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Dans le quartier historique d’une ville de province, un immeuble un peu cossu comptant dix appartements. Là-bas, les résidents y vivent en bonne indifférence, à distance courtoise. Les escaliers et les paliers, no man’s land plutôt anonymes, bruissent pourtant de salutations polies. Ensuite, chacun se retranche dans son pré carré domestique. Quelques amitiés néanmoins, quelques affinités cependant, de très rares éclats de voix… Seulement, ce 24 avril, tout bascule et devient incertain dans cet univers pourtant bien huilé de confort et de certitudes. Quand l’être humain se dresse avec les autres, ils déploient une force invincible : de la vulnérabilité et la division à la force et à la cohésion, des énergies qui s’ajoutent et s’additionnent pour écrire des histoires ensemble, du moi-je au moi-nous.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Pour Bertrand Sarlandie, le livre est un compagnon-ami de route qui représente la liberté d’inventer des mondes et des réalités au gré de ses utopies. Aussi, la littérature est un réveilleur de rêves et de dialogues en silence grâce à la saveur des mots devenus messagers et traits d’union.
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Bertrand Sarlandie
Résilience à tous les étages
Un 24 avril, 16 Rue des Tisserands
Roman
© Lys Bleu Éditions – Bertrand Sarlandie
ISBN : 979-10-377-6883-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
La vie, l’amour, la paix, 2021
Tome 1 – Premiers pas
Tome 2 – Karmathérapie
Tome 3 – Tous les chemins mènent à Soi
Les échos du temps…
Ouvre-porte, déclic, une poussée sur la porte en bois massif de cet immeuble un peu cossu mais sans plus.
La lumière de la rue éclaire le hall qui retombe dans le noir sitôt le battant refermé. La lumière électrique est indispensable.
Sur la gauche, une rangée de boîtes aux lettres ; certaines débordent de publicités.
En face, un panneau d’affichage où pend un « Avis aux résidents » partiellement décroché ; « des consignes en cas d’incendie », un post-it « Je recherche une nounou pour ma fille le mercredi après-midi ».
Une petite cour qui pourra servir pour le vélo.
L’escalier est spacieux, confortable à monter ; au deuxième étage, droite, la porte s’ouvre sur un large sourire :
Le couloir traverse l’appartement ; à gauche, une grande salle de séjour lumineuse puis une chambre et – côté droit – qui sera le sien – une vaste chambre avec salle d’eau, une ouverture sur une cuisine partagée.
— Voilà, vous avez tout vu. Il y a une cave ; je vous ferai de la place. C’est un joli bazar !
Elle finit toutes ses phrases par un sourire :
— Je m’appelle Soizic.
— Vous connaissez les conditions : 350 euros par mois et l’eau et l’électricité en plus… je ne vous demande pas d’avance, vous êtes une amie d’amie… elle rit encore… Venez, on va faire connaissance !
— Voilà, je sous-loue parce que ma fille est partie faire ses études à Paris et c’est un peu grand et cher pour moi toute seule. Ça me fera un peu de compagnie, remarquez, je ne sais pas m’ennuyer.
La porte se referme comme elle s’est ouverte… sur un sourire engageant.
Mélanie est déjà décidée, elle confirmera demain. Le hall est à nouveau dans le noir ; elle remarque trois entrées d’appartements au rez-de-chaussée qu’elle n’avait pas vues. Elle est contente… du logement, de la propriétaire, de sa vie en général ; tout lui réussit en ce moment ; ses études sont finies et diplômées, son copain est top, elle a gardé toutes ses relations de fac, ses parents sont contents et fiers d’elle… reste le boulot mais elle ne s’en fait pas. Elle va participer à un module d’accompagnement à l’emploi ; en attendant, on lui a proposé un job – distributrice de journaux – et ça lui plaît !
Elle confirme le lendemain par un coup de téléphone, elle ressent la même tonicité joviale chez Soizic. Une belle personne, pense-t-elle, ravie de ce nouveau pied – à – terre. Le jour convenu, elle fait appel à des renforts amicaux, ses affaires sont acheminées en quelques tours de bras et un seul voyage, de la chambre de la cité U à sa nouvelle adresse. La voilà installée au 16 Rue des Tisserands.
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La Rue des Tisserands est une des rues centrales du centre ancien.
Longue de 160 mètres, on y accède par la rue Henri Mendor et la Rue des Tilleuls.
Les archives municipales indiquent que la rue est bordée d’immeubles datant du début du 20e siècle.
Arthur Léger et Edmond Delage – bienfaiteurs de la ville – y. ont résidé une grande partie de leur vie au numéro 16, notez la façade…
Rez-de-chaussée, droite
Olivier et Nacera Berland-Bendjedid
Leurs chemins se sont croisés au Maroc. Le coopérant marseillais a rencontré la fille de Rabat.
