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Victor dort à poings fermés. En pleine immersion dans son rêve, il découvre l’Autremonde et le pays de Fiery. En compagnie de son fidèle ami Tristan, il pousse les portes d’un monde où la magie règne en maître. Ils rencontrent des mages, des bêtes fantastiques, et sont enchantés par le paysage féérique de Fiery. Toutefois, une lourde menace pèse sur cette paix. Tristan et Victor vont devoir y faire face, c’est inévitable…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Kenji Nicoleau est né à Paris, en 1998. Après avoir étudié au lycée international de Saint-Germain-en-Laye ainsi qu’à Alliance Manchester Business School, il a écrit deux romans fantastiques pour les Éditions Le Lys Bleu. Ce livre est la suite du premier roman publié intitulé
Victor Mercier et le grimoire magique.
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Seitenzahl: 121
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Kenji Nicoleau
Roman
© Lys Bleu Éditions – Kenji Nicoleau
ISBN : 979-10-377-1256-1
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Victor marchait seul dans une forêt de châtaigniers, à l’orée des rayons printaniers. C’était une matinée calme et paisible. Les oiseaux chantaient, et dansaient joyeusement autour des branches. Victor sentait la mousse verte, l’herbe molle et les brindilles sous ses pieds. Une forte odeur d’écorce s’émanait des arbres centenaires.
Au bout de quelques instants, Victor aperçut une arche en pierre, au loin. Curieux, il accéléra pour s’en rapprocher. En proie à une excitation inexplicable, il se mit à courir de toutes ses forces vers le monument.
En arrivant devant, il s’arrêta net pour contempler la beauté de cette étrange structure : c’était une belle arche de granit, assombrie par le temps et la pluie battante. Des lierres s’enroulaient autour de la pierre, comme si la nature reprenait ses droits. De profondes fissures donnaient un aspect archaïque à l’arche.
Sur la façade, il y avait une gravure en gaélique, de couleur vert émeraude, qui disait :
« C.-à-d. a d’fhéadfadh a bheith ann »
Victor s’approcha pour mieux percevoir l’inscription, quand tout à coup, les lettres se mirent à briller vivement. La lumière se fit de plus en plus intense, à un tel point que Victor dû fermer les yeux et se cacher le visage. Il sentit son corps s’alléger, et perdit connaissance…
Ils avançaient vers la forêt de pins, quand soudain, ils entendirent de drôles de cris aigus. Ils virent un troupeau apparaître au loin, du côté de la plaine. Au fur à mesure, le troupeau accélérait et s’approchait d’eux. Cela ressemblait à un troupeau de cerfs, bien que dotés d’un pelage blanc, de cornes énormes et d’yeux verts qui brillaient au soleil.
Les bêtes fantastiques s’approchèrent. Leur pelage était blanc comme de la neige, leurs cornes farfelues et tranchantes, et leurs yeux étincelants tels des émeraudes. Quant aux sabots, ils étaient d’un noir profond, particulièrement sombre. Leurs cris se firent de plus en plus nets, de plus en plus proches.
Elles s’arrêtèrent un instant, firent les cent pas autour des deux intrus, puis se mirent à les renifler. Le plus grand d’entre eux, qui était sûrement le chef de meute, s’approcha de Tristan avec assurance. Il faisait plus d’un mètre quatre-vingts sur pattes, et arborait de drôles de tâches bleues sur son front, ressemblant étrangement aux symboles du grimoire. Il s’arrêta devant lui un instant, se tenant droit comme un i.
Il renifla le pauvre jeune homme bruyamment, puis émit un cri aigu et strident, qui glaça le sang des deux humains. Cela ressemblait plutôt au cri grinçant d’une gargouille qu’au son blême d’un cerf ou d’un élan. Tristan, le visage blême, regarda Victor avec une expression de détresse. Victor, inquiet et impressionné par la stature du chef, lui chuchota nerveusement, les yeux grands ouverts et le front en sueur :
L’inquiétante bestiole tourna un instant autour de Tristan, en retournant nerveusement la terre à l’aide de ses sabots. Finalement, il le renifla une dernière fois puis donna un ordre à ses troupes en hurlant de toutes ses forces. Sous le son pénible de ce cri, les deux amis se couvrirent les oreilles avec les mains.
Avant de s’en aller, le chef de meute lança un regard perçant à Tristan, qui soutenait le regard, en pensant qu’il ne fallait pas avoir l’air peureux, que cela pourrait irriter la bête plus qu’autre chose. Cependant, ce n’est pas d’un chien dont il s’agissait, mais bel et bien d’un cerf aux proportions monstrueuses et aux cornes aussi disproportionnées que tranchantes.
Le détail qui acheva de terroriser Tristan est le suivant : ses cornes étaient recouvertes de sang ! Toujours aussi fier de lui, l’animal s’en alla le premier, au galop. Avec une discipline spartiate, ses compagnons le suivirent en file Indienne et non en troupeau comme à l’allée. Tout transpirant, Tristan retint son souffle jusqu’à ce que le dernier cerf blanc soit parti, puis se laissa tomber par terre, sous le choc de cette rencontre insolite.
Victor accourut pour s’assurer que son ami n’était pas blessé.
Pour détendre l’atmosphère, les deux compères rirent bruyamment. Une fois les plaisanteries terminées, Tristan contempla le sol et souffla longuement. Victor lui tendit la main afin qu’il se relève, et lui dit en souriant :
Victor n’en était pas moins bouleversé, mais jugea qu’il était plus sage de ne pas trop s’étaler sur le sujet, afin d’aider son ami à se changer les idées. Ils reprirent leur marche tranquillement, en regardant les cimes des pins danser avec le vent.
