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"Le Livre des Odes", connu également sous le nom de "Le Classique des vers", s'est d'abord appelé les Poèmes, ou les Trois Cents Poèmes puisqu'il compte trois cents cinq poèmes. Ce recueil est une anthologie rassemblant des textes qui vont du xie au ve siècle av. J.-C., provenant de la Plaine centrale (les royaumes occupant le nord et le sud de la vallée du Fleuve Jaune), et est l'un des rares textes de l'Antiquité chinoise à avoir survécu à la destruction des livres opérée par l'empereur Qin Shi Huangdi après son accession au pouvoir en 221 av. J.-C. On y trouve les plus anciens exemples de la poésie chinoise. Composition : Le Classique des vers contient 305 poèmes répartis en quatre catégories : Les chansons populaires (poèmes 1 à 160), classées en fonction de leur origine, et provenant de quinze royaumes différents. Les odes mineures (poèmes 161 à 234). Les odes majeures (poèmes 235 à 265). Les odes religieuses (poèmes 266 à 305). Quatre sont du royaume Lu, État d'où provient l'anthologie. Cinq viennent du royaume de Song. Plusieurs propositions ont été faites pour expliquer la répartition des poèmes en quatre parties. Le classement peut être thématique : c'est bien le cas pour les première et quatrième parties. Il a pu aussi être fait en fonction des occasions où les poèmes étaient chantés : chansons populaires chantées par le peuple lors de fêtes, odes majeures lors de cérémonies de cour, odes religieuses dans les temples. Une autre hypothèse est que le classement est fonction des différents styles de musique sur lesquels les poèmes étaient chantés.
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Préface —
Introduction
PREMIÈRE PARTIE KOUO FOUNG.
Livre I.- Tcheou nan.
Livre II.- Chao nan.
Livre III.- Pei foung.
Livre IV.- Ioung foung.
Livre V.- Wei foung.
Livre VI.- Wang foung.
Livre VII.- Tcheng foung.
Livre VIII.- Ts’i foung.
Livre IX.- Wei foung.
Livre X.- T’ang foung.
Livre XI.- Ts’in foung.
Livre XII.- Tch’enn foung.
Livre XIII.- Kouei foung.
Livre XIV.- Ts’ao foung.
Livre XV.- Pin foung.
DEUXIÈME PARTIE SIAO IA.
Livre I.- Lou ming.
Livre II.- Pe houa.
Livre III.- T’oung koung.
Livre IV.- K’i fou.
Livre V.- Siao min.
Livre VI.- Pe chan.
Livre VII.- Sang hou.
Livre VIII.- Tou jenn cheu.
TROISIÈME PARTIE TA IA.
Livre I.- Wenn wang.
Livre II.- Cheng min.
Livre III.- Tang.
QUATRIÈME PARTIE SOUNG.
Livre I.- Tcheou soung ts’ing miao.
Livre II.- Tch. soung tch’enn koung.
Livre III.- Min iu siao tzeu.
Livre IV.- Lou soung.
Livre V.- Chang soung.
Cette traduction, comme celle des Quatre Livres, à pour but de faire connaître l'enseignement donné dans les écoles. Elle est basée sur l'Explication complète du Cheu king qui est entre les mains de tous les étudiants : Le Cheu king pei tcheu, publié pour la première fois en 1763, renferme le commentaire de Tchou Hi et la paraphrase de TCHEOU CHENG ME, surnommé OU KANG.
Parmi les ouvrages consultés, deux méritent une mention spéciale. Ce sont le Recueil d'explications traditionnelles sur le Cheu king, composé par ordre de K’ang hi et publié sous le règne de son successeur en 1727, et le Cheu king de Mao Tch'ang annoté et expliqué, qui fait partie de la collection des treize livres classiques éditée par ordre de K'ien Ioung en 1747.
Le Cheu king de K’ang hi donne d'abord le texte et les explications de Tchou Hi, puis les remarques de différents auteurs. Les compilateurs impériaux ajoutent souvent un appendice, et enfin l'exposé de leurs propres opinions, qu'ils ont soin d'appuyer, quand ils le peuvent, sur le commentaire SIU attribué à TZEU HIA, disciple de Confucius, et à MAO TCH’ANG, lettré du deuxième siècle avant notre ère.
Les idées de Tchou Hi y sont plus d'une fois combattues. Elles ne sont donc pas tellement imposées qu'il ne soit jamais permis de s'en écarter. Les divergences sur les points importants sont notées dans le Cheu king pei tcheu en tête des pages, avec le titre Jugement de la commission impériale, et mises sous les yeux de tous les maîtres et de leurs élèves, comme un supplément ou un correctif autorisé et en quelque sorte officiel.
Le Cheu king de K'ien Ioung ne donne pas l'explication de Tchou Hi, mais celle de l'ancienne école, qui est souvent en désaccord avec la nouvelle. Outre le texte classique, il contient le commentaire SIU de Tzeu hia et de Mao Tch'ang, les explications TSIEN de TCHENG K'ANG TCH'ENG (127-200 après J.C.), la paraphrase CHOU de K'OUNG ING TA, descendant de Confucius (574-648) beaucoup de citations tirées des écrits de WANG SIU, qui vivait vers l'an 240, et. d'autres savants très anciens.
Les lettrés de la dynastie actuelle ont aussi publié une volumineuse collection de commentaires sur les classiques. On y remarque une tendance très prononcée à contredire et à réfuter Tchou Hi.
Malgré cette opposition persistante, le célèbre commentateur tient encore la première place dans les écoles, et pour cette raison, nous avons suivi son interprétation le plus fidèlement possible.
Le Cheu king est peut-être le livre qui fournit le plus de renseignements certains sur les mœurs, les coutumes, les croyances des anciens peuples de l'extrême orient. Il offre un intérêt particulier au moraliste et à l'historien, et un secours utile au missionnaire.
Ho kien fou, avril 1896.
HISTOIRE DU CHEU KING
Le Chēu kīng se divise en quatre parties intitulées Kouŏ fōung, Siaò ià, Tá ià, Sóung. Il comprend trois cent-cinq chants p'iēn, et les titres de six chants ou de six morceaux de musique qui n'existent plus.
Les chants du dernier livre, appelés Chāng sóung Éloges de la dynastie des Chang, paraissent remonter au temps des empereurs de ce nom (1766-1122 avant J.C.). Tous les autres out été composés sous les Tcheou, du douzième au sixième siècle avant notre ère.
Les chants relatifs à Wénn wàng (1184-1134) sont attribués à son fils, Tàn, plus connu sous le nom de Tcheōu kōung Prince de Tcheou.
Ces poésies avaient été recueillies par les maîtres de musique à la cour impériale, et étaient chantées dans les fêtes et les cérémonies. Confucius les revit, les corrigea, et confia son travail à Tzèu hià, l'un de ses disciples.. Tzeu hia ajouta une courte explication ou préface Siù.
Le Cheu king, comme la plupart des anciens monuments littéraires, fut condamné aux flammes par Ts’în Chéu houàng (246-209). Mais, parce qu'il était en vers rimés et chantés, il se conserva dans la mémoire des lettrés encore plus facilement que les autres livres. Aussi, dès les commencements de la dynastie des Hán, au deuxième siècle avant notre ère, il en parut quatre versions ; à savoir, celle de Lou Lòu chēu, due à Chēnn Feôu, lettré de Lou ; celle de Ts'i Ts'î chēu, due à Tch'ênn Iuên fāng, lettré de Ts'i ; celle de Han Hân chēu, due à Hân īng, lettré de Iēn ; et celle de Mao Maô chēu, due à Maô Tch'âng, lettré de Tchaó.
