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Entre une jeune fille de la montagne qui rêve d’amour, un soldat de la ville habitué aux aventures sans lendemain, une grand-mère aux conseils avisés, une jeune maman délaissée, un préfet, un âne sensible et la lune,
La jeune fille et la lune regroupe des personnages aux caractères bien trempés. Ces derniers agrémentent l’intrigue construite autour de la rencontre entre deux jeunes gens au seuil de l’âge adulte, une histoire, une rencontre qui aurait pu difficilement moins bien commencer. Pourtant, quelque chose de très fort les attire tous les deux…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Gwenaël Faucher, avec
La jeune fille et la lune, met en scène la démarche et des outils avec lesquels il gère les conflits et accompagne les relations. Par ailleurs, il est auteur de plusieurs ouvrages notamment
L’Art délicat de la relation sociale et
Le chantier international de volontaires, un outil de la mixité sociale.
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Gwenaël Faucher
La jeune fille et la lune
© Lys Bleu Éditions – Gwenaël Faucher
ISBN : 979-10-377-5822-4
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Du même auteur
- L’Art délicat de la relation sociale, 408 pages, 2019, Éditions AGC – VRS ;
- Le Chantier de international de volontaires, un outil concret pour le développement de la mixité sociale, 129 pages, 2004 - 2019, Éditions AGC – VRS ;
- Méthodologie d’analyse et de gestion des conflits, 150 pages, 2006 - 2010, Éditions AGC.
Une petite fille de neuf ans est un jour venue me demander de lui expliquer les mécanismes de l’emprise, parce qu’elle voulait écrire un livre pour aider celles de ses amies qui se trouvaient dans cette situation.
Comme c’est un sujet compliqué, que l’envie d’écrire est un chemin honorable, et que le cap des dix ans rapproche de certaines questions, je lui dédie ce livre pour son dixième anniversaire.
À ma nièce Manon, donc.
Et à toutes celles et tous ceux qui se retrouveront dans les personnages de cette histoire.
À Gaëlle, bien sûr, qui me fait le cadeau de partager ses couleurs et ses visions dans ce projet, comme dans la vie.
Gwenaël Faucher
Dans la forêt, au bout de la vallée que dévale le torrent pour arriver au village, on pouvait trouver une cabane.
C’était une grande et jolie cabane, entre la maison de fée, ou de sorcière (on ne sait jamais trop), et la petite ferme de montagne. Ses murs épais en pierre et son toit de lauze auraient pu lui donner un air lourd et massif, mais l’ouverture de ses fenêtres, de la porte, la pergola d’où pendaient des grappes de chèvrefeuille et de raisins, et les massifs que se partageaient fleurs et légumes, enivraient les sens et allégeaient l’âme de tous les soucis dont on pouvait arriver chargé. L’enchantement du lieu dissolvait les tensions et libérait les nœuds de tristesse. Ce havre de paix était une récompense sans égale pour celui qui aurait pris le temps de remonter le torrent, passer les cascades et tourner les vires pour arriver jusqu’ici.
Mais, de fait, peu de marcheurs et peu de visiteurs passaient en ce lieu. Ce petit paradis préservé était réservé à ses habitants courageux, qui rencontraient le monde quand ils descendaient au marché pour vendre les trésors que leur avaient prodigués la terre et les arbres, et les échanger avec ces biens que la nature ne sait pas vous offrir, comme les tissus ou certains outils.
Dans ce petit monde éloigné du bruit vivait une vieille femme, aux cheveux blancs comme le reflet de la lune sur le lac de montagne et aux yeux bleus comme le ciel pur de l’hiver.
Personne ne savait trop quel âge elle avait ni comment elle s’appelait, alors quand on parlait d’elle on disait « la dame des bois », parce qu’elle habitait dans la forêt, ou aussi « la vieille femme des alpages ». De quelques bouches, peu nombreuses, sortaient avec respect des appellations comme « la guérisseuse » ou « la dame blanche ». Ceux-là, souvent, étaient ceux qui avaient eu le courage de lui demander conseil ou secours à un moment particulier de leur vie, et qui auprès d’elle avaient compris ce que guérir devait à bien vivre.
Ceux qui l’aimaient connaissaient son nom secret : ils l’appelaient Luna. Mais bien peu de ceux-ci étaient des humains…
Auprès d’elle avait grandi une jolie pousse de petite fille, qui un jour avait atteint l’âge auquel on ne sait plus si on doit parler de jeune fille ou de jeune femme.
Mais comme personne ne la connaissait, on ne parlait pas d’elle, et la vieille dame l’appelait simplement « ma fille », ou « ma beauté ». Sans même chercher à savoir à quel prénom elle pouvait appartenir, quiconque l’aurait vue l’aurait au moins appelée de même « beauté », tant la grâce qui de se dégageait de ses traits, de ses formes, de son âme et de tout ce qui s’approchait d’elle vous inondait le cœur instantanément. Celui qui aurait écouté son cœur justement aurait pu entendre ces deux syllabes qui se fondent en une seule : « Stella ».
Stella, l’étoile du lieu, l’étoile au fond des yeux de la vieille dame quand elle la regardait, toujours en souriant.
