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"Soumaoro Kanté, un roi visionnaire" se penche sur une question essentielle : celle de la compréhension d’une vie ancestrale à la fois proche et lointaine. Cette œuvre sui generis met en avant un griot comme personnage central, en naviguant entre réalité et fiction. Avec des illustrations qui enrichissent et donnent vie au récit, l’ouvrage entrelace le destin de Soumaoro Kanté avec celui de Soundiata Kéita pour construire un univers ancien, rempli de combats épiques, d’intrigues courtoises et de conspirations. Au-delà de son approche strictement historique, il parcourt également les légendes, croyances et mystères magiques qui caractérisent l’Empire du Manding.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Mamadou Bailo Kanté, jeune illustrateur originaire de Mahina, s’inspire de l’histoire de sa région, berceau de l’empire du Ghana, du royaume du Sosso et du royaume du Do, qui ont façonné l’empire du Mandé. Actuellement professeur de dessin à l’Institut de Formation des Maîtres (I.F.M) de Koutiala, au Mali, il fusionne illustration et écriture pour explorer notamment l’histoire de son pays.
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Seitenzahl: 65
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Mamadou Bailo Kanté
Soumaoro Kanté,
un roi visionnaire
Roman
© Lys Bleu Éditions – Mamadou Bailo Kanté
ISBN : 979-10-422-4164-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ici la lumière diffuse la couleur de ses nectars fruités, de la chair de la mangue à l’écorce d’orange ; elle s’invente légère, des feuilles du balanzan1 au Nim2. Complice de l’air qui murmure sur la peau, le temps d’autrefois.
Le griot approche de l’arbre à palabres, assis à ses pieds quelques enfants originaires de Kaniaga3, Wagadou, Mandé, Songhoï, Tekrour, Kindi, Djara, etc., l’attendent. L’un d’entre eux joue de la kora. Il s’installe près d’eux, ouvre un grand cahier aux pages colorées, et conte leur mémoire.
Je suis, moi, Mamadou Bailo Kanté, descendant de Soumaoro Kanté. Je vais vous parler des sept générations Soumaoro du Sosso.
Un proverbe moré : Tant que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours en faveur des chasseurs.
Le griot montre aux enfants la première peinture, le portrait du roi Soumaoro : Écoutez son histoire et celle de ses descendants.
Le roi Soumaoro Kanté
Farakourou4 est l’aïeul des forgerons ! Il maîtrise le feu ! Il transforme la pierre en fer grâce à son invention : le ngwassoulou5. Farakourou invente la forge (fan), il rend le fer malléable ! On dirait que le monde s’adosse à l’enclume du forgeron ! Tous les forgerons descendent de Farakourou. Le forgeron est le fils aîné de l’humanité. Il œuvre sur les matériaux de travail. Il en détient le secret. On ne pourrait rien faire sans Farakourou, tout dépend de lui : cultiver la terre, creuser une mine, construire une case, fabriquer une jarre, un puits, capturer un étalon ou une jument, voire un esclave ! Tout se réalise grâce à Farakourou. Les Forgerons sont également les maîtres des choses occultes (souba).
Soumaoro l’ancien appartient à un clan de forgerons « Maraka ».
Quatre clans cohabitent : les Sako, Sokonabona, Sylla et Fandé. De ce dernier clan sont issus les forgerons Yeresso ou Djarisso chez les Maraka. Ils deviendront les Kanté, Fané et Ballo chez les Mandenka. Fandé lui-même descend de Farakourou.
L’empire du Wagadou6 est bâti par Mama Digan Kariga et Mama Djaabé et fondé par les Soninké ou Maraka signifiant « administrateur »7, issus de l’ethnie « Kakoro » (les Fofana, les Magassa et Camara). Certains petits empires sont considérés comme des provinces : le Kaniaga8, le Mandé, le Songhoï, le Tekrour, le Kindi, le Djara. L’empire du Wagadou se démarque, car il est le premier Empire en Afrique de l’Ouest du 4e au 13e siècle. Il sera dirigé par Maghan9 Cissé. Sa capitale est Koumbi Saleh.
