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Prévenu par son médecin qu'il n'avait plus que peu de jours à vivre, Richard Baxter (1615-1691) écrivit d'abord cet ouvrage pour lui-même, se croyant tout prêt d'entrer dans le séjour où toute douleur terrestre a disparu, où toute larme a été essuyée, où le péché n'existe plus, et où l'âme chrétienne jouit enfin d'une joie sans partage devant le trône de Dieu, dans le Ciel en un mot. Ce n'était que partie remise, puisque l'auteur mourut quarante ans plus tard. Après sa guérison, le livre grossit de plusieurs chapitres, adressés avec passion non pas juste aux chrétiens, mais surtout à tous les insouciants qui vivent comme s'ils ne devaient pas mourir bientôt, et comme si le Ciel et l'Enfer étaient des fables inventées par les pasteurs. The Saints' Everlasting Rest devint un best-seller en Angleterre, et n'a cessé d'être réédité depuis. Son sujet est en effet intemporel : S'il est vrai que Jésus-Christ est réellement ressuscité, et qu'il accorde un pardon total à quiconque se confie en lui, alors désirer entrer dans ce repos éternel auquel Baxter aspirait, devient la chose la plus sensée du monde. Cette numérisation ThéoTeX reproduit la traduction de l'éditeur Risler, parue en 1833.
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Ce fichier au format EPUB, ou livre numérique, est édité par BoD (Books on Demand) — ISBN : 9782322479689
Auteur Richard Baxter. Les textes du domaine public contenus ne peuvent faire l'objet d'aucune exclusivité.Les notes, préfaces, descriptions, traductions éventuellement rajoutées restent sous la responsabilité de ThéoTEX, et ne peuvent pas être reproduites sans autorisation.ThéoTEX
site internet : theotex.orgcourriel : [email protected]Bien que le sujet de ce livre soit le repos, son auteur a été un travailleur infatigable : le nombre des ses livres et traités divers s'élève à 168. Trois d'entre eux eurent un succès particulier, et furent traduits en français au dix-neuvième siècle : The Reformed Pastor, A Call to The Unconverted to Turn and Live, et The Saints' Everlasting Rest, titre original de celui-ci. Son but, exhorter à vivre en ayant toujours devant les yeux le terme ultime de notre voyage ici-bas, n'est pas exclusif à Baxter ; trente ans plus tard John Bunyan le traitera avec grâce et originalité dans son Voyage du Pèlerin ; puis Jacques Abbadie, un peu plus tard encore, fait de la nature immortelle de l'âme une étude serrée dans son Art de se connaître soi-même. Trop volumineux pour le lecteur moyen, l'ouvrage de Baxter fut abrégé habilement par Benjamin Fawcet (1715-1780), et devint sous cette forme un livre de chevet pour beaucoup de chrétiens anglais.
Richard Baxter n'a pas réussi seulement en tant qu'écrivain, mais Dieu a également béni avec abondance et puissance son ministère : sous son pastorat, la ville de Kidderminster, où il exerçait, a été entièrement transformée sur le plan religieux ; ce qui n'était d'ailleurs pas du goût du clergé de l'Église établie. Classé parmi les non-conformistes (c-à-d ceux qui n'acceptaient pas l'ingérence de l'État dans les affaires de l'Église) il fut harcelé, amendé et emprisonné maintes fois. Baxter n'était pas non plus orthodoxe, au sens calviniste du terme. Notamment il rejetait le limited atonement, croyant au contraire que Christ est mort pour tous les hommes, de façon à proposer à tous l'offre sincère du salut. On conviendra, en lisant les lignes qui suivent, de la cohérence entre cette dernière conviction et la ferveur avec laquelle l'auteur supplie les inconvertis de se repentir et d'accepter l'offre de l'Évangile.
Qui que vous soyez, lecteur, jeune ou vieux, riche ou pauvre, au nom de votre Seigneur qui vous appellera bientôt à rendre compte, et qui prononcera sur votre sort éternel, je vous supplie, je vous adjure de ne pas vous borner à la lecture et à l'approbation pure et simple de cet ouvrage, mais de le méditer sérieusement, de prendre Dieu en Christ pour l'unique source de votre repos et de placer en Lui toutes vos affections. Puisse le Dieu vivant, qui est le repos de ses saints, changer nos cœurs charnels, les détacher de la terre, en sorte que l'aimer et nous réjouir en lui soit l'occupation de toute notre vie ! Puissions-nous, moi qui écris ce livre et vous qui le lisez, ne jamais être détournés de ce chemin de vie, de peur qu'après avoir reçu la promesse d'entrer dans son repos, nous n'en soyons déchus par notre incrédulité et par notre négligence !
