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Le présent roman nous conte le parcours de Leïla, une adolescente ayant subi, un soir, la contrainte de son « compagnon » plus âgé qu’elle, dans les prémisses de sa sexualité. Dans le contexte d’une domination relative, elle découvre l’enjeu et la réversibilité du pouvoir. Plus tard, elle prendra également conscience du degré d’influence d’un traumatisme vécu et refoulé au cours de son enfance ; un souvenir perdu l’ayant poussée à devenir Yasmyna, une escorte VIP, pendant une vingtaine d’années.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après la publication, en 2018, d’un recueil de poèmes intitulé "Pour vous… émois",
Patrick Diné explore un nouveau genre, le roman. Son objectif est d’élargir son champ littéraire afin de varier autant que possible les plaisirs de ses lecteurs.
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Patrick Diné
Yasmyna…
une vie derrière le rideau
Suivi de
Leïla… quand le rideau se lève
Roman
© Lys Bleu Éditions – Patrick Diné
ISBN : 979-10-422-0826-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce livre comporte des scènes pouvant heurter la sensibilité d’un trop jeune lecteur, du moins jusqu’à la fin du deuxième.
Le but de l’auteur était de pouvoir aborder ce qu’on appelle « l’amour », sous ses deux aspects possibles : celui inhérent à la violence possible qu’il peut générer pulsionnellement ; et celui dans lequel la tendresse est une valeur qui donne un sens à la vie, et la douceur, un cap à l’amour… non pas parce qu’on le fait, mais plus simplement parce qu’on le vit.
« Léïla… viens vite, il y a quelqu’un pour toi au téléphone ! »
« Oui… j’arrive ! »
Je me prénomme Léïla, mais je m’appelle occasionnellement Yasmyna…
Et si l’occasion fait effectivement le larron, elle fait plutôt de Yasmyna une call-girl, car c’est mon pseudonyme professionnel : je suis escorte… sans trop savoir si c’est par fatalité, par erreur de m’être perdue en acceptant de me remettre à un destin que je pensais plus ou moins déterminé, ou parfois pour la quête d’un plaisir improbable et sournois…
Si la destinée existe, elle n’empêche pas le plaisir d’ailleurs. Un semblant de soumission occasionnelle peut accroître une jouissance que ma morale a pourtant toujours réprouvée. Mais mon corps de femme libre peut paradoxalement l’accepter, lorsqu’il ressent les frissons d’une résignation éphémère… le temps d’une étreinte érotique rendant ce fantasme possible et acceptable, parce qu’elle est tarifée.
C’est à cette seule condition que mon esprit put concevoir ce qu’il avait toujours condamné : des plaisirs censurés qu’il s’interdisait au nom de la morale courante, des préjugés habituels, ou de l’illusion factice.
Ma chair fit sienne de ces plaisirs « interdits » quand son consentement tacite se métamorphosa un soir, en une sorte d’agrément pulsionnel à ce qu’elle put reconnaître plus tard, être une forme possible de jouissance bien plus plaisante qu’incongrue.
Mon éducation ne me conduisait pourtant pas vers de tels chemins : on m’a inculqué la bienséance, le respect des codes sociaux, l’amour du prochain et tout ce qui est conforme aux pensées courantes, ainsi qu’aux règles du savoir-vivre.
Selon mes parents, j’étais une enfant sage et promise à un avenir sans problème. Ma vie s’anticipait facilement dans la perspective d’une stabilité usuelle, adéquate aux usages et à la sécurité d’un mimétisme permettant de se fondre confortablement dans la masse.
C’est plus tardivement que j’ai compris que les usages peuvent effectivement user celles ou ceux qui cultivent intimement d’autres aspirations. Tout d’abord parce qu’ils n’en ont pas forcément la conscience ou l’objectivité, comme si cet imaginaire s’apparentait à un corps étranger en eux, avec son risque probable d’infection : un imaginaire interne, bien à soi, privé… dans un corps étranger ! Comme si notre propre corps de fait enkysté n’était plus finalement le nôtre.
Mais aussi parce qu’ils s’exposent ensuite à la critique lorsqu’ils osent se dénuder de leurs masques par souci d’authenticité si souvent condamnée par une majorité de « bien-pensants ». Des bien-pensants les rendant de fait minoritaires et donc ainsi plus faibles : dans la morale, l’union fait la force… et la force codifie la fragilité des marginaux.
J’ai choisi le surnom de Yasmyna aux consonances arabes, mais je suis de souche italienne du côté de ma mère, et d’origine française vers celui de mon père. J’ai aimé la musicalité de ce prénom dont l’étymologie veut dire « fleur de jasmin », même si cette musicalité se cadence souvent au rythme de mes hanches.
Malgré la nature licencieuse de mon activité, j’ai choisi cette « appellation » sciemment, car le jasmin est signe de pureté, et l’origine arabe du prénom est un choix m’invitant « à des voyages indécents, mais maîtrisés » : c’est donc une appellation d’origine contrôlée…
J’ai trente-sept ans, et tout a commencé à l’âge de seize ans sans pouvoir me douter ce jour-là, que le début d’une luxure indécente allait s’introduire dans mon existence, jusqu’à en devenir une répétition occasionnelle, au gré de demandes d’autrui ; puis une habitude au gré de mes fragilités, mais aussi de mes rythmes de vie.
J’étais avec mon tout nouveau petit ami, notre idylle avait commencé depuis une semaine dans une ambiance plutôt romantique. Lui en avait vingt-sept, il paraissait sentimental et prévenant par bienveillance. Je me sentais en sécurité, car il était plus âgé que moi, et que tous ceux avec qui j’avais déjà flirté jusqu’ici. Son âge m’amenait à le reconnaître en tant qu’homme ayant donc plus de sagesse que mes anciens petits copains pubères, et je pensais que sa maturité allait me protéger mieux que l’habituelle insouciance de mes relations adolescentes.
J’avais déjà fait l’amour avec mon précédent petit copain qui avait le même âge que moi, mais ma timidité juvénile interdisait toutes fantaisies dans ce domaine, dans lequel je restais plutôt réservée et peu entreprenante. L’appréhension de mon jeune partenaire, lui aussi débutant, limitait nos imaginaires encore soumis à une pudeur légitime, et presque rassurante, dans le fait de devoir se restreindre à la modération de nos fantasmes. Et surtout dans la préférence de les taire par crainte de devoir confier l’inavouable, et surtout d’être confronté à l’angoisse de les réaliser ensuite dans ce qu’ils avaient « d’insensé ».
Mais lui était « homme », et je voyais dans ce statut encore inconnu pour moi, la stature de l’individu bien intentionné. Durant mon enfance, on m’a fait croire comme dans toute enfance, que c’étaient les enfants qui faisaient des bêtises… pas les grands. Alors pour moi, être adulte équivalait à ne plus en faire, et je me fiais à lui grâce à cette reconnaissance qui s’avéra rapidement illusoire.
L’avantage de son âge se manifestait également par le fait qu’il avait une voiture, ce qui devenait différent des promenades en scooter avec les autres. Il avait aussi un travail et un appartement : fils unique, il venait d’une famille bourgeoise qui devait probablement l’aider financièrement, car il était également toujours bien habillé. Il aimait m’inviter souvent au cinéma, au restaurant, et m’offrir ainsi un nouveau cadre de vie plus agréable que mes habituelles virées au Mac Do.
C’est d’ailleurs au cinéma qu’il me fit découvrir qu’il me fallait le suivre si je souhaitais rester dans la « cour des grands » : au milieu du film, il prit ma main que je lui offrais chaleureusement, croyant à un élan romantique de sa part. Mais je compris que son intention était ailleurs que dans le geste tendre, car il accompagna rapidement ma main entre ses deux jambes, en restant visuellement concentré sur l’écran. J’étais intriguée par une initiative aussi spontanée qu’imprévisible, un peu bouleversée par ce qui s’apparentait en moi à une précipitation.
