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Dans un futur proche, un phénomène étrange se produit : des végétariens se transforment en zombies. Zombies végans explore cette transformation inattendue avec un humour mordant, critiquant les dérives de la société moderne. Employant un langage sans anglicismes ni inclusivité forcée, ce roman satirique propose une réflexion décalée et provocatrice sur notre rapport à la nourriture et à la consommation. Une lecture qui ne manquera pas de changer votre regard sur le contenu de votre assiette…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Frédéric Cotrone a débuté son écriture à l’adolescence, influencé par des auteurs comme Edgar Poe et Guy de Maupassant, explorant d’abord les nouvelles puis quelques romans. Son inspiration pour "Zombies végans" lui est venue de ses interrogations sur les dérives de la société occidentale.
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Seitenzahl: 129
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Frédéric Cotrone
Zombies végans
Roman
© Lys Bleu Éditions – Frédéric Cotrone
ISBN : 979-10-422-3914-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Fictions
Edmonde et autres nouvelles
(2018 – 189 pages)
Le manuscrit
(2019 – 30 pages)
Charlotte
(2020 – 26 pages)
Invasion masquée
(2020 – 157 pages)
Txior
(2021 – 196 pages)
Panique dans les hautes sphères
(2022 – 35 pages)
Après la grande catastrophe
(2023 – 179 pages)
Le fauteuil
(2023 – 58 pages)
Autobiographies – essais
Ma découverte de la Bretagne
(2018 – 26 pages)
Pourquoi j’ai quitté le syndicalisme
(2019 – 18 pages)
La vie n’est qu’un jeu
(2021 – 44 pages)
Merci à Isabelle Rolland pour le dessin de couverture et la relecture.
Merci à Audrey Suppa pour la relecture et ses conseils.
Merci à Lawrence Herbert Tide pour ses encouragements.
Merci à « Loup Divergeant » pour m’avoir inspiré.
Samedi soir. Le temps est chaud, en cette période de vacances d’été. Sarah est en train de manger avec ses amis, dans un restaurant dit à service rapide. C’est un rituel, toutes les fins de semaines, avant d’aller en discothèque. Une bonne ambiance règne autour de la table, malgré le brouhaha ambiant.
Nous sommes en 2035, en France. La jeune génération multiculturelle a été élevée par internet et les téléphones intelligents, remplis de nombreux réseaux sociaux. Il est donc normal de voir, autour de la table, deux couples homosexuels, dont un interracial. Sarah est la seule fille célibataire du groupe. La seule née en France, de parents français. Elle est catholique et hétérosexuelle. Une espèce en voie de disparition. Elle ne souhaite pas avoir d’enfant. Elle dit que cela contribue à la pollution de la planète. Âgée de 23 ans, elle mesure un mètre soixante-cinq et c’est la plus petite du groupe, mais pas la plus jeune. Elle a un visage angélique. Une peau blanche, de longs cheveux châtains, lisses, tombant sur ses frêles épaules, les pointes effleurant la base de son dos. Un décolleté laisse apparaître sa poitrine généreuse qui contraste avec sa petite taille. Ses amis homosexuels, eux, même s’ils voulaient avoir des enfants, ne pourront pas avoir de descendance. En effet, la nature a prévu deux cas pour se reproduire. Le premier étant la reproduction sexuée. C’est-à-dire que, pour qu’une espèce puisse continuer à exister, il faut un individu mâle et un individu femelle. La seconde manière, c’est la reproduction asexuée, c’est-à-dire qu’un être vivant peut se reproduire sans fécondation ni partenaire (par exemple les paramécies, certains crabes ou lézards, etc.). À ce jour, dans une espèce sexuée, deux individus de même genre sexuel ne peuvent pas se reproduire ensemble. Les cas où on peut voir un homme dit « enceint » (néologisme absurde) ne sont en réalité que lorsqu’une femme a modifié son apparence physique en homme, tout en ayant conservé ses appareils génitaux féminins.