Non seulement nous avons perdu par la chute d'Adam nos rapports avec Dieu et notre union intime avec lui, mais nous avons perdu encore toute connaissance spirituelle de notre Créateur et toute disposition sincère à une pareille félicité. Lorsque le Fils de Dieu vient avec sa grâce rédemptrice, lorsqu'il nous découvre et nous offre un bonheur céleste, une gloire éternelle, il ne trouve point de foi en l'homme pour le croire. Nous avons peine à croire à un bonheur comme celui dont l'homme jouissait autrefois : encore moins croyons-nous à une félicité comme celle que Christ nous a procurée.
Que le Seigneur me révèle ce que je dois vous révéler ! que le Seigneur fasse luire sa clarté et me découvre ainsi qu'à vous notre commun héritage ! Non pas comme à Balaam dont les yeux furent ouverts pour voir la richesse des tentes de Jacob et des tabernacles d'Israël où il n'avait point de part, mais comme au marchand à qui la perle fut révélée, et qui n'eut point de repos qu'il n'eût vendu tout ce qu'il possédait et qu'il ne l'eût achetée ; et comme à Etienne qui vit s'ouvrir le ciel où il devait bientôt entrer, et briller la gloire qui devait être son partage.
Voici en quoi consiste le repos céleste : la cessation des moyens de grâce ; l'exemption complète de tous les maux ; l'union la plus intime avec Dieu source du souverain bien ; une action douce et constante de toutes les facultés corporelles et intellectuelles dans cette union avec Dieu.
1o. Une des circonstances de ce repos est la cessation des moyens de grâce. Quand nous sommes au terme de notre voyage, notre route est finie. Pour ce qui est des prophéties, elles seront abolies ; le don des langues cessera ; la connaissance, considérée comme moyen, sera anéantie (1Cor.13.8). Il n'y aura plus de prières parce qu'il n'y aura plus de besoins, mais une pleine jouissance de tout ce que nous demandions. Nous n'aurons plus besoin de jeûner, de pleurer, de veiller, parce que nous serons à l'abri du péché et des tentations. La prédication cesse, le ministère de l'homme est terminé ; les moissonneurs rentrent parce que la récolte est serrée, l'ivraie brûlée ; l'ouvrage est fini, plus d'espoir pour les pécheurs, plus de crainte pour les saints.
2o. Il y a dans le repos céleste une exemption complète de tous les maux. Dans le ciel, il n'y a rien d'impur, rien qui souille (Apoc.21.27). Tout cela reste dehors : on n'y connaît ni le chagrin ni la tristesse. Nous pleurions et nous nous lamentions quand le monde se réjouissait, mais notre tristesse est changée en joie, et personne ne nous ravira notre joie (Jean.16.20-22).
