Phoenix & Phos - Malak Achahbar - E-Book

Phoenix & Phos E-Book

Malak Achahbar

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Beschreibung

À la suite de la perte d’un être cher, Phoenix, un jeune garçon, se voit offrir un mystérieux coffre en bois par un étrange personnage. À l’intérieur de cette malle, il s’embarque dans un voyage extraordinaire vers un lieu inconnu. Là-bas, il découvre la douleur, mais aussi la sagesse cachée derrière chaque épreuve. Accompagné par Phos, une petite fille, et guidé par trois anges énigmatiques, Phoenix plonge dans une quête à la recherche des secrets de la santé, de la vérité de l’Univers, et bien plus encore…

À PROPOS DE L'AUTRICE

Actuellement Étudiante en architecture, Malak Achahbar découvre très tôt une nouvelle façon de vivre en harmonie avec son âme et les principes fondamentaux de la vie. Cette révélation l’anime désormais dans une quête constante de compréhension et d’alignement avec les lois de l’existence.

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Malak Achahbar

Phoenix & Phos

Les trois secrets du paradis

Conte

© Lys Bleu Éditions – Malak Achahbar

ISBN : 979-10-422-1324-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À l’enfant que vous étiez,

Que vous êtes,

Et que vous serez toujours.

Chapitre 1

Un mystérieux coffre

Un bruit incessant. Ces voix qui ne veulent pas se taire. Ces vêtements noirs. Ces gens qui ne devraient même pas être là. Cette amertume dans la bouche et cette gorge serrée. Ce ventre noué et ces larmes retenues. Des mains plaquées sur le visage, des mains sur les épaules. Du réconfort qui ne durera pas.

Phoenix refusait de se joindre à l’évènement. Il était plongé dans une pièce obscure, dont il ne voulait pas sortir. Assis dans un coin, le petit garçon espérait que personne ne le trouve.

— Ah! Tu étais là Phoenix, dit sa grand-mère en ouvrant la porte. Viens dire bonjour…

Cette petite dame aux cheveux gris portait une longue robe noire et avait le visage pâle. Quant au jeune garçon, on lui avait demandé de se vêtir de cette couleur, chose qu’il refusa. Hors de question pour lui d’accepter ce qu’il venait de se passer.

Dans la maison, le courant d’air était si fort que les portes et les fenêtres ne cessaient de claquer. Le vent et la pluie à l’extérieur accentuaient le climat de discorde intérieur. La porte qu’avait ouverte la grand-mère lui permettait désormais de voir ce qui se passait dans le salon. D’anciens amis de la famille entraient et sortaient de la pièce. Ils étaient venus présenter leurs condoléances. Phoenix se leva, finalement. Il essaya de recoiffer ses cheveux noirs de sa main droite, mais ceux-ci restaient indomptables.

Seul en t-shirt blanc et jean face à cette foule de capes noires, il avait l’air de s’être trompé de lieu de rendez-vous. Il n’en avait que faire.

« Le pauvre », soupira une dame qui le vit au loin.

Il traversa le couloir et cette marée noire. En passant devant une porte entrouverte, il s’arrêta net. Des cris de bébé retentissaient. C’était sa sœur, qui venait tout juste de naître. Il ne lui avait prêté aucune attention depuis sa naissance.

Il fit mine de ne pas l’entendre, et continua son chemin. Il cherchait sa grand-mère des yeux. Elle se tenait à l’entrée de la maison, avec un vieil homme qu’il n’avait jamais vu. Vêtu de gris de la tête aux pieds, chapeau sur la tête, son poids était concentré sur la petite canne qui l’accompagnait. Ses longs cheveux lisses et gris encadraient un visage bienveillant.

— Bonjour, jeune homme, dit-il à Phoenix d’une voix calme.

Ce dernier essaya de répondre, mais il n’y parvint pas.

— Je te présente Monsieur Chandelier, dit sa grand-mère. Il t’a apporté quelque chose.

Derrière Monsieur Chandelier, un jeune homme portait une lourde caisse en bois, si massive qu’un enfant pourrait s’y cacher. Il essayait de se frayer un chemin pour la déposer au pas de la porte. Monsieur Chandelier s’écarta, le coffre était à présent aux pieds de Phoenix.

