Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
« En tant qu’âmenate, je suis de passage. J’accompagne cette humaine dans sa vie. Pour un temps donné. Ni le sujet ni moi ne connaissons sa durée. Seule, ELLE est au courant. Un matin, je pars. Cela indique que le temps est terminé. C’est ainsi. Pas plus, pas moins. C’est mon sens […] Enfin, j’avais déjà pas mal voyagé dans les galaxies diverses et variées, je me suis dit que les humains, c’était nouveau pour moi. À faire un grand voyage, autant le faire dans l’inconnu. Me voici donc. »
À PROPOS DE L'AUTRICE
L’écriture est une composante essentielle de la vie d’
Anne Oriol. Elle éprouve un plaisir à jouer avec les mots, les sonorités et le pouvoir du verbe, cette fascination l’a finalement conduite à publier "Je ne fais que passer".
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 157
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Anne Oriol
Je ne fais que passer
Roman
© Lys Bleu Éditions – Anne Oriol
ISBN : 979-10-422-2256-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À nous
Just when the caterpillar thought the world was over, it became a butterfly.
Je suis une âmenate, une forme extra-terrestre intégrée dans un corps humain, pour un temps donné.
Je suis en travail depuis quelques années. Je vis l’expérience terrestre à travers un humain de sexe féminin.
Mes carnets de notes sont nombreux. Heureusement, j’ai aussi un ordinateur interne dans le corps que j’occupe. Il s’agit du cerveau. Il permet d’engranger quantité d’informations même si la récupération des dites informations ne peut pas, pour le moment (pour cette entité), se faire dans la totalité de son potentiel.
Je me dois, aujourd’hui, de faire un compte rendu à ELLE et j’avoue que face à ce futur échange, je suis insatisfaite.
Les habitudes extra-terrestres s’amoindrissent et laissent place aux terriennes, plus particulièrement humaines. Ce qui rend ma tâche plus ardue.
Le travail sur les humains est un sujet extraterrien prisé par mes confrères. C’est une des matières des plus intéressantes, car il y a tellement à écrire, penser, vivre.
Faire le choix de m’incorporer dans cet ensemble de cellules, que l’humain appelle « corps », qui lui sert de véhicule pour ses déplacements, n’a pas été aisé. Je devais en passer par là pour développer mon approche.
Mon passage sur cette Terre est prévu pour une durée limitée. Y mettre fin de manière délibérée me barrerait l’accès à des niveaux supérieurs. Parfois, l’envie est présente. D’un autre côté, je veux pouvoir continuer mes voyages dans les galaxies alors, je reste le temps imparti. Je m’y colle.
ELLE prépare vaguement à cette incorporation, car il y a une part de mystère, en expérimentant, qui est loin d’être négligeable. ELLE ne dit pas que je serai « presque » comme mon sujet d’observation. Cela fait partie de l’initiation.
Je dois me préparer à cette présentation. Le temps passe et le jour du retour se rapproche à chaque instant. Lorsque je serai en dé-corporation, ELLE m’attendra. Pour le moment, je suis là, à préparer mon compte rendu. J’ai à commencer à faire le tri de cette expérimentation.
En tant qu’âmenate, je suis de passage. J’accompagne cette humaine dans sa vie. Pour un temps donné. Ni le sujet ni moi ne connaissons sa durée. Seule, ELLE est au courant. Un matin, je pars. Cela indique que le temps est terminé. C’est ainsi. Pas plus, pas moins. C’est mon sens.
Est-ce une quête ? Je répondrai par la négative. C’est un choix que les humains appellent « spiritualité ». Il me permet de me centrer vers ce que je souhaite retenir de ma venue sur cette planète nommée « Terre » et le transposer dans l’étude. C’est un choix que j’ai pris bien avant d’atterrir ici.
D’abord, j’ai choisi cette Terre, pour avoir un joli lieu de travail. C’est important l’environnement. Il est essentiel de se sentir bien là où chaque jour, vous avez à apporter de l’amour à l’autre, votre autre, vous-même, puisque nous ne sommes qu’un.
