Usages du monde (annoté) - Baronne Staffe - E-Book

Usages du monde (annoté) E-Book

Baronne Staffe

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Beschreibung

  • Texte révisé suivi de repères chronologiques.
Un guide de l'étiquette destiné à la bourgeoisie du XIXe siècle, mais qui reste d’actualité pour peu qu’on adapte ces règles à notre époque. Le livre offre des conseils détaillés sur les bonnes manières à adopter dans diverses situations sociales. Il aborde des thèmes tels que les présentations, les salutations, les invitations, et les réceptions, en fournissant des instructions sur comment se comporter en société, à table, et en public.
 

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Usages du monde

Règles du savoir-vivre dans la société moderne

Baronne Staffe

philaubooks

Table des matières

Avant-propos

I. Naissance

1. Formalîtés légales (cas ordinaires)

2. Obligations mondaines

II. Le Baptême

1. Choix d’un parrain

2. Le baptême

3. Obligations mondaines du parrain et de la marraine

4. La fête du baptême

5. Devoirs respectifs des parrain et marraine et du filleul

III. La première communion

1. La préparation

2. Le rôle des parents

3. Souvenirs et cadeaux

IV. Rapports avec les professeurs

1. Devoirs des enfants

2. Devoirs des parents

3. Devoirs des professeurs

V. Le mariage

1. Préliminaires

2. La demande en mariage

3. Les fiançailles

4. La corbeille. Le contrat

5. Formalités légales et religieuses du mariage

6. Le mariage civil (usages mondains)

7. Le mariage religieux (usages mondains)

8. Noces et festins

9. Fonctions des demoiselles et des garçons d'honneur

10. La toilette masculine à un mariage

11. Après ! e mariage

12. Secondes noces

13. Noces d'une demoiselle d'un certain âge

14. Noces d'argent

15. Noces d'or

VI. Les visites

1. Les visites en général

2. Visites de cérémonie

3. Visites de convenances

4. Visites de digestion

5. Visites de noce

6. Visites de condoléances

7. Visites intimes

8. Visites à une accouchée

9. Visites de congé et de retour

10. Visites d'arrivée

11. Le rôle de la maîtresse de la maison

12. Devoirs des visiteurs

13. Quelques cas à prévoir

14. La poignée de main

15. Les différentes manières de saluer

16. Les gestes

17. Les présentations

VII. La Conversation

1. Direction de la conversation

2. La charité dans la conversation

3. Les règles de la conversation

4. Elégance du langage et de la conversation

5. Petites ignorances

6. Mots et calembours

7. La voix

VIII. Les Diners

1. Règles gastronomiques

2. L’étiquette du dîner

3. Le menu

4. Le couvert

5. Encore la loi de la table

6. Le service

7. Comment on mange

8. Philippines, toasts et chansons

9. Après le dîner

10. Les prêtres invités

11. La dissection des viandes, volailles et poissons

12. Le déjeuner

13. Le five o'clock tea (thé de cinq heures)

14. Pique-niques et cagnottes

15. Garden-parties.-Lunchs. - Partiesde campagne

16. Le Réveillon

17. Le gâteau de la fève

18. Pâques

19. Rendu de noces

IX. Dispositions générales et devoirs des amphitryons

1. Les invitations à danser

2. Le cotillon. — Bals blancs, roses, floraux, etc

3. La toilette au bal

4. Comment on danse

5. Soirées musicales

6. Un détail important

7. Le bal costumé

8. Bals par souscription.— Bals de société

X. Rapports avec les serviteurs

1. Devoir des maîtres

2. Etiquette du service

3. Les domestiques étrangers

XI. La Carte de visite

1. Etiquette de la carte

2. Rédaction de la carte

3. Quelques autres emplois de la carte

XII. La correspondance

1. Règles générales

2. Lettres à des personnages

3. Lettres diverses

4. La signature, la date, etc

5. L'adresse, le papier

6. Le billet

7. Timbres-poste joints à la lettre

8. Un point délicat

9. Aphorismes littéraires

XIII. Les présents

1. Présents de Noël. Étrennes

2. Les œufs de Pâques

3. Le poisson d’avril

4. Quelques recommandations importantes

XIV. La jeune femme

1. Comme elle devrait être

2. Réserve obligatoire

3. Direction du logis

XV. Le véritable gentleman

1. Son portrait

2. Grands et petits devoirs du gentleman

3. La tenue

XVI. La jeune fille

1. Un portrait

2. Ce qu'elle doit faire, ce qu'elle doit éviter

3. Comment elle acquiert l'aisance et la grâce

XVII. Lettres de faire part et d’invitation

1. Faire part de naissance

2. Lettres d'invitation au mariage religieux

3. Faire part du mariage

4. Lettres d'invitation à un convoi et faire part de décès

5. Une superfétation

6. Invitations au bal, à un dîner, etc

7. Réponse à une invitation

