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"Enquêtes express" est une compilation de nouvelles où chaque récit plonge le lecteur dans une variété de contextes et de motifs intrigants. Meurtres, vols, escroqueries et enlèvements trouvent leurs origines dans le sexe, la jalousie, la vengeance ou la cupidité. Chaque affaire saisissante frappe fort, surprend, émeut et sidère. Au milieu de fausses accusations et de mobiles incroyables, la vérité lutte pour émerger, tenant le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Après avoir exploré la vie, les rêves et le bonheur dans ses précédents ouvrages,
Andréa Waguener offre aux amateurs de frissons un quatrième recueil de nouvelles d’une tout autre veine, cette fois axé sur la criminalité.
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Seitenzahl: 124
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Andréa Waguener
Enquêtes express
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Andréa Waguener
ISBN : 979-10-422-4308-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Films et romans policiers nous font découvrir un monde dans lequel les actes les plus sombres semblent la norme, où les personnages les plus retors sont légion. Les faits divers ne surprennent même plus par les violences qu’ils exposent. À force d’être confronté à la noirceur des âmes, le commun du mortel ne pourra bientôt plus accorder sa confiance qu’aux personnes proches de son entourage. Et encore !
Andréa Waguener
La vérité est la concordance entre les évènements et ce qui en est rapporté.
C’est pourquoi dans tout dossier, les déclarations et alibis sont vérifiés. Les enquêteurs se basant sur les faits, il suffit qu’ils n’aient pas connaissance d’un infime détail pour fausser leur conclusion de l’affaire.
La découverte de l’incontestable ne tient parfois qu’à une broutille qui se fait évidence.
— Je suppose que demain tu feras l’ouverture ?
Bernadette Bertin venait d’aborder un sujet sensible.
Cette belle femme au caractère bien trempé regarda son époux de travers en tenant les lèvres pincées. La pêche… Elle avait donné… Maintenant, elle était passée à autre chose. La maison à entretenir, le linge à repasser, la pelouse à tondre. Comment comprendre qu’on puisse perdre son temps à rester planter près d’un cours d’eau, une canne à la main, sans bouger alors que tant de travail nécessitait qu’on s’en préoccupe ?
Roger s’attendait à cet orage. Son argumentaire était prêt.
— C’est le jour à ne pas manquer. Les poissons n’ont pas vu d’hameçon depuis plusieurs mois, ce qui les rend moins méfiants. Je te promets de te consacrer le week-end prochain. Mais là, n’essaie pas de me retenir. Ce serait peine perdue. Par contre, si cela te dit, tu pourrais me rejoindre en fin de matinée pour le repas de midi. Il fait étonnamment bon pour la saison. Nous pourrions passer un moment agréable.
— À te regarder enfiler des vers de terre au bout d’un hameçon ? Tu parles d’un plaisir ! Et puis, je m’ennuie à mourir au bord de l’eau. Il n’y a rien à voir, rien à faire.
— Je peux demander à Joseph de t’accompagner. Je sais que tu l’apprécies.
La remarque mit visiblement la jeune femme mal à l’aise.
— C’est ton copain d’enfance, pas le mien.
— Ami de ma jeunesse, c’est un fait. Mais reconnais que nous passons de bonnes soirées tous les trois et que vous êtes devenus potes. Tu ris volontiers de ses plaisanteries et il apprécie ta cuisine à sa juste valeur. Surtout lorsque tu prépares du poisson. Il en est friand. Si je sors une grosse pièce, il ne refusera pas de la partager avec nous. Tiens, appelle-le toi-même, il ne pourra pas se défiler et tu auras de la compagnie.
L’alternative parut convenir à l’épouse qui s’éloigna pour joindre leur ami commun tandis que son mari préparait le matériel indispensable à tout bon pêcheur : deux cannes, deux lignes montées, hameçons et fil de rechange, nasses et épuisette, ainsi qu’une kyrielle d’accessoires. Il n’oublia pas le saucisson, le pain, le thermos de café et le petit blanc à boire bien frais. La matinée serait longue avant le déjeuner.
