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"Zouglou, rythmes et résistance" vous invite à revivre l’histoire fascinante d’un mouvement musical qui a profondément marqué l’identité de la Côte d’Ivoire. Avec une plume pleine d’anecdotes,
Axel Illary décrit l’évolution tumultueuse du Zouglou, de ses origines jusqu’à nos jours. Cet ouvrage s’adresse autant aux passionnés d’histoire musicale, aux amateurs de cette danse née dans les années 1990, qu’au grand public.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Journaliste culturel renommé,
Axel Illary a fondé plusieurs médias, dont La Dépêche d’Abidjan, dédié à l’actualité mondiale et à la renaissance culturelle de l’Afrique. Son expérience comprend des documentaires acclamés comme Côte d’Ivoire, la presse à l’épreuve de la liberté, Génération Couper-Décaler et Zouglou Feeling, qui a inspiré son dernier ouvrage, "Zouglou, rythmes et résistance".
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Seitenzahl: 81
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Axel Illary
Zouglou, rythmes et résistance
Essai
© Lys Bleu Éditions – Axel Illary
ISBN : 979-10-422-3690-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À ma mère et à mon père,
toujours présents dans mes pensées et dans mon âme.
À Boli Claude Nazaire, dit Coutinho,
pour sa contribution à l’émergence du zouglou.
Tel est le cri que l’on entend depuis plus de deux décennies quand tonnent les tam-tams et autres sonorités composantes de la musique zouglou. Et par ce cri, nous viennent en tête que des noms de mérite : la joie, l’inflexible bon goût musical, la résistance et surtout la liberté. Libérons donc en zouglou selon l’expression consacrée.
Parler du zouglou, ce pourrait être parler d’un univers, d’un mode de pensée fertile et dense qui interdit toutes les démissions de l’imagination. Les zougloumen pensent à leur vie, pour en extraire quelques sons essentiels. Ils ont toujours su détourner le cours de notre imagination au profit d’une histoire, d’un fait divers anecdotique et drôle dont on se passerait bien. Je les tiens pour des inventeurs géniaux de ces dernières décennies.
Le zouglou se chante, se danse et s’écrit aussi, car cette musique, née à l’orée de l’année 1990, reste l’une des marques indéniables de l’identité culturelle ivoirienne.
Si j’ai accepté de faire cette préface, c’est bien parce que l’auteur de ce livre est l’un des nôtres. Journaliste culturel de mérite, Axel Illary a longtemps trempé sa plume dans l’univers artistique et culturel africain. Il a couvert les grandes manifestations culturelles et a côtoyé non seulement les plus grands artistes zouglou, mais également ceux du continent africain.
Qui donc mieux que lui pour nous faire observer et rejoindre ces « zougloumen » en ce qu’ils ont de plus immuable et de plus universel. Il a compris de bonne heure qu’il ne trouverait et n’exprimerait ce fond humain qu’en choisissant de l’écrire pour nous, et pour les générations à venir. Ce livre retrace l’histoire du zouglou, de ses origines, en passant par le lycée moderne de Gagnoa, jusqu’aux contestations sociales aujourd’hui ancrées dans son ADN. L’auteur nous donne à lire progressivement, toutes les étapes de construction de cette musique aujourd’hui universelle.
Et comme la pierre qui demeure, ce livre est un beau cadeau fait aux lecteurs et à tous les adeptes de cette musique. Et ce ne sera pas le dernier, on l’espère.
Zachari Acafou
Le zouglou est une musique urbaine qui a pris naissance en Côte d’Ivoire. Parti des quartiers populaires d’Abidjan, la capitale économique, ainsi que de plusieurs villes du pays, ce rythme a été propulsé par un groupe d’étudiants vers l’année 1990.
Initié par Christian Gogoua, communément appelé Joe Christy, au lycée moderne de Gagnoa entre 1985 et 1987, le style chorégraphique qui l’accompagne a été perfectionné par Serge Bruno Porquet, alias Opokou N’ti.
Aujourd’hui, ce genre musical connaît un succès considérable auprès du public ivoirien.
À l’origine nommée woyo ou ambiance facile dans les années 1980, cette expression musicale découle d’un mélange culturel qui reflète la multiethnicité et le fort taux d’immigration en Côte d’Ivoire.
Le zouglou est le fruit d’une fusion de rythmes provenant de différentes régions du territoire. Il incorpore des sonorités puisées hors des frontières ivoiriennes et est agrémenté par l’utilisation d’instruments modernes tels que la guitare, la batterie, les claviers et les percussions.
Cette variété culturelle se manifeste de même dans les paroles des chansons, où la pluralité linguistique de la contrée est magnifiquement illustrée par les artistes zouglou, qui expriment fréquemment leur art à travers un éventail de langues autochtones, ainsi que le français et le nouchi, l’argot ivoirien.
Ce mode artistique est non seulement apprécié localement, mais il a de plus trouvé un public réceptif à l’international.
Extrêmement populaire en Côte d’Ivoire et dans certaines régions de l’Afrique de l’Ouest, le zouglou est particulièrement apprécié par les masses, confirmant ainsi son statut de rythme de résistance au service des plus vulnérables. Il a gagné en popularité en raison de sa capacité à dépeindre les traits de la société, et son évolution est intimement liée aux paroles et aux arrangements.
