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Recueil de poèmes dédié à René Dalize, ami d'enfance du poète, mort à la guerre. Il est illustré de nombreux calligrammes, qui sont des dessins composés de lettres, amplifiant ou contredisant, le sens du texte qu'elles forment
Apollinaire explique :
"
Quant aux Calligrammes
, ils sont une idéalisation de la poésie vers-libriste et une précision typographique à l'époque où la typographie termine brillamment sa carrière, à l'aurore des moyens nouveaux de reproduction que sont le cinéma et le phonographe."
.(extrait d'un lettre à André Billy)
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I. ONDES
Liens
Les fenêtres
Paysage
Les collines
Arbre
Lundi rue Christine
Lettre-océan
Sur les prophéties
Le musicien de Saint-Merry
La cravate et la montre
Un fantôme de nuées
Voyage
Cœur couronne et miroir
Tour
À travers l’Europe
Il pleut
II. ÉTENDARDS
La petite auto
La mandoline l’œillet et le bambou
Fumées
À Nîmes
La colombe poignardée et le jet d’eau
2e canonnier conducteur
Veille
Ombre
C'est Lou qu'on la nommait
III. CASE D'ARMONS
Loin du pigeonnier
Reconnaissance
SP
Visée
1915
Carte postale
Saillant
Guerre
Mutation
Oracles
14 juin 1915
De la batterie de tir
Échelon
Vers le Sud
Les soupirs du servant de Dakar
Toujours
Fête
Madeleine
Les saisons
Venu de Dieuze
La nuit d’avril 1915
IV. LUEURS DES TIRS
La grace exilée
La boucle retrouvée
Refus de la colombe
Les feux du bivouac
Les grenadines repentantes
Tourbillon de mouches
L'adieu du cavalier
Le palais du tonnerre
Photographie
L'inscription anglaise
Dans l'abri-caverne
Fusée
Désir
Chant de l'horizon en champagne
Océan de terre
V. OBUS COULEUR DE LUNE
Merveille de la guerre
Exercice
À l’Italie
La traversée
Il y a
L’espionne
Le chant d'amour
Aussi bien que les cigales
Simultanéités
Du coton dans les oreilles
Écoute s'il pleut écoute s'il pleut
VI. LA TÊTE ÉTOILÉE
Le départ
Le vigneron champenois
Carte postale
Éventail des saveurs
Souvenirs
L'avenir
Un oiseau chante
Chevaux de frise
Chant de l'honneur
Chef de section
Tristesse d'une étoile
La victoire
La jolie rousse
À LA MÉMOIRE
DU PLUS ANCIEN DE MES CAMARADES
RENÉ DALIZE
MORT AU CHAMP D'HONNEUR
le 7 mai 1917
Cordes faites de cris
Sons de cloches à travers l'Europe
Siècles pendus
Rails qui ligotez les nations
Nous ne sommes que deux ou trois hommes
Libres de tous liens
Donnons-nous la main
Violente pluie qui peigne les fumées
Cordes
Cordes tissées
Câbles sous-marins
Tours de Babel changées en ponts
Araignées-Pontifes
Tous les amoureux qu'un seul lien a liés
D'autres liens plus ténus
Blancs rayons de lumière
Cordes et Concorde
J'écris seulement pour vous exalter
Ô sens ô sens chéris
Ennemis du souvenir
Ennemis du désir
Ennemis du regret
Ennemis des larmes
Ennemis de tout ce que j'aime encore
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Quand chantent les aras dans les forêts natales
Abatis de pihis
Il y a un poème à faire sur l'oiseau qui n'a qu'une aile
Nous l'enverrons en message téléphonique
Traumatisme géant
Il fait couler les yeux
Voilà une jolie jeune fille parmi les jeunes Turinaises
Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate
blanche
Tu soulèveras le rideau
Et maintenant voilà que s'ouvre la fenêtre
Araignées quand les mains tissaient la lumière
Beauté pâleur insondables violets
Nous tenterons en vain de prendre du repos
On commencera à minuit
Quand on a le temps on a la liberté
Bigorneaux Lotte multiples Soleils et l’Oursin du couchant
Une vieille paire de chaussures jaunes devant la fenêtre
Tours
Les Tours ce sont les rues
Puits
Puits ce sont les places
Puits
Arbres creux qui abritent les Câpresses vagabondes
Les Chabins chantent des airs à mourir
Aux Chabines marronnes
Et l'oie oua-oua trompette au nord
Où les chasseurs de ratons
Raclent les pelleteries
Étincelant diamant
Vancouver
Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit
l'hiver
Ô Paris
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Paris Vancouver Hyères Maintenon New-York et les
Antilles
La fenêtre s'ouvre comme une orange
Le beau fruit de la lumière
Au-dessus de Paris un jour
Combattaient deux grands avions
L'un était rouge et l'autre noir
