Avant que ma mémoire défaille - Pierre Desmet - E-Book

Avant que ma mémoire défaille E-Book

Pierre Desmet

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Beschreibung

Pierre Desmet nous raconte l’histoire de sa famille et la sienne avec une pointe d’humour et le recul nécessaire vis-à-vis de la seconde Guerre Mondiale

L’auteur retrace ici l’histoire de sa famille et nous livre le récit de sa vie, son enfance, ses amours, ses mariages et les péripéties qui rythment le cours de cette saga. Né en 1939, son histoire se confond avec celle de la France, à travers la seconde guerre mondiale, la guerre d’Algérie, et les 30 glorieuses suivies d’années de crises multiples.

Un roman biographique et autobiographique qui se veut à la fois héritage d’une histoire familiale et devoir de mémoire

EXTRAIT

Avant que ma mémoire défaille, avant que mes souvenirs s’estompent, moi qui suis devenu l’aîné de cette drôle de famille et afin que mes petits-enfants sachent de quels personnages étranges ils sont issus, je me décide aujourd’hui à coucher sur ce modeste papier, l’histoire, la saga devrais-je dire, qui a ses origines, pour ce que j’en connais, au cours du XIXe siècle, en Bretagne pour les uns, à Paris et en Belgique pour les autres et qui nous mène dans ce XXIe siècle débutant.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Pierre Desmet, d'un caractère optimiste à toute épreuve, a traversé cette longue période en faisant face aux embûches de la vie, sans se départir du sérieux nécessaire à la réussite de chaque entreprise ni de l'exemple qu'il veut inculquer à sa descendance et là, il pense avoir fait les bons choix, préférant aux chemins de traverse hasardeux, un comportement de bon aloi valorisant tout homme de bien.

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Pierre Desmet

AVANT

QUE MA MÉMOIRE DÉFAILLE

Avant que ma mémoire défaille, avant que mes souvenirs s’estompent, moi qui suis devenu l’aîné de cette drôle de famille et afin que mes petits-enfants sachent de quels personnages étranges ils sont issus, je me décide aujourd’hui à coucher sur ce modeste papier, l’histoire, la saga devrais-je dire, qui a ses origines, pour ce que j’en connais, au cours du XIXe siècle, en Bretagne pour les uns, à Paris et en Belgique pour les autres et qui nous mène dans ce XXIe siècle débutant.

Ce passage à l’an 2000, on en avait rêvé. Certains pensaient que le nouveau siècle allait régler tous nos problèmes de société. Était-ce une utopie ? L’avenir nous le dira. En ce début de siècle rien n’est moins sûr. Les sentiments humains que sont la course au pouvoir, la course à la fortune de façon effrénée, la mesquinerie, la jalousie et la bêtise sont toujours d’actualité. Alors Désespoir ?

Pourtant, un souffle nouveau apparaît à l’horizon. Certains s’inquiètent du réchauffement climatique, d’autres essaient de régler le flux migratoire des pays pauvres vers les pays riches. Certains voudraient changer la société, la modeler, la bonifier. Alors Espoir ?

Et il y a enfin les promesses des futurs dirigeants, promesses qui n’engagent évidemment que les gogos qui les gobent. En fait, il y aura les réalités auxquelles il faudra faire face, les pressions, les grands intérêts particuliers, les petits intérêts généraux, les combines, enfin quoi ! La vie…

C’est dans cet état d’esprit que je vais maintenant revenir 150 ans en arrière dans une époque qui sortait du séisme napoléonien, de plain-pied dans cette nouvelle République.

Branche PETIBON

Dans le charmant petit village de Tréguier, naquit Marie Lébouban le 15 février 1856, aînée d’une fratrie qui devait s’avérer nombreuse. Rapidement, dès ses 10 ans, elle fut placée comme boniche chez la femme du maire. C’était comme ça à l’époque.