Pour en revenir à notre petit groupe, nous avons donc Sarah, une jeune femme blanche, hétérosexuelle, catholique et célibataire. Sont présentes également Mila et Lola, en couple. Respectivement âgées de 24 et 25 ans. Elles sont homosexuelles et juives. Les cheveux noirs et ondulés, elles sont à peine plus grandes que Sarah. Leurs peaux sont brunies par le soleil de la méditerranée. Enfin, Amir et Koffi, en couple, bisexuels, arabe et noir. Tous les deux sont musulmans. Ils portent des bonnets de couleur arc-en-ciel, qui protègent leurs crânes rasés. Le premier a 46 ans, le second 16 ans. Mais rien de choquant en 2035. Cela s’appelle le « progressisme ». Et si quelqu’un ose s’opposer à cette idéologie, il (ou elle) risque de la prison ferme. Une dernière particularité qui différencie nos protagonistes est le fait que Sarah est végétarienne. Le terme « végan » est venu s’ajouter, puis a remplacé, petit à petit, les mots déjà existants de « végétarien » et « végétalien » dans le langage français courant.1
Là où ses amis homosexuels mangent des hamburgers composés de viande de bœuf, notre héroïne du soir mange un hamburger avec de la viande synthétique. Même goût, même couleur, même consistance. C’est normal, car c’est de la viande fabriquée en laboratoire, sans la souffrance animale. C’est exceptionnel pour elle. Elle n’en mange que rarement. Car pour elle, cela a le goût de la viande, qu’elle a perdu l’habitude de manger. Mais avec la sauce qui l’accompagne, c’est mangeable, selon ses termes. Elle avoue à ses amis que si elle mange dans ce restaurant, c’est pour passer un moment agréable avec eux et non pas pour la nourriture qu’elle ne trouve pas trop appétissante. Occasionnellement, ses amis se rendent dans un restaurant 100 % végétarien, pour lui faire plaisir. Et là, même constat, mais inversé. Ses amis disent qu’ils vont là-bas pour lui faire plaisir, mais que la nourriture ne leur convient pas, même s’ils avouent, à demi-mot, qu’elle a plutôt bon goût et qu’elle est en quantité suffisante pour leur appétit.
Pendant qu’ils mangent, des messages incessants défilent sur les nombreux écrans. Ils sont présents partout. Aucun endroit ne peut échapper à ce flot de mots, de phrases, de chiffres. Quelques exemples : « Chaque jour, une personne dépense x tonnes de carbone pour ses déplacements et sa consommation ; chaque jour, x femmes se font violer ; X personnes sont victimes de discrimination. Aujourd’hui, un homme blanc catholique hétérosexuel a été condamné à un mois de prison ferme pour avoir refusé d’être présent au mariage de sa sœur, qui a décidé de s’unir avec un transsexuel noir obèse, immigré illégal ; etc. »
Cela ne semble pas déranger les cinq amis qui, après avoir mangé, se rendent au cinéma situé à quelques minutes de marche. Il s’agit d’un immense multiplex, un véritable supermarché du cinéma, où le fait de visionner un film est devenu, au cours des dernières décennies, secondaire. Le niveau de qualité des productions s’est considérablement réduit. Aujourd’hui, la grande majorité des films ne sont que des rééditions ou des réadaptations d’anciens chefs-d’œuvre. Ce soir, ils vont voir une réédition (une de plus) de « La planète des singes ». Ils sont loin d’imaginer que c’est un film éponyme du roman écrit par le Français Pierre Boulle, publié en 1963. Dans cette toute dernière version, le héros (qui porte le nom d’Ulysse dans le livre) est une transsexuelle noire, obèse et borgne qui répond au prénom de Hermaphrodite. Un personnage de la mythologie grecque qui en remplace un autre. Pourquoi pas ?
Après le film, les amis décident de marcher sur le bord du fleuve qui traverse la ville. De nombreuses péniches mouillent le long des deux rives, avec de légers mouvements de roulis. L’endroit est calme et agréable. Ils sont en train de parler du film qu’ils viennent de voir.
« Vous pensez qu’un jour les singes pourront être supérieurs aux humains ? questionne Lola.
— Vu le comportement de certaines personnes, je me pose sérieusement la question, répond Mila.
— Mais non ! N’importe quoi, rétorque, moqueur, Amir. Un singe ne pourra jamais parler. Et donc, il n’aura jamais le dessus. Les humains sont trop intelligents !
