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Pour quelles raisons Don Quichotte a-t-il été réincarné et quel est son objectif dans cette nouvelle vie ? On lui a proposé de suivre son instinct, alors il décide d’explorer différents temps et lieux. Il se retrouve finalement au XXIe siècle, en Afrique. Son intention est de vérifier si les récits qui l’ont tant fait rêver dans les livres étaient véridiques et si les habitants de ces contrées lointaines étaient effectivement des « féroces sauvages ». Cependant, il va faire une découverte surprenante en explorant la civilisation extraordinaire du Pays Dogon.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Mamadou Bailo Kanté, un artiste plasticien prometteur, utilise des techniques raffinées pour illustrer le présent ouvrage et transmettre son savoir à la nouvelle génération de dessinateurs.
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Seitenzahl: 120
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Michèle Drin-Weil
&
Mamadou Bailo Kanté
Don Quichotte au Mali
Découverte du pays Dogon
Roman
© Lys Bleu Éditions – Michèle Drin-Weil & Mamadou Bailo Kanté
ISBN :979-10-422-0022-0
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D'après une idée originale de Mamadou Bailo Kanté
À la fin de sa vie, Don Quichotte avait retrouvé la raison. Il était redevenu Alonso Quijano. Mais le jour de sa mort, alors que le corps inerte d’Alonso Quijano gisait sereinement allongé sur son lit, l’âme de Don Quichotte s’est dégagée de son corps, elle trouve bizarre de flotter ainsi au-dessus du lit et de voir son corps inerte. Elle se demande ce qu’elle fait là. Pourquoi n’est-elle pas partie pour le Paradis, le Purgatoire ou l’Enfer ? Qu’est-ce qu’elle fait encore là ? Elle s’inquiète un peu. Brusquement, Alonso a l’impression qu’une multitude de voix se bousculent dans sa tête, mais dans ce brouhaha, progressivement, l’une d’entre elles domine et bientôt, Alonso n’entend plus qu’elle :
— Alonso ! Alonso ! Toute ta vie, tu as rêvé d’être un vaillant chevalier, toute ta vie tu as voulu rendre justice, protéger les plus faibles et risquer ta vie en te battant contre des géants. Malgré toutes tes lectures, tu t’es souvent trompé, tu as presque toujours provoqué des catastrophes alors que tu espérais arranger les situations difficiles. Alors tu vas rester sur terre et voyager dans le temps et dans l’espace pour apprendre à étudier intelligemment les situations.
— Mais que dois-je faire ? Je ne sais pas vivre sans corps !
— Fais-en le moins possible ! Observe ce qui se passe, pose des questions aux personnes que tu vas rencontrer. Rappelle-toi les épisodes de ta vie et souviens-toi des conséquences presque toujours catastrophiques de tes actes. Tu es là pour comprendre ce que tu n’avais pas compris durant ta vie, et en ce qui concerne ton corps, tu le récupéreras dans quelque temps. Reprends ton nom de chevalier Don Quichotte de la Mancha, il te va bien, et pour la suite laisse-toi guider par les évènements.
— Mais Sancho pourra-t-il m’accompagner ?
— Il faut attendre qu’il soit mort, alors, tu pourras lui demander s’il veut te suivre, il est libre d’accepter ou de refuser.
— Bien, j’attendrai !
Don Quichotte surveille attentivement la fin de vie de Sancho pour proposer à son âme de retarder, elle aussi, sa montée au paradis éternel.
L’âme de Don Quichotte se concentre sur cette attente, elle ne lâche pas Sancho, jour et nuit, elle guette, elle est au-dessus de lui, derrière lui, à côté de lui, partout…
Enfin, Sancho rend son dernier souffle, à la seconde même, l’âme de l’hidalgo lui fait sa proposition :
— Et si on allait faire un petit tour pour visiter quelques-uns des pays que nous ne connaissons pas ? On aura l’éternité pour se reposer après !
— Je n’accepte qu’à une condition : vous ne me ferez plus aucune de vos méchantes farces, et j’aurais chaque jour à manger tout mon saoul !
— Ce sont deux conditions ! Et les âmes ne mangent pas !
— Oui, mais mon âme se réjouit quand elle voit de beaux plats bien garnis… Et qui sait, si nous récupérions nos corps, histoire de se faire plaisir et de pouvoir encore profiter des bonnes choses de la vie…
— C’est promis, plus de farces, sauf dans des volailles rôties, d’autant que d’après ce que l’on m’a dit nous allons récupérer des corps.
L’âme de Don Quichotte étreint l’âme de son fidèle Sancho et lui explique que, depuis qu’il n’habite plus son corps, il peut se déplacer dans le temps et dans l’espace à volonté et à une vitesse qu’il n’aurait jamais pu imaginer auparavant. Il propose à Sancho de l’expérimenter.
