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"Sport extrême et effondrement" est un essai qui retrace le parcours athlétique de l’auteur. Issu d’une famille paysanne des années 80, où l’audace et le courage des agriculteurs étaient la norme, il s’est naturellement tourné vers la dangerosité des sports de glisse. À travers ses lettres, embarquez pour un voyage extraordinaire et découvrez le sport comme vous ne l’avez jamais vu.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Vincent Boucard consacre toujours du temps à ses passions pour les sports de glisse, que ce soit le ski, le roller, le skate ou le surf. Son dernier ouvrage capture la relation unique entre l’extrême et notre futur sociétal, offrant une littérature contrastée entre arguments globaux, paramètres à mesurer et la pertinence légitime de son parcours professionnel.
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Seitenzahl: 144
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Vincent Boucard
Sports extrêmes
et effondrement
Essai
© Lys Bleu Éditions – Vincent Boucard
ISBN : 979-10-422-3846-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
– Une glisse libre, poésie, Le Lys Bleu Éditions, 2020 ;
– Ça part en free-ride, roman, Le Lys Bleu Éditions, 2021 ;
– Roller & skate buissonniers, récit, Le Lys Bleu Éditions, 2023.
Loin de moi l’idée de vous pondre un livre essayiste, basé sur moult phrases illisibles et incompréhensibles nécessitant une double ou triple lecture afin d’en saisir le sens. L’envie de prendre du fun est là, tout en écrivant ce pamphlet qui me semble pertinent en 2024. Pourquoi écrire un tel ouvrage, le rôle des sports extrêmes dans l’effondrement à venir ? Et bien parce que l’on m’avait catégorisé, et cela bien malgré moi, dans ces mêmes sports extrêmes, aux grandes heures de ma planche de freebord, de mon roller ou encore même des sessions de ski ou de surf dans les espaces engagés. Puis la deuxième raison du renvoi à mes origines, des racines paysannes, nourries de bon sens, de météo clémente, et de force au travail. C’est cette réunion de deux points spécifiques de mon identité et de mon parcours qui se matérialisera ici, au fil des pages de ce livre naissant entre vos mains. Car vraisemblablement, l’attitude dite « extrême » de défi, d’inconscience, de tête brûlée, d’audace et de courage, serait d’après votre humble serviteur, étroitement liée à notre situation actuelle en particulier concernant le réchauffement climatique, ou d’autres aspects d’un collapse.
Naïvement, je vais esquisser une succession de plusieurs concepts. Poser des questions que personne ne pose, échafauder des hypothèses, apporter des éléments de réponses, aussi simples soient-elles. Dans la profusion de spécialistes dont on nous abreuve de théories, je revendique ici une simplicité modeste, au regard de cette disproportion mondialisée qui nous étrangle. Quitte à faire usage d’humour, après tout on peut ne pas se prendre au sérieux, même pour aborder des aspects critiques de notre futur. En d’autres termes, je ne vais pas m’effondrer parce que j’aborde l’effondrement. C’est bancal et c’est tant mieux. Je reste humain, enfin j’essaye. Certains crieront à l’absurde ou au grotesque en lisant ces lignes, je répondrais qu’il faut nécessairement être à la marge littéraire, sinon, cantonné dans le politiquement correct, rien n’est proposé, donc l’ouvrage s’inscrit alors dans l’inutilité rédactionnelle.
Entre troisième mi-temps et brèves de comptoir, analyses intimes et décryptage personnel, ressentis, interprétations, des indices et l’intuition, du feeling sociologique, l’anthropologie low cost du sport, grâce aux répétitions des données scientifiques assenées par les pontes du genre, j’espère livrer ici quelques éléments de réflexions sur notre rapport à la sueur, aux cris de ferveur, au frisson de la satisfaction atteinte, à la ringardise d’avoir essayé et échoué, en bref d’avoir été humain. En résumé, une vision de la vie. Et cette quête d’adrénaline ? Ces 1000 efforts engagés vers des exploits inutiles ? Comme on le dit souvent, l’erreur est humaine. Mais là, je repense à cette citation populaire américaine au sujet de la finale du Superbowl, « 200 000 couillons ne peuvent pas se tromper ». Pourquoi pas ? Et si seuls les 22 joueurs, pour le foot, avaient raison, le sport spectacle nous illusionnerait-il ? Vraisemblablement, ces questions posées au-delà de l’image interrogent, et nous allons comprendre ensemble au fil de cette étude, pourquoi cet impact extrême nous déshumaniserait-il petit à petit, nous coupant peut-être de la planète à petit feu, ce qui représente bien sûr un danger, mais aussi peut être une chance dans la manière de voir le futur, face à des enjeux toujours plus prégnants. Toutefois, tout n’est pas d’une noirceur mortifère, et comme le disait l’Amiral Olivier de Kersauson, « il ne faut pas être trop déçu par notre monde, car nous n’avons que celui-là ! »
Alors mesdames messieurs, amis lecteurs, vous vous demanderez certainement qui suis-je pour me permettre de telles digressions, qui est donc ce Vincent Boucard surgit de nulle part, amené inéluctablement à retourner vers ce point de départ inconnu ? Oui, une présentation pourrait s’imposer brièvement, sans toutefois verser dans la biographie complète d’un parcours atypique. Doté inexorablement d’expérience, par le cheminement temporel de 49 printemps non révolus à l’heure où j’écris ces lignes, aborder mes trajectoires structurant cette expérience vous aidera à comprendre un peu mieux ce projet ambitieux que vous avez entre les mains : « le rôle des sports extrêmes dans l’effondrement ».