— On en reparlera dans quelques siècles, répond Mila, avec un clin d’œil. »
La promenade se passe très bien, dans une bonne ambiance, quand soudain Sarah se met à trembler. Elle dit qu’elle ne se sent pas bien. Elle devient livide, de grosses gouttes de sueur coulent sur son front et ses yeux deviennent rouges. Ses amis la regardent, s’inquiètent, lui parlent tour à tour. L’un d’entre eux propose de l’emmener à l’hôpital. Tout le monde acquiesce.
Pendant que les garçons accompagnent la jeune fille directement au centre médical, les deux autres filles font un rapide détour vers l’appartement de Sarah, situé non loin de là. Elles prennent quelques affaires, au cas où elle devrait passer la nuit en observation.
Elles ont bien fait. En effet, arrivé sur place, le groupe constate que Sarah n’est pas un cas isolé. De nombreuses autres personnes sont présentes dans la salle d’attente des urgences. Ils présentent les mêmes symptômes. Patient après patient, les médecins, en alerte, examinent, questionnent, se questionnent. Arrive le tour de Sarah. Elle est accompagnée de Lola. Très vite, les médecins concluent à une intoxication alimentaire. En effet, le point commun des patients est d’avoir ingéré de la viande synthétique. C’est une première. Car cette viande artificielle est consommée depuis plusieurs années. L’information est rapidement donnée aux médias. Ces derniers conseillent de rapporter les produits concernés dans les magasins et il est demandé aux restaurants de ne plus en servir, jusqu’à ce que l’origine de cette intoxication soit trouvée.
La panique dure plusieurs jours, affolant les services d’urgence qui ne désemplissent pas. Tous les établissements hospitaliers sont en alerte. Puis, petit à petit, quelques jours plus tard, le nombre de contaminations diminue. Ceci est certainement dû à l’interdiction de la vente de la viande de synthèse. Cependant, les personnes qui ont été victimes de cette intoxication sont toujours sous observation dans les villes où ces préparations ont été servies ou vendues. Sarah en fait malheureusement partie. Son état de santé s’est très légèrement amélioré, mais elle se sent faible. Elle est suivie de près par les équipes médicales. Les analyses font ressortir un taux de fer très bas. Ce qui causerait cet état de fatigue.
La cause du problème n’a toujours pas été trouvée. Les deux usines de fabrication sont actuellement à l’arrêt. Elles sont examinées de manière très approfondie. Rien d’anormal n’est trouvé. Toute éventualité est abordée, même celle d’une intention de nuire. En effet, les groupes de pression des producteurs de viande se sont toujours opposés à la viande synthétique. Ils y voient une concurrence déloyale. Cependant, aucune preuve n’ayant été trouvée, ils ne peuvent pas être accusés. Tout est vérifié. Les caméras de surveillance, les entrées et sorties des employés, les ordinateurs. Absolument tout. Les dirigeants des usines mettent tout en œuvre pour trouver la cause, car les ventes sont à l’arrêt. Les employés sont au chômage technique.
Trois semaines se sont écoulées depuis le soir du terrible incident. Toujours rien de nouveau concernant l’origine de la contamination. On semble se diriger vers une reprise d’activité. Les usines ont été nettoyées à fond. Le travail devrait reprendre d’ici peu. D’abord à un niveau local, puis à plus grande échelle, si tout se passe bien.
Si les choses semblent en bonne voie pour les producteurs, du côté des malades, très nombreux, non seulement il n’y a pas d’amélioration, mais il va se produire quelque chose d’inattendu.
Les amis de Sarah sont à ses côtés, dans la chambre d’hôpital. Une pièce climatisée, toute blanche, avec deux lits, dont le sien qui est situé près d’une grande fenêtre donnant sur la rue. Elle est encore très faible, mais la présence de visages familiers la réconforte. Ils sont venus tous les jours pour la soutenir. Aujourd’hui, une surprise de taille les attend. Sarah prend la parole :
« Bonjour les amis. Je suis très heureuse de vous voir.
— Nous aussi, répond Lola. Je suis contente de voir que tu vas un peu mieux. Comment tu te sens aujourd’hui ?
— J’ai… J’ai… C’est bizarre. Vous n’allez pas en croire vos oreilles. J’ai envie… d’un bon gros hamburger !
