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Que signifie l'adjectif Réformé dans la traduction du plus célèbre des ouvrages du puritain Richard Baxter (1615-1691) : The Reformed Pastor ? Certainement pas Réformé au sens théologique du terme ! Baxter adresse ici aux pasteurs anglais de sa génération un violent plaidoyer pour qu'ils réforment leur coeur, et par suite leur ministère, c-à-d qu'ils se repentent de leur paresse et de leur insouciance à l'égard des pécheurs qui se perdent. Mais le puritanisme de Baxter se situe bien loin du calvinisme à cinq points : il enseigne une justification finale conditionnelle à la fidélité du chrétien, il ne croit ni à la double prédestination ni à une mort de Christ exclusivement pour les élus, et le ton de ses exhortations est définitivement arminien. Conscient de ce hiatus, Mark Wilks (1783-1855) a traduit le livre en 1841 sous le titre pour le moins pléonastique : Le Pasteur Chrétien. A l'heure ou la mouvance évangélique se nourrit principalement de buzz et de hashtags sur les réseaux sociaux ou les blogs, il convient de la placer devant ses incohérences : ce Pasteur Réformé, qu'elle encense si fort sans l'avoir lu, condamne complètement et ses prétentions intellectuelles et la stérilité morale de son pastorat. Orthodoxe ou non, Baxter est tout sauf un hypocrite ; c'est pourquoi il convient de le prendre au sérieux, en ne déformant pas ses propos.
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THÉOTEX
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Courriel : [email protected]
Par quel enchantement un livre aussi accusateur envers les pasteurs de son temps, et plus encore envers ceux du nôtre, peut-il aujourd’hui bénéficier des recommandations les plus vives pour l’instruction ceux qui se préparent au saint ministère ? L’anesthésie de la pensée, la flatterie moutonnière, propres aux blogosphères, expliquent pour leur part ce paradoxe : Charles SPURGEON, Georges WHITEFIELD et Martin LLOYD JONES aimaient beaucoup Richard BAXTER : voilà le grand argument, suffisant et nécessaire pour applaudir l’auteur, sans avoir l’intention de le lire ! (Qu’en ont pensé Sardinoux, Jalaguier, Vinet ? n’a par contre aucune importance, puisque ces noms ne sont pas suivis sur facebook). Or cet excellent ouvrage ne respecte nullement les ritournelles de l’orthodoxie calviniste qui charment si fort nos évangéliques modernes ; pas même la sacro-sainte assurance du salut, n’y est épargnée ; il affirme au contraire que le pasteur qui n’aura pas fait tout son devoir sera finalement perdu :
Oh! de quelle confusion sera couvert le ministre négligent, lorsque, au dernier jour, le sang du fils de Dieu s’élèvera en témoignage contre lui ! Lorsque Christ lui dira : « Tu as dédaigné les âmes achetées au prix de mon sang, espères-tu donc être sauvé par mon sacrifice ? » O mes frères ! craignons qu’après avoir travaillé au salut des autres, nous ne soyons nous-mêmes condamnés! (p. 112)
Et que l’on ne dise pas qu’il ne s’agit ici que d’un mouvement oratoire qui dépasse la pensée réelle de l’écrivain ; les mêmes menaces se retrouvent tout du long : Mais de peur que vous ne disiez que je cherche à vous effrayer par des dangers imaginaires, je dois vous prouver la certitude de la condamnation réservée aux pasteurs négligents, et vous montrer combien de témoins s’élèveront contre nous, au jour du jugement, si nous sommes infidèles dans l’accomplissement de notre devoir. (p. 184)
« Soit, accordera-t-on, Baxter n’était pas bon théologien, mais il faut lire son livre, parce qu’il regorge de bons conseils PRATIQUES pour les pasteurs. » Là encore c’est manquer son intention : les conseils que donnent Baxter, s’ils étaient réellement mis en pratique, entraîneraient un véritable séisme dans le clergé évangélique ; la plupart de ses membres devraient pour commencer quitter leur poste :
Celui qui peut se résigner à travailler sans cesse sans voir aucun fruit de son travail ne peut s’attendre à le voir béni de Dieu. . . et pour ma part, je ne puis sans étonnement voir des pasteurs qui ont passé vingt, trente ou quarante ans dans une église, livrés à des travaux infructueux, se résigner si patiemment à y rester. (p. 99)
Ceux qui resteraient dans leur assemblée devraient confesser publiquement leur orgueil et leurs jalousies, prêcher simplement, sans chercher à étaler leur science théologique :
Cela va si loin, que dans les grandes congrégations qui ont besoin du ministère de deux ou de plusieurs prédicateurs, il est difficile que deux ministres également doués vivent ensemble en bonne harmonie et poursuivent d’un commun effort l’œuvre de leur divin maître ; à moins que l’un des deux ne soit décidément inférieur à l’autre et ne consente à être son second et à recevoir la loi de lui, ils luttent entre eux pour la prééminence, ils se jalousent l’un l’autre, ils vivent dans une froideur et dans une inimitié réciproque, déshonorant ainsi leur ministère et compromettant l’édification de leur troupeau. . . C’est encore l’orgueil qui rend les ministres si entiers dans leurs opinions, si fortement opposés à ceux qui ne pensent pas comme eux sur des points secondaires. Ils veulent que tout le monde se soumette à leur jugement, comme s’ils étaient les maîtres et les arbitres de la foi de l’Église.
