Rêve en Autremonde - Kenji Nicoleau - E-Book

Rêve en Autremonde E-Book

Kenji Nicoleau

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Beschreibung

Victor dort à poings fermés. En pleine immersion dans son rêve, il découvre l’Autremonde et le pays de Fiery. En compagnie de son fidèle ami Tristan, il pousse les portes d’un monde où la magie règne en maître. Ils rencontrent des mages, des bêtes fantastiques, et sont enchantés par le paysage féérique de Fiery. Toutefois, une lourde menace pèse sur cette paix. Tristan et Victor vont devoir y faire face, c’est inévitable…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Kenji Nicoleau est né à Paris, en 1998. Après avoir étudié au lycée international de Saint-Germain-en-Laye ainsi qu’à Alliance Manchester Business School, il a écrit deux romans fantastiques pour les Éditions Le Lys Bleu. Ce livre est la suite du premier roman publié intitulé Victor Mercier et le grimoire magique.

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Kenji Nicoleau

Rêve en Autremonde

Roman

© Lys Bleu Éditions – Kenji Nicoleau

ISBN : 979-10-377-1256-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

*****

Victor marchait seul dans une forêt de châtaigniers, à l’orée des rayons printaniers. C’était une matinée calme et paisible. Les oiseaux chantaient, et dansaient joyeusement autour des branches. Victor sentait la mousse verte, l’herbe molle et les brindilles sous ses pieds. Une forte odeur d’écorce s’émanait des arbres centenaires.

Au bout de quelques instants, Victor aperçut une arche en pierre, au loin. Curieux, il accéléra pour s’en rapprocher. En proie à une excitation inexplicable, il se mit à courir de toutes ses forces vers le monument.

En arrivant devant, il s’arrêta net pour contempler la beauté de cette étrange structure : c’était une belle arche de granit, assombrie par le temps et la pluie battante. Des lierres s’enroulaient autour de la pierre, comme si la nature reprenait ses droits. De profondes fissures donnaient un aspect archaïque à l’arche.

Sur la façade, il y avait une gravure en gaélique, de couleur vert émeraude, qui disait :

« C.-à-d. a d’fhéadfadh a bheith ann »

Victor s’approcha pour mieux percevoir l’inscription, quand tout à coup, les lettres se mirent à briller vivement. La lumière se fit de plus en plus intense, à un tel point que Victor dû fermer les yeux et se cacher le visage. Il sentit son corps s’alléger, et perdit connaissance…

Ils avançaient vers la forêt de pins, quand soudain, ils entendirent de drôles de cris aigus. Ils virent un troupeau apparaître au loin, du côté de la plaine. Au fur à mesure, le troupeau accélérait et s’approchait d’eux. Cela ressemblait à un troupeau de cerfs, bien que dotés d’un pelage blanc, de cornes énormes et d’yeux verts qui brillaient au soleil.

— Qu’est-ce que ça, des cerfs polaires ? Ils nous foncent dessus ! dit Tristan, prit de panique.
— Mais voyons, on n’est pas en montagne ! En tout cas, ils ne m’ont pas l’air commodes. Il faut fuir vers la forêt, et vite !

Les bêtes fantastiques s’approchèrent. Leur pelage était blanc comme de la neige, leurs cornes farfelues et tranchantes, et leurs yeux étincelants tels des émeraudes. Quant aux sabots, ils étaient d’un noir profond, particulièrement sombre. Leurs cris se firent de plus en plus nets, de plus en plus proches.

Elles s’arrêtèrent un instant, firent les cent pas autour des deux intrus, puis se mirent à les renifler. Le plus grand d’entre eux, qui était sûrement le chef de meute, s’approcha de Tristan avec assurance. Il faisait plus d’un mètre quatre-vingts sur pattes, et arborait de drôles de tâches bleues sur son front, ressemblant étrangement aux symboles du grimoire. Il s’arrêta devant lui un instant, se tenant droit comme un i.

