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Emil Vlajki

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Beschreibung

En 1967, après la guerre des Six Jours, Israël occupe des territoires – Gaza et Cisjordanie –, perçus comme le futur État palestinien. Cependant, les possibilités d’établir un deuxième État sont pratiquement nulles. Bea, une Juive, lutte pour la coexistence des Israéliens avec les Palestiniens, aidée par Assime, un Palestinien partageant ses idéaux, ainsi que son fils Mićo – Mitcho – et sa fiancée Olivia. Ensemble, ils œuvrent pour la création d’un État palestinien, mais font face aux extrémistes des deux côtés. Leur quête de paix se transforme en un combat acharné pour survivre et réaliser leur vision.

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Emil Vlajki

Bea

Une Juive errante

entre l’humanisme et la trahison

Roman

© Lys Bleu Éditions – Emil Vlajki

ISBN : 979-10-422-3950-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

– The New totalitarian society, Legas, Ottawa, 1999
– Les misérables de la modernité, Méridien, Ottawa, 2000
– La terreur américaine, François de Guibert, Paris, 2003
– La société des moutons-loups, François de Guibert, Paris, 2005
– Genocide, Filip Visnjic, Belgrade, 2011
– Death in Jerusalem, BM Books, L. A., 2020

(Édition allemande, Tod in Jerusalem, Novum pro, 2021)

– Korona, PESP, Banja Luka, 2021
– La femme qui croyait être Marie-Madeleine, Persée, 2023

À ma mère,

Belina, Bea, Ashkenazi

Présentation

Après l’Holocauste, le génocide que les Juifs ont subi pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs survivants continuent la colonisation massive de la Palestine. Les Nations Unies leur permettent d’y établir leur État, Israël, en 1948. Les Juifs de tous les côtés du monde y viennent. Cela provoque la révolte des États arabes et la première guerre israélo-arabe.

Béa, une juive, personnage principal de ce roman, tente de lutter pour la coexistence pacifique des Palestiniens et des Israéliens, et fonde l’Institut de la Paix à Jérusalem. Assim, un Palestinien qu’elle a jadis sauvé d’une mort certaine, l’y aide.

Pendant la troisième guerre israélo-arabe, en 1967, Mićo (Mitcho), le fils de Bea, est arrivé chez elle de l’Europe. Il tombe amoureux de l’Israélienne Olivia et décide d’y rester. Olivia est une nationaliste prête à mourir pour Israël. Le secrétaire de Bea, Aaron, est également contre la paix avec les Arabes.

Bea et Assim lutte ensemble pour la création d’un État palestinien. Les faucons de deux côtés essayent de les éliminer. Tout se passe à Jérusalem où la mort ne s’arrête pas à se manifester.

Avant-propos

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,

Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges

Jeter l’ancre un seul jour ?

Lamartine, Le lac

Je m’appelle Bea, mais on dit souvent de moi d’être une vraie Juive errante.

Tout le monde connaît cette histoire.

Selon la légende, un Juif, Ahasvérus, était un cordonnier à Jérusalem qui, voyant Jésus faire une halte devant son échoppe sur le chemin de la Passion, le repoussa sans ménagement. Le Christ l’aurait alors maudit le condamnant à marcher sans cesse jusqu’à son retour en gloire à la fin des temps (« Moi, je m’en vais, mais toi, tu devras m’attendre jusqu’à mon retour. »).

Je suis athée et ce récit religieux ne m’intéresse absolument pas. À mon avis, ce personnage a été inventé de toutes pièces pour nourrir l’antijudaïsme existant. Étant Juif, il rappelle toutes les forces de décomposition qui menacent le monde entier : épidémies, famines, guerres, mort.

Par contre, l’aspect réel de ce mythe peut s’appliquer à moi. Il est vrai que je ne cesse d’errer depuis toujours, un vrai oiseau migrateur. Mes origines sont russes, née en Roumanie, mariée en Bulgarie pendant la Deuxième Guerre mondiale, un certain temps je vivais en Yougoslavie, et maintenant je me retrouve en Israël, Il est presque certain que mon errance physique, le déplacement d’un pays à l’autre, finit ici, à Jérusalem même.

