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L’expérimentation animale est de nos jours encadrée par la loi. Malheureusement, la maltraitance des animaux demeure. Cette situation, Chloé et Léo, deux lycéens, la vivront amèrement lors d’une sortie académique. Ils voudraient décrier cette infamie. Cependant, comment y parvenir sans en subir les conséquences ? Fort heureusement, ils peuvent compter sur l’aide de leurs amis. Pourtant…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Pierre Jooris est éleveur et éprouve une grande admiration pour les animaux. Attaché à leur bien-être, il dénonce la maltraitance de ces derniers. Il est l’auteur d’
Un chien la nuit, ouvrage dans lequel il décrit le trafic des chiens qui a sévi dans sa localité. Cette fois, avec
Château de singes, il met un point d’honneur, à sa manière, à la protection de ceux-ci.
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Pierre Jooris
Château de singes
Roman
© Lys Bleu Éditions – Pierre Jooris
ISBN :979-10-377-6761-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Dans ce roman, seuls le passé et l’avenir sont réels ; le présent comme les personnages et le cadre n’existent que dans l’imagination de l’auteur et de ses lecteurs.
Par action et par omission,
James, P. D., Éditions Fayard
Prologue
Le polyrectorat avait organisé un concours de reportages pour tous les lycées de la région en demandant à chaque lycée de désigner un candidat. Le but du reportage était d’observer et de décrire un groupe social ou professionnel particulier ; il devait s’intituler : « Quatre jours chez… » Pour ce faire, les élèves choisis pouvaient profiter d’une semaine de disponibilité pour partir en reportage et rédiger leur texte.
Chapitre I
Léo
Le lycée Nicolas Chauvin avait désigné Léo, un élève de quinze ans, comme candidat. Le choix du reportage était libre, et il cherchait un sujet original pour se démarquer des autres participants.
Léo était un élève assez moyen dans l’ensemble avec, parfois, des moments de grâce et d’originalité dans la rédaction de ses textes. Cela avait poussé monsieur Ladant, son professeur de français, à le proposer pour ce concours, de préférence à d’autres élèves plus appliqués, mais aussi plus consensuels. Monsieur Ladant avait dit en souriant à Léo que le proviseur avait d’autres chats à fouetter, que l’équipe pédagogique se désintéressait de ce concours et que, par conséquent, sa proposition avait été acceptée en moins de temps qu’il n’en faut à un syndicat pour déposer un préavis de grève. C’était le genre de commentaire propre à cet enseignant peu conformiste.
De retour à la maison, Léo en avait parlé à sa mère qui l’avait félicité d’avoir été choisi. Puis, à table, elle avait très fièrement annoncé sa désignation devant son père et ses frères et sœurs. Il aurait voulu rentrer sous terre, ou tout au moins se glisser sous la table, mais son père, étonnamment, avait pris la balle au bond.
« C’est une excellente nouvelle, je pense que tu as des qualités pour être journaliste, et c’est certainement une occasion à saisir. Alors, quelle est ton idée ? »
Mis au pied du mur, Léo murmura :
« Je sais pas, moi, peut-être passer quatre jours à la rédaction d’un journal… »
Son père fit la moue, ce qui coupa court à la conversation, et la famille partit sur un autre sujet.
Léo se dit qu’il avait gagné du temps et qu’il trouverait bien l’inspiration tout seul. Mais le lendemain, son père revint, contrairement à son habitude, plus tôt de son travail. Il prit Léo à part :
« Écoute-moi bien, Léo, je vais te faire une proposition. Tu te souviens de ton cousin Alfred, celui qui est parti au Portugal ? »
Léo ne voulut pas le dire, mais Alfred était un personnage qui le fascinait. Après de brillantes études à Polytechnique, il avait commencé une carrière dans une multinationale et s’était marié avec une jeune femme tout aussi diplômée. Mais presque du jour au lendemain, ils avaient décidé d’avoir un enfant et de tout plaquer pour partir habiter dans une montagne quasi désertique du Portugal et y vivre en autarcie avec, même, un peu de vente de fromage de chèvre. Autarcie mitigée de quelques voyages de retour en France pour voir la famille et faire, suivant son expression, des ménages ; à savoir quelques prestations rémunérées pour payer les déplacements. Ils ne venaient jamais à deux, c’était soit l’un, soit l’autre, car il n’était pas question de laisser leurs animaux seuls, même s’ils avaient ce qu’ils appelaient des voisins, à savoir des marginaux vivant eux aussi dans la montagne avec le même mode de vie… mais à plus d’une heure de marche.