En vérité, le lecteur évangélique ne peut lire dix pages de Baxter, sans que le nom d’un autre auteur, honni aujourd’hui et qualifié d’hérétique, mais dont les Discours sur les Réveils Religieux tenaient bonne place dans toutes les librairies bibliques il n’y a pas si longtemps, ne lui vienne à l’esprit : Charles FINNEY. Mêmes accents passionnés, mêmes accusations terribles, et surtout même logique implacable :
« Si vous assistiez au début de l’incendie d’un grand bâtiment, quels efforts ne feriez-vous pas pour prévenir ses occupants ! Quels cris, quelles supplications leur adresseriez-vous ! Et cependant, entouré de millions d’âmes, dont vous savez pertinemment qu’elles tomberont bientôt en enfer, vous restez muet. . . ou vous leur parlez avec une telle froideur que jamais elles ne croiront à la réalité de ces tourments éternels dont vous les informez. »
Cette image simple résume toute la théologie pratique de Baxter et de Finney ; et on ne peut rien lui opposer, car c’est bien à cela qu’aboutit, laissée à elle-même, la logique de l’existence du ciel et de l’enfer. De même qu’il n’y a répondre à Calvin, lorsque par la logique, de la prédestination des élus au ciel, il conclut à la prédestination des réprouvés à l’enfer : choisir les uns, c’est forcément rejeter les autres. Cependant ni Jésus, ni Paul n’ont prêché comme Baxter ou Finney, et ils n’ont pas non plus parlé comme Calvin : Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent ! a dit le Seigneur. La logique n’est donc pas tout dans le domaine de l’invisible ; mais il faut d’autre part reconnaître qu’au cours de l’Histoire de l’Église Dieu a suscité des périodes dites de réveil, où des individus prêchaient avec succès l’imminence de la mort et la menace du jugement. Baxter a été le Finney de son époque, et comme lui, la plus forte preuve de l’autorité de son message auprès de ses contemporains, consistait dans le nombre de convertis qu’il produisait. Les réveils ne peuvent pas être niés, se sont des faits.
Plutôt que de traduire THE REFORMED PASTOR par LE PASTEUR CHRÉTIEN, pléonasme qui n’apprend rien, il aurait dû être intitulé LE PASTEUR RÉVEILLÉ. Lecteur, vous voilà prévenu, Baxter ne s’harmonise pas avec la mode néo-calviniste, et si comme à elle la théologie du réveil vous répugne, ne dépassez pas cette page.
Phoenix, le 3 avril 2018
Notice ThéoTeX
Préface
I. La surveillance de nous-mêmes
1. Nature de cette surveillance
2. Motifs de cette surveillance
II. La surveillance du troupeau
1. Nature de cette surveillance
2. Manière d’exercer cette surveillance
3. Motifs de la surveillance du troupeau
III. Application
1. Nécessité de l’humiliation
2. Devoir de catéchiser et d’instruire le troupeau
2.1 Exposé des motifs
Article I : Utilité de ce devoir
Article II : Difficulté de ce devoir
Article III : Nécessité de ce devoir
Article IV : Application de ces motifs
2.2 Objections contre l’exercice de ce devoir
2.3 Directions pour l’accomplissement de ce devoir
Article I
Article II
Il y a environ deux cents ans que Richard Baxter publia sur le ministère évangélique un ouvrage qui a rendu d’importants services à la cause du christianisme, et dont les pages suivantes nous offrent la traduction.
Cet ouvrage n’était, dans sa forme primitive, qu’un discours prononcé à l’occasion d’un jour de jeûne qui fut célébré à Worcester, en 1655, par les ministres du comté, et à la suite duquel ceux-ci s’engagèrent solennellement à s’acquitter du soin de l’instruction personnelle envers tous les membres de leur troupeau.
Les ministres présents à cette solennité reçurent de ce discours une impression si profonde, qu’ils prièrent M. Baxter de traiter ce sujet avec plus de développements, et de publier son ouvrage sous la forme d’un appel à tous les ministres de l’Évangile. Le caractère et les talents de Baxter le rendaient éminemment propre à traiter des obligations et des devoirs du saint ministère non seulement il avait une longue expérience de cette vocation, mais encore la manière dont il s’était acquitté de sa charge, comme pasteur à Kidderminster, et le succès dont il avait plu à Dieu de couronner ses efforts le signalaient au choix de ses collègues comme l’homme le plus capable d’écrire avec force, avec profondeur et avec dignité, sur la responsabilité attachée aux fonctions du pastorat.