— Merci, Fidelio, dit Monsieur Chandelier en payant le jeune homme.

En se tournant vers Phoenix, il lui dit : « C’est une caisse en bois de chêne. Elle appartenait à ta mère. Elle s’y cachait lorsqu’elle était jeune, lorsqu’elle voulait s’évader. Elle s’asseyait à l’intérieur, comme dans une baignoire. Je crois bien qu’elle y prenait un bain d’imagination, car elle racontait des tas d’histoires en lien avec cet objet. »

Cette idée interpella Phoenix qui s’accroupit pour essayer d’ouvrir la boîte, toujours sans dire un mot. Il y avait une serrure.

— Tiens, dit Monsieur Chandelier en lui tendant la clef.

Au moment d’enfoncer la clef, il leva les yeux vers tous les adultes qui l’entouraient, et se sentit gêné. Son oncle l’aida à faire monter cette caisse dans sa chambre.

Phoenix claqua la porte. Il était seul, face à cette boîte, et les quelques autres meubles qui se trouvaient dans la pièce. Il espérait qu’en l’ouvrant, il trouverait quelque chose. Il l’espérait si fort qu’il finit par le dire à voix haute : « Je veux qu’il y ait quelque chose… dans cette caisse… pitié… »

Une note, un mot, un dessin, ou quoi que ce soit qui appartenait à sa mère. Il s’agenouilla, enfonça la clef, ouvrit le coffre, mais il n’y avait rien. L’intérieur était vide, c’était le dedans d’une caisse en bois toute simple. Phoenix se releva, et d’un coup de pied, poussa le coffre contre le mur de toutes ses forces. Il le déplaça à peine. Phoenix se laissa tomber sur ses genoux et éclata en sanglots. Le genre de pleurs dont on se souvient. Tête baissée, mains plaquées sur les yeux. Il n’y arrivait plus.

Son oncle ouvrit bruyamment la porte, son grand berger allemand le suivait.

— Phoenix, relève-toi. Tu dois être fort aujourd’hui. Ta grand-mère a besoin de toi. Viens l’aider, et essaie de t’occuper de ta sœur.

Il sortit. Le chien, lui, était resté dans la chambre et reniflait le sol. Il se rapprochait peu à peu du coffre. Phoenix avait relevé la tête et suivait la bête du regard. D’un bond, l’animal élança l’avant de son corps à l’intérieur de la caisse et y plongea le museau. S’agitant dans tous les sens, il en ressortit un bout de papier qu’il tenait dans la gueule. Comment était-ce possible ? Il n’y avait rien dans la boîte !

Phoenix saisit le chien par le cou pour lui retirer la feuille d’entre les dents. Il défroissa le bout de papier salivé pour y lire ce qu’il y était écrit :

« Ouvrez-moi deux fois. La première, avec la clef ; la seconde, avec le cœur ! »

Quelqu’un avait écrit ça, à la main. Il n’en reconnaissait pas l’écriture. Ça n’aurait pu être sa mère, il l’aurait remarqué d’emblée. Il vérifia à nouveau l’intérieur de la caisse, mais il n’y avait toujours rien. Il fronça les sourcils, puis descendit les escaliers en espérant pouvoir obtenir des informations de la part de cet étrange Monsieur Chandelier.

— Il est parti, lui dit simplement sa grand-mère. Il pourra repasser, si tu le veux.

Les pleurs du bébé s’entendaient dans toute la maison et se mêlaient à ceux des visiteurs.

— Grand-mère, dit-il en lui présentant le bout de papier froissé et trempé de salive, regarde ça ! Je l’ai trouvé dans le coffre que Monsieur Chandelier a apporté. Regarde ce qu’il y est écrit. Sais-tu ce que cela signifie ?

Il brandissait l’objet des deux mains, face à quoi la vieille dame afficha un visage dérouté.

— Pourquoi me montres-tu cette saleté ?

— Ce n’est pas une saleté, regarde ce qu’il y est écrit !

— Phoenix, il n’y a rien.

— Si, regarde bien !

— Je te dis qu’il n’y a rien sur cette feuille. Aucune écriture, aucun mot. Es-tu sûr que ça va ?