Plus tard, Marie étant devenue une fille débrouillarde, aida en cuisine et après une grave maladie de la cuisinière, dès ses 22 ans sonnés, devint cuisinière en titre et on peut dire que les nombreux invités du Maire appréciaient les différents mets proposés.

Ses obligations professionnelles, bien que nombreuses, lui permettaient toutefois de sortir lors des fêtes patronales avec son amie Antoinette, et c’est à l’occasion d’une de ces festivités qu’elle connut son futur mari, Yves Marie PETIBON, menuisier de son état.

Le mariage organisé simplement pour ce qui est des détails vestimentaires, se déroula dans l’allégresse, les plats présentés aux noceurs ayant été préparés par la mariée elle-même.

Les premiers mois de bonheur passés, Marie attendant son premier enfant, se rendit compte rapidement que son époux n’avait pas l’envergure qu’elle espérait trouver en lui et instinctivement finit par prendre toutes les décisions. Le voisinage se gaussait de lui, et, dans une époque où le pantalon n’était pas encore d’actualité pour la gente féminine, disait que c’était elle qui portait la culotte.

Les trois premiers enfants du ménage furent prénommés Pierre, Jean et Yves.

Et c’est dans ce contexte, que naquit mon grand-père maternel, François Marie PETIBON, le 4 mars 1888, quatrième d’une fratrie de cinq, la petite Germaine venant au monde trois ans plus tard Contrairement à ses trois aînés très turbulents, François avait un caractère calme, réfléchi et studieux. Ses parents travaillant, c’était souvent lui qui gardait Germaine. Ce n’est donc pas étonnant que le frère et la sœur restèrent si proches tout au long de leur vie. A 14 ans, il obtint son Certificat d’Étude Primaire avec mention Très Bien et grâce à cette distinction entra comme élève-préparateur à la pharmacie du village. À l’époque les pharmaciens faisaient eux-mêmes les différentes préparations qu’effectuent aujourd’hui les laboratoires. Au bout de quelques mois, François connaissait toutes les herbes, tous les breuvages, tous les dosages, toutes les potions ainsi que tous les maux que l’on pouvait soulager grâce à ses préparations. Il devint également expert dans l’art de faire un pansement.

Quand François eut 19 ans, en 1907, sa mère ayant perdu son emploi, la famille quitta la Bretagne pour s’installer à Paris, au 73, de la rue du Cherche-Midi, dans le 6e arrondissement où elle fût embauchée comme responsable de cuisine en maison bourgeoise. Quant à François, il n’eut aucune peine à retrouver une place dans une pharmacie, rue Dauphine. Cette nouvelle vie à Paris ne fut pas pour lui déplaire, bien au contraire. Bien que la circulation ne soit pas aussi dense qu’aujourd’hui, toutes ces calèches, tous ces équipages luxueux, toutes ces personnes bien habillées, robes longues, habits et hauts-de-forme lui faisaient apprécier la capitale. Et puis, il y eut la belle Clémence, employée de bureau à la pharmacie et la vie devint alors belle, mais belle…

Branche HINGRE

En 1858, dans la famille BONTEMPS, habitant ROSNY-SOUS-BOIS, naquit Blanche. Ses parents qui logeaient dans une maisonnette en bordure de la trop célèbre forêt de Bondy, travaillaient dur pour arriver à nourrir toute leur nichée, le père comme maçon et la mère comme blanchisseuse. Quand Blanche fut en âge, elle épousa Jules HINGRE, brave garçon qui lui donna trois enfants dont ma grand-mère maternelle, prénommée Clémence.