— Quoi ? s’étonnent-ils tous d’une même voix.
— Oui. Un bon, un énorme hamburger bien gras. Avec de la vraie viande. Et bien saignante ! »
Ses amis sont estomaqués. Ils restent silencieux un long moment, quand Sarah reprend la parole : « Alors ? Il vient, ce hamburger ?
— Tu… Tu ne peux pas manger comme ça. On va prévenir les infirmières.
— Pas la peine ! Regardez. Il y a un restaurant juste à côté. Allez-y en douce.
— À mon avis, tu ne vas pas si bien que ça, Sarah, lance Amir.
— Mais oui, je vais bien. Et j’irai encore mieux après avoir mangé. Allez. Regardez. Il y a de l’argent dans mon sac. Prenez. Achetez-en pour vous aussi.
— D’accord, Sarah. J’y vais, dit Koffi. Mais toi, tu vas y aller doucement. Ton corps n’est plus habitué à manger ce type de nourriture. Je vais prendre un menu pour chacun d’entre nous. Je reviens.
— Attends, dit Amir. Je t’accompagne. »
Koffi et Amir se rendent au restaurant situé à proximité. Ils passent leurs commandes. Pendant qu’ils patientent, ils parlent de l’état de santé de Sarah. Ils sont inquiets. « Après tout, ça devait arriver un jour, non ? Moi, je dis que ce qui n’est pas normal, c’est d’être végétarien ! Qu’est-ce que tu en dis ?
— Je sais pas. Elle était pourtant en pleine forme, avant. Alors que nous, regarde, la graisse qui déborde de partout.
— Ouais… bon… En tout cas, moi, je suis bien content qu’elle mange comme nous, maintenant. Tiens, voilà notre commande. »
Ils se dépêchent de retourner l’hôpital. Leurs repas sont cachés dans leurs sacs à dos. Ils évitent de croiser le personnel, qui aurait pu les empêcher de rentrer avec de la nourriture, car il émane de leurs sacs une odeur de hamburger tout chaud. Ils arrivent enfin dans la chambre de Sarah, qui sent immédiatement cette odeur.
« Hum ! Ça sent bon. Donnez-moi ça, vite ! J’en peux plus.
— Tiens. Mange lentement. Ne t’étouffe pas. »
Les amis regardent la jeune fille dévorer son repas en quelques instants. Elle demande si elle peut manger la part de quelqu’un d’autre. Lola lui propose sa part. Même scène. Puis, une fois terminé, elle dit, se léchant les doigts : « C’était bon, mais…
— Mais quoi ?
— Je reste sur ma faim. J’ai l’impression qu’il manque quelque chose. »
Elle continue à se lécher les doigts. De plus en plus, jusqu’à les sucer, comme une glace. Cela interpelle Koffi, qui lui dit, sur un ton humoristique :
« Si tu veux, j’ai quelque chose de plus gros à sucer !
— Attention, je pourrais prendre ça au premier degré. D’ailleurs…
— D’ailleurs ?
— Fais-moi voir ta main.
— Ma main ? Pourquoi tu veux voir ma main ?
— Fais voir, je te dis. »
Sarah prend la main de Koffi, encore pleine de sauce du hamburger qu’il vient de manger. Elle l’attrape fermement et commence à sucer ses doigts. Ce dernier recul brusquement.
« Mais qu’est-ce que tu fais, t’es folle !
— Attends, s’il te plaît. N’oublie pas que je suis malade. Fais-moi juste ce petit plaisir. Je nettoie juste ta main de la sauce. La succulente sauce. »
Koffi regarde ses amis. Il avance, avec hésitation, puis tend la main à son amie alitée. Cette fois-ci, un peu plus distant que tout à l’heure. Sarah commence à lécher, puis sucer plus vigoureusement les doigts de son ami. Ce dernier se détend un peu, quand soudain :
« Aïe ! Mais t’es folle ! Tu m’as mordu !
— Excuse-moi, j’ai pas fait exprès. Je croyais un instant que je mangeais un autre hamburger.
— Ouais, c’est ça. Je crois qu’on va te laisser te reposer un peu.
— Excuse-moi, je ne voulais vraiment pas.