En retournant le papier, Phoenix vit qu’elle disait vrai. Il n’y avait rien d’écrit. Il le retourna dans tous les sens : l’écriture s’était volatilisée.

— Je t’assure qu’un message y était écrit. Il s’est volatilisé, comme par magie !

L’expression dans ses yeux noirs affichait clairement son désespoir. Il soupira. Sa grand-mère lui sourit tristement, puis s’éloigna.

Il regagna sa chambre. Les mains sur les hanches, il se tenait debout face à la caisse ouverte. Il regardait en son creux, en lui chuchotant, comme si elle pouvait l’entendre : « Comment se fait-il que tu gardais un bout de papier alors que tu étais vide ?! Est-ce que j’hallucine ? Comment se fait-il que l’inscription ait disparu ? »

En pressant ses deux mains contre le bout de papier, il fit une boule qu’il jeta dans la caisse, puis se dirigea vers sa fenêtre, afin de regarder ce qu’il se passait devant chez lui. Il entendit le berger allemand aboyer dans le jardin, puis jeta un coup d’œil au chien agité. Ce dernier ne cessait de gesticuler, et Phoenix eut l’impression qu’il voulait sauter jusqu’à lui. L’animal essayait de lui dire quelque chose.

Sans réfléchir, il se redirigea vers le coffre.

— Comment ?! s’exclama-t-il.

Le torchon avait disparu. Au lieu de ça, une feuille blanche, propre, était soigneusement déposée à l’intérieur du coffre. Il la saisit. À nouveau, il y était écrit un message :

« Si dehors tout est noir, regarde à l’intérieur ! »

Il se précipita dans les escaliers, cette feuille à la main. Il trouva sa grand-mère et brandit l’objet devant ses yeux.

— Tu vois ! Regarde ! Cette feuille est apparue comme par magie dans la caisse ! Alors que l’autre y a disparu ! s’exclama-t-il, tout essoufflé.

Sa grand-mère n’y comprenait rien. Son oncle s’approcha d’eux.

— Phoenix, pourquoi nous montres-tu une feuille vierge ? lança-t-il.

L’enfant retourna la feuille à nouveau. L’inscription manuscrite s’était encore volatilisée.

— Je vous jure que quelque chose y était écrit !

Les deux adultes étaient désemparés. Ils ne savaient comment réagir face à cet enfant qui perdait la tête. Ils se dirent que les évènements récents étaient en mesure de l’expliquer, qu’il fallait être indulgent.

— Je t’ai dit d’être fort, ce n’est pas le moment de faire une scène pour des bêtises.

Les deux adultes s’éloignèrent. Il était seul, avec ce qu’il avait cru voir, et cette feuille.

Il avait bien vu ces deux messages. Il en était sûr. Peut-être étaient-ils écrits à l’aide d’une encre qui s’effaçait rapidement ? Cela n’expliquerait pas d’où ils venaient, ni qui les avait écrits, ni comment ils étaient parvenus à se retrouver dans le coffre. Que voulaient dire ces messages ? Il les trouvait vides de sens. Seul dans sa chambre dont la porte était fermée, il s’assit près du coffre de sorte à pouvoir voir l’intérieur. Il se souvint de ce que Monsieur Chandelier avait dit, en évoquant sa mère : « Elle y prenait un bain d’imagination ». Il se releva. Il leva le pied droit, qu’il mit dans le coffre, puis il poursuivit avec le pied gauche. Il était debout, dans cette boîte. Il inspira profondément et expira en s’y asseyant. Son corps s’appuyait sur les bords en bois. De sa main gauche, il saisit le manche de la serrure pour la tirer, puis retira ses doigts pour laisser le couvercle de la caisse se fermer. Il s’enferma, puis ferma les yeux.

Phoenix sentit le bois disparaître autour de son corps. Il se sentait tomber, dans le vide, dans le noir. Il n’était plus nulle part ailleurs qu’avec lui-même.

***

« Existe-t-il autre chose que cette paralysie dans l’obscurité ? Pourquoi est-ce que je souffre tant ? D’ailleurs, pourquoi la douleur existe-t-elle ?