Cet ouvrage, à la composition duquel Baxter ne put, à cause de ses fréquentes maladies et de ses nombreuses occupations, donner autant de soin qu’il l’aurait désiré, parut sous le titre de Gildas Salvianus : ou le Pasteur Réformé.
Gildas et Salvien étaient deux écrivains du cinquième et du sixième siècle, distingués tous les deux par la fidélité de leurs enseignements et par la hardiesse de leurs exhortations. « Je n’ai point de prétention, dit Baxter, à la sagesse de Gildas ni à la sainteté de Salvien ; mais leurs noms serviront d’excuse à la candeur et à la franchise de mes paroles. Pourquoi, dans un rang inférieur, et avec un talent moins élevé, ne me serait-il pas permis de suivre leurs traces, ne fût-ce que de loin ? Haïs peut-être pendant leur vie, à cause de leur franchise et de leur sincérité, ils sont hautement estimés et approuvés après leur mort. Je puis donc, d’après ce précédent, espérer que mon ouvrage aura quelque succès, sinon pour le présent, du moins dans l’avenir. »
L’espoir de Baxter n’a point été trompé. Son ouvrage a eu un débit immense, et a été publié sous une grande variété de formes. Estimé des chrétiens des diverses dénominations, il a eu en Angleterre beaucoup d’éditions, dont l’une, revue et abrégée par le révérend docteur Brown, ministre presbytérien à Edimbourg, a été récemment publiée avec une excellente préface par le révérend Daniel Wilson, aujourd’hui évêque de Calcutta 1. « Je me réjouis, dit celui-ci, de rendre témoignage à l’excellence de ce livre. Membre de l’église épiscopale, je me sens particulièrement heureux de faire précéder de quelques lignes les pages chaleureuses et éloquentes de ce célèbre théologien non conformiste. » Le célèbre docteur Doddridge, professeur de théologie et ministre parmi les indépendants, dit : « C’est un ouvrage très remarquable, et que tous les jeunes ministres doivent lire avec soin avant d’être consacrés ; on ferait bien même d’en relire plusieurs parties tous les trois ans. Rien ne serait plus propre à réveiller dans l’esprit d’un pasteur ce zèle pour son œuvre, faute duquel plusieurs ministres, pieux du reste, ne sont que les ombres de ce qu’ils pourraient être par la bénédiction de Dieu. »
Dans les conseils que donne Baxter pour l’accomplissement des devoirs pastoraux, il peut se rencontrer quelques détails qui ne seraient point en France d’une application immédiate. Certaines circonstances de localité ou d’organisation ecclésiastique peuvent s’opposer à ce que les directions de Baxter soient ponctuellement suivies. Mais malgré ces impossibilités de détail, qu’il serait le premier à reconnaître, les principes qu’il établit et les dispositions qu’il recommande ne peuvent manquer d’être appréciés et approuvés par la conscience de tous les fidèles serviteurs de Jésus-Christ, comme la lecture en est éminemment propre à alarmer et à réveiller ceux qui regardent le ministère chrétien comme une simple profession qui leur assure un rang honorable dans le monde, mais dont ils ne connaissent mi les glorieuses prérogatives ni la grave responsabilité. Lorsque Baxter publia le Pasteur chrétien, il exprima la confiance que la bénédiction de Dieu accompagnerait cet ouvrage. Il disait, peu de temps avant sa mort : « J’ai lieu de remercier Dieu du succès de ce livre, et de croire qu’il a fait du bien à un grand nombre d’âmes; car il a encouragé plusieurs ministres à entreprendre sérieusement la tâche qu’il recommande. » — Pour nous, nous terminons aussi en exprimant l’espoir que cette traduction pourra, par la bénédiction divine, exercer comme l’original une heureuse et salutaire influence ; et nous dirons avec l’auteur : S’il plaisait à Dieu de réformer les ministres et de les disposer à remplir avec fidélité et avec zèle les devoirs de leur vocation, cette réforme s’étendrait infailliblement aux troupeaux ; car les églises prospèrent ou déclinent, selon que leurs pasteurs se distinguent, non par des honneurs et par des richesses, mais par leur savoir, par leur fidélité et leur zèle. »
Mark WILKS, 1841.
1. C’est sur l’édition du révérend docteur Brown que cette traduction a été faite.
Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis pasteurs, pour paître l’Église de Dieu, qu’il a acquise par son propre sang.