Donc, son père proposa à Léo de prendre plus de quatre jours et de réaliser son reportage à la montagne, marcher dans la nature à la rencontre des habitants, adeptes du retour à la terre et de la décroissance. Pour son père, ce serait la plus belle découverte qu’il pouvait faire, et il allait l’évoquer avec Alfred qui était justement de passage dans sa famille.
Léo partirait avec Alfred en autobus, une de ces 18 places qui font régulièrement la navette. L’affaire n’était pas encore ficelée, mais il semblait à Léo qu’il n’avait plus le choix, son père avait décidé d’y mettre les moyens, même s’il fallait encore l’accord d’Alfred. Cela ne devait pas tarder, car le départ était fixé pour la semaine suivante.
Toutefois il fallait aussi l’approbation du proviseur, mais le père de Léo avait pris le mors aux dents et obtenu un rendez-vous au cours duquel il avait eu l’aval, non seulement pour la date, mais aussi pour la durée ; tout cela bien qu’il n’eût lâché aucun renseignement sur le lieu et l’objet du reportage. Mais rappelons le bien : le proviseur avait d’autres chats à fouetter. Ensuite, monsieur Ladant essaya bien de savoir, mais Léo continua de rester discret sur ses intentions ; discrétion qui n’était pas pour déplaire à ce vieil original de prof’ de français. L’affaire était bouclée, et Léo n’avait plus qu’à préparer sa valise.
Son père le prit encore à part avant le jour du départ et lui expliqua qu’il avait obtenu l’accord d’Alfred à la condition expresse que Léo ne mentionnât, ni dans son écrit ni après, en cas de présentation orale, aucun des lieux précisément et aucun nom des personnes visitées. D’après son père, ce serait là une réelle occasion de travail journalistique, et Léo devait s’en saisir. Ce dernier était un peu étonné de voir son père prendre autant à cœur cette affaire, car généralement, il s’intéressait assez peu aux études de ses enfants, laissant ce soin à leur mère.
La semaine suivante, son père l’amena à la gare à 4 h 00 du matin, il embarqua dans le minibus où se trouvait déjà Alfred. François, le père de Léo, monta quelques instants pour le saluer et confier son fils à ses bons soins. Le bus n’était pas complet, mais il partit à l’heure, car il avait des passagers à prendre en route. Léo était intimidé, assis à côté de ce cousin plus âgé. Ce dernier lui dit qu’il allait essayer de dormir, car il s’était couché un peu tard la veille, mais il ajouta qu’ils auraient le temps de parler, car ils étaient partis pour plus de 24 heures.
Alfred connaissait bien l’itinéraire, le début du trajet était plus confortable tant que l’on descendait sur la voie rapide, mais ensuite, le minibus évitait autant que possible les autoroutes à péage et prenait des routes plus sinueuses et plus riches en ronds-points.
Il dormit ainsi jusqu’à 9 h 00 puis signala à Léo que le bus allait s’arrêter, mais pas plus d’un quart d’heure. Il fallait donc anticiper et planifier ses temps de casse-croûte.
Et, quelques minutes plus tard, il y eut un arrêt sur une aire dédiée et, les passagers se dépêchèrent d’en profiter. Apparemment, la plupart d’entre eux se connaissaient, c’étaient des Portugais vivant en France et faisant des retours réguliers avec ce bus.
Une fois repartis, Alfred expliqua à Léo qu’il n’était pas très emballé, au départ, par la demande de son oncle François. Mais c’était grâce à son aide qu’Alfred avait pu concrétiser son départ au Portugal lorsqu’ils avaient décidé de tout plaquer.