Mais la lenteur de son geste doux offrait un contraste agréable à cette fausse impression de hâte qui, finalement, devenait presque acceptable, malgré son audace si soudaine. J’avais envie de retirer ma main, autant par pudeur que par conscience qu’il était toujours préférable pour cette jeune fille que j’étais, de faire languir stratégiquement cet homme, ne serait-ce que par plaisir d’amplifier le désir qu’il manifestait pour elle. C’est du moins ce qu’on se racontait entre copines, dans nos confidences d’adolescentes, quand chacune tentait de conseiller d’autres, malgré notre point commun d’être toutes plus ou moins novices dans le domaine.
Mais je me surpris à la laisser là où il l’avait posée, tout en me disant qu’il ne fallait pas que je fasse le moindre geste afin de rester innocente dans cette situation intrigante, tellement elle me répugnait moins que ce que j’aurais pu croire, si j’avais dû l’anticiper.
Il me fallait rester neutre : la retirer engendrait la mésentente et le refus ; la laisser posée là où elle était sans ne rien faire mimait un semblant de stupéfaction ayant l’avantage de n’exprimer aucun accord, mais paradoxalement aucune rebuffade non plus.
Ma main figée sentit sous elle une lente protubérance se manifester. Je savais que c’était aussi le fait de la laisser entre ses jambes qui générait cette éminence, mais je continuais de ne rien faire du tout, par préférence de le laisser penser que je n’étais pas vraiment impliquée dans cette démarche si inattendue. Il semblait simplement apprécier que je ne la retire pas, et restait attentif au film, comme si ce semblant d’attention à l’écran facilitait autant pour lui que pour moi, l’originalité d’un tel contexte auquel je ne m’attendais vraiment pas en entrant dans cette salle. Je me souviens que la pénombre rendait cette intimité possible, en offrant aux regards l’avantage de ne pas devoir se croiser.
La bosse proéminente semblait être à son comble tellement j’avais l’impression qu’elle avait plus que doublé en si peu de temps, et je sentais son souffle s’intensifier légèrement. Il prit alors ma main afin de me signifier qu’il voulait que je le caresse, pour probablement observer si j’étais prête à aller plus loin. Il semblait vouloir vérifier qu’une partie de moi était consentante pour cette première approche réellement physique entre nous. Une partie de moi souhaitait s’arrêter là ; mais une autre instance interne prenait conscience que son statut d’adulte ne pouvait que m’amener à devoir en faire plus qu’avec mes partenaires adolescents qui eux, pouvaient se satisfaire d’embrasser sans oser aller forcément plus loin. Je le laissai guider mes caresses passivement, comme pour continuer de lui faire sentir que je n’étais pas à l’initiative d’une telle situation, mais très vite il retira sa main afin de voir si la mienne continuait ce qu’il me proposait. J’étais alors face à mon dilemme : arrêter aussi afin de ne pas paraître trop hardie, ou continuer afin de satisfaire sa demande implicite, et ne pas passer à ses yeux pour une gamine inexpérimentée et peu entreprenante.
J’avoue avoir trop craint de le décevoir, et cette appréhension m’amena à prolonger mes caresses sans qu’il n’ait plus à les accompagner. Je me sentais excitée non pas sexuellement, tel que lui le devenait de plus en plus, mais par la spontanéité de cette situation dans laquelle je m’observais tout aussi comblée que gênée.
Je constatais que je me retrouvais dans une position complice d’impudence, m’incitant à une effronterie désormais consentie. Je le caressais comme si dorénavant les rôles s’inversaient, comme si de nous deux… c’était moi qui le voulais. Nous étions seuls dans ce rang de fauteuils au fond de la salle, à l’abri du regard d’autrui, et la nécessité de discrétion offrait une excitation supplémentaire au contexte.
Je continuai de le caresser pendant quelques minutes, sentant sous le tissu de son pantalon un membre de plus en plus dur, et de plus en plus comprimé dans son sous-vêtement. Mais à ma grande surprise, il repoussa légèrement ma main comme si l’éphémère complicité devenait suffisante pour lui. Je pus alors comprendre rapidement qu’il n’était pas question de s’en arrêter là, il avait seulement repoussé ma main afin de se faciliter l’initiative d’ouvrir sa braguette, puis la reprit pour l’introduire en dedans.
Je sentais son désir s’intensifier tandis que ma curiosité s’accroissait en même temps. Le contact devenait plus intime, mais le tissu de son boxer maintenait une limite encore acceptable.
Je me surpris à serrer son membre en le pressant dans la paume de ma main afin d’accentuer sa tension ; je me disais que cette nouvelle étape allait lui permettre d’apprécier ma tendance charnelle à désirer le satisfaire… comme pour me faire reconnaître plus objectivement jeune femme, que fillette immature encore trop adolescente.
Je le sentais apprécier mon initiative, il était désormais émoustillé par le fait que je devienne celle qui osait s’engager… celle qui devenait active et entreprenante dans un élan qu’il avait préalablement induit entre nous.
Je me mis alors à le toucher de manière plus sûre et plus directe, offrant un mouvement lent et plus osé de va-et-vient sur le tissu. Et je ressentais simultanément en moi le plaisir de l’attrait vers une certaine indécence, mêlé à une gêne liée à l’impudeur et à la crainte de passer pour « une fille facile ».
Mais il semblait tellement apprécier que je réponde habilement et sans manifester aucun signe de contrainte à son attente, que je me rassurais rapidement sur l’idée qu’il puisse me juger négativement. Au contraire, voyant mes mouvements de plus en plus volontaires, et mes caresses bien plus provocantes, il reprit ma main et souleva son boxer afin de la mettre en dedans…
Un palier supplémentaire venait de s’opérer, et je voyais que cette nouvelle étape me déstabilisait : si le tissu créait auparavant une sorte de barrière afin de limiter mon insolence, ce premier contact direct avec son sexe s’avérait plus difficile à gérer pour moi. J’avais l’impression de passer d’un jeu érotique, à un acte moins ludique et plus formel. L’impression tactile devenait différente, car en plus de la raideur de son membre, je sentais désormais la tiédeur de son sexe, et l’humidité de son gland recouvert d’un abondant liquide séminal, révélateur d’une excitation physique qu’il semblait pourtant contrôler, en faisant semblant d’avoir de l’intérêt pour le film. J’hésitais de continuer à me révéler volontaire, car le contact de la paume de ma main avec ses attributs masculins offrait désormais un rapport de peau à peau un peu trop précipité pour moi. Mais quelque chose m’empêchait malgré tout d’arrêter… peut-être son éventuelle et probable réaction de déception si, après m’être tant impliquée, je lui faisais comprendre que les choses s’arrêtaient là.
Alors, par peur de le décevoir, mais un peu malgré moi, je prolongeai mes caresses, serrant et desserrant en alternance mes quatre doigts le long de son sexe tendu dans un mouvement très lent de va-et-vient. Je caressais avec mon pouce son gland visqueux, en des rotations circulaires facilitées par le liquide sirupeux. Je sentais mon pouce agile devenir de plus en plus gluant, mais plutôt que d’être répugnée par la sensation poisseuse, je me sentais curieuse par ce plaisir intriguant qui m’amenait à mieux comprendre ce que peut ressentir un homme sous l’effet d’une langue agile : mon pouce offrait des sensations probablement identiques, ce qui renforçait mon attention à son plaisir et générait en moi une sorte d’approche innovante, puisque jamais jusqu’ici je n’avais conçu par pudeur et par timidité, de pouvoir faire une fellation. Je savais que je n’aurais pas osé prolonger mon audace jusqu’à ce point dans ce cadre inadéquat, et que j’aurais refusé s’il me l’avait suggéré. Mais les caresses circulaires de mon pouce semblaient lui convenir : elles remplaçaient ce que la bouche aurait pu peut-être offrir d’encore plus intense, si mon ignorance à cet égard, et ma répulsion pour cette pratique, n’avaient pas censuré toute possibilité d’envisager sa jouissance finale ainsi.
