Jésus-Christ en Flandre - Honoré de Balzac - E-Book

Jésus-Christ en Flandre E-Book

Honore de Balzac

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Beschreibung

Le livre mystique de La Comédie humaine, l'oeuvre de prédilection de Balzac, celle où il a voulu lutter avec Goethe et Byron , où il a le mieux illustré ce conflit de la pensée et de la vie autour duquel s'organisent tous les drames des sociétés et des existences individuelles. Où est le soleil, là est la pensée, écrit-il ; où est le froid, là est le crétinisme, la longévité. La pensée, la volonté, la passion, l'amour font le sens de la vie mais en même temps la brûlent prématurément : naufrage ou non, la vieillesse est le privilège des imbéciles, et la pensée à l'état pur ne peut s'accomplir que dans la folie.

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Jésus-Christ en Flandre

Jésus-Christ en Flandre-Jésus-Christ en FlandrePage de copyright

Jésus-Christ en Flandre

 Pierre Loti

-Jésus-Christ en Flandre

À MARCELINE DESBORDES-VALMORE,

À vous, fille de la Flandre

et qui en êtes une des gloires modernes,

cette naïve tradition des Flandres.

DE BALZAC.

À une époque assez indéterminée de l’histoire brabançonne, les relations entre l’île de Cadzant et les côtes de la Flandre étaient entretenues par une barque destinée au passage des voyageurs. Capitale de l’île, Midelbourg, plus tard si célèbre dans les annales du protestantisme, comptait à peine deux ou trois cents feux. La riche Ostende était un havre inconnu, flanqué d’une bourgade chétivement peuplée par quelques pêcheurs, par de pauvres négociants et par des corsaires impunis. Néanmoins le bourg d’ostende, composé d’une vingtaine de maisons et de trois cents cabanes, chaumines ou taudis construits avec des débris de navires naufragés, jouissait d’un gouverneur, d’une milice, de fourches patibulaires, d’un couvent, d’un bourgmestre, enfin de tous les organes d’une civilisation avancée. Qui régnait alors en Brabant, en Flandre, en Belgique ?

Sur ce point, la tradition est muette. Avouons-le ? cette histoire se ressent étrangement du vague, de l’incertitude, du merveilleux que les orateurs favoris des veillées flamandes se sont amusés maintes fois à répandre dans leurs gloses aussi diverses de poésie que contradictoires par les détails. Dite d’âge en âge, répétée de foyer en foyer par les aïeules, par les conteurs de jour et de nuit, cette chronique a reçu de chaque siècle une teinte différente. Semblable à ces monuments arrangés suivant le caprice des architectures de chaque époque, mais dont les masses noires et frustes plaisent aux poètes, elle ferait le désespoir des commentateurs, des éplucheurs de mots, de faits et de dates. Le narrateur y croit, comme tous les esprits superstitieux de la Flandre y ont cru, sans en être ni plus doctes ni plus infirmes.

Seulement, dans l’impossibilité de mettre en harmonie toutes les versions, voici le fait dépouillé peut-être de sa naïveté romanesque impossible à reproduire, mais avec ses hardiesses que l’histoire désavoue, avec sa moralité que la religion approuve, son fantastique, fleur d’imagination, son sens caché dont peut s’accommoder le sage. À chacun sa pâture et le soin de trier le bon grain de l’ivraie.

La barque qui servait à passer les voyageurs de l’île de Cadzant à Ostende allait quitter le rivage.

Avant de détacher la chaîne de fer qui retenait sa chaloupe à une pierre de la petite jetée où l’on s’embarquait, le patron donna du cor à plusieurs reprises, afin d’appeler les retardataires, car ce voyage était son dernier. La nuit approchait, les derniers feux du soleil couchant permettaient à peine d’apercevoir les côtes de Flandre et de distinguer dans l’île les passagers attardés, errant soit le long des murs en terre dont les champs étaient environnés, soit parmi les hauts joncs des marais.

La barque était pleine, un cri s’éleva : “Qu’attendez-vous ? Partons.” En ce moment, un homme apparut à quelques pas de la jetée ; le pilote, qui ne l’avait entendu ni venin ni marcher, fut assez surpris de le voir. Ce voyageur semblait s’être levé de terre tout à coup, comme un paysan qui se serait couché dans un champ en attendant l’heure du départ et que la trompette aurait réveillé. Etait-ce un voleur ? était-ce quelque homme de douane ou de police ? Quand il arriva sur la jetée où la barque était amarrée, sept personnes placées debout à l’arrière de la chaloupe s’empressèrent de s’asseoir sur les bancs, afin de s’y trouver seules et de ne pas laisser l’étranger se mettre avec elles.

Ce fut une pensée instinctive et rapide, une de ces pensées d’aristocratie qui viennent au coeur des gens riches.