Stella n’avait jamais vu la ville, ni même le village, elle ne connaissait de la vie que ce fond de vallée enchanteur, ainsi que la compagnie de la vieille dame et des autres habitants de la forêt. Mais la vieille dame le voyait bien, un élan nouveau battait sous la poitrine de la jeune fille, et un jour il lui faudrait trouver son écho.
Stella n’avait jamais vu la ville et n’avait rencontré du genre humain que les rares visiteurs de sa grand-mère. Mais elle avait trouvé dans la bibliothèque de celle-ci nombre de romans, de pièces de théâtre et de poèmes, qui tous parlaient de la même chose : de l’art manifestement délicat d’être en relation avec autrui.
Certes, cet amour qui revenait tout le temps semblait mériter attention, mais toujours il lui avait paru la cause des pires déceptions et des pires trahisons. Son cœur de petite fille n’avait pas jugé bon de lui accorder une quelconque importance, celui de sa grand-mère la comblant de toute sa chaleur.
Mais à mesure que la jeune femme fleurissait et prenait le devant sur la jeune fille, elle sentait bien que cela ne lui suffisait plus, et si le bouillonnement de son sang dans sa poitrine l’étouffait de la sorte, c’était que, elle aussi, elle était touchée par cette question de l’amour, et qu’elle avait envie d’aimer, et d’être aimée.
Comme toute étoile qui se respecte, Stella, était non seulement belle, mais aussi tout à fait loin d’être sotte. Et son intelligence vive avait bien compris que l’amour réservait nombre de pièges auxquels il était difficile d’échapper.
Aussi prit-elle un jour la décision d’en parler à sa grand-mère et de lui demander conseil.
« Vois-tu, ma beauté, les pièges de l’amour sont aussi nombreux que les étoiles dans le ciel. Mais tous reviennent à la même question : “Qu’est-ce que celui qui veut aimer attend de l’amour qu’il espère ? Danse des corps ou danse des cœurs ?”
Si les deux amants sont clairs avec eux-mêmes, honnêtes et en harmonie dans leur vision de ce qu’est l’amour et de ce qu’ils en attendent, alors leur amour sera un magnifique voyage, même si certains moments seront moins faciles que d’autres.
Mais si les deux amants ne le sont pas, clairs, honnêtes et avec une même vision de l’amour, alors le vent pourra souffler sur eux si fort qu’il ne laissera rien de cet amour, et même, parfois, des amants tellement déçus que leur vie en sera brisée, comme tu as aussi pu le lire. »
« Mais, grand-mère, douce montagne étoilée, sagesse insondable, comment le saurai-je, si nous partageons bien la même vision de l’amour ? Si je rencontre un jeune homme qui me plaît et qui sait me dire les mots qui me feront m’offrir à lui, comment être sûre de ne pas avoir ensuite à le regretter ? »
« Demande à la Lune, ma fille, étoile de mon âme, demande à la Lune, elle, elle sait. Un jour, le Soleil lui a manqué d’égard, et depuis elle se cache à nos yeux la moitié du temps, pour retrouver la force de briller et de veiller sur nous. Mais le Soleil, lui, elle l’a puni et elle ne veut plus le voir : toujours il lui court après elle, mais rares sont les jours où elle le laisse de nouveau l’approcher.
Comme leur histoire est très ancienne, elle a bien eu le temps de comprendre ce qui s’était passé et d’apprécier les motivations d’un garçon. Et comme depuis toujours elle nous protège, nous, les femmes cherchant le vrai amour, elle saura te guider, elle saura faire en sorte que ton choix soit le bon. N’oublie pas, demande à la Lune, ma Stella ».
Et sur ces belles paroles, elles allèrent se coucher.
Alors que Stella allait s’endormir, sa grand-mère se retourna vers elle et lui dit : « Demain, c’est toi qui iras au marché, il est temps maintenant ».
Sur ces paroles, la grand-mère ferma les yeux et fit de beaux rêves, mais Stella ne dormit pas de la nuit !
Avant le lever du Soleil, les sacs étaient prêts et l’âne était déjà bâté !
Au marché, il venait des cultivateurs, des éleveurs, des commerçants, des producteurs de la ville et de tous les villages du canton.
Il y avait également des restaurateurs, des vendeurs de services et des diseuses de bonne aventure…
Il venait aussi des soldats, soi-disant pour assurer la sécurité des activités économiques, mais on savait très bien que c’était une façon pour le préfet de rappeler la puissance du monde qu’il représentait, et l’occasion pour les soldats de sortir de leur caserne et de passer de bons moments.
Tous n’étaient pas de mauvais bougres ou de vilaines brutes, loin s’en faut. La brutalité n’assure jamais longtemps des relations sereines ni une économie prospère…
La plupart étaient des pères de famille ayant servi au-delà des frontières, et ils trouvaient ici un repos mérité qu’ils prenaient grand soin de préserver.
Parmi eux, on comptait quelques garçons plus jeunes, en début de carrière, qui venaient endurcir leur condition physique en se confrontant aux montagnes alentour.