Calligrammes - Guillaume Apollinaire - E-Book

Calligrammes E-Book

Guillaume Apollinaire

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Beschreibung

Recueil de poèmes dédié à René Dalize, ami d'enfance du poète, mort à la guerre. Il est illustré de nombreux calligrammes, qui sont des dessins composés de lettres, amplifiant ou contredisant, le sens du texte qu'elles forment
Apollinaire explique : 
" Quant aux Calligrammes , ils sont une idéalisation de la poésie vers-libriste et une précision typographique à l'époque où la typographie termine brillamment sa carrière, à l'aurore des moyens nouveaux de reproduction que sont le cinéma et le phonographe."
.(extrait d'un lettre à André Billy)

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Calligrammes

Poèmes de la paix et de la guerre

Guillaume Apollinaire

philaubooks

Table des matières

I. ONDES

Liens

Les fenêtres

Paysage

Les collines

Arbre

Lundi rue Christine

Lettre-océan

Sur les prophéties

Le musicien de Saint-Merry

La cravate et la montre

Un fantôme de nuées

Voyage

Cœur couronne et miroir

Tour

À travers l’Europe

Il pleut

II. ÉTENDARDS

La petite auto

La mandoline l’œillet et le bambou

Fumées

À Nîmes

La colombe poignardée et le jet d’eau

2e canonnier conducteur

Veille

Ombre

C'est Lou qu'on la nommait

III. CASE D'ARMONS

Loin du pigeonnier

Reconnaissance

SP

Visée

1915

Carte postale

Saillant

Guerre

Mutation

Oracles

14 juin 1915

De la batterie de tir

Échelon

Vers le Sud

Les soupirs du servant de Dakar

Toujours

Fête

Madeleine

Les saisons

Venu de Dieuze

La nuit d’avril 1915

IV. LUEURS DES TIRS

La grace exilée

La boucle retrouvée

Refus de la colombe

Les feux du bivouac

Les grenadines repentantes

Tourbillon de mouches

L'adieu du cavalier

Le palais du tonnerre

Photographie

L'inscription anglaise

Dans l'abri-caverne

Fusée

Désir

Chant de l'horizon en champagne

Océan de terre

V. OBUS COULEUR DE LUNE

Merveille de la guerre

Exercice

À l’Italie

La traversée

Il y a

L’espionne

Le chant d'amour

Aussi bien que les cigales

Simultanéités

Du coton dans les oreilles

Écoute s'il pleut écoute s'il pleut

VI. LA TÊTE ÉTOILÉE

Le départ

Le vigneron champenois

Carte postale

Éventail des saveurs

Souvenirs

L'avenir

Un oiseau chante

Chevaux de frise

Chant de l'honneur

Chef de section

Tristesse d'une étoile

La victoire

La jolie rousse

À LA MÉMOIRE

DU PLUS ANCIEN DE MES CAMARADES

RENÉ DALIZE

MORT AU CHAMP D'HONNEUR

le 7 mai 1917

Partie I

ONDES

Liens

Cordes faites de cris

Sons de cloches à travers l'Europe

Siècles pendus

Rails qui ligotez les nations

Nous ne sommes que deux ou trois hommes

Libres de tous liens

Donnons-nous la main

Violente pluie qui peigne les fumées

Cordes

Cordes tissées

Câbles sous-marins

Tours de Babel changées en ponts

Araignées-Pontifes

Tous les amoureux qu'un seul lien a liés

D'autres liens plus ténus

Blancs rayons de lumière

Cordes et Concorde

J'écris seulement pour vous exalter

Ô sens ô sens chéris

Ennemis du souvenir

Ennemis du désir

Ennemis du regret

Ennemis des larmes

Ennemis de tout ce que j'aime encore

Les fenêtres

Du rouge au vert tout le jaune se meurt

Quand chantent les aras dans les forêts natales

Abatis de pihis

Il y a un poème à faire sur l'oiseau qui n'a qu'une aile

Nous l'enverrons en message téléphonique

Traumatisme géant

Il fait couler les yeux

Voilà une jolie jeune fille parmi les jeunes Turinaises

Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate

blanche

Tu soulèveras le rideau

Et maintenant voilà que s'ouvre la fenêtre

Araignées quand les mains tissaient la lumière

Beauté pâleur insondables violets

Nous tenterons en vain de prendre du repos

On commencera à minuit

Quand on a le temps on a la liberté

Bigorneaux Lotte multiples Soleils et l’Oursin du couchant

Une vieille paire de chaussures jaunes devant la fenêtre

Tours

Les Tours ce sont les rues

Puits

Puits ce sont les places

Puits

Arbres creux qui abritent les Câpresses vagabondes

Les Chabins chantent des airs à mourir

Aux Chabines marronnes

Et l'oie oua-oua trompette au nord

Où les chasseurs de ratons

Raclent les pelleteries

Étincelant diamant

Vancouver

Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit

l'hiver

Ô Paris

Du rouge au vert tout le jaune se meurt

Paris Vancouver Hyères Maintenon New-York et les

Antilles

La fenêtre s'ouvre comme une orange

