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Autour d’une énigme, découlant de la découverte d’un fragment de blason attribué à un galion de l’Invincible Armada, démarre un voyage fascinant entre le passé médiéval et le présent d’une station balnéaire basque. De nombreux habitants se retrouvent impliqués dans cette chasse au trésor qui promet une conclusion inattendue et laisse présager une suite captivante pour Chasse au trésor à Bidart.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Georges Brau, ex-officier supérieur d’organismes spéciaux, nous plonge dans son vingtième roman, dévoilant l’univers de Bidart…
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Seitenzahl: 417
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Georges Brau
Chasse au trésor à Bidart
Roman
© Lys Bleu Éditions – Georges Brau
ISBN: 979-10-422-4116-2
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Éditions Esprit de tous les combats
Safari de Sarajevo au Darfour, 2005 ;
Éditions Libre Label
Loups de Guerre, 2007 ;
Nébuleuse, Afghane, 2009 ;
Éditions du Rocher
Passé par les Armes, 2013 ;
Mission spéciale au Sahel, 2015 ;
Éditions Les Eaux Troubles
Entre deux Feux, 2017 ;
Filière pour Mossoul, 2018 ;
Traque en Centrafrique, 2019 ;
Éditions Le Lys Bleu
Uchronie pour guerriers de l’ombre, 2019 ;
Labyrinthe en Libye, 2020 ;
Missing au Congo, 2020 ;
Peshmerga for ever, 2021;
Hallali de Libye au Haut-Karabakh, 2021 ;
Mission présumée d’Impossible, 2022 ;
Oran 1962 –, Alternative morbide, 2023 ;
Otages au Darfour, 2024 ;
Jeunesse
Éditions Mon Petit Éditeur
La Légende du dragon d’Orx, 2012 ;
Éditions Edilivre
Le secret des rives de l’Uhabia, 2015 ;
Éditions Le Lys Bleu
Le trésor des naufrageurs de l’île d’Oléron, 2018 ;
Chers lecteurs,
Je m’associe avec plaisir à la promotion du vingtième roman d’un de nos concitoyens, amoureux de Bidart.
La découverte inopinée sur la plage de l’Uhabia du blason d’un galion ayant fait naufrage dans nos eaux territoriales entraîne une palpitante enquête et une intrigue rocambolesque.
Au fur et à mesure de la lecture, l’auteur Bidartar réussit à nous faire revisiter notre commune sur l’échelle du temps : son riche passé historique, son présent partagé et ses préoccupations d’avenir.
Une évasion romanesque garantie où certains pourront se reconnaître ou découvrir de proches voisins.
Je vous en souhaite une heureuse lecture.
Emmanuel Alzuri,
Maire de Bidart
Photo d’anciens combattants décorés par l’auteur près du Maire après cérémonie patriotique.
Reproduction de la partie du blason retrouvé, toutefois à imaginer sans ses couleurs d’origine.
D’où cet extrait coloré pour le lecteur afin de mieux l’imaginer.
En prenant connaissance d’un récit volontairement abracadabrantesque, l’auteur tient à prévenir le lecteur de n’y découvrir que la modeste résultante d’un pur délire romanesque.
Délire très inspiré par sa débordante affection pour sa magnifique commune de Bidart et aussi pour ses non moins très sympathiques habitants.
Une inspiration consécutive à une matinale promenade sur la plage de l’Uhabia pour inopinément découvrir un fragment de blason provenant d’un galion espagnol.
En l’occurrence, un vestige historique, très étrangement ramené par le ressac de l’océan avant de s’échouer aux pieds de l’auteur, les bienvenues prémisses pour imaginer ce roman.
Comme pour tout roman, digne de ce qualificatif, toutes éventuelles ressemblances de près ou de loin avec des personnes connues ou non et autres évènements passés ou à venir ne seraient alors que de fortuites coïncidences.
Cependant, ainsi dit, plusieurs analogies criantes de vérité transpirent au sein de certains chapitres.
Le seul but étant de rendre ce récit à la fois divertissant et palpitant afin de partager une intrigue se transformant rapidement en une attrayante aventure policière.
Une originale consultation pour tout lecteur de sept à soixante-dix-sept ans, intéressés de la découverte du passé de sa commune et d’incontournables problèmes de son actualité et de l’avenir…
Pour un lecteur étranger à notre magnifique région, afin de se familiariser à l’environnement, apprenez que Bidart est une ville basque d’environ six mille habitants.
Toutefois avec une population qui triple son effectif l’été par l’afflux massif de milliers de touristes venus profiter de notre coquette station balnéaire. Celle-ci située entre d’autres belles villes accueillantes : Biarritz, Guétary et Saint-Jean de Luz.
Ce récit débute fin septembre 2023, période où unanimement avec la larme à l’œil, la majorité des vacanciers a quitté nos plages pour laisser place libre aux autochtones, heureux de se réapproprier leur littoral, enfin délivrés de nos sympathiques envahisseurs de l’été sur la belle côte basque…
AuXVIIe siècle, condamnée injustement par l’Inquisition et l’évêque de Bayonne à être brûlée vive sur l’ex-port de Bidart pour sorcellerie, la présumée sorcière Maria Zézaya aurait proféré la malédiction vengeresse suivante :
« Bidartars, soyez maudits à jamais ou jusqu’à ma réhabilitation »…
Au cours des dernières soixante-douze heures, les grandes marées d’équinoxe de septembre se firent violemment ressentir sur le littoral basque. Des tempêtes accompagnées de vents incessants et d’averses diluviennes, le tout à péniblement essuyer sans discontinuité.
Pourtant, d’habituelles intempéries de fin d’été, un phénomène sans rapport sur l’incidence médiatisée d’un néfaste réchauffement climatique. Celui-ci souvent développé n’importe comment et agrémenté à toutes les sauces par d’intégristes écologistes peu objectifs et à la mémoire déficiente et surtout sélective.
Bref, un flagrant déni sur des références météorologiques récurrentes de fin septembre et donc peu inhabituelles en cette attendue période d’équinoxe.
N’en déplaise à de sceptiques alarmistes, adeptes de contredire l’évidence d’un éternel cycle sur notre belle planète Terre et où plus que jamais il y fait si bon vivre…
En ce matin de fin d’été, un léger vent annonçait enfin la trêve de ces intempéries. Ainsi et aux yeux ravis de courageux lève-tôt, s’offrait en cadeau jubilatoire une magnifique aurore. Celle-ci auréolait tout l’horizon, véritable splendeur de la nature avec un ciel redevenu immaculé pour se confondre à un océan moins déchaîné que durant ces dernières maussades journées. Un sublime paysage à immortaliser par de multiples clichés sur ce radieux lever de soleil, affichant un cordial salut après sa longue absence durant un long créneau passé à l’espérer.
Comme magiquement, les averses discontinues s’espacèrent avant d’enfin disparaître pour procéder au rapide rangement des K-way, cirés et autres ponchos.