Puis un nouvel embarras s’imposa à moi : fallait-il rester dans la douceur finalement tendre de mes caresses, en se limitant à ce jeu certes érotique, mais dont l’intimité de l’attouchement restait suffisante pour instaurer une complicité ludique et sensuelle entre nous ? Ou fallait-il aller jusqu’au bout en le masturbant de plus en plus vite afin d’oser ponctuer ma hardiesse, et conclure cet instant jusqu’à une éjaculation qu’il souhaitait certainement après tant d’excitations ?
Je ne souhaitais pas aller jusque-là, j’étais habituellement réservée, et le fait d’entreprendre ce que je venais d’oser faire était bien suffisant pour moi. Mais fallait-il que mon audace soit finalement le fruit de sa frustration si lui avait envie d’une jouissance finale ?
Je me sentais prise à mon propre piège, puis emprisonnée dans le sien, car n’était-ce pas lui qui avait commencé à nous emmener sur de tels chemins ?
Mais le hasard fit bien les choses en ma faveur : la fin du film allait s’annoncer, il fallait rapidement se reprendre ou du moins, reprendre notre statut de spectateurs et non plus d’amants. Il fallait qu’il remette vite ses habits en ordre, et je pouvais ainsi retirer légitimement ma main encore mouillée de son liquide, pour l’essuyer avec un mouchoir en papier que j’avais sorti de mon sac.
La lumière éclaira, nos regards se croisaient en se confiant une nouvelle intimité naissante, me laissant présager que nous allions certainement faire l’amour dans les jours qui allaient venir…
Il était un peu plus de 22 heures quand nous quittâmes la salle. Nous sortîmes du cinéma pour rejoindre sa voiture, et en entrant, je sentis que quelque chose allait se produire… ou du moins devait se prolonger, car il désira m’embrasser rapidement en commençant à poser ses mains sur mon tee-shirt à hauteur de mes seins. Je le laissais introduire sa langue dans ma bouche, en essayant de l’embrasser tendrement, afin de tenter d’instaurer un climat de douceur plutôt que d’excitation, et de lui faire sentir que la suite serait pour plus tard. Mais sa respiration de plus en plus haletante m’indiquait qu’il souhaitait une continuité de ce qui s’était passé dans cette salle, et qu’il ne voulait pas reporter sa tension ultérieurement.
De mon côté, je ne souhaitais pas faire l’amour comme ça, et à l’intérieur de sa voiture : j’espérais un cadre et un contexte plus romantiques, mais le parking du cinéma se vidait progressivement, et il continuait de me caresser les seins sous mon tee-shirt, à la faveur de la pénombre d’une nuit rendant notre étreinte possible, car plus personne n’était là.
La crainte de pouvoir être surpris par un passant ne pouvait même plus être une excuse pour moi afin de le freiner dans ses élans, car tout était devenu silencieux dans cette nuit de septembre. Le parking était devenu désert, donc un terrain possible pour un enlacement à poursuivre, mais qui s’avérait de plus en plus anxiogène pour moi. Il avait dégrafé mon soutien-gorge, caressait de plus en plus ardemment ma poitrine, et ses baisers n’avaient rien de romantique. Ils devenaient même envahissants pour moi, sa langue était en train de conquérir de plus en plus ma bouche… et je ne savais plus comment répondre à cette situation que j’avais certes cautionnée auparavant au cinéma, mais d’une manière bien plus modérée, qui ne cherchait pas à aller jusque-là.
J’observais qu’il continuait de caresser mes seins de plus en plus intensément, tout en ouvrant sa braguette avec son autre main. Il baissa légèrement son pantalon, puis son sous-vêtement, et guida à nouveau la mienne à son sexe, dans une ambiance plus pulsionnelle qu’auparavant.
Je m’en voulais d’être allée trop loin pendant ce film, je réalisais qu’il ne demandait finalement que la suite de ce que j’avais osé entreprendre, malgré le fait de ne pas être à l’initiative de cette situation de plus en plus complexe pour moi.
Je pensais qu’il allait me demander cette masturbation qui semblait presque s’annoncer quand je le caressais auparavant, et que la fin du film rendit finalement impossible. Je devinais qu’il allait me falloir terminer ce que j’avais trop entrepris. Ma main s’activant de plus en plus vite lui indiquait mon accord ; ma façon de l’embrasser devenait de plus en plus lubrique afin de lui signifier mon consentement. J’étais dans l’espoir d’en finir là, et dans l’idée de l’exciter encore plus afin qu’il puisse éjaculer rapidement, car les choses ne se passaient vraiment plus comme je les avais espérées. Je souhaitais que cet instant puisse se conclure le plus vite possible ; j’avais l’impression de me dévouer sans vraiment me sacrifier certes, car mon amour pour lui acceptait de lui rendre « ce service ».
Mais rien ne se déroulait tel que je pouvais le vouloir : si le fait de le masturber était pour moi le point final lui permettant d’éjaculer, il considéra que l’intensité de mes caresses n’était que les prémisses de son désir de jouir. Il me prit par la nuque en me forçant à me baisser, et à rapprocher mon visage de son sexe que je voyais pour une première fois… de trop près. Le liquide visqueux autour de son gland dégageait une odeur âcre et trop charnelle pour moi. L’effluve de son désir semblait poisseux, et l’abondance du liquide préséminal me répugnait dans le fait de le voir de si près, et de devoir l’enfourner dans ma bouche, puisque tel devenait son désir.
Je le répète, parmi les prémisses des rapports sexuels, la fellation était une option vis-à-vis de laquelle je n’avais pas encore opté : « des petits copains » avec lesquels j’étais sortie me l’avaient déjà demandé. Mais mon jeune âge ne me rendait pas prête pour une telle pratique que je reportais éventuellement dans mon devenir de femme, pour l’évolution progressive de ce que pouvait devenir ma sexualité.
De plus, parmi les confidences que nous nous faisions entre copines du même âge, seule Isabelle, ma meilleure amie avait osé franchir ce pas sous l’insistance de son amoureux. Elle nous avait confié sa désagréable sensation lorsque ce dernier se permit d’éjaculer dans sa bouche sans la prévenir. Elle nous parlait de la consistance épaisse du sperme s’écoulant sur la langue, et se projetant au fond de la gorge par à-coups saccadés, dans l’intermittence de jets propulsés intensément sous l’effet de l’excitation, et du point culminant de la jouissance masculine.
Elle nous confiait une saveur concentrée et particulièrement drue, nous laissant deviner que son attrait gustatif ne pouvait qu’être relatif, et dépendant du goût de chacune d’entre nous. En d’autres termes, mon aversion pour cet acte était renforcée par la précision de sa confidence, et par le récit bien renseigné de cette première expérience. Elle nous avait bien conseillé de demander à notre partenaire de nous prévenir de sa décharge, au moment où il allait se soulager, afin de préparer la langue à contrer l’intensité des jets, pour ne pas à en subir la propulsion dans le fond de la gorge, au cas où nous souhaiterions tester un jour notre aptitude pour ce plaisir si particulier.
Et là… dans l’habitacle de cette voiture, sur un parking désert, dans l’obscurité de la nuit où aucun passant ne pouvait se manifester pour venir à mon secours ; en compagnie de mon chéri dont l’âge plus avancé que le mien favorisait l’assouvissement rapide du désir, alors que mon adolescence priorisait plutôt une recherche de lenteur et de sentimentalité peut-être encore un peu naïve… je me retrouvais à quelques centimètres de son pénis humide, un peu odorant, et contrainte à une érection qui ne demandait plus qu’à être soulagée.