Contextuellement, je pense être positionné générationnellement sur une forme d’idéal. Par optimisme, et donc acquis à une éducation universitaire. Je m’explique, né dans une ferme, la vie s’est ouverte cette année de 1975 dans un bouillonnement de croissance et d’innovation prodigieuse. Dès lors que le club de Rome concluait aux limites planétaires, les prémices de l’informatique, le Concorde, entre tant d’autres territoires vierges de progrès radicaux, allaient bousculer le monde au fur et à mesure que je grandissais. Évidemment à l’époque, impossible de tirer un quelconque trait sur les extraordinaires potentialités de la croissance. Dès l’âge de 7 à 8 ans, je commençais à conduire les tracteurs de mon paternel sur les prairies d’une ferme structurée par mon grand-père et ses 5 enfants. Résultante directe du plan Marshal et de la reconstruction après-guerre, car mon village fût rasé en 1940 par la Wehrmacht.
Alors que la NASA prenait l’habitude d’aller et venir dans l’orbite terrestre avec ses navettes, je découvrais la conduite d’engins agricoles encore de taille humaine, des Vierzon 201 pour les spécialistes. C’est avec cette liberté totale limitée uniquement par mes propres moyens, marche à pied, vélo… Que mon frère, mes amis et moi-même explorions la commune, ces champs investis à la vache montbéliarde et à l’autoconsommation de céréales pluriculturelles. Les cabanes en forêt, les moments d’escalades sauvages inavoués aux parents, les territoires vierges des réserves de chasses ne nous faisaient pas peur comme nous gambadions inspirés aux sonorités musicales du capitaine Flam ou du top 50. Une enfance bénie de réelle liberté, sous la coupe bienveillante de nos parents et des habitants d’un village d’à peu près 140 âmes, dont nous étions les enfants choyés, heureux.
Filant vers un destin hérité du modèle patriarcal, ma logique d’installation en tant qu’exploitant ne posait aucune question. L’évidence pour la famille, les amis, et le reste du monde. Quand le mur de Berlin tombe, ou que la chute de Chaochesku en Roumanie interrompait une émission sur Coluche que nous regardions en famille sur la télévision publique hertzienne, je vivais mes premiers événements politiques en live. La révolution était télévisée, tandis que je prenais le chemin des études après un parcours collégien plutôt standard.
Direction le lycée agricole, et là deux tendances opposées : La nécessité de comprendre le monde futur dans une éducation scientifique agronomique et technique du Bac D’ de l’époque. Encore une fois, il s’agissait d’un pack idéal, composé de toutes les matières cardinales pour structurer une pensée indépendante, exhaustive, construite et autonome. Mathématiques poussées, physique et chimie, biologie complète, sport, français, philosophie, économie, langues étrangères, sciences agronomiques… En bref une polyvalence culturelle optimale avec des connaissances générales exceptionnelles dans le profil de l’éducation nationale de l’époque. Mais le revers de la médaille, c’était aussi une camaraderie franche, lourde, omniprésente dans la festivité, concrètement solidaire de beuveries incroyables où nous testions tous un jour ou l’autre notre étanchéité à l’alcool ou notre degré de décontraction au cannabis, sans toutefois pousser le vice aux addictions dures, et cela fort heureusement de raison gardée. Une tête bien faite comprenant le monde, mais aussi la gueule de bois d’une insouciance pathologique d’expérimentation personnelle.