Tôt le matin suivant, Roger se glissa hors du lit. Il tenait à surprendre les poissons aux premières lueurs de l’aube. Le soleil n’était pas encore levé.
Pour cette ouverture, il avait choisi l’étang des belles. Un endroit tranquille et accessible en voiture posé près d’un petit village. Il y avait ses habitudes, son coin. Il ne ferait pas bon qu’un autre s’y soit installé. D’autant qu’il était venu l’amorcer la veille. Mais non, tout était pour le mieux. L’emplacement restait libre.
Roger plaça ses lignes, lança quelques vers pour appâter les habitants aquatiques. Plusieurs ronds s’étalèrent sur la surface de l’onde attestant une présence mouvante. Une petite brume monta dans l’air encore frais, dessinant des formes vaporeuses dansant au gré du vent léger sous les coassements des grenouilles. L’instant paraissait féérique alors que le soleil laissait poindre ses premiers rayons.
Bien installé sur son tabouret pliable, Roger observa le changement qui s’opérait. Les arbres s’ébrouèrent pour forcer la rosée à couler le long de leurs feuilles naissantes tandis que des pépiements se faisaient entendre toujours plus nombreux. La vie reprenait ses droits en chassant la grisaille de la nuit mourante. Un instant, l’orange domina avant que le jaune ne l’estompe. La clarté s’imposait. Un nouveau jour commença.
Un autre amateur approcha, canne à pêche en main, musette sur l’épaule. Il engagea la conversation.
— Salut ! Moi, c’est Michel. Je ne vous dérangerai pas, car je vais m’installer un peu plus loin, derrière le buisson au feuillage persistant qu’on aperçoit là-bas. Vous ne me verrez même pas, mais si vous avez envie de faire la causette, n’hésitez pas. Vous avez eu des touches ?
L’interpellé allait répondre par la négative lorsque le bouchon se mit à danser à la surface formant des cercles qui s’élargissaient.
— Ça mord, chuchota-t-il.
Le petit bout de bois coloré piqua brutalement, tirant la ligne posée sur son support.
Roger bondit et attrapa la canne d’une main ferme. Le fil se tendit puis le bouchon réapparut un instant avant de replonger hors de vue.
— Il est ferré ! lança joyeusement le nouveau compagnon.
— Bon sang, il est gros ! Pourvu que la monture ne casse pas.
— Laissez-le aller et ramenez-le tranquillement. Il faut le fatiguer.
Après un bon quart d’heure d’efforts, le ventre jaune d’une carpe se fit deviner entre deux eaux. Épuisé, l’animal donnait encore de formidables coups de queue dans l’espoir de se libérer.
— L’épuisette, passez-moi l’épuisette.
Michel tendit l’instrument demandé à Roger qui le plaça sous le poisson. La carpe s’y laissa prendre. Un instant plus tard, elle se retrouva dans le grand vivier.
— C’est une belle prise d’au moins huit kilos. J’espère que vous aurez autant de chance que moi. Merci de votre aide Michel.
— Ce fut un plaisir. Allez, j’y vais.
L’heure suivante se passa sans que rien ne se produise. Alertés par le chambard qui avait eu lieu, les autres poissons se tenaient sans doute à distance. Qu’importe. Vu la taille du bestiau, une seule prise aurait suffi au bonheur du plus grincheux des pêcheurs.
Roger se laissait aller à la somnolence lorsqu’un craquement de branche le sortit de sa torpeur. Quelqu’un approchait. Il n’eut pas le temps de se retourner. Un violent coup porté sur le crâne le fit plonger en avant, la tête la première, emportant avec lui la canne qu’il tenait en main. Il n’eut même pas conscience qu’il sombrait.
Il se réveilla, ouvrit les yeux. La chambre ne lui rappelait rien. Un lit médicalisé, des draps blancs, des murs blancs, une blouse opératoire.
Michel se trouvait dans la pièce.
— Tranquillisez-vous, vous êtes à l’hôpital et tout va bien maintenant.