Ensuite, j’ai choisi cette façon d’être parce que cela correspond aux leçons de vie qui je désire expérimenter dans mon être et rendre une bonne étude de cette espèce.
Enfin, j’avais déjà pas mal voyagé dans les galaxies diverses et variées, je me suis dit que les humains, c’était nouveau pour moi. À faire un grand voyage autant le faire dans l’inconnu. Me voici donc.
J’arrive sur cette Terre avec une belle valise, bien remplie de plein de trucs qui vont servir, ou pas, tout au long de ce périple.
Le sujet humain, une fille, n’est pas consciemment désiré, mais elle arrive quand même. Quelque part, elle est donc voulue puisque la matérialisation se fait.
J’intègre une famille « modèle » : le papa, la maman, la sœur, le frère. Je me dis que c’est une bonne chose. J’ai préparé un minimum cette venue avec le coach spirituel Thomas, que je nomme tendrement Tom. C’est lui qui me suit, en dehors de cette atmosphère, avec lequel il est prévu que je reste en contact « radio » si cela devient ardu à gérer. Au pire s’il est occupé, j’ai la possibilité de m’adresser directement à ELLE.
Pour cette étude, Tom me donne quelques clés. Histoire que je ne me retrouve pas comme une âmenate au milieu de nulle part, sans aucun repère. Donc, la décision du nid familial a été établie suite à de longues conversations, échanges avec Tom, mon ami et guide.
Une incarnation, cela se prépare. Il existe des groupes de travail dans lesquels des âmenates se rassemblent pour former un « tronc commun » d’expériences de vie qu’elles désirent réaliser. J’entends par là que la réalité c’est d’abord une projection de l’esprit puis une matérialisation de cette projection dans la matière sur cette Terre.
C’est la définition de la vie !
Ces derniers se mettent en place pour affinités de « leçons de vie ». Chaque groupe est accompagné par un ange guidant.
Il n’y a pas de hiérarchie, c’est l’expérience de l’ange guide qui détermine sa position. Cet ange guidant peut intervenir dans l’élaboration de la future ligne de vie, car, il sait, ce qui est essentiel de mettre en place pour acquérir l’expérience souhaitée, une fois que l’âmenate s’est incorporée.
Forte de tous ses conseils, discussions (télépathiques, il va de soi), l’âmenate est accompagnée de son ange personnel, parce qu’elle n’est pas non plus « lâchée » dans la nature comme ça !
Bien sûr je suis amenée à oublier consciemment ce moment. Il est invivable de savoir, instant après instant, ce que la vie réserve, cela empêche le bon processus d’expérimentation et d’observation.
En tant qu’âmenate, je peux faire le choix de me souvenir de mes vies antérieures. Des outils sont existants sur cette Terre permettant de faire ce voyage dans l’avant.
Mon arrivée se prépare sous acuponcture par césarienne. Maman désire être éveillée pour me voir et souhaite expérimenter cette méthode. Un cameraman est là, des journalistes, des infirmières, le gynécologue obstétricien. Beaucoup de monde parce que c’est la première fois dans ce pays, à cette époque, que l’accouchement par césarienne, sous acuponcture, a lieu. Maman s’est maquillée pour l’occasion. Sauf qu’il y a une panne d’électricité. Impossible de faire un reportage.
Maman est déjà préparée dans la salle et le corps médical ne souhaite pas la déplacer. Plus de marche arrière possible. Maman fait partie d’un groupe de quinze femmes dans cette expérience si singulière.
Zut ! Pour l’étude, cela aurait été super d’avoir un documentaire.
C’est parti. J’arrive. J’arrive aussi !
Maman n’a pas spécialement mal, mais le médecin lui administre tout de même une solution médicamenteuse qui la soulage. Cela lui fait simplement « drôle », cette sensation de l’apesanteur sur son ventre ouvert, comme un gros éléphant qui serait monté sur elle et qui lui écraserait l’utérus. Elle est contente d’être éveillée pour mon arrivée.