Anéanti, je suis. Le monde s’est écroulé. Je n’y peux rien. L’impuissance, le vide. Un vide sans fin. Une pensée pour cette personne ne peut s’empêcher d’émerger spontanément dans mon esprit encombré. Un mince souvenir me replonge dans le monde qui nous appartenait, que nous avions bâti à deux, dont les promesses deviendraient un jour réalité, pensais-je. Elle m’a donné tant de souvenirs, et la voilà réduite à l’un d’eux.

Comment l’oublier ? Comment vivre sans elle ?

Lorsque nos cœurs battent ensemble, lorsque nos vies se mêlent et se construisent ensemble, lorsque l’amour est si fort… Lorsqu’une personne nous dévoile son âme, comment peut-on imaginer un tour de la Terre sans elle ?

Je sais que je ne t’ai pas assez dit que je t’aimais. Je m’en veux. J’aurai dû. Je ne veux pas vivre, je ne peux pas. Pas sans toi, je t’en supplie, reviens. Ne me laisse pas, j’ai besoin de toi. J’aurai toujours besoin de toi. Je suis seul au monde. »

Phoenix tombait dans le vide, et la vitesse à laquelle il se dirigeait vers le « sol » était si importante qu’il se mit à brûler. Son corps brûlait. Il se sentait écrasé avant même d’avoir atteint le fond. Cette douleur était l’enfer pour lui. Qu’il la ressente physiquement ou émotionnellement ne faisait aucune différence. Elle était si intense qu’elle parcourait chaque cellule de son corps. Il n’était plus que cette souffrance.

Pourtant, il n’était pas tombé brusquement. Il ne savait pas comment il s’était retrouvé allongé sur un sol pierreux et froid. Ses yeux étaient encore fermés. Ses larmes s’écoulaient sur son visage et paraissaient finir leur chemin sur la pierre.

La violence de sa peine se dissipait peu à peu. Cette dernière avait une phase plus calme. Les sensations qu’elle avait masquées revenaient doucement. Il sentait son corps réapparaître, petit à petit. Le vent sur la peau, sa respiration. Les cendres s’en allaient, emportées par ses petites larmes.

Il ouvrit les yeux. Il faisait nuit. Il n’avait aucune idée du lieu où il se trouvait. Il ne savait pas comment il était arrivé là. Allongé sur le dos, il leva la tête, et vit qu’il était sur une falaise. Il s’assit au bord de celle-ci. Le paysage qui se dessinait en face de lui était somptueux. Forêts, montagnes, éclairées par la pleine lune éclatante. Pas un bruit aux alentours, sauf celui du vent qui fait frémir les feuilles, quelques hiboux et grillons. Il prit de profondes inspirations en balançant ses jambes dans le vide. L’air frais le rafraîchissait. Il leva la tête pour le sentir sur son cou, et par la même occasion, découvrit le ciel étoilé.

Les étoiles brillaient dans l’obscurité du ciel. Il ne les voyait que parce qu’il faisait nuit. La journée, il serait impossible de les voir. Tiens donc, il était intrigué par cette idée.

« Vous ne cessez jamais de briller, pourtant, ce n’est que dans le noir que je vous vois. C’est dans le noir que la lumière est la plus nécessaire. Je ne pourrais pas voir ce que je fais, sans elle. »

Il parlait aux étoiles. Il s’arrêta pour inspirer, avant de reprendre :

« Je ne pourrai pas voir ce que je fais… ni où je vais… sans lumière. »

Il frissonna, mais il ne s’agissait pas du froid. Les étoiles étaient plus proches de lui. Il pouvait les toucher. Il tendit les mains vers le ciel afin de les caresser.

« Vous êtes aussi douces qu’une poussière lumineuse. »

De ses dix doigts, tendus en face de lui, il touchait délicatement ces minuscules points blancs.

« Les étoiles sont-elles réellement si loin ? Où vivent-elles si proches de nos cœurs, qu’elles peuvent l’éclairer ? »

L’immensité du ciel fit pénétrer des étincelles lumineuses par ses doigts, qui traversèrent tout son être. Là, assis au bord de la falaise, il s’illuminait. Ses mains, ses bras, son torse, son ventre, ses jambes, sa tête brillaient de mille feux. Phoenix n’en croyait pas ses yeux. Il se pinça pour vérifier qu’il ne rêvait pas, mais il eut bien mal. Il n’avait jamais rien vu de tel, et regardait son corps briller. Était-ce son corps ? Ou était-ce son âme, qu’il pouvait enfin distinguer, que les étoiles avaient allumée ? L’Univers tout entier se glissait-il à travers lui, pour éveiller l’être lumineux endormi ?