Ces quatre versions ont été comparées ensemble et trouvées semblables pour le fond. Les différences consistaient surtout dans l'écriture ; certains caractères qui se prononçaient de la même manière étaient employés les uns pour les autres, comme il arrive souvent dans les anciens livres. Le sens était à peu près le même, ce qui prouve la fidélité de la mémoire des quatre écrivains et l'authenticité du recueil qu'ils ont transmis à la postérité.
Les trois premières versions n'existent plus. La quatrième Maô chèu nous reste seule, avec la courte explication Siù de Tzeu hia, qui a été développée, dit-on, par Mao Tch'ang.
Siù Tchêng dit : « Tzèu hiá donna (le Cheu king avec l'explication Siù) à Kaō Hìng tzèu ; Kao Hing tzeu le donna à Siĕ Ts'āng tzèu ; Sie Ts'ang tzeu le donna à Pĕ Miaó tzèu ; Pe Miao tzeu le donna à Maô l'ancien, (nommé Hēng), lettré de Ho kien. Mao l'ancien enseigna l’explication traditionnelle du Cheu king dans sa famille, et la transmit ainsi à Maô le jeune (Mao Tch'ang), lettré de Tchao.. »
Mao le jeune était savant lettré de Hien, roi de Ho kien. Dans le Traité des six arts libéraux Liŭ i liûn il est dit : « Hien, roi de Ho kien, aimait l'étude. Mao, savant lettré qui était à son service, expliquait fort bien le Cheu king. Le roi Hien donna à ce livre le titre de Maô chēu. Ainsi c'est le roi Hien qui le premier le désigna sous le nom de Mao. »
Hien est le nom posthume de Tĕ, fils de l'empereur King tí (156-140) et frère de l'empereur Où tí (140-86). En l'année 155, il reçut en apanage la petite principauté de Ho kien, qui comprenait trois sous-préfectures du Ho kien fou actuel et une du Chēnn tcheōu, dans la province de Tcheu li.
Grand ami des lettres et insigne bienfaiteur des lettrés, il fit chercher partout les exemplaires des anciens livres, et eut le bonheur de s'en procurer plusieurs qui avaient disparu depuis les Ts'in, entre autres le Tao te king de Lao tzeu et les œuvres de Meng tzeu. Il offrit le Cheu king à son frère Ou ti. Sa mort arriva en l'année 129.
On voit encore sa tombe auprès d'une pagode appelée Hien wang miao, située à la distance de dix li (six kilomètres) à l'est de la ville de Hién hién. La tombe de Mao Tch'ang Maô kōung tchôung se trouve à deux kilomètres plus loin, dans la direction du nord-est.
COMPOSITION LITTERAIRE ET VERSIFICATION DU CHEU KING
Dans la composition poétique on distingue trois éléments : la description ou simple narration fóu, la similitude ou comparaison hing et l'allégorie pì.
La première partie d'une similitude ou comparaison s'appelle hing i idée empruntée, tsié ing lumière ou image empruntée, pīn i ou k’ŏ i idée étrangère au sujet. La seconde partie, qui est l'application de la première au sujet traité, se nomme tchéng i ou tchouén tchéng idée qui se rapporte ou revient directement au sujet, tchòu i idée propre au sujet.
L'allégorie est une similitude dont l'application n'est pas exprimée, et comme une fable dont la moralité doit être deviné par le lecteur. L'application ainsi laissée à la sagacité des commentateurs n'est pas toujours exempte de difficulté. En plus d'un endroit, après maintes conjectures, elle reste incertaine ou obscure.
Les stances tchāng d'un même chant sont parfois d'inégale longueur. Les vers kiú sont ordinairement de quatre lettres. Quelques-uns n'en ont que trois ; d'autres en ont cinq ou six. Une grande liberté était laissée au poète.
Dans une même strophe, tantôt les vers se terminent tous par le même son, tantôt la rime varie. Le plus souvent les vers qui riment ensemble ; se suivent immédiatement ; mais on rencontre aussi des rimes croisées. Quelquefois le premier ou le dernier vers d'une strophe rime avec le premier ou le dernier vers de la suivante. Dans certaines strophes, un ou plusieurs vers ne riment avec aucun autre, et parfois séparent même deux vers rimant ensemble. Lorsqu’une particule termine un vers, c’est le mot précédent qui rime avec le dernier mot d’un autre vers.
La prononciation ayant changé avec les temps, bon nombre de mots qui avaient autrefois la même désinence ne l'ont plus à présent. Tchou Hi et d'autres commentateurs du Cheu king se sont efforcés de conserver les rimes en indiquant les sons anciens, toutes les fois qu'ils l'ont jugé nécessaire. Dans les écoles, les maîtres dispensent ordinairement leurs élèves de les apprendre et de les réciter. Ils n'exigent que la prononciation actuelle, afin d'éviter la confusion qui naîtrait dans l’esprit et dans la mémoire, s'il fallait prononcer les lettres de deux manières différentes.
Nous avons ajouté entre parenthèses la figuration des sons anciens. On remarquera que plusieurs ont disparu entièrement de la langue mandarine, comme, par exemple, t’īn, t'în, tīn, tiŏ.
MORALITE DU CHEU KING
Dans le Liun iu, Ch. XVII. 9, Confucius dit à ses disciples : « Mes enfants, pourquoi n'étudiez-vous pas le Cheu king ? Ce livre nous porte à pratiquer la vertu, à nous examiner nous-mêmes. Il nous apprend à traiter convenablement avec les hommes, à nous indigner quand il le faut, à remplir nos devoirs envers nos parents et notre prince. Il nous fait connaître beaucoup d'animaux et de plantes. »
Au Chapitre II. 2, le Philosophe dit : « Le Cheu king contient trois cents chants. Un seul mot de l'un d'eux les résume tous : N'avoir que de bonnes pensées. » Sur ce passage Tchou Hi dit : « Le bien qui est raconté dans le Cheu king, excite l'homme à développer les vertus naturelles de son cœur ; le mal l'excite à réprimer ses mauvais désirs. Tout l'aide à acquérir la rectitude des sentiments. »
Tous les autres commentateurs repoussent énergiquement l'idée que leur grand sage, en corrigeant le Cheu king, eût pu y tolérer des vers licencieux. Le bien y est signalé, disent-ils, afin qu'il soit pratiqué ; le mal y est censuré, afin qu'il soit évité. Tout tend à inspirer l'amour de la vertu ou l'horreur du vice. Ainsi parlent les compilateurs chargés par K’ang hi de préparer l'édition impériale. Ils invoquent l'autorité des auteurs les plus graves. Néanmoins la première partie intitulée Kouo foung renferme plusieurs passages que les maîtres s'abstiennent d'expliquer aux enfants.
[Note CSS : On consultera avec profit les commentaires de Marcel Granet sur le Cheu king inclus dans La pensée chinoise, Fêtes et chansons anciennes de la Chine, Danses et légendes de la Chine ancienne, et ceux d’Henri Maspero dans La Chine antique.]
Le titre de cette première partie est plus facile à expliquer qu’à traduire en termes équivalents. Les expressions Mœurs des royaumes ou des principautés, Enseignements des royaumes, Chants populaires des principautés, ne rendent que d'une manière imparfaite la signification de ces deux mots Kouo foung.
Maò Tch'âng en donne l'explication suivante : « Foung, vent, enseignement. Ces chants sont comme un souffle qui remue les âmes ; ils contiennent des enseignements qui transforment les cœurs. »
Tchōu Hī dit : « Kouŏ, domaines soumis à la juridiction des princes tchōu heôu ; fōung, stances que le peuple avait coutume de chanter. Les chants populaires sont appelés foung, parce qu'ils ont été composés sous l'influence des grands, et sont capables de faire impression sur les esprits ; de même qu'un objet rend un son sous l'action du vent, et que ce son est capable d'agir sur d'autres objets.