En arrivant à l’entrée de la forêt, la forte mais douce odeur des pommes de pin emplit leurs narines. À son étonnement, Victor détecta une odeur de feuilles mortes. Le soleil tentait tant bien que mal de se frayer un chemin à travers les branches. Des faisceaux de lumières éparses illuminaient des tas de feuilles orangées, et les faisaient luire faiblement.
Des parfums de mousse et de vieille écorce se mêlaient à l’odeur des feuilles mortes. Les brindilles et les feuilles craquaient sous leurs pieds, dans un son doux à l’oreille. De grosses pommes de pin, des glands et des châtaignes disproportionnés traînaient çà et là.
Il alla chercher une pomme de pin, et dit en la montrant à son ami, avec une grimace prononcée :
Victor s’écroula sous le choc de la tape, et dû se ressaisir pour retrouver son équilibre.
Cette remarque embarrassa Victor qui se retrouva bouche bée, le visage rouge feu.
Puis pendant cinq minutes, Tristan s’amusa à le taquiner au son de « Tomate ! Tomate ! Tomate ! », ou encore de « Oh Marie, si tu savais », ou bien encore de « Marie, veux-tu m’épouser ? ». Et pour couronner le tout, Victor eut également droit à l’habituel « C’est beau l’amour ! ».
Las de sa propre bêtise, Tristan cessa de taquiner son ami. Décidément, on ne change pas une équipe qui gagne. Nos deux acolytes poursuivaient paisiblement leur marche, quand Victor entendit soudainement des petits bruits de pas, ainsi que des fouillis de feuilles. Il se retourna mais ne vit rien. En regardant à ses pieds, il remarqua que des écureuils de couleur pourpre jouaient dans les feuilles. Ils se couraient les uns après les autres.
Un grand écureuil joufflu tentait de rattraper un petit écureuil maigre et vif, en vain. Ils avaient une tache blanche sur le front, de même que des ventres blancs et des pattes blanches. Le reste de leur corps était entièrement pourpre. Leurs yeux étaient d’un bleu froid, ressemblant à ceux des chiens husky. Les deux bêtes contournèrent soigneusement les pieds de Victor. Ayant été forcé de ralentir, l’écureuil maigre alla se heurter contre le talon gauche de Tristan.
Il émit un petit bruit aigu : « Squeek ! »
Tristan entendit le bruit, et sursauta. Il bondit en avant, avant de se retourner brusquement et de s’écrier :
Victor pouffa de rire en voyant ce gros gabarit, cette armoire à glace de rugbyman s’affoler devant une si petite et innocente bestiole.
L’écureuil se remit du choc, secoua sa tête rapidement et s’assit devant Tristan en remuant sa queue. Il leva sa tête avec un air curieux et la pencha vers la droite un instant, dans un geste d’incompréhension. Puis, il se retourna. Voyant que l’écureuil au bon embonpoint le rattrapait, il démarra en trombe, en soulevant un petit tas de feuilles. L’air rassuré et jovial, Tristan regarda les deux animaux courir avec amusement. Épaté par la couleur pourpre si originale de leur pelage, il lança :
De nulle part, une pomme de pin tomba sur la tête de Tristan.
Il entendit un cri hystérique, une sorte de rire loufoque. Il pivota sur lui-même en parcourant les branches du regard, mais ne trouva rien. Soudain, il reçut une autre pomme de pin, cette fois-ci en pleine figure, de plein fouet.
Une forme bleuâtre descendit rapidement du tronc d’un pin à droite de Tristan. Un petit singe descendit à toute vitesse de l’arbre, avant de sauter de façon théâtrale pour se retrouver devant les deux étrangers. Il s’assit en mangeant un fruit orange ressemblant à une pomme translucide, comme si elle était faite de gelée et non de chair.
Tout en mangeant paisiblement, il observa les deux humains devant lui. Puis, d’un geste éclair, il jeta son fruit à la figure de Victor, avant d’éclater à nouveau dans un rire hystérique. Et loufoque, cela va de soi. C’était un singe à la figure jaune fluorescente, et au pelage étonnamment dense. Ses poils étaient d’un bleu très vif, particulièrement voyant et contrastant totalement avec la palette de couleur de cette forêt de pins calme et paisible. Du moins, en apparence.
Vexé par l’insolence de ce singe farceur, Victor brandit son poing en l’air en rouspétant. La bête grimpa sur le même arbre en rigolant, avant de disparaître dans le feuillage…
Ils commençaient à s’habituer à croiser des créatures fantasques, voire loufoques, et ne dirent mot. En vérité, ils préféraient savourer la beauté de cette nature fantastique, qu’ils auraient pu voir dans un film fantastique de leur enfance. Qu’il s’agisse de Narnia, Harry Potter ou du Seigneur des Anneaux, cette grande forêt de pins leur rappelait des passages de leurs romans et films d’enfance.
En voyant ces grands troncs d’arbre s’élever vers le ciel, Victor pensait à la fin de la Communauté de l’Anneau, quand la Communauté se dissout tristement. Cet environnement lui inspirait un mélange de joie et de nostalgie. Tristan, quant à lui, pensait plutôt à la forêt interdite, et toutes les bestioles peu ragoûtantes qu’elle abritait. Il faut dire qu’il fut le premier à être visé par le macaque bleu, mais surtout menacé par un animal aussi dangereux que l’hippogriffe d’Hagrid.