Actuellement, une autre errance me torture, l’errance idéologique. Je deviens une figure tragique de l’environnement belligérant palestinien, Ma confusion est totale. Une partie de ceux que j’ai connus, ici à Jérusalem, et auxquels je suis attachée, court un danger mortel. Le plus étrange c’est que j’en suis directement responsable.

De telles pensées me troublent. Comment voudrais-je le malheur de mes proches ? Les controverses idéologiques sont-elles plus importantes pour moi que mes sentiments pour eux ? Ces gens luttent pour mettre fin aux hostilités qui opposent les Juifs aux Palestiniens. Sous mon influence ils essayent de faire valoir les droits de ces derniers, de les comprendre et même, dans certaine mesure, de se demander sur les causes véritables de leur terrorisme.

La plupart des gens autour de moi me désapprouvent et sont hostiles à mon égard.

Selon moi, il est possible et nécessaire de convaincre l’opinion publique et le gouvernement israélien d’aboutir par la négociation, d’abord, à une paix juste et durable fondée sur le principe « Deux peuples, deux États », puis à une réconciliation entre Israël, le futur État palestinien et les autres pays arabes voisins.

Étant avant tout un être humain, suis-je aussi une bonne Juive, ou bien suis-je le traître, l’ennemie des Juifs et de l’Israël ?1

Introduction

La clé de la compréhension de ce qui se passe aujourd’hui concernant le conflit israélo-arabe/musulman est la période de 1917-1967 décrite dans ce livre.

À l’époque, la « Palestine » était une province syrienne, non pas un État national. Pendant des siècles, ce territoire était occupé par les Ottomans. À l’époque moderne, elle faisait référence au protectorat britannique sous mandat (1922-1948). Elle a rapidement été divisée en Palestine et en (Trans) Jordanie. Depuis lors, le terme politique, Palestine, s’est imposé uniquement pour la zone à l’ouest du Jourdain qui ne comprend que 20 % du territoire de l’ancienne Palestine.

Ceci dit, tous ceux qui vivaient en Palestine étaient des Palestiniens : les Arabes, les Juifs, les chrétiens. Ce n’est, bien après 1948, que les Arabes qui se sont réfugiés pendant la Première Guerre israélo-arabe et ceux qui sont restés en Israël, ont été appelés « Palestiniens ». Finalement, ils sont devenus un peuple reconnu par le monde entier, y compris l’Israël.

Notons aussi que le peuplement par des Juifs, ceux qui fuyaient les pogromes européens, les régimes nazis, et aussi les rescapés des camps de concentration, était, selon le droit international, tout à fait légal, permis par le mandataire britannique (Déclaration Balfour) et la Société des Nations. En fait, la Société des Nations (le prédécesseur des Nations Unies) a validé la déclaration Balfour dans sa décision du 24 mai 1922, affirmant qu’« il existe un lien historique entre le peuple juif et la région connue sous le nom de Terre d’Israël ».

Cependant, les Arabes, frustrés par l’immigration juive et peu intéressés par la Déclaration Balfour, la Société des Nations ou le droit international, ont eu recours à la violence pour chasser les « intrus ». Le sang coulait. Voici quelques exemples.

La bataille de Tel Hai s’est déroulée le 1er mars 1920 entre les forces arabes et juives dans le village de Tel Hai, en Galilée du Nord. Au cours de l’événement, une milice arabe chiite, accompagnée de Bédouins d’un village voisin, a attaqué la localité agricole juive de Tel Hai. Au lendemain de la bataille, huit Juifs et cinq Arabes furent tués. Tel Hai fut finalement abandonnée par les Juifs et incendiée par les milices arabes.

Les émeutes de Nebi Musa de 1920 ou émeutes de Jérusalem de 1920 ont eu lieu entre le dimanche 4 avril et le mercredi 7 avril 1920 dans et autour de la vieille ville de Jérusalem. Cinq Juifs furent tués et plusieurs centaines blessés ; quatre Arabes furent tués et dix-huit blessés ; sept Britanniques ont été blessés. Les émeutes ont coïncidé avec le festival Nebi Musa, qui a lieu chaque année le dimanche de Pâques, et portent leur nom.