Toutefois, nul n’oubliant ces précédents déluges, les champs alentour encore inondés pour se le rappeler.
Au point qu’avec ironie, de plaisantins Bidartars annonçant l’absence d’impôt sécheresse cette année, sanction parfois arbitrairement décrétée par l’état.
Bref, la pluviométrie avait largement dépassé ses quotas référentiels et les nappes phréatiques débordaient. Ne pas s’étonner pourquoi une région si baignée de soleil restait si verdoyante avec de fréquentes ondées nullement étrangères…
Fidèle spectateur à l’avènement de l’aurore, inconditionnel lève-tôt, Paul venait de quitter sa maison, à sa montre juste six heures du matin.
Depuis déjà une quinzaine d’années, il possédait une villa coquette au sein de l’excentré quartier Maurice Pierre de l’accueillante ville de Bidart.
Pour lui désormais, un rituel que de rejoindre très tôt l’immense plage de sable fin de l’Uhabia. Magnifique aire sablonneuse, du nom de son cours d’eau, celui-ci venant finir sa longue course campagnarde pour se déverser dans l’océan atlantique.
« Uhabia » en langue basque désignait un lieu où l’on peut facilement franchir l’eau à pied, une sorte de gué…
Cependant et envers du décor l’été, la paisible rivière se voyait parfois critiquée par les baigneurs et autres plaisanciers. Les gros orages gonflant l’habituel débit provoquant un regrettable problème de pollution. Ainsi quand sujette à d’inévitables débordements de son lit, l’Uhabia drainait moult agents pathogènes récupérés au fil de son parcours avant d’ensuite les rejeter dans l’océan.
Dès lors, les systématiques relevées des maîtres-nageurs sauveteurs, en permanence attentifs à la sécurité des baigneurs, procédaient aux mesures d’hygiène requises, et si négatives, rendaient la baignade interdite…
Une décision à la suite du taux sanitaire toléré, et ce bien indépendamment d’une chaleur torride invitant fortement au bain, et ce redouté drapeau rouge hissé pour y interdire toute baignade…
L’aparté Uhabia et pollution clos, ce matin-là chez Paul étant synonyme de s’offrir une agréable promenade. Ensuite viendrait sa principale récompense, celle-ci dévolue à longuement admirer la beauté sauvage de l’océan et son magnifique lever du soleil.
À son âge avancé, cela le limitait à cette courte escapade et ce hélas aux antipodes d’une précédente vie sportive.
« La vieillesse étant un véritable naufrage », pour citer au passage une phrase du Général de Gaulle.
Cependant, philosophe, il admettait facilement de ne plus être celui jadis avoir été…
Seule encore en compensation, le cerveau restant bien d’attaque en comparaison du corps et muscles d’antan.
Au programme pour ce papi, une trentaine de minutes de marche à parcourir et en dénivelée négative pour l’aller. Interval temporel le séparant du quartier Maurice Pierre pour rejoindre le proche océan, trajet estimé à environ que cinq cents mètres à vol d’oiseau. Donc nullement un exploit…
Une habitude prise au début de sa retraite professionnelle, même si dorénavant n’y allant hélas plus comme auparavant pour longuement y nager, sport où il avait excellé.
Désormais, le septuagénaire ne s’y rendait que pour contempler ce formidable spectacle d’une mer moyennement agitée. Au point et dixit les amateurs de surf, d’aucun rouleau « prenable », qualificatif particulier à leur jargon technique.
Un constat négatif chez ces sportifs, synonyme de ne pas revêtir leurs combinaisons néoprènes et se remettre à l’eau.
D’où leur perceptible déception, agglutinés sur une butte de sable à scruter l’océan et envahis d’un commun regret de s’être levés si tôt pour au final ne rien entreprendre.
Sensation d’autant regrettable, que ces adeptes étaient en manque. Les trois jours auparavant du même acabit, avec un océan plus démonté qu’aujourd’hui et l’impossibilité de surfer ses irrégulières grosses vagues.
Là en ce matin ensoleillé et première belle éclaircie depuis soixante-douze heures, le Dieu Neptune semblait leur refuser sa bienveillante coopération. Ici comme sur toute la côte, nul surfeur ne se mettrait à l’eau, y compris à « Parlementia », autre spot de surf et sa vague recherchée nommée avec grand respect : « l’Avalanche »…
Quand parvenu à destination, d’un regard, Paul engloba la grande plage et où inlassablement son rivage demeurait balayé par le continuel ressac de la marée basse.
Premier constat qui provoqua l’esquisse d’un sourire de satisfaction, synonyme de fol espoir de découvertes de déchets rejetés par les vagues écumeuses à l’assaut du rivage.
Au hit-parade d’un rapide recensement domina la présence de bois de différentes tailles et d’origines diverses. Pêle-mêle, troncs d’arbres de différents calibres et autres diverses branches, ramenés d’Espagne par les forts courants marins traversant le très brassé Golfe de Gascogne.
Hélas aussi et regrettables parmi la cohorte d’essences diverses, dans leur sillage d’autres détritus ultras pollueurs. Liste non exhaustive, dont nombreuses bouteilles en plastique, tongs esseulées ou lunettes et nombreux mégots. Également des particules diverses s’entremêlant selon les circonstances à des cordages marins, des bribes de filets et lignes de pêcheurs, etc.
D’en conclure avec tristesse et sans se revendiquer d’être un écologiste convaincu, de l’affligeant constat d’un océan devenu une véritable poubelle. Un immense dépotoir à ciel ouvert essentiellement alimenté par l’homme ne maîtrisant plus l’envahissante et pollueuse société de consommation…
Pourtant, ce serait une vision qui échapperait aux futurs plaisanciers venus plus tard se prélasser sur ce sable. Celui-ci entretemps complètement dépollué de ces divers déchets par l’excellent service de nettoyage de la ville, mobilisé spécialement pour pallier.
En clair, des agents municipaux faisant le nécessaire pour y remédier et offrir aux vacanciers un lieu dépollué afin de continuer dans un cadre idyllique leur recherchée bronzette.
Chez ces hardis travailleurs de l’aube, un colossal travail avec deux à trois bonnes heures d’un job ininterrompu pour remplir à ras bord leurs imposantes bennes.
Un boulot peu facile, même si au grand air et sur un site hyper agréable. Cependant répétitif et à des heures indues avant que les premiers vacanciers ne viennent se prélasser sur l’accueillante belle plage de l’Uhabia.
Habitué d’assister au matinal ramassage, de préférence, Paul précédait légèrement l’efficace nettoyage municipal. Ceci afin de fureter librement à la quête d’une possible originale « trouvaille ».
Une désignation particulière nommant d’insolites bois flottés gracieusement offerts par l’océan pour y rejoindre son garage avec en projet de bizarroïdes assemblages.
Ce qui l’amusait en ces bois récupérés au hasard de ses pérégrinations se concrétisait par leurs représentations aux formes curieuses ou étrangement semblables aux figurines de personnages ou d’animaux imaginaires.