Deux réactions antagonistes se manifestèrent en moi : d’une part celle émanant d’une curiosité que je qualifiais légitime, accentuée par le fait que je prenais plaisir à découvrir un pénis d’aussi près pour une première fois. Cela me permettait de mieux découvrir à la faveur d’un réverbère, cet attribut masculin auquel pensent les filles après l’arrivée de leurs règles, dans l’idée que c’est à travers lui que se construira l’acceptation de perdre leur virginité plus tard ; avec autant d’appréhension que d’attente renforcée par la quête juvénile de l’indépendance, et l’envie d’émancipation si caractéristique à cet âge.
Et d’autre part, celle de la répugnance à devoir faire ce qu’on ne désire pas, suite là aussi à une particularité de l’adolescence recherchant une liberté optimale afin de se défaire des contraintes encore récentes de l’enfance.
Mais la recherche de l’émancipation et de la propension naturelle à devenir une jeune adulte peut conduire à des expérimentations plus ou moins chanceuses : le récit d’Isabelle en était une preuve, et je ne souhaitais pas me mettre dans une position de soumission envers lui, ou de résignation par rapport à mes choix.
Voyant que mon visage restait figé, bloqué au niveau de son ventre, et que je ne cherchais pas à descendre plus bas tellement je me sentais déjà trop proche de son pénis, il poussa légèrement l’arrière de mon cou, sans violence… mais avec une insistance continue afin de réduire les quelques centimètres qui séparaient encore ma bouche de son sexe. Les crispations musculaires de ma nuque lui indiquaient ma réticence à prolonger ce qui, pour lui, ne devait probablement n’être qu’une évidence.
Voir un homme bander d’aussi près ne pouvait que satisfaire une certaine curiosité, et restait une étape suffisante afin de pouvoir en faire prochainement un récit déjà presque incroyable à mes copines en quête comme moi, d’aventures modérées. Nos confidences nous permettaient la narration de circonstances intimes entre nous, ainsi que des échanges favorisant le cheminement progressif de nos découvertes sexuelles. Notre jeune âge nous imposait de n’être que novices, dans un domaine où il est important d’en savoir toujours un peu plus, pour des expériences prochaines mieux réussies.
Sa main bloquait ma nuque comme pour que je ne puisse pas remonter, comme si l’évidence devait se manifester… ou dans mon cas, s’imposer. J’ai entendu pour une première fois ce verbe étrange, lorsqu’il osa verbalement me demander « de le sucer ».
L’adolescence m’avait permis de sortir de la naïveté d’une enfance où seuls le pouce, une glace ou un bonbon évoquent l’idée de cet acte bien innocent. J’avais bien sûr entendu parler du principe de la fellation, mais je n’en avais ni l’expérience ni le désir : je n’en avais qu’une sorte de représentation peu enviable à la suite du récit d’Isabelle. J’en avais fait un report possible pour des intimités ultérieures au moment où je me sentirais plus adulte, et donc peut-être mieux préparée.
Et là, mon cheminement progressif vers les garçons, pour des liaisons amoureuses légitimes quand on a seize ans, me conduisait vers cette situation inattendue : un jeune homme adulte de vingt-sept ans sollicitait l’adolescente encore immature que j’étais, à le satisfaire pour réduire sa fougue, et le soulager d’un besoin spécifiquement masculin de se vider d’un trop-plein d’excitations physiques.
Il était envahi par son besoin d’expulsion : je devrais dire « d’ex/pulsions »… de son sperme qu’il n’envisageait de déposer que dans l’intimité de ma bouche.
Je me souviens lui avoir répondu soudainement, non… Un seul mot lui permettant de comprendre enfin que je souhaitais vraiment m’arrêter là, un seul mot afin d’oser m’affirmer et de faire prévaloir librement mon choix.
Peut-être crut-il à un jeu où la fausse pudeur répond négativement à la demande afin d’amplifier stratégiquement l’excitation ; comme pour faire croire que je ne voulais pas… Comme pour privilégier la décence et instaurer entre nous une soumission ludique, consistant à exécuter la tâche que je refusais par apparence, mais qu’il me tardait de réaliser pour un plaisir finalement partagé.
Alors, il insista en rehaussant son bassin du siège, créant ainsi un contact entre son pénis et mes lèvres bien fermées, mais déjà recouvertes de son épais liquide recouvrant tout son gland. Je sentais son membre vouloir s’imposer dans ma bouche, il se frottait de toute sa raideur à ma figure, enduisant mes joues de ce liquide que la physiologie du désir masculin secrète afin de lubrifier le gland dans les prémisses des rapports charnels. Je sentais que son éjaculation pouvait être imminente, alors je me dégageai de cette pénible position, malgré la force de son bras qui tentait de me bloquer pour me contraindre à lui faire ce que je ne pouvais plus concevoir de mon côté.
J’essuyais du revers de ma main ce liquide à la texture déjà un peu collante sur mes lèvres et sur mes joues, et le pria d’arrêter. Je ne voulais pas le frustrer à l’extrême, ni passer à ses yeux pour une gamine, trop jeune afin de pouvoir satisfaire un homme de ses tendances libidinales. J’essayai de me révéler bien présente en tentant de manifester une allure un peu coquine, puisque j’étais bien consciente que c’était ce qu’il attendait de moi. Je lui proposai alors de le masturber tout en lui suggérant de lui dire des mots empreints à la littérature érotique, afin de compenser mon refus.
J’envisageais de lui donner ainsi un plaisir complémentaire à mes caresses, à la suite de cette proposition qui me surprenait moi-même par la spontanéité de son audace. Il me fallait faire là encore, ce que je n’avais jamais réalisé, par le biais de mots crus et suggestifs, accentuant le plaisir de celui qui les écoute. Ce que ma bouche venait de lui refuser pouvait se contrebalancer par des mots qu’elle allait lui dire, afin de faire prévaloir le fait que je n’étais pas si « gamine » que ça.
Je pensais avoir sauvé la face, je remplaçais un plaisir par un autre, je suggérais une idée plutôt que de rester dans la position de la jeune fille qui refusait la sienne. Je m’impliquais… et plus qu’il ne pouvait l’imaginer, car j’étais consciente de mon inexpérience dans l’art d’offrir l’excitation verbale. Seule une récente lecture d’une vidéo pornographique sur mon téléphone m’avait sensibilisé à cette option à laquelle peut opter une femme lorsqu’elle entreprend de parler dans des codes tellement suggestifs, que l’écoute de ses propos dénudés de toute timidité, parvient à générer une excitation particulière… reposant sur le principe de l’impatience chez un homme. La stratégie consistait à lui faire entendre dans un premier temps, ce qu’elle allait lui faire ensuite sans retenue, pour une deuxième étape basée sur un déroulement progressif, permettant de transformer le désir, la promesse et l’attente, en un passage à l’acte offrant une seconde mi-temps, puis une ponctuation à la jouissance finale.
Je me souviens avoir été intriguée par cette caractéristique du plaisir, puis attirée jusqu’à fantasmer sur l’idée de pouvoir l’offrir à un homme plus tard. J’envisageais donc de lui donner cette volupté en répondant à une demande. Le fait de le proposer de ma propre initiative devenait ainsi une compensation acceptable pour moi, et potentiellement suffisante pour lui. Après s’être refusée au plaisir de la succion, ma bouche était prête à lui offrir celui dans laquelle la littérature invitait à une forme d’excitation spécifique, par le vecteur intime de mots sensuels. Il suffisait de faire appel à ma mémoire du dialogue, et des suggestions verbales particulières au cours des séquences les plus culminantes de la vidéo, pour assurer la réussite de ma proposition, certes un peu risquée. Je me souvenais plutôt bien de l’essentiel, et le fait d’avoir l’impression de me rappeler facilement des « phrases clés » m’amenait à constater que ce plaisir destiné apparemment à l’autre, pouvait très certainement en demeurer également un à celui ou celle qui l’offrait.