(Actes 20.28)
RÉVÉRENDS ET BIEN-AIMÉS FRÈRES,
Quelques personnes pensent que cette exhortation de Paul aux anciens de l’Église prouve qu’il était leur chef ; cependant, nous, qui vous adressons aujourd’hui la parole de la part du Seigneur, nous espérons pouvoir le faire librement et sans craindre que l’on ne tire de nos discours une pareille conséquence. Quoique chargés d’instruire le troupeau que Dieu nous a confié, nous pouvons aussi nous instruire les uns les autres, comme ayant une commune charge et une commune foi. Si les fidèles que nous dirigeons « doivent s’instruire, s’avertir, s’exhorter chaque jour réciproquement, » il est hors de doute que nous, leurs pasteurs, nous pouvons nous rendre mutuellement les mêmes offices, sans cesser d’être égaux en autorité ou en dignité. Comme les fidèles de notre Église, nous avons des péchés à mortifier, des grâces à demander et à accroître ; mais notre œuvre est plus grande et plus difficile que la leur, nous avons donc besoin aussi bien qu’eux, sinon d’être instruits, du moins d’être avertis et stimulés. Nous devrions en conséquence nous réunir plus fréquemment dans ce but ; nous devrions nous exhorter entre nous, aussi sincèrement et aussi sérieusement que les pasteurs les plus zélés exhortent leur troupeau, de peur que, faute d’avertissements et de pressantes exhortations, notre foi ne soit moins solide et moins vive que la sienne. C’était la pensée de saint Paul, et je n’en veux pas d’autre preuve que cette vive et touchante allocution aux pasteurs de l’Église d’Ephèse, auxquels il donnait ainsi en peu de mots une leçon utile, mais difficile à apprendre. Combien il eût été heureux pour l’Église que ses évêques et ses ministres se fussent profondément pénétrés de cette leçon, et qu’ils eussent pour elle renoncé à des études et à des travaux qui n’avaient d’autre effet que de leur assurer les applaudissements du monde !
Dans le développement de l’importante vérité contenue dans l’exhortation de saint Paul, nous nous proposons d’adopter la marche suivante :
1. Nous examinerons ce que c’est que prendre garde à nous-mêmes ;
2. Nous montrerons pourquoi nous devons prendre garde à nous-mêmes ;
3. Nous rechercherons ce que c’est que de prendre garde à tout le troupeau ;
4. Nous enseignerons la manière dont nous devons prendre garde à tout le troupeau ;
5. Nous établirons quelques-uns des motifs pour lesquels nous devons prendre garde à tout le troupeau;
6. Enfin, nous ferons l’application de tous les points dans l’examen desquels nous allons entrer.
En premier lieu, examinons ce que c’est que prendre garde à nous-mêmes.
I. Veillez à ce que l’œuvre de la grâce sanctifiante s’opère complètement dans votre âme.
Prenez garde à vous-mêmes, mes frères, de peur d’être dépourvus de cette grâce divine que vous offrez aux autres, et d’être étrangers à l’influence efficace de cet Évangile que vous prêchez ; de peur que, tandis que vous annoncez au monde la nécessité d’un Sauveur, votre propre cœur ne le néglige et ne renonce à ses bienfaits. Prenez garde à vous-mêmes, pour ne pas périr en voulant sauver les autres, pour n’être pas vous-mêmes dépourvus de la nourriture divine que vous leur préparez. Suivant les promesses de Dieu (Dan.12.3), ils brilleront comme des étoiles, ceux qui en convertiront plusieurs à la justice ; mais c’est à condition qu’ils y seront eux-mêmes convertis. Sans doute, l’œuvre de leur ministère leur assure la promesse d’une gloire plus brillante ; mais ils n’en jouiront qu’à la condition qu’ils seront eux-mêmes sincères dans la foi. Plus d’un pasteur a averti les autres de ne pas « aller à ce lieu de tourment » tandis qu’il y courait lui-même; plus d’un prédicateur est maintenant en enfer, qui a cent fois exhorté ses auditeurs à faire tous leurs efforts pour y échapper. Est-il raisonnable de supposer que Dieu sauvera un ministre qui offre aux autres un salut qu’il refuse pour lui-même, et qui leur prêche des vérités dont il ne fait aucun cas ? Celui qui, par état, prépare de riches tissus, va souvent en haillons, et celui qui assaisonne les mets les plus délicats ne se nourrit parfois que d’aliments grossiers. Croyez-moi, Dieu ne sauve jamais un homme parce qu’il est prédicateur et orateur éloquent, mais parce qu’il est justifié, sanctifié, et fidèle au service de son maître. Efforcez-vous donc de croire et de pratiquer les vérités que vous prêchez à vos auditeurs, et attachez-vous à ce Sauveur que vous leur annoncez. Celui qui vous ordonne d’aimer votre prochain comme vous-mêmes, suppose d’abord que vous vous aimez vous-mêmes et que vous ne courez pas volontairement à votre ruine.