Rapidement, ils font un petit saut dans le temps, ils se demandent quelle période et quels pays ils vont choisir pour découvrir comment le monde a évolué. En voyant défiler les années, les pays, ils s’aperçoivent que tout change constamment, à une vitesse folle… Les villes, les campagnes, on ne reconnaît plus rien !
— Regarde ça, Sancho ! L’homme transforme la terre, on voit des constructions partout et partout des tours hautes, hautes de plus en plus hautes, bien plus hautes que la tour de Babel. En voilà bien des géants ! Et ceux-là, impossible de les attaquer, ils sont bien trop grands. Et Dieu, que fait-il de toutes ces tours ? Elles doivent bien le chatouiller un peu ? Et les routes ! Elles sont recouvertes d’une sorte de tapis imperméable, quand il pleut l’eau ne pénètre plus dans la terre, elle ruisselle et ça fait plein d’inondations partout ! Et bien plus grave, la terre ne respire plus du tout !
— C’est bien vrai Monseigneur ! Il n’y a plus de carrosses avec de beaux chevaux, mais des boîtes en fer de toutes les tailles dans lesquelles des manants habillés comme des gueux s’entassent. Où sont les beaux habits brodés de pierreries ? Les dentelles ? Les belles bottes cavalières en cuir fin ? Et les chevaux ? Il n’y a plus de chevaux sur les routes, plus d’ânes ! À ce propos, il nous faut récupérer nos montures, je ne me sens pas complètement entier sans mon Grison et vous Monseigneur, Rossinante ne vous manque-t-elle pas ?
— Mais si ! Bien sûr qu’elle me manque ! Mais les femmes ! As-tu vu les femmes ? Elles sont habillées plus pauvrement que les mendiantes qui tendaient la main pour avoir quelque argent à la sortie de la messe le dimanche. Elles portent des pantalons, comme les hommes elles sont tellement pauvres que beaucoup d’entre elles ont des trous à leurs pantalons, elles n’ont presque rien sur le corps, pas de corset ni de bustier, et souvent des vêtements trop petits qui laissent voir leur ventre, quelle horreur ! Et l’Église ne dit rien ? Elle en a brûlé pour moins que ça à notre époque !
— Vous avez bien raison Monseigneur ! Des femmes habillées en homme ! et montrant leur ventre à tous ! On n’a jamais vu ça ! Et les chapeaux ? Plus personne ne porte nos magnifiques chapeaux à plumes qui permettaient de saluer avec grâce pour dire le bonjour aux uns et aux autres !
— Plus de chapeaux, plus de chevaux plus d’ânes, plus de beaux vêtements ! Quelle pauvreté ! Qu’est devenue notre belle Espagne ? Je ne peux plus voir ça partons plus loin, traversons la mer, allons voir chez les Barbaresques en Afrique peut-être nous aideront-ils à comprendre ce qui se passe dans notre pays.
— Heureusement, Rossinante et Grison nos vieux compagnons sont là, ils nous ont attendus !
— C’est curieux, tout comme nous, leurs âmes nous ont suivis. Notre bon curé ne nous a jamais dit que les animaux avaient une âme, eux aussi.
— Bien sûr, il ne savait pas tout, c’est qu’il n’avait jamais été mort.
Ils sont près d’une statue récente, statue de l’Ours et de l’Arbousier. Don Quichotte, toujours aussi curieux, ne peut résister et se demande : que vient faire cette statue d’ours géant grignotant un arbre au beau milieu de la ville ? Sur le socle, il est indiqué qu’elle est l’œuvre d’un certain Antonio Navarro Santafé. Il réfléchit un petit moment et tout à coup il réalise : c’est vrai, en 1222, sous Alphonse VII, l’ours était déjà sur l’écusson de Madrid en symbole de la reconquête de la Castille.
Soudain, un vrombissement violent se fait entendre, Don Quichotte se bouche les oreilles de ses deux mains. Sancho, moins sensible, cherche à l’entour ce qui peut provoquer un tel vacarme, ne trouvant rien, il lève les yeux au ciel et là, sidéré, il découvre un engin volant :
— Mon Seigneur ! Mon Seigneur ! Regardez vers le ciel ! Des engins volants ! Croyez-vous que Dieu soit à ce point fâché contre les hommes et leurs inventions sataniques qu’il envoie ses anges descendre pour les punir ?
— Mais non ! Voyons ! Ce n’est pas possible ! Quand on entend et que l’on voit ces engins, on pense plus à des machines diaboliques qu’à des armes angéliques. Il faut se renseigner.
— Mais vous ne pouvez pas vous adresser à ces manants, Mon Seigneur, je vais m’en occuper.