Il se leva, et reprit conscience de sa distance physique par rapport aux étoiles. Comment, d’aussi loin, avaient-elles pu le traverser de leur énergie ? Il ne se sentait plus seul. Il ne l’était pas, et ne l’avait jamais été.

« Je ne suis pas seul ! Là où il y a solitude et obscurité, il est possible d’allumer la lumière, il est même possible d’y faire briller toutes les étoiles de l’Univers. L’obscurité n’est qu’un manque de lumière. Il suffit de se souvenir de la faire jaillir, et la voilà qui apparaît, comme par enchantement. Si le courage manque, il faut lever les yeux au ciel, pour atteindre les étoiles, non pas avec le regard, mais avec le cœur ! Dans ce dernier, l’espoir est une flamme qui attend patiemment d’être générée… »

Surpris de ce qu’il venait de dire, il comprit qu’il s’agissait du message des étoiles, qui lui était parvenu sans qu’il puisse expliquer ni comment ni pourquoi.

Le ciel était en train de lui sourire, à sa manière, puisque le soleil faisait apparaître ses premiers rayons, de l’autre côté des montagnes en face de lui.

***

Après être descendu de la falaise sur laquelle il s’était éveillé, Phoenix trouva une vaste plaine, où poussaient des fleurs de toutes les couleurs et des arbres d’espèces variées. Il ne savait toujours pas où il était, mais n’avait aucune envie de retourner de là où il était venu. Il s’allongea dans l’herbe verte étincelante sous le soleil, dont il appréciait particulièrement l’éclat. Il détendit ses muscles et regardait le ciel bleu magnifique. Seuls quelques nuages blancs le couvraient, aux formes extravagantes ou abstraites, selon comment on voit les choses.

Il plongeait son regard dans cette couleur qui s’étendait à l’infini. Il trouvait refuge dans la contemplation de ce qu’il voyait comme étant plus grand que lui. Le bleu du ciel était éternel, éblouissant, et peut-être avait-il quelque chose de familier.

« Le ciel est toujours là. Le ciel est toujours là pour moi. C’est un ami. En levant les yeux au ciel, peut-être que je m’élève, moi aussi ».

Lever les yeux au ciel le libérait des chaînes qui le cloîtraient au sol, lui donnant la perspective d’un là-bas plus grand, plus audacieux. Il se rappela de cette question qu’il s’était posée : « Existe-t-il quelque chose d’autre que cette paralysie dans l’obscurité ? » et il avait la réponse.

« Oui, il y a quelque chose, qui veut que je sois là. Est-ce quelqu’un ? Est-ce une force ? Est-ce une part de moi-même qui souhaite que je me relève ? Dans le chaos, recroquevillé sur moi-même, enfermé, “enfer-mé”… Que me restait-il, à part lever les yeux au ciel ? Lorsque nos peurs les plus profondes nous envahissent et nous paralysent, ce léger mouvement qui consiste à faire basculer la tête en arrière pour fixer la grandeur absolue, ce léger mouvement de bascule peut tout faire basculer. La grandeur du ciel nous renvoie toujours à notre propre magnificence. »

Les mains derrière la tête, les jambes croisées, Phoenix se sentait apaisé.

Une dizaine de cigognes volaient pile au-dessus de sa tête. Leurs ailes battaient gracieusement au rythme silencieux d’une danse en ronde. Sur ce banc d’oiseaux, Phoenix projetait son désir de courage.

***

En se relevant, il prit quelques secondes pour admirer la végétation flamboyante autour de lui. Le vent soufflait légèrement. Il entendit le bruit d’une source.

« De l’eau », murmura-t-il, pour manifester son désir d’en trouver.

Jonchant entre les buissons et arbres, il était penché en avant et était attentif au son qu’il suivait. Il arriva devant un petit ruisseau, et sans réfléchir, il s’agenouilla et se mit à boire.

« Merci, eau ! »

Cette première gorgée rafraîchit sa gorge et sa poitrine. Quelle fraîcheur ! En se penchant pour en reprendre, quelque chose attira son attention.