Elles ont eu l’envie, avec une amie, de s’initier à la plongée sous-marine ; le club leur a proposé ensuite un séjour en Méditerranée, pour observer les épaves ; l’immersion dans la féérie des mers et de l’Histoire… la sensation de voler dans l’eau, sans voix ni bruit… magistralité du silence, rencontre inédite de créatures marines, l’histoire de siècles passés à portée de palmes et de regards.
Rien d’étonnant qu’au retour sur la terre de Rabat, elle soit aimantée vers une conférence donnée au centre culturel par un certain Olivier Berland, chercheur en archéologie sous-marine et chasseur d’épaves en Méditerranée.
« Séduisez mon esprit vous pourriez avoir mon cœur » ; l’orateur ne se doute pas d’une autre immersion, dans la salle ce soir-là, au-delà des amphores et des vestiges ; les délices de l’esprit, du Verbe et de la pensée ; la passion du savoir, de l’étude, de la recherche, la nécessité vitale de comprendre, de relier, d’inclure ; la finesse et l’élégance de la rhétorique… font charme, séduction et préliminaires !
Nacera achète le livre du conférencier, apprend qu’il dédicace demain à la librairie Aalam AlFikr et leur première rencontre dans une librairie est le prologue rêvé pour des Sapiolovers d’une histoire à plusieurs chapitres.
Nacera est d’une famille modeste ; sa mère a propulsé sa fille vers des études poussées, en compensation de celles qu’elle n’a pas pu suivre. Elle finit sa formation de juriste et doit participer à un concours d’éloquence ; elle a choisi le thème : « Le droit des mers et des ports, un atout pour l’environnement ».
Elle invite Olivier Berland qui, ce soir-là, va connaître le retour d’effets de sa conférence. Nacera harangue, illustre, argumente, déclame, persuade… avec sa voix et ses gestes, son corps et sa crinière noire, la brillance de sa passion et de ses vingt-cinq ans. Elle sera avocate, spécialiste du droit maritime et portuaire ; sa clientèle d’armateurs, de sociétés offshores, de capitaineries, de compagnie de fret maritime lui permet une croisière incessante au beau milieu des mers et des cultures du monde.
Il est déjà conquis et bientôt prêt à tourner les pages d’un livre à écrire à deux. La bibliothèque du salon, leurs discussions passionnées, les think – tanks – « Démocratie locale et participation citoyenne » – « Repenser la Cité » –. Tout se résume à leur devise : « J’apprends donc je suis ». Ilian et ses dix ans, Yasmine et ses sept ans sont déjà sur le chemin de la Connaissance. L’escargot scolaire est menacé par la gazelle studieuse. Chaque année, le ramadan les rappelle à leur biculturalité, les vacances franco-marocaines remplissent leurs mémoires ; les souvenirs de Rabat, l’école Jean Moulin ; le ferry à Sète, les tajines de la mamie de là-bas… et les conversations des parents – tellement ennuyeuses mais… Tahar Ben Jelloun, Leila Slimani, Abdellatif Laâbi… Autant de noms d’un panthéon des grands esprits, gravés dans le patrimoine familial !
C’est notre privilège d’apprendre. Apprendre est la manifestation de notre dignité humaine.
Pour nous, êtres humains, apprendre est notre plus grande fierté, un droit et un privilège.
Quand la soif d’apprendre se tarit, l’individu, la société ou la civilisation s’engagent irrémédiablement vers la voie de la régression.
Telle est la stricte réalité de l’Histoire.
D. Ikeda
Certains les appellent lesSapiolovers ; c’est un peu juste même si… !
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Rez-de-chaussée, gauche
Rose Delacroix – Ép. Da Silva
Rose Delacroix a au moins un remords : à leur arrivée dans cet immeuble, il y a quinze ans, deux appartements étaient disponibles. L’un au deuxième étage et celui-ci au rez-de-chaussée. Elle a persuadé son mari de choisir celui du bas, en pensant – déjà – aux vieux jours. Elle s’en mord les doigts, trop exposée, pense-t-elle, aux allers et venues du hall d’entrée, au passage de la rue sous ses fenêtres.
Son mari, Manuel Da Silva, est décédé d’un AVC six mois après leur entrée dans les lieux. Ce chef de chantier, robuste et travailleur, est parti sans prévenir, laissant là, Rose, qui perdait une épaule, un paratonnerre, une assurance-vie ; il décidait de tout, démarchait, prévoyait, concluait… sans jamais oublier « sa » Rose qu’il a un jour laissée.