« Au dire de nos anciens, les chants contenus dans les deux premiers livres et intitulés Tcheou nan et Chao nan, sont d'une perfection irréprochable. Chantés d'abord dans l'intérieur du palais, ils ont passé de village en village, de principauté en principauté, et ont transformé tout l'empire. Les chants des treize principautés (autres que celles de Tcheou et de Chao) n'ont pas la perfection des premiers. Ils ont été recueillis, conservés et classés au fur et à mesure dans les bureaux de la musique, afin que l'empereur les parcourût ; les examinât, et publiât des instructions et des avertissements. Le recueil comprend en tout les chants de quinze principautés ; » et se divise en quinze livres.
Les quinze royaumes ou principautés sont Tcheōu, Chaó, Péi, Iôung, Wéi, Wâng (domaine impérial), Tchéng, Ts'î, Wéi, T'âng, Ts'în, Tch'ênn, Kouéi, Ts'aô, Pīn.
La principauté de Tcheōu était au sud du mont K'î, dans le Iōung tcheōu, l'une des neuf provinces mentionnées dans le Chou king au chapitre intitulé Iú kōung Tribut de Iu. L'ancien prince Tàn fòu, descendant de Heóu tsĭ à la treizième génération, occupa le premier cette terre, et la transmit à son fils Ki lĭ, qui reçut après sa mort le nom de Wâng ki.
Les Tcheou faisaient remonter leur origine à K'i, qui fut tsĭ ministre de l'agriculture sous l'empereur Chouénn, vers l'an 2250 avant notre ère, et pour cette raison fut nommé Heóu tsĭ, et honoré comme dieu par les laboureurs. Heou tsi reçut en fief la terre de T'āi, à présent comprise dans le Où kōung hién, qui dépend de K'iên tcheôu dans le Chèn sī. Kōung Liôu, l'un de ses descendants, en 1796 avant J. C., alla s'établir à Pīn, à l'ouest de la ville actuelle de Sān chouèi, qui dépend de Pīn tcheōu dans le Chen si. En 1325, Tàn fòu, nommé plus tard T'ái wâng alla demeurer à K'î, au nord-est de la ville actuelle de K'î chān, qui dépend de Fóung siâng dans le Chen si. La plaine qui s'étend au sud du mont K'i, fut appelée Tcheōu ou K'î tcheōu.
Vint ensuite Tch'āng ou Wênn wâng, petit-fils de T'ai wang, il étendit et agrandit peu à peu la principauté. Puis, en 1136, il passa la Wéi, et établit sa résidence à Fōung, dans le Hòu hién actuel, au sud-ouest de Sī ngān fòu, capitale du Chen si. Il divisa l'ancienne terre de K'i Tcheou en deux fiefs, conféra la partie orientale à son fils Tàn avec le titre de Tcheōu kōung Prince de Tcheou, et la partie occidentale à son ministre Chĕu avec le titre de Chaó kōung Prince de Chao.
Il chargea Tcheou koung de régler l'administration dans sa principauté particulière, et Chao koung de publier et de mettre en vigueur les règlements administratifs dans les domaines des autres princes. Alors les mœurs furent réformées et la vertu fleurit dans la principauté de Tcheou. Parmi les principautés méridionales comprises entre le Kiāng. la T'ouô, la Jóu et la Hán, il n'y en eut aucune qui n'adoptât ces sages réformes. Les deux tiers de l'empire furent à Wenn wang.
Son fils Fă, connu sous le nom de Où wâng, transféra sa résidence à vingt-cinq li plus loin vers l'est. Il se fixa à Haò, dans le Hiên iâng hién actuel, au sud ouest de Si ngan fou. En 1122, il défit Tcheóu, dernier empereur de la dynastie des Chāng, et fut maître de l'empire. Après la mort de Ou wang en 1115, son fils Sóung, nommé plus tard Tch'êng wâng, fut constitué empereur.
Tcheou koung aida Tch'eng wang, régla et fixa les usages et la musique. II recueillit les chants dont l'influence avait réformé les mœurs du peuple au temps de Wenn wang, les fit exécuter dans le palais avec accompagnement de flûtes et d'instruments à cordes ; puis il les propagea de village en village, de principauté en principauté.
Les chants qu'il trouva dans sa principauté, furent réunis avec ceux des principautés situées au midi de Tcheou, sous le titre de Tcheōu nân Chants de Tcheou et du midi. Les chants qu'il trouva dans les autres principautés méridionales, furent intitulés Chaó nân Chants de Chao et du midi.
La principauté de Péi était la partie septentrionale du Wéi houēi fòu actuel dans la province de Hô nân.
La principauté de Iôung était la partie méridionale du Wei houei fou actuel. On pense qu'elle fut conférée par Où wâng à Où kēng, fils de Tcheóu.
La principauté de Wéi était la partie orientale du Wei houei fou. Sa capitale était la ville actuelle de Siún hién. Elle fut conférée par Ou wang à son fils K'āng chŏu.
Le domaine impérial Wâng était la ville de Lŏ iâng et son territoire dans le Ho man. Ou wang avait établi sa résidence à Haò. Sou fils Tch'êng wâng alla demeurer à Fōung. De plus il chargea Chaó kōung de lui préparer une seconde résidence à Lo iang, à l'ouest de la ville actuelle de Hô nân fòu. Il s'y rendait à certaines époques pour y recevoir les princes tchōu heôu de la partie orientale de l'empire. Hao ou Foung fut appelée la première capitale des Tcheou tsōung Tcheōu, la capitale occidentale sī tōu. Lo iang fut nommée la ville impériale Wâng tch'éng, la capitale orientale tōung tōu.
La principauté de Tchéng fut constituée en 805 avant notre ère par l'empereur Siuēn wâng, et conférée par lui à son frère Iòu, dans le Houâ tcheōu, sous préfecture qui dépend de T'ôung tcheōu fôu dans le Chèn sī. Iou, dont le nom posthume est Houân kōung, fut tué en 773 par les Jôung, qui vivaient à l'ouest de la Chine. En 770, ces barbares s'emparèrent de la capitale, et mirent à mort l'empereur Iōu wâng. Pour échapper à leurs attaques, P'îng wâng, fils et successeur de Iou wang, alla demeurer à Lo iang ; Kiuĕ tŏu, fils de Houan koung, suivit l'empereur, lui rendit de grands services, et reçut de lui en fief un domaine situé à l'est de Lo iang. Ce fief prit le nom de Sīn Tchéng nouvelle Tcheng. C'est le Sin tcheng hien actuel ; il dépend de K'ai foung fou. Les chants de Tcheng qui font partie du Cheu king, ont été composés dans la principauté de Sin tcheng.
La principauté de Ts'î, située dans le Chan toung actuel, comprenait le Ts'īng tcheōu fòu, le Tsi nàn fòu, le Wèi hién. Elle fut conférée par Où wâng à Cháng fòu, l'un de ses ministres, plus connu sous le nom de T'ái kōung wáng. Bornée à l'ouest par le Fleuve-Jaune, elle s'étendit à l'est jusqu'à la mer. La capitale était à Îng k'iōu dans le Lîn tchēu hién actuel.
La principauté de Wéi était dans le Hiài tcheōu actuel, qui est de la province, de Chān sī. Elle était petite, et son histoire est peu connue.