Clémence HINGRE, deuxième de la fratrie vint au monde à ROSNY-SOUS-BOIS dans le département de la Seine, le 12 février 1887. Son père Jules, employé principal à la Monnaie à Paris allait travailler par le train, jusqu’à la gare de l’Est. Quant à Blanche, la maman elle était blanchisseuse de son état, comme sa mère, sur place, à Rosny. Plus tard, quand les deux aînés eurent l’âge de travailler, Clémence, après une formation prise aux Cours PIGIER, fut placée comme sténo dactylo à la pharmacie de la rue Dauphine à Paris, alors que son aîné Auguste, était employé dans une maison grossiste en tissu, du côté de la Samaritaine, ou il était responsable d’un massicot. Entre-temps leur sœur Rose était née, en 1900, c’est-à-dire quatorze années après Auguste. L’aîné était assez chenapan d’après ce qu’on me raconta alors que Clémence était une jeune fille très effacée. Rose, née avec le siècle, devint la chouchoute de toute la maisonnée et même plus tard alors j’étais devenu adulte, on peut dire qu’elle était toujours la petite protégée.

Mariage FRANÇOIS PETIBON / CLÉMENCE HINGRE

On l’a compris, ces deux-là étaient faits pour s’entendre puisque François après avoir effectué son instruction militaire du 28 février 1909 au 1er octobre 1909, épousa Clémence le 24 juin 1911 au cours de son service militaire, avec autorisation du conseil d’administration du 4 mai 1911. (Une précision que l’on peut lire sur son livret militaire).

Les jeunes mariés emménagèrent alors au 12, rue Dauphine, à Paris dans le 6e arrondissement. De cette époque, Je n’ai pas eu beaucoup de détails, si ce n’est que Jules HINGRE fit entrer François à l’Hôtel de la Monnaie ou il touchait un meilleur salaire.

De leur union naquit Odette PETIBON, ma mère, le 12 octobre 1912, et apparemment la grossesse ayant fortement éprouvé la petite nature qu’était Clémence, Odette resta enfant unique. Il faut dire que l’époux de Clémence, ancien employé en pharmacie n’ignorait rien en ce qui concernait les problèmes de menstruation ni sur les périodes de fertilité de sa compagne et évitait d’avoir des rapports sexuels avec elle, à sa demande, pendant ces périodes à risque. D’ailleurs, Je me souviens très bien que plus tard, à chaque annonce de grossesse de ma mère Odette, François ne manquait pas de dire, en parlant de mon père « tout de même, il exagère, il y a tout de même des possibilités pour éviter ça ». Mes frères et sœurs reviennent de loin !

Dix-huit mois après la naissance d’Odette, le 2 août 1914 François rejoignit Guingamp dont il dépendait sur le plan militaire, pour être mobilisé pour un temps indéterminé qui en fait ne s’acheva que cinq longues années plus tard. Dans les affaires de mon grand-père, j’ai récupéré son livret de campagne sur lequel il a noté de façon scrupuleuse, presque chaque jour, ce qu’il ressentait, les mouvements de sa compagnie, lui en qualité de caporal-infirmier, avec ses peurs, son désespoir, son amour pour ses deux femmes et parfois pendant un repos le courage de composer de très belles poésies.

Arrivé à ce moment de ce récit, je dois vous donner une précision le concernant. Figurez-vous que lorsque Clémence présenta François à sa famille, celle-ci à une quasi-unanimité déclara tout de go que le prénom du futur ne leur plaisait pas et derechef décida de l’appeler Georges. Il y avait là, la famille HINGRE et deux femmes que j’ai toujours entendu surnommer les « cousines », mais en réalité Eugénie était la seule cousine puisque Fernande était une enfant qu’Eugénie avait adoptée.

Toujours est-il que l’affaire fut entendue et François devint Georges, au grand dam de sa mère Marie PETIBON. Le fiancé, très amoureux accepta et c’est ainsi que je découvris la vérité sur cette supercherie que beaucoup plus tard. De nombreuses lettres de ma grand-mère adressées au front, commencent d’ailleurs par « Mon Cher Georges ».

Puis il y eut l’horreur, la séparation, l’angoisse, les doutes et cela dura du 2 août 1914 au 4 avril 1919. Heureusement cette période pour François/Georges fût ponctuée par une dizaine de permissions et malheureusement de quelques blessures tant physiques telles qu’éclats d’obus et gazage, que morales, comme la perte de tant d’amis de souffrance, d’amis avec lesquels on a partagé la même merde, le même dégoût et malgré tout, tant de projets.