Tandis qu'au zénith flamboyait
L'éternel avion solaire
L'un était toute ma jeunesse
Et l'autre c'était l'avenir
Ils se combattaient avec rage
Ainsi fit contre Lucifer
L’Archange aux ailes radieuses
Ainsi le calcul au problème
Ainsi la nuit contre le jour
Ainsi attaque ce que j'aime
Mon amour ainsi l'ouragan
Déracine l'arbre qui crie
Mais vois quelle douceur partout
Paris comme une jeune fille
S'éveille langoureusement
Secoue sa longue chevelure
Et chante sa belle chanson
Où donc est tombée ma jeunesse
Tu vois que flambe l'avenir
Sache que je parle aujourd'hui
Pour annoncer au monde entier
Qu'enfin est né l'art de prédire
Certains hommes sont des collines
Qui s'élèvent d'entre les hommes
Et voient au loin tout l'avenir
Mieux que s'il était le présent
Plus net que s'il était passé
Ornement des temps et des routes
Passe et dure sans t'arrêter
Laissons sibiler les serpents
En vain contre le vent du sud
Les Psylles et l'onde ont péri
Ordre des temps si les machines
Se prenaient enfin à penser
Sur les plages de pierreries
Des vagues d'or se briseraient
L'écume serait mère encore
Moins haut que l'homme vont les aigles
C'est lui qui fait la joie des mers
Comme il dissipe dans les airs
L'ombre et les spleens vertigineux
Par où l'esprit rejoint le songe
Voici le temps de la magie
Il s'en revient attendez-vous
A des milliards de prodiges
Qui n'ont fait naître aucune fable
Nul les ayant imaginés
Profondeurs de la conscience
On vous explorera demain
Et qui sait quels êtres vivants
Seront tirés de ces abîmes
Avec des univers entiers
Voici s'élever des prophètes
Comme au loin des collines bleues
Ils sauront des choses précises
Comme croient savoir les savants
Et nous transporteront partout
La grande force est le désir
Et viens que je te baise au front
Ô légère comme une flamme
Dont tu as toute la souffrance
Toute l'ardeur et tout l'éclat
L'âge en vient on étudiera
Tout ce que c'est que de souffrir
Ce ne sera pas du courage
Ni même du renoncement
Ni tout ce que nous pouvons faire
On cherchera dans l'homme même
Beaucoup plus qu'on n'y a cherché
On scrutera sa volonté
Et quelle force naîtra d'elle
Sans machine et sans instrument
Les secourables mânes errent
Se compénétrant parmi nous
Depuis les temps qui nous rejoignent
Rien n'y finit rien n'y commence
Regarde la bague à ton doigt
Temps des déserts des carrefours
Temps des places et des collines
Je viens ici faire des tours
Où joue son rôle un talisman
Mort et plus subtil que la vie
Je me suis enfin détaché
De toutes choses naturelles
Je peux mourir mais non pécher
Et ce qu'on n'a jamais touché
Je l'ai touché je l'ai palpé
Et j'ai scruté tout ce que nul
Ne peut en rien imaginer
Et j'ai soupesé maintes fois
Même la vie impondérable
Je peux mourir en souriant
Bien souvent j'ai plané si haut
Si haut qu'adieu toutes les choses
Les étrangetés les fantômes
Et je ne veux plus admirer
Ce garçon qui mine l'effroi
Jeunesse adieu jasmin du temps
J'ai respiré ton frais parfum
A Rome sur les chars fleuris
Chargés de masques de guirlandes
Et des grelots du carnaval
Adieu jeunesse blanc Noël
Quand la vie n'était qu'une étoile
Dont je contemplais le reflet
Dans la mer Méditerranée
Plus nacrée que les météores
Duvetée comme un nid d'archanges
Ou la guirlande des nuages
Et plus lustrée que les halos
Émanations et splendeurs
Unique douceur harmonies
Je m'arrête pour regarder
Sur la pelouse incandescente
Un serpent erre c'est moi-même
Qui suis la flûte dont je joue
Et le fouet qui châtie les autres
Il vient un temps pour la souffrance
Il vient un temps pour la bonté
Jeunesse adieu voici le temps
Où l'on connaîtra l'avenir
Sans mourir de sa connaissance
C'est le temps de la grâce ardente
La volonté seule agira
Sept ans d'incroyables épreuves
L'homme se divinisera
Plus pur plus vif et plus savant
Il découvrira d'autres mondes
L'esprit languit comme les fleurs
Dont naissent les fruits savoureux
Que nous regarderons mûrir
Sur la colline ensoleillée
Je dis ce qu'est au vrai la vie
Seul je pouvais chanter ainsi
Mes chants tombent comme des graines
Taisez-vous tous vous qui chantez
Ne mêlez pas l'ivraie au blé
Un vaisseau s'en vint dans le port
Un grand navire pavoisé