Il renifla le pauvre jeune homme bruyamment, puis émit un cri aigu et strident, qui glaça le sang des deux humains. Cela ressemblait plutôt au cri grinçant d’une gargouille qu’au son blême d’un cerf ou d’un élan. Tristan, le visage blême, regarda Victor avec une expression de détresse. Victor, inquiet et impressionné par la stature du chef, lui chuchota nerveusement, les yeux grands ouverts et le front en sueur :

— Surtout, ne bouge pas d’un poil !
— Je, je… Je vais essayer !

L’inquiétante bestiole tourna un instant autour de Tristan, en retournant nerveusement la terre à l’aide de ses sabots. Finalement, il le renifla une dernière fois puis donna un ordre à ses troupes en hurlant de toutes ses forces. Sous le son pénible de ce cri, les deux amis se couvrirent les oreilles avec les mains.

Avant de s’en aller, le chef de meute lança un regard perçant à Tristan, qui soutenait le regard, en pensant qu’il ne fallait pas avoir l’air peureux, que cela pourrait irriter la bête plus qu’autre chose. Cependant, ce n’est pas d’un chien dont il s’agissait, mais bel et bien d’un cerf aux proportions monstrueuses et aux cornes aussi disproportionnées que tranchantes.

Le détail qui acheva de terroriser Tristan est le suivant : ses cornes étaient recouvertes de sang ! Toujours aussi fier de lui, l’animal s’en alla le premier, au galop. Avec une discipline spartiate, ses compagnons le suivirent en file Indienne et non en troupeau comme à l’allée. Tout transpirant, Tristan retint son souffle jusqu’à ce que le dernier cerf blanc soit parti, puis se laissa tomber par terre, sous le choc de cette rencontre insolite.

Victor accourut pour s’assurer que son ami n’était pas blessé.

— Rien de cassé ?
— Heureusement non, mais il aurait pu me tuer avec ces cornes ! Elles sont aussi tranchantes que des sabres, et les siennes étaient recouvertes de sang.
— Ces cerfs blancs utilisent sans doute ces cornes pour attaquer leurs ennemis et chasser du gibier. Mais ce qui est curieux, c’est que seul le chef de meute avait les cornes souillées de sang. Les autres avaient les cornes intactes.
— Il est sans doute charge de la défense de la meute. Ça ne m’étonne pas du tout, vu le gabarit ! Et pourquoi as-tu soutenu le regard face à lui ? Il aurait pu le prendre pour une provocation !
— Je ne voulais pas qu’il me perçoive comme un faible gibier. Il faut avoir l’air fort, c’est l’instinct primitif. Si je me montre faible et peureux, je me fais manger tout cru.
— « Avoir l’air fort lorsque l’on est faible. Avoir l’air faible lorsque l’on est fort. »
— Ah, ça me dit quelque chose.
— Ben oui, c’est Sun Tzu, l’Art de la guerre !
— Je ne savais pas, je l’ai trouvé sur un site de citations.

Pour détendre l’atmosphère, les deux compères rirent bruyamment. Une fois les plaisanteries terminées, Tristan contempla le sol et souffla longuement. Victor lui tendit la main afin qu’il se relève, et lui dit en souriant :

— Allez, on va explorer cette forêt de pins ?
— Bonne idée, lui répondit Tristan, toujours pâle et sous le choc.

Victor n’en était pas moins bouleversé, mais jugea qu’il était plus sage de ne pas trop s’étaler sur le sujet, afin d’aider son ami à se changer les idées. Ils reprirent leur marche tranquillement, en regardant les cimes des pins danser avec le vent.

En arrivant à l’entrée de la forêt, la forte mais douce odeur des pommes de pin emplit leurs narines. À son étonnement, Victor détecta une odeur de feuilles mortes. Le soleil tentait tant bien que mal de se frayer un chemin à travers les branches. Des faisceaux de lumières éparses illuminaient des tas de feuilles orangées, et les faisaient luire faiblement.

