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La présente histoire relève d’une quête de sens et d’identité, à découvrir aux côtés de Vermisseau, Archibald, la fée des Dons et d’autres aventuriers. En empruntant ce chemin, un espiègle lutin bleu va vivre des joies, des peines, connaître l’amitié et l’amour. Ces contes invitent à raviver son âme d’enfant, à nourrir ses rêves et à accompagner les jeunes dans leur épanouissement et leur magie. À la fois fantastiques et initiatiques, ils sont une métaphore de l’expérience humaine, une déclaration d’amour à la Vie, à l’Humanité et à l’Univers.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Michaël Vaccarini témoigne d’un certain intérêt pour l’écriture en tant que voie d’accès à des univers imaginaires. En 2020, il découvre l’hypnose, la méditation, le chamanisme et le tambour, qui ravivent ses aspirations d’enfant, d’artiste et d’écrivain. Aujourd’hui, il accompagne les individus dans leur quête de bien-être, les aidant à embrasser leur propre magie et à écouter leur cœur.
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Michaël Vaccarini
Vibrons l’Amour
Roman
© Lys Bleu Éditions – Michaël Vaccarini
ISBN : 979-10-422-3792-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À toi,
qui m’as apporté tout et la paix
Je t’aime
Je m’en allais dans les bois
Parce que je voulais vivre intensément
Et sucer toute la moelle de la vie.
Mettre en déroute
Tout ce qui n’était pas la vie.
Pour ne pas découvrir,
À l’heure de ma mort,
Que je n’avais pas vécu.
E. E. Cummings
Cueille le jour présent – Carpe diem.
Horace
Quelque part dans notre monde et notre temps…
Le jeune Aimé, huit ans, se préparait à aller dormir. Son papa veillait avec soin à la préparation du doux voyage qui attendait son fils. Le lien qui les unissait vibrait d’un amour tendre. Un sourire illuminait leur visage. Confortablement installé dans son lit douillet, Aimé attendait ce moment avec joie. L’innocence de l’enfant qui croit encore que le monde est magique nourrissait ses jours et ses nuits.
— Papa ?
— Oui.
— Tu me lis une histoire ce soir ?
— Hum ! Est-ce que tu n’es pas trop grand pour une histoire ?
— Pas du tout ! J’aime t’écouter et voyager.
— Entendu. Es-tu prêt ?
— Oui, oui.
— Alors, qu’est-ce que je vais bien pouvoir te raconter ? Préfères-tu une histoire drôle, une histoire d’amour ou une grande aventure ?
— Une très grande aventure, s’il te plaît.
— Ahahah ! Est-ce que tu sais que certains mots sont magiques ?
— Magiques ! Comment ça ?
— Bien, quand on les utilise, ils ont le pouvoir de te transporter en un instant dans la plus fabuleuse des aventures.
— Waouh ! On y va, alors ?
— Oui, c’est parti !
Il était une fois un conte de Noël…
Dans le cœur des êtres humains
Vit l’espoir, l’amour,
Et toute la magie d’un cœur d’enfant.
La magie existe,
Elle est juste cachée.
Cette histoire en est empreinte…
Il était une fois, dans une contrée lointaine et dans un temps très ancien, une fée. Elle s’appelait la fée des Dons. Elle accordait aux enfants qu’elle estimait des capacités particulières. Elle était très douce avec eux, et savait d’expérience que les enfants avaient de grandes qualités naturelles. Alors, elle choisissait avec prudence ceux et celles à qui elle accorderait un don. Certains seraient magiciens ou artistes, d’autres des inventeurs ou des savants, et d’autres encore seraient des artisans de lumière, les plus rares à trouver. Ces artisans de lumière apporteraient l’espoir et l’amour tout au long de leur vie. Parfois, elles les trouvaient dans des forêts humides, où dans des plaines marécageuses, bien souvent ces contrées étaient éloignées et oubliées de tous.
À chaque fois qu’elle accordait ce don à des enfants, ils ou elles grandissaient avec un sentiment d’impuissance, comme s’ils ne réaliseraient jamais ce pour quoi ils étaient destinés. Toute leur existence devenait une quête. La fée des Dons leur faisait tout oublier, leur rencontre bien sûr, mais aussi leur don et leur destinée. Jamais elle ne les revoyait, ce n’était pas son rôle.