La principauté de T'âng ou de Tsin était dans le T'ái iuên fòu actuel, dans la province de Chān sī. Elle avait été gouvernée, dit-on, par l'empereur Iaô, qui est appelé prince de T'ang. Elle fut conférée par l'empereur Tch'êng wâng à sou frère Chŏu iû. Siĕ, fils de Chou iu, changea l'ancien nom de la principauté, et lui donna celui de la rivière Tsin, qui formait la limite de ses possessions au sud.
La principauté de Ts'în eut d'abord pour capitale la ville actuelle de Ts'în tcheōu dans le Kān siŭ. Elle fut conférée par l'empereur Hiaó wâng (908-894) à Fēi tzèu, qui était chargé des troupeaux de chevaux, et se disait issu de Pĕ ĭ, ministre de Chouénn et de Iù. Peu à peu elle prit une grande extension. Enfin les princes de Ts'in renversèrent la dynastie des Tcheou, et commandèrent à tout l'empire.
La principauté de Tch'ênn était le Tch'ênn tcheōu fòu actuel dans le Ho nan. Elle fut conférée par Où wâng à Mân, fils de Ngŏ fòu, qui était directeur des poteries impériales, et se disait descendant de Chouénn. Man, dont le nom posthume est Hôu kōung, établit sa capitale dans le Houài gnîng hién.
La principauté de Kouéi était le Tchéng tcheōu actuel dans le Ho nan. La famille princière portait le nom de Iûn, et comptait parmi ses ancêtres Tchŏu iōung, ministre de l'ancien empereur Kaō sīn.
La principauté de Ts'aô était le Ts’aô hién actuel dans le Chan toung. Elle fut conférée par Ou wang à son frère Tchénn tŏ.
La principauté de Pīn était dans le Sān chouèi hién actuel, sous-préfecture qui dépend de Pīn tcheōu dans le Chén sī. Le caractère a été remplacé par sous T'âng Hiuén tsōung, de 713 à 742 après J.C. Le premier des chants de Pin décrit les travaux et les usages des anciens habitants de ce pays sous Kōung liôu ; il est l'œuvre de Tcheōu kōung. Les autres furent composés à la même époque sur des sujets actuels, peut-être aussi par Tcheou koung.
Les femmes du palais chantent les vertus de T'ái Séu, épouse de Wênn wâng.
1. Ω Les ts'iu kiou (se répondant l'un à l'autre, crient) kouan kouan sur un îlot dans la rivière. Une fille vertueuse (T'ai Seu), qui vivait retirée et cachée (dans la maison maternelle), devient la digne compagne d'un prince sage (Wenn wang)(1).
2. La plante aquatique hing, tantôt grande tantôt petite, a besoin d'être cherchée partout à droite et à gauche dans le sens du courant. Ainsi cette fille vertueuse, modeste et amie de la retraite a été l'objet de nos recherches et le jour et la nuit. Cherchant et ne trouvant pas, nos esprits n'avaient de repos ni le jour ni la nuit. Oh ! depuis combien de temps, nous tournant et nous retournant la nuit tantôt sur un côté tantôt sur l'autre, (avons-nous été privées de sommeil) !
3. 6 La plante hing, tantôt grande tantôt petite, (lorsqu'elle est trouvée) doit être cueillie à droite et à gauche. Au son des luths et des guitares, accueillons amicalement cette fille vertueuse, qui vivait solitaire et cachée. La plante hing, tantôt grande tantôt petite, (lorsqu'elle a été cueillie) doit être cuite et servie avec soin. Au son des cloches et des tambours, accueillons avec joie cette fille vertueuse, amie de la retraite et du silence (2).
La princesse T'ai Seu, femme de Wenn wang, a terminé ses travaux d'été. Elle les chante, et se prépare à aller revoir ses parents.
1. (A la fin du printemps), le dolic se répandant peu à peu s'étendait jusqu'au milieu de la vallée ; ses feuilles étaient verdoyantes. Les oiseaux jaunes (peut-être les loriots) volaient çà et 7 là, et se réunissaient sur les massifs d'arbres. Leurs voix chantant de concert retentissaient au loin.
2. (En été) les tiges rampantes du dolic s'étendaient jusqu'au milieu de la vallée ; ses feuilles étaient belles et nombreuses. Je l'ai coupé et fait bouillir ; j'en ai tissé deux sortes de toiles, l'une fine, l'autre grossière. J'en ai fait des vêtements que je ne me lasserai pas de porter.
3. J'ai averti ma maîtresse ; elle a fait connaître au prince mon désir de retourner à la maison paternelle. Je nettoierai mes vêtements ordinaires et laverai mes vêtements de cérémonie. (Voyons) quels sont ceux qui ont besoin d'être lavés, et quels sont ceux qui n'en ont pas besoin. Je retournerai à la maison saluer mon père et ma mère (3).
T'ai Seu, femme de Wenn wang, se désole en l'absence de son époux. Elle pense tellement à lui qu'elle ne peut donner son attention à nul autre objet, et cherche en vain à se distraire de sa peine.
1. J'essaie à plusieurs reprises de cueillir de la bardane (ou de la lampourde) ; je n'en remplis pas même une corbeille plate à bords déprimés. Hélas ! je pense à mon époux, et laisse ma corbeille sur la grand'route.
2. Je veux gravir cette montagne semée de rochers (pour voir si mon époux revient) ; mes chevaux malades ne peuvent la monter. Alors je remplis une coupe du vin de cette amphore dorée, afin de dissiper les pensées qui m'importunent (4).
3. Je veux gravir cette haute colline ; mes chevaux sont malades et de noirs devenus jaunes. Alors je remplis de vin cette corne de rhinocéros, afin de dissiper ma douleur (5).
4. 9 Je veux gravir cette montagne composée de roches recouvertes de terre ; mes chevaux malades ne peuvent avancer. Le conducteur de ma voiture n'a pas la force de marcher. Oh ! comme je gémis !
Sous l'emblème d'un arbre auquel s'attachent les plantes grimpantes, les femmes du palais exaltent la bonté de la princesse T'ai Seu à leur égard, et lui souhaitent en récompense une félicité parfaite.
1. Les montagnes du midi ont des arbres aux rameaux pendants ; les dolics enlacent les troncs et les branches. Notre sage princesse fait nos délices ; puisse-t-elle jouir d'une félicité constante et assurée !
2. Les montagnes du midi ont des arbres aux rameaux pendants ; les dolics couvrent les troncs et les branches. Notre sage princesse fait nos délices ; que tous les biens sans cesse l'environnent !
3. Les montagnes du midi ont des arbres aux rameaux pendants ; les dolics s'enroulent autour des troncs et des branches. Notre sage princesse fait nos délices ; que sa félicité soit toujours parfaite !
Sous l'emblème d'une troupe de sauterelles, les femmes du palais désignent la princesse T'ai Seu, louent sa bienveillance et sa douceur accommodante, et lui souhaitent en récompense une nombreuse postérité.
1. Sauterelles, race ailée, entre vous règnent l'union et la concorde ; vous méritez d'avoir une postérité nombreuse.
2. Sauterelles, race ailée, votre bruyante troupe vole de concert ; vous méritez d'avoir une postérité sans fin.
3. Sauterelles, race ailée, vous vivez réunies en troupe ; vous méritez d'avoir une postérité nombreuse.
Le poète voyant que, sous Wenn wang, les mariages se célèbrent à l'époque, à l'âge et avec les cérémonies convenables, conclut que les jeunes mariées sont vertueuses, et les compare au pêcher sur lequel les fleurs éclosent, puis les fruits naissent, enfin les feuilles prennent leur entier développement.
1. Le pêcher est jeune et beau ; ses fleurs sont brillantes. Ces jeunes filles vont célébrer leurs noces chez leurs fiancés ; elles 11établiront l'ordre le plus parfait dans leurs appartements et dans toute la maison (6).