Le massacre d’Hébron était le meurtre de soixante-neuf Juifs le 24 août 1929 à Hébron, qui faisait alors partie de la Palestine mandataire, par des Arabes incités à la violence par des rumeurs selon lesquelles les Juifs envisageaient de prendre le contrôle du mont du Temple à Jérusalem. L’événement a également fait de nombreux blessés ou mutilés. Les maisons juives ont été pillées et les synagogues saccagées.

Le 13 octobre 1933, les émeutes ont été le point culminant du ressentiment arabe à l’égard de l’immigration juive. C’était surtout après qu’elle eut atteint de nouveaux sommets suite à la montée de l’Allemagne nazie, et contre les autorités du mandat britannique pour avoir prétendument facilité l’achat de terres juives. La manifestation de masse, à Jaffa en octobre, s’est transformée en bain de sang lorsque la police a tiré sur des milliers de personnes, tuant 19 personnes et en blessant environ 70. Le « massacre de Jaffa » a rapidement déclenché une grève générale qui a entraîné la mort de sept Arabes et en blessant 130 autres.

Le massacre de Tibériade a eu lieu le 2 octobre 1938, lors de la révolte arabe de 1936-1939 à Tibériade. Après avoir infiltré le quartier juif de Kiryat Shmuel, des émeutiers arabes ont tué 19 Juifs à Tibériade, dont 11 enfants.

Un soulèvement populaire des Arabes palestiniens en Palestine mandataire contre l’administration britannique du mandat palestinien a duré de 1936 à 1939, exigeant l’indépendance arabe et la fin de la politique d’immigration juive illimitée et d’achat de terres. Plus de 5 000 Arabes, victimes principales, Juifs et Britanniques ont été tués.

***

Face à cette situation, les Arabes ont eu recours à Mussolini et Hitler. Le 28 novembre 1941, le Grand Mufti, Amine el Husseini, est reçu par Ribbentrop. Il promet le soutien des pays arabes à l’Allemagne. Quelques heures plus tard, il renouvelle ses propositions devant Hitler. « Les Arabes sont prêts, déclare-t-il, à participer à la lutte aux côtés des Allemands, non seulement de façon négative par des opérations de sabotage ou des soulèvements, mais aussi de façon positive, en constituant une Légion arabe qui se battrait aux côtés des troupes allemandes. »

De l’autre côté, l’Allemagne s’est dite « prête à apporter son appui aux pays arabes du Proche-Orient dans leur lutte pour leur libération et à la suppression du foyer judéonational en Palestine. »

***

Cependant, le fait est que les Juifs pourraient être le garant du progrès du Moyen-Orient. Considérant que, dans les années quarante du siècle dernier, la Palestine était un territoire sous-développé et féodal, l’installation des Juifs en Palestine venus d’Europe centrale et orientale, en particulier pendant et après la chute du nazisme, dont l’éducation moyenne était très élevée, ne pouvait que se traduire par le progrès de cette région. C’est presque arrivé. Les Nations Unies ont divisé en 1947, la Palestine en deux parties : l’État d’Israël et l’État de Palestine.

***

Toutes les grandes puissances ont voté pour la partition, y compris l’URSS.

Le projet est accepté par les dirigeants du Yishouv (communauté juive de Palestine), à travers l’Agence juive.

Il a été rejeté par presque tous les dirigeants de la communauté arabe, y compris le Haut Comité arabe palestinien, soutenu par la Ligue arabe, qui annonce son intention de prendre « toutes les mesures nécessaires pour empêcher l’exécution de la résolution », et par certains États arabes qui déclarent leur intention d’attaquer l’État juif.

***

Selon la partition, Israël disposait d’un peu plus de 15 000 kilomètres carrés dont la moitié comprenait le désert du Néguev. Dans ce pays, le nombre de Juifs et d’Arabes était égal !

Si les Arabes à cette époque avaient été plus raisonnables, ils auraient accepté l’Israël alors limité territorialement, qui était, compte tenu de sa taille et de sa population, absolument inoffensif pour son environnement ; tout le monde en profiterait, Juifs et Arabes !