XVIII. Funérailles

1. Premières dispositions, formalités

2. Étiquette du convoi

XIX. Le deuil

1. Règles générales

2. Deuil de veuve

3. Deuils divers

4. Convenances à observer

XX. L'hospitalité

1. Celui qui la donne

2. Celui qui la reçoit

XXI. Divers

1. En voyage - Aux eaux

2. La timidité et l'aisance

3. Les emprunts

4. La susceptibilité

5. Les photographies

6. La monnaie de la gratitude

7. À l'église

8. Indications concernant la toilette

9. Le rôle du mouchoir de poche

10. Au théâtre

11. Bienséances de voisinage

12. Le bras à offrir

13. Quelques cas embarrassants

14. Les riens qui rendent insupportable

15. La politesse du foyer

16. Sollicitude familiale

17. Événements divers

18. Etiquette du cigare et de la cigarette

19. L'ameublement

Couverture

Repères chronologiques

Notes

Copyright © 2024 Philaubooks, pour ce livre numérique, à l’exclusion du contenu appartenant au domaine public ou placé sous licence libre.

ISBN: 979-10-372-0246-8

Avant-propos

La Véritable Élégance

Tout change avec le temps, mais bien plus en apparence qu’en réalité, par les formes plus que par le fond. Les choses partant d’un principe sont les mêmes, dans tous les siècles et en tous lieux ; il n’y a que des différences de surface.

C’est ainsi que le savoir-vivre a varié dans son expression. Mais si l’on veut bien réfléchir, on se dira qu’aujourd’hui, comme à l’origine, le but de la politesse est de « rendre ceux avec lesquels nous vivons contents d’eux-mêmes et de nous ».

Voilà pourquoi — à ne parler que des temps modernes — on retrouverait sous les traits de l’homme chic de notre fin de siècle celui qui s’est successivement appelé chevalier, honnête homme, homme de cour, grand seigneur ; voilà pourquoi, sous le nom de mondaine, revit la « châtelaine », la femme de qualité, la grande dame.

Contemporains de la vapeur et de l’électricité, nous ne pouvons avoir les lentes et majestueuses façons du siècle des perruques la galanterie filandreuse, les compliments longuets du siècle de la poudre ne sont pas davantage à notre portée. Toujours en déplacements de sport ou d’affaires, il nous a fallu, aussi, prendre d’autres manières que celles qui faisaient florès en 1830, où l’on disait d’un gentilhomme, modèle du savoir-vivre d’alors, qu’il aurait fait le tour de l’Europe sans toucher du dos le fond de sa calèche de voyage. Mais si le temps manque aux femmes pour se fondre en de profondes révérences, si les hommes ne peuvent plus faire, à la journée, des madrigaux « en bouquets montés et en guirlandes » ; si une sévère et très astreignante étiquette est difficile à observer, lorsqu’on se parle, au moyen du téléphone, de Paris à Marseille, est-ce à dire que autrement que nous nous ne sommes plus polis, ne sommes plus Français, ainsi que quelques esprits chagrins le voudraient faire entendre ? Qu’on nous permette de protester, de nous défendre.

On nous accuse d’avoir jeté bas l’arbre des bienséances. Cet arbre — pour continuer à nous servir d’une comparaison excellente, car elle est tangible — cet arbre n’a même pas été quasi écimé. Il a gardé ses maîtresses branches ; à peine l’avons-nous élagué, nous bornant à retrancher les rameaux encombrants. Est-ce donc un crime d’avoir supprimé l’ennuyeuse et inutile cérémonie, les formules hyperboliques, les usages devenus sans objet ? Tout cela, il faut avoir l’équité d’en convenir, était aussi gênant, à notre époque affairée, qu’une robe longue pour trotter à pied. Mais de même qu’une jupe courte peut n’être pas sans grâce, de même la politesse de notre temps, allégée d’abus, peut avoir ses petits mérites. Elle est toujours fille de la divine bienveillance et, pour s’être débarrassée, dans le chemin parcouru, de l’attirail des autres siècles, elle n’en est pas moins restée la généreuse courtoisie française, l’élégante urbanité, qu’on cherchera toujours à imiter hors frontières.

Oui, il donne encore ses lois au monde, en fait de politesse et de goût, celui qui, n’ayant ni la morgue et la froideur de l’homme du nord, ni. l’exubérance et la faconde de l’homme du midi, sait être digne sans hauteur, réservé sans taciturnité, affable sans banalité, assez en dehors pour plaire, jamais trop pour devenir vulgaire celui qui, n’étant ni silencieux comme les races septentrionales, ni bavard comme les races méridionales, cause avec charme, écoute avec esprit ; celui qui, dénué du sang-froid irritant ou de l’exagération déplaisante, possède cette pointe de fougue, de brillant et de poésie, qui le transfigure dans les grands événements.