2. Le pêcher est jeune et beau, ses fruits sont nombreux. Ces jeunes filles vont célébrer leurs noces ; elles établiront l'ordre le plus parfait dans leurs maisons et leurs appartements.
3. Le pêcher est jeune et beau, son feuillage est luxuriant. Ces jeunes filles vont célébrer leurs noces ; elles établiront l'ordre le plus parfait parmi les personnes de leurs maisons.
Le poète compare les officiers de Wenn wang aux chasseurs de lièvres. Sous ce prince, les hommes capables de remplir les charges publiques étaient très nombreux ; on en rencontrait même parmi ceux qui exerçaient les métiers les plus vulgaires.
1. Le chasseur de lièvres dispose soigneusement son filet, et le fixe solidement avec des pieux, qu'il enfonce à coups retentissants. Ces braves officiers sont infatigables ; ils servent de bouclier et de rempart à notre prince (7).
2. 12 Le chasseur de lièvres dispose soigneusement son filet ; il le tend à la jonction de neuf chemins. Ces braves officiers sont infatigables ; ils sont les dignes compagnons de notre prince.
3. Le chasseur de lièvres dispose soigneusement son filet ; il le tend au milieu de la forêt. Ces braves officiers sont infatigables ; ils vivent dans l'intimité du prince (8).
Sous le règne de Wenn wang, les femmes, en temps de paix, emploient leurs moments de loisir à cueillir le plantain.
1. Nous allons cueillir le plantain ; nous en cherchons un peu. Nous allons cueillir le plantain ; nous en trouvons un peu.
2. Nous allons cueillir le plantain ; nous en cueillons quelques épis. Nous allons cueillir le plantain — nous égrenons quelques épis.
3. 13 Nous allons cueillir le plantain ; nous mettons les grains dans le pan de nos robes. Nous allons cueillir le plantain ; nous fixons le pan de nos robes à la ceinture (9).
Sous le règne de Wenn wang, les jeunes filles étaient très chastes. Le poète les compare à un grand arbre, à un arbuste épineux, à l'armoise.
1. Au midi il est des arbres très élevés qui ont peu de branches ; on ne peut se reposer (à leur ombre, ils n'en donnent pas). Sur les bords de la Han il est des jeunes filles qui se promènent ; il est aussi impossible d'ébranler leur vertu que de traverser la Han à gué ou de voyager sur le Kiang en radeau.
2. Je voudrais couper et recueillir les arbustes épineux qui s'élèvent au-dessus des autres arbrisseaux destinés au chauffage. 14 Cette fille va célébrer ses noces. (Mon estime pour sa vertu est telle que je m'abaisserais volontiers jusqu'à) porter la nourriture à son cheval. Il est impossible de traverser la Han à gué, ou de voyager sur le Kiang en radeau.
3. Je voudrais couper et recueillir l'armoise qui s'élève au-dessus des autres plantes destinées au chauffage. Cette fille va célébrer ses noces. (Pour témoigner combien j'estime sa vertu, je m'abaisserais volontiers jusqu'à) porter la nourriture à son poulain. Il est impossible de traverser la Han à gué, ou de voyager sur le Kiang en radeau.
Sous le règne du tyran Tcheóu, une femme dont le mari revient d'une expédition pénible, se réjouit de son retour et le compare à la brême devenue rouge par suite de fatigue. Elle l'engage à servir fidèlement son prince, parce que Wenn wang le veut, et donne lui-même l'exemple de l'obéissance.
1. (L'année dernière) le long du bord élevé de la Jou, j'ai coupé des branches et des arbustes. Ne revoyant pas mon seigneur (mon mari), dans mon affliction j'éprouvais comme le tourment d'une faim dévorante.
2. 15 (Cette année) le long du bord élevé de la Jou, j'ai coupé des branches et des surgeons. J'ai revu mon seigneur, il n'est pas resté loin de moi pour toujours.
3. La brême a la queue toute rouge ; la maison royale est comme un brasier ardent (Tcheou traite ses sujets avec cruauté). Bien qu'elle soit comme un brasier ardent, (soyez-lui dévoué) ; le père du peuple (Wenn wang) est très près de nous (10).
Le poète compare les fils, les petits-fils et les parents de Wenn wang à la licorne, qui ne foule du pied aucun être vivant, pas même le gazon, ne frappe ni du front ni de la corne, et par son apparition annonce un âge de prospérité.
1. Les fils généreux de notre prince sont comme les pieds de la licorne. Oh ! ils sont la licorne (qui présage une ère de bonheur) !
2. Les petits-fils généreux de notre prince sont comme le front de la licorne. Oh ! ils sont la licorne !
3. 16 Les parents généreux de notre prince sont comme la corne de la licorne. Oh ! ils sont la licorne !
Un jeune prince va épouser la fille d'un prince voisin. Les personnes de son palais exaltent la vertu de sa fiancée, la comparent à la tourterelle, et lui font une réception pompeuse, une cérémonie en rapport avec son mérite.
1. La pie a fait son nid ; la tourterelle l'occupe. Cette jeune fille va célébrer ses noces ; cent voitures (de la maison de son fiancé) vont l'inviter et l'amener (11).
2. La pie a fait son nid ; la tourterelle en jouit. Cette jeune fille va célébrer ses noces ; cent voitures (de la maison de son père) forment son escorte.
3. 17 La pie a fait son nid ; la tourterelle le remplit de sa progéniture. Cette fille va célébrer ses noces ; des centaines de voitures lui font un cortège complet, (et une suite nombreuse de dames des deux principautés remplit le palais de son époux).
Sous le règne de Wenn wang, la femme d'un prince cueille l'armoise blanche, et l'offre dans la salle des ancêtres, ou d'après une autre opinion, l'emploie à faire éclore les œufs des vers à soie.
1. La princesse cueille l'armoise blanche au bord des bassins et sur les îlots. Elle l'emploie pour le service du prince (pour faire des offrandes ou élever des vers à soie).
2. Elle cueille l'armoise blanche au bord des ruisseaux dans les vallées. Elle l'emploie dans la salle (des ancêtres ou dans la magnanerie) du prince.
3. La tête parée de cheveux empruntés, dès le matin avant le jour elle se tient avec respect dans la salle (des ancêtres ou 18 dans la magnanerie) du prince. (Puis, lorsqu'elle a rempli son office), la tête parée de cheveux empruntés, elle se retire d'un pas lent, et retourne à ses appartements (12).
La femme d'un grand officier appelle de ses vœux le retour de son mari.
1. La sauterelle des prés crie ; la sauterelle des coteaux sautille (l'automne est venu). Je ne vois pas mon seigneur (mon mari) ; l'inquiétude agite mon cœur. Quand je l'aurai revu et retrouvé, mon cœur deviendra calme.
2. Je gravis cette montagne au midi (pour voir si mon seigneur ne revient pas encore) ; j'y cueille de la fougère. Je ne vois pas mon seigneur ; mon cœur est dans la tristesse et l'inquiétude. Quand je l'aurai revu et retrouvé, mon cœur sera dans la joie.
3. Je gravis cette montagne au midi ; j'y cueille de la fougère. 19 Je ne vois pas mon seigneur ; mon cœur est dans l'inquiétude et l'affliction. Quand je l'aurai revu et retrouvé, mon cœur jouira du repos.
La jeune femme d'un tái fōu grand officier cueille des plantes, les fait cuire, et prépare des offrandes dans la salle des ancêtres.
1. Elle cueille des lentilles d'eau au midi dans la vallée sur le bord du courant. Elle cueille le potamot dans ces ruisseaux formés par l'inondation.