Pendant cette longue absence, le loyer de la rue Dauphine étant devenu insupportable pour le seul salaire de Clémence, celle-ci revint vivre chez ses parents à ROSNY-SOUS-BOIS, avec sa fille et se rendait chaque jour à son travail par les transports en commun, l’enfant étant gardée par la grand-mère ou par Rose plus âgée qu’Odette de douze années.

Pendant toute cette dure période Clémence écrivait très régulièrement à son cher époux qui lui, recevait les courriers de façon très sporadique. Il les gardait précieusement sur lui, dans une poche intérieure de sa vareuse, juste à la place du cœur. Un jour qu’il parcourrait le champ de bataille pour secourir un blessé, il fut lui-même atteint par un éclat d’obus qui vint se ficher dans l’énorme paquet de lettres de sa vareuse. L’amour venait de lui sauver la vie.

Quand François fut enfin démobilisé, il avait trente et un ans, son épouse trente-deux ans et Odette allait sur ses sept ans. Il y avait à reconstruire une vie, une vie interrompue, une vie spoliée.

François reprit son emploi à la Monnaie et bientôt le couple put quitter ROSNY-SOUS-BOIS et s’installer à nouveau à Paris, avenue de Clichy.

La petite Odette suivait bien à l’école et commença à apprendre le solfège, puis pris des cours de violon.

Quand elle eut ses neuf ans, son père eut connaissance qu’un magasin d’articles de pêche était à vendre non loin de chez eux. Il négocia le prix, puis se mit d’accord avec le vendeur pour le régler sur plusieurs années avec, ce que l’on appelait alors, des billets de fonds.

François quitta donc l’administration de la monnaie pour se lancer dans le commerce. Il faut dire qu’à l’époque, une des occupations favorites des parisiens, en dehors du cinéma muet débutant, consistait à se rendre, en général à bicyclette, sur les bords de la Seine, de la Marne ou autres plans d’eaux pour s’adonner au plaisir de la pêche et les boutiques d’articles destinés aux pêcheurs était alors très nombreuses dans la capitale.

Au bout de quelques mois, se rendant compte que son commerce était prospère, François décida son épouse à cesser son travail à la pharmacie afin qu’elle ait d’avantage de temps à consacrer à son ménage et à sa fille.

Le train de vie était alors confortable. Ils sortaient fréquemment au cinéma, au théâtre et dans les bons restaurants. Rose était souvent invitée et ne se faisait pas prier.

Toutefois François trouvait bientôt son magasin trop petit et finit par en trouver un autre, rue Legendre dans lequel on pouvait adjoindre un rayon d’articles pour fumeur et de maroquinerie. Pour faire face à cette nouvelle activité Rose fût embauchée.

François ayant alors les moyens de se payer une automobile, véhicule encore rare à l’époque, passa le permis de conduire et bientôt toute la famille eut le loisir de faire des sorties hors de Paris.

Les voitures de l’époque n’avaient évidemment pas le confort de celles d’aujourd’hui. Il fallait les faire démarrer à la manivelle, le moteur toussait et les pannes étaient fréquentes. Les essuie-glaces n’existaient pas et par temps de pluie, les arrêts étaient fréquents pour essuyer le pare-brise. Le chauffage n’avait pas encore été inventé dans les véhicules et l’heureux propriétaire emmenait, en hiver, un petit réchaud à alcool à brûler pour réchauffer l’habitacle.

La circulation, bien que les routes ne soient pas asphaltées comme aujourd’hui et très souvent dégradées de nids-de-poule, était assez aisée, dans la mesure où on croisait plus de voitures à cheval que de véhicules à moteur.

Enfin malgré tout, avec le regard de l’époque, on était moderne et on commençait à goûter le plaisir de pouvoir se déplacer ou on voulait, quand on voulait. Depuis, plusieurs générations se sont suivies et l’engouement pour ce plaisir n’a toujours pas été démenti.

