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"Le Bourgeois gentilhomme est une comédie-ballet écrite par Molière en 1670. Cette œuvre met en scène les aventures de Monsieur Jourdain, un riche marchand qui aspire à devenir un gentilhomme pour être accepté dans la haute société. Le personnage principal est un homme naïf et vaniteux, prêt à dépenser des sommes considérables pour acquérir les manières et les connaissances des nobles.Le Bourgeois gentilhomme est une satire sociale qui se moque des prétentions et des ridicules de la bourgeoisie montante de l'époque. Molière y dépeint avec humour les travers de la société de son temps, tout en mettant en lumière les absurdités de l'aspiration à la noblesse.Cette comédie-ballet est également célèbre pour sa musique et ses danses, qui ajoutent une dimension spectaculaire à la pièce. Le Bourgeois gentilhomme est une œuvre emblématique du théâtre classique français, qui continue de fasciner et d'amuser les spectateurs à travers les siècles.
Extrait : ""MONSIEUR JOURDAIN : Et comme l'on parle qu'est-ce que c'est donc que cela ? MAITRE DE PHILOSOPHIE : De la prose. MONSIEUR JOURDAIN : Quoi ? quand je dis: ""Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit"", c'est de la prose ? MAITRE DE PHILOSOPHIE : Oui, Monsieur. MONSIEUR JOURDAIN : Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela."""
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Seitenzahl: 103
Veröffentlichungsjahr: 2015
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EAN : 9782335004281
©Ligaran 2014
MONSIEUR JOURDAIN : bourgeois.
MADAME JOURDAIN : sa femme.
LUCILE : fille de M. Jourdain.
NICOLE : servante.
CLÉONTE : amoureux de Lucile.
COVIELLE : valet de Cléonte.
DORANTE : comte, amant de Dorimène.
DORIMÈNE : marquise.
MAÎTRE DE MUSIQUE.
ÉLÈVE DU MAÎTRE DE MUSIQUE.
MAÎTRE À DANSER.
MAÎTRE D’ARMES.
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.
MAÎTRE TAILLEUR.
GARÇON TAILLEUR.
DEUX LAQUAIS.
Plusieurs musiciens, musiciennes, joueurs d’instruments, danseurs, cuisiniers, garçons tailleurs, et autres personnages des intermèdes et du ballet.
La scène est à Paris.
L’ouverture se fait par un grand assemblage d’instruments ; et dans le milieu du théâtre on voit un élève du maître de musique, qui compose sur une table un air que le Bourgeois a demandé pour une sérénade.
Maître de musique, maître à danser, trois musiciens, deux violons, quatre danseurs
Venez, entrez dans cette salle, et vous reposez là, en attendant qu’il vienne.
Et vous aussi, de ce côté
Est-ce fait ?
Oui.
Voyons… Voilà qui est bien.
Est-ce quelque chose de nouveau ?
Oui, c’est un air pour une sérénade, que je lui ai fait composer ici, en attendant que notre homme fût éveillé.
Peut-on voir ce que c’est ?
Vous l’allez entendre, avec le dialogue, quand il viendra. Il ne tardera guère.
Nos occupations, à vous, et à moi, ne sont pas petites maintenant.
Il est vrai. Nous avons trouvé ici un homme comme il nous le faut à tous deux ; ce nous est une douce rente que ce Monsieur Jourdain, avec les visions de noblesse et de galanterie qu’il est allé se mettre en tête ; et votre danse et ma musique auraient à souhaiter que tout le monde lui ressemblât.
Non pas entièrement ; et je voudrais pour lui qu’il se connût mieux qu’il ne fait aux choses que nous lui donnons.
Il est vrai qu’il les connaît mal, mais il les paye bien ; et c’est de quoi maintenant nos arts ont plus besoin que de toute autre chose.