Il est terrible pour un homme qui fait profession de christianisme, et surtout pour un prédicateur, de ne pas être sanctifié. En ouvrant la Bible, ne craignez-vous pas d’y lire votre condamnation ? En écrivant vos sermons, ne vous vient-il pas à l’esprit que vous dressez un acte d’accusation contre vous-mêmes ? En tonnant contre les péchés d’autrui, ne songez-vous pas que vous aggravez les vôtres ? En proclamant devant vos auditeurs les richesses inappréciables de Christ et de sa grâce, ne voyez-vous pas que vous mettez à nu votre propre iniquité, puisque vous les rejetez, et votre propre indigence, puisque vous en êtes dépourvu? Quand vous voulez amener les hommes à Christ, les arracher au monde, les conduire à la foi et à la sainteté, votre conscience, si elle est réveillée, ne vous dit-elle pas que tous vos discours tournent à votre confusion et à votre honte ? Vous parlez de l’enfer, mais c’est parler de votre héritage ; vous dépeignez les joies du ciel, mais c’est étaler votre misère, vous qui n’avez aucun droit « à l’héritage des saints dans la lumière. » Que pouvez-vous dire qui ne tourne contre vous ? Quelle vie misérable que celle d’un homme qui travaille et parle contre lui-même, et qui passe ses jours à prononcer sa propre sentence ! Un prédicateur qui n’a pas dans son cœur l’expérience de la religion est une des plus misérables créatures qu’il y ait sur la terre, et pourtant il est ordinairement insensible à son malheur ; car il est si riche en dons trompeurs qui prennent à ses yeux l’apparence de la grâce, il a tant de brillantes pierreries toutes semblables aux purs joyaux qui font la richesse du chrétien, que l’idée de sa pauvreté ne vient jamais l’affliger. Il s’imagine qu’il est « riche, pourvu de biens, et qu’il ne manque de rien, tandis qu’il est pauvre, misérable, aveugle et nu. » Il connaît les Saintes Écritures, il pratique de pieux devoirs, il ne vit pas ouvertement dans le péché, il sert à l’autel de Dieu, il prêche la sainteté de cœur et de conduite, et comment ne serait-il pas saint ? Oh! quelle profonde misère que de périr au milieu de l’abondance, que de faire servir à notre aveuglement et à notre perte ces pratiques que Dieu a instituées pour nous éclairer et pour nous sauver ! Nous présentons aux autres le miroir de l’Évangile pour qu’il réfléchisse à leurs yeux l’aspect de leur âme, et nous, nous en détournons la vue, nous n’y voyons rien ou nous n’y voyons que des apparences mensongères. — Qu’un tel homme s’arrête ; qu’il examine son cœur et sa vie ; qu’il se convertisse avant de s’occuper à convertir les autres ; qu’il se demande à quoi peut servir une nourriture que l’on ne digère point ; qu’il se demande si celui qui invoque le nom de Christ ne doit pas « se retirer de l’iniquité, » pour que Dieu exauce ses prières ; s’il suffira au jour du jugement de dire : « Seigneur, Seigneur, nous avons prophétisé en ton nom, » lorsque Dieu fera entendre ces terribles paroles : « Retirez-vous de moi, je ne vous connais pas. » Etait-ce pour Judas un grand motif de consolation dans le lieu de tourments, de se rappeler qu’il avait prêché avec les autres apôtres, qu’il s’était assis à table avec Jésus-Christ, qui l’avait appelé son ami ? Quand de telles pensées se présenteront à l’esprit des pasteurs dont nous parlons, qu’ils montent en chaire et qu’ils répètent le sermon d’Origène sur ce texte (Psa.50.16-17) : « Mais Dieu a dit au méchant : Est-ce à toi de réciter mes statuts et de prendre mon alliance en ta bouche ; puisque tu hais la correction, et que tu as jeté mes paroles derrière toi ? » qu’ils lisent leur texte et qu’ils l’expliquent par leurs larmes ; qu’ils fassent une entière confession de leurs péchés ; qu’ils déplorent leur malheur devant toute l’assemblée ; qu’ils demandent aux fidèles le secours de leurs prières pour obtenir le pardon et la grâce de Dieu, afin que désormais ils prêchent un Sauveur qu’ils connaissent, afin qu’ils sentent profondément les vérités qu’ils annoncent, et qu’ils puissent célébrer les richesses de l’Évangile d’après leur propre expérience.
Hélas ! un danger et un malheur très commun pour l’Église, c’est d’avoir des pasteurs qui ne sont point régénérés et des prédicateurs qui ne sont pas chrétiens ; des hommes consacrés au saint ministère pour servir Dieu, avant d’être sanctifiés par la consécration de leur cœur, comme disciples de Christ ; des hommes qui adorent un Dieu inconnu, qui prêchent un Christ inconnu, qui prient un Esprit inconnu, qui recommandent un état de sainteté, de communion avec Dieu, de glorification et de félicité qu’ils ne connaissent point et que probablement ils ne connaîtront jamais. Il ne sera jamais qu’un prédicateur sans âme, celui qui ne sent pas au fond du cœur l’influence de Christ et de la grâce divine. Que tous les jeunes lévites qui fréquentent nos facultés de théologie se pénètrent bien de ces vérités. Combien il est triste pour eux de consumer leur temps à acquérir quelque connaissance des œuvres de Dieu, à apprendre quelques-uns de ces noms par lesquels les diverses langues les désignent, et de ne pas connaître Dieu lui-même ; d’être étrangers à cette œuvre de régénération qui seule peut les rendre heureux ! Ils passent leur vie comme dans un vain rêve, occupant leur esprit de mots et de pures notions, mais étrangers à l’Éternel et à la vie des saints. Si jamais Dieu les réveille par sa grâce, leurs sentiments et leurs occupations leur feront reconnaître que jusqu’à présent leur vie n’a été qu’un songe sans réalité. Ils ne peuvent rien connaître s’ils ne connaissent pas Dieu ; une seule étude est donc essentielle, celle de Dieu. Nous ignorons la créature, tant que nous ignorons ses rapports avec le Créateur. Des lettres et des syllabes jetées au hasard ne présentent aucun sens, et celui qui ne voit pas Dieu, qui est l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin, et qui ne le voit pas dans tout, ne voit absolument rien ; car toutes les créatures séparées de Dieu sont comme autant de syllabes assemblées au hasard et qui n’ont aucune signification. Si elles en étaient réellement séparées, elles cesseraient d’exister, elles seraient complètement anéanties, et lorsque nous les en séparons dans notre imagination, elles ne sont plus rien pour nous.