Le beau fruit de la lumière

Paysage

Les collines

Au-dessus de Paris un jour

Combattaient deux grands avions

L'un était rouge et l'autre noir

Tandis qu'au zénith flamboyait

L'éternel avion solaire

L'un était toute ma jeunesse

Et l'autre c'était l'avenir

Ils se combattaient avec rage

Ainsi fit contre Lucifer

L’Archange aux ailes radieuses

Ainsi le calcul au problème

Ainsi la nuit contre le jour

Ainsi attaque ce que j'aime

Mon amour ainsi l'ouragan

Déracine l'arbre qui crie

Mais vois quelle douceur partout

Paris comme une jeune fille

S'éveille langoureusement

Secoue sa longue chevelure

Et chante sa belle chanson

Où donc est tombée ma jeunesse

Tu vois que flambe l'avenir

Sache que je parle aujourd'hui

Pour annoncer au monde entier

Qu'enfin est né l'art de prédire

Certains hommes sont des collines

Qui s'élèvent d'entre les hommes

Et voient au loin tout l'avenir

Mieux que s'il était le présent

Plus net que s'il était passé

Ornement des temps et des routes

Passe et dure sans t'arrêter

Laissons sibiler les serpents

En vain contre le vent du sud

Les Psylles et l'onde ont péri

Ordre des temps si les machines

Se prenaient enfin à penser

Sur les plages de pierreries

Des vagues d'or se briseraient

L'écume serait mère encore

Moins haut que l'homme vont les aigles

C'est lui qui fait la joie des mers

Comme il dissipe dans les airs

L'ombre et les spleens vertigineux

Par où l'esprit rejoint le songe

Voici le temps de la magie

Il s'en revient attendez-vous

A des milliards de prodiges

Qui n'ont fait naître aucune fable

Nul les ayant imaginés

Profondeurs de la conscience

On vous explorera demain

Et qui sait quels êtres vivants

Seront tirés de ces abîmes

Avec des univers entiers

Voici s'élever des prophètes

Comme au loin des collines bleues

Ils sauront des choses précises

Comme croient savoir les savants

Et nous transporteront partout

La grande force est le désir

Et viens que je te baise au front

Ô légère comme une flamme

Dont tu as toute la souffrance

Toute l'ardeur et tout l'éclat

L'âge en vient on étudiera

Tout ce que c'est que de souffrir

Ce ne sera pas du courage

Ni même du renoncement

Ni tout ce que nous pouvons faire

On cherchera dans l'homme même

Beaucoup plus qu'on n'y a cherché

On scrutera sa volonté

Et quelle force naîtra d'elle

Sans machine et sans instrument

Les secourables mânes errent

Se compénétrant parmi nous

Depuis les temps qui nous rejoignent

Rien n'y finit rien n'y commence

Regarde la bague à ton doigt

Temps des déserts des carrefours

Temps des places et des collines

Je viens ici faire des tours

Où joue son rôle un talisman

Mort et plus subtil que la vie

Je me suis enfin détaché

De toutes choses naturelles

Je peux mourir mais non pécher

Et ce qu'on n'a jamais touché

Je l'ai touché je l'ai palpé

Et j'ai scruté tout ce que nul

Ne peut en rien imaginer

Et j'ai soupesé maintes fois

Même la vie impondérable

Je peux mourir en souriant

Bien souvent j'ai plané si haut

Si haut qu'adieu toutes les choses

Les étrangetés les fantômes

Et je ne veux plus admirer

Ce garçon qui mine l'effroi

Jeunesse adieu jasmin du temps

J'ai respiré ton frais parfum

A Rome sur les chars fleuris

Chargés de masques de guirlandes

Et des grelots du carnaval

Adieu jeunesse blanc Noël

Quand la vie n'était qu'une étoile

Dont je contemplais le reflet

Dans la mer Méditerranée

Plus nacrée que les météores

Duvetée comme un nid d'archanges

Ou la guirlande des nuages

Et plus lustrée que les halos

Émanations et splendeurs

Unique douceur harmonies

Je m'arrête pour regarder

Sur la pelouse incandescente

Un serpent erre c'est moi-même

Qui suis la flûte dont je joue

Et le fouet qui châtie les autres

Il vient un temps pour la souffrance

Il vient un temps pour la bonté

Jeunesse adieu voici le temps

Où l'on connaîtra l'avenir

Sans mourir de sa connaissance

C'est le temps de la grâce ardente

La volonté seule agira

Sept ans d'incroyables épreuves

L'homme se divinisera

Plus pur plus vif et plus savant

Il découvrira d'autres mondes

L'esprit languit comme les fleurs

Dont naissent les fruits savoureux

Que nous regarderons mûrir

Sur la colline ensoleillée

Je dis ce qu'est au vrai la vie

Seul je pouvais chanter ainsi

Mes chants tombent comme des graines

Taisez-vous tous vous qui chantez

Ne mêlez pas l'ivraie au blé

Un vaisseau s'en vint dans le port

Un grand navire pavoisé