Cet empire aboutira à la création de celui du Ghana. Le nom Ghana vient du soninké qui signifie « héros/guerrier ». Le nom Accra (capital) vient du soninké « Okara »10.
La puissance de l’empire de Wagadou est indéniable puisque les autres, le Mandé avec sa capitale, Nianiba, celui du Songhoï dont la capitale est Gao et le Kaniaga (Sosso) sont sous sa dépendance.
En 734, les premiers Arabo-Berbères pénètrent au Ghana où les souverains soninkés sont au pouvoir. L’occupation du Maghreb par les Arabes favorise le trafic de l’or et des esclaves entre le Ghana et Sijilmassa, importante ville du Maroc.
Pendant la domination de Wagadou sur les provinces qui l’entourent, le roi Kaya Maghan Cissé nomme un gouverneur dans la province de Kaniaga, issue de l’ethnie « Fané » dont la principale activité est la forge. En effet, les Fanés sont des forgerons. Les Soumaoro détrônent les Fanés et annexent le Kaniaga qui est sous la domination du Wagadou. Le pouvoir de Kaniaga passe entre les mains des Soumaoro. Le nom du premier Soumaoro est associé à celui de sa mère. Son prénom est Golo et celui de sa mère, Soumba. Ainsi, « Soumba Golo » donnera « Soumaoro ». Le monarque marquera le début de l’ère Soumaoro jusqu’à Soumaoro Kanté.
Kaniaga sera dirigé par sept générations de Soumaoro pendant deux cent quarante-deux ans jusqu’à Soumaoro Kanté.
Le premier Soumaoro accède au pouvoir aux environs des années 993 à 1046. Il se nomme Soumaoro Yeresson ou Dièresso qui veut dire « La charité bien ordonnée commence par soi-même ». La prononciation du lapsus linguistique, Dieresso ou Yeresso se transforme en « Diarisso ». Il consacre l’essentiel de son temps au travail. Sa devise est « Quand tu gagnes, il faut être généreux pour soi et penser aux autres ». Soumaoro Diarisso règne sur le Kaniaga pendant cinquante-trois ans.
Regardez les enfants, voici Sosso Balla ! La symphonie de la kora s’inspire d’anciens effluves qui vont et viennent inlassablement. Les mots s’accordent au son dans une harmonie distillant le parfum des racines maliennes de senteurs musquées, subtilement épicées bravant même les papilles de la mémoire ancestrale.
Puis vint le règne du deuxième, Sosso Balla, Djourou Kanké de 1046 à 1084. Sosso Balla Djourou Kanké se remarquera par sa quête de savoir orientée vers la thérapie. Il l’exerce à travers la médecine traditionnelle à l’aide des plantes, des racines, des écorces. Il a un don naturel pour la connaissance de cette médecine et la confection des fétiches. En outre, il possède des pouvoirs magiques extraordinaires. Par exemple, il perce sa joue avec les piquants du porc-épic (balla en Malinké) pour les sortir de l’autre côté de la joue. Il suspend ses gris-gris et ses fétiches aux deux extrémités des piquants. Il ne saigne pas, il ne ressent aucune douleur. Magie ! De plus Sosso Balla Djourou Kanké est intrépide et impavide. Son nom restera gravé dans l’esprit de ses descendants. Soumaoro Kanté honorera sa mémoire en baptisant son fils aîné de son nom « Sosso Balla ».
Djourou Kanké cédera le trône à son fils Soumaoro Guinguin.
Le troisième Soumaoro, à l’instar de son père, se passionne pour la magie. Sa curiosité le conduit encore plus loin. Soumaoro Guinguin pratique la magie noire voire la sorcellerie. Pour le monarque, ces pratiques s’exercent en plein jour avec pour objectif de faire le bien et non le mal. Quant à la sorcellerie, elle est un bouclier servant à protéger les gens contre le mal. Il encadre son savoir de règles et de codes dans un profond souci de servir le bien. Soumaoro Guingui restera cinquante et un an au pouvoir de 1084 à 1135. Après sa mort, son fils Mandjara Bomba Soumaoro, lui succède.
Le quatrième Soumaoro