J’avais envie à cet instant de me dénuder, non pas de mes vêtements, car l’arrivée éventuelle d’une patrouille de police sur ce parking aurait pu m’être fatale par manque de temps pour me rhabiller ; mais de me dévêtir d’un carcan de préjugés, de m’alléger des contraintes de la bienséance, et de me délester de cette obligation qu’on inculque aux petites filles dès leur tendre enfance, à être sages et à demeurer bien gentilles.
De novice dans la pratique de la fellation, j’avais envie d’être à cet instant, et de devenir progressivement au fil du temps, experte dans l’art de suggérer lascivement le plaisir licencieux… afin d’exciter l’imaginaire d’un homme, et de le combler ensuite en réalisant ce que mes fantasmes pouvaient élaborer dans leur fiction chimérique.
Je pensais qu’il allait être émoustillé par mon impudence, et que ma proposition faisant de moi une jeune femme effrontée plutôt qu’une adolescente trop réservée allait l’inciter à passer à d’autres choses. Mais il persistait dans son envie d’être sucé, prétextant en plus que l’émission de son sperme, qu’il devait prévoir abondante, poserait matériellement moins de problèmes s’il elle terminait dans ma bouche, plutôt que de se répandre éventuellement sur sa chemise ou sur son pantalon baissé.
Il alla jusqu’à accroître involontairement mon appréhension dans le fait de me préciser qu’il voulait que j’avale tout de ce qu’il avait envie de propulser. Il souhaitait que je rythme son plaisir par l’alternance de moments où le diamètre de son pénis dans ma bouche m’empêcherait forcément de pouvoir parler ; et par d’autres où je ressortirais son sexe de mes lèvres afin de lui dire des choses cochonnes… notamment centrées sur le fait qu’il me tardait que son plaisir explose dans ma bouche, et que j’allais me délecter de la consistance épaisse et gluante de son sperme chaud ; le tout par des mots bien évidemment plus directs et plus osés, dans l’intention de devenir presque vulgaires.
Et je me souvenais bien par la vidéo, que la littérature érotique se faisait fi des subtilités de la langue de Molière pour se révéler plutôt verbalement provocante et jouissive, et que les délicatesses de la langue se concevaient plus par l’organe pouvant lécher, plutôt que celui qui permettait de s’exprimer oralement.
De fait, plutôt que de compenser mon refus à lui donner du plaisir avec ma langue, jusqu’à ce que sa jouissance se déverse dans ma bouche, ma proposition venait alors ajouter une sorte de contrainte supplémentaire : il voulait être sucé, mais surtout entendre également ce que je ne voulais finalement pas faire. Il souhaitait écouter en plus mon désir de le prendre dans ma bouche et d’inspirer au moment fatidique, les jets de sperme pour les avaler.
Mais entre l’intrigue et l’angoisse, la peur était la plus forte, et je réitérai mon refus pour cette fellation, en tentant de prétexter non pas que cela me répugnait, de manière là aussi à ne pas passer pour une gamine trop complexée ; mais en lui expliquant que je ne savais pas trop y faire dans ce domaine dans lequel il était préférable qu’il me laisse agir à ma guise, au gré d’une excitation verbale complémentaire au fait que j’allais bien le caresser.
De « masturber », je me décidai spontanément à lui dire que j’allais le « branler » afin de commencer à lui faire part de ma compétence à pouvoir dire des choses excitantes. J’insistais sur des mots sans détours, osant emprunter au vocabulaire ce qu’il peut avoir d’insolant et d’appréciable en même temps. Je lui disais que j’allais bien m’occuper de sa « bite », que j’appréciais le fait qu’il ait une « grosse queue » et qu’il me tardait d’une prochaine fois pour qu’il puisse me « baiser » comme il l’entendait, en lui disant que je m’offrirais à lui sans limites et sans tabous… même si là également, il ne pouvait être question d’envisager réellement de telles situations relatives à des interdits que je m’étais posés, et auxquels je ne souhaitais pas déroger.
Mais il ne voyait là que sa frustration, malgré mon audace pour d’autres plaisirs mêlant celui de la caresse à ceux des mots flirtant avec un semblant de perversion, et semblait vraiment déçu que je ne réponde pas à sa demande. Je le voyais contrarié probablement par le fait qu’il était enfant unique d’après ce qu’il m’avait raconté de sa condition familiale, et donc habituellement gâté par des parents plutôt aisés financièrement, puisque c’étaient eux qui avaient payé sa voiture, qui réglaient le loyer de son appartement, réglaient ses couses alimentaires, et lui donnaient à chaque début de mois une sorte de pécule à titre d’argent de poche, malgré le fait qu’il travaillait, et qu’il avait déjà un salaire confortable en tant que jeune ingénieur.
Bref, l’enfant gâté voulait absolument sa gâterie…
Mais la jeune fille insoumise que j’étais ne voulait pas céder : je restais inflexible, et si je réussissais à demeurer ferme, lui me voyait uniquement fermée. Je le devinais être probablement dans le regret de se retrouver avec une adolescente trop jeune et trop tiède, alors que lui brûlait de mille feux. L’enfant gâté n’avait pas l’habitude d’être contrarié dans ses attentes, et l’homme issu de bonne famille bourgeoise savait que tout s’achetait…
Alors, à ma grande surprise pleine de déceptions, il sortit son portefeuille de sa veste à l’arrière de la voiture. Il prit un billet de cent euros et me dit que si je voulais bien lui faire ce petit « cadeau », il m’en offrirait un aussi à travers ce bout de papier qu’il était prêt à m’offrir afin que je m’achète le lendemain, quelque chose qui me ferait plaisir ; « quelque chose » qui ferait donc office de « petit remerciement pour le désagrément » provenant de sa part…
Je fus sidérée de son entreprise, de cette manière aussi violente, qu’abusée de vouloir absolument tout tenter afin de réduire sa frustration. Il demeurait, « quoi qu’il en coûte », dans l’habituelle propension à combler ses exigences au risque de manquer de tact, et de faire preuve d’une irrévérence magistrale à mon égard.
Je savais en montant dans sa voiture, que quelque chose allait se passer, et je définissais mon pressentiment par le fait de me douter qu’il profiterait de l’obscurité de la nuit et du parking devenu désert, afin de donner une suite érotique aux caresses que je lui avais prodiguées dans la salle de cinéma : pour lui, elles ne faisaient qu’office de préliminaires à poursuivre dans cet autre lieu qu’était l’habitacle de sa voiture. Mais ce qui devait se passer et s’inscrire en tant que circonstance irrémédiable en moi était d’un autre ordre ce soir-là : sa proposition conditionna mon devenir de femme, en l’orientant dès cet instant… vers une sensibilisation à ma condition ultérieure d’escorte girl.
Si j’étais stupéfaite de ce qui s’apparentait à une forme de troc, et abasourdie par sa demande aussi soudaine qu’indécente, c’est également parce que je sentais que ma sidération ne me paralysait pas l’esprit. Au contraire, c’était comme si au-delà de l’indécence d’une telle proposition, elle suggérait quelque chose de subitement possible : mon corps était certes tremblant, mais mon esprit ne semblait pas vaciller, même s’il témoignait une sorte d’opposition à ce que ma chair refusait sciemment juste avant.
Je me sentais tout aussi capable de lui dire oui, que de m’affirmer par un non catégorique : j’avais envie de dire non par l’obligation de prioriser la pudeur, puis de me révéler d’accord comme pour oser une authenticité imprévue et profondément incongrue sans trop savoir pourquoi.