— Ça alors, c’est encore l’Automne ! Ça nous prouve qu’on est bien en Autremonde.
— Ma sympathique rencontre avec le chef de meute en est une autre… dit Tristan d’un ton ironique.

Des parfums de mousse et de vieille écorce se mêlaient à l’odeur des feuilles mortes. Les brindilles et les feuilles craquaient sous leurs pieds, dans un son doux à l’oreille. De grosses pommes de pin, des glands et des châtaignes disproportionnés traînaient çà et là.

— Mais tout est plus gros dans ce monde, c’est dingue ! s’exclama Tristan.

Il alla chercher une pomme de pin, et dit en la montrant à son ami, avec une grimace prononcée :

— C’est une pomme de pin génétiquement modifiée ou quoi ?
— Mais non, elle m’a l’air tout à fait naturelle, dit Victor d’un air amusé.
— Ça fait très OGM tout ça. Après je suis étudiant en droit, pas en biologie. J’ai des compétences très limitées dans tout ce qui est science.
— Moi aussi, ça me barbe.
— Et qu’est-ce que ce qui t’intéresse par exemple ?
— Les matières plus littéraires.
— Et les belles filles qui s’appellent Marie ?
— Ça aussi, oui.
— Eh bien voilà, c’est ça que j’attendais ! dit Tristan en lui faisant une grosse tape amicale dans le dos.

Victor s’écroula sous le choc de la tape, et dû se ressaisir pour retrouver son équilibre.

— Ah mince, désolé je t’ai fait mal ?
— Non, pas du tout.
— Haha, tu dis ça mais t’es en train de mourir intérieurement !
— Mais non, je suis peut-être moins sportif que toi, mais au moins moi, je n’ai pas peur des manoirs abandonnés ! Enfin bref, qu’est-ce que tu me disais avant de me taper comme une brute épaisse ?
— Eh bien, je suis content que tu sois décomplexé par rapport à Marie. C’est tout à fait normal d’avoir des sentiments pour une fille, c’est dans la nature humaine, dit-il en prenant un ton doctoral. On en parle quand tu veux !

Cette remarque embarrassa Victor qui se retrouva bouche bée, le visage rouge feu.

— Ah… Tu rougis ! Monsieur est amoureux, monsieur est amoureux ! dit Tristan en gambadant et en sautillant partout comme un enfant.
— Ne fais pas le gamin, ce n’est pas drôle ! dit Victor d’une voix tremblante.
— T’es rouge comme une tomate !

Puis pendant cinq minutes, Tristan s’amusa à le taquiner au son de « Tomate ! Tomate ! Tomate ! », ou encore de « Oh Marie, si tu savais », ou bien encore de « Marie, veux-tu m’épouser ? ». Et pour couronner le tout, Victor eut également droit à l’habituel « C’est beau l’amour ! ».

Las de sa propre bêtise, Tristan cessa de taquiner son ami. Décidément, on ne change pas une équipe qui gagne. Nos deux acolytes poursuivaient paisiblement leur marche, quand Victor entendit soudainement des petits bruits de pas, ainsi que des fouillis de feuilles. Il se retourna mais ne vit rien. En regardant à ses pieds, il remarqua que des écureuils de couleur pourpre jouaient dans les feuilles. Ils se couraient les uns après les autres.

Un grand écureuil joufflu tentait de rattraper un petit écureuil maigre et vif, en vain. Ils avaient une tache blanche sur le front, de même que des ventres blancs et des pattes blanches. Le reste de leur corps était entièrement pourpre. Leurs yeux étaient d’un bleu froid, ressemblant à ceux des chiens husky. Les deux bêtes contournèrent soigneusement les pieds de Victor. Ayant été forcé de ralentir, l’écureuil maigre alla se heurter contre le talon gauche de Tristan. 

