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Surnommé affectueusement Coquelicot, Adrien Leroy n’a pas idée que sa vie va prendre un tournant inattendu grâce à une lettre recommandée. Cette missive lui ouvre la porte vers des possibilités inespérées pour nourrir ses passions : chanter, voyager, explorer, se confronter à l’inconnu, embrasser les imprévus, chérir les relations humaines, laisser le temps s’écouler et flâner dans les méandres de l’existence. Au fil de son parcours, il découvre finalement une nouvelle facette de lui-même, concrétisant la célèbre citation de Gandhi : « Le véritable voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a effectué un seul voyage à l’intérieur de lui-même».
Á PROPOS DE L'AUTEUR
Conseiller professionnel,
Bertrand Sarlandie apprécie la liberté d’inventer des mondes et des réalités à travers ses propres utopies. Pour lui, le livre est un compagnon-ami et la littérature est un réveilleur de rêves et de dialogues en silence grâce à la saveur des mots devenus messagers et traits d’union.
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Bertrand Sarlandie
La voie de son être
Chronique et déambulation
en chant’ing car
Roman
© Lys Bleu Éditions – Bertrand Sarlandie
ISBN : 979-10-422-0620-8
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Du même auteur
Edilivre
– La vie, l’amour, la paix, Tome I – Premiers pas, 2021 ;
– La vie, l’amour, la paix, Tome II – Karma Thérapie, 2021 ;
– La vie, l’amour, la paix, Tome III –Tous les chemins mènent à Soi, 2021.
Le Lys Bleu Éditions
– Résilience à tous les étages – Un 24 avril, 16 Rue des Tisserands, 2022.
Dieu est aussi frêle que ces coquelicots que, pour leur profit, les hommes veulent arracher de la terre.
Je veux bien souffrir, mais je ne veux pas désespérer. Je ne laisserai personne éteindre en moi la petite lampe rouge de la confiance.
Mon cœur volait comme un brin de paille dans l’air du monde avant que tu le prennes entre tes mains pour le sauver. Ils ont fait de toi une image, ils ont fait de toi une église.
Moi, je fais de toi un coquelicot, l’étendard minuscule de l’éternel, le fleurissant par surprise. Que nos cœurs chaque jour s’ouvrent à la fraîcheur et à l’éclat des coquelicots. Tu me reconnaîtras sur le quai de la gare ; j’aurai mon cœur dans mes mains jointes, un gros hortensia bleu donnant sa lumière jour et nuit, en toutes saisons.
Christian Bobin, Le Christ aux coquelicots (1)
Quelques affaires à ramasser.
Se penche souplement, prend le pupitre pliable, le porte-vue et la casquette.
Vient le moment difficile, l’entre- deux identités… de la scène à la ville…
Ho ! N’allez pas imaginer une somptueuse estrade d’un lieu prestigieux. Non, sa scène à lui, c’est un coin de rue, mais nous y reviendrons.
Tout est arrimé sur son chariot qu’il tire d’une main ; de l’autre, sa sono qui a porté sa voix toute la matinée.
Coquelicot, c’est son nom, a fini son show ; ça le courroucerait qu’on parle de lui comme ça. Lui, il dit qu’il fait du lien chantant.
Un mauvais jour, son vieux copain, Romuald, a cédé à un ami fielleux, un cancer installé sans prévenir. Sa vie de musicien s’est terminée sur un mauvais bémol, comme une mélodie inachevée ; il chantait, jouait de sa guitare et se souciait peu du reste. Quand il est mort, ça a fait une décharge électrique. Coquelicot, comme d’autres aussi, il a beaucoup pleuré, ça n’a pas rempli le vide, mais ça lui a permis de déverser son trop-plein !
Alors, du jour au lendemain, le quartier ne tournait plus rond. Le Romuald, il avait ses tours de garde : trois fois par semaine au marché couvert, deux fois près de la mairie, deux trois terrasses de café dès les beaux jours… quelques cours de guitare ; tout ça mettait du baume sur son RSA de survie… quelques coups de main aux forains pour déballer ; non vraiment, tout allait bien et les rêves de jeunesse, la scène et le renom, tout ça était rangé sans amertume ; « ses tours de chant » sonorisaient le quartier. Il était plutôt blues, folk et jazz. Peu de passants résistaient à son swing. Le jour de son embrasement, on n’a pas retrouvé un seul enregistrement pour le commémorer ; juste un vieux son de rue d’un téléphone portable ; on a fait avec ça. Romuald disait : « J’donne ma musique au ciel, il a qu’à ouvrir ses oreilles ». C’était un joueur de belote astucieux, un chineur averti ; il aurait aimé être brocanteur !
Sauf Coquelicot qui le connaissait bien, on ne savait rien de sa vie sinon qu’il était de ces êtres précieux qui n’ont fait de concessions qu’à eux-mêmes et à leur liberté.
L’emplacement est resté vide ; rien ne traînait, pas une note, pas un soupir, ni un écho ; que des souvenirs et quelques jolies nostalgies. Les habitués, les mélomanes, les amis frôlaient en baissant la tête et officiellement, rien ne se passait sauf quelques sollicitations rusées et insistantes auprès de Coquelicot. Tout le monde savait qu’il chantait avec Romuald et qu’il avait un répertoire conséquent de chansons. En peu d’instants, on passait de Bruant à Vianney après quelques escales chez Montand, Maé et Bruel… et même Black M !