2. Elle met ces plantes dans des paniers, les uns carrés, les autres ronds. Elle les fait bouillir dans des chaudières, les unes munies de pieds, les autres sans pieds.
3. Elle les offre dans la salle du premier des ancêtres de la 20 famille, auprès de la fenêtre. Qui préside à ce travail ? C'est une jeune femme respectueuse (13).
Le peuple, dans sa vénération pour le prince de Chao, respectait les arbres sous lesquels il s'était reposé.
1. Ne taillez pas, n'abattez pas ce poirier sauvage aux rameaux touffus, aux fruits doux. Le prince de Chao s'est abrité sous son feuillage.
2. Ne taillez pas, ne lésez pas ce poirier sauvage aux rameaux touffus, aux fruits doux. Le prince de Chao s'est reposé sous son feuillage.
3. Ne taillez pas, ne courbez pas ce poirier sauvage aux rameaux touffus, aux fruits doux. Le prince de Chao s'est arrêté sous son feuillage.
Une jeune fille a été promise en mariage à un jeune homme. Celui-ci l'accuse en justice, et veut la forcer à célébrer les noces, avant d'avoir accompli toutes les cérémonies des fiançailles. Elle refuse absolument d'enfreindre ainsi les usages.
1. Les chemins sont tout humides de rosée. Pourquoi refusé-je 21 de sortir dès le matin au point du jour (c’est-à-dire de célébrer mes noces sans retard) ? C'est que sur les chemins la rosée est très abondante (c’est-à-dire ce serait une faute grave de célébrer les noces avant l'entier accomplissement des cérémonies des fiançailles, je ne veux pas m'en rendre coupable).
2. Qui dira jamais que le moineau n'a pas de cornes ? (On dit communément : S'il n'avait pas de cornes), comment pourrait-il percer mon toit ? (De même, en voyant que tu me cites devant les tribunaux), qui dira que tu n'as pas contracté avec moi des fiançailles selon toutes les règles ? (Au jugement de tous, si les règles n'avaient pas été entièrement observées), comment pourrais-tu me citer en justice ? Tu auras beau me citer en justice ; (de même que, contrairement à l'opinion vulgaire, il est certain que le moineau n'a pas de cornes ; de même, contrairement aux discours publics, il est certain que) les cérémonies des fiançailles n'ont pas toutes été accomplies.
3. Qui dira jamais que le rat n'a pas de dents molaires (ou plutôt de dents canines ? S'il n'avait pas de dents canines, dit-on), comment percerait-il mon mur ? (De même, en voyant que 22 tu m'accuses devant les tribunaux), qui dira que tu n'as pas accompli toutes les cérémonies des fiançailles ? (Si tu ne les avais pas accomplies, pense-t-on), comment pourrais-tu me citer en justice ? Bien que tu me cites en justice, je ne te suivrai pas.
Le poète loue la simplicité des vêtements ordinaires des tái fōu grands préfets, leur tenue aisée et leur joyeuse allure.
1. Vêtu de peaux d'agneaux et de brebis ornées de cinq tresses de soie blanche, il quitte la cour joyeux et content, et va prendre son repas dans sa maison.
2. Vêtu de peaux d'agneaux et de brebis unies par cinq coutures de fil de soie blanche, joyeux et content, il quitte la cour et va prendre son repas.
3. Vêtu de peaux d'agneaux et de brebis cousues ensemble et 23 unies par cinq tresses de soie blanche, joyeux et content, il quitte la cour et va prendre son repas.
La femme d'un officier soupire après le retour de son mari. « Le tonnerre, dit-elle, n'a pas ordinairement d'endroit fixe. A présent il en a un. Pourquoi mon mari n'en a-t-il pas ? »
1. Le tonnerre gronde sourdement, toujours au midi de la montagne australe. Pourquoi mon seigneur, toujours loin d'ici, n'ose-t-il jamais prendre un instant de loisir ? Il est si bon ! Oh ! qu'il revienne ! oh ! qu'il revienne !
2. Le tonnerre gronde sourdement, toujours au midi, à côté de la montagne. Pourquoi mon seigneur, toujours loin d'ici, n'a-t-il jamais ni loisir ni repos ? Il est si bon ! Oh ! qu'il revienne ! qu'il revienne !
3. Le tonnerre gronde sourdement, toujours au midi, au pied de la montagne. Pourquoi mon seigneur, toujours loin d'ici, n'a-t-il 24 jamais un instant de repos en aucun lieu ? Il est si bon ! Oh ! qu'il revienne ! qu'il revienne !
Une jeune fille désire contracter mariage, de peur d'être exposée aux outrages des libertins.
1. Les fruits tombent du prunier ; il n'en reste plus que sept (ou il n'en reste plus que les sept dixièmes) : Puissent les bons jeunes gens qui me désirent, profiter de cet heureux jour !(14)
2. Les fruits tombent du prunier ; il n'en reste plus que trois (ou les trois dixièmes). Puissent les bons jeunes gens qui me recherchent, venir aujourd'hui !
3. Les derniers fruits sont tombés du prunier ; on les a recueillis dans le panier plat à bords déprimés. Puissent les bons jeunes gens qui me recherchent, venir sans retard fixer le jour des noces !
Les compagnes d'une princesse, contentes d'un rang inférieur, se comparent à de petites étoiles auprès d'un grand astre. Elles prennent et quittent leur service le soir et le matin, au lever et au coucher des étoiles.
1. Ces petites étoiles paraissent à peine ; on en voit de trois à cinq à l'orient. Nous marchons la nuit avec respect et précaution ; le matin et le soir, nous sommes dans le palais. Notre sort est différent de celui de la princesse.
2. Ces petites étoiles paraissent à peine ; on ne voit qu'Orion et les Pléiades. Nous marchons la nuit avec respect et précaution, portant nos couvertures dans nos bras. Notre condition n'est pas égale à celle de la princesse.
Une jeune fille, allant épouser un prince, a refusé de s'associer l'une de ses parentes. Plus tard, elle la regrette et l'appelle auprès d'elle. La compagne loue ce repentir, et se compare à un bras du Kiang, qui retourne au courant principal, après en avoir été séparé, et avoir formé avec lui comme un îlot.
1. Le Kiang a des bras qui retournent au courant principal. Cette fille en se mariant ne m'a pas prise pour compagne. Elle ne m'a pas prise pour compagne ; ensuite elle s'en est repentie.
2. 26 Le Kiang a des îlots. Cette fille en se mariant ne m'a pas choisie pour compagne. Elle ne m'a pas choisie pour compagne ; ensuite (elle m'a appelée auprès d'elle, et) ses regrets ont cessé.
3. La T'ouo est un bras du Kiang. Cette fille en se mariant m'a laissée loin d'elle. Elle m'a laissée loin d'elle ; ensuite (dans son repentir pour dissiper sa tristesse) elle a sifflé ; (à présent) elle chante de joie.
Une jeune personne réclame le respect dû à sa vertu.
1. Un homme trouve un daim mort dans la campagne ; il l'enveloppe d'herbe blanche (avec précaution et l'emporte sans le toucher). Une jeune personne pense à se marier ; un jeune homme honnête se permettra-t-il de la solliciter ?
2. Un homme trouve des arbustes dans la forêt, un cerf mort dans la plaine ; il les lie ou les enveloppe avec de l'herbe blanche. Une jeune personne est comme une pierre précieuse ; (est-il permis de la traiter sans respect) ?
3. 27 Doucement, doucement, jeune homme ; ne te permets pas même de toucher ma serviette ni de faire aboyer mon chien (15).
Mariage d'une fille de l'empereur (Ou wang peut-être) avec le fils d'un prince.