De quoi faire encore rêver le grand enfant que Paul ne cessait jamais d’être en dépit de son grand âge…
Avant de procéder à sa minutieuse recherche de pièces rares, son regard fut attiré par la présence à quatre cents mètres du rivage de six bateaux de pêche de Saint-Jean-de-Luz. De gros chalutiers venus « récolter » la recherchée algue rouge flottant à la dérive et précédemment décrochée des fonds par la tempête d’équinoxe.
Une algue nommée scientifiquement « gelidium », laquelle après traitement deviendrait une poudre dénommée « agar-agar ». Ingrédient à destination de l’alimentaire et en biotechnologie pour divers composants de produits de beauté.
En l’occurrence, pas une mince entreprise que cette récolte océanique. Une production annuelle de trois cent cinquante tonnes débutant mi-septembre pour une durée de quatre à cinq mois. Intermède rémunérateur pour ces courageux et dynamiques équipages de marins avant de reprendre l’habituelle pêche aux merlus…
L’aparté pêche close, sa casquette enfoncée face à la brise du bord de l’eau, à la suite des inventaires inintéressants, apparu dans de proches clapotis, Paul crut entrapercevoir une planche de surf sectionnée. Elle ballottait au gré des flots avant de s’échouer et rejoindre la cohorte des multiples déchets charriés par l’océan.
Une anodine planche cassée, nullement un scoop sur la côte basque, le surf ici, un sport national, tout sexe et âge confondus.
D’où la fréquence chez de malchanceux adeptes subissant ce type d’accident à marée basse où d’invisibles rochers affleurent sournoisement la crête des vagues.
Aussi et quand heurtés de plein fouet, ces écueils responsables d’irrémédiables dégâts de ce type.
En s’en approchant, Paul estima sa longueur à environ un mètre. Puis et à mieux y regarder, il en conclut d’être plus épais qu’une classique planche de surf. A priori, dépassant du double de l’épaisseur d’une « Longue-Board ».
N’hésitant pas à se mouiller les pieds afin de récupérer l’énigmatique « trouvaille », comme il aimait tant à désigner ses récupérations, Paul fut catégorique et statua de n’être nullement en présence d’un débris issu d’un surf.
À croire, se surprit-il, qu’il doive porter des lunettes, puisqu’à l’évidence rien de commun avec une planche de surf.
Aussi, prit-il tout son temps pour regarder à quoi cela se rapporterait, et ce dans la mesure où son inspection lui en apprendrait davantage.
Perplexe, l’expérimenté ramasseur opta sur un peu singulier morceau de bois, lequel certainement appartiendrait à un plus important ensemble, voire de plus imposant.
De visu, ce bois ne serait pas de première jeunesse, un rapide diagnostic confirmé et là sans nul besoin de lunettes. Donc l’idée première de prématurément en conclure à provenir d’un vieux bateau.
Autre indice important, la brisure constatée n’était pas nette et donc jugée d’accidentelle.
Puis et à beaucoup mieux y regarder et au point de subitement le consterner, l’étonnement fut à son paroxysme. En effet, il apparut à Paul une incrustation semblable à l’esquisse d’un large dessin et à la sidérante ressemblance de la partie latérale d’un blason médiéval.
Ses études de jeunesse aux Beaux-arts l’avaient précocement initié à l’héraldique, la science particulière répertoriant l’étude des blasons.
Cependant, sa lecture en fût altérée faute à des contours peu nets d’une part et d’autre part à la suite de sa longue exposition marine, les couleurs et le tracé effacé par endroits.
Conscient de sa modeste érudition, ces deux constats mis bout à bout, pour Paul impossible d’en reconnaître son origine. Ceci rendu d’autant difficile et délicat par les incrustations ayant complètement perdu leur coloriage initial.
Toutefois, une petite idée germait dans le cerveau en ébullition de l’ami Paul.
Sa première difficulté, le fait de ne pouvoir en obtenir un meilleur déchiffrement car le dessin non entièrement restitué.
Cependant et familièrement appelée « trouvaille », les contours étaient cisaillés presque à plus d’un tiers de ce devant représenter le blason, du moins quand complet dans son ensemble.
De quoi correspondre à l’énigme d’un puzzle à construire, mais hélas avec trop de pièces essentielles manquantes pour en imaginer ce que serait sa restitution.
En revanche et si son hypothèse confirmée avec le peu d’éléments déchiffrés d’être bien en présence d’un beau blason médiéval.
Pour l’heure et faute de manquer d’éléments précis, impossible déjà d’en définir son pays d’appartenance et tout aussi primordial ensuite, la famille revendiquée.
Le B à BA d’un processus avant chaque identification de blasons et une regrettable et imprécise réminiscence de ses études artistiques au cours de sa lointaine jeunesse
Autre problème indépendamment à son appartenance, ce conglomérat devait peser pas loin des vingt kilogrammes. D’où des difficultés musculaires et d’inévitables bains de pieds prolongés avant que Paul ne parvienne à transporter au sec sa « trouvaille ». Puis, satisfait de son effort en dépit d’une énigme irrésolue, un sourire de vainqueur s’esquissa sur son visage, convaincu de réussir plus tard à l’élucider.
En attendant et autre difficulté immédiate, il s’interrogea de comment le remonter jusqu’à son chemin de Mahénéko, sa résidence. Là où sa « trouvaille » trouverait refuge avec d’autres bois-flottés y squattant déjà…
Toutefois, et avant de parvenir à sa villa, resterait une belle dénivelée à affronter.
Une côte certes rassurante en cas d’éventuel Tsunami, sa villa ne serait jamais inondée. Cependant et revers de la médaille, très épuisante pour le papi qu’il était devenu et lourdement lesté avec vingt kilogrammes de bois peu malléable car d’un bloc compact.
Ainsi et à la réflexion et en sage solution, de ramener son butin en voiture. Là s’inscrivit un tout autre problème, car pour quérir son véhicule, entretemps demeurait le risque de se faire dérober son « trésor ».
Réactif, il demanda poliment à Juan, un ami et agent municipal nettoyeur du matin, d’avoir momentanément un œil sur son morceau de bois. Une sécurité afin que sa « trouvaille » ne finisse pas dans une benne ou qu’un autre inconnu ne vienne à se l’approprier.
Dès lors, ironique, le sourire aux lèvres, le jeune conducteur du tracteur l’interpella.
— Franchement Paul, personne ne viendra te piquer ton bloc de bois ! Même pas bon à faire brûler dans la cheminée.
— Tu as raison Juan pour la cheminée. Trop de sel d’incrusté dans ses veines à la suite de sa longue exposition dans les fonds marins. Mais mon petit doigt me dit que peut-être plus tard, ce bloc vaudra son pesant de cacahuètes. Tu verras, on en reparlera et promis juré, je t’en ferai la primeur, mon jeune ami.