Oui, mais les Arabes ne voulaient pas d’un État juif dans la région. Le jour de la déclaration de l’État d’Israël, cinq pays arabes l’ont envahi avec l’intention de détruire cette création de l’ONU. Et ils ont presque réussi ! Mais ils n’ont pas pu le faire ! Les Juifs, ceux qui se sont échappés des pays nazis ainsi que ceux qui ont survécu aux camps de concentration, n’avaient plus nulle part où aller. Ils se sont battus désespérément.

D’autre part, les armées arabes désunies se sont battues pour une terre qui n’était pas la leur, elles n’étaient motivées par rien, et les habitants arabes de Palestine en raison de l’inexistence d’une identité palestinienne à l’époque, sans même offrir une résistance significative, sont devenus des réfugiés et ont été traités comme tels par le monde entier.

Résultat : Israël a augmenté son territoire de 40 % par rapport à la solution initiale des Nations Unies !

En 1967, encore la même chose ! Les États arabes, pensant qu’ils étaient enfin devenus plus forts qu’Israël, ont provoqué la guerre en prétendant pendant des mois que cette fois ils allaient sûrement « jeter les Juifs à la mer » (sic) ! Résultat : Israël conquiert Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la plupart des hauteurs stratégiquement importantes du Golan en Syrie.

En 1948 comme en 1967, les pays arabes se sont comportés, non pas en faveur des Palestiniens, mais contre eux. La Nakba (catastrophe) palestinienne n’est pas tellement contenue dans la persécution juive d’une partie de la population arabe que dans le rôle destructif que les pays arabes ont joué dans cette catastrophe.

Faisons le point sur les faits fondamentaux qui ont déterminé le conflit actuel entre Juifs et Arabes.

1. La Déclaration Balfour autorisant l’immigration massive de Juifs en Palestine a été approuvée par la Société des Nations.

2. La partition de la Palestine, qui a permis la création de l’État d’Israël, a été votée par les Nations Unies.

3. L’intervention des pays arabes en 1948 a permis à l’État d’Israël de s’étendre. Aussi, en 1967, la volonté acharnée des pays arabes de détruire définitivement Israël a permis à cet État de s’étendre davantage.

Il est clair que nous ne voyons nulle part, concernant les évènements majeurs du conflit, les « méchants sionistes » accusés d’être responsables de l’immigration juiveet de la création de l’État d’Israël.

Le problème des réfugiés palestiniens (700 000), une vraie catastrophe humanitaire, est la conséquence directe de l’intervention des pays arabes contre Israël en 1948. Une partie de la population locale, environ 100 000 Arabes palestiniens ont fui. Parmi eux se trouvaient de nombreux membres des classes supérieures et moyennes des villes, partis volontairement, espérant revenir lorsque les États arabes gagneraient la guerre et prendraient le contrôle du pays. Les autres avaient peur de rester – c’était la guerre – mais aussi à cause de certains crimes commis par des organisations extrémistes juive, comme celui de Deir Yassin, y compris certains cas de nettoyage ethniques. Pourtant, 20 % de la population arabe est restée. Ils sont devenus des citoyens israéliens bénéficiant de tous les droits démocratiques.

Il faut noter qu’après la création d’Israël, expulsés, poussés au départ, discriminés, les Juifs des pays arabes (Mizrahim) ont, pour 600 000 d’entre eux, trouvé refuge en Israël et, pour 300 000 environ, en Europe de l’Ouest, notamment en France et en Amérique du Nord.

***

Le texte qui s’offre à vous est une chronique historique et romanesque racontée à travers le destin de plusieurs personnages, combattants de la paix, dans un environnement de guerre. Ce conte est plein de violence, psychologique et physique. Surtout, il problématise le concept d’identité, de trahison, et impose de nombreux dilemmes moraux ; c’est notamment le cas de Bea, le personnage principal. Elle est arrivée en Palestine en 1947. Là, les guerres et les armistices entre les Juifs et les Arabes s’enchaînaient constamment. Elle s’est toujours demandé si elle avait le droit de s’installer dans la « terre promise » et d’y vivre.

Le combat mené par Bea et ses proches pour aboutir à une solution juste dans le conflit israélo-palestinien sera élaboré tout au long de notre roman.