3o. Mais le principal élément du repos céleste sera notre union intime avec Dieu, source du souverain bien. Ici, lecteur, ne soyez point étonné si j'éprouve quelque embarras. Si les hommes et les anges s'efforçaient de peindre d'un seul mot le bonheur d'un pareil état, que pourraient-ils dire de plus que ceci ? C'est l'union la plus intime avec Dieu. Oh ! quelles ineffables jouissances sont offertes à un croyant par ces paroles de Jésus-Christ : « Mon père, je désire que là où je suis ceux que tu m'as donnés y soient aussi avec moi, afin qu'ils contemplent la gloire que tu m'as donnée (Jean.17.24). » Heureux ceux qui sont continuellement en présence de Dieu, qui contemplent sa gloire, et la gloire de l'Agneau. « Ce sont ceux qui sont sortis de la grande tribulation, qui ont lavé leurs robes dans le sang de l'Agneau : c'est pourquoi ils se tiennent devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône demeurera parmi eux ; ils n'auront plus ni faim ni soif ; le soleil et la chaleur ne les incommoderont plus, car l'Agneau qui est au milieu du trône les conduira aux sources d'eaux vives, et Dieu essuiera toutes larmes de leurs yeux. » Qu'il y aurait de présomption à concevoir et à exprimer de pareilles idées, si Dieu lui-même ne nous les avait fait connaître ! Jamais je n'aurais osé me figurer l'exaltation des saints telle que l'Écriture nous la représente, si ce n'eût été une vérité expressément enseignée de Dieu. Combien il eût été mal séant de nous représenter comme étant les enfants de Dieu, nous entretenant avec lui, ayant communion avec lui, demeurant en lui et lui en nous, si ce langage n'était celui de Dieu lui-même ! encore moins aurions-nous jamais eu l'audacieuse pensée de briller comme le soleil, d'être cohéritiers de Christ, d'être un avec lui et avec le père, si nous ne le tenions de la bouche de Dieu lui-mêmea. Mais, il l'a dit, et ne le fera-t-il point ? il a parlé, et ne tiendra-t-il pas sa parole ? Aie bon courage, chrétien : le temps approche où tu seras aussi près de Dieu que tu peux le désirer. Tu demeureras dans sa famille : bien plus, tu seras héritier de son royaume ; tu seras un avec Celui qui est un avec le Père, comme il l'a lui-même demande pour toi. « Afin qu'ils ne soient qu'un, comme toi, ô mon Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu'eux aussi soient un en nous ; je leur ai fait part de la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un ; je suis en eux et tu es en moi afin qu'ils soient parfaits dans l'unité ; afin que tout le monde sache que tu m'as envoyé et que tu les aimes comme tu m'as aimé (Jean.17.21). »
4o. Un autre élément de ce repos est une action douce et continuelle de toutes nos facultés corporelles et spirituelles dans celle union avec Dieu. Ce n'est pas le repos de la pierre qui perd son mouvement lorsqu'elle est arrivée à son centre d'attraction. Notre corps sera tellement changé qu'il ne sera plus composé de cette chair et de ce sang qui ne peuvent point posséder le royaume de Dieu, mais il sera corps spirituel, Christ transformera notre corps vil, afin qu'il soit rendu conforme à son corps glorieux (Phil.3.21). Nous semons « non point le corps qui sera, mais Dieu donne à cette semence un corps comme il l'entend, à chaque semence le corps qui lui est propre (1Cor.15.38). » Et sans aucun doute, comme Dieu développe nos sens et agrandit notre capacité, il accroîtra aussi le bonheur de ces sens, et remplira de lui-même toute cette capacité. O bienheureux emploi d'un corps glorifié ! se tenir continuellement devant le trône de Dieu et de l'Agneau, et répéter sans cesse : « L'Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, les richesses, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire et la bénédiction ; car tu nous as rachetés à Dieu par ton sang, de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation, et tu nous as faits rois et sacrificateurs à notre Dieu. Alléluia ! salut, gloire, honneur et puissance à notre Dieu. Alleluia ! car le Seigneur Dieu tout-puissant règne. »