Je suis éblouie par toutes ces lumières, mais quel est donc tout ce bruit ? Quelle est donc cette chose qui me tient ? J’ai peur, j’ai froid. J’ai mal de respirer l’air qui entre dans mes poumons pour la première fois. La sensation est très désagréable. J’étais bien au chaud ! Je n’étais pas prête à sortir. J’ai si peur.
Outche, pas évident quand même, je suis un peu à l’étroit dans ce corps ! Quelle sensation bizarre, je suis limitée. Tom a caché ça !
Une fois là, une infirmière me prend dans ses bras, je suis « trimballée » comme un morceau de viande par-ci, par-là. Examens en tous genres. Quelle barbarie ! J’ai tellement peur.
Enfin, je suis couverte et posée dans un endroit insipide, inodore, incolore : une couveuse. Je suis arrivée trop tôt d’après les calculs des médecins. J’y reste deux semaines, gavée comme une oie et injectée de solutions salines. Mon corps est tout déformé par ces immenses cloques sur le dos.
Maman ne supporte pas cette image, son lait tourne. Je ne suis pas allaitée au sein. Papa est tout retourné aussi de voir Maman dans cet état. Faut dire que Papa a eu peur de perdre Maman parce qu’après deux césariennes (je suis la troisième enfant de cette fratrie) et une embolie pulmonaire suite à la première, ce n’était pas gagné que cela se passe bien pour une troisième.
Dans ce nouveau corps, je capte mal les ondes, pourtant je sais que Tom est présent. Être une âmenate, c’est être différent de la nature humaine. Je n’ai que le corps d’humain.
Mon premier souvenir humain conscient est celui de la photo prise dans un seau. Mon âge humain est un an. Sinon, en tant qu’âmenate, je suis infinie. Je suis installée au soleil, le corps plongé dans l’eau chaude d’un seau en plastique bleu. Le soleil me pique les yeux, mes épaules sortent de l’eau et je sens la fraîcheur, qui glisse sur elles, de la fin d’après-midi d’été. Maman s’éloigne pour prendre la photo. Elle ne va pas me laisser là, j’ai une étrange sensation ! Je ne sais pas encore me mouvoir seule. Chaque jour c’est nouveau. Je n’aime pas.
Je découvre les humains, les us et coutumes au fur et à mesure. Rien n’est comparable à la nature humaine. Je ne suis là que depuis une année et je découvre la nouveauté du temps qui passe d’une façon que je ne connais pas. J’entrevois les possibles. Je suis toujours en contact avec Tom. Nos échanges deviennent difficiles parce que je suis arrimée dans ce corps fait d’eau, de sang, de muscles, d’organes, de peau : une enveloppe dense. Difficile de m’y habituer.
Je sens aussi que cet instrument, qui sert dans les déplacements de l’humain, comme s’il était un véhicule, ne se rapproche en rien de mon aspect habituel. Je suis de nature éthérique.
La pensée crée le déplacement. Les changements de lieu se font dans la nanoseconde et encore, c’est pour donner un ordre de vitesse, c’est tellement rapide que le cerveau humain ne sait pas le concevoir. Or, ici, sur cette Terre, c’est tout le contraire. La pensée va créer le mouvement et le corps va le rendre « matériel ». Tom et moi ne sommes donc pas sur le même niveau de conscience, pas sur la même longueur d’onde, la même vibration. La sienne est l’ordre de la légèreté, la mienne de l’ordre de la lourdeur durant cette expérience. C’est ce qui me perturbe le plus.
Découvrir les humains me fait comprendre que j’ai choisi le bon sujet. Il est très touchant comme « chose » dans l’univers. Les variations dont il fait preuve à chaque instant sont tout de même propres à lui-même. Il est d’une richesse dont lui-même n’a pas conscience. C’est ce qui le rend tellement attachant.