Outre Bea, il y a quatre personnalités principales. Le fils de Bea, Mićo, dont le père n’est pas Juif, se voulant Croate, mais dans la pratique se comporte comme n’importe quel autre Juif. Le Palestinien Assim, un enfant que Bea a sauvé d’une mort certaine pendant la guerre. Olivia, Juive, fiancée de Mićo. Aaron, Juif, opposant à la coexistence avec les Palestiniens.

Mićo et Assim ont grandi à travers de graves violences et des traumatismes personnels et, après vingt ans, se sont retrouvés avec Bea à Jérusalem où s’est déroulé le véritable drame incluant tous les participants de cette histoire.

Tous, sauf Aaron et Olivia, ont mis leur identité nationale et religieuse au second plan, au profit de l’humanité ; ils se présentent comme des idéalistes incorrigibles, voulant d’abord être des êtres humains, et ensuite seulement tout le reste. Ils veulent la paix et l’amour entre les gens, et ils sont prêts à lutter contre l’injustice, peu importe son origine.

Cependant, après un événement tragique, Mićo devient un adversaire de sa mère.

Remarque : À part le côté autobiographique, le roman contient un certain nombre de faits d’ordre historique, des citations bibliques, des extraits des reportages et des mémoires, des poèmes, des dictons populaires et des citations de personnalités célèbres.

Première partie

La terre promise

L’année 1948. Yahvé, dieu juif, s’inquiétait du conflit en Palestine. Il s’adressa au sage roi Salomon qui, pour simplifier, était une sorte de ministre de la Justice au ciel.

— Que dois-je faire, demanda Yahvé ? Bien que les Juifs aient la priorité pour moi, les Arabes sont aussi mon peuple sémitique. Ils se battent pour la même terre. En même temps, il n’y a que quelques centaines de milliers de Juifs opposés aux dizaines de millions d’Arabes qui les entourent.

Ce serait à mon tour d’aider les Juifs, mon peuple élu et beaucoup plus faible, mais je ne voudrais pas non plus être injuste envers les autres.

— Te souviens-tu, demanda Salomon, comment j’ai jugé ces deux femmes qui se sont battues pour le même enfant ; chacune d’elles a affirmé que l’enfant était le sien.

— Non, je ne m’en souviens pas, je n’y ai même pas prêté attention.

— D’accord, je vais te le dire.

Ces deux femmes ont amené un nouveau-né, se sont tenues devant moi, et chacune d’elles a revendiqué l’enfant comme le sien.

— Et qu’est-ce que tu as fait ?

— La solution était évidente. J’ai dit à mon serviteur de tirer son épée et de couper l’enfant en deux, et que chaque femme prenne sa moitié.

— Extrêmement inhumain. Comment as-tu pu avoir cette idée monstrueuse ?

Attends.

Alors le serviteur tira son épée et se tint au-dessus de l’enfant. Je lui avais précédemment fait un clin d’œil, ce qui signifiait qu’il ne devait même pas le toucher.

Juste au moment où l’épée était levée, une des femmes a dit qu’elle était d’accord avec cette solution. Cependant, l’autre femme s’était jetée sur l’enfant et le protégeait de son corps. De cette façon, elle avait montré qu’elle était la vraie mère de cet enfant.

— Génial ! Je ne m’en serais jamais souvenu. Mais qu’est-ce que cela a à voir avec les Juifs et les Arabes ?

— Comment ne pas voir ce qui se passe sur le terrain ? Les soldats des États arabes qui sont en Palestine, et soi-disant venus aider leurs frères arabes, volent partout où ils vont, ils sont en désaccord, ils fuient un ennemi beaucoup plus faible, la population arabe indigène ne se bat pratiquement pas, mais s’enfuit.

Il est clair que la vraie mère de cet enfant, Israël, partie de la Palestine, l’État créé par l’ONU, est la population juive là-bas, qui est prête à mourir pour son enfant.

— Une vision ethnopsychologique intéressante de ce conflit. Mais comment puis-je aider les Juifs dans cette situation ?

— Mon conseil pour toi est de parvenir à un cessez-le-feu, une trêve d’au moins deux semaines, par l’intermédiaire des Nations Unies. D’ici là, les Juifs auront reçu beaucoup d’armes de l’étranger, construit une route vers Jérusalem afin d’apporter de la nourriture à leurs combattants assiégés. Après cela, ils auront une chance de gagner cette guerre.