Oui, toutes les femmes de l’univers copient encore son esprit, son allure, ses façons, à cette Française qui se moque de la sensiblerie, mais que vous trouvez pleine de pitié vraie ; qui est bonne avec grâce, intelligente sans pédanterie spirituelle avec ménagements ; qui selon les circonstances — est, pour le mari, le camarade le plus charmant ou la compagne la plus dévouée ; pour les autres, la femme la plus accueillante, la plus indulgente, la plus aimable, sachant tout écouter sans bravade de cynisme, comme sans effarouchement de pruderie ridicule.

À ces traits rapidement esquissés du couple français, qui ne reconnaîtrait, le type gaulois, type qui a traversé les âges. Ce composé de qualités où la raison tempère l’exaltation, où le bon sens empêche l’enthousiasme de tourner au grotesque, on l’appelle le chic, en ce temps-ci, on l’appelait le bel-air au siècle dernier.

Le chic ou le bel-air est un don de terroir ; il est, en notre France, comme une conséquence des effluves telluriques, de la situation géographique. Et la preuve, c’est que, chez nous, on le trouve incomplet peut-être, mais au moins sous l’une ou l’autre de ses faces, dans toutes les classes, à tous les degrés de la vie sociale.

Voilà pourquoi Paris est, moralement, le pôle magnétique du monde, voilà pourquoi les peuples subissent l’attraction de notre nature, faite de bienveillance et d’élégance.

Eh ! oui, élégance. L’élégance existe, certes, dans l’ordre des idées et des sentiments. L’élégance morale, comme l’autre, est le contraire du laid, du grossier, du vulgaire, c’est-à-dire du mercantilisme, de l’égoïsme, du mépris du droit. Une nation élégante ne tombe jamais dans certaines fautes basses. Elle peut commettre des folies, non des indignités. En ses plus mauvais jours, son chic subsiste.

Donc la France est toujours le pays des gens du bel-air. Son élite, c’est-à-dire ses diverses aristocraties, forme la société la plus polie et, par suite, la plus agréable du monde. Et il ne faut, chez nous, qu’un peu d’effort au commun des mortels, pour obtenir le titre envié d’homme parfaitement chic ou de femme du monde, tant la race est bien douée.

Toutes les classes feraient donc bien d’ajouter aux autres cette étude facile, car nous sommes à l’époque heureuse des fortunes rapides et des promptes élévations.

Il est utile d’acquérir les belles manières au temps de la jeunesse, pour être complètement à la hauteur des positions prochaines.

Et si l’on restait dans la sphère où le hasard nous aurait fait naître, cette étude aurait encore eu son bon côté : tenez pour certain que la soumission aux usages établis est un frein, qu’elle empêche plus d’une action mauvaise ou vilaine ; que la politesse améliore, élève parce que son essence est l’amour et le respect du prochain.

Aussi avons-nous cru pouvoir écrire un nouveau manuel contenant les lois du savoir-vivre, les règles de l’élégance, les nuances du tact, appliquées à tous les événements, à toutes les circonstances de la vie.

Nous serions bien glorieuse, si quelqu’un se louait d’avoir feuilleté les chapitres qui vont suivre, et où nous avons essayé de guider ceux qui pourraient ignorer tout ou partie des usages rajeunis, des coutumes modernes, des formules nouvelles.

Est-ce trop d’ambition ? Nous ne pouvons oublier qu’au dix-huitième siècle, la lecture de la Civilité puérile et honnête terminait toujours l’éducation des jeunes filles et des jeunes hommes de haut lignage.

Ce vieux code de la politesse, édition déjà ancienne de Poitiers, qui prévoyait le cas où l’on pouvait cracher dans la poche de son voisin, qui défendait à ses lecteurs de se moucher à table avec leur serviette et de peigner leurs cheveux à l’église.

Toutes les filles nobles, avons-nous dit, étaient astreintes à cette étude au sortir du couvent, et il en est une, la spirituelle et très grande dame marquise de Créquy, qui s’en félicite. « Il y a telle formule d’usage et tel protocole, dit-elle, qui ont fait honneur à ma parfaite éducation et ne se sont bien imprimés dans mon esprit, que moyennant la lecture de la Civilité puérile et honnête. »

Comme nous serions fière qu’on en dit autant des Usages du monde.

Baronne Staff

Morsang-sur-Orge, 20 juillet 1889

PartieUn

Naissance

Chapitre1

Formalîtés légales (cas ordinaires)

La naissance d’un enfant doit être déclarée à la mairie du lieu où la mère est accouchée. Cette déclaration ne peut, sous aucun prétexte, être effectuée dans une autre commune. La déclaration doit être faite dans les trois jours de l’accouchement. Ce délai est absolument rigoureux. Après, il serait trop tard, et l’on n’obtiendrait l’inscription de l’acte de naissance qu’au prix de mille ennuis, de dépenses et de peines édictées par le code. Cette obligation appartient au père. S’il ne peut se présenter et qu’il n’ait pas donné de procuration, s’il est malade, absent ou mort, la déclaration sera faite par le médecin ou la sage-femme qui a accouché la mère, ou par toute autre personne ayant assisté à l’accouchement.