La mémoire ne restera point oisive ou inutile dans cette œuvre bienheureuse. De cette hauteur, le saint glorifié peut porter ses regards en avant et en arrière : et cette comparaison entre le passé et le présent doit nécessairement lui faire sentir tout le prix et tout le bonheur de sa position. Placé sur le sommet de cette montagne d'où sa vue embrasse à la fois le désert et le pays de Canaan ; du haut du ciel portant ses regards sur la terre, comparant ces deux séjours, et les pesant dans la balance du jugement, avec quel transport et quelle joie ne doit-il pas s'écrier : « Est-ce là cette acquisition qui n'a pu être payée que par le sang de Christ ? Je n'en suis point surpris. Oh ! prix divin ! oh ! divin amour qui a formé ce plan et daigné l'exécuter ! — Est-ce là le but de la foi ? est-ce là le but des opérations de l'Esprit divin ? est-ce là cette gloire dont l'Écriture nous parlait, et que prêchaient les ministres du Seigneur ? L'Évangile est véritablement une bonne nouvelle, une nouvelle de paix et de joie pour tous. — Est ce là le terme de mon deuil, de mes jeûnes, de mes humiliations, de mes épreuves ? Est-ce là le terme de mes prières, de mes veilles, de ma crainte du péché ? Est-ce là le terme de toutes mes afflictions, des tentations de Satan, des mépris et des moqueries du monde ? — N'as-tu pas honte, mon âme, d'avoir jamais douté de cet amour qui t'a conduite ici ? d'avoir douté de la fidélité de ton Seigneur ? d'avoir suspecté son amour ? d'avoir jamais étouffé un mouvement de l'Esprit ? d'avoir jamais méconnu ces dispensations, et d'avoir murmuré de ces voies qui se terminent ainsi ? Maintenant tu es convaincu que ton Rédempteur te sauvait aussi bien lorsqu'il contrariait tes désirs que lorsqu'il les satisfaisait ; aussi bien quand il brisait ton cœur que quand il guérissait les plaies dont il l'avait frappé. Ce n'est point à tes indignes mérites que tu dois cette couronne ; mais gloire soit à jamais à Jehovah et à l'Agneau ! »
Mais quelle ineffable jouissance que celle de l'amour ! Maintenant la pauvre âme fait entendre cette plainte : « Oh ! que ne puis-je aimer Christ encore plus que je ne l'aime ! » Mais dans le ciel tu ne pourras t'empêcher de l'aimer. Maintenant tu connais peu ses perfections adorables : dans le ciel leur contemplation parlera à ton cœur, et la vue continuelle de cette beauté parfaite excitera en toi d'éternels transports d'amour. Dès à présent, chrétien, les preuves de son amour ne font-elles point naître le tien ? La bonté divine ne réchauffe-t-elle pas ton cœur ? Que sera-ce quand tu vivras dans l'amour et que tu posséderas tout dans Celui qui est tout ? Quelle faveur inappréciable ! Dieu nous permettra de l'aimer ; bien plus, il nous rendra amour pour amour. — Chrétien, tu seras alors rempli d'amour, et cependant avec quelque ardeur que tu aimes Dieu, son amour surpassera encore le tien. Les bras du Fils de Dieu qui ont été ouverts sur la croix ne te seraient-ils pas, comme son cœur, encore ouverts dans la gloire éternelle ? Lui dont l'amour a devancé le tien ne continuera-t-il pas à t'aimer encore ? il t'aimait quand tu étais son ennemi, quand tu étais pécheur ; et ne t'aimera-t-il pas d'un amour infini à présent que tu es son fils et parfait dans la sainteté ? Il versa des larmes d'amour sur Jérusalem près de sa ruine ; quel transport de joie excitera en lui la gloire de la nouvelle Jérusalem ! — Chrétien, songe à cette vérité : tu seras éternellement embrassé dans les bras de cet amour qui n'eut point de commencement et qui n'aura point de fin ; de cet amour qui conduisit le Fils de Dieu du ciel sur la terre, de la terre sur la croix, de la croix au tombeau, du tombeau dans la gloire ; de cet amour qui souffrit la fatigue, la faim, les tentations, les mépris, les coups, les soufflets, les crachats, la croix, les blessures ; de cet amour qui jeûna, qui pria, qui enseigna, qui guérit, qui pleura, qui saigna et qui mourut. Cet amour t'embrassera éternellement.
Et souviens-toi, chrétien, pour ta consolation, que tant que tu es attaché à Dieu par la foi, ni le péché, ni la terre, ni l'enfer ne peuvent t'émouvoir. Christ s'attachera à toi plus étroitement qu'un frère, et il est au-dessus de tous tes ennemis, lui en qui il n'y a ni variation, ni ombre de changement. « Ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur. »
Mais qui peut peindre la joie qui découle de cette jouissance ? C'est cette joie qui est le but et le terme final de toutes celles qui l'ont précédée : savoir, l'inconcevable félicité des élus, à voir, à connaître, à aimer Dieu et à en être aimé. La joie des saints est le terme où tendent et où aboutissent toutes les voies miséricordieuses de Christ. Il pleura, il gémit, il souffrit pour qu'ils pussent se réjouir. Il leur envoie l'Esprit pour être leur consolateur ; il multiplie les promesses, il leur découvre la félicité future, afin que leur joie soit parfaite. Voilà le soin que le Seigneur prend de notre bonheur ici-bas. Oh ! quelle félicité ! quand notre âme étant bien préparée à goûter cette joie que Christ a préparée pour elle, notre unique occupation, notre unique affaire sera de nous réjouir sans cesse.