Yahvé fit comme Salomon lui avait conseillé et sauva son peuple de la destruction.

1

La Terre promise (ha'aretz hamuvtakhat) représente ce que dès la Genèse, la Torah ou Bible hébraïque désigne sous le nom de « Terre d’Israël » dans le pays de Canaan, « pays où coulent le lait et le miel », qui, selon les textes, fut promise par Dieu au patriarchehébreuAbraham et à sa descendance par Isaac et Jacob, comme une promesse de vie.

Textes bibliques

Sans figurer littéralement dans les textes bibliques, l’expression est fortement suggérée par plusieurs passages en Genèse, Exode, Deutéronome, Nombre, Josué, Ezéchiel, notamment :

Promesse faite à

Abraham

« Ce jour-là, l’Éternel conclut avec Abram une Alliance, en disant : “J’ai octroyé à ta race ce territoire, depuis le torrent d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate…” »2

« Et Je donnerai à toi et à ta postérité la terre de tes pérégrinations, toute la terre de Canaan, comme possession indéfinie. »3

Promesse faite à

Isaac

« Le Seigneur apparut [à Isaac] et dit : … à toi et à ta postérité, Je donnerai toutes ces provinces, accomplissant ainsi le serment que J’ai fait à ton père Abraham. »4

Confirmation de la promesse à

Jacob

« Et Dieu dit [à Jacob-Israël] : “… Et le pays que J’ai accordé à Abraham et à Isaac, Je te l’accorde et à ta postérité après toi Je donnerai ce pays.” »5

Rappel de la promesse et ordre donné à Moïse

« L’Éternel dit à Moïse : “Va, pars d’ici avec le peuple… et allez au pays que J’ai promis par serment à Abraham, à Isaac et à Jacob, disant : Je le donnerai à votre postérité.”»6

Rappel de la promesse et ordres donnés à

Josué

« Le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne en possession. »7

« Tu ne dois pas souiller ton pays, que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage. »8

« Et l’Éternel donna ses ordres à Josué, fils de Noun, et lui dit : “… c’est toi qui introduiras les israélites dans la terre que Je leur ai promise, et Moi Je t’assisterai.” »9

« Sois ferme et vaillant ! Car c’est toi qui vas mettre ce peuple en possession du pays que J’ai juré à ses ancêtres de lui donner. »10

Rappel et ordre donnés aux

enfants d’Israël

« Vous conquerrez ainsi le pays et vous vous y établirez ; car c’est à vous que Je le donne à titre de possession. »11

« Et vous saurez que Je suis l’Éternel, quand Je vous aurai menés au pays d’Israël, sur la terre que J’ai juré de donner à vos pères. »12

« Vous en hériterez l’un à l’égal de l’autre, car J’ai juré de le donner à vos pères, et ce pays va vous échoir en partage. »13

Ainsi, la terre est donnée en promesse en de multiples passages des livres de la Bible, mais reste à conquérir avec l’aide de Dieu.

2

Chaque fois que les Juifs semblent vaincus et détruits, ils émergent de leurs cendres, tel le Phénix, renouvelés et prêts à persévérer.

On a demandé à Golda Meir, alors qu’elle était déjà à la tête du gouvernement en Israël, quel événement avait eu une influence décisive sur elle pour qu’elle quitte l’Amérique et vienne sur ce territoire appelé la Palestine. Sa réponse fut quelque peu vague, de nature plus philosophique :

— J’ai toujours été en Palestine dans mes rêves et mon être. L’événement pour lequel j’ai spécifiquement décidé de venir ici aurait pu être ceci ou cela, peu importe. J’appartiens à l’esprit d’une nation dont le destin est prédéterminé. Et quoi que je fasse, et où que j’aille, je suis toujours dans mon pays biblique.

Il est plus facile, semble-t-il, de comprendre n’importe quoi et sur n’importe qui, que de saisir ce qui est l’essence du peuple juif. Dès qu’il en est question, tout se complique. Alors même l’événement le plus anodin prend les proportions de l’Ancien Testament. Car qu’est-ce que le judaïsme sans Dieu et l’alliance de son peuple avec Lui, sans Adam et Ève, sans Abraham, sans le déluge, sans Moïse et ses dix commandements, sans David et Goliath, Salomon, Samson et Dalila, sans le Premier et le Second Temple, sans pogroms, sans génocide, sans horribles préjugés à ce sujet ?