Autre chose est de connaître les créatures comme Aristote les connaissait, ou de les connaître comme le fait un chrétien. C’est une étude excellente et plus utile qu’on ne croit ; mais Aristote ne peut nous en apprendre qu’une bien faible partie. Quand l’homme fut créé parfait, placé dans un monde parfait, où tout était dans un ordre admirable, la création était pour lui un livre ouvert dans lequel il pouvait lire la nature et la volonté de son auteur. Le nom de Dieu était gravé en traits ineffaçables sur toutes les créatures ; l’homme, en ouvrant les yeux, voyait partout l’image du Créateur, mais nulle part aussi complète et aussi brillante que dans lui-même. Il n’avait alors qu’à lire le livre de la nature, et surtout à s’étudier lui-même, pour acquérir une connaissance parfaite de sa destination et de l’essence de Dieu. Mais quand il voulut connaître et aimer les créatures indépendamment de Dieu, il perdit à la fois la connaissance de la créature et du Créateur, et n’acquit en retour que la funeste science qu’il cherchait, que de vaines notions sur tous les êtres et sur lui-même, parce qu’il ne les considérait point dans leurs rapports avec Dieu. Ainsi, celui qui vivait pour le Créateur et par le Créateur ne vit plus que pour les créatures et pour lui-même; ainsi « tout homme, le savant comme l’ignorant, n’est que vanité. Tout homme se promène parmi ce qui n’a que l’apparence ; il s’inquiète en vain. » Et comme Dieu, en devenant notre Rédempteur, n’a pas cessé d’être aussi notre Créateur ; comme l’œuvre de la rédemption est en quelque sorte subordonnée à celle de la création, et la loi du Rédempteur à celle du Créateur, de même aussi les devoirs que nous avons à remplir envers Dieu comme notre Créateur subsistent toujours, et nos devoirs envers Dieu comme Rédempteur leur sont subordonnés. C’est l’œuvre de Christ de nous ramener à Dieu et de nous rétablir dans la perfection de la sainteté et de l’obéissance, et comme il est le chemin qui conduit au Père, de même la foi en lui est le chemin qui nous remettra en possession de Dieu.
J’espère, mes frères, que vous comprenez ma pensée. Je veux dire que voir Dieu dans ses créatures, l’aimer, communiquer avec lui, était l’occupation de l’homme dans son état de pureté : loin que cela ait cessé d’être pour nous un devoir, c’est l’œuvre de Christ de nous y ramener par la foi ; par conséquent, les hommes les plus saints sont les plus propres à étudier les ouvrages de Dieu, et seuls ils peuvent les étudier et les connaître réellement. « Ses œuvres sont grandes et recherchées par tous ceux qui y prennent plaisir, » non pour elles-mêmes, mais pour celui qui les a faites. L’étude de la physique, ainsi que celle des autres sciences, n’est d’aucun prix, si ce n’est pas Dieu que l’on y cherche. Voir et admirer Dieu, le respecter et l’adorer, l’aimer et se réjouir en lui dans la manifestation de ses œuvres, voilà la vraie, la seule philosophie ; toute autre n’est que folie, comme Dieu lui-même l’appelle. C’est ainsi que vous sanctifierez vos études, en prenant Dieu pour leur grand objet et leur unique fin.