Et cette joie ne sera pas à toi seul : elle sera réciproque comme l'amour. Le ciel se réjouit de ta conversion ; et ne se réjouirait-il pas lorsque tu seras glorifié ? Les anges ne viendront-ils pas te saluer et te féliciter à ton arrivée ? Oui : c'est là la joie de Christ ; car notre félicité est le terme et le but final de ses travaux, de ses souffrances, de sa mort : Quand il sera glorifié dans ses saints, et admiré de tous ceux qui croient, quand il verra avec satisfaction le fruit du travail de son âme.
Dans cette précieuse espérance, sois attentif à tes voies, veille sans cesse, et sache t'en remettre à Dieu du soin de te dispenser dans cette vie tes moments et ta mesure de joie.
1o. Le jugement. Les hommes de tout âge, de tout rang, de toute nation, qui ont existé depuis la création jusqu'à ce jour, doivent comparaître et recevoir leur sentence. O jour terrible ! jour heureux ! terrible pour ceux qui ont oublié la venue de leur Seigneur ; heureux, pour les saints dont l'espoir et l'attente étaient de le voir éclore. Maintenant chacun doit rendre compte de sa gestion ; de l'emploi qu'il a fait des dons qu'il a reçus, du temps, de la santé, de l'intelligence, des grâces, des afflictions, des secours et des avertissements. Les péchés de leur jeunesse que les méchants avaient oubliés, seront, avec leurs fautes cachées, découverts aux yeux des hommes et des anges. Ils ont dédaigné le Seigneur Jésus-Christ, ils ont désobéi à sa parole, insulté ses ministres, persécuté ses serviteurs ; ils le verront assis pour les juger. Leurs consciences se réveilleront pour les accuser et pour leur rappeler leurs transgressions. Où se réfugiera le malheureux pécheur ? Qui peut concevoir les pensées qui troublent son cœur ? Ni le monde ni ses anciens compagnons ne peuvent le secourir. — Il fut un temps, pécheur, où Jésus-Christ voulait te sauver, et tu ne l'as point voulu ; tu le voudrais maintenant, mais il ne le veut plus. Ce serait en vain que tu crierais : « Montagnes, tombez sur nous, et cachez-nous devant la face de celui qui est assis sur le trône et devant la colère de l'Agneau ! » — Je te somme donc devant Dieu, et devant le Seigneur Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts lorsqu'il apparaîtra dans son règne ; de méditer sérieusement toutes ces choses.
Mais pourquoi trembler, âme humble et pieuse ? Celui qui a sauvé Noé seul du déluge et qui a épargné Loth, un seul homme, dans la ruine de Sodome, t'oubliera-t-il dans ce jour ? « Le Seigneur sait délivrer les justes des tentations, et réserver les injustes pour être punis au jour du jugement (2Pier.2.9). » Il sait dans le même jour frapper d'épouvante ses ennemis et procurer à son peuple une félicité ineffable. « Il n'y a point de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, et qui ne marchent pas selon la chair, mais selon l'esprit : qui accusera les élus de Dieu ? Dieu est celui qui les justifie. Qui condamnera, si notre juge ne nous condamne point ? Ceux qui me confessent devant les hommes, je les confesserai aussi devant mon père qui est au ciela. »
Joie inexprimable ! notre Seigneur qui aime nos âmes, et que nos âmes aiment, sera notre juge. Un homme craindra-t-il d'être jugé par son meilleur ami ? Chrétien, Jésus-Christ te condamnera-t-il, lui qui est descendu sur la terre, qui a souffert, qui a pleuré, qui a répandu son sang, qui est mort pour toi ? Te condamnera-t-il, lui qui a été jugé, condamné, supplicié pour toi ? Après avoir accompli la plus grande partie de son œuvre en te rachetant, en te régénérant, en te sanctifiant, en te sauvant, détruira-t-il lui-même tout son ouvrage ? — La magnificence et la terrible majesté de ce jour sont ainsi représentées par un apôtre. « Il est juste devant Dieu qu'il rende l'affliction à ceux qui vous affligent, qu'il vous donne à vous, qui êtes affligés, du repos avec nous, lorsque le Seigneur Jésus venant du ciel paraîtra avec les anges de sa puissance ; exerçant la vengeance, avec des flammes de feu, contre ceux qui ne connaissent point Dieu et qui n'obéissent pas à l'Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ ; lesquels seront punis d'une perdition éternelle par la présence du Seigneur et par sa puissance glorieuse, lorsqu'il viendra pour être glorifié dans ses saints et pour être admiré en ce jour-là dans tous ceux qui auront cru (2Thess.1.6-10). »
2o. Les autres préparatifs du repos des saints sont leur couronnement solennel et leur prise de possession du royaume de Dieu ; car comme Christ leur chef a été roi et sacrificateur, de même ses élus sont faits rois et sacrificateurs à Dieu (Apoc.5.10), pour régner et pour chanter à jamais ses louanges. La couronne de justice qui leur est réservée leur sera donnée ce jour-là, par le Seigneur juste Juge (2Tim.4.8). Ils ont été fidèles jusqu'à la mort, et en conséquence il leur donnera une couronne de vie (Apoc.2.10). Il les en mettra en possession en leur adressant ces consolantes paroles : « Cela va bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle dans peu de choses, je t'établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton Seigneur (Matt.25.23). » Et il les placera sur le trône en prononçant ces paroles solennelles : « Venez, les bénis de mon père. Possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde (Matt.25.34), toutes paroles pleines de vie et de joie.