Face à la mimique dubitative de Juan, afin de plaider sa cause face au scepticisme affiché par son jeune ami, Paul lui demanda.
— Regardes-y bien à deux fois Juan. Surtout ce dessin bien peu apparent et ressemblant comme si pyrogravé. Il ne te rappelle rien et te concernant directement ?
Circonspect à la devinette proposée, Juan s’attarda sur ce ayant l’allure d’une sorte de pyrogravure, mais n’en étant nullement une quant à sa réalisation.
D’autant qu’à mieux l’inspecter, l’océan avait effacé les couleurs origines et le dessin hélas bien incomplet.
Aussi, cela n’interpella guère davantage Juan et sa mimique négative y répondit plus que ne le feraient de vains mots.
Charitable et afin de l’aider, car au risque d’y passer leur matinée, Paul lui demanda de repenser à ses origines nationales.
Juan était petit-fils d’Espagnol, naturalisé depuis Français, comme d’ailleurs ses géniteurs.
Confronté à ce jeu de devinette, Juan n’excella pas davantage, aussi Paul l’aiguilla précisément sur un important indice.
— Ne me dis pas que tu ignores le blason de l’Espagne ?
— « Oh puta-madré », jura spontanément Juan, c’est le pilier du blason que l’on voit là, n’est-ce pas Paul ?
— Bingo amigo. Il s’agit bien là d’une des deux colonnes d’Hercule entourant le blason créé à l’époque du XVIIe siècle par l’empereur et roi de Castille et d’Aragon, le célèbre Charles Quint en personne. Peut-être donc et dans la mesure où je ne m’égare pas de trop, ce curieux bloc de bois appartiendrait à un des fiers galions de l’Invincible Armada…
— Tu le crois vraiment ?
— Pour dire vrai, partiellement mon ami. Mais depuis sa découverte, j’aime cependant rêver à sa prodigieuse éventualité. Plus tard, j’en aurai le cœur net, d’abord en procédant à une précise datation de ce bois. Passe ce soir chez moi prendre l’apéro et je t’en dirai beaucoup plus.
Juan garda précieusement ce qu’il considérerait désormais telle une relique. Toujours autant ébahi par cette confidence qu’il considéra alors avec beaucoup plus de respect, semblable à celui qu’il affichait habituellement envers son découvreur.
L’agent municipal n’ignorait pas la personnalité de ce vieil ami, dont son érudition, puisque réputé à Bidart d’avoir écrit plusieurs livres. Mais connu aussi pour au temps de son activité professionnelle d’avoir été colonel parachutiste.
D’un abord naturel sympathique, ce papi ne s’étendait jamais sur son glorieux passé vécu par monts et par vaux dans des pays lointains où La France jouait souvent les gendarmes ou serviteurs de l’ONU. Sobre dans sa tenue estivale, rien de laissant penser à une telle singulière et très honorable profession.
Volontiers sociable, en permanence, Paul recherchait le contact avec tout un chacun. Le tout et sans l’idée de se vanter de ses nombreuses médailles dont les plus prestigieuses de la République française…
Plutôt rassuré que Juan garde son trésor, Paul remonta aussi vite que possible afin de rechercher sa voiture au chemin Mahénéko, affrontant d’un pas alerte la montée plutôt raide pour ses genoux.
Chemin faisant, il évaluait déjà ce qu’occasionnerait dans les jours prochains sa fabuleuse « trouvaille ».
Dont à prévoir, plusieurs péripéties et rebondissements qui ne passeraient pas inaperçus dans sa commune. Et peut-être aussi de bientôt l’entraîner dans une aventure palpitante.
À ce propos, si Paul en avait imaginé le centième de ses conséquences, peut-être alors qu’il n’aurait jamais récupéré cette partie de blason.
Mais avec des si, on pourrait bien mettre toute la ville de Bidart en bouteille…
Ce qui fit sourire Paul en remontant le cœur joyeux vers Maurice Pierre.
Toutefois, un parcours en appréhendant déjà l’accueil mitigé de son épouse. Notamment, quand celle-ci confrontée à son imposante « trouvaille ».
Probablement qu’elle serait peu enthousiaste à voir de nouveau encombrer leur garage avec d’envahissantes récupérations de son mari. Un caprice qu’elle lui concédait volontiers, car à part lectures et écritures comme passe-temps favoris, il fallait bien aussi que le retraité s’occupe autrement.
Sous-entendu, sa retraite n’étant pas sa tasse de thé préférée, notamment après son active et dangereuse vie militaire accomplie durant plus de quarante années, profession en permanence menée par monts et par vaux.
Bref, certainement des explications agitées en perspective et d’inévitables concessions réciproques avant d’accepter l’arrivée prochaine de la toute dernière « trouvaille » de Paul…
Bien aidé par Juan et au prix d’un bel effort de manutention, Paul chargea dans son coffre l’encombrante pièce de bois. Puis, le souffle repris, il s’empressa de remercier son jeune et costaud ami pour sa double collaboration, d’abord pour l’efficace gardiennage et ensuite l’aide musclée apportée.
Au préalable, Paul avait pris soin de protéger le réceptacle par un vieux poncho. Une précaution en prévision d’éviter de se faire doublement enguirlander par son épouse.
En effet, car en plus de squatter leur garage, aussi le risque de davantage salir l’habitacle du véhicule.
Sans être super devin, il y aurait fort à parier que Madame soit peu encline à apprécier à sa juste valeur cet autre imposant trophée. Il viendrait prendre beaucoup trop de place au sein d’un endroit déjà regorgeant de nombreuses boiseries entassées en vrac.
Au point parfois de s’imaginer un Paul désireux d’imiter le douanier Rousseau en érigeant d’étonnantes constructions à base de ses récupérations.
En son for intérieur, son épouse en subodorait l’idée…
Sans exagération, leur garage était envahi, au point de bientôt en interdire le refuge à leur deuxième voiture. Mais plutôt conciliante, la charmante épouse n’ignorait nullement le dada de son mari envers ces choses inutiles et récupérées lors de rituelles pérégrinations matinales.
D’où et de pêle-mêle à entasser d’originaux bois flottés aux formes bizarroïdes. Là et où seuls la nature et l’océan réussissaient à en sculpter d’étonnants contours et leur attribuer si singulière allure.
Cependant et même en se forçant à beaucoup d’imagination, Madame Paul n’y verrait jamais de pittoresques silhouettes humaines ou animales, comme parfois son Paul le prétendrait avec conviction.
D’un naturel charitable, elle refoulait sa critique et ne lui en faisait que peu ou prou le reproche et sans cependant ne jamais abonder à devoir partager ses étranges imaginations.
Après une bonne cinquantaine d’années de vie conjugale, découvrant ébahie l’étrange colis offert par l’océan, d’emblée et tout naturellement elle s’en étonna.
Cependant et son flair légendaire y aidant, elle demeura intriguée par l’air soucieux affiché par son époux. Attitude ne lui ressemblant guère après ses joyeuses découvertes de « trouvailles ».
