Un cadavre dans le pétrin - Jean Laurent - E-Book

Un cadavre dans le pétrin E-Book

Jean Laurent

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  • Herausgeber: Publishroom
  • Kategorie: Krimi
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2016
Beschreibung

La recherche de la vérité peut amener à des révélations surprenantes...

Jean (Nono) mène une vie de lycéen chez ses parents. Il souhaite devenir ingénieur. Il refait le monde avec son ami Paul qui habite le même immeuble. Un jour, achetant son pain, il bavarde plus longuement avec Rose, la fille de la boulangère. Débute alors avec elle une relation amoureuse. Alors qu'ils filent un grand amour, Rose disparaît mystérieusement. Rapidement l’enquête se met en place, mais des faits surprenants la font basculer. Anéanti par cette disparition, et perturbé par la tournure prise par l'investigation, Nono fera tout pour découvrir l'effroyable vérité.

Découvrez sans tarder ce polar haletant aux nombreux rebondissements !

EXTRAIT

Quand j’arrivai à la maison, tout le monde était couché et, le lendemain, le réveil me tira du lit très tôt, en même temps que mon père qui partait au travail. Ma mère et ma sœur dormaient encore quand je partis en cours. Le soir en rentrant, malgré mon envie de passer à la boulangerie, je rentrai directement à la maison. Pendant que je prenais mon goûter dans la cuisine, ma mère me dit, d’un air attristé : « Tu n’es évidemment pas au courant de ce qui est arrivé à Rose, la fille de la boulangère de la place de la Paix !
– Non ! Quoi ?
– Elle a disparu.
Je faillis m’étouffer en avalant ma tartine !
– Quoi ? Qu’est-ce que tu me dis là ?
– Oui, elle n’est pas rentrée chez elle depuis vendredi soir.
– Vendredi soir ? Mais comment tu sais ça, maman ?
Cette nouvelle était comme un coup de massue. J’étais abasourdi. Je croyais devenir fou. J’avais envie de hurler, mon cœur s’était mis à battre deux fois plus vite, j’avais du mal à respirer tant j’étais oppressé.
– Je l’ai su ce matin en allant au pain. La boulangère est tellement affolée qu’elle le dit à tous les clients. La police a été informée dès samedi.
– Mais maman, j’étais avec elle vendredi soir…
– Ah, c’était toi ? C’est ce que la boulangère disait : “Elle est sortie vendredi soir peu avant huit heures avec un ami faire un tour, comme elle faisait souvent le soir, mais elle rentrait toujours à peu près à la même heure, vers neuf ou dix heures, même si André râlait, car elle revenait alors évidemment toujours après le dîner.”
– Maman, hurlai-je, je te dis que j’étais avec elle vendredi soir, je l’ai quittée quand elle repartait chez elle, tandis que je remontais ici. Je dois aller voir tout de suite la boulangère. Je veux avoir plus d’informations, tu te rends compte de ce qui arrive ? »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean Laurent est né le 22 juillet 1933 à Saint Germain-en-Laye. Ingénieur de formation, il effectua sa carrière dans la recherche pétrolière, la géothermie et la recherche de l'eau par puits et forages où il terminera comme P.D.G. Il fut aussi élu conseiller municipal d'opposition dans sa ville natale de 1989 à 2008. Il a publié entre autres son autobiographie à la demande d'un de ses petits-fils, sous le titre : Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.

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Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Sillage.

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« Nono, me dit ma mère, nous avons la famille Léro à dîner ce soir et j’ai oublié d’acheter le pain. Tu veux bien y aller avant que ça ferme ? Va à la boulangerie de la place de la Paix. Tu n’en as pas pour longtemps !

–Tu les as invités ce soir mais moi j’ai une compo de maths demain !

–Tu pourras t’éclipser dans ta chambre après le dessert, M. et Mme Léro comprendront bien.

–Ils viennent avec leurs enfants ?

–Avec Paul et Josiane, sans doute.

–Alors, c’est sûr, on va discuter toute la soirée et je ne serai pas prêt pour demain. Bon, je cours au pain. Combien j’en prends ?

–Prends trois baguettes. Merci mon Nono ! »

La famille Léro habitait notre immeuble. Nous au premier étage, eux au quatrième.

M. et Mme Léro étaient Martiniquais. J’aimais souvent monter chez eux pour discuter d’une chose ou d’une autre sur l’actualité. Mais ce que j’aimais le plus c’était parler avec M. Léro sur l’esclavage des Africains. Il m’avait appris que l’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme précisait : « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude. L’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. » Je ne comprenais pas que l’on n’en parle, ni à l’école primaire, ni au collège, ni en famille, ni dans les journaux. Le sujet était gommé de toutes les conversations, comme si la chose n’avait jamais existé. Elle était pourtant révoltante. J’étais scandalisé d’apprendre que pendant plusieurs centaines d’années, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants avaient perdu leur liberté, arrachés à leur sol natal africain, déportés par bateaux entiers, enchaînés pour un voyage sans retour sur les océans atlantique ou indien pour travailler dans des conditions inhumaines et enrichir des hommes sans scrupules. Il m’avait fait connaître des écrivains noirs américains comme Richard Wright, ce romancier qui avait osé exprimer ce qui ne devait jamais être révélé au grand jour : la révolte des noirs américains. J’avais dévoré Un enfant du pays et Black boy, ou Les enfants de l’oncle Tom et bien d’autres écrivains comme Alan Platon avec : Pleure ô pays bien-aimé ou Quand l’oiseau disparut. Il y avait aussi des écrivains martiniquais comme Gilbert Gratiant qui avait écrit Cris d’un jeune ou Credo des Sang-mêlé, je veux chanter la France à la mémoire de son père Gabriel Graciant-Labadie : Enfant bouclé de jais, gracile en sa peau brune… ou encore en langage créole : Fab’compè Zicaque que M. Léro connaissait par cœur et dont les textes me faisaient rire.