Durant leur vie, ces enfants grandissaient et devenaient des adultes comme tous les autres, parfois idiots, parfois intelligents. Tout dépendait d’où l’on regardait. Ces potentiels artisans de lumières n’échappaient pas aux instincts des Hommes, comme les plaisirs de la chair, et tous les autres appétits. Ces enfants devenus adultes pouvaient donc connaître la dépravation, le vice, la colère, mais aussi la joie, l’amour et la bonté.
Parfois, leur orgueil les emmenait trop loin, et parfois leur don ne se révélait pas, ou trop tard, quand la fin de leur vie approchait. Seuls comptaient finalement les pas qu’ils traçaient pendant leur vie, sur Terre, à la croisée des uns et des autres.
Un seul regard, une seule étincelle pouvait animer en eux ce don qu’ils avaient reçu de la fée des Dons. Oui, une fraction de seconde dans l’immensité de l’espace et du temps pouvait leur révéler ce pour quoi ils avaient été créés, et ainsi accomplir leur destinée.
La fée des Dons ne se trompait jamais, mais parfois elle aimait jouer avec des êtres, en leur donnant un don qui ne leur était pas destiné. Elle faisait cela pour leur offrir une chance que la vie ne leur offrait pas au départ. La possibilité de s’ouvrir à un monde qu’ils n’auraient jamais connu sans son intervention.
Un jour, d’ailleurs, je rencontrai un drôle de lutin bleu à la croisée de mes chemins. Il s’était, semble-t-il, égaré dans la forêt, et ce petit Vermisseau, c’est comme ça que sa famille l’avait appelé, Vermisseau, avait récolté des vers de terre toute sa vie. C’était sa tâche au sein des siens, jusqu’au jour où il était tombé sur un ver si grand et si rapide, qu’il avait pu monter sur lui, s’échapper et changer son destin. C’était bien sûr ce qu’il espérait depuis toujours.
Le grand ver était d’accord pour l’emmener loin, car il savait qu’il n’était pas là par hasard. Le petit lutin, lui, l’ignorait. Une fois arrivé à l’orée du bois, Vermisseau me rencontra, moi Archibald, le vieil ermite de la montagne. J’étais allé cueillir du gui pour, hum… Je vais garder cela pour moi. Enfin, il tomba sur moi, me raconta son histoire et ce qu’il cherchait, vivre une grande aventure. Une quête. Alors, je l’invitai et il resta vivre chez moi, pendant un temps, et nous devînmes amis. Je le considérais même comme mon fils.
Après quelques années passées à mes côtés, pendant lesquelles je lui appris presque tout ce que la vie m’avait enseigné, mon cher Vermisseau avait grandi. Il était devenu bien plus grand que sa taille originelle, grâce à la nourriture et aux boissons que je préparais. Il n’était plus le lutin Vermisseau que j’avais rencontré. Alors, je lui offris en cadeau un nouveau nom. Un nom pour célébrer sa venue au monde, qui représentait toute sa grandeur et sa beauté, un nom inspiré par les étoiles, le soleil, la Terre et la lune…
***
Oui, c’est vrai, moi le petit lutin Vermisseau, je n’aimais pas ma vie. Je ramassais des vers de terre pour mes frères qui pêchaient. C’est tout ce que je faisais. Quelle corvée ! Tellement ingrate ! Je me sentais bête et pensais que je ne servais à rien. Cette tâche m’ennuyait profondément. Je rêvais de découvrir le monde, loin de cette forêt, mais tout ce qu’on me demandait c’était de ramener des vers. Alors, je le faisais, et chaque jour j’allais creuser la terre à la recherche de vers de terre.