— Vous avez eu de la chance dans votre malheur. J’ai entendu un gros « splatch » et j’ai vu la canne à pêche dériver. J’ai de suite compris que vous étiez tombé à l’eau. J’ai foncé et je vous ai ramené sur le bord. Bon sang, vous pesez le poids d’un âne mort ! J’en ai bavé ! J’ai pratiqué les gestes de premiers secours jusqu’à ce que vous respiriez de nouveau et puis j’ai appelé le SAMU. Vous devez rester ici le temps de subir quelques examens et recevoir des soins appropriés.
— Je vous dois la vie. Merci. Avez-vous prévenu ma femme ?
— Vous n’aviez pas vos papiers sur vous.
— Ma sacoche se trouve dans ma voiture sous le siège conducteur. Les clés étaient dans la poche de ma vareuse. Il faudrait dire à mon épouse d’aller récupérer l’auto et de remporter aussi le matériel de pêche.
— Fournissez-moi votre adresse et je m’en charge.
Les clés trouvées, le sauveteur prit congé et se rendit à l’étang. Il gara sa propre voiture près de celle de Roger, ouvrit le coffre et y fourra l’attirail de pêche. Il sourit en remontant la nasse dissimulant la bouteille de blanc. Il chercha vainement le vivier contenant la carpe. Sans doute s’était-il décroché dans les remous de la chute. Le poisson en aura profité pour rejoindre les fonds vaseux.
Arrivé à l’adresse que Roger lui avait fournie, il rangea la voiture à proximité et observa un moment les environs. Un quartier coquet, de petits pavillons bien entretenus. Il sonna. Une femme vint lui ouvrir. Un homme l’accompagnait qui semblait lui conter fleurette.
— Madame Bertin ? J’ai une mauvaise nouvelle à vous apprendre.
— Mon mari ! C’est mon mari n’est-ce pas ? Que lui est-il arrivé ? Entrez, entrez ! Dites-moi tout ce que vous savez.
Bernadette jouant parfaitement le rôle d’une veuve éplorée entraîna le visiteur dans le salon en passant devant la cuisine dont la porte était ouverte.
Sur la table, Michel put apercevoir deux coupes de champagne posées de part et d’autre d’une volumineuse carpe d’au moins huit kilos.
Quand la mémoire fait défaut, il arrive que le corps se souvienne.
Ma deuxième vie a commencé un lundi matin à neuf heures et demie. C’est l’heure à laquelle le commissaire Durieux m’a convoqué pour m’annoncer les conclusions de son enquête.
J’avais fait sa connaissance trois semaines auparavant dans de bien étranges circonstances.
Je m’étais réveillé, allongé sur un lit, perfusé et la tête bandée. Pas de papier d’identité. Impossible de me souvenir de quoi que ce soit. J’étais devenu amnésique.
On m’apprit que des promeneurs m’avaient découvert échoué dans une crique de Belle-Île-en-Mer, inconscient, respirant à peine, une plaie ouverte à l’arrière du crâne. Transporté par hélicoptère, je me trouvais à l’hôpital de Quiberon.
Intrigué par mon cas, le directeur avait prévenu la police.
Le fonctionnaire se tenait devant moi.
— Bonjour jeune homme. Je suis le commissaire Durieux. J’enquête sur les circonstances de l’accident qui est à l’origine de votre perte de mémoire. Selon les médecins, vous souffrez d’une amnésie post-traumatique. Les souvenirs peuvent mettre du temps à revenir.
— Je ne revois rien.
— Vous avez reçu un violent coup sur la tête. Un morceau de bois y était resté fiché. L’hôpital me l’a restitué et je l’ai envoyé à notre laboratoire. Cela nous fournira peut-être une indication. Vous vous êtes battu ? Vous êtes tombé d’un bateau ?
— Je ne sais pas, je vous dis. J’espère que je manque à quelqu’un. Mon père… ma mère, un employeur ou un ami… J’existe bien. J’avais certainement des relations. Trouvez qui je suis !
— Je fais mon possible jeune homme. J’ai déjà transmis votre photo et votre signalement au service des personnes disparues. J’attends leur retour. Cela ne saurait tarder.