Terme volontairement employé aussi par Madame, même si peu précis. Mais elle aimait à l’utiliser, l’empruntant à l’occasion au typique vocabulaire de son mari.
Or et toujours préoccupant, resterait à déceler la raison rendant son Paul si anxieux. Et ce en dépit d’avoir annoncé l’hypothèse d’avoir peut-être devant eux les prémices d’un imminent trésor historique.
Une façon contrastée qui attira d’emblée la curiosité de son épouse et non en lieu et place d’exulter son légitime courroux pour s’opposer à chaque peccadille récupérée sur la plage.
Volontiers, taquine afin de faire réagir un Paul prostré dans l’expectative, gentiment elle l’apostropha pour en avoir le cœur net.
De toute évidence et face à elle ce matin, son mari Paul demeurait bien perplexe. Comme si quelque chose le chagrinait, mais sans pour autant vouloir s’en confier, alors qu’en règle générale aucun secret existant au sein de ce vieux couple.
— Tu n’as pas l’air du tout dans ton assiette, c’est ton retour en voiture qui t’a épuisé ?
Un sourire répondit au trait d’ironie de son épouse. D’où un Paul étonné qu’aucun reproche n’accompagne sa récupération venant sérieusement augmenter l’encombrement de leur garage. Pourtant, il s’y était préparé, ses arguments de défense bien en tête et fin prêt à les partager afin de se dédouaner un minimum…
— Non nullement chérie. Pour tout t’avouer, je crains d’avoir mis la main sur une vieille page d’histoire et aux conséquences peu maîtrisables. D’où et après réflexion, ma légitime inquiétude. Toutefois, encore trop tôt pour te la faire partager. Des éléments essentiels non encore établis à ce stade prématuré.
— Quoi qu’il en advienne par la suite, tu as toujours le chic pour davantage te compliquer la vie. Comme si pas assez de soucis comme cela avec certains de tes éditeurs…
L’allusion à de récentes embrouilles avec un des éditeurs de ses dix-neuf livres publiés avait perturbé Paul ces derniers temps. En clair, un éditeur tombé en faillite et lui devant toujours de conséquents droits d’auteur. Évènement d’autant dommageable, puisqu’en règle générale, ses bénéfices reversés à une association caritative.
Bref de quoi augmenter son ressentiment à l’encontre de ce peu scrupuleux individu, lequel depuis complètement sourd à ses nombreuses et légales réclamations.
Cependant, d’envisager un procès étant plus onéreux que les droits d’auteur réclamés, sans compter les multiples énervements accompagnateurs, la maison d’édition stationnée en Suisse…
L’aparté de conflit revenu sur le tapis et désireuse d’éviter de rallumer les braises d’un feu couvant sournoisement et n’attendant que la moindre étincelle pour s’embraser, diplomate, l’épouse changea de sujet.
Curieuse de nature, elle persista d’en connaître davantage sur la si énigmatique « trouvaille ». D’où ce questionnement direct et avec beaucoup de suite dans les idées :
— Si trésor potentiel et vraiment le cas, peux-tu m’en confier davantage ? Car indépendamment de son poids et de son imposant encombrement, à première vue, ta « trouvaille » me semble anodine et cela dit sans vouloir nullement te vexer.
— Détrompe-toi, ma chère, dans la mesure où mon hypothèse ne vienne à se concrétiser, je ne sais trop comment m’y prendre pour la faire reconnaître comme telle. Si ce n’est d’au plus vite rechercher à la faire expertiser en datation et en définir sa supposée historique appartenance.
— Si tel est vraiment le cas, elle a surtout besoin d’un bon nettoyage, trop d’algues et autres petits coquillages collés à divers endroits.
— Oui, tu as raison. Cependant, je vais attendre qu’elle sèche un peu avant d’entreprendre un minutieux curetage. Une précaution, car en aucun cas je ne voudrai l’abîmer davantage.
L’épouse éclata de rire, avant de vite renchérir :
— Ta chose vient de passer un long bail sous la mer et toi tu crains de l’abîmer ? Décidément, tu m’amuseras toujours, Paul…
Comprenant qu’elle n’avait pas tout à fait tort, haussant les épaules en guise de réponse à la méritée boutade, Paul regagna son bureau afin de consulter son ordinateur.
Une idée venait de l’interpeller, d’où son empressement à l’exploiter afin d’en avoir le cœur net et clore ainsi sa préoccupante expectative.
En effet, une question le taraudait et il l’exprima sur le clavier de son PC. En clair, peut-on facilement dater du bois à l’aide du carbone 14, et ce après une longue exposition sous la mer ?
Ses notions en chimie n’avaient jamais eu trop d’intérêt lors de ses études secondaires. En la matière, ses résultats scolaires assez médiocres et de rechercher rapidement à y remédier…
Comme espéré, le moteur de recherche Wikipédia lui donna instantanément la réponse attendue. Voire le soulagea grandement, même si ne répondant pas précisément à la datation de l’énigmatique « trouvaille ».
En règle générale, la science de la dendrologie attestait de la possibilité à faire parler la datation de n’importe quel bois. Lors d’une recherche d’ancienneté, celle-ci étant mesurable jusqu’à une période ne dépassant pas les cinquante mille ans. Et ce, avec une fiabilité de plus ou moins trente années. Ce qui serait minime, pour ne pas dire insignifiant.
Donc très compatible à la prochaine recherche à entreprendre. Ne resterait plus à contacter la ou les personnes idoines afin de déterminer sa nature et d’en estimer l’approximative datation.
Pour sa nature, une première idée lui conseilla d’appeler son ami Tonio, grand collègue de son association des Anciens Combattants de Bidart et excellent connaisseur en ébénisterie. Lui saurait identifier ce matériau et ses origines et comme à son habitude, serait d’un excellent conseil.
Ensuite, Paul demanderait l’avis compétent d’une autre belle connaissance. Celle-ci féminine et prénommée joliment Lydia, actuelle secrétaire du maire et rédactrice en chef du Bulletin municipal, Info/Bidart.
Par ailleurs, une jolie personne sympathique, laquelle ne manquait jamais de lui faire une large publicité de ses livres sur les pages cultures de son réputé bulletin.
Son mail envoyé, la réponse ne tarda pas. Lydia toujours autant serviable et répondant à toute sollicitation, et ce en dépit de sa fonction ultra prenante en mairie.
Elle lui annonça qu’elle se renseignait de ce pas et ne tarderait pas d’indiquer le scientifique le plus proche et en mesure de procéder urgemment à la demande de datation.
Toutefois, intriguée, avec de la suite dans les idées, elle posa la pertinente question si un quelconque rapport au livre de Paul intitulé : Le secret des rives de l’Uhabia.
