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"L’écritmauxlogue" est un plaidoyer pour l’écriture comme remède aux peines, un récit inspirant qui suit Pascal Liénart, géomètre à la retraite, sur le chemin inattendu de l’écriture. Une rencontre fortuite sur un trottoir marque le début d’un réseau d’amitiés et de créativité, au cœur des réalités contemporaines. L’ouvrage vous plonge dans cette aventure captivante où les mots deviennent des alliés précieux pour naviguer à travers les défis de la vie.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Bertrand Sarlandie considère les œuvres comme des compagnons de voyage, des éveilleuses de rêves avec lesquelles on dialogue en silence. Pour lui, elles représentent la liberté de créer des mondes et des réalités selon ses utopies, tout en offrant la saveur des mots qui deviennent des messagers et des liens entre les individus.
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Seitenzahl: 60
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Bertrand Sarlandie
L’écritmauxlogue
Chronique en écrits libres
sur un fil de vies
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Bertrand Sarlandie
ISBN : 979-10-422-2540-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Un livre a toujours deux auteurs
Celui qui l’écrit et celui qui le lit.
Jacques Salome
L’amitié est une force, un univers intime qu’il est difficile de raconter et de décrire, un monde en soi dans lequel on pénètre sur la pointe des pieds pour ne pas la déformer ou l’abîmer d’un mot, d’une phrase, d’une remarque inconsidérée.
Alice Parizeau, Une Femme
Toutes les ventes de ce livre seront reversées aux Restos du Cœur de Millau (12).
Les pavés de l’avenue brillent de la pluie qui vient de rincer la ville.
Des feux de signalisation tricolorent pour rien ; il n’y a personne.
Les trottoirs luisants sont jonchés de sacs bientôt collectés !
La lueur jaunâtre d’un lampadaire plonge par le soupirail au beau milieu de la pénombre de ce sous-sol caverneux.
Le sol pavé et l’humidité des murs moussus accentuent l’inhospitalité du lieu : peur fébrile et méfiance rôdent dans un silence lourd, épais comme chape de plomb…
Pantelante, haletante, capuchonnée, une ombre venue d’ailleurs saisit le manche d’une hache qu’elle abat sur une forme indistincte allongée sur une paillasse, d’où bruissent, à peine audible, une faible plainte, un gémissement étouffé, un cri sourd d’agonie.
Une bourrasque balaie l’espace. Quelque chose vacille, se brise à terre… un rat se faufile et s’enfuit !
Dans la noirceur opaque, la silhouette rougie de sang s’écarte et se dissout comme faisant fi des murs pourtant massifs de cette ancienne cave à vins…
Tout se dilue, se tait, s’éteint.
… Pascal Lienart se réveille en sursaut, brutalement…
Hirsute et maladroit, il bégaie ses premiers gestes, bien rôdé au scénario des nombreux réveils matinaux après cauchemars, résidus compulsifs de « leur » agression nocturne du vivant de sa femme. Dans ce lit devenu trop désert et trop vaste, il s’étire, homme de Vitruve, ouvert à la promesse de cette journée qu’il veut comme l’envers de l’enfer de la nuit pourtant claire, étoilée qui l’a à nouveau cruellement scarifié.
Chaque matin le soumet à la question : sombrer dans l’abîme de l’amertume, la vengeance, la rage, l’abattement… ou… remporter le toss de la journée gagnante. Son passé rugby a fait école et empreinte : se lève, se dresse, prêt à la mêlée ouverte face au défi du ruck effervescent de la journée.
Un premier café lui laisse une main libre pour déclencher la levée du store qui découvre une large baie vitrée puis ce paysage où chaque sentier, chaque crête lui rappellent sa compagne, chaque pierre pourrait raconter une histoire ; le plateau désertique là-haut à droite où seules les brebis conjoignent avec les rumeurs du vent et les brûlures du soleil ; le canal en bas qui se soucie peu du temps.
Son chien, assis là à ses pieds, connaît parfaitement chaque détail de cette séquence de tous les matins.
Un rapide coup d’œil sur l’avancée du chantier qui jouxte son balcon arboré et fleuri ; trois grues tournoient déjà, balaient le ciel de leurs flèches, en circonvolutions orchestrées qui ravissent l’ancien géomètre rompu aux mesures et précisions millimétrées. De temps en temps, dans un dialogue entre ciel et terre, le klaxon d’une des ballerines métallisées répond aux gestes du signaleur à terre, chef d’orchestre du bel œuvre, de la cohésion technique et du travail bien fait. Un dernier regard vers les têtes de grue là-haut qu’il aimerait tant visiter un jour. La foudre la semaine dernière a carbonisé la structure et la cabine d’une d’entre elles…
Il arrosera le ficus et les géraniums tout à l’heure !
« Normalement », il devrait reprendre un deuxième café avec sa voyageuse de noces. Il n’y a plus qu’une photo qu’il regarde subrepticement, redoutant un retour au passé qu’il voudrait bien enfouir en amnésie reconnaissante et cicatricielle.
Un recueil de mots fléchés, le stylo posé dessus… il bute depuis trois jours… en treize lettres… il a déjà le B en premier puis VE en case cinq et six puis E en treizième place. La définition éclaire peu : une marque de la dignité humaine… elle ajoute même à la confusion… il verra plus tard.
Le formulaire d’inscription au club de tir à l’arc est là aussi en attente. La peur de réveiller une ancienne tendinite au bras droit le dissuade de la démarche : il veut vivre Pascal Lieinart, il a besoin de tous ses moyens et de toutes ses nuits de sommeil… ça le préoccupe, le diminue, il ne sait plus quoi faire, il a tout essayé ! À la dernière séance de méditation, un tourbillon d’images et d’émotions parasites l’a englué dans un medley qu’il connaît bien ; la scène finale lui a permis un sourire comme un aveu à lui-même que « l’hiver devient toujours printemps. »
Quelques hantises avant miroir, peut-être un instantané facial un peu fané et flétri par la corrida nocturne… ses appréhensions sont sans fondement ; il a l’âge de son visage qui lui-même à l’âge de son appétence pour le vivant et signe une belle vitalité, éclairée de ses yeux vifs et alertes ; un coup de peigne ajuste la tenue et signe le bon de sortie.
Sur le balcon, le ficus et les géraniums reçoivent breuvage et regards. La grue la plus proche tournoie, l’une d’elles est à l’arrêt !
Entre fissures du trottoir et incivilités canines, la rue descendante demande mesure et attentions. Aussi ne voit-il pas, venant en sens inverse, une silhouette approchante qui ne fait rien pour éviter la rencontre ; bien au contraire puisque Pascal Lienart tente d’éviter in extremis sans y parvenir, cet homme un peu trapu, au visage large et rond, à la démarche bien appuyée, maintenant face à lui et qui, ô surprise, lui adresse ces paroles :
De la surprise première à la prudence instinctuelle, Pascal Lienart marque un temps, se ressaisit et juge l’approche assez inédite, mais… recevable.
Pascal a devant lui un homme de là-haut où il aimerait tant s’inviter… la discussion s’installe facile, légèrement aérienne et solaire et surtout trait d’union entre deux inconnus.