Je trouve donc (et je vous prie de me pardonner ici une observation que je me sens forcé de vous faire), je trouve que c’est un usage absurde et dangereux dans les universités chrétiennes, d’étudier la créature avant d’étudier le Rédempteur, de s’occuper de physique, de métaphysique et de mathématiques avant de se livrer à l’étude de la théologie ; car celui qui n’est pas d’abord nourri de science vivante ne sera jamais qu’un enfant en philosophie. La théologie doit être la base et le point de départ de toutes nos autres études. Si Dieu doit être le but de toutes nos recherches, il faut que les professeurs le montrent à leurs élèves dans toutes ses créatures ; la théologie doit être le commencement, le milieu, la fin, l’unique objet de leurs études, et la nature doit être lue comme le livre de Dieu, écrit pour sa manifestation. L’Écriture Sainte est un livre encore plus facile, et quand vous y aurez appris à connaître Dieu et sa volonté, étudiez alors ses œuvres avec l’esprit d’un chrétien et d’un théologien : si vous ne vous y voyez pas, vous et toutes les autres créatures, comme n’ayant de vie et d’existence qu’en Dieu et pour sa gloire, alors, quelque chose que vous croyiez voir, vous ne voyez rien ; si, en étudiant les créatures, vous n’apercevez pas que « Dieu est tout en tous, et que toutes choses sont de lui, par lui et pour lui, » vous présumez savoir quelque chose, et vous n’avez encore rien connu comme il faut le connaître. » Ne regardez pas non plus la physique et la science de la nature comme de simples études préparatoires : c’est la plus noble et la plus sublime partie de la sagesse, de chercher, d’admirer et d’adorer Dieu dans toutes ses œuvres ; les hommes les plus saints se sont livrés à de telles contemplations. Le livre de Job et celui des Psaumes peuvent nous apprendre que la physique se lie à la théologie plus étroitement qu’on ne le suppose.
En conséquence, pour le bien de l’Église, je demanderai aux professeurs vraiment pieux s’il ne serait pas à propos d’occuper leurs élèves de l’étude de la théologie pratique (car je n’en connais pas d’autre), aussi bien que de celle des autres sciences, et s’ils ne devraient pas même commencer par là ? S’ils s’attachaient surtout à expliquer à leurs élèves la doctrine du salut, à leur en faire sentir toute l’importance ; s’ils poursuivaient ainsi le cours de leurs enseignements en les subordonnant à celui-là, afin que leurs élèves pussent en comprendre le but ; si leur philosophie avait une couleur véritablement religieuse, nous pensons qu’il en résulterait de grands avantages pour l’Église et pour le pays : mais quand les langues et la philosophie occupent presque tout leur temps; quand, au lieu d’enseigner la philosophie en théologiens, ils enseignent la théologie en philosophes, comme si la doctrine de la vie éternelle n’était pas quelque chose de plus important que des questions de logique ou d’arithmétique, voilà ce qui perd tant de jeunes ministres : voilà ce qui remplit l’Église de tant de pasteurs non régénérés ! C’est pour cela que nous avons tant de prédicateurs mondains qui parlent de la félicité invisible, tant d’hommes charnels qui célèbrent les mystères de l’Esprit, tant d’infidèles qui prêchent Jésus-Christ, tant d’athées qui proclament le Dieu vivant. Ils ont appris la philosophie avant ou sans la religion, il n’est donc pas étonnant que la philosophie soit toute leur religion.
J’en appelle donc à ceux qui dirigent l’éducation des jeunes gens dans le but spécial de les préparer au saint ministère. Vous, leurs professeurs et leurs maîtres, commencez et finissez par les choses de Dieu; présentez chaque jour à vos élèves ces vérités dont leur cœur doit être pénétré, sous peine de perdition; entretenez-les souvent, d’une manière vive et pénétrante, de Dieu, de l’état de leur âme et de la vie à venir. Vous ne savez pas quelle impression ces divers sujets peuvent faire sur eux. Non seulement l’âme de ce jeune homme à qui vous vous adressez, mais une foule d’autres, peuvent avoir à bénir Dieu de votre zèle, et même d’une seule parole dite à propos. Vous êtes mieux placés que qui que ce soit pour leur être utiles ; ils sont entre vos mains dès leur jeunesse, et ils ont pour vous une docilité qu’ils n’auraient pas pour d’autres. S’ils sont destinés au saint ministère, vous les préparez pour le service particulier de Dieu, et vous devez leur faire connaître Celui qu’ils auront à servir. Oh! quel malheur pour leur âme et quel fléau pour l’Église de Christ, s’ils sortaient d’entre vos mains avec des cœurs charnels pour commencer une œuvre si grande, si sainte, si pure ! Si vous leur confiez une mission dont ils soient incapables, quelle œuvre de mort ne feront-ils pas parmi le troupeau ! Si, au contraire, vous êtes pour eux des moyens de conversion et de sanctification, combien d’âmes vous béniront et quel bien vous pouvez faire à l’Église ! Si leurs cœurs sont touchés des saintes vérités qu’ils étudient et qu’ils prêchent, ils les étudieront et les prêcheront avec plus d’ardeur ; leur expérience chrétienne les guidera dans le choix des sujets les plus utiles, leur fournira des preuves abondantes pour les développer, et leur apprendra à les appliquer à la conscience de leurs auditeurs. Prenez donc garde de préparer des causes de douleur et de gémissement pour l’Église, et des sujets de joie pour l’ennemi éternel qui détruit les âmes.
II. Ne vous contentez pas d’être vous-mêmes en état de grâce ; mais faites en sorte que cette grâce soit toujours agissante, vivifiante, et appliquez-vous à vous-mêmes vos propres sermons avant de les prêcher aux autres.