Quand il avait annoncé sa décision à ses parents, le père d’Alfred lui avait fait un chantage affectif, au départ. Puis, il lui avait carrément déclaré qu’il n’était pas un fils méritant, qu’ils s’étaient saignés aux quatre veines pour lui payer ses études et que, s’il décidait de tout laisser tomber, il lui réclamerait le prix de ses études. Alfred n’en avait pas cru ses oreilles et avait su que, s’il faisait cela, il ne lui resterait rien pour s’installer au Portugal, ce qui ruinait son projet ; ce projet qu’il avait en commun avec Eugénie, son épouse. Alfred s’était donné deux jours pour réfléchir, sans encore en parler à Eugénie. Il était désemparé, il n’avait pas quelque véritable ami, avait-il pensé, à qui confier ses doutes et sa colère. Lui qui n’était plus pratiquant depuis quelques années avait ressenti la nécessité d’entrer dans une église pour se recentrer dans la paix et trouver un peu de sérénité. Cela lui avait fait du bien sans pour autant que le Ciel lui éclairât la voie à suivre. Mais rasséréné, il s’était levé, était sorti et était tombé nez à nez avec l’oncle François qui entrait dans l’église. Mû par un pressentiment, ce dernier s’était ravisé et lui avait proposé de faire quelques pas dans le parc. De but en blanc, Alfred avait déballé toute l’histoire à son oncle qui avait été touché par le projet. Lui-même aurait voulu dans sa jeunesse se lancer dans un projet de retour à la terre, mais il avait cédé aux impératifs de la vie bourgeoise, il était l’aîné de sept enfants, il devait montrer l’exemple, suivre la voie tracée par la société et perpétuer autant le nom que le rang social de la famille. Le désir si fort d’Alfred lui avait paru incontournable, et il s’était engagé à se rendre chez son père qui était son cousin germain pour le faire changer de décision. Et dès le lendemain, il était allé le voir. La discussion avait été orageuse, mais le père d’Alfred avait cédé lorsque son cousin lui avait déclaré qu’il avancerait au fils, si nécessaire, l’argent que le père lui réclamait. Il avait fallu en arriver là, mais le père d’Alfred avait, en définitive, été soulagé de sortir de ce conflit. C’est ainsi qu’Alfred avait pu concrétiser son départ et il en était reconnaissant à son oncle.
Léo découvrit à cette occasion, avec autant de surprise que d’admiration, une facette du caractère de son père.
Léo n’était guère habitué à dormir en voiture, mais il dut s’y contraindre s’il voulait arriver sans trop de fatigue. Ils traversèrent toute la France jusqu’à Hendaye. Puis Donostia-San Sebastian, Burgos, Valladolid, direction Zamora puis la frontière et Bragance. Le bus, qui allait à Porto, les déposa à Bragance où, affamés, ils se précipitèrent dans un petit restaurant.
En début d’après-midi, un autre bus les amena jusqu’à un petit village au pied d’un massif montagneux. C’était le village où le père de Léo avait retenu une chambre pour toute la semaine. Il n’était que 5 h dans l’après-midi, et Alfred dit à Léo qu’ils allaient juste passer à l’hôtel pour dire qu’il n’y logerait pas le jour même, mais qu’ils gardaient la chambre. Léo était un peu surpris de se voir une chambre réservée dans laquelle il ne dormirait peut-être qu’une seule nuit, mais si son père avait décidé comme cela, il ne se poserait pas plus de questions.
Ils partirent à pied dans la montagne. Alfred était un habitué de la marche montagnarde, Léo avait bien du mal à le suivre. Qu’importe, se dit-il, c’est cela la vie d’un vrai reporter…
Bien que ce fût la fin de la journée, il faisait encore chaud, et Léo, habitué à un climat plus tempéré, souffrait autant de la chaleur que du poids de son équipement. Il avait pourtant bien calculé son paquetage, mais pour un dos peu accoutumé ce n’était pas une partie de plaisir, surtout quand on ne savait pas si l’on allait devoir encore marcher longtemps.
Ils mirent près de deux heures pour arriver sur un petit plateau garni d’une herbe maigre où paissaient quelques chèvres. Au détour d’un bosquet apparut la maison, une vraie petite maison en pierre, peut-être une maison de berger. À l’entour, un petit hangar en bois bardé sur trois côtés et quelques cabanes en matériaux divers. Devant la maison, sous un auvent en canisse, une table et des bancs donnaient à l’ensemble un aspect accueillant.
Une femme sortit de la maison avec un bébé dans les bras, Alfred modula un long cri, et elle se retourna avec une exclamation joyeuse.