Pourtant, loin d’être le peuple sans voix qu’on voulait ignorer, les esclaves avaient laissé derrière eux de nombreux témoignages dans lesquels ils restituaient en détail le quotidien atroce des plantations. Dans leurs livres, tous racontaient la peur du fouet, la séparation des familles au moment de la vente des esclaves et en cas de tentatives de fuite, la pendaison par les mains, le goudron enflammé sur la tête, l’arrachage des ongles de pieds. Voilà ce qu’étaient les maux des esclaves. J’avais demandé à M. Léro pourquoi ces nombreux témoignages, certes très anciens, n’étaient plus réédités. « Parce que la plupart des historiens les ont longtemps considérés comme des textes de propagande pour les abolitionnistes, m’avait-il répondu, mais cela est en train de changer. »

Ces discussions et ces lectures m’aidaient à comprendre les combats que menaient les Américains de sang africain pour qu’ils puissent eux aussi être libres et jouir de leurs droits, ce qui n’était pas évident là où sévissait encore un peu partout la ségrégation raciale. Tout cela faisait que Paul et moi étions des amis.

La boulangerie était à un bon kilomètre de la maison, mais en courant on n’en avait, en effet, que pour cinq minutes. En entrant dans la boutique, Mme Buiron et sa fille attendaient les derniers clients de la journée et, sans doute aussi, l’heure de la fermeture du magasin vers 20 heures. La mère et la fille se ressemblaient. Mais la mère avait une poitrine qu’elle savait mettre à son avantage avec un décolleté que les hommes regardaient beaucoup plus que son pain quand elle rendait la monnaie. Quant à sa fille, qui pouvait avoir dix-huit ou dix-neuf ans, elle était toujours souriante avec un regard qui donnait envie de lui faire la conversation, des yeux bleus, des cheveux bouclés et était toujours habillée coquettement.

Ce n’était pas la première fois que j’entrais dans la boulangerie, ni que j’avais remarqué cette jolie fille. Souvent, en descendant du bus, revenant du lycée, je m’y étais arrêté pour acheter rapidement deux pains au chocolat. La première fois, j’avais demandé deux « chocolatines » comme le disait ma famille de Bordeaux et cette expression avait fait rire la belle demoiselle. La fois suivante, pour se moquer de moi, et avant d’écouter ma commande, elle m’avait dit : « Alors, deux chocolatines ? » Je la connaissais donc un peu, mais nos relations n’avaient concerné jusque-là que la viennoiserie. Ce soir-là, après avoir payé mes trois baguettes et, prêt à repartir en courant, elle dit d’un ton de reproche : « Tous les clients sont pressés ce soir, à peine servis, c’est merci et bonsoir ! » Je m’arrêtai dans mon élan, un peu par politesse, et un peu par plaisir de dire deux mots autres que ces « merci et bonsoir » à la belle demoiselle et je revins sur mes pas.

« C’est vrai, dis-je, je suis un peu pressé ce soir car nous avons du monde à dîner et, en plus, j’ai une compo de maths à réviser pour demain.

–Vous êtes étudiant ?

–Oui. Enfin, je prépare le bac.

Mme Buiron entra dans la conversation,

–Et que ferez-vous après le bac ? 

–Je préparerai le concours pour entrer dans une école d’ingénieurs. 

Et la conversation dura ainsi plus que je ne le voulais, aussi pour repartir, je dis :

–Il faut que je me sauve, mademoiselle… Mademoiselle… comment ? 

–Rose.

–Rose ? répétai-je. “Je ne songeais pas à Rose ; Rose au bois vint avec moi ; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi…” 

–Qu’est-ce que c’est que cela ?

–C’est un poème de Victor Hugo. Je vous le dirai peut-être un jour où je ne serai pas si pressé. »

Et je partis en courant, avec mes trois baguettes, plus vite que je n’étais venu, tout en songeant encore à Rose.

Le repas fini, Paul et moi nous nous retirâmes dans ma chambre et au lieu de bûcher nos maths, on parla évidemment de la boulangère, de ses beaux seins, et de sa fille et ses beaux yeux. Paul et moi allions au même collège à Courbevoie qui formait de la 6e jusqu’au bac. Lui était en philo, moi en mathématiques élémentaires.

Je ne rêvai cette nuit-là ni aux dérivés, ni aux intégrales, dont on se demande encore longtemps après, à quoi cela peut-il servir, mais je rêvai d’aller au bois avec Rose et je n’y écoutais pas que les merles et je ne lui parlais pas seulement des fleurs ou des arbres…