Un jour, pourtant, je crois que c’est un ver qui m’a trouvé. Il était tellement grand et gros qu’il m’a fait trébucher puis a roulé sur moi, m’a écrasé, à ne presque plus pouvoir respirer. Sans réfléchir, j’ai crié : « Argh, j’étouffe, tu m’écrases ! » Et, c’est comme si ce ver de terre me comprenait, parce qu’il s’est dégagé et m’a libéré. C’était incroyable ! Enfin, je sais bien que je suis un peu idiot, mais là quand même, ça me semblait vrai. Alors, sans trop me poser de question ni savoir ce que je faisais, je sautai sur lui et m’accrochai tant bien que mal. Il se mit à ramper si vite, comme à la vitesse de l’éclair, qu’il m’emmena plus loin que je n’étais jamais allé. J’étais happé par le vent et les tourbillons de couleurs qui défilaient. Jamais je n’étais parti aussi loin de mon village. À un moment, j’eus un doute : « Je ne peux pas partir. Comment vont-ils faire sans moi ? Qui va ramener les vers si je ne suis pas là ? » Puis une petite voix en moi me dit : « Oh, ils trouveront bien un autre lutin pour te remplacer ». Alors, le sourire aux lèvres, je respirais cette nouvelle existence qui s’offrait à moi.
Je ne savais pas où j’allais, mais c’était l’aventure. Mon cœur battait fort et j’étais mort de peur. Comme le ver était rapide, mes yeux pleuraient, quand soudain une lumière aveuglante inonda mon regard et me fit tourner la tête. C’était la lisière de la forêt. Je ne l’avais jamais vue. Jamais je ne m’en étais approché. Nous les lutins, nous vivions au plus profond de la forêt, en son cœur. J’avais du mal à respirer. « Respire ! » répétais-je dans ma tête. « Respire et accroche-toi ou tu vas tomber ! »
Alors, je m’agrippai de toutes mes forces, mes bras et mes jambes tremblaient. Je voulais garder mes yeux ouverts, mais la lumière était trop éclatante. J’étais ébloui. Je fermai les yeux, entendis ma respiration, et une voix en moi me dit : « C’est maintenant, ta nouvelle vie commence, ouvre les yeux ». Je voulais, mais je n’y arrivai pas, pas tout de suite. Pendant un instant, je crus que j’allais demander au grand ver de me ramener dans la forêt, auprès de ma famille, mais une grosse voix grave me fit sursauter et tomber du grand ver qui s’était arrêté.
Un géant, c’était un géant ! Je n’en avais jamais vu, mais ma famille m’en avait parlé. C’était un vieil homme, avec une longue barbe blanche tenant un bâton à la main. Il me regardait fixement comme s’il allait me manger. Mais, le vieil homme me sourit. Il avait des dents gigantesques et aurait pu engloutir au moins quinze lutins à la fois. Il avait l’haleine chargée comme s’il avait mangé des herbes fermentées. J’étais terrifié et excité. Le grand ver me regarda et fila vers la forêt. Tu m’as sauvé d’une vie triste et ennuyeuse, ai-je pensé. Peut-être que je vais me faire dévorer par cet humain maintenant. Mais, j’aurais au moins vécu cette petite aventure. Merci grand ver !
Le vieil homme ne semblait pas très surpris de me rencontrer ; il m’invita même chez lui à prendre une boisson. Il paraissait gentil, mais j’étais quand même méfiant, voire très méfiant. J’avais beau être le lutin Vermisseau, je n’étais pas si idiot. J’acceptais parce que j’avais soif et que j’étais fatigué. Je regardais partout autour de moi, curieux. Jamais je n’avais vu montagne et colline si verte ; jamais je n’avais vu autant d’espace autour de moi. Le monde me semblait beaucoup trop grand et moi trop petit. Nous, les lutins, ne quittions pas notre forêt. Dans le ciel, d’immenses oiseaux volaient, et dans les prés de magnifiques animaux, avec des bois sur leur tête, gambadaient. C’était la saison où toute la nature s’éveillait, d’une grande beauté. Des fleurs partout dans les champs. Je ne posais pas trop de questions et suivais juste le vieil homme. Je découvris, stupéfait, sa maison faite de pierres et de poutres en bois. Elle ne ressemblait pas du tout à nos maisons de lutins dans les arbres de la forêt, mais elle était charmante.
— Entre, petit bonhomme. Bienvenue chez moi, me dit le vieil homme, d’un ton aimable en ouvrant la porte.
— Merci, répondis-je, toujours un peu sur ma réserve.
— Installe-toi là. Le vieil homme me montra un siège qui ressemblait à un petit tabouret à ma taille.
