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Le bonheur résulte autant d’une volonté que d’une façon d’être. La caresse du vent, un sourire, une existence simple et confortable, un souvenir, une rencontre inopinée, une main tendue, la réalisation ou le dépassement de soi sont autant de sources de plaisir qui nous apportent une énergie positive. Dans les situations difficiles, l’espoir en des jours meilleurs procure une certaine sérénité. Si ce n’est le bonheur, c’est l’une de ses clés. Nul besoin de décrocher la lune. C’est bien le message que passe l’auteure dans ce recueil en alternant avec subtilité les situations réalistes et le cocasse. Touché par une vaste palette d’émotions, le lecteur est invité à ouvrir son esprit afin de prendre pleinement conscience de ses propres « petits bonheurs ».
À PROPOS DE L'AUTEURE
Andréa Waguener nous propose son troisième recueil de nouvelles constitué de textes diversifiés, résolument positifs, empreints de sensibilité, d’humour et de résilience.
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Seitenzahl: 95
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Andréa Waguener
Petits bonheurs n’en sont pas moins
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Andréa Waguener
ISBN : 979-10-377-9011-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Avant-propos
Le bonheur est défini comme un état durable ressenti comme agréable. Il ne suffirait donc pas d’éprouver une satisfaction pour être heureux.
Pourtant, si la joie n’est pas le bonheur, elle y contribue fortement. Accroître le nombre d’expériences positives ne peut en aucun cas nuire à l’atteinte de la félicité. Je pense sincèrement que c’est la multiplication des instants de bonheur qui donne l’illusion du bonheur absolu, car dans les faits, chaque vie est parsemée de bons et mauvais moments, de petites ou grandes joies, d’infinie tristesse ou même de désespoir.
Le secret du bonheur serait d’apprécier chaque épisode de vie et de faire front aux difficultés sans découragement, rêver et garder espoir en des jours meilleurs.
Andréa Waguener
Les fleurs ont leur langage. Les couleurs aussi, parfois.
Nous associons plus facilement les coloris vifs à la gaieté et les aspects ternes à la tristesse. À l’été ses orange, rouge et jaune. Aux frimas de l’hiver le noir, le gris ou le bleu marine. À l’amour, sa rose au rouge éclatant. À la mort, son chrysanthème aubergine.
Éteignez la lumière et dites-moi ce que vous voyez. Votre mémoire vous aidera à décrire avec plus ou moins d’exactitude la couleur de la nappe et celle de vos vêtements.
Un non-voyant fait appel à ses autres sens. L’imagination et le ressenti comblent la déficience avec une certaine finesse proche de la poésie.
— Redis-moi. C’est comment le vert ?
Mon conjoint est à mes côtés. Je sens un sourire se dessiner sur son visage. En tout cas, sa voix sourit.
— L’herbe est verte, les feuilles des arbres aussi, au printemps et en été. L’eau peut également avoir des reflets verts. Mais tout cela, je te l’ai déjà dit.
— Je croyais que l’eau était transparente ?
— Quand tu la tiens dans la main, elle l’est. Mais elle prend les reflets de son environnement. Souvent, elle paraît bleue comme les glaciers. Elle est bleue dans les lagons, parfois verte.
— Bleu. Bleu, c’est à la fois l’eau, la glace, le ciel. Comment un ciel d’été et de la glace en hiver peuvent-ils être identiques ? Je trouve ça incompréhensible. Comment deux choses si différentes peuvent-elles avoir la même couleur ! Je ne saisis pas et j’ai peur que ce monde familier me devienne étrange, voire étranger.
Et le vert ! À entendre ce qu’on me dit, les feuilles qui bruissent dans le vent transparent sont de la même teinte que l’eau qui devrait être transparente, mais qui peut paraître verte. Il y a de quoi s’y perdre.
Les couleurs, ça a l’air complexe. Je me pose une multitude de questions. Heureusement, il y a les odeurs et cette sensation sur la peau qui me dit quand le ciel est bleu et que le soleil brille.