Si l’enfant est né mort, il faut quand même déclarer sa naissance, et un médecin doit attester que sa mort a précédé sa naissance. Quand il y a des enfants jumeaux, on doit faire connaître l’ordre dans lequel ils sont nés, afin qu’on puisse établir quel est l’aîné.

S’il arrivait à quelqu’un de trouver un enfant nouveau-né, il devrait en faire la déclaration immédiatement. 

Lors de la déclaration, on présente l’enfant à la mairie, afin que l’officier de l’état civil puisse constater le sexe. Pour passer l’acte, le concours de deux témoins, — dans les conditions requises : nationalité française, capacité de signer, domicile dans l’arrondissement communal du lieu où l’acte s’établit, sexe masculin… jusqu’à nouvel ordre — le concours de deux témoins est indispensable. Le père, ou celui qui agit en son lieu et place, les amène.

Les nom et prénoms de l’enfant sont donnés, le premier avec la véritable orthographe, pour s’épargner tout embarras, toute confusion dans l’avenir, les derniers dans l’ordre où l’on entend qu’ils restent. Les prénoms ne doivent pas être choisis en dehors de ceux que la loi permet d’employer.

Chapitre2

Obligations mondaines

Les parents d’un enfant nouveau-né adressent, à toutes les personnes qu’elles connaissent et quel que soit le genre des relations, un billet de faire part de cette naissance. Nous donnerons des modèles de ce billet — où la fantaisie s’admet fort bien — au chapitre « Lettres de faire part ». Le billet s’envoie quinze jours après la naissance.

À moins que la santé de l’enfant ne donne des inquiétudes, on attend le rétablissement complet de la mère pour la cérémonie du baptême.

Parlerons-nous des relevailles qui se font la veille du baptême. Cette cérémonie relève plutôt de la piété que du savoir-vivre. C’est un acte tout religieux et je ne sache que les relevailles d’une reine d’Espagne qui prennent un air d’événement et soient célébrées avec pompe, avec éclat.

Tout ce qu’on peut en dire, c’est que la mère qui se présente à l’église avec son enfant, en cette circonstance, doit être très simplement (j’allais dire humblement) vêtue. L’enfant est porté par la garde ou la nourrice.

Les femmes de la famille — parmi celles qui sont mariées — assistent seules aux relevailles.

PartieDeux

Le Baptême

Chapitre1

Choix d’un parrain

On donne à son premier-né, pour parrain, son grand-père paternel, pour marraine sa grand-mère maternelle. Le second enfant aura, pour parrain, son grand-père maternel, pour marraine, sa grand-mère paternelle. Et ainsi de suite, dans les deux familles, par rang d’âge et alternance de sexes, s’il est possible.

Cependant, on peut désirer d’assurer à ses enfants des appuis en dehors de la famille, où aide et protection leur sont naturellement accordées. Mais, alors, c’est aux grands-parents à vous tenir quitte du choix déférent que vous aviez fait d’eux, pour tenir votre enfant sur les fonts baptismaux.

Dans ce cas, on doit encore pressentir les dispositions des personnes amies ou des protecteurs et supérieurs qui peuvent être utiles à l’enfant, en s’intéressant à lui à titre de filleul. Mais comme il y a beaucoup de gens qui ont de la répugnance à assumer les charges matérielles et morales qui incombent à ceux qui ont répondu pour l’enfant, on sondera les esprits à ce sujet, avec beaucoup de diplomatie et de tact.

Il ne faut pas s’exposer à recevoir un refus mortifiant il faut encore moins risquer d’embarrasser des personnes trop polies et trop délicates pour décliner le choix qu’on a fait d’elles, mais trop indolentes ou trop pauvres pour supporter, sans en être ennuyées, les frais ou les devoirs imposés par le titre de parrain. On voit qu’il est bon de réfléchir en cette circonstance et de ne pas demander ce genre de service à la légère.

D’autre part, un homme qui croirait pouvoir être utile à un enfant, en devenant son parrain, cet homme devrait faciliter au père des démarches qui sont toujours pénibles à faire dans la crainte d’un insuccès.

Les choses réglées et acceptées, du côté de la marraine comme du côté du parrain, on met en rapport le compère et la commère, s’ils ne se connaissent pas encore. C’est le père de l’enfant qui présente le parrain à la marraine huit jours avant la cérémonie. Est-il besoin de dire que, s’il faut des époux assortis, il est bon également que le parrain et la marraine aillent ensemble, c’est-à-dire qu’ils aient mêmes manières, même éducation ?