Alors, mon jeune ami, moi c’est Archibald, et toi comment t’appelles-tu ?
— Euh, Vermisseau, répondis-je hésitant, comme si j’avais préféré éviter cette question. J’étais gêné, je n’aimais pas mon nom.
— Oh, quel nom sympathique. Tu es grand pour un Vermisseau, dit-il en souriant.
Je n’avais jamais trouvé mon nom très sympathique, mais bon, peut-être que pour un humain ce nom pouvait l’être.
— Non, lui dis-je, je suis Vermisseau parce que je ramasse des vers.
— Ah, je vois. Qu’est-ce qui t’amène si loin de chez toi ? Veux-tu que je te raccompagne ? Es-tu perdu ?
— Non, non ! Je ne me suis pas perdu. Je me suis enfui. Je n’ai pas réfléchi. Je veux vivre une autre vie, être Vermisseau ne me plaît pas. Je ne veux pas faire tous les jours la même chose, vous comprenez ?
— Oh oui, je comprends très bien, me dit-il en me regardant avec insistance, toujours ce léger sourire aux lèvres.
Et, qu’est-ce que tu aimerais faire ?
— Je ne sais pas encore. Je n’en ai pas la moindre idée.
— Ta famille, ne va-t-elle pas s’inquiéter pour toi ?
— Oh non, je ne pense pas. Je ne suis pas grand-chose pour eux.
— Ah bon, tu crois ?
— Oui, vraiment.
— Écoute, si tu le souhaites, tu peux dormir ici cette nuit, et demain si tu penses toujours la même chose, alors tu pourras rester avec moi.
Ces derniers mots me rassurèrent. Je n’allais pas retourner chez moi ce soir. Ni demain, peut-être.
— Merci pour tout.
— Oh, tu n’as pas besoin de me remercier, un peu de compagnie c’est parfois très agréable. Je ne vois pas beaucoup de monde par ici.
— Où sommes-nous ?
— Tu ne le sais pas ?
— Bien, je ne connais que ma forêt et encore pas entièrement.
— Nous sommes dans l’endroit le plus reculé au monde, là où personne ne vient jamais. Son nom s’est même perdu au fil du temps. Alors, je ne peux pas t’en dire plus. Mais, tu es en sécurité avec moi.
J’ignorais qu’un tel endroit existait. J’avais mille et une questions qui me traversaient l’esprit, mais la fatigue m’envahissait. Je sentis les mains du vieil homme me soulever et me déposer confortablement. Il m’enveloppa avec douceur et les paupières à peine fermées, je commençais à rêver…
***
Le lendemain matin, je retrouvai Archibald qui préparait un repas. Quand il me vit, il s’empressa de me raconter son rêve.
Cours, cours Archibald. Dépêche-toi ! Ta femme est en train de mettre au monde tes enfants.
Je cours dans la neige, j’enfonce la porte de notre maison et grimpe quatre à quatre les marches pour rentrer dans la chambre. Là, je vois les plus beaux êtres au monde, nos enfants. Deux magnifiques bébés, un garçon et une fille. Ma femme épuisée sourit. Je m’approche d’elle et l’embrasse ainsi que nos deux bébés. Je ressens que leur naissance est magique.
C’est le plus beau jour de toute ma longue vie.
Quand je ferme les yeux, je rêve toujours d’eux, me raconta Archibald en préparant une boisson. Raconte toujours tes rêves avant qu’ils ne disparaissent. Et, si tu es seul, bien tu peux te parler à haute voix.
— Moi aussi, j’ai fait un rêve, je crois, mais je ne m’en souviens plus.
C’est étrange parce que nous les lutins, nous ne rêvons pas. Comment est-ce possible ? Que m’avez-vous donné à boire hier soir ?
— Oh, juste quelques herbes et un peu d’eau, mon cher ami. Alors, que veux-tu faire ?
— Je souhaite rester avec vous, si vous êtes toujours d’accord.
Le vieil homme sourit.
— Oui, tu es le bienvenu.
J’eus l’impression de naître une seconde fois. Cette première nuit, ces premiers moments de vie partagés avec le vieil homme étaient magiques. La douceur de son foyer, son agréable compagnie me rendaient joyeux, et heureux. Je ne le savais pas encore, mais il allait devenir mon ami, et aussi comme un second père.