Un amusant roman pour la jeunesse écrit par Paul en 2015. Bouquin, vieux de huit ans déjà, constat indéniable du temps passant si vite…
L’allusion de Lydia posait l’opportun questionnement si Paul n’avait pas de nouveau plongé dans ses prolixes élucubrations romanesques…
Référence à ce roman conçu avec fortes documentations historiques sur Bidart et où y était question d’un bateau baptisé « Terra Nostrum ». Celui-ci ayant fait naufrage devant l’ancien port de Bidart, à l’époque révolue du Moyen-âge.
Période où sur leurs solides barques, cela permettait aux téméraires harponneurs de chasser les baleines avec en perspective de grosses ressources pécuniaires pour ces ancêtres Bidartars…
Réceptif à l’allusion et s’évadant volontiers quelques instants afin de revisiter l’histoire amusante de ce précédent roman, Paul se souvenait bien d’avoir procédé à plusieurs recherches historiques. Ceci afin de les adapter sur des faits relatifs à l’existence d’une sorcière ayant proféré des malédictions après avoir été condamnée au bûcher par l’impitoyable Inquisition au XVIIe siècle conduite par l’évêque de Bayonne.
Selon la vieille légende colportée sur cette Marie ou Maria Zézaya, ou aussi baptisée Zozaya selon d’autres témoignages, ses malédictions sataniques auraient provoqué l’ensablement à jamais du port de Bidart. À cela s’ajouteraient d’autres désastreuses calamités pour les Bidartars ayant assisté à son supplice et ce jusqu’à peut-être en impliquer pour l’éternité leurs descendants…
Ce même port où elle fut condamnée au bûcher selon certaines sources ou bien et selon d’autres rapporteurs de l’époque, à un enfermement à vie, ses os brûlés après sa mort et jetés dans l’océan.
Pour Paul, ce fut une suite de longues recherches historiques sur des documents conservés à l’évêché de Bayonne et relatifs à ce procès et à la condamnation, ainsi que sur ces prétendues malédictions proférées par cette présumée sorcière Zézaya.
Dont principalement le naufrage de galions espagnols appartenant à l’Invincible Armada, consécutivement à l’inattendue tempête déclenchée par les prétendus maléfices de cette Zézaya.
Ces galions pourtant fraîchement rescapés des combats navals perdus à Gravelines contre les Anglais…
Afin de donner l’indéniable crédit à ces réels naufrages sur nos côtes du Golfe de Gascogne, s’était récemment concrétisée la surprenante et inédite découverte d’une « couleuvrine ». L’ancêtre de l’arquebuse et du mousquet au XVIIe siècle et dont étaient équipés les vingt mille soldats de l’Invincible Armada. Une flottille importante, avec pas moins de cent trente galions et de huit mille hommes d’équipage, dont deux mille galériens.
En effet, cette « couleuvrine » en parfait état de marche, si l’on excepte sa rouille, fut effectivement découverte au large de Bidart par le club sportif de plongée de Biarritz.
Dans la foulée, sa découverte intéressa un dénommé Robert Max, un Américain réputé comme le meilleur chercheur d’épaves au monde. Pour exemple, il avait investi vingt millions de dollars pour rechercher un gros galion espagnol, la « Flora Del Mar », épave qu’il retrouva en Malaisie. Une grande découverte ayant provoqué un engouement pour la recherche de trésors sur des épaves dans les profondeurs marines. D’où ces nouveaux aventuriers des temps modernes, lesquels se multipliaient, avec de nombreux trésors récupérés et leur immédiat enrichissement.
Indépendamment de ces trésors marins, ce Robert Max était surtout connu pour être le père de l’archéologie sous-marine, avec plus de cinquante traités en faisant officiellement référence.
Bref, hélas pour la « couleuvrine » de Bidart, l’ensablement de ces fonds marins fut jugé trop important. De quoi clore d’éventuelles futures recherches de ces galions ayant fait naufrage au large de nos côtes.
Une énigme toujours sans réponse et exclusivement par faute de moyens d’investissements.
La région ayant carrément refusé à investir des fonds pour que cet Américain recherche au large de l’Uhabia ce ou ces galions.
Ce qui fut regrettable dans l’hypothèse où les présences avérées de ces bateaux de guerre et autres riches caraques (navires marchands) et de leurs épaves reposant si proches de la commune de Bidart…
La parenthèse recherche d’épaves par cet Américain close, l’ami Tonio aussitôt appelé se présenta au chemin Mahénéko.
L’entraide entre Anciens Combattants n’étant nullement une légende. D’autant aussi qu’un fort lien les unissait, Paul lui ayant fait obtenir la décoration de chevalier de l’ordre national du mérite pour ses très méritoires vingt années de porte-drapeau des Anciens Combattants.
Au cours de la cérémonie patriotique à Bidart célébrant l’armistice du 11 novembre, l’ex-colonel eut également l’honneur de décorer son grand ami sur la belle place et son Monument aux Morts…
Après étude détaillée de la « trouvaille », durant quelques instants, Tonio demeura circonspect.
Puis, il pesa ses mots avant d’annoncer son verdict à un Paul très attentif.
— Selon mon humble avis, ta « trouvaille » n’est nullement issue d’un chêne ou d’un hêtre comme l’étaient construits la plupart des bateaux en bois. Je les en exclus, et ce au profit d’une essence exotique. Là et hélas, je suis incapable de précisément l’identifier, car il y en a de toutes sortes de par le monde.
En revanche, Tonio lui affirma que les symboles relevés sur le dessin de ce blason étaient bien l’œuvre d’un travail d’artiste. De l’excellent boulot d’orfèvre réalisé pour concrétiser ce morceau de blason accolé à la grosse pièce de bois.
Notamment et apparents, deux vieux rivets en bois datant d’une vieille époque et joignant aux deux extrémités ce support à une fine plaque où figurait l’espèce de pyrogravure.
En faîte, celle-ci n’en étant nullement une comme initialement suggérée par Paul et comme on procédait de nos jours à l’aide d’une source de chaleur.
À mieux y regarder à la loupe, c’était une fine sculpture réalisée essentiellement au précis ciseau de bois. Une gravure d’art finement exécutée par une main très experte, tant le travail restitué propre et ultra précis.
Pour Tonio, cela lui évoqua l’art de faire des Compagnons d’autrefois et autres grands bâtisseurs de cathédrales.
En final de son verdict professionnel, nul besoin supplémentaire à faire appel comme suggéré par Paul au carbone 14.
Pour Tonio, il s’agissait d’une vieille pièce datant du Moyen-âge. Le Basque prêt à parier gros et Paul ne douta nullement de son indéniable appréciation.
Cependant, sans déjà ne renoncer à la compléter plus tard par un avis supplémentaire. Notamment, si Lydia lui trouvait le scientifique pour en confirmer une plus précise datation.
Resterait ensuite à connaître l’essence de ce blason, mais ceci demeurant secondaire et en fait bien peu important.
En effet, si du XVIIe siècle, l’Espagne rayonnait dans le monde et avec surtout les Indes où elle possédait de nombreux comptoirs marchands. D’où l’éventualité de posséder moult bois exotiques pour sculpter de tels superbes blasons.