1. Que cette fleur est belle ! c'est la fleur du cerisier sauvage. Les voitures de la princesse impériale n'annoncent-elles pas le respect et la soumission de la jeune épouse ?
2. Que ces fleurs sont belles ! on dirait la fleur du pêcher et celle du prunier. Ce sont la petite-fille du Roi pacificateur et le fils du prince de Ts'i (ou du Prince respectueux).
3. Qu'est-ce qu'une ligne de pêcheur ? Des fils réunis et formant une corde. Ainsi s'unissent le fils du prince de Ts'i (ou du Prince respectueux) et la petite-fille du Roi pacificateur.
Les princes tchōu heôu, par leur bonne administration, font tout prospérer, même les plantes et les animaux sauvages. Ils sont comme le tcheōu iû, animal très doux qui ne mange rien de vivant.
1. Les joncs sont vigoureux ; le chasseur lance quatre flèches, et tue cinq sangliers mâles (l'une des quatre flèches en tue deux à la fois). Oh ! notre prince est le tcheou iu !
2. Les chrysanthèmes sont vigoureux ; le chasseur lance quatre flèches, et tue cinq jeunes sangliers. Oh ! notre prince est le tcheou iu !
Dans cette pièce, d'après Mao Tch'ang et d'autres anciens interprètes, un officier fidèle se plaint de n'avoir pas la confiance de son prince ; d'après les modernes, une princesse se plaint de n'avoir pas les bonnes grâces de son époux.
1. Cette barque de bois de cyprès, ballottée avec violence, erre à la merci des flots. J'ai l'esprit troublé et ne puis dormir, comme si j'éprouvais une cruelle douleur. Le vin ne me manque pas pour me distraire et me récréer, (mais rien ne peut dissiper mon chagrin).
2. 29 Mon cœur n'est pas un miroir ; je n'y puis découvrir la cause de ma disgrâce. J'ai des frères, mais je ne puis compter sur eux. Quand je vais leur exposer un peu mon infortune, leur colère éclate contre moi.
3. Mon cœur n'est pas une pierre qui roule ; il n'est pas versatile. Mon cœur n'est pas une natte qui s'enroule ; il ne manque pas de droiture. Ma tenue et ma conduite sont admirables ; elles n'ont rien de répréhensible.
4. Le chagrin tourmente mon cœur ; une troupe de personnes viles me poursuit de sa haine. J'ai vu beaucoup d'afflictions et souffert bien des outrages. Je pense à mon malheur dans le silence ; quand je m'éveille, (accablée de douleur) je me frappe la poitrine.
5. Pourquoi est-ce le soleil et non la lune qui décroît ou s'éclipse ? 30 (Pourquoi dois-je céder la place à ces personnes viles) ? Le chagrin étreint mon cœur comme un vêtement souillé s'attache au corps. Je réfléchis en silence ; je ne puis prendre mon essor et m'envoler d'ici.
Tchouāng Kiāng, c’est-à-dire la fille du prince de Ts'î, dont le nom de famille est Kiāng, mariée à Tchouāng, prince de Wéi, se plaint de son délaissement. La couleur verte est préférée à la couleur jaune, la servante à la maîtresse. (Le jaune est l'une des cinq couleurs simples des Chinois ; le vert est considéré comme une couleur intermédiaire, et par suite moins estimé que les couleurs principales).
1. Le vêtement qui couvre la poitrine est vert ; l'étoffe est verte et la doublure jaune. Comment l'affliction de mon cœur pourrait-elle cesser ?
2. Le vêtement qui couvre la poitrine est vert, et celui qui couvre les jambes est jaune. Comment pourrais-je oublier mon chagrin ?
3. Le fil de soie est teint en vert ; prince, c'est votre œuvre (c'est vous qui avez substitué la servante à l'épouse légitime). Je me rappelle les maximes et les exemples des sages, pour me préserver de toute faute.
4. 31 Quand le vent souffle, les vêtements de toile ne sont pas assez chauds (et sont abandonnés. Chaque chose a son temps ; le temps de la faveur est passé pour moi). Je me rappelle les préceptes et la conduite des sages ; j'obtiens réellement l'objet de mes désirs (à savoir, la pratique parfaite de la vertu).
Kiang, femme de Tchouang, prince de Wéi, n'ayant pas d'enfant mâle, ce prince eut pour successeur Houân ou Houân kōung, fils d'une femme de second rang, nommée Tái Kouēi ou Tchóung chéu. Le prince Houan fut tué par Tcheōu hiū, l'un de ses frères, né d'une autre mère, et connu sous le nom de Siuēn kōung. Tai Kouei retourna dans la principauté de Tch'ênn, sa patrie. Tchouang Kiang raconte qu'elle la suivit une partie du chemin, et déplore leur séparation. Elle se compare, elle et sa compagne, à deux hirondelles.
1. Deux hirondelles volent ensemble ; leurs ailes inclinent, l'une d'un côté l'autre de l'autre. Cette fille est retournée chez ses parents ; je l'ai suivie loin dans la campagne. Quand mes yeux ont cessé de l'apercevoir, j'ai versé un torrent de larmes.
2. Deux hirondelles volent ensemble ; tantôt elles montent tantôt elles descendent. Cette fille est retournée chez ses parents ; je l'ai 32 suivie fort loin. Quand mes yeux ont cessé de l'apercevoir, je me suis arrêtée longtemps pour pleurer.
3. Deux hirondelles volent ensemble ; elles montent et descendent en gazouillant. Cette fille est retournée chez ses parents ; je l'ai accompagnée loin vers le midi (sur la route de Tchenn). Quand mes yeux ont cessé de l'apercevoir, mon cœur a été accablé de douleur.
4. Tchoung était une amie sincère, pénétrée d'un profond sentiment d'affection. Toujours aimable et docile, elle était vertueuse et veillait sur elle-même. Elle n'oubliait pas le prince défunt, et m'excitait à penser à lui.
Tchouāng Kiāng déplore la mauvaise conduite de Tchouang, prince de Wei, son époux. Elle prend à témoin le soleil et la lune, qui éclairent et voient toutes choses.
1. O soleil, ô lune, qui répandez ici-bas votre lumière et vos 33 bienfaits, voyez comme cet homme diffère des anciens sages. Quand aura-t-il la ferme détermination de régler sa conduite ? Pourquoi ne fait-il aucune attention à moi ?
2. O soleil, ô lune, qui inondez la terre d'un océan de lumière, voyez comme cet homme me traite peu amicalement. Quand aurat-il la ferme détermination de régler sa conduite ? Pourquoi ne répond-il pas à mon affection ?
3. O soleil, ô lune, qui venez de l'orient, voyez cet homme qui parle bien et agit mal. Quand prendra-t-il une sage détermination ? Il me traite comme si je méritais l'oubli.
4. O soleil, ô lune, qui venez de l'orient ! (Pourquoi) mes parents ne m'ont-ils pas continué leurs soins à la maison jusqu'à la mort ? 34 Quand cet homme prendra-t-il une sage détermination ? Il répond à mon affection par des traitements injustes.
Tchouāng Kiāng compare le prince Tchouang, son mari, ou, d'après Mao Tchang, le prince Tcheōu hiū, à un ciel tempétueux, qui semble parfois se rasséréner, mais redevient bientôt couvert d'épais nuages.
1. Le vent souffle tout le jour, et avec violence. Le prince me regarde ; il se met à rire, m'accable de plaisanteries et sourit avec dédain. Je sens comme une blessure an fond de mon cœur.
2. Le vent souffle tout le jour, il tombe comme une pluie de poussière. Le prince paraît consentir à venir me voir amicalement ; mais il ne s'approche ni ne s'éloigne. Longtemps, longtemps je pense à lui.