— Tu es sûr qu’ils nous voient et qu’ils vont t’entendre ? Moi, je n’en suis pas sûr, regarde, ils vont et viennent sans s’occuper de nous, et pourtant, nous sommes bien différents d’eux : je suis à cheval, tu es à dos d’âne, et eux sont à pied ou dans leurs boîtes en fer qui roulent toutes seules…
Sancho, par politesse, descend de son âne, ôte son chapeau et s’adresse à un jeune couple :
— Pardon de vous déranger gente Dame et noble Seigneur, mais mon Maître et moi-même sommes étrangers et nous aimerions avoir quelques explications… Mais que faites-vous ? Ne partez pas… Répondez-moi…
Sancho se tourne vers Don Quichotte l’air interrogatif et désespéré. Don Quichotte hausse les épaules, on sent chez lui une certaine lassitude ; mais tout à coup, on entend à nouveau le même vrombissement violent, les deux hommes lèvent la tête, juste au moment où à côté d’eux, un petit garçon demande à son père :
— Dis papa, il va où l’avion ?
— Il va en Afrique mon petit !
— Oui mais où en Afrique ? C’est grand l’Afrique ! Il y a plein de pays en Afrique.
— Je ne peux pas savoir comme ça, il vole bien trop haut, je ne peux même pas lire le nom de la compagnie !
— Mais il est très gros, combien de passagers peut-il contenir ?
— Je ne sais pas, mon chéri, mais il en contient beaucoup. Sancho et Don Quichotte se regardent, ils sont complètement abasourdis par ce qu’ils viennent de comprendre : on appelle ces gros engins des avions, et ils servent à transporter les voyageurs dans le monde entier. Les deux hommes ne peuvent pas imaginer comment c’est possible. Comment peut-on soulever et faire voler ces gros engins remplis de passagers ? Les hommes réussissent à voler ! Ils en rêvent depuis la nuit des temps, et ils ont réussi ! Don Quichotte n’a qu’une hâte : monter dans un de ces avions et voler dans le ciel, avec les oiseaux, avec les nuages…
Pour Sancho, pas question ! On ne le fera jamais monter dans ces engins du diable ! Ces tas de ferraille qui hurlent à vous casser les oreilles ! Pas question de monter dedans, ses pieds ont besoin de savoir qu’ils peuvent toujours se poser sur la terre ferme.
La décision est prise, Don Quichotte va monter dans un avion en partance pour l’Afrique. Il y en a plusieurs et il choisit celui qui part pour le Mali. Pourquoi celui-là ? Parce que dans la file d’attente, il a vu un petit groupe de cinq hommes qui fredonnent de très beaux chants tels que Don Quichotte n’en a jamais entendu, et ils transportent des instruments bizarres tels que Don Quichotte n’en a jamais vu.
Dans l’aéroport, Don Quichotte est très étonné : il voit, en partance pour l’Afrique, une majorité d’hommes et de femmes à la peau noire, jamais il n’avait vu ça. Certains ont de très belles tenues : les hommes portent de longues robes souvent blanches et les femmes sont magnifiques, elles ont des robes aux couleurs chatoyantes et sur la tête elles portent un chapeau souvent fait dans le même tissu que la robe, plié d’une manière artistique et surtout : on remarque chez ces femmes, leur grâce et leur élégance. Quand elles se déplacent, on croirait voir marcher des reines.
Don Quichotte a suivi les chanteurs, il est très intrigué par les colis qu’ils transportent et gardent précieusement auprès d’eux ? Il présume que ce sont des instruments de musique mais il ne réussit pas à les identifier, leurs formes ne ressemblent à aucun des instruments qu’il connaît. Il voudrait leur poser des questions, mais ils ne l’entendent pas. Il réfléchit :
— N’y a-t-il pas un moyen de communiquer ? Sancho et moi nous n’émettons pas de sons quand nous communiquons… Je vais essayer de poser une question en m’adressant à un des musiciens peut-être entendra-t-il ma pensée.
Don Quichotte se place en face de celui qui porte le plus gros instrument, il se concentre sur le front de l’homme pour lui demander :
— Enlève la protection de ton instrument et nomme-le en demandant aux autres de faire comme toi ;
Le musicien secoue la tête, il sourit, enlève la housse protectrice de son instrument et s’exclame :
— La Kora est déshabillée, prête à jouer ! À vous les gars ! Et il commence à pincer les cordes de son instrument égrenant une douce mélodie.
— Le Bourou (la flûte) en position ! reprend le deuxième qui se met à jouer des variations de la même mélodie.
— Le Tamani (tambour) arrive ! prévient le troisième qui a bien du mal, à ôter la protection de son instrument.
— Allez, le Djembé va structurer le rythme de vos divagations musicales.
— N’oubliez pas les notes cristallines de mon Balani (Balafon.)
Tous les voyageurs applaudissent, demandant aux musiciens de jouer, pour leur plus grand plaisir.