Paul avançait dans les recherches entreprises et son excitation montait crescendo. Il n’avait plus qu’une hâte, celle d’entériner les résultats de sa « trouvaille ».
Il réfléchissait en faisant attention de ne pas trop se précipiter, l’important étant de ne pas brûler les étapes et d’inutilement s’enflammer.
Car et en cas possible d’éventuel échec par exemple de totalement se tromper ou plutôt se méprendre, il pourrait amèrement le regretter.
D’où de se calmer avant d’entamer les prochaines démarches, au point de ressentir quelque chose qu’il croyait ne plus exister dans sa paisible vie de retraité.
Effectivement perçue, une légère tachycardie venait subitement de s’inviter, signe avant-coureur de l’avènement d’une prochaine jouissive adrénaline…
Quand Tonio reparti et vivement remercié par Paul pour son pertinent diagnostic, lequel allant dans le même sens des espérances du découvreur, de retour au bureau, l’ex-colonel consulta de nouveau son ordinateur.
Là son but concernant les identifications de blasons, toujours en exploitant l’excellent moteur de recherche Wikipédia.
Il ne mit guère de temps à trouver un exemple ressemblant à l’inédite « trouvaille ». Celle concernant l’apparente colonne d’Hercule, identique au dessin représenté sur la boiserie véhiculée au gré des flots par ce bel océan.
Seule différence, l’original en photo présentait des couleurs éclatantes et bien contraires à celles effacées sur sa relique.
Pour le profane, ce que n’était nullement Paul, on expliquait que ces colonnes sur le blason d’Espagne faisaient référence aux rochers du détroit de Gibraltar. D’où l’allusion à la mythologie grecque et aux imposantes colonnes d’Hercule.
Ensuite et ce concernant non pas la griffe mais la serre, rectification de Paul puisque s’agissant d’un aigle impérial, celle sur sa « trouvaille » y était peu percevable, au point de presque l’imaginer.
En revanche, absolument en rapport avec l’aigle impérial revendiqué par l’empereur Charles Quint, roi de Castille et d’Aragon. D’où et par déduction, ce galion devant appartenir à sa flotte. Ou bien et autre hypothèse, à celle de l’héritier de ce célèbre empereur, son fils aîné Philippe II, lequel lui également roi de Castille et d’Aragon…
Dès lors pour Paul, d’oser faire le rapprochement avec l’Invincible Armada en 1588 sous le commandement d’Alonzo Perez de Guzman, et entraîné dans sa logique, il en franchit le pas.
Ainsi et avec son excellent moteur de recherche, il revisita le portrait de ce célèbre amiral aux 130 bateaux composant sa belle Armada et commandée sous le règne de Philippe II.
Comme Archimède dans sa baignoire, Paul eut envie de crier « Euréka » !
Toutefois, il se retint de justesse, d’abord par crainte de davantage inquiéter son épouse.
Sous-entendu que sa patience envers son mari et même si en règle générale plutôt exemplaire pourrait à l’avenir montrer d’inextensibles limites à ne pas dépasser, sinon gare aux légitimes représailles se concrétisant en simples reproches…
Le pouls s’accélérant et avec son meilleur remède pour y pallier, et ce indépendamment d’aucunement avalisé par la médecine, Paul éprouva le besoin d’un immédiat remontant.
Quand pris, cela libérerait son esprit, et sagement il réfléchirait mieux à comment poursuivre son enquête et sur la meilleure façon d’aborder d’inévitables problèmes à vite surmonter.
Pratiquement convaincu, la preuve pour Paul était faite et comme quoi son « vulgaire morceau de bois », comme critiqué par son épouse, était en réalité un fragment de blason.
Qui plus est, ayant appartenu à un vieux galion gisant non loin de l’Uhabia et au fond de cet océan.
Plus tard ensuite, il serait intéressant de confirmer si celui-ci aurait ou pas appartenu à l’Invincible Armada de feu ce célèbre amiral Guzman.
Cependant et déjà même sans affirmation sur ce précis détail, comme annoncé à son jeune ami et complice Juan, probablement que les jours prochains, il vaudrait son « pesant de cacahuètes ». En attendant cette consécration, excité et visiblement heureux, Paul s’offrit un bienvenu Jack Daniel’s. Son nectar préféré et ce même si tout juste l’heure raisonnable pour prendre l’apéro. D’ailleurs, Tonio avait courtoisement refusé son offre de trinquer afin de le remercier de son pertinent avis de professionnel.
Bref, pour son sage ami, encore trop tôt pour trinquer.
Les émotions donnant soif, aussi Paul fêterait esseulé l’identification de son trophée. À l’évidence et sans exagération, ses répétitives recherches pour identifier sa « trouvaille » lui avaient asséché les muqueuses.
Un suspens se terminant pour l’heure sous ses meilleurs aspects. Ceci avant d’entamer la procédure idoine avant de la faire découvrir à ses sympathiques concitoyens…
Désaltéré, le pouls redevenu normal, comme quoi la médecine devrait peut-être s’en inspirer, dit-il en plaisantant, l’ex-colonel décida d’au plus vite faire partager son trésor avec sa commune.
Une décision entérinée après avoir dégusté avec délectation son nectar préféré.
Paul préjugea avec conviction que ce trophée appartenait aux Bidartars, et ce au même titre que ne l’était la plage de l’Uhabia. Celle-ci partie intégrante de Bidart et de ses habitants, bien qu’aussi largement ouverte aux voisins de Guétary et aux permanents touristes.
Pour entériner sa démarche, son amie Katline, la patentée correspondante du journal local « Sud-Ouest », en fut tout logiquement informée.
Une très sympathique journaliste qui n’hésitait jamais à faire d’éloquents articles sur l’écrivain Paul, le désignant sous le pseudonyme très flatteur : « du plus prolixe des auteurs de Bidart »…
Nantie de ce scoop, Katline ne manquerait pas de publier un beau reportage avec photo de la « trouvaille » et son texte attestant de sa présumée identification.
De quoi probablement déclencher une prochaine chasse au trésor sur les rivages de la commune et d’attirer la curiosité générale. Y compris celle-ci à toute la région et jusque chez les proches voisins espagnols. Car les concernant particulièrement, cela raviverait l’histoire de leur Invincible Armada et le funeste destin de certains galions ayant fait naufrage près de cette ville basque.
Une tragédie ne les laissant nullement indifférents et surtout curieux pour qu’on puisse peut-être retrouver les épaves après tant de siècles passés.
En y réfléchissant, tout en dégustant son deuxième Jack’s, Paul recherchait l’inspiration comme si confronté à une préoccupante page blanche d’écrivain, expérience déjà endurée.
Au fur et à mesure de sa cogitation, il prit conscience d’avoir déclenché et sans trop l’appréhender, de l’avènement d’une sorte de bombe incendiaire et aux retombées peu maîtrisables.