Effectivement, on me recherchait.
— Vous vous appelez Julien Lebel et vous êtes danseur à l’opéra de Paris. Hervé Pichon, le directeur s’est inquiété de votre absence prolongée et a contacté votre famille. La danse, c’est comme le vélo : cela ne s’oublie pas, plaisanta le commissaire. Essayez de vous souvenir.
Je fermai les yeux. L’allegro vivace du lac des cygnes envahit mon cerveau. Je me vis réaliser un pas de trois. Une parcelle de mon identité me revenait enfin ! Une grande confusion s’empara de moi. J’étais sur un voilier. Quelqu’un me houspillait. Son visage restait dans le flou. Le coup sur la tête. La chute dans l’océan. Ce n’était pas un accident.
J’en fis part au commissaire.
— Nous allons devoir réviser notre approche pour enquêter sur une tentative d’homicide. Avez-vous des ennemis ?
— Je ne vois pas. Tout est encore très confus. L’opéra, dites-vous ? J’y avais un ami. Un seul. Sinon, un vrai panier de crabes. Un danseur, grand sujet comme moi. Nous avons monté tous les grades ensemble. Nous partageons les rôles principaux. Je m’en souviens maintenant. Son nom est Michel Monnier. Allez l’interroger. Il pourra sûrement vous renseigner.
— Je vais commencer par fouiller de ce côté-là. En attendant, reposez-vous et ne communiquez avec personne tant que le visage de votre agresseur ne vous revient pas. Votre famille va venir vous chercher.
Je demeurai donc chez mes parents tandis que le commissaire investiguait.
— Bonjour monsieur Pichon. Je souhaite que vous me parliez de la relation qu’entretenait Julien Lebel avec Michel Monnier. Étaient-ils en bons termes ?
— Vous mentionnez deux de mes meilleurs éléments. À ma connaissance, ils se sont toujours bien entendus. En passe l’un comme l’autre, de devenir danseurs étoiles. J’avais d’ailleurs proposé la nomination de Julien. Elle devait intervenir à l’issue de la dernière représentation du lac des cygnes. Son homologue était bien un peu jaloux, mais ce n’était que partie remise pour lui. Au final, du fait de la disparition du premier, c’est Michel qui a été promu.
Le motif paraissait suffisamment crédible pour placer la nouvelle étoile en garde à vue.
Le danseur s’obstinait à nier toute implication dans l’agression.
— Ce n’est pas moi. D’ailleurs, je n’ai pas quitté Paris. Je suis venu m’entraîner à l’Opéra tous les jours. Vous n’avez qu’à vérifier.
L’alibi fut confirmé et Michel Monnier remis en liberté.
Heureusement, la science est un excellent auxiliaire de justice et le fin mot de l’histoire finit par se dévoiler.
— Entrez, monsieur Lebel. Quelques réminiscences vous sont-elles revenues ?
— Désolé. Je ne sais toujours pas ce que je faisais sur ce voilier ni avec qui je me trouvais à bord.
— Je vais vous raconter ce qui s’est passé.
— Vous connaissez l’identité de celui qui m’a frappé ?
— Nous avons son nom, son mobile et l’arme dont il s’est servi… Enfin, si l’on peut appeler cela une arme. Quand on dit que la musique adoucit les mœurs !
— … (silence interrogateur)
— L’arme est un ukulélé fabriqué en bois de koa, une variété d’acacias hawaïenne. Cela ne vous rappelle rien ?
Paupières baissées, je vis les vagues s’écraser sur la coque, projetant leur écume sur la plage avant. J’étais avec un homme plus âgé que moi. Il criait, disait vouloir remédier à une injustice. Je répliquai. Hors de lui, il saisit une sorte de guitare par le manche puis… plus rien. Le trou noir jusqu’à mon réveil à l’hôpital.
— Nous avons visionné les bandes de surveillance des ports. Vous apparaissez sur le quai des Sinagots et devant une crêperie. Vous n’êtes pas seul. Savez-vous qui vous accompagne ?