En se positionnant en tant que « l’essence même de la musique ivoirienne » et en incarnant « l’amour même du terroir », le zouglou se présente comme l’identité musicale des Ivoiriens.
De nos jours, on observe un nombre important de chanteurs et de groupes, pour la plupart issus des milieux défavorisés, dont les créations sont souvent de véritables chefs-d’œuvre.
Le zouglou est un mouvement social et culturel caractéristique de la Côte d’Ivoire, qui surmonte les divisions ethniques et renforce le sentiment d’appartenance à une communauté nationale unie. Il dépasse largement le simple divertissement pour occuper une place centrale dans la consolidation de l’unité nationale et de la cohésion sociale, en témoigne son implication manifeste pendant les périodes de crise, par exemple lors de la guerre de 2002 où il s’est élevé en force pacificatrice. Au cœur des tourments du conflit, le zouglou s’est érigé en catalyseur de paix en appelant à la cessation des hostilités. Plusieurs productions musicales ont ainsi contribué à impulser l’unité nationale. Parmi les œuvres qui ont véhiculé cet appel à la cohésion, « Libérez mon pays », interprétée par un collectif de stars du zouglou composé de Soum-Bill, Yodé, Petit Denis et Pat Sacko, qui a courageusement demandé aux rebelles de déposer les armes pour le bien de la nation.
Voici quelques extraits de cet hymne à la paix et à l’unité nationale :
Tous unis, autour d′ une tasse de thé
C’est ça nous les zouglou on a appelé unité
Ne la renversons pas sinon notre pays ira à la dérive
Est-ce que pour revendiquer on a besoin de tuer ?
Si nous avons, dans la paix, ramené la liberté
Notre devoir sera donc de la préserver
Car la Côte d′ Ivoire est une, une et indivisible
Toi qui es à korhogo
Toi qui te trouves à Bouaké
Si tu es vraiment Ivoirien
Si tu aimes ton pays
Dépose les armes et libère ton pays
En ces temps de désolation, alors que les cœurs étaient lourds et que les esprits étaient assaillis par les épreuves, le couper-décaler, émanation directe du zouglou, a éclos en réaction à la crise qui affligeait la patrie, avec pour mission de restaurer l’espoir et de rétablir la joie, illustrant ainsi la capacité du zouglou à se renouveler tout en restant fidèle à ses racines.
Le groupe System Gazeur, dont Lago Paulin,
debout avec des lunettes, et Maga Dindin,
à sa gauche, étaient membres.
En plus, en intégrant diverses influences, le zouglou a évolué en une musique variée et est devenu un symbole de fierté nationale. Par sa capacité à rassembler et à valoriser la diversité, il favorise l’harmonie.
En 1989, dans un climat de bouillonnement culturel, le groupe System Gazeur a sorti son premier opus exclusivement dédié au woyo, intitulé « Ambiance Facile ». L’œuvre a cristallisé les espoirs d’une génération et a préfiguré l’avènement du zouglou, qui est désormais un phénomène musical incontournable en Côte d’Ivoire.
Plus de 20 ans après ses débuts, ce rythme, né au sein des mouvements revendicatifs, a conquis les scènes internationales, porté par des chanteurs solos et des groupes emblématiques comme Magic System, le duo Yodé et Siro, ainsi que Espoir 2000.
Il a engendré des genres dérivés, parmi lesquels le célèbre couper-décaler.
À travers son histoire mouvementée, le zouglou demeure une forme artistique et culturelle puissante en Côte d’Ivoire, et son impact s’étend bien loin des limites nationales. Aussi, il contribue de manière significative à l’enrichissement du patrimoine musical mondial.
Les lignes qui suivent sont inspirées du documentaire « Zouglou Feeling1 », dont les témoignages des personnes interviewées ont été une source précieuse pour la réalisation de cet ouvrage.
Apparu au cœur des années 1990, le zouglou a sublimé les barrières sociales pour devenir la voix des sans-voix, un écho des populations damnées qui ont trouvé leur propre moyen de se faire entendre.
Ce genre musical urbain, tel que nous le connaissons aujourd’hui, puise ses racines dans l’Alloukou2, une musique de réjouissance jouée avec le tam-tam, en région bété, situé dans le centre ouest de la Côte d’Ivoire.
L’Alloukou était particulièrement présent lors des rencontres sportives entre villages et maintes manifestations organisées pendant les grandes vacances scolaires.
La transition de l’Alloukou vers le milieu urbain s’est opérée à travers les élèves vacanciers qui, après leur retour en ville, continuaient à animer les festivités dans leurs établissements scolaires respectifs. Sous le nom de woyo ou ambiance facile, cette version urbaine de l’Alloukou a donné naissance plus tard au zouglou.
Une image de la cour du Lycée classique d’Abidjan.
Elle était exécutée lors des randonnées de scouts, d’événements militaires et de différentes manifestations sportives inter-écoles, organisées par l’Office Ivoirien des Sports Scolaires et Universitaires3 (OISSU), où les groupes et les chanteurs rivalisaient de talent pour encourager leurs équipes. Ces compétitions organisées par l’Office Ivoirien des Sports Scolaires et Universitaires, au cours desquels les chants et les encouragements se mêlaient dans une effervescence contagieuse, ont été des occasions privilégiées pour la découverte de talents.