En clair, de nombreux effets collatéraux à craindre, dont certains totalement inattendus.
Aussi et dans l’urgence où se dévoilant, de tenter à les canaliser et par faute de n’avoir pu en amont mieux les appréhender.
À ce stade précaire, Paul avoua de n’en maîtriser aucun, momentanément condamné d’attendre avec grande crainte d’irrémédiables conséquences…
En effet et comme escompté, l’excellent article sur le Sud-Ouest de la non moins belle plume de Katline avec photos à l’appui obtint un énorme succès.
Un scoop immédiatement relayé par les incontournables et prolixes réseaux sociaux. Ceux-ci se multipliant à l’infini et occasionnant pour la circonstance une exceptionnelle et très inédite ouverture de chasse au trésor pour la ville de Bidart.
La déferlante qui s’en suivit devint comparable à un gigantesque tsunami, dépassant largement et au centuple l’effet présumé. Une grosse vague plus énorme que dans les plus pessimistes et modestes prévisions de son auteur.
Bref, l’engouement général s’inscrivit d’omniprésent et au centre de toutes les conversations.
Afin d’en décrire l’impact sur de nombreux foyers, nombreux Bidartars se déclaraient fins prêts à accaparer ce trésor quasiment à portée de main. Du moins, en oubliant les peu accessibles fonds marins.
En effet, il devenait envisageable d’accaparer une épave dormant depuis quatre siècles si proche de la magnifique plage de l’Uhabia. Lieu de farnienté très fréquenté par ses riverains et ses milliers de touristes venant chaque été pour s’y baigner.
Pour preuve, les campings à la ronde toujours pleins à craquer, la station balnéaire affichant joyeusement complet tout l’été…
Ainsi et lors des deux matins succédant sa découverte, complètement effaré, Paul s’aperçut de l’effet produit à la seule déclaration de sa « trouvaille » si bien décrite par Katline.
Ses yeux furent limite exorbités face au monde squattant le proche rivage de l’Uhabia en ces heures matinales.
De mémoire, du jamais vu…
Beaucoup de curieux locaux, voire du département, vinrent ainsi le rejoindre sur la plage afin d’en priorité retrouver la partie manquante du blason.
Conjointement à l’énorme engouement et afin de décupler l’intérêt de prochaines recherches, plusieurs prétendus mécènes se firent connaître.
Au programme, un entreprenant sponsoring promettant de récompenser royalement celles ou ceux venant à retrouver une autre pièce à cet énigmatique puzzle.
D’où ces déferlements hyper matinaux, presque comparables au siècle dernier à la spontanée fièvre de la ruée vers l’or…
Dans le même registre, curieusement d’autres n’hésitaient pas à s’aventurer jusqu’au reculé chemin Mahénéko. Ceci dans le but de cavalièrement tenter de rencontrer l’auteur de la fabuleuse « trouvaille » parue en gros titre sur le journal régional Sud-Ouest.
Parmi la catégorie de visiteurs, d’anonymes personnes en quête de recueillir son avis sur la probabilité optimiste d’avancer au plus vite dans les recherches.
Certains allant jusqu’à bénévolement proposer de venir aider Paul dans l’hypothèse où il mènerait de futures expéditions à l’embouchure de l’Uhabia.
Pour réussir à mieux l’approcher, d’autres prétextèrent d’être des spécialistes en héraldique. Se déclarant capables de précisément dater la pièce de bois et au passage demandant surtout à la voir et aussi et si possible, à la toucher.
Enfin et tout aussi flatteur pour Paul, quelques-uns vinrent lui demander si, par un pur hasard, il détiendrait toujours d’autres exemplaires du livre : Le secret des rives de l’Uhabia.
Avec en complément, l’alléchante proposition d’achat à n’importe quel prix, et avec en seule sympathique exigence de le leur dédicacer.
Leur déception suivrait rapidement l’offre, à la suite de la réponse négative de l’auteur. Mais sympa en la circonstance ou pour au plus vite s’en débarrasser, Paul leur conseillant de s’adresser à la maison d’édition « Edilivre » ou à l’incontournable et omniprésente « Amazone ».
Même si doutant qu’il reste encore des exemplaires de cette édition datant déjà de 2015, l’horrible pilon étant passé par là au lieu de les offrir aux bibliothèques…
Charitablement pour les plus déçus, Paul leur proposerait d’aller consulter la belle et accueillante bibliothèque de Bidart, laquelle parmi ses très achalandés rayons possédait ses dix-neuf livres, ceux notamment écrits durant plusieurs années afin d’occuper au mieux sa retraite.
Bref, une large et générale publicité entourait de trop Paul, laquelle dépassait les plus pessimistes prévisions de l’ex-colonel et quelque part aussi à surtout énormément le déranger.
Préventive, son épouse l’avait cependant bien mis en garde, car cela ne pourrait qu’empirer. Avec en final, la déception aidant si total échec des recherches, et d’inévitablement ensuite de lui retomber violemment dessus.
Prévision objective et pour laquelle elle n’avait pas complètement tort, d’ailleurs comme le plus souvent…
Par ailleurs et pour ceux le connaissant intimement, Paul n’était nullement du genre à parader ou à trop vouloir se mettre en valeur.
Fréquemment, c’était le principal reproche de ses éditeurs, le critiquant d’être peu présent aux salons littéraires afin d’aller à la rencontre de ses lecteurs et mieux contribuer à la promotion de ses bouquins.
Une attitude essentiellement dictée de la résultante d’une déformation professionnelle. En clair, consécutive à son appartenance aux paras de l’ombre. Ses ex-missions militaires toutes empreintes du « secret-défense », donc jamais médiatisées.
Et quand parfois exceptionnellement le cas, lui et ses camarades commandos n’y étaient jamais nommément cités.
L’application stricte d’une règle d’or à demeurer dans l’anonymat le plus complet et parfois cependant et avoué du bout des lèvres, quelque peu frustrant…
D’où ce nouveau et pénible contexte, lequel commençait à largement le dépasser, avec des initiatives extérieures de toutes sortes venues sans relâche et exagérément le solliciter.
Par exemple l’offre de se prêter à des spots publicitaires pour des produits dérivés à ce thème de la « trouvaille », l’un allant même jusqu’à demander à poser, grimé en Pirate des Caraïbes…
Aussi, Paul n’éprouvait plus qu’une seule hâte.
Celle de vite revoir retomber tel un soufflé culinaire ce nouvel engouement suscité par la présence présumée d’un galion du XVIIe siècle. L’épave prétendue dormir proche de l’embouchure de la belle rivière Uhabia.
Afin d’au mieux anticiper, s’appuyant sur un principe militaire, lequel exigeant que pour mieux « commander c’est surtout d’au plus vite prévoir », l’ex-colonel opta de mettre son butin en lieu sûr.
Une sage précaution pour ne pas le conserver dans son garage. Même si au passage de le rendre triste, puisque dépossédé de sa « trouvaille ».