Pour moi, je vous l’avoue ; je me repais un peu de gloire ; les applaudissements me touchent ; et je tiens que dans tous les beaux-arts, c’est un supplice assez fâcheux que de se produire à des sots que d’essuyer sur des compositions la barbarie d’un stupide. Il y a plaisir, ne m’en parlez point, à travailler pour des personnes qui soient capables de sentir les délicatesses d’un art, qui sachent faire un doux accueil aux beautés d’un ouvrage, et par de chatouillantes approbations vous régaler de votre travail. Oui, la récompense la plus agréable qu’on puisse recevoir des choses que l’on fait, c’est de les voir connues, de les voir caressées d’un applaudissement qui vous honore. Il n’y a rien, à mon avis, qui nous paye mieux que cela de toutes nos fatigues ; et ce sont des douceurs exquises que des louanges éclairées.
J’en demeure d’accord, et je les goûte comme vous. Il n’y a rien assurément qui chatouille davantage que les applaudissements que vous dites. Mais cet encens ne fait pas vivre ; des louanges toutes pures ne mettent point un homme à son aise : il y faut mêler du solide ; et la meilleure façon de louer, c’est de louer avec les mains. C’est un homme, à la vérité, dont les lumières sont petites, qui parle à tort et à travers de toutes choses, et n’applaudit qu’à contresens ; mais son argent redresse les jugements de son esprit ; il a du discernement dans sa bourse ; ses louanges sont monnayées ; et ce bourgeois ignorant nous vaut mieux, comme vous voyez, que le grand seigneur éclairé qui nous a introduits ici.
Il y a quelque chose de vrai dans ce que vous dites ; mais le trouve que vous appuyez un peu trop sur l’argent ; et l’intérêt est quelque chose de si bas, qu’il ne faut jamais qu’un honnête homme montre pour lui de l’attachement.
Vous recevez fort bien pourtant l’argent que notre homme vous donne.
Assurément ; mais je n’en fais pas tout mon bonheur, et je voudrais qu’avec son bien il eût encore quelque bon goût des choses.
Je le voudrais aussi, et c’est à quoi nous travaillons tous deux autant que nous pouvons. Mais, en tout cas, il nous donne moyen de nous faire connaître dans le monde ; et il payera pour les autres ce que les autres loueront pour lui.
Le voilà qui vient.
Monsieur Jourdain, deux laquais, maître de musique ; maître à danser, violons, musiciens et danseurs.
Eh bien, Messieurs ? qu’est-ce ? me ferez-vous voir votre petite drôlerie.
Comment ? quelle petite drôlerie ?
Eh la… comment appelez-vous cela ? votre prologue ou dialogue de chansons et de danse.
Ah ! ah !
Vous nous y voyez préparés.
Je vous ai fait un peu attendre, mais c’est que je me fais habiller aujourd’hui comme les gens de qualité ; et mon tailleur m’a envoyé des bas de soie que j’ai pensé ne mettre jamais.
Nous ne sommes ici que pour attendre votre loisir.
Je vous prie tous deux de ne vous point en aller, qu’on ne m’ait apporté mon habit, afin que vous me puissiez voir.
Tout ce qu’il vous plaira.
Vous me verrez équipé comme il faut, depuis les pieds jusqu’à la tête.
Nous n’en doutons point.
Je me suis fait faire cette indienne-ci.
Elle est fort belle.
Mon tailleur m’a dit que les gens de qualité étaient comme cela le matin.
Cela vous sied à merveille.
Laquais ! holà, mes deux laquais !
Que voulez-vous, Monsieur ?
Rien. C’est pour voir si vous m’entendez bien. (Aux deux maîtres.) Que dites-vous de mes livrées ?
Elles sont magnifiques.
(Il entrouvre sa robe et fait voir un haut-de-chausses étroit de velours rouge, et une camisole de velours vert, dont il est vêtu.)
Voici encore un petit déshabillé pour faire le matin mes exercices.
Il est galant.
Laquais !
Monsieur.
L’autre laquais !
Monsieur.
Tenez ma robe. Me trouvez-vous bien comme cela ?
Fort bien. On ne peut pas mieux.
Voyons un peu votre affaire.
Je voudrais bien auparavant vous faire entendre un air qu’il vient de composer pour la sérénade que vous m’avez demandée. C’est un de mes écoliers, qui a pour ces sortes de choses un talent admirable.