Chapitre2

Le baptême

Le père de l’enfant s’entend avec le curé de sa paroisse au sujet de l’heure à laquelle sera donné le baptême. Il fixe le jour. Il indique d’avance les nom et prénoms de l’enfant.

Le baptême est administré à l’église de la paroisse où est né l’enfant, ou à celle du domicile de ses parents. L’église demande qu’il soit donné trois jours, au plus tard, après la naissance, à moins de motif grave. — Si les parents choisissent pour leur enfant des noms qui ne sont pas inscrits au calendrier, le prêtre est autorisé à y ajouter un nom de saint (Décision du Conseil d’État, 1803). On fait bien de donner les mêmes noms à l’église et à la mairie, de les ranger dans le même ordre, afin qu’il ne surgisse pas de difficulté, dans les circonstances où l’acte de baptême et l’extrait de naissance doivent être produits en même temps.

Tout le monde sait qu’une personne quelconque peut administrer le baptême à un enfant en danger de mort. Un païen peut donner un baptême valable. On prend de l’eau naturelle, on la verse sur la tête de l’enfant, ayant soin de toucher la peau et en disant « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »

Avec une dispense de l’évêque, on peut retarder le baptême de l’enfant et simplement l’ondoyer, en attendant le véritable sacrement.

Ne peuvent être parrain ni marraine, le père ni la mère. Les personnes chargées de présenter un enfant sur les fonts baptismaux doivent être âgées d’au moins douze ans, pour satisfaire aux désirs de l’Église. Cependant, elle admet de plus jeunes parrains et marraines.

Pendant la cérémonie, le parrain et la marraine se tiennent, le premier à droite, la seconde à gauche de la femme qui porte l’enfant ; ils répondent ensemble aux diverses questions qui leur sont adressées par le prêtre et récitent le Credo et le Pater noster (en français), lorsqu’ils sont invités à le faire. Pendant les exorcismes, ils étendent, en même temps que le prêtre, leur main droite nue sur la tête de l’enfant. Ils portent encore cette main sur l’enfant quand l’eau est versée, et ne la retirent qu’après que les paroles sacramentelles ont été prononcées. Enfin ils reçoivent de la main droite, toujours, un cierge allumé qu’ils rendent après que le prêtre a béni l’enfant.

Les parrain et marraine peuvent se faire représenter au baptême. Au temple protestant, le rôle du parrain et celui de la marraine sont encore plus simples. Ils répondent, une seule fois, au lieu et place de l’enfant, auquel le pasteur demande s’il s’engage à demeurer fidèle à la foi chrétienne.

« Je m’y engage, » disent à haute voix les représentants du nouveau-né.

Quant aux prières liturgiques, c’est le prêtre qui les prononce. Le parrain et la marraine répètent à demi-voix.

Chez les israélites, le parrain et la marraine se bornent à assister à la circoncision et à prier avec les autres personnes présentes et le rabbin.

Chapitre3

Obligations mondaines du parrain et de la marraine

Dès qu’un homme est avisé du choix que des parents ont fait de lui pour tenir leur enfant sur les fonts baptismaux, il leur adresse ses remerciements  « de l’honneur qu’ils lui accordent ».

Le parrain fait une visite à sa commère, quelques jours avant la cérémonie, en compagnie du père de l’enfant.

Il laisse toujours le choix des noms à donner aux père et mère et à la marraine.

Dans la matinée du jour du baptême (ou la veille), il envoie à sa commère des boîtes et des sacs de dragées, un bouquet, un bibelot, ou il remplace ce dernier par des gants insérés dans un coffret ou dans un sachet.

Il adresse, en même temps, à la mère de son filleul, des boîtes de dragées, qu’elle distribuera à celles de ses amies qui n’ont rien à attendre du parrain ni de la marraine.

Le parrain doit encore un cadeau à son filleul. Ordinairement, il lui offre la batterie de cuisine à son usage poêlon, assiette et cuiller à ses initiales, en argent ou en vermeil, ou un seul de ces objets, ou un hochet, ou toute autre chose.

C’est encore le parrain qui fait largesse au prêtre, aux enfants de chœur, au carillonneur, aux domestiques du père, à la nourrice de l’enfant. On voit qu’il ne faut pas imposer ce titre de parrain. Pour les mêmes raisons, un homme dont la position est médiocre ne s’offrira pas à tenir un enfant sur les fonts de baptême. Les parents n’oseraient peut-être pas refuser, tout en craignant de voir les obligations du parrainage trop peu grandement remplies à leur gré.

Le parrain va prendre sa commère chez elle, dans sa voiture, dans une voiture louée ou à pied, selon les circonstances. Il l’amène chez les parents de l’enfant.