— Détends-toi. Pense à quelque chose d’agréable.
Mon compagnon est de bon conseil. Je ne dois pas m’agiter. Je ferme les yeux et laisse mes nerfs se relâcher. Mon esprit s’envole sans vraiment quitter terre. Dans mon rêve, il y a des voix, du toucher, des odeurs, des sensations. Il y a aussi des images, beaucoup d’images en trois dimensions. Je rêve par les volumes, les textures, les ambiances. Pas par les couleurs.
Je m’imagine en été, dans notre jardin de Ferrières, confortablement installée sur le transat, réchauffée par les rayons de l’astre brûlant, le bras pendant lascivement, la main caressant le sol herbeux. Ah ! la chaleur sur mon visage diminue puis revient. Des nuages flottent dans le ciel.
Les nuages ! Ils sont blancs, gris, noirs ? Pour moi, leur taille est liée à l’absence de chaleur. Plus ils sont gros, plus le soleil tarde à se remontrer. Mais à quelle distance sont-ils et quelle forme ont-ils ? Je sais que je ne pourrai jamais les toucher. Ils sont pour moi un mystère. Chercher à le percer finit par m’éveiller.
— Les nuages, quand ils sont blancs, c’est vrai qu’ils ressemblent à des moutons ?
— C’est ce qu’on dit aux enfants parce que leur contour est irrégulier et que leur apparente texture fait penser à de la laine ou à du coton. En réalité, ils ont des formes très différentes.
Cela peut aller du simple filament aérien aux masses lourdes et volumineuses. Bientôt, tu pourras t’allonger dans l’herbe en regardant le ciel. Nous jouerons à trouver des ressemblances avec des animaux ou tout autre chose. Ce sera formidable.
Mon compagnon serre mon poignet, appuie sa main libre sur mon épaule et dépose un tendre baiser sur mon front.
Accaparée par mes idées, je poursuis mon interrogatoire.
— Alors, le blanc, la plupart du temps, c’est mou, duveteux ?
— Non, pas forcément. Il existe du marbre blanc. C’est une pierre dure et froide. On ne peut pas associer une couleur à une forme, ou à un matériau spécifique. Par contre, on associe volontiers une couleur à une sensation ou à un état d’âme. Par exemple, dans notre culture, le blanc est le symbole de la pureté.
— Les couleurs ne sont pas sales ! On dit qu’un arc-en-ciel c’est très beau, de même que les aurores boréales. Je connais par cœur le nom des sept couleurs de base, bien que je me représente difficilement quelque chose d’indigo.
— Tu ne m’en as jamais parlé. Comment vois-tu les couleurs ?
— On m’a toujours dit que le rouge indique le danger. Le rouge, c’est ce qui fait mal ou ce qui est mal. Je connais les expressions « être dans le rouge » ou « voir rouge ». Une brûlure est rouge. Le sang est rouge. L’amanite est rouge. Les voitures s’arrêtent au feu rouge. Le rouge excite les taureaux… et les hommes, si j’en crois les réactions masculines à la vue d’une jolie fille brune vêtue d’une robe rouge.
— Bien vu ! Mais les roses rouges représentent l’amour et c’est si bon d’aimer ! Tu sais que je t’aime, toi ?
J’acquiesce avec un large sourire avant de poursuivre.
— J’associe l’orange à la peau râpeuse du fruit et à son acidité. En même temps, l’orange est pleine de vitamines. Le fruit préserve la santé tandis que la couleur prévient du danger. « Être dans l’orange » veut dire qu’on s’apprête à passer dans le rouge. Il ne faut pas poursuivre dans cette voie. L’orange nous préserve. Pour moi, c’est la couleur du tonus et de la lucidité.
— Il y a peu de choses orange dans la nature. Cela ne veut pas dire que nous manquons tous de clairvoyance. Aujourd’hui, je porte un pantalon bleu avec une chemise assortie. Il n’y a rien d’orange ni sur moi ni autour de moi et pourtant je suis assez lucide pour te dire que tu vas vivre une aventure extraordinaire.