Des espèces, au travers des espaces infinis dans tous les univers galactiques, sont nombreuses. Seule l’espèce humaine est aussi intéressante à observer. Déjà, l’expérimenter est une grande chance.
D’abord, parce que cette Terre est le lieu choisi, par définition, pour faire grandir nos êtres, rapidement. Les autres lieux restent des espaces non comparables. L’âme va apprendre. S’il était possible de faire une comparaison, cela serait que cette Terre ressemble à un grand mixeur dans lequel beaucoup d’éléments sont jetés, mélangés, concoctés pour en faire ressortir le meilleur, contre un fouet tenu à la main d’un cuisinier qui n’a qu’un aliment à émulsionner.
Les autres espaces sont « simplistes ». L’être grandit aussi, mais très lentement. Une expérience sur cette Terre vaut cent expériences sur les autres espaces-temps. Donc beaucoup veulent venir. C’est un peu le « must » planétaire !
Ensuite, parce qu’une âmenate qui viendra sur cette Terre sera par défaut, là aussi, une âme différente dans ses nuances de vibration à son retour. Bref, c’est le lieu parfait pour écrire une étude.
Je fais comme je peux, en l’état actuel des choses pour communiquer avec Tom et ne pas laisser passer l’objectif que je me suis fixé. Je commence à ressentir les humains. Ma vibration change, je découvre les variations, je ne suis pas sûre d’apprécier.
Comme les parents que j’ai choisis sont inconsciemment d’accord pour que je vienne (qui voudrait d’une âmenate pour fille ?) il est essentiel que je ruse.
Je me sens comme la cinquième roue du carrosse. Difficile expérience, cette venue sur cette Terre ! Les humains sont bizarres ! Je crois que je développerai un chapitre entier que sur cette notion.
Bien sûr que Maman et Papa disent le contraire, d’ailleurs une fois que je suis là, il faut bien qu’ils fassent avec. Parce que Maman a été très en colère, de savoir que j’étais déjà là, en elle, alors qu’elle n’a rien demandé.
Bon, vouloir faire l’amour avec son mari sans préservatif, c’est compréhensif. Être allergique au stérilet, à la pilule, ce n’est pas de sa faute. Bien que tout ait un sens même si ce dernier est invisible.
Alors, s’il reste bien une chance qu’elle tombe enceinte. Je la saisis. Que voulez-vous ? Fallait bien que je vienne expérimenter pour pouvoir faire l’étude !Comme si un humain pouvait empêcher la réalisation de mon projet ! Le séparateur, en eux, est très puissant.
J’ai choisi Maman, parce que je savais que malgré ses doutes et ses peurs, elle serait s’occuper de moi, le temps que je devienne autonome.
Maman, au moment de l’accouchement de mon frère (deux ans plus tôt), avait demandé à son gynécologue de lui ligaturer les trompes. Alors, quand elle est tombée enceinte « accidentellement », elle est allée le voir dans son cabinet en lui criant « c’est de votre faute si je suis enceinte ! » Maman a oublié qu’il lui avait dit « je ne l’ai pas fait parce que vous êtes bien trop jeune ». Vingt-six ans c’est être une très jeune personne ! Je confirme au vu de mon âge extraterrien.
Bref, je peux bien dire que j’ai chamboulé les plans de la famille parfaite.
À un moment, durant le processus de création, je n’ai plus voulu venir, j’avais peur d’arriver, mais le développement était déjà lancé. Impossible de l’arrêter.
Tom ne voulait sûrement pas que son travail soit interrompu. Bien que le temps n’existe pas dans notre Monde puisqu’il s’agit de l’absolu donc immesurable, il est important de rappeler que Tom a fait un sacré boulot ! L’investissement « en temps » s’il pouvait être mesurable, est conséquent. Il a de l’amour à partager et il est essentiel pour lui, de bien faire ce pourquoi, il est un ange. Ces « élèves » sont son essence, autant que nous sommes la sienne. Puisque nous ne sommes qu’un.
