forme saharienne. Au premier correspond l’Atlas tunisien, formé de chaînons montagneux d’orientation nord-est-sud-ouest séparés par des plaines. Dans les massifs de Kroumirie, des Nefza et des Mogods, il s’agit de montagnes peu élevées et compactes dues à des nappes de flyschs gréseux du Numidien venues recouvrir le matériel sédimentaire autochtone. Avec l’affleurement de celui-ci, la montagne s’ordonne et s’aère. Ses chaînons alignés comportent, alors, de remarquables formes jurassiennes (monts, combes, vaux, crêts et barres), dégagées par l’érosion différentielle dans une série plissée essentiellement mésozoïque où alternent des calcaires et des marnes. Des chapelets de petites plaines les séparent, réunies par des oueds pérennes (Medjerda, Miliane, Djoumine). L’ensemble culmine dans une dorsale allongée de la frontière algéro-tunisienne au cap Bon (djebels Chambi : 1 544 m, Zaghouan : 1 293 m).

Au-delà, l’Atlas se réduit à des îlots montagneux disséminés au-dessus de hautes plaines (djebel Mhrila : 1 378 m) ou organisés en longues guirlandes (chaînes de Gafsa, Cherb). Cet élargissement des horizons fait pressentir le Sahara. Les vastes sebkhas blanchies par les efflorescences salines (chotts Djerid, Rharsa, Fedjedj), les hamadas pierreuses doucement inclinées depuis des cuestas bordières (djebel Tebaga-el Aziza, monts de Matmata) vers l’Erg oriental où elles disparaissent sous les dunes appartiennent au désert.

Enfin, accolée à ces unités successives, une grande plaine orientale se développe du cap Bon à la frontière libyenne, limitée par des côtes basses à tombolos (Monastir, Teboulba) et à lagunes (Hergla, Moknine, Zarzis).

Les milieux bioclimatiques

C’est le contact des masses d’air des latitudes moyennes avec celles des latitudes subtropicales qui détermine les caractéristiques dominantes des milieux bioclimatiques.

Dans toute la Tunisie, l’aridité se manifeste par la chaleur et la sécheresse des étés liées à l’invasion de l’air saharien. Dès le printemps, des coups de chehiliy font parfois sentir l’haleine brûlante du désert. La xérophilie de la végétation traduit son adaptation à ces conditions sévères. À l’opposé, une saison fraîche, pluvieuse et instable correspond au passage de perturbations circulant le long du front polaire alors refoulé en Méditerranée.

Pays de transition entre les domaines tempéré et aride, la Tunisie montre aussi une rapide dégradation des conditions bioclimatiques sur les 400 kilomètres de son extension en latitude. À ce point de vue, la Dorsale est une importante limite, à peu près jalonnée par l’isohyète 400 millimètres. Au nord s’étendent des régions de climats méditerranéens, humides (Aïn-Draham : 1,50 m de pluie) à subhumides, où la saison sèche n’excède pas trois à cinq mois. La couverture forestière des djebels y reste importante malgré les défrichements, constituée, selon les sols, de chênes-lièges (Kroumirie), de chênes kermès (cap Bon) ou de pins d’Alep (haut Tell, Dorsale). Au-delà, l’accentuation de la sécheresse cantonne les forêts de pins d’Alep et de genévriers de Phénicie sur les versants septentrionaux des îlots montagneux. La steppe occupe les plaines avec ses touffes d’alfa, de sparte ou d’armoise. Après Gafsa, la désertification se marque par la quasi-disparition des arbres spontanés, à l’exception des boisements clairs d’acacias du bled Thala, relique d’une ultime période quaternaire plus humide. À partir des chotts, les pluies tombent au-dessous de 100 millimètres. Avec le climat désertique dominent les steppes à salsolacées des marges de sebkhas, celles à plantes psammophiles (drinn) des secteurs ensablés, et les maigres peuplements des hamadas. La variabilité des précipitations, selon les saisons et les années, est une autre conséquence de la compétition entre les influences méditerranéennes et sahariennes.

Roger COQUE

• Espace et sociétés

L’espace tunisien concourt à la configuration d’une zone géographique comprise entre mers et désert. Celle-ci, délimitée au nord et à l’est par la Méditerranée, à l’ouest par l’Atlantique et au sud par le Sahara, était désignée par les anciens géographes arabes sous l’appellation de Jaziret el Maghrib, l’île du Couchant. Elle n’a jamais été, en réalité, qu’une péninsule, dans la mesure notamment où les plaines du littoral tunisien ont, par leur facilité d’accès, fait obstacle à une insularité maghrébine.

Le Maghreb, envisagé non plus seulement d’un point de vue géographique mais également sous l’angle culturel ou politique, participe, malgré sa dénomination d’origine arabe, des présupposés et de l’impact de l’« Afrique du Nord française ». Sans doute, les facteurs de différenciation d’un ensemble maghrébin ne sont pas irréductibles à la géographie et à l’ère coloniale. Il est toujours possible de se référer, par exemple, au vieux fonds de peuplement berbère ou aux tentatives de construction impériale dont la région a été le théâtre dans le cadre de la civilisation arabo-musulmane. Mais la « Berbérie », comme l’« Africa », l’« Afrique du Nord » et... le Maghreb, relève de toponymies de conquêtes. Quant aux formations impériales, elles se sont déployées dans un Maghreb oscillant entre l’Orient et l’Andalousie, avec pour toile de fond les conflits déchirant le Dar el islam.

Le Maghreb, en tant qu’aire culturelle ou politique, ne fait pleinement sens qu’à partir du contexte issu de la décolonisation, dans un retour sur l’histoire ou dans une projection sur l’avenir.

À la différence des autres pays maghrébins, le territoire tunisien est formé, pour les deux tiers de son étendue, par une série de vastes et basses plaines.

Cette particularité géographique, déjà soulignée au XIVe siècle par Ibn Khaldoun, s’est doublée d’un particularisme culturel fondé sur une tradition citadine des plus anciennes. La Tunisie, « est-ce autre chose que l’opposition d’un complexe de plaines à un complexe montagnard de signe opposé » ? Fernand Braudel, en s’exprimant de la sorte, entendait mettre l’accent sur cette relation entre espace et culture. Il voyait, en effet, dans l’Ifrīqiyya et la Tunisie un exemple de « frontière culturelle secondaire », l’un de ces « espaces culturels d’une extraordinaire pérennité » qui défie « tous les mélanges du monde ». Partant du constat que les grandes civilisations méditerranéennes « sont en fait des groupements de sous-civilisations, des juxtapositions de maisons autonomes », il ajoutait : « En Afrique du Nord, pas de maison plus nettement délimitée que le vieux pays urbain de l’ancienne Africa, l’Ifrīqiyya des Arabes, l’actuelle Tunisie. »