Je vécus avec Archibald de nombreuses années. J’en perdis le compte. Je grandis à ses côtés et il m’apprit beaucoup sur le monde des Hommes, sur les secrets de la nature. Il me parlait des plantes, de leur utilité. Il me parlait aussi de l’équilibre et de l’harmonie qui existent dans toute vie. Qu’il fallait respecter tous les êtres vivants. Il savait beaucoup de choses. Étrangement, j’ai toujours eu l’impression qu’il ne me disait pas tout, comme s’il était le gardien de secrets. Malgré cela, j’avais confiance en lui. Moi, le petit lutin apeuré, j’avais pris le risque de lui confier ma vie. Il aurait pu me broyer entre ses mains, mais non, bien au contraire. Il fut mon seul et véritable ami.
Je ne sais pas comment il avait fait, même si j’en avais une petite idée, mais tout ce temps passé avec lui m’avait changé. Oui, réellement changé. Mon corps avait grandi et ma peau avait blanchi. De lutin bleu, j’étais devenu un beau jeune homme aux cheveux noirs, et aux yeux clairs. C’était très agréable, j’adorais regarder mon reflet dans l’eau de la rivière. Je ne voyais plus le Vermisseau que j’avais été. Je ne savais pas vraiment qui j’étais, mais je me sentais bien mieux. Malheureusement, un jour en rentrant des prés, Archibald n’était pas là. Je le cherchai partout, mais je ne trouvai qu’un mot écrit avec les cendres de la cheminée : « Je t’aime comme mon enfant ».
J’eus le cœur serré tellement fort que pour la première fois de ma vie, des larmes coulèrent à m’en briser le cœur. Je ne savais pas ce qu’étaient des larmes. Nous les lutins, on ne pleurait pas. J’étais désemparé. Pourquoi était-il parti ? Pourquoi m’avait-il abandonné de cette façon ? Je n’avais pas la réponse. Je pleurais pendant de nombreux jours. Je repensais à notre discussion la veille de son départ. Archibald me disait prêt à partir explorer le monde, comme lui l’avait fait bien plus jeune. Je n’étais plus un lutin, ni un enfant, mais un homme adulte. Toutes ces années, il m’avait expliqué comment rejoindre le premier village qui se situait à de nombreuses lunes de marche. Mais, je pensais que je ne le quitterais jamais. Pourtant, je crois qu’il avait tout prévu, qu’il avait toujours su. Je ne l’aurais jamais laissé seul dans cette montagne. Alors, il était parti, simplement.
Quelque temps après son départ, je fis mon baluchon et entrepris de rejoindre le véritable monde des Hommes. Tandis que je m’éloignais de mon foyer de cœur, sa maison, notre maison, mes larmes coulaient à nouveau. Je marchais de nombreux jours et par tous les temps. Les journées étaient de plus en plus courtes. Je voulais absolument arriver au premier village avant les grands froids. Pendant ma descente de la montagne, je tentais de me rappeler tous les moments vécus auprès d’Archibald. Je ne voulais en oublier aucun, mais étrangement, plus j’avançais et m’éloignais de notre maison, plus j’avais l’impression que mes souvenirs disparaissaient. C’était comme un rêve qui s’estompait aux premières lueurs du jour. D’ailleurs, c’est ainsi que je découvris mon premier village des Hommes, aux premières lueurs d’un jour.
Il semblait ancien, avec de vieilles maisons faites de pierres et de bois. Il n’y avait personne dans les ruelles. Le froid était accompagné d’un épais brouillard qui donnait une atmosphère fantomatique au village. Je me demandais comment les Hommes allaient se comporter avec moi. Bien, j’eus ma réponse très rapidement. J’arrivai devant un groupe d’individus qui discutaient sur une place. Ils me dévisagèrent puis l’un d’eux me demanda :
— Eh l’étranger, que viens-tu faire par chez nous ?
— Euh, j’arrive de la montagne. Je cherche un endroit où dormir, et du travail, répondis-je inquiet.
— De la montagne ? Ah bon… Comment t’appelles-tu ?