Approchons-nous un peu et voyons quels avantages nous procure encore le repos des saints. Que le Seigneur veuille nous cacher dans le creux des rochers pendant que nous approchons pour nous livrer à cette contemplation ! — Les avantages de ce repos sont d'être une possession acquise, un don gratuit ; d'être particulier aux saints ; d'être une association avec les saints et les anges ; de dériver immédiatement toutes ses joies de Dieu ; enfin d'être un repos parfait et éternel.
1o. C'est un honneur extrêmement remarquable pour le repos des saints d'être appelé la possession acquise (Eph.1.14), c'est-à-dire le prix du sang du fils de Dieu. Il n'y a point de plus grande marque d'amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime ; et de quelle joie perpétuelle ne serons-nous pas remplis lorsque nous aurons sans cesse devant les yeux Jésus-Christ notre Rédempteur, et dans nos âmes le sentiment profond de cet amour qui a souffert la mort pour nous ! Avec quelles ravissantes émotions les saints contempleront-ils éternellement leur bienheureux rédempteur, à la fois l'acquéreur, le prix et la possession acquise ! La vue de ses plaies d'amour ne rouvrira pas nos plaies de chagrin. Celui qui aussitôt après sa résurrection adressa à une pauvre pécheresse ces consolantes paroles : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » sait faire naître la joie et l'amour sans le plus léger mélange de douleur.
2o. Un autre fleuron de la couronne des saints, c'est qu'elle est un don gratuit. Il a coûté cher à Christ ; mais il est gratuit pour nous. Nous l'acquérons en nous bornant à le recevoir ; nous le possédons gratuitement sans argent et sans prix. Oh ! quelle éternelle admiration doit pénétrer les saints à la pensée de cette gratuité ! Qu'est-ce que le Seigneur a vu en moi pour me juger digne d'un tel sort ? pour me revêtir moi, pauvre misérable, d'une gloire aussi brillante ? pour m'élever à cette haute dignité, moi ver de terre ? pour inonder mon cœur de joie, moi qui naguère gémissais, pleurais et mourais ? Qui peut sonder cet amour infini ?
Que ce repos fût gratuit et indépendant de notre mérite, ce serait déjà un sujet d'étonnement ; mais il nous est accordé en dépit de nos mérites, en dépit des efforts que nous faisons pour notre propre ruine. De quel étonnement serons-nous saisis en songeant à la différence immense qu'il y a entre ce que nous méritons et ce que nous recevons ! entre l'état où nous aurions dû être et celui où nous sommes ! quel amour fera naître en nous cette pensée : voilà le lieu où le péché m'aurait amené, et voici celui où Christ m'a conduit ! Là est la mort, le salaire de mon péché ; mais ici est la vie éternelle, le don de Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur.