Je sentais que ce qui m’excitait provenait du fait de constater que mon esprit, poussé par une propension dont la nature et la source ne pouvaient qu’être surprenantes et jouissives en même temps, cherchait à lui répondre favorablement, alors que mon corps m’avait indiqué que je ne souhaitais pas aller aussi loin.
Dire non par certitude, puis oui par préférence contradictoire : y avait-il une stratégie possible afin de rendre envisageable un tel paradoxe… ?
Mais… d’où venait le contresens de cette opposition… ?
J’observais un certain avantage de mon côté, car mon refus accroissait son impatience et renforçait son désir : qui finalement était à la merci de l’autre ? Qui de nous deux, dépendait le plus de l’autre ? Lui dans le fait qu’il aurait presque put me supplier de le satisfaire afin de soulager autant sa tension psychique que celle de son membre en érection ; ou moi qui devenais confrontée à une dualité nouvelle, intime, interne… avec la bizarre impression qu’elle était ancienne ?
Sa proposition continuait d’alimenter un dilemme afin de me rendre confuse, indécise et troublée de constater qu’après m’avoir profondément choquée jusqu’à lui répondre négativement, il me devenait finalement possible d’en accepter les termes et les conditions ?
C’est comme s’il m’avait plu que la galanterie dont il faisait preuve depuis le récent début de notre relation, et qui je l’avoue m’avait séduite à travers la prévenance et le tact qu’il manifestait, puisse se transformer en une vulgarité soudaine. Et je la sentais soudainement acceptable en moi, parce qu’au-delà du contresens, son intrigue et mon attirance souhaitaient privilégier l’aspect pulsionnel qui devenait progressivement prioritaire, comme s’il était guidé par des antécédents d’antan…
Quelle facette interne devenait à la merci de l’autre lorsque se confrontaient en moi deux aspects différents de ma personne : était-ce celle de la petite fille polie qui souhaitait continuer de se faire reconnaître ainsi ; ou était-ce celle d’une adolescente s’apprêtant à devenir une toute jeune femme aux tendances lascives et débridées, comme si elles étaient conditionnées par des causes d’autrefois ?
Je pressentais que des raisons m’échappaient et me guidaient en même temps… comme des conséquences déraisonnées, provenant d’origines que je ne pouvais pas encore déterminer à ce moment-là : l’avenir, vous le verrez, les révélera plus tard…
Il me semblait appréciable de pouvoir exprimer des façons différentes d’être, contrastées, nouvelles et ainsi innovantes de ma personnalité. Certes, j’étais un peu bouleversée de constater qu’après m’être présentée sincèrement envers lui comme une jeune fille tout à fait convenable depuis une semaine, je pouvais me transformer en une compagne effrontée. J’acceptais peu à peu de jouer mon rôle de partenaire intime, dans des rapports charnels incitant l’esprit à se révéler plus animal, que conforme aux bonnes mœurs.
C’était son insistance de plus en plus lourde, même si c’était avant tout ma propre dualité qui me pesait avant tout sur les épaules, qui m’amena presque naturellement à trouver une réponse à cette situation vis-à-vis de lui. De lui… et par rapport à cette énigme en moi. J’avais réussi à faire prévaloir mon refus, mais une partie de moi souhaitait malgré tout accepter de faire ce que ma volonté croyait préférer blâmer, et s’interdire d’accomplir, dans les nombreuses options qu’offrent les jeux érotiques.
Alors, d’une manière effrontée que je n’aurais jamais pu imaginer pouvoir exprimer verbalement, et d’une façon tellement provocante que lui-même fut surpris de ma réaction, je lui répondis que je voulais bien « me sacrifier » à sa pulsion, et me soumettre à son désir de fellation, afin de prolonger son excitation par l’utilisation des mots crûs issus du jargon érotisé à l’extrême. De plus, je lui répondis que j’acceptais de lui « faire une pipe » jusqu’au bout, c’est-à-dire avec l’option d’avaler tout le sperme qu’il souhaitait abondant dans ma bouche, sur ma langue et dans le fond de ma gorge… seulement s’il était prêt à m’offrir le double de cette somme qu’il avait fixée ! J’étais prête à céder à l’insistance de son désir, et d’envisager une fellation complète à la condition qu’il paye deux cents euros…
J’avoue m’être sentie honteuse, d’une part parce qu’il fut violemment surpris d’une réponse lui imposant la réversibilité du pouvoir. Et d’autre part, parce que je sentais en moi que cette honte se dissipait spontanément pour céder place à un sentiment agréable de puissance, car c’est finalement moi qui décidais.
Son autorité d’homme cherchant à m’imposer ses exigences et ses caprices, amplifiée de surcroît par le pouvoir de l’argent l’incitant à me soumettre à ses envies, sans chercher à vérifier si mes propres désirs étaient en harmonie avec les siens, devenait caduque.
Il devenait pris à son propre piège, par l’indécence de sa proposition, et surtout par ma propension à rester libre : désormais, c’est moi qui dirigeais ! Mais vers quels caps ma soudaine fonction inexpérimentée dans l’exercice du pouvoir allait-elle nous orienter ? Et dans quelles contraintes allait-elle me guider, car mon effronterie m’amenait malgré tout à devoir faire ce que je ne voulais pas vraiment ?
Ma proposition demeurait risquée dans le fait d’avoir à entreprendre ce que mon inexpérience ne savait réaliser ; et dans celui de constater que le choix immanent à ma réticence vis-à-vis de la fellation devait se contraindre et se soumettre à une obligation que finalement… je m’imposais.
Mais je n’avais plus à l’exécuter tel qu’on doit exécuter un ordre, puisque l’obligation devenait relative à ce que moi… je proposais.
Il fallait se décider rapidement, autant pour lui que pour moi : accepter de payer le double de son côté, et du mien, devoir me résigner à la pratique buccale tout en devant la réaliser au mieux possible, donc de manière tant impliquée, qu’appliquée. La réalité de rétribution m’imposait de bien faire « la chose », afin de rester digne et honnête. Car j’avais conscience que si mon exigence demandait le prix fort et le tarif élevé, elle imposait une qualité certaine dans ma prestation : on fait les choses bien, ou alors on ne fait rien !
La pénombre de la nuit facilitait cet échange, car elle évitait d’avoir à communiquer par les regards. C’est à la faveur de cette obscurité relative que je parvenais à dissimuler ma confusion honteuse ainsi que mon propre obscurcissement : noir plus noir créait un manque de clarté révélant éventuellement un côté sombre que je ne connaissais pas dans mes rêves souvent bien plus lumineux. Et c’est probablement grâce à elle qu’il pouvait également cacher son embarras à devenir celui qui devait se soumettre au choix de l’autre, ainsi qu’à ma condition imposée dans le registre du pouvoir décisionnaire.
Et dans cette ambiance assombrie, tant par l’effet nocturne que par celui qui émanait de notre échange pulsionnel et commercial, je l’entendis me répondre qu’il était d’accord…
Voilà ce qui expliquait la cause de ma sensation lorsque j’éprouvai, au moment d’entrer dans sa voiture que « quelque chose » allait se passer : je pus comprendre ce soir-là, qu’il m’était possible de gagner deux cents euros en une demi-heure de contrainte, alors que mes parents, eux-mêmes contraints à des professions harassantes, puisqu’ils étaient respectivement, caissière du côté de ma mère et agent d’entretien du côté de mon père, gagnaient honorablement environ douze euros de l’heure.
Mon devenir d’escorte était en train de se tracer sans que j’en aie la conscience…
Afin de m’occuper autrement l’esprit, mon aisance de collégienne férue de mathématiques comptabilisait cette comparaison : je me rendais compte, dans cette comptabilité étrange, que je gagnais proportionnellement 17 fois plus qu’eux en tarif horaire… moi, débutante, par rapport à eux qui en plus bénéficiaient, si j’ose dire ainsi, « d’une prime d’ancienneté » sur le montant de leur paye !