Coquelicot pouvait devenir rouge de timidité, mais moins que Mylène qui, elle, pouvait passer du rouge mat au carmin sans raison apparente. L’un et l’autre avaient une voix qu’ils se réservaient pour des occasions festives et amicales. Les voisins seuls en profitaient.
Ha, Mylène ! La belle amie non titrée, des belles heures et des ciels noirs. Ils s’amantaient avec une complicité qui interloquait. Officiellement, ils n’étaient que voisins, tout le monde savait… mais ici, officiellement, la vie des autres…
Bon, à force de petites phrases, de compliments bien dosés et de pressions amicales, Coquelicot avait fini par céder ; il s’était donné deux trois semaines pour peaufiner son répertoire ; en fait, pour se rassurer, car il était « liquéfié de trouille » et seul à se l’avouer.
Coutumier des soirées amicales et chantantes sans être du métier, il tournait, traînait sur cette question lancinante hautement toxique, qui bloque tout élan et cisaille l’énergie du désir… : « Mais qui suis-je pour »… !
Nous sommes à deux jours de la première Trottoir’s Parade. La tension monte ; Mylène joue les amortisseurs. Coquelicot répète tout ce qu’il sait, évacue le stress, se disant qu’il est très courageux et que Romuald est certainement très fier de son « successeur ».
La veille, il prépare le matos, aussi content que stressé, aussi serein qu’impatient. Partitions, chevalet, sono ; Mylène ajoute discrètement un chapeau et le lendemain, roule Coquelicot, destination le marché couvert, le trottoir abrité du vent, de la pluie… sur le mur en brique, c’est écrit « Stationnement interdit ».
Deux, trois réglages, basses, reverb, écho… ça a l’air d’aller… se met devant le micro ; une folle envie de chanter balaie tout comme le mistral. La première chanson il l’a, elle est prête à fuser ; deux trois airs tranquilles pour chauffer la voix. Il a déjà un peu vocalisé chez lui, mais tout bas pour ne pas gêner les voisins. Alors la première, il a choisi :
Sur ma route, oui
Il y a eu du move, oui
De l’aventure dans l’movie
Une vie de roots… (6)
Le son, la voix, le texte… tout jaillit comme lorsqu’il récitait sa poésie à l’école et qu’il la savait par cœur… cette chanson, elle lui colle à la peau, il s’y reconnaît, elle lui fait du bien.
Là, ce n’est pas la maîtresse qui le note : il y a les passants qui sourient, ceux qui s’arrêtent, d’autres, empêtrés dans leurs soucis et devenus autistes, les indifférents, les dansants trémoussant… ceux qui savaient et ceux qui n’y croyaient plus. Mylène a discrètement mis le chapeau.
Mylène, elle est discrète, mais elle est là. Elle lui racontera plus tard tout ce qu’il n’a pas vu : la police municipale qui n’a pas été prévenue, mais qui laisse faire – sur ordre du Maire, on le saura plus tard –, le pigiste venu prendre la photo, les habitués du swing – les distractions sont rares ici – le patron du café qui bénit Coquelicot pour sa probable future recette – le boucher qui râle un peu parce que c’est trop fort… au début, en redemande après……
La deuxième chanson, c’est tout Coquelicot !
Il est où – le bonheur – il est où… ?
Y a tous ces soirs de Noël où l’on sourit poliment
Pour protéger de la vie cruelle
Tous ces rires d’enfants
Et ces chaises vides qui nous rappellent
Ce que la vie nous prend
Alors je me chante les notes les plus belles
C’était mieux avant (7)
Ha ! Il faudrait que je vous présente Coquelicot, mais c’est mission impossible ; c’est comme un puzzle, chacun a sa pièce, mais tout ne s’emboîte pas… !
Coquelicot, c’est un gentil qui a appris à dire non, tellement il s’est fait rouler dans la farine.
L’autre jour, Madame Ferrand lui a demandé s’il pouvait s’occuper de ses chats pendant son séjour chez ses enfants. Il a dit non, il aime pas les chats ni Madame Ferrand et c’est Mylène qui s’y est mise, elle est atteinte de chatopathie.
Comme il est habile de ses mains, il est très demandé et « fait » un tarif à la tête du demandant et plus il est… et plus c’est cher, c’est la loi de l’offre et de la commande !
Hier, comme depuis des mois, il a poussé le fauteuil roulant de Madame Hernandez. Ils sont allés au jardin, regarder les poissons, les pigeons et les enfants. Ça lui met un sourire !! Et puis après, elle lui raconte sa vie : ses amours, ses galants, ses rendez-vous, ses malices, son mari… ils rient comme deux tourtereaux ; quand ils retournent à l’EHPAD, ils rient encore et toujours ; tout le personnel se dit qu’il faudrait un Coquelicot par résident !
Au fait, pourquoi Coquelicot ? La légende veut qu’un temps, Adrien Leroy avait une queue de cheval et toujours un chapeau – avec un coquelicot toujours –… en plastique.