J’opine et je poursuis ma description.
— Le jaune, c’est la chaleur. À l’extrême, la sécheresse. Le soleil est jaune lorsqu’il brille. L’herbe est jaune lorsqu’elle manque d’eau. J’en déduis que jaune, c’est bien, mais qu’il ne faut pas en abuser.
— C’est ce que disait mon père à propos du pastis.
— Rigole, rigole… Le vert, c’est la vie. Les feuilles des arbres verdissent puis meurent. L’hiver passé, j’imagine que tout redevient vert. Si de la sève circulait dans nos veines, je crois que les bébés seraient d’un vert tendre.
— Et en grandissant, ils bourgeonneraient ? ironise ma moitié.
— Ne te moque pas. Je te livre ce que je ressens… Le bleu, c’est le ciel, l’immensité, le calme. C’est reposant et bienveillant. Le violet a l’odeur sucrée du lilas. Mais l’indigo… non, je ne vois pas du tout à quoi cela peut ressembler. Et il reste toutes les couleurs intermédiaires comme le marron. C’est à la fois la peau lisse de la châtaigne sortie de sa coque et l’écorce rude du chêne. Quant au noir, s’il résulte vraiment du mélange de toutes les couleurs, il devrait être gai et inciter au plaisir et pourtant c’est la couleur du deuil et de la colère. On « voit rouge » quand on entre dans une « colère noire ».
— Le noir n’est pas triste pour tout le monde. En Mauritanie, les femmes pour leur mariage portent une tenue noire censée mettre en valeur leur beauté.
— Je dois avoir des ascendants africains, car je n’ai jamais considéré le noir comme une couleur triste. S’il m’arrive parfois d’éprouver de la tristesse, comme tout un chacun, je suis loin d’être dépressive. Et pourtant, en voyant tout en noir, je n’y vois que du feu !
Jusqu’à présent, j’ai avancé dans la vie sans rien voir de ce qui m’entourait. Un peu comme si j’avais pris un train de nuit. Je suis arrivée à destination et le jour va se lever. Je vais bientôt découvrir le monde que j’imaginais, ses formes et ses couleurs.
J’ai peur de m’y perdre. En tout cas de perdre mes repères. Je vais devoir tout apprendre, tout réapprendre.
— Je suis là, moi. Tu sais que je ne te lâcherai pas la main, même lorsque tu n’en auras plus besoin pour contourner les obstacles. Je t’apprendrai à distinguer les couleurs et leurs nuances. Je t’enseignerai le rouge, l’orange, le jaune, le vert, le bleu et le violet. Pour toi, je secouerai Newton dans sa tombe et je lui demanderai de supprimer l’indigo. Après tout, ce n’est qu’une nuance du bleu. Et je t’emmènerai au pied des arcs-en-ciel, là où le soleil brille sous la pluie. Tu n’as pas à craindre l’avenir. Garde espoir. D’ailleurs, de quelle couleur est-il ?
— Jaune-orangé et c’est un sentiment qui me tient chaud.
À cet instant, on frappe à la porte.
— Entrez !
— Bonjour, je suis le brancardier. Je vous descends au bloc opératoire.
La mort brutale d’un parent provoquée par un tiers peut mener au désir de faire justice soit même, lorsque le responsable reste en liberté.
Le sentiment d’injustice est à l’origine de la rancune. Comment ne pas en vouloir à celui qui est cause du drame ?
De cette rancœur naît parfois une envie tenace de vengeance.
Si la loi des hommes ne permet pas de laisser libre cours à ses pulsions, il est des cas où celle du talion a la possibilité de s’exercer en toute légalité.
Il semble alors que tuer le tueur soit la sanction équitable pour crever l’abcès de la haine... à moins qu’un évènement important ne vienne apaiser le cœur meurtri en le remplissant d’amour.
En ce matin d’octobre, un nuage de rosée s’étendait sur la plaine.