Eux justifiaient « leur salaire » dans l’obligation de faire manger la famille et d’acheter quand ils le pouvaient, de quoi faire plaisir à leur enfant. Et moi, je devais dès lors justifier « mon sale air » dû à la pratique indécente, par l’attrait d’une somme bien plus conséquente, et peut-être même plus facile à gagner selon des critères qu’on peut définir différemment, s’il était question d’en peser le pour et le contre.
Mais j’avoue que cela pesait un peu lourd sur mes épaules, car les débuts dans cette voie sont toujours difficiles, puisqu’on ne sait jamais vraiment comment se protéger de la singularité et des risques d’une telle activité.
Bref… il était d’accord !
Il me précisa qu’il ne disposait pas de cette somme en liquide sur lui, et mon impudence lui répondit subitement qu’il suffisait de passer par un distributeur de billets de banque, afin de compléter le montant dont je lui avais fait part.
J’étais consciente que mon exigence allait le décevoir par l’éventuel manque de confiance qu’elle générait, car j’aurais pu lui proposer de me les donner le lendemain, ou qu’il m’accompagne pour m’offrir un cadeau, un bijou, que sais-je ? Mais mon côté novice dans le domaine n’empêchait pas un « professionnalisme » surprenant de ma part : on paye avant… !
De plus, je ne savais pas s’il désirerait poursuivre notre relation amoureuse après ce contexte de relation tarifée, ou s’il était seulement partant pour cet instant où il semblait particulièrement excité par cette primeur de pouvoir intervenir de manière à ce que ma bouche ne soit plus vierge, puisqu’elle n’avait accepté jadis de ne s’abandonner qu’aux baisers.
Ou alors serait-il tellement excité par l’idée de pouvoir faire de moi tout ce qu’il voudrait grâce à l’option de lui monnayer dès lors mes services, qu’il me proposerait de rester sa compagne qu’il rétribuerait désormais grâce à son aisance financière, à la suite du cumul de son salaire, et à l’apport complémentaire de ses parents bien riches ?
Mais je savais aussi que le fait de devoir repartir de cet endroit pour aller à un distributeur ; le fait de devoir remballer son pénis toujours en érection ; de devoir remonter son pantalon ; de me voir remettre mon soutien-gorge… allait accentuer son désir et son impatience aux plaisirs de pouvoir très prochainement baisser à nouveau sa braguette ; ressortir son sexe ; malaxer à nouveau mes seins ; m’embrasser en se disant que ma langue allait bientôt caresser son gland tout mouillé ; que mes lèvres allaient devoir s’exercer à cette nouvelle pratique dont il allait dépuceler mon âme ; et enfin, lui permettre d’être probablement bestial à souhait… puisque le fait de me rémunérer lui conférait cette possibilité qu’il devait sûrement déjà anticiper dans son esprit : j’allais lui appartenir, j’allais devoir être sienne… !
Il allait pouvoir, non pas « me prendre » puisqu’il n’était pas question d’un rapport complet, mais prendre en moi quelque chose que je n’avais pas souhaité offrir jusqu’ici ; prendre en moi une part de liberté, mais il me semblait parallèlement qu’un tel contexte pouvait bizarrement réitérer une situation ancienne… un cadre similaire.
Prendre et me donner… l’envie ultérieure dont je n’avais pas encore vraiment conscience à cet instant, de devenir une femme acceptant d’offrir son corps à qui le veut, et surtout à qui le peut financièrement, moyennant une somme qui me permit de ne jamais avoir à travailler dans le sens conventionnel du mot. Pas de patron, pas d’horaires hormis ceux auxquels je décidais de me rendre disponible. Pas de rémunération salariale misérable comme celles de mes parents, pas de soumission à l’autorité légitime d’un employeur qui dicte les règles. Simplement un pouvoir à exercer sur des hommes à qui je clarifierais mes conditions dans le cas où ils souhaiteraient « me louer ».
Pas de directeur pour m’employer, seulement une motivation interne pour ma part à devoir m’employer à bien faire un job certes discutable, à m’appliquer pour réaliser des pratiques peu convenables, afin de satisfaire au mieux ceux qui me solliciteraient.
Un choix qui aurait l’avantage de m’offrir une liberté et une indépendance certes relatives, mais bien réelles et probablement enviables pour des tas de femmes ayant enfin eu accès à l’emploi en France après la Seconde Guerre mondiale, mais pour des tâches souvent pénibles, peu intéressantes et autant mal payées que peu reconnues.
Il avait dit oui…
Et moi aussi… !
Il se rhabilla, démarra sa voiture pour aller retirer ces fameux cent euros « de plus ». Le silence était autant arrangeant tellement je ne savais trop quoi lui dire, que pesant, car je sentais qu’il avait envie de parler… Il sentait qu’il gagnait autant qu’il ne pouvait perdre, car il allait au distributeur à la suite du fait que c’est moi qui avait décidé du montant ; non plus de sa demande malgré tout un peu imposée, mais de la prestation souhaitée… puisque j’acceptais une modalité à laquelle je consentais selon mes propres termes, et surtout par mes propres chiffres relatifs au montant contractualisé.
Peut-être était-ce pour compenser cette sorte d’humiliation venant du fait qu’il n’avait pas pu tout imposer comme à son habitude, qu’il se mit effectivement à parler, mais il le fit comme pour me rabaisser, et surtout avilir mon impudence. Ses mots avaient pour but de pouvoir me mépriser, comme si la réalité de la rémunération lui arrogeait cette option ; comme si ces cent euros « de plus » représentaient pour lui un surplus rémunérant une autre fonction complémentaire à sa jouissance, dans l’idée de pouvoir me déprécier en me traitant désormais comme une vraie salope… que j’avais accepté, il faut le reconnaître, de devenir temporairement.
J’admets également que l’emploi de l’adverbe « temporairement » est un peu décalé par rapport à ce qu’il allait advenir de mon orientation professionnelle future, mais rien dans mon esprit à cette seconde n’avait déjà décidé du parcours qui m’attendait.
Il prenait alors plaisir à utiliser les mots comme des outils de torture lui permettant de me faire subir une maltraitance psychologique, testant peut-être ainsi un plaisir éventuel en moi qu’il n’aurait pas osé tenter si nous n’étions pas allés dans ce deal, dont les limites restaient toujours un peu floues et vraiment incertaines.
S’il avait envie de me faire violence au gré d’un jargon caricatural dans le registre pornographique, peut-être pensait-il que j’apprécierais cette souffrance psychique et masochiste issue des emphases érotiques et pédantes dont il semblait apparemment très érudit.
J’écoutais ainsi, à la faveur de la pénombre nocturne, toute une littérature que j’avais certes déjà entendue dans des vidéos que j’avais visionnées auparavant, jeunesse moderne oblige. Mais son effet présent m’excitait plus, simplement par le fait que l’insolence des mots calomnieux et préjudiciables pour mes chastes oreilles, était directement adressée à mon esprit. Celui-ci se révélait subitement mois pudique et moins innocent que je ne le pensais, tellement il devenait très réceptif et émoustillé dans ce jeu verbal, où l’excitation émane également du fait que les règles ne sont pas clairement établies : on peut faire « jusqu’au bout », mais en termes de limites, que signifie « dire jusqu’au bout » ?
Voilà ce qui me plaisait : un jeu érotique possible et jouissif de par l’idée que chacun des deux protagonistes puisse y trouver une part de plaisirs partagés. L’un dans le fait de dire, l’autre dans l’idée d’être l’interlocutrice et le réceptacle intime d’appréciations vulgaires.
Et je pus observer que la modalité du jeu était potentiellement appréciable, puisqu’elle pouvait s’inverser à souhait, dans un échange où chacun pouvait surenchérir sur le propos de l’autre, en devenant de plus en plus pernicieux par des tirades confirmant des suggestions auxquelles il était question… de répondre. Les phrases avaient ainsi pour fonction d’accroître la teneur suggestive déclarée sous l’effet du risque de spontanéités crues et presque parfois cruelles.