C’est dans la voiture du parrain à moins que le trajet ne se fasse simplement à pied que prennent place la marraine, la mère, la femme qui porte l’enfant et, naturellement, le parrain, pour se rendre à l’église. Les voitures du père transportent les autres invités.

C’est dans une boite de dragées que le parrain insère la pièce d’argent ou d’or ou le billet de banque qu’il veut offrir au prêtre officiant. Mais dans le cas où ce serait un prélat qui donnerait à l’enfant le premier sacrement, il faudrait bien se garder d’introduire une somme quelconque dans la botte de dragées. On prierait l’évêque ou le cardinal d’accepter un présent de burettes en vermeil, ou un calice, ou tout autre objet servant au culte.

Après avoir signé sur le registre des actes de baptême, le parrain dépose sur la table la somme d’argent destinée au sonneur et aux enfants de chœur. Cette somme est enveloppée dans un papier blanc.

Au retour de l’église, le parrain distribue des gratifications plus ou moins importantes aux serviteurs de la maison, à la sage-femme, à la nourrice, etc. Ces sommes sont contenues dans des sacs de dragées.

Les boites et les sacs sont bleus pour un garçon, roses pour une fille. Elles portent le prénom de l’enfant et la date de son baptême. Il y en a aussi en forme de missel. D’autres ont des décorations moyen âge et une inscription gothique relate en outre des noms de l’enfant, ceux des parrain et marraine, avec la qualification Dame et Messire ; la date, la désignation de l’église où le baptême a été reçu, etc., y figurent également. Enfin la fantaisie et l’imagination peuvent se donner libre carrière sur ce point.

Un parrain doit des dragées à toutes les femmes qui font partie de ses relations.

La marraine choisie remercie avec empressement ceux qui lui donnent un fil spirituel ; elle accueille gracieusement le compère qu’on lui a donné. Si elle est jeune fille ou très jeune femme, il faut un tiers pendant la visite que lui fait le parrain et lorsqu’il vient la chercher, dans le trajet qui sépare sa maison de celle des parents de l’enfant. Elle offre à son filleul, quelques jours avant la cérémonie, la robe et le bonnet qu’il portera le jour du baptême. Elle y ajoute, si elle veut, un couvre-pieds, le tout fait de ses mains, si elle est adroite.

Elle se récuse gentiment si on lui laisse le choix des noms ; elle ne donne le sien que si on l’en prie. Elle distribue aux femmes de ses amies les boîtes de dragées que lui a données le parrain.

Si la marraine est une jeune fille, elle fait savoir au parrain qu’elle n’acceptera de lui qu’un bouquet et des dragées.

De ce jour naissent et sont continuées des relations courtoises entre le parrain et la marraine.

Si celle-ci est mariée, son mari invite le parrain à dîner avec les parents du filleul quinze jours ou un mois après la cérémonie.

Chapitre4

La fête du baptême

Un baptême est toujours l’occasion d’une fête, à moins de circonstances exceptionnelles et douloureuses.

Superbe ou modeste, cette fête est toujours à la charge du père de l’enfant.

Les domestiques mâles doivent revêtir la livrée de gala.

Tous les assistants sont en grande parure.

C’est un dîner qui, — le plus souvent, — réunit les invités. Le parrain et la marraine y sont traités en héros du jour. On les place l’un près de l’autre, au centre de la table, ou l’un vis-à-vis de l’autre, à la place des maîtres de la maison.

En guise de surtout, on trace, ce jour-là, sur la nappe, l’initiale de l’enfant baptisé, en fleurs roses ou bleues.

C’est un grand dîner relativement aux ressources. Des dragées y figurent toujours au dessert.

Si l’on est riche, on n’oublie pas les pauvres et les déshérités, en ce jour de bonheur. On envoie aux enfants assistés des dragées et la desserte de la table.

Chapitre5

Devoirs respectifs des parrain et marraine et du filleul

Les parrain et marraine sont tenus de s’intéresser à l’enfant qu’ils ont présenté au baptême. Au nouvel an, à sa première communion, à son mariage, à son premier succès baccalauréat, thèse, épaulette, ils lui doivent un cadeau, selon leur fortune. À moins d’impossibilité, ils voient souvent leur fils spirituel, le conseillent, le dirigent, le réprimandent au besoin.

Le filleul écrit ou rend en personne ses devoirs à ses parrain et marraine, au jour de l’an… » à tout le moins ». En dehors de la famille étroite, c’est à eux, les premiers, qu’il annonce sa première communion, son mariage, en leur demandant d’y assister. Il leur apprend ses succès et les tient au courant de tous les événements importants de sa vie. — Si ces parrain et marraine ne sont pas des amis intimes de sa famille, s’ils occupent une position au-dessus de la sienne, le filleul fait preuve de bon goût et de dignité en s’abstenant de toute familiarité qui pourrait déplaire. Il remplit ses devoirs, mais se tient à l’écart, se laisse appeler. En leur écrivant, il les traite de « Monsieur et cher parrain, Madame et chère marraine ».