Oui ; mais il ne fallait pas faire faire cela par un écolier, et vous n’étiez pas trop bon vous-même pour cette besogne-là.
Il ne faut pas, Monsieur, que le nom d’écolier vous abuse. Ces sortes d’écoliers en savent autant que les plus grands maîtres, et l’air est aussi beau qu’il s’en puisse faire. Écoutez seulement.
Donnez-moi ma robe pour mieux entendre… Attendez, je crois que je serai mieux sans robe… Non ; redonnez-la-moi, cela ira mieux.
Cette chanson me semble un peu lugubre, elle endort, et je voudrais que vous la pussiez un peu ragaillardir par-ci, par-là.
Il faut, Monsieur, que l’air soit accommodé aux paroles.
On m’en apprit un tout à fait joli, il y a quelque temps. Attendez… La… comment est-ce qu’il dit ?
Par ma foi ! je ne sais.
Il y a du mouton dedans.
Du mouton ?
Oui. Ah !
(Monsieur Jourdain chante.)
N’est-il pas joli ?
Le plus joli du monde.
Et vous le chantez bien.
C’est sans avoir appris la musique
Vous devriez l’apprendre, Monsieur, comme vous faites la danse. Ce sont deux arts qui ont une étroite liaison ensemble.
Et qui ouvrent l’esprit d’un homme aux belles choses.
Est-ce que les gens de qualité apprennent aussi la musique ?
Oui, Monsieur.
Je l’apprendrai donc. Mais je ne sais quel temps je pourrai prendre ; car, outre le Maître d’armes qui me montre, j’ai arrêté encore un Maître de philosophie, qui doit commencer ce matin.
La philosophie est quelque chose ; mais la musique, Monsieur, la musique…
La musique et la danse… La musique et la danse, c’est là tout ce qu’il faut.
Il n’y a rien qui soit si utile dans un État que la musique
Il n’y a rien qui soit si nécessaire aux hommes que la danse.
Sans la musique, un État ne peut subsister.
Sans la danse, un homme ne saurait rien faire.
Tous les désordres ; toutes les guerres qu’on voit dans le monde, n’arrivent que pour n’apprendre pas la musique.
Tous les malheurs des hommes, tous les revers funestes dont les histoires sont remplies, les bévues des politiques, et les manquements des grands capitaines, tout cela n’est venu que faute de savoir danser.
Comment cela ?
La guerre ne vient-elle pas d’un manque d’union entre les hommes ?
Cela est vrai.
Et si tous les hommes apprenaient la musique, ne serait-ce pas le moyen de s’accorder ensemble, et de voir dans le monde la paix universelle ?
Vous avez raison.
Lorsqu’un homme a commis un manquement dans sa conduite, soit aux affaires de sa famille ou au gouvernement d’un État, ou au commandement d’une armée, ne dit-on pas toujours : " Un tel a fait un mauvais pas dans une telle affaire "
Oui, on dit cela.
Et faire un mauvais pas peut-il procéder d’autre chose que de ne savoir pas danser ?
Cela est vrai, vous avez raison tous deux.
C’est pour vous faire voir l’excellence et l’utilité de la danse et de la musique.
Je comprends cela à cette heure.
Voulez-vous voir nos deux affaires ?
Oui.
Je vous l’ai déjà dit, c’est un petit essai que j’ai fait autrefois des diverses passions que peut exprimer la musique.
Fort bien.
Allons, avancez. Il faut vous figurer qu’ils sont habillés en bergers.
Pourquoi toujours des bergers ? On ne voit que cela partout.
Lorsqu’on a des personnes à faire parler en musique, il faut bien que, pour la vraisemblance, on donne dans la bergerie. Le chant a été de tout temps affecté aux bergers ; et il n’est guère naturel en dialogue que des princes ou des bourgeois chantent leurs passions
Passe, passe, voyons.
Dialogue en musique
Aimable ardeur,
Franchise heureuse,
Sexe trompeur,
Que tu m’es précieuse !