Slalomant entre les conseils de discipline et les renvois pour abus divers de quelques camarades, j’obtiens mon diplôme et vogue vers une spécialisation en BTS. Pourquoi choisir l’industrie laitière ? Excellente question, je crois que le lait de la ferme coulant dans mes veines cela s’apparentait comme une cohérence logique, mais aussi parce que l’école proposant le brevet de technicien supérieur affichait sur sa plaquette du parapente, du ski, de l’escalade et toute la mode du fun fluo des amateurs de ce que l’on commençait à comprendre comme des sports « extrêmes ». Nous sommes en 1994, et j’atterris dans les Alpes, découvre Chamonix, perçois le choc tellurique du Mont-Blanc et tombe également amoureux. Même chose, en plus précis, la vie d’entreprise agroalimentaire se structure presque malgré moi, toujours entrecoupée de fêtes inavouables noyées d’alcool enfumées de marijuana, avec à l’époque une camaraderie splendide d’échange entre catho et arabe, juif et agnostique, bouddhiste ou même encore taoïste. L’influence de la Suisse voisine et des heures « New age » de La Planète Bleue d’Yves Blanc, naissante sur les ondes de la radiotélévision Suisse, prolonge une gueule de bois n’entamant aucunement la moyenne des notes de mon contrôle continu. J’obtiens mon BTS avec en plus, la tenue de deux concerts ou votre serviteur hyperactif, dépassant le cadre autistique de ma personnalité, livre ses armes de guitariste du dimanche à un public ivre et bourré, acquis à la bamboule, comme d’habitude, teufeurs.
Direction les choses sérieuses, avec en 1996 le choix de poursuivre l’apprentissage des connaissances avec un choix terrible pour mon père, le management qualité. Oui, j’investis Vichy et sa Chambre de Commerce, moi, fils de paysan modeste, pour comprendre et acquérir les méthodologies normatives d’un monde adoubant une mondialisation qui ne se dénigre pas encore. Ce fut encore un choc, tant le transversalisme de la fonction qualité, sa vision globale ou hyper précise, et même la définition de la même qualité me fascine clairement. Avec l’ISO, internationale standard organisation, je décuple une compréhension de nos modes de consommation, et avant tout, de nos modes de production, cela dans absolument tous les domaines, de la vie professionnelle. Décision judicieuse pour réaliser l’arrivée d’Internet avec l’université de San Francisco, un scoop pour moi à l’époque, une révélation de promesses faites d’échanges, de voyages et d’épanouissement. En dilettante, mes rencontres musicales continuent de flirter avec les beaux-arts, clubbeur, j’ouvre mon style aux musiques du monde toujours dans un métissage cosmopolite avec l’innocence préservée de mes plus jeunes années, et parfois une naïveté qui me joua des tours jusqu’à ce que je continue d’achever mon éloignement agricole par un dernier temps fort : mes obligations militaires !
En 1997, après l’obtention encore une fois de ma licence d’animateur qualité, in extremis, entre les conflits sociaux, les sessions de ski et l’envie furieuse de trouver des rollers, je juge inutile d’incorporer les kakis, l’armée traditionnelle pour moi n’étant plus pertinente, tant le terrain de la rue se voudrait une réminiscence lascive d’un mai 1968 étrange. C’est là où il faut être, d’après moi. La guerre comme nos parents l’entendaient reste un souvenir affreux dont personne, ne veut plus avoir affaire. J’opte donc pour la Police, en tant qu’auxiliaire de voie publique à la Préfecture de Paris. Je ne sais pas pourquoi cette orientation demeure inscrite dans la veine des joyeux et opulents apéritifs se terminant ; à l’aube. Toutefois, je fus habilité au port d’arme, équipé d’un 7,65 mm Manufrance fabriquée à St Etienne, 10 balles dans le chargeur. Uniforme, administration publique, procédures, hiérarchie, et légère contradiction cette fois avec mon penchant pour l’herbe qui décontracte. Un cheval de Troie qui ne libère jamais le combat, quoi de plus normal ? Oscillant avec les clichés du film « Les ripoux » avec Noiret et Lhermitte, et l’invraisemblable effervescence d’un Paris gagnant une première coupe du monde ou organisant également sa première techno-parade, je suis équipé à l’époque d’un pageur, m’avertissant en nomade des appels en affichant le numéro de l’interlocuteur à recontacter. Mes potes sont à HEC, polytechnique ou la Sorbonne, mes amours volages deviennent Allemande, Américaine ou Italienne, et l’état me procure un certain nombre d’avantages, notamment une solde mensuelle d’argent de poche, ainsi qu’un confort « nourri, logé, blanchi » en plein 5e arrondissement de Paris. Une vie luxueuse ? Je monte aussi la garde pour les ors de la République, rencontrant en bon planton qui se respecte, moi avec la gueule de bois, eux avec l’ego démesuré, les personnalités politiques de l’époque avec leurs signes de sympathie plus ou moins marqués. Tout comme mes galons verts pacifient la rue et l’espace public grâce à une indulgence complice vis-à-vis du plus récurent délit parisien, le flagrant délit festif d’abus toléré, tant qu’il reste heureux, souriant. Le fascicule Lylo, « les yeux, les oreilles », disponibles dans tous les bars, proposent toutes les soirées de Panam chaque mois, et naturellement j’écume les clubs et cafés concerts avec à la fin de mon service (militaire il faut le rappeler) une grande scène parisienne, la Flèche d’Or, en tant que guitariste soliste de Shamanik au chant, duo de six-cordistes œuvrant reggae blues, à mi-chemin entre Tryo et Saint-Germain.