De plus, le besoin indestructible des Juifs de retourner dans la terre promise par Dieu est particulièrement incompréhensible pour les autres.

Ainsi, au cours de l’histoire, des centaines de milliers d’entre eux, dispersés à travers le monde, ont quitté, parfois « sans aucune raison apparente », leur foyer où ils avaient vécu pendant des siècles, pour s’installer en un seul point du globe, en Eretz Israël.

L’irrésistible envie de retour est, pour ce peuple, un rêve millénaire dont la réalisation vaut tous les sacrifices, même la vie. Ce rêve fait aussi partie de l’espoir contenue dans une seule phrase de la prière collective : « L’année prochaine à Jérusalem ».

Bien sûr, la colonisation juive de la Palestine a constamment suscité une vive opposition de la part de la population arabe locale.

Bea, comme Golda, a fait le même rêve, qu’elle a enfin réalisé. Parce que la partie la plus importante de sa vie s’est déroulée dans la région qui pendant des siècles s’appelait la Palestine, il est opportun de remonter dans l’histoire lointaine et de voir pourquoi la terre biblique de l’ancien Israël s’appelait ensuite différemment.

***

Il y a environ deux mille ans, Rabi-Akiba, le Juif le plus érudit de l’époque, tenta passionnément de convaincre son ami Bar Kohba (Fils de l’Étoile) qu’il devait y avoir un soulèvement en Israël contre les Romains.

— C’est maintenant la 132e année. Cela fait donc 70 ans depuis le soulèvement et la mort de Simon Bar Gior (le Fort), mort en défendant Jérusalem contre l’empereur Titus. Les Romains nous piétinent et nous humilient de toutes les manières possibles. La plupart des Juifs sont dispersés dans le monde entier ; nous ne sommes plus nombreux. Les Romains nous affament avec leurs impôts, se moquent de notre religion, détruisent nos temples. Vous êtes un fanatique, un soldat, les gens vous aiment et si vous le décidez, ils se tiendront derrière vous et chasseront les Romains et leur empereur Hadrien. Nous n’avons plus rien à perdre que les chaînes qui nous entravent !

— D’accord, mon ami, nous le ferons, mais vous devez aussi clairement vous tenir derrière le soulèvement.

— Il va sans dire.

Deux ans plus tard. Bar Kohba parle à Rabi-Akiba.

— Nous l’avons fait. Nous avons chassé les Romains. Les gens sont complètement avec nous. Nous avons uni la Judée, la Samarie et la Galilée. Israël est à nouveau entier.

135e année. Le général romain Sévère s’adresse à son empereur, Hadrien.

— Après trois ans, j’ai finalement vaincu les rebelles. Avec mes légions, j’ai chassé Bar Kohba dans la forteresse de Betar, près de Jérusalem. Un de ses capitaines l’a trahi et nous a montré un passage secret. Nous sommes entrés avec l’armée, avons tué la population, rasé Betar et l’avons tué. Et maintenant ?

— Tuez les Juifs partout où vous les trouverez, dans toute la province, détruisez toutes les villes et tous les villages.

— Mais c’est plus d’un demi-million de personnes, cinquante villes et mille villages.

— Tuez-les tous, détruisez-les tous. Sur la Sainte Montagne de Jérusalem où se trouvait leur temple, construisez le nôtre avec les dieux romains. Les Juifs qui restent en vie ne peuvent plus étudier la Torah et ne peuvent plus entrer à Jérusalem. Quant à cette province, leur Israël, désormais elle s’appellera Palestine, et fera partie de la Syrie.

