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L'"Histoire et aventures du Baron de Munchhausen", écrite par Gottfried August Bürger, est une relecture audacieuse des récits excentriques du personnage éponyme, initialement popularisé par Rudolf Erich Raspe. Ce livre se distingue par son style narratif à la fois humoristique et fantastique, mêlant ironie et réalisme poétique. L'œuvre s'inscrit dans une tradition littéraire du XVIIIe siècle, souvent marquée par la satire et l'exagération, reflétant l'esprit éclairé de l'époque, propice à la remise en question des normes établies et de la rationalité. Bürger, par son écriture captivante, réussit à suspendre le lecteur entre la crédulité et le doute, invitant à explorer les limites de l'imaginaire et du réel. Gottfried August Bürger, poète et écrivain allemand, a vu sa plume influencée par le romantisme émergent. Né dans un contexte européen en mutation, il a profondément interrogé les conventions esthétiques de son temps. Son intérêt pour les contes folkloriques et les récits fantastiques a forgé son approche littéraire, le poussant à réinventer le personnage du Baron, tout en alliant une critique sociale aux plaisanteries burlesques, témoignant ainsi de son propre rapport aux idées de la vérité et de l'imaginaire. "Histoire et aventures du Baron de Munchhausen" est une lecture incontournable pour quiconque s'intéresse à la littérature fantastique et à la satire sociale. L'œuvre de Bürger, tout en étant pleine de fantaisie, offre également une réflexion sur la crédulité humaine. Elle invite le lecteur à redécouvrir la légèreté de l'imagination, tout en éveillant une prise de conscience sur les travestissements de la réalité par l'art du récit.
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EN Allemagne il n’est personne qui ne connaisse l’histoire du baron de Munchhausen. Tous les yeux ont lu, toutes les oreilles ont entendu cette curieuse histoire. Depuis plus de cinquante ans, elle se raconte aux veillées d’hiver, elle égaye les joyeux buveurs autour des tables où coule le vin du Rhin, elle voyage avec les caravanes des étudiants de Heidelberg et de Jéna, elle déride le front des graves penseurs du Nord et donne un ton de plus à la gaîté des rieurs du Midi. Dieu sait combien de fois elle a déridé le front de l’hôte de Johannisberg lui-même.
Mais, en réalité , c’est plutôt par tradition qu’elle s’est propagée partout, qu’elle s’est glissée dans toutes les familles, qu’elle s’est imprimée dans toutes les mémoires, que par le livre lui-même, qui, ignoré de la plupart, mérite cependant une place dans toutes les bibliothèques. Car est-il un livre qui ait apporté plus de joie dans la plus humble chaumière et dissipé plus de soucis dans les palais les plus riches?
On peut dire, sans être taxé d’exagération, que l’histoire de Munchhausen est une des perles de la littérature allemande. Peu de productions de cette littérature qui présente une richesse aussi variée d’humour, une aussi grande abondance de saillies, une ironie aussi fine, et en même temps une allure aussi franche et aussi facile.
Le modeste écrivain auquel cette œuvre est due n’a jamais voulu se nommer. Cependant l’histoire littéraire allemande l’attribue généralement au poète G. A. Bürger. Même, dans une réimpression des œuvres complètes de l’auteur de Lénore, on a inséré l’histoire de Munchhausen, quoiqu’elle n’ait jamais été publiée dans l’édition originale.
On a tout lieu de croire que Bürger eut une part très-importante, la plus grande peut-être, à cet ouvrage, et qu’il doit en être considéré comme l’éditeur. Mais en réalité, il n’en fut pas l’auteur unique; car il n’est pas moins certain que deux de ses célèbres contemporains, Kærstner et Lichtenberg, ses condisciples à l’université de Gœttingue, y contribuèrent aussi pour une bonne part. Il est probable, comme la tradition le raconte, que l’idée première de cette production est le résultat de quelque joyeuse causerie de table de ces trois chefs de la littérature allemande, cherchant à lutter entre eux d’imagination et de récits exagérés, et que l’un d’eux, Bürger, lui donna la forme sous laquelle elle fut publiée, pour la première fois, en 1788, comme une prétendue traduction de l’anglais, publiée à Londres, bien qu’elle fût mise en lumière par la librairie de Dieterich à Gœttingue. La participation de Lichtenberg à ce livre ne peut être révoquée en doute; elle résulte de tant de choses, elle se révèle si bien dans l’ensemble dé l’œuvre et dans les détails, qu’elle saute aux yeux de toutes parts à l’examen critique le plus superficiel. On y reconnaît aussi clairement la verve caustique de Kærstner. L’idée de produire l’ouvrage comme une traduction allemande d’une création originale anglaise, ainsi que l’ont porté toutes les éditions publiées jusqu’à ce jour, appartient évidemment à cet écrivain. Elle peut toutefois avoir en partie sa source dans l’intention d’éviter tout scandale et de ne pas se compromettre. Mais il est évident qu’il n’existe pas d’édition anglaise de l’histoire de Munchhausen anté. rieure à l’édition allemande. La première édition anglaise est postérieure de plusieurs années à la première allemande publiée à Gœttingue.