Le groupe de travail dans lequel j’ai évolué, avant de venir faire l’étude, est un groupe de six âmes. C’est peu et beaucoup à la fois. C’est comme une table ronde. Ensemble, nous définissons le plan de vie. Dans le meilleur des cas, malgré l’incorporation, nous arriverons à nous retrouver tous à un moment donné sur cette Terre. Le groupe a, entre autres, comme point commun, le choix du lieu d’expérimentation. Pour l’heure, il s’agit de cette Terre. Dans le pire des cas, cela sera à notre retour.
La naissance sur cette Terre pour faire l’étude est un départ pour le groupe, l’équivalent de la mort sur Terre. En tant qu’âmenate, nous n’arrivons pas à communiquer avec autant de facilité une fois le processus lancé. Il n’est pas recommandé de vouloir être en haut, en étant en bas, parce qu’il s’agit d’un élément différent et d’un autre espace-temps. C’est compliqué. Le concept échappe au cerveau humain, pour le moment.
À l’inverse, la mort sur Terre est le retour parmi nous. Le retour vers l’absolu, l’intemporel, l’amour inconditionnel qui fait tant défaut chez les humains. Il faut dire que j’ai un peu hâte. L’incorporation ce n’est pas du gâteau. Je m’embourbe et c’est que le début !
Maman a bien essayé de me « faire passer », mais personne n’a voulu l’aider. Elle a d’abord essayé toute seule, en sautant de la table, en passant à motocyclette dans les nids de poule de la route. Rien n’y a fait.
Après, elle s’est tournée vers le corps médical, mais à cette époque, l’avortement n’était pas légal et puis avec son passif médical, il était hors de question, qu’en plus, qui que se soit, prenne le risque. Elle a dû se faire une raison parce que j’étais bien décidée à venir. Tom ne dira pas le contraire.
Papa, lui, de son côté n’en menait pas large. Il avait une trouille bleue de perdre sa femme. Après l’embolie pulmonaire suite à l’accouchement de ma sœur (quatre ans plus tôt), les docteurs avaient déjà fortement déconseillé à Maman de faire un nouvel enfant, sous peine de mourir. Sauf que Maman est têtue et elle voulait sa famille parfaite : une fille, un garçon. Elle a eu de la chance parce que mon frère s’est pointé deux ans plus tard. Encore une césarienne, très entourée, très médicalisée au cas où cela se passerait mal. Bonne nouvelle, tout a été parfait. Maman heureuse, Papa soulagé. La famille était complète.
Donc – se sentir une cinquième roue – cela peut se comprendre. Tom me glisse à l’oreille que c’est une des premières leçons de vie que j’ai à accepter pour mieux appréhender la suite.
Je n’ai de souvenirs que de grandes vacances, en camping, c’était de vraies vacances en famille. Là, je ne me sentais pas la cinquième roue du carrosse. C’est le seul moment où je peux profiter de Papa qui est là, un peu plus détendu qu’à l’accoutumée.
Je garde le sentiment d’avoir couru après les jupes de Maman pendant les trois premières années de ma vie et c’est avec soulagement que je découvre l’école. J’ai hâte d’apprendre ! En même temps, je suis là pour ça ! Je vais rencontrer tout plein d’humains.Tom est content pour moi.
L’école me fait du bien. J’adore aller à l’école pour apprendre. Apprendre à couper, découper, coller, colorier, assembler, fabriquer, créer. Je ne suis plus si singulière, je me développe aux contacts des autres. C’est une apparence trompeuse ! Je ne trouve pas mes compagnons, je me sens seule dans ce corps. De plus, j’ai de la difficulté à joindre Tom parce que la mise en place du mental du sujet fait barrage. Ça aussi ! Tom a occulté de le dire, je sens que j’aurai d’autres surprises !
Je note dans mon cerveau humain une scène pour plus tard. Je suis assise sur le bord du trottoir de la cour intérieure de l’école, la cour des « petits », je les vois se heurter, se cracher dessus, se bousculer, s’insulter, se crier l’un sur l’autre.