Quand vous ne le feriez que pour vous, vous ne perdriez point votre peine ; mais je vous engage surtout à le faire pour l’Église. Quand votre esprit est dans une disposition sainte et céleste, votre troupeau en recueille le fruit ; il goûte la douceur de vos instructions et de vos prières ; quand vous vous êtes approchés de Dieu, et quand vous prêchez avec ardeur, il s’en aperçoit et il vous écoute avec piété. C’est à ma confusion que je l’avoue, et que je découvre ainsi à mon troupeau les maladies de mon âme; mais quand mon cœur se refroidit, ma prédication s’en ressent, et cette froideur se communique même aux plus pieux de mes auditeurs, qui, dans nos assemblées de prières, prient avec une langueur qui ressemble trop à ma prédication. Nous sommes les nourriciers des enfants de Christ ; si nous les privons de l’aliment dont ils ont besoin, nous les affamerons et nous les laisserons dépérir ; si nous laissons s’affaiblir notre amour, nous ne fortifierons pas le leur ; si notre ardeur se ralentit, notre prédication s’en ressentira, sinon pour le fond, du moins pour la forme; si nous ne donnons pour pâture à notre âme que de fausses doctrines ou des controverses inutiles, nos auditeurs ne manqueront pas d’en souffrir. Mais si nous abondons en foi, en amour, en zèle, nous répandrons toutes ces richesses spirituelles sur nos congrégations, et nous augmenterons leurs grâces.
O mes frères ! veillez donc sur vos cœurs ! bannissez-en les convoitises, les passions, les inclinations mondaines ; entretenez-y la vie de la foi, de l’amour, du zèle ; vivez beaucoup avec votre âme, vivez beaucoup avec Dieu. Si vous ne vous appliquez pas chaque jour à étudier votre cœur, à dompter la corruption, à marcher avec Dieu ; si vous ne faites pas de cela votre constante occupation, vous n’opérerez aucun bien et vous affamerez vos auditeurs ; ou si vous n’avez qu’un zèle affecté, gardez-vous d’espérer qu’il soit béni de Dieu. Livrez-vous surtout à la prière et à la méditation : c’est là ce qui fera descendre le feu du ciel sur vos sacrifices. Rappelez-vous que si vous négligez ce devoir, beaucoup en souffriront avec vous. Si vous vous laissez entraîner à l’orgueil spirituel ou à quelque erreur dangereuse, et si vous « attirez des disciples après vous, » quel coup fatal pour l’Église que vous conduisez ! Vous pouvez être pour votre troupeau un fléau, au lieu de lui être une bénédiction.
Veillez donc sur vos opinions et sur vos affections ! La vanité et l’erreur s’insinueront adroitement sous de spécieux prétextes : les grandes apostasies ont pour l’ordinaire de faibles commencements. Le prince des ténèbres se cache souvent sous l’apparence d’un ange de lumière pour plonger dans les ténèbres les enfants de la lumière. Nos affections aussi sont sujettes à se corrompre : notre première charité, notre crainte, notre sollicitude diminuent. Veillez donc pour vous et pour les autres.
Mais outre cette vigilance continuelle et générale, un ministre doit surtout faire attention à l’état de son cœur avant de se rendre au service divin ; s’il est froid, comment pourra-t-il échauffer le cœur de ses auditeurs ? Demandez donc à Dieu la chaleur et la vie ; lisez quelque livre édifiant, méditez sur l’importance des sujets dont vous allez parler, songez aux besoins spirituels de votre troupeau, afin d’entrer avec un saint zèle dans la maison du Seigneur. Entretenez en vous, par la vigilance et par la prière, la vie de la grâce ; qu’elle paraisse dans votre prédication, que chacun de vos auditeurs en ressente la bienfaisante influence.
III. Prenez garde à vous-mêmes, de peur que votre exemple ne soit en opposition avec votre prédication, et que vous ne soyez pour votre troupeau une pierre d’achoppement et une cause de ruine.
Si votre vie dément les paroles de votre bouche, vous serez vous-mêmes les plus grands obstacles au succès de vos travaux. Les incrédules, qui chaque jour attaquent devant nos fidèles les vérités que nous leur avons annoncées, nuisent sans doute à l’effet de nos prédications ; mais vous le détruirez bien plus sûrement vous-mêmes, si vos actions contredisent vos paroles, si vous abattez toute la semaine l’édifice que vous élevez pendant une heure ou deux ; vous travestissez ainsi la parole de Dieu en un vain discours et la prédication en une futile rhétorique. Une parole hautaine et orgueilleuse, une contestation inutile, une action cupide, détruiront l’effet d’une foule de sermons. Voulez-vous ou non voir le succès couronner vos efforts ? Voulez-vous agir efficacement sur l’âme de vos auditeurs ? Si vous ne le voulez pas, pourquoi prêchez-vous, pourquoi étudiez-vous, pourquoi vous appelez-vous les ministres de Christ ? Et si vous le voulez, comment pouvez-vous vous