3o. Ce repos est particulier aux saints, n'appartient qu'à eux entre tous les fils des hommes, et cependant est commun à tous les saints. C'est une association des esprits bienheureux, des saints et des anges, dont Jésus-Christ est le chef : c'est la communion des saints dans toute sa plénitude. Si l'espérance d'être assis avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume de Dieu peut être pour nous le sujet d'une joie légitime, à plus forte raison la jouissance et la possession assurée de ce bonheur nous combleront-elles de joie. Nous unir à Moïse, à David et à tous les rachetés en chantant éternellement le cantique de l'Agneau ; voir Enoch marcher avec Dieu ; Noé possédant la récompense de sa piété singulière ; Joseph, celle de son intégrité ; Job, celle de sa patience, et tous les saints le prix de leur foi. Non seulement nous retrouverons là nos anciennes connaissances, mais encore les saints de tous les temps que nous n'avons jamais connus dans la chair ; nous les connaîtrons, nous jouirons de leur présence. Oui, les anges aussi bien que les saints seront nos amis. Ceux qui se sont réjouis dans le ciel (Luc.15.7,10) de notre conversion, se réjouiront avec nous de notre glorification.
4o. Un autre avantage du repos des saints, c'est que nous recevrons toutes nos joies, immédiatement de Dieu. Le chrétien sait maintenant par expérience que les joies les plus immédiates sont aussi les plus douces ; celles qui tiennent le moins de l'homme et qui lui viennent le plus directement de l'Esprit. Les chrétiens qui se livrent le plus à la prière et à la contemplation, sont ceux chez qui on retrouve le plus de vie et de joie, parce qu'ils reçoivent tout plus immédiatement de Dieu lui-même. Ce n'est pas que nous devions pour cela négliger la prédication, la lecture ou tout autre moyen de grâce institué de Dieu ; mais tout en faisant usage de ces moyens, un chrétien doit se mettre au-dessus d'eux. Il y a certainement de la joie dans ces imparfaites communications, mais la plénitude de la joie est dans la présence immédiate de Dieu. Nous aurons alors de la clarté sans flambeau, et un jour perpétuel sans soleil. « Car la ville n'a besoin ni de soleil ni de lune pour l'éclairer : la gloire de Dieu l'éclaire et l'Agneau est son flambeau. — Il n'y aura point de nuit, et ils n'auront point besoin de lampe ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les éclairera, et ils régneront aux siècles des siècles (Apoc.21.23 ; 22.5). »
5o. Ce repos sera parfait. Notre joie sera sans mélange de tristesse. Dans ce port, nous serons à l'abri des vagues qui nous ballottent ici-bas. Nous serons délivrés de tous nos maux, tant du péché que de la douleur. Le ciel n'exclut rien plus expressément que le péché, soit en paroles soit en principes. « Il n'y entrera rien de souillé, ni personne qui s'adonne à l'abomination et au mensonge (Apoc.21.27). Pourquoi Christ serait-il mort si le ciel avait pu être le séjour des âmes imparfaites ? Or le Fils de Dieu a paru pour « détruire les œuvres du Diable (1Jean.3.8). » Son sang et son Esprit ne doivent pas avoir pour dernier résultat de nous laisser avec nos souillures. Chrétien, dans le ciel tu ne pécheras plus : n'est-ce pas une bonne nouvelle pour toi qui as si longtemps prié et veillé pour te garantir du péché ? tes vœux sont accomplis ; tu laisseras pour toujours loin de toi ce cœur endurci, ces pensées abjectes qui te poursuivaient dans l'accomplissement de presque tous tes devoirs.
Là, nous serons en sûreté contre toutes les tentations de Satan. Quel chagrin pour un chrétien, quoiqu'il ne cède pas aux tentations, d'être sans cesse sollicité à renier son Seigneur ! Quel tourment de voir son âme exposée à de si horribles sollicitations ! son imagination obsédée par des pensées aussi impies ! de douter quelquefois de la bonté de Dieu, de rabaisser le sacrifice de Jésus-Christ, de soupçonner la vérité des Écritures, de murmurer contre la Providence ! Quel chagrin d'être sollicité à revenir aux choses du monde, à jouer avec les amorces du péché, à se permettre les plaisirs de la chair, et quelquefois même à nier Dieu ! Quelle douleur d'être exposé à ces tentations, surtout quand nous connaissons la fausseté de nos cœurs, quand nous savons combien ils sont prêts à s'enflammer au contact d'une seule de ces étincelles ! Satan a le pouvoir de nous tenter ici dans le désert ; mais il n'entre point dans la cité sainte : il peut nous transporter au sommet de la montagne la plus élevée du monde, mais il ne peut gravir le mont de Sion.