Voici ce que Bürger, Lichtenberg et Kærstner écrivirent en tète de leur livre:
Préface de L’éditeur anglais.
«Le baron de Munchhausen, auquel on doit l’origine de la plupart des aventures que nous racontons ici, appartient à l’une des plus nobles familles de l’Allemagne, à une lignée qui a fourni à plusieurs provinces de cet empire les hommes les plus honorables et les plus illustres. Lui-même est le type le plus rare de l’honnête homme et possède l’esprit le plus original. Comme il a trouvé sans doute par expérience combien de peine on a souvent à faire entrer un peu de sens commun dans la plupart des têtes, et combien des ergoteurs effrontés ont souvent de facilité à assourdir toute une société et à lui faire accroire, en dépit des cinq sens, les choses les plus saugrenues, il ne se donne jamais la peine de les réfuter; mais il dirige d’abord adroitement la conversation vers des sujets indifférents, puis il raconte une petite historiette de ses voyages, de ses campagnes, de ses aventures drôlatiques, dans un ton tout-a-fait particulier, mais qui est le véritable ton qui convient à l’art de bien mentir, ou, pour parler plus décemment, de tirer le grand couteau du fourreau.
«On a, il y a quelque temps, recueilli plusieurs de ces historiettes et on les a offertes au public afin de propager un moyen dont peut se servir, à l’occasion, celui qui vient à tomber au milieu d’une assemblée où trône quelqu’un de ces impudents fanfarons. Cette occasion se présente en tout temps et chaque fois que quelqu’un avance sérieusement des choses fausses sous le masque de la vérité, et trompe, au dé triment de son propre honneur et de sa propre conscience, ceux qui ont le malheur d’être ses auditeurs.
«Aussi, l’écoulement rapide des premières éditions de ce petit livre, qu’on aurait peut-être plus convenablement intitulé le Démenteur, a suffisamment prouvé que le public en a parfaitement compris le but moral.
«La présente édition est considérablement augmentée. Nous espérons que ces additions ne seront pas regardées comme des rameaux indignes du tronc dont elles sont sorties.»
A la suite de cette préface se trouvait la suivante:
Préface du traducteur allemand.
«C’est en vérité un phénomène étrange que la publication des récits suivants en Angleterre. Nés et grandis sur le sol allemand, propagés dans toute la patrie. germanique sous les fermes et dans les costumes les plus divers, ils ont enfin été recueillis à l’étranger et mis en lumière. Peut-être en cette occasion encore l’Allemagne fut injuste envers le mérite de ses propres enfants. Peut-être l’Angleterre a-t-elle mieux compris ce que c’est que l’esprit, quelle est sa valeur, et combien il honore celui qui le possède. Ce sont là des points que d’autres pourront discuter. Pour nous, il nous suffit d’avoir recherché dans un pays étranger un produit national pour le rendre à sa patrie, sans avoir été guidés par cet esprit mercantile qui pousse nos écrivains à braconner sans relâche sur le domaine des littératures étrangères.
«Du reste, ce petit recueil a fait fortune dans les deux pays. L’original anglais a obtenu cinq éditions, et nous publions aujourd’hui la seconde de la traduction allemande. Nous l’avons enrichie des additions qui ont été faites à la cinquième édition anglaise, mais sans nous attacher toutefois à les reproduire textuellement; car, en plus d’un endroit, nous avons retranché des interpolations qu’on y avait glissées et qui ne s’accordent pas avec la version primitive. En un mot, nous avons, dans cette seconde édition, comme nous l’avions fait dans la première, traité ce petit livre, non pas comme un dépôt sacré, mais comme une propriété dont nous avons le droit de faire ce qu’il nous plaît.
«Nous devons à la vérité de dire que ce livre n’est ni un système, ni un traité, ni un commentaire, ni un mémoire, ni une dissertation, et qu’aucune des classes de nos principales académies et sociétés scientifiques n’y a pris la moindre part. Cependant nous croyons que ce n’est pas là une raison pour qu’il ne puisse, sous plus d’un rapport, être d’une grande utilité et d’un salutaire enseignement. Quel fruit on peut en retirer, l’éditeur anglais l’a suffisamment développé, dans sa préface, en nous disant l’intention réelle dans laquelle il fut écrit. Un critique anglais espère même que celte production contribuera à convertir certains hâbleurs du parlement britannique. Nous l’espérons avec lui pour d’autres. Cependant, si elle n’aboutissait qu’à égayer in nocemment le lecteur, il n’est pas nécessaire, croyons-nous que l’auteur de cette préface mette ses habits de dimanche, son manteau, son jabot et sa perruque à marteaux, pour recommander humblement ce petit volume à la bienveillance de la gent lisante. Car, si mince et si frivole-qu’il puisse paraître au premier abord, il est peut être d’une valeur infiniment plus importante qu’un grand nombre d’honorables volumes, gros et ventrus, qui ne possèdent ni le privilége de faire rire, ni celui de faire pleurer, et ne redisent que ce qui a été dit mille et mille fois avant leur laborieuse naissance.»