Il émit un petit bruit aigu : « Squeek ! »

Tristan entendit le bruit, et sursauta. Il bondit en avant, avant de se retourner brusquement et de s’écrier :

— Mon Dieu, une souris ! 

Victor pouffa de rire en voyant ce gros gabarit, cette armoire à glace de rugbyman s’affoler devant une si petite et innocente bestiole. 

— Mais non bêta ! C’est juste un écureuil, regarde mieux. Il est mignon, il a l’air tellement innocent !

L’écureuil se remit du choc, secoua sa tête rapidement et s’assit devant Tristan en remuant sa queue. Il leva sa tête avec un air curieux et la pencha vers la droite un instant, dans un geste d’incompréhension. Puis, il se retourna. Voyant que l’écureuil au bon embonpoint le rattrapait, il démarra en trombe, en soulevant un petit tas de feuilles. L’air rassuré et jovial, Tristan regarda les deux animaux courir avec amusement. Épaté par la couleur pourpre si originale de leur pelage, il lança :

— Le jour où on aura des écureuils comme ça sur terre, les poules auront des dents ! 
— Oui, chez nous ils sont plus intéressés par les morceaux de pain et les noix que leur donnent les touristes.
— Ça me rappelle mon voyage à Londres, en famille. On avait donné à manger aux écureuils de Hyde Park. Ils étaient très dociles. 
— Et surtout intéressés, non ?
— Haha, ils étaient bien enrobés pour des écureuils sauvages. 

De nulle part, une pomme de pin tomba sur la tête de Tristan.

— Mais ! Mais qu’est-ce que…

Il entendit un cri hystérique, une sorte de rire loufoque. Il pivota sur lui-même en parcourant les branches du regard, mais ne trouva rien. Soudain, il reçut une autre pomme de pin, cette fois-ci en pleine figure, de plein fouet. 

— Alors là ça suffit ! Qui est-ce qui fait ça ? Montre-toi ! Je vais te montrer de quel bois je me chauffe ! 

Une forme bleuâtre descendit rapidement du tronc d’un pin à droite de Tristan. Un petit singe descendit à toute vitesse de l’arbre, avant de sauter de façon théâtrale pour se retrouver devant les deux étrangers. Il s’assit en mangeant un fruit orange ressemblant à une pomme translucide, comme si elle était faite de gelée et non de chair.

Tout en mangeant paisiblement, il observa les deux humains devant lui. Puis, d’un geste éclair, il jeta son fruit à la figure de Victor, avant d’éclater à nouveau dans un rire hystérique. Et loufoque, cela va de soi. C’était un singe à la figure jaune fluorescente, et au pelage étonnamment dense. Ses poils étaient d’un bleu très vif, particulièrement voyant et contrastant totalement avec la palette de couleur de cette forêt de pins calme et paisible. Du moins, en apparence. 

Vexé par l’insolence de ce singe farceur, Victor brandit son poing en l’air en rouspétant. La bête grimpa sur le même arbre en rigolant, avant de disparaître dans le feuillage…

Ils commençaient à s’habituer à croiser des créatures fantasques, voire loufoques, et ne dirent mot. En vérité, ils préféraient savourer la beauté de cette nature fantastique, qu’ils auraient pu voir dans un film fantastique de leur enfance. Qu’il s’agisse de Narnia, Harry Potter ou du Seigneur des Anneaux, cette grande forêt de pins leur rappelait des passages de leurs romans et films d’enfance.

En voyant ces grands troncs d’arbre s’élever vers le ciel, Victor pensait à la fin de la Communauté de l’Anneau, quand la Communauté se dissout tristement. Cet environnement lui inspirait un mélange de joie et de nostalgie. Tristan, quant à lui, pensait plutôt à la forêt interdite, et toutes les bestioles peu ragoûtantes qu’elle abritait. Il faut dire qu’il fut le premier à être visé par le macaque bleu, mais surtout menacé par un animal aussi dangereux que l’hippogriffe d’Hagrid.