3. Tout le jour le vent a soufflé, accompagné de nuages. Moins d'un jour après ; le vent et les nuages reparaissent. Je veille sans pouvoir dormir. A force de penser au prince, je suis enrhumée du cerveau (16).
4. 35Le vent et les nuages obscurcissent le ciel. Le tonnerre fait entendre un murmure menaçant. Je veille sans pouvoir dormir. Je pense au prince ; son souvenir ne me quitte pas.
Tcheōu hiū, fils de Tchouāng kōung. prince de Wéi, après avoir tué son frère Houân kōung, et usurpé le pouvoir, se ligue avec les princes de Tch'ênn et de Sóung, et envoie Suēnn Tzéu tchóung, chef de son armée, attaquer le prince de Tchéng. Un soldat se plaint d'être obligé de quitter sa famille, peut-être pour ne plus la revoir.
1. Le tambour bat ; nous bondissons et nous employons nos armes. D'autres font des travaux de terrassement dans notre pays, fortifient la ville de Ts'ao. Nous seuls allons au midi (attaquer Tcheng).
2. Nous suivons Suenn Tzeu tchoung, en paix avec Tch'enn et Soung. Nous ne reverrons pas nos familles ; mon cœur est dans l'angoisse.
3. Nous demeurons, nous nous arrêtons ; nous perdons nos chevaux. Nous les cherchons au bas de la forêt (17).
4. 36 Nous avons promis fidélité à nos épouses pour la vie, pour la mort, pour le temps d'une grande et longue séparation. Nous leur avons pris la main, et juré de vieillir avec elles.
5. Hélas ! pour le temps d'une longue séparation ! La vie nous est enlevée. Hélas ! nos engagements ! Il nous est impossible de les remplir.
Une veuve de Wéi avait sept fils, et néanmoins vivait dans le désordre. Les sept frères, au lieu de se plaindre de leur mère, s'accusent eux-mêmes de ne lui donner ni secours ni consolation, et d'être ainsi la cause de ses dérèglements.
1. Le vent du midi caresse de son souffle bienfaisant les nouveaux surgeons au milieu de ces petits jujubiers sauvages ; les surgeons sont tendres et beaux. Ainsi notre illustre mère s'est imposé pour nous de grandes fatigues.
2. Le vent du midi a caressé de son souffle bienfaisant (et fait croître) ces jujubiers sauvages qui serviront pour le feu. 37 Notre illustre mère est sage et bonne ; mais parmi nous ses enfants, il n'est pas un homme de bien.
3. Une source d'eau fraîche sort auprès de la ville de Siun (et sert aux habitants). Notre illustre mère a sept fils ; elle endure de grandes fatigues (parce qu'aucun d'eux ne l'aide).
4. Le loriot, dont la voix est claire et flexible, a soin de rendre son chant agréable. Notre mère a sept fils ; aucun d'eux ne la console.
La femme d'un officier loue le calme, le dévouement de son mari, et soupire après son retour. Elle souhaite qu'il s'abstienne de tout mal, afin que le ciel le protège et le ramène sain et sauf.
1. Le faisan dans son vol fend l'air avec lenteur. (De même) celui que je regrette (est calme au milieu des périls ; mais il) me laisse dans l'inquiétude.
2. Le faisan dans son vol chante sans cesse, soit qu'il monte soit qu'il descende. Mon noble époux, (lui-même toujours 38 content), laisse mon cœur dans une cruelle affliction.
3. Je considère le soleil et la lune (et calcule le temps que ces astres ont mesuré). Il y a longtemps que je soupire après mon époux. Mais la distance est grande ; quand pourra-t-il être de retour ?
4. Nobles guerriers, ne connaissez-vous pas tous la voie de la vertu ? Celui qui ne nuit à personne et n'est pas cupide, en quoi ne sera-t-il pas irréprochable ? (18)
Dans la principauté de Wéi, les alliances matrimoniales sont conclues à la hâte et souvent mal assorties ; les anciens usages sont violés.
1. La courge conserve encore ses feuilles amères (elle n'est pas mûre et ne peut ni être mangée ni servir pour la natation). Le gué est profond. Quand il est profond, pour le passer on relève les vêtements jusqu'au-dessus de la ceinture. Quand il ne l'est pas, il suffit de relever les vêtements jusqu'aux genoux. (Ainsi les cérémonies du mariage doivent être accomplies diversement selon les différentes circonstances).
2. 39 L'eau remplit le gué, elle va déborder ; la faisane fait entendre son cri. L'eau déborde, et l'on prétend la traverser sans même que les traces des roues de la voiture soient mouillées ! La faisane crie, et pour compagnon on lui cherche un quadrupède !
3. (Anciennement) une oie sauvage à la voix harmonieuse était offerte (à la fiancée) dès le lever du soleil, dès le point du jour. Le fiancé qui devait aller chercher sa fiancée (après la fonte des glaces), offrait l'oie sauvage longtemps auparavant.
4. Le batelier appelle à lui ; les autres passent dans sa barque, moi je ne passerai pas. Que les autres passent, moi je ne passerai pas ; j'attendrai un compagnon qui me convienne (un mari digne de moi).
Une femme se plaint d'avoir été chassée par son mari et remplacée par une concubine.
1. Lorsqu'un vent modéré souffle de l'orient, les nuages se forment, la pluie arrose la terre. Ainsi les époux doivent s'efforcer de 40 vivre unis de cœur, et ne se permettre aucun sentiment d'indignation l'un envers l'autre. # On ne rejette pas un navet ou un radis, parce que l'extrémité est un peu gâtée. (Tu n'aurais pas dû me rejeter, parce que je n'ai plus toute la beauté de ma jeunesse). Je n'avais rien fait de contraire à 1'honneur ; tu devais me laisser vivre avec toi jusqu'à la mort.
2. Je voyage lentement ; il me répugne de m'en aller. A mon départ, tu ne m'as pas accompagnée loin ; tu t'es arrêté au seuil de la porte. Qui dira que la chicorée est amère ? (Comparée à mon affliction) elle est douce comme la bourse-à-pasteur. Cependant tu te livres à la joie avec ta nouvelle femme, comme un frère avec son frère ou sa sœur.
3. L'eau trouble de la King paraît encore plus trouble quand on la voit au confluent auprès de l'eau limpide de la Wei ; cependant elle est claire auprès des îlots (où le courant est moins rapide. Ainsi mon visage auprès de celui d'une femme plus jeune a paru laid à tes yeux, et tu as oublié mes qualités). Tu te livres à la joie 41 avec ta nouvelle femme, et ne daignes plus m'avoir pour compagne. Que cette femme ne se permette pas d'aller à mon barrage ni de soulever ma nasse, c’est-à-dire, d'occuper mes appartements ni de soigner les affaires de la maison. Mais tu n'as pu souffrir ma personne ; auras-tu compassion de moi après mon départ ?
4. Quand l'eau était profonde, je la passais en radeau ou en barque ; quand elle ne l'était pas, je la traversais à gué ou à la nage. (Je soignais les affaires de ta maison avec discernement, d'après les circonstances). Sans considérer ce que nous avions ni ce que nous n'avions pas, je travaillais de tout mon pouvoir à trouver les choses nécessaires. Chaque fois qu'un voisin avait des obsèques à célébrer, je faisais tout des pieds et des mains pour lui venir en aide.
5. Tu ne veux plus vivre avec moi ; bien plus, tu me traites en ennemie. Tu as rejeté mes bons offices ; me voilà comme un marchand qui ne trouve pas d'acheteurs. Quand je vivais avec toi, je craignais d'abord de manquer de vivres et de périr ainsi que toi. 42