PartieTrois

La première communion

Chapitre1

La préparation

Comme tous les événements de la vie, l’acte religieux de la première communion a d’étroits liens avec le savoir-vivre. C’est-à-dire que les parents les plus incrédules sont tenus de faire observer à leurs enfants et d’observer, eux-mêmes, certaines bienséances en cette circonstance.

En premier lieu, on ne ridiculisera jamais en présence d’un enfant cette religion dans laquelle on le fait instruire, qu’on lui fait pratiquer.

On doit lui faire suivre exactement le catéchisme, lui faire accomplir toutes les prescriptions de l’Église, veiller à l’exécution des devoirs que lui donne le prêtre qui lui enseigne sa religion. Si c’est possible, on accompagne son enfant aux instructions ou on l’y fait accompagner et on exige qu’il y ait une bonne tenue.

Le bon goût tout seul, ou d’accord avec la piété, exige que les enfants ne sortent plus pendant les huit jours qui précèdent la première communion, si ce n’est, bien entendu, pour les exercices religieux.

Quand on le peut, on les conduit en voiture à ces dernières instructions.

Chapitre2

Le rôle des parents

Dans les familles on les principes austères se sont conservés, dans celles où le bon sens règle toutes les actions, la jeune fille admise à la première communion est vêtue avec une extrême simplicité, en ce jour solennel. Une toilette élégante, des garnitures, des bijoux témoigneraient contre les parents de cette enfant quand on serait sans foi, on devrait penser que cet acte de religion n’est pas fait pour servir de prétexte à la coquetterie innée des jeunes filles. On les habillera donc très modestement, mais si on peut convertir en aumône la somme ainsi épargnée, on achètera la robe blanche d’une fillette pauvre.

La fête de la première communion se passe dans la plus stricte intimité. Les parents proches sont seuls invités au repas qu’on est dans l’habitude de donner soit après la messe, soit à l’heure ordinaire du dîner. Répétons-le quelles que soient les opinions religieuses des parents, ils doivent craindre de troubler, de distraire, en ce jour, l’enfant qui a peut-être senti s’éveiller en lui quelques graves, quelques hautes pensées. II est inutile d’ajouter qu’il est encore moins permis de promener les communiants à travers les rues.

Chapitre3

Souvenirs et cadeaux

À l’occasion de leur première communion, les enfants distribuent des « souvenirs » à leurs jeunes amis et aux amis de leur famille. Ce sont soit de petits livres de piété, élégamment reliés et portant la date de cette première communion qu’ils sont destinés à remémorer dans l’esprit de ceux à qui ils sont offerts, soit des images symboliques, au dos desquelles sont imprimées, en lettres d’or, la date, le nom de l’enfant, une prière ou une belle pensée.

L’usage s’en répand de plus en plus. C’est une sorte de lettre de faire part et celui qui la reçoit doit, en retour, une carte de visite aux parents, avec un mot de remerciement et un souhait pour l’enfant entre petits amis, il n’est pas question de carte ; l’enfant auquel un « souvenir » ce genre a été adressé remercie par lettre son jeune camarade.

Le lendemain de la première communion, les parents font une visite au prêtre qui a donné l’instruction religieuse à leur enfant. Si les communiants ne se sont pas cotisés entre eux pour faire un présent, — et même dans ce cas lorsqu’on est riche — on apporte un cadeau que l’on offre avec tout le tact requis. Pour un jeune prêtre, ce sera un bel ouvrage de théologie ; pour un prêtre âgé, dont on suppose que la bibliothèque est formée, un objet d’art représentant quelque sujet pieux. Si on avait affaire à un pauvre desservant de campagne, on pourrait, peut-être, choisir une chose utile un bon fauteuil ou toute autre pièce manquant au mobilier sommaire.

L’enfant accompagne ses parents dans la visite de remerciement.

PartieQuatre

Rapports avec les professeurs

Chapitre1

Devoirs des enfants

Les enfants, auxquels on fait donner des leçons à la maison, seront toujours soigneusement habillés pour recevoir leur professeur. Il y aurait de la grossièreté à les laisser paraître, en sa présence, avec des cheveux ébouriffés et des vêtements souillés ou négligés vêtements qu’ils ne doivent, au reste, porter en aucune circonstance.

On exigera qu’ils parlent très poliment, respectueusement même, à ceux qui prennent la peine de les instruire. On réprimera toute velléité de révolte contre l’autorité du professeur à moins de circonstances exceptionnelles, on ne prendra jamais parti pour eux contre lui.

Les enfants reconduisent leur professeur, qui est leur supérieur, par l’âge, d’abord, et par le savoir.