Dans cette période d’entre-deux-guerres, les Français après avoir pleuré tous leurs morts reprirent goût à la vie et chacun voulait y mordre à pleines dents. C’était l’époque des guinguettes, du charleston et il n’était pas rare que les voyageurs, dans les trains se mettent à chanter à l’unisson, les airs entraînants de l’époque. Certains osaient même entonner lorsque le train entrait en gare le fameux « Il est cocu le chef de gare ».

Élevée dans ce milieu favorisé, chouchoutée, gâtée, pourrie, Odette réussissait dans ses études, Certificat d’Études Primaires puis Brevet. Quant à la musique, elle donnait des concerts et enseignait pour ses 18 ans le solfège et le violon à deux jeunes élèves.

Tout allait donc pour le mieux si ce n’est la santé de François, qui se mit à souffrir du foie, des poumons et de l’appareil digestif. Comme nous l’avons vu plus haut, il avait été gazé par les Allemands sur le front. Les médecins consultés lui conseillèrent de quitter Paris et de s’installer en province, ou l’air était de meilleure qualité.

Au cours de leurs promenades en automobile, ils visitèrent un jour la commune de Champigny dans l’Yonne et là, y repérèrent un terrain de belles proportions qui leur plut beaucoup. Après en avoir fait l’acquisition, François traita avec un maçon, pour faire construire sa maison.

Après maintes discutions, on en décida l’implantation, la qualité des matériaux, la distribution des pièces et on traita avec le maçon qui, sur parole, donc sans écrit, promit que l’édifice reviendrait à 40 000 francs. François fit l’erreur de se contenter de cette évaluation verbale.

Finalement en 1935, quand tout fut terminé, il est vrai, avec des suppléments de travaux demandés, c’est d’un total de 80 000 francs dont il dût s’acquitter vidant sa bourse et lui interdisant du même coup, d’envisager le rachat d’un commerce. La famille emménagea toutefois dans cette superbe demeure en pierres de tailles ou on accédait par un perron, les lieux étant distribués sur deux étages ou le confort ne manquait pas. Quant à Odette, qui avait vingt-trois ans, le fait de quitter Paris ne l’avait guère enchantée mais comme il y allait de la santé de son père, elle n’insista pas.

C’est alors que François décida de faire les marchés, avec un rayon de mercerie. Il acheta donc le matériel nécessaire à cette activité, barnum, tables pliantes, caisses, etc.

Odette qui avait dû abandonner ses élèves parisiens, l’accompagnait et l’aidait sur les marchés, de Sens, Montereau, Pont-sur-Yonne, Villeneuve-la-Guyard, etc.

Pendant cette période, voulant distraire sa fille, François entra avec elle dans une troupe de théâtre à Sens. C’est ainsi qu’ils se produisirent sur les tréteaux de la région, interprétant les grands classiques du répertoire ou quelques pièces de boulevard. Odette, petite mais belle fille, au caractère d’enfant unique, avait parfois l’occasion de chanter en s’accompagnant de son violon.

S’étant liée d’amitié avec la fille du pharmacien et celle du notaire, les trois jeunes filles sortaient danser dans les bals de la région et notamment à celui donné dans les salons de l’hôtel de ville de Sens. Chaque salon avait son orchestre et on dansait en robe longue et en habit, en passant d’un salon à l’autre.

Odette aurait, dans cet endroit chic, pu faire la connaissance d’un jeune homme dont l’éducation correspondait à la sienne, fils de commerçant ou fils de fonctionnaire !

En fait, elle connut mon père, Daniel DESMET, paysan de formation et provisoirement ouvrier pâtissier, au bal de Champigny, un jour au cours duquel il rendait visite à sa mère, le disputant à d’autres prétendantes. Il faut dire, que malgré son air gauche, il avait fière allure dans le costume prêté par son aîné et son accent flamand, qui ne le quittera jamais, acheva de la séduire.

Branche DESMET