J’entrepris mon voyage en Russie au cœur de l’hiver, parce que je conclus en homme judicieux que, grâce à la neige et a la gelée, les grandes routes des contrées septentrionales de l’Allemagne, de la Pologne, de la Cour-lande et de la Livonie, — lesquelles, selon le rapport de tous les voyageurs, sont peut-être plus difficiles encore que le chemin du temple de la vertu, — seraient au moins devenues praticables sans qu’il en coûtât rien au coffre des sages et louables gouvernements de ces pays. Je voyageais à cheval, ce qui est la meilleure manière de voyager, pourvu que le cheval et le cavalier se portent bien; car, de cette façon, on n’est jamais exposé à une affaire d’honneur à démêler avec un galant maître de poste, ni forcé de faire halte devant chaque cabaret pour donner à un postillon altéré le temps d’étancher une soif qui ne cesse pas. Je n’étais que fort légèrement vêtu, ce dont j’eus passablement à souffrir, à mesure que j’avançais vers le nord-est.
Car, imaginez-vous par le temps âpre qu’il faisait et sous le rude climat de la Pologne, un pauvre vieillard que je vis couché au milieu d’une plaine où soufflait une bise glacée. Représentez-vous sa détresse, abandonné, tremblant de froid et ayant à peine de quoi couvrir sa nudité.
Le pauvre diable m’inspira une pitié profonde; de sorte qu’au risque de me laisser geler à moi-même le cœur dans la poitrine, je lui jetai mon manteau, de voyage autour des épaules. Tout à coup une voix du ciel, louant d’une manière extraordinaire cette œuvre de charité, retentit à mes oreilles, disant:
— Mon fils, le diable m’emporte, cet acte ne restera pas sans récompense.
— C’est bien, me dis-je en moi-même.
Et je continuai ma route, jusqu’à ce que la nuit et l’obscurité vinrent me surprendre. J’avais beau regarder autour de moi, j’avais beau écouter de toutes mes oreilles; pas un village, pas un hameau, pas une maison de près ni de loin. Le pays tout entier était couvert de neige, et je ne savais ni route ni chemin.
— Que faire? me demandai-je.
Ma résolution fut bientôt prise. Harrassé de fatigue, je descendis des étriers et attachai mon cheval à une espèce de tronc d’arbre dont la pointe sortait de la neige. Pour plus de sûreté, je pris mes pistolets sous mon bras et me couchai non loin de là, dans la neige, où je m’endormis d’un si beau. sommeil que je ne rouvris les yeux que lorsque le jour fut entièrement levé. Mais quel fut mon étonnement en me trouvant, à mon réveil, au milieu d’un village et couché dans un cimetière! Je regardai d’abord autour de moi, cherchant des yeux mon cheval, sans le trouver. Ma surprise fut extrême, comme vous pouvez bien penser. Mais presque au même instant j’entendis au-dessus de moi des gémissements sourds et prolongés. Je levai la tête et aperçus mon cheval attaché à la pointe du clocher, où il se trouvait suspendu par la bride.
— Diable! m’écriai-je.
Et de la main je me frappai le front; j’avais compris la cause de ce singulier événement. Car sachez que le village avait été entièrement couvert de neige, la veille, et que, pendant la nuit, le dégel était subitement survenu; de sorte que, durant mon sommeil, j’étais descendu tout doucement, tout doucement, à mesure que la neige s’était fondue. Ce que, dans l’obscurité, j’avais pris pour une tige d’arbre qui pointait au-dessus de la neige et à laquelle j’avais attaché mon cheval, était tout bonnement la croix du clocher de l’église.
Sans me perdre en longs expédients, je pris un de mes pistolets, visai droit à la bride du cheval et lâchai la détente. De cette manière je revins heureusement en possession de ma monture et me remis immédiatement en route.
Dès lors tout alla bien, jusqu’à ce que j’arrivai en Russie, où il n’est pas précisément de mode de voyager à cheval, l’hiver. Aussi, comme j’ai toujours eu pour principe de faire à Rome comme on fait à Rome, j’y achetai un petit traîneau à un cheval et m’élançai gaîment sur la route de Saint-Pétersbourg.