***

Le rabbin Akiba, qui a miraculeusement échappé au massacre, malgré la répression romaine, a continué à interpréter la Torah à ses élèves. Lorsqu’on lui a demandé s’il avait peur des Romains, il a répondu : « Sans la Torah, la vie d’un juif est la même que la vie d’un poisson sans eau. » S’ils apprennent la Torah et s’exposent ainsi à la colère de l’empereur, c’est encore mieux pour eux que s’ils ne l’apprennent pas, car cela équivaut à une mort certaine. » Finalement, Rabi-Akiba fut arrêté et tué d’une manière terrible. Son corps a été démembré avec des pinces en fer. Il a enduré stoïquement la torture et, en mourant, il s’est exclamé : « Shema Yisrael » (« Écoute Israël ») ! Avec une prière spéciale récitée à Yom Kippour (le jour de la réconciliation des Juifs avec Dieu) et à Tisha-Bev (le jour du jeûne dû à la destruction du premier Temple), le peuple juif honore toujours la mémoire de ce dernier martyr jusqu’à ce jour.

3

Le peuple d’Israël se rassembla à Ramsès et se mit en marche vers l’est, en direction de Soukkot. Ils étaient six cent mille hommes, accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants, qui partaient vers le pays de Canaan, la Terre promise.

Maintenant, chers lecteurs, nous allons sauter 18 siècles et faire connaissance avec Bea pour qui l’arrivée sur le sol palestinien signifiait le début d’une vraie vie.

Ainsi, après son arrivée en Palestine, notre héroïne Bea, se sentant seule, a pleuré pendant des jours. La guerre qui s’y est déroulée a réveillé en elle les traumatismes qu’elle a vécus dans l’Europe occupée par les nazis. Elle a également tenté d’atténuer sa douleur pour son enfant, qu’elle a dû abandonner quelque part dans les Balkans. Enfin, en se ressaisissant, elle a recommencé à lire la Bible afin de mieux comprendre l’essence du conflit entre Juifs et Arabes qui, en 1947, faisait rage sous ses yeux.

La première chose qui lui vint à l’esprit fut que les Juifs et les Arabes sont des peuples sémitiques, qu’ils ont toujours vécu dans les mêmes régions et que la Bible elle-même en témoigne. Certains interprètes considèrent ces deux peuples provenant des fils d’Abraham.

Sarah, la femme d’Abraham, avait quatre-vingt-dix ans et ne pouvait plus avoir d’enfants. C’est pourquoi elle a donné la permission à son mari de coucher avec sa servante, Agar. Ce qu’il fit et un enfant est né qui s’appelait Ismaël.

Cependant, Yahvé, le dieu des Juifs, a promis à Sarah qu’elle aurait un enfant. À un moment, Il s’en souvint et fit ce qu’Il avait promis : Sarah conçut et donna naissance au fils d’Abraham dans sa vieillesse. Abraham a nommé son fils Isaac.

Une fois Sarah remarqua qu’Ismaël jouait avec son fils Isaac, alors elle dit à Abraham : « Chasse cette servante et son fils, car le fils d’une servante ne peut être un héritier au même titre que mon fils ».

Cela a déplu à Abraham, car Ismaël était aussi son fils.

Mais Dieu dit à Abraham : « Ne t’inquiète pas à cause de l’enfant et à cause de ta servante ; écoute tout ce que Sarah te dira, car la postérité d’Isaac perpétuera ton nom. Et je ferai une grande nation du fils de ta servante, parce qu’il est ton descendant ».

Pour Bea, cette histoire a influencé son chemin de vie. Depuis, elle prêcha avec ferveur la coexistence des Juifs et des Arabes sur ce même sol. Bien sûr, personne autour d’elle n’était d’accord sur ce point. Pourtant, les musulmans affirmaient que du fils d’Abraham, d’Isaac, les Juifs sont descendus, et que de son deuxième fils, Ismaël, les Arabes sont descendus aussi. Par conséquent, les musulmans croient être un peuple aussi ancien que le peuple juif partageant la même culture. Les juifs contredisent cela disant que c’est une absurdité, car le judaïsme et la Bible sont plus anciens de quelques milliers d’années que l’islam et le Coran.

Bea voyait qu’en dehors des débats théoriques sur l’origine de ces deux peuples, il y avait une lutte sanglante entre les Arabes et les Juifs pour le même territoire. Des gens mouraient autour d’elle, et du chaos de la guerre, son esprit s’est déplacé vers l’histoire mythique ou Dieu a permis à son peuple élu de conquérir cette région.