Je me rendais compte qu’un tel jeu me permettait de découvrir des aspects de ma personnalité que je n’aurais jamais imaginés, moi qui avais rêvé de châteaux et de princesses dans mon enfance. Je me voyais préférer occulter mes facettes incongrues en les orientant dans les oubliettes de mon cerveau. Et je voyais aussi que cet échange lui permettait d’oser se montrer à moi, tel qu’il était vraiment, guidé par sa frénésie pulsionnelle, et tel qu’il n’aurait probablement osé le faire, si sa proposition de rétribution et mon exigence de surcoût n’avaient pas été le moyen de faire tomber les masques.
Je l’entendais ainsi me dire des choses que je n’aurais pu tolérer dans un autre contexte, et c’est la spécificité de cette circonstance qui m’excitait : il pouvait m’injurier, me rabaisser, me dire des choses obscènes… je le lui permettais au nom de ma rétribution. Et c’était le fait de l’autoriser à me traiter ainsi qui m’amenait à découvrir à ma grande surprise, un attrait pour le vocabulaire extrême.
Certes, les phrases étaient trop stéréotypées, et manquaient d’imagination, car elles étaient usuelles et trop conformes aux codes du langage érotique.
La découverte de mon attrait pour le jargon sexuel créant l’excitation par l’emploi de mots exagérément osés et suggestifs ne se ressentit pas seulement par cette soudaine surprise d’observer qu’une partie de moi éprouvait du plaisir à l’entendre me dire « des choses trash » : je précise bien « des choses » plutôt que des mots tellement leur contenu s’éloignait du prestige de la langue de Molière.
Je découvrais en même temps le désir de lui répondre dans un registre similaire à sa vulgarité, j’avais envie de faire comme lui, car il était adulte. Peut-être était-ce d’ailleurs son attente, car je présumais que lorsqu’il me disait « tu as envie de sucer ma bite hein… », sa question attendait probablement une réponse positive ; et soumise à son envie de me transmettre son désir de partager cette option de grossièretés triviales, dans laquelle le langage châtié renforçait la stimulation des sens.
J’avais vraiment envie de m’abandonner à ce plaisir nouveau et inconcevable pour moi jusqu’à cet instant. Un peu comme dans une hypnose, il réussissait à faire passer son désir dans le mien, et révélait en moi des propensions insoupçonnées. Je prenais finalement plaisir à m’observer et à me ressentir dans des tendances enfin nouvelles, que les adolescents et les adolescentes ont besoin d’expérimenter afin de se positionner ; pour apprendre à mieux se connaître par l’instant présent, et mieux définir les contenus ultérieurs de leurs choix à venir en matière de libido.
L’excitation du désir et de l’acceptation instantanée m’amena à lui répondre par l’affirmative, même si la situation me contraignait ensuite à devoir passer à l’acte. Elle m’obligeait à réaliser la pratique de la fellation dont je n’étais vraiment pas friande. Je lui répondis malgré tout que « oui… j’avais envie de sucer, j’avais envie de sentir son sexe dans ma bouche et de lui lécher le gland » !
Mais ça n’est pas ce qui allait entrer dans ma bouche qui m’excitait, c’était au contraire ce qui en sortait : l’externalisation par les mots semblait expulser des pulsions internes soudaines que je ne me connaissais pas. Pouvoir dire l’inconcevable en racontant que j’allais lui faire ce que je ne pensais pas réaliser ce soir même, au moment où j’étais entré dans sa voiture ; pouvoir l’exprimer autant par la contrainte du contexte, que par la libéralisation spontanée de fougues intériorisées en moi ; oser opter pour un registre de mots que les petites filles ou les jeunes adolescentes ne doivent pas utiliser afin de rester dignes et bien élevées…
Tout cela me fascinait, je l’avoue.
Bien élevée… ? Oui, je ressentais de la hauteur à m’en donner le vertige ; je m’élevais vers un niveau supérieur aux altitudes inconnues, dans ce fait d’oser porter vers le haut toute une charge pulsionnelle et hormonale, issue de ma physiologie d’adolescente. Je m’accaparais soudainement un statut un peu prématuré de « jeune femme » accomplie dans sa sexualité.
J’avais envie de côtoyer l’extrême et de tester les limites : j’étais dans le désir d’aller au-delà des siennes, au-dessus et derrière des barrières que mon esprit parvenait à balayer instantanément. Je me rassurais par une sorte de conscience qui me garantissait que cela n’était que pour un temps donné, et défini par l’ambiance particulière de cet instant.
Mais je sentais aussi que « quelque chose » de l’ordre de la soumission et de la contrainte conditionnait mon état : « quelque chose » d’antérieur… malgré l’aspect innovant de cette situation.
Alors, afin de lui faire part de mon désir de bien lui faire les choses, et pour maintenir son excitation, je posai ma main sur sa braguette pendant qu’il conduisait pour faire perdurer son érection, malgré sa déception de devoir payer plus qu’il ne l’avait proposé, et sa concentration nécessaire à la conduite. Il était ainsi en « conduite accompagnée » sur le chemin de l’érotisme incongru, tellement mes caresses soutenaient l’excitation de son membre très raide. J’osai même baisser sa braguette afin d’y introduire ma main de manière à ce que le contact soit plus direct et plus insolent.
Le fait d’oser m’impliquer par le geste et par mes caresses sur son pénis me poussait à oser plus loin dans le verbal, avec des mots ciblés : si j’avais une certaine aversion vis-à-vis de la fellation, il n’en demeurait pas moins que le fait d’être rétribuée, et de surcroît pour le double de la somme qu’il avait envisagée au début, m’amenait à vouloir faire les choses au mieux. Comme si l’argent créait un contrat moral, et surtout de corps, induisant une motivation opposée à ma répulsion. La somme me faisait oublier cette sorte de dégoût que le récit d’Isabelle avait induit en moi, et je sentais que mon désir de m’appliquer générait une curiosité, et presque un attrait consenti vis-à-vis de cette pratique qu’il me fallait apprendre à découvrir, et surtout à maîtriser.
Avant d’arriver au distributeur, j’entendais ma voix professer des paroles de plus en plus suggestives qui m’étonnaient autant qu’elles pouvaient le surprendre lui aussi, tellement l’audace et l’effronterie m’étaient spontanément faciles.
Je m’observais lui offrir et lui concéder mes faveurs, je sentais que mon impudence renforçait son impatience. Un peu comme le fait chez un nourrisson de devoir attendre sa tétée permet à l’instance du désir de s’installer en lui, car son besoin physique n’est pas comblé, et son envie psychique n’est pas repue. Alors, il pleure pour faire entendre cette envie qui ne demande qu’à être satisfaite.
Lui n’avait pas supplié en pleurs, il m’avait simplement proposé de me payer…
Nous arrivâmes devant une banque, il remonta rapidement sa braguette, sortit de la voiture pour aller retirer cet argent qui s’apparentait de fait autant à mon gain, qu’à mon destin. Je le voyais dans la lumière des phares accaparer ma rémunération, et cette image s’imprégna en moi pour le reste de ma vie : elle symbolisait le tout début de mon statut d’escorte, et de « femme » acceptant une relation sexuelle tarifée selon mes soins. Avec l’option d’avoir pu en doubler le montant en une seconde, et donc de gagner cent euros de plus… tout simplement parce que sa pulsion était trop puissante, et qu’il était dans une sorte d’obligation de devoir en soulager la tension.
Gagner cent euros en une seconde ! Voilà ce qui pouvait rendre attrayante cette activité : elle dépassait les deux cents euros pour l’approximative demi-heure que sa demande allait devoir me coûter à moi, en termes de temps et de résignation.