C’était son reflet.

Son reflet dans l’eau était figé. Il ne bougeait pas, et le fixait intensément.

Phoenix eut peur et sursauta. Il s’éloigna brusquement en arrière. Il voulut s’enfuir, mais quelque chose le reteint, et ce n’était pas la soif. Il voulait revoir cet étrange reflet figé.

En s’approchant du petit ruisseau, il le revit : c’était lui sans vraiment être lui. L’apparence était la même.

— Qui es-tu ? se risqua-t-il à lui demander.

Le reflet répondit en fermant les yeux. Phoenix fit de même. Il attendit quelques secondes. Peut-être le reflet allait-il lui répondre. Soudain, il se sentit à nouveau épris de douleur. Voulant s’en débarrasser, il ouvrit les yeux. Le reflet, lui, le regardait à nouveau fixement, sans aucune expression faciale. Phoenix avait senti qu’en fermant les yeux, le message de ce reflet s’était glissé en lui. Alors il comprit : ce reflet était sa douleur.

— Comment vais-je me débarrasser de toi ? Dès que je regarde en moi, tu es là, il n’y a que toi.

En prononçant ces mots, il avait de plus en plus mal dans le creux de sa poitrine. Il insista tout de même :

— Comment vais-je te combattre ? Comment vais-je te vaincre ?!

À mesure que la tension et la colère montaient en lui, il criait ses paroles et ressentait la douleur montante. Désespéré, il tomba à genoux et s’écria :

— Pitié ! Comment ? Comment ne plus souffrir ?

Il se remit à pleurer et se souvint des dures paroles de son oncle : « sois fort ». Il n’avait pas envie d’être fort, il voulait simplement être humain.

Ses larmes tombaient dans l’eau du petit étang, dessinant des cercles concentriques se propageant à la surface. Le reflet disparut et devint flou. Il pleurait si fort, que des nuages qui passaient par là s’étaient attroupés au-dessus de sa tête. Peinés, ils se mirent à pleurer eux aussi, en espérant que leur pluie puisse se saisir de ses soucis et les éloigner… Phoenix ne s’était pas aperçu qu’il ne pleuvait qu’au-dessus de lui. Il sentait la pluie le tremper, le nettoyer, se mêler à ses larmes et les emporter. Il avait lâché prise. Il laissait l’eau s’écouler, la douleur sortir, être ; il ne luttait plus. En regardant l’eau s’éloigner au loin dans le courant du ruisseau, il se sentait plus léger, plus libre. À cet instant précis, il comprit.

« Accepter la souffrance, la libérer, la laisser être, voilà comment elle s’en ira d’elle-même. Ne pas essayer de la rejeter ou de la combattre, mais plutôt travailler à ses côtés, la comprendre, saisir son rôle ».

Les nuages commencèrent à se dissiper peu à peu. Phoenix les vit s’écarter pour laisser apparaître un joli rayon de soleil.

« Ma douleur a quelque chose à me dire. Tout comme le ciel, les étoiles, l’eau, les nuages, elle a un message à me transmettre ».

Il se releva, et levant les bras au ciel, il s’exclama :

« Douleur, tu es mon maître, tu es mon alliée ! Apprends-moi tout ce que je dois savoir ! Apprends-moi tout ce que je ne connais pas ! Apprends-moi à être le meilleur être humain possible ! Oui, j’ai mal, mais je suis prêt à évoluer, à me transformer ! Maître, montre-moi ! Guide-moi vers la lumière ! »

Il se pencha vers la petite mare. Son reflet lui souriait et lui lança un regard dans la direction de l’écoulement de l’eau. En écoutant son instinct, Phoenix se mit à courir à toute allure, en suivant la trajectoire du chemin que prenait l’eau. Ses pieds nus frappaient dans la boue, écrasaient les brins d’herbe, mais il n’en avait que faire, il ne s’était jamais senti aussi vivant, et affirmait son enthousiasme haut et fort :

— Je suis guidé ! Quelle chance !

Il courut entre les arbres, les racines, les buissons, jusqu’à déboucher sur un jardin.

Là, assise dans l’herbe, sous le soleil, les jambes croisées, une petite fille méditait. Elle semblait l’attendre.