Toutefois, rentrant dans ma campagne natale en septembre 1998, après ce compagnonnage mixant l’université parfaitement structurée, une grande java interminable, un apprentissage musical échouant au conservatoire de guitare et d’innombrables rencontres humainement toutes plus riches les unes que les autres, tant ouvertes socialement à de multiples classes, je ne suis pas tout à fait paré au monde du travail, vous comprendrez aisément pourquoi après un tel dilettantisme.
Je reprendrais plus tard, au fil de cet ouvrage, les tenants et aboutissants de mon parcours individuel, encore une fois par tranche de 25 ans. En arrondissant un peu, les 25 premières années de ma vie étant résumées ci-dessus, plus tard avec le cap de la vie professionnelle, 25 nouvelles années seront narrées dans ce livre. Toujours pour comprendre, étayer ou justifier les éléments de réflexion versés ici à dessein de ce qu’Aurélien Barrau, encore lui, nomme sans équivoque pompeuse « le plus grand défi de l’humanité ».
Aller au-delà de ses limites, repousser l’entendement, s’affranchir de la norme, c’est une définition des sports extrêmes. Ces termes annoncent la couleur : un sport extrême est une activité sportive particulièrement dangereuse pouvant exposer à des blessures graves ou à la mort en cas d’erreur dans son exécution. Il peut se pratiquer en milieu aquatique, dans le ciel ou sur terre et implique souvent vitesse, hauteur, engagement physique, ainsi qu’un matériel spécifique. Mais on n’a rien inventé. Dans le passé, les grands navigateurs, les alpinistes, les précurseurs de l’aéronautique, les premiers pilotes automobiles, pratiquaient déjà les sports soient disant extrêmes, tant les prises de risques liées au développement techniques conduisaient à un très grand nombre de disparitions prématurées. Or, il faut bien le reconnaître également, l’engouement et la fascination des jeunes générations pour ces attitudes intrépides et spectaculaires pourraient galvauder et éroder la notion d’extrême dans une diffusion populaire de nos pratiques. De multiples disciplines fantasques étant qualifiées parfois du terme, aucun ne saurait les qualifier d’une autre manière tant elles interpellent. Je veux dire ici que certains trialistes à vélo, l’élite des catcheurs américains, des traileurs ultras longue distance, pour ne citer que ces 3 exemples, vont aussi nourrirent ce fourre-tout curieux dénommé du mot « extrême ».
Presque tout le monde veut faire du sport au 21e siècle… Et cet état de fait est déjà un point extrême… Dans la Grèce antique, déjà, les sportifs, les athlètes, cultivaient la beauté de musculatures emblématiques parvenues jusqu’à nous, figées dans le marbre… Alors d’emblée je voudrais élargir le débat en admettant toutes les pratiques sportives, et non seulement les plus extrêmes, face au débat climatique ou comportemental. Car d’une part, ce débat météorologique concernera toutes les pratiques sportives, indéniablement, et d’autre part, une société occidentale où l’on développe personnellement son sport avec une telle intensité en termes de pourcentage de la population est aussi extrême. Le sport peut-il être la seule raison de vivre, l’ensemble des travaux vitaux laissés aux machines et l’intelligence artificielle ? Jamais dans l’histoire de la croissance et du PIB, les gens ont pratiqué autant de sport. Et j’écris bien le terme Croissance, parce que c’est grâce à ces gains de productivité, de rendement, de rentabilité, que nous pouvons jouir de cette illusion du sport épanoui, amateurs ou pro, sur une planète transformée en supermarché, comme le dit Aurélien Barrau.