Chapitre2

Devoirs des parents

Lorsqu’une fille a des maîtres masculins, la mère, la gouvernante ou une femme de chambre d’un certain âge assiste toujours à la leçon.

Le prix des leçons étant convenu d’avance, à l’époque fixée pour les payer, on dépose la somme due (enveloppée, avec adresse manuscrite) sur la table à écrire, à la place du professeur. Il serait impoli de mettre cet argent dans la main de celui auquel il est destiné.

Les parents parlent toujours aux professeurs de leurs fils ou filles avec la plus parfaite politesse, donnant ainsi l’exemple à leurs enfants et témoignant, par ce moyen, de leur reconnaissance à ceux qui enseignent un art ou une science aux êtres qui leur sont le plus chers. Le payement tout sec n’est pas suffisant, il faut y ajouter une gratitude sincère.

On invite quelquefois le professeur à dîner… dans quelque position qu’on se trouve il n’y a à cela nul inconvénient, car nous supposons qu’on a choisi des gens recommandables pour leur confier l’âme ou l’esprit de ses enfants. On peut également faire quelques présents au professeur. Le plus fier les acceptera s’ils sont choisis et surtout offerts avec tact. Il comprendra très bien qu’on veut lui prouver qu’indépendamment du prix payé, on lui est encore redevable. Ces indications serviront également, dans les relations avec le proviseur d’un lycée, le principal d’un collège, une institutrice, la directrice d’un pensionnat, la supérieure d’un couvent (avec celles-ci on introduira une nuance marquée de respect), etc., etc.

Chapitre3

Devoirs des professeurs

Le professeur, lui, est tenu de se présenter convenablement vêtu des habits tachés, du linge négligé, une barbe longue feraient la plus mauvaise impression sur l’esprit de l’élève. Il lui parlera avec bienveillance, mais d’un ton où l’on sente l’autorité. Enfin la plus élémentaire loyauté lui commandera de ne jamais laisser échapper, en sa présence, un mot qui offense une croyance, la délicatesse, la morale. Dans ses rapports avec les parents, son attitude aura toute la dignité voulue, si elle est aussi éloignée de la hauteur que de la platitude.

PartieCinq

Le mariage

Chapitre1

Préliminaires

Un jeune homme a distingué une jeune fille, il souhaite de l’obtenir pour femme, mais il ne va pas, de but en blanc, la demander en mariage.

Il s’ouvre de ses intentions à ses parents ou, à leur défaut, à un ami âgé, à son protecteur, à un supérieur, si les relations établies entre lui et ce dernier lui permettent cette démarche.

La personne qui a reçu la confidence du jeune homme se met en rapport avec un ami intime de la famille de la jeune fille, a un d’arranger une rencontre décisive entre les deux jeunes gens, entrevue qui permettra de savoir si les projets peuvent être poursuivis.

Avant d’entamer une affairematrimoniale, les intermédiaires sont tenus de prendre des renseignements précis et venus de bonne source, sur la fortune, la position sociale, voire la généalogie des deux familles en cause. Ce n’est qu’après s’être assuré que la convenance existe sur tous les points qu’on doit risquer l’entrevue définitive. Il ne faut pas qu’après s’être rencontrés, s’être plu, les deux jeunes gens voient souffler sur leurs rêves par une difficulté imprévue, née de la situation de l’un ou de l’autre. Les marieurs appelleront donc à leur aide toutes les ressources du tact, ils réfléchiront bien avant d’engager des pourparlers, où le juste amour-propre de chacun est à ménager.

C’est au bal, le plus souvent, quelquefois au théâtre (dans ce cas, l’aspirant va faire une visite à ta mère de la jeune fille dans sa loge, sous le pré- texte d’accompagner une personne de leurs connaissances communes, qui le présente) que la rencontre cherchée a lieu. Quand le jeune homme s’est retiré, la mère de la jeune personne attire sur lui l’attention de cette dernière, par quelques mots sur ses manières, son aspect physique, etc., et voit quelle impression il a produite sur sa fille.

Il est encore préférable que des amis communs les réunissent à un dîner intime, organisé pour la circonstance et auquel assistent, cela va sans dire, les parents de la jeune personne.

Ceux-ci ont la prudence de ne pas instruire leur fille du but de cette réunion. Cette réserve a des avantages. Si on la prévenait de l’espèce d’examen qu’elle va subir, l’émotion, l’appréhension qu’elle éprouverait lui feraient perdre de sa grâce et de son naturel, et elle n’aurait pas non plus assez de sang-froid pour juger celui qui se présente avec l’idée de devenir le compagnon de sa vie. D’autre part, si elle ne plaît pas, il est fâcheux de le lui apprendre. Elle est humiliée, elle perd confiance en elle. Or, s’il est bon qu’une jeune fille n’ait pas trop haute opinion d’elle-même, il ne